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mars-avril 2009
n° 560



janvier-février 2009
n° 559



BACCALAUREAT 2009
Supplément au n° 555-556


Sommaire :

1. L'éditorial de Francis Cousté : "Palinodies, mon amour..."
2. Informations générales
3. Varia
4. Manifestations et Concerts

5.
L'édition musicale

6. Bibliographie
7. CDs et DVDs

8. Comptes rendus de spectacles et concerts
9. Centre de musique romantique française
10. Saisons musicales
11. La vie de L’éducation musicale


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Palinodies, mon amour…

 

Toujours attendre et espérer

est le propre du benêt.

 

Connaissez-vous de nos responsables politiques qui ne se soient jamais targués de leur attachement aux arts et n’aient auguré, pour les disciplines artistiques, de lendemains qui chantent ?  Calembredaines, bien sûr !

 

Alors qu’il serait si simple, pour réaliser cette prophétie, de décréter que tout candidat au baccalauréat devra obligatoirement passer une épreuve dans le domaine artistique de son choix : arts du cirque, cinéma, danse, musique, peinture, théâtre…  Mesure en faveur de laquelle nous n’avons jamais cessé de plaider.

 

Or, ne voilà-t-il pas que la Rue de Grenelle décide, bien plutôt, d’en revenir à la situation d’antan - lorsque, dans tout le cycle secondaire, était dispensé ex cathedra un enseignement de l’histoire des arts.  Chose qui pouvait, à la rigueur, se concevoir, lorsque ne fréquentaient le lycée que les enfants de la bourgeoisie – lesquels avaient naturellement toute latitude de pratiquer l’art de leur choix dans des établissements spécialisés ou auprès de professeurs particuliers.  Mais chose injustifiable lorsque l’on sait l’actuelle - et fort heureuse… – ouverture de l’école à toutes les catégories sociales.

 

Certes, le ministère de l’Éducation nationale vient de signer, en faveur de notre discipline, divers partenariats avec les JMF, l’Ircam, la Cité de la musique, le Hall de la chanson, France Musique, Radio classique… Tout cela est bel et bon, mais ne peut-on craindre qu’à l’instar de feue la « Loi relative aux enseignements artistiques » (du 6 janvier 1988) - dont ne parurent jamais les décrets d’application -, tout cela ne soit que gesticulation médiatique, opération de diversion ?  Sauf à imaginer qu’une modeste circulaire, sans pouvoir contraignant, ne s’avère plus efficiente que de plus augustes dispositions.

 

Ne s’en précise pas moins chaque jour - au bénéfice assuré d’interventions privées - la menace d’extinction du corps des capésiens et agrégés des disciplines artistiques.  Dans la parfaite atonie de toute une profession…

 

Francis B. Cousté

 

 

 

 


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BOEN n°11, du 12 mars 2009.  Circulaire n°2009-035 du 27 février 2009 : Partenariats au service de l’Éducation nationale dans le domaine de l’éducation musicale : JMF, Ircam, Cité de la musique, Hall de la chanson, Radio France-France Musique, Radio Classique.

 

Le Bulletin officiel de l’Éducation nationale est librement consultable sur :

www.education.gouv.fr/pid285/le-bulletin-officiel.html

 

« L’éducation musicale : un outil d’intégration ? », tel est le thème de la Conférence annuelle du Conseil européen de la musique (CEM) qui se réunira, du 23 au 26 avril 2009, à Athènes (Grèce).  Renseignements : 0049 9669 9664. www.extra-project.eu

          

 

« Le Siècle du jazz », tel est l’intitulé de l’exposition qui se tiendra, jusqu’au 28 juin 2009 , sur 2 000 m² au Musée du Quai Branly.  Toiles & dessins de Dubuffet, Picasso, Fernand Léger, Kupla, Picabia, Nicolas de Staël, Warhol, Pollock, Basquiat, Mondrian… mais aussi d’artistes afro-américains moins connus de ce côté-ci de l’Atlantique : Raymond Steth, Thomas Art Benton, Aaron Douglas, Archibald Motley… Cinéma, photographies (Man Ray, Claxton…), BDs, partitions originales et, bien sûr, musiques.  Renseignements : 01 56 61 70 00 www.quaibranly.fr

 

Académie des Beaux-Arts. Le mercredi 18 mars 2009, Michaël Levinas a été élu au fauteuil de Jean-Louis Florentz (section de Composition musicale).  Renseignements : http://www.academie-des-beaux-arts.fr

 

Les Journées francophones de recherche en éducation musicale (JFREM 2009) se dérouleront, du 7 au 9 mai 2009 , à l’Université d’Ottawa (Canada).  Organisées sur la base d’un partenariat entre Belgique, Canada, France et Suisse, elles traiteront de « L’éducation musicale au XXIe siècle : Quelle recherche ? Quelle formation ? »  Seront également abordés quatre thèmes : La formation corporelle du musicien / La pédagogie instrumentale / Méthodes & approches pédagogiques / L’identité professionnelle.  Avec, notamment, le concours des musicologues Claude Dauphin (Université du Québec, Montréal) et Gilles Boudinet (Université Paris VIII, Saint-Denis) [notre photo].  Renseignements : www.jfrem.uottawa.ca

 

Le 11e Concours international d’opéra de Marseille se déroulera du 10 au 16 octobre 2009 .  Il est réservé aux chanteurs nés après le 1er septembre 1976.  Seront décernés trois prix dans la catégorie « Voix d’hommes », trois prix dans la catégorie « Voix de femmes ».  Seront également décernés un « Prix du public » & un « Prix du jury des jeunes ».  Clôture des inscriptions : 10 septembre 2009 Renseignements : 04 91 18 43 10 www.concours-opera.fr

 

4th Bucharest International Jazz Competition.  Cette manifestation, réservée aux musiciens et chanteurs nés après le 1er mai 1975, se déroulera dans la capitale roumaine du 7 au 13 mai 2010 .  Date limite d’inscription : 10 février 2010 Renseignements : +40 722 383 542 . www.jmEvents.ro


Vient de paraître aux éditions Beauchesne, Son, images et langage de François Laplantine.
 

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Mécénat culturel en crise… Selon l’Admical (Association pour le développement du mécénat industriel et commercial), le mécénat d’entreprise français déplacerait ses activités des secteurs sportifs & culturels vers la recherche et la solidarité.  La culture fait notamment les frais de cette évolution (en 2009, 22% des entreprises prévoient de baisser leur budget, 14% de l’augmenter, 64% de n’y rien changer).  Renseignements : www.admical.org

 

Challenge for Garnier ? Le gala organisé, le 15 mars 2009, par le Metropolitan Opera de New York, pour la célébration de ses 125 ans, a rapporté 6,3 millions de dollars.  Prix des places d’orchestre : $1 883.  Dîner inclus : $3 500.  Au cours de cette mémorable soirée, se produisirent : Stephanie Blythe, Natalie Dessay, Placido Domingo, Ben Heppner, Dmitri Khvorostovski, Waltraud Meier…

 

Quand le cerveau apprend la musique : Selon le professeur Hervé Platel, professeur de neuropsychologie à l’université de Caen, « les récentes avancées de la neuro-imagerie cérébrale devraient permettre de mieux identifier les processus biologiques impliqués dans l’apprentissage de la musique.  Nous savons aujourd’hui que, dans certains cas, la mélodie et le rythme parviennent à réactiver des facultés neurologiques endommagées par une maladie ou par un accident.  Et si l’on sait aujourd’hui que le cerveau humain a une faculté extraordinaire à apprendre et à mémoriser la musique, les chercheurs ne savent pas encore vraiment expliquer pourquoi.  La musique serait donc une fenêtre unique pour comprendre la façon dont nous appréhendons le monde et comment nous nous y adaptons ».  Renseignements : Fédération pour la recherche sur le cerveau - 9, avenue Percier, Paris VIIIewww.frc.asso.fr

 

Musique & souvenirs associés au niveau cérébral : Grâce à une cartographie de l’activité cérébrale de treize étudiants de l’Université de Californie, réalisée au moyen de l’Imagerie par résonance magnétique (IRM fonctionnelle), il serait envisagé de développer une thérapie basée sur la musique pour les patients atteints d’Alzheimer.  Localisation : région préfrontale médiale du cortex.  Recherche menée par le professeur Petr Janata du « Center for Mind and Brain ».  Renseignements : http://cercor.oxfordjournals.org/cgi/content/full/bhp008v1 ou : http://www.dana.org/news/cerebrum/detail.aspx?id=8964

 

La Carmen de Bizet renaît en mapudungún : La mezzo-soprano mapuche María Pastén Curilén a interprété, le 10 mars 2009, en le Palacio Astoreca, de Santiago du Chili, la Habanera de l’opéra de Bizet dans sa langue natale, le mapudungún.  Elle était accompagné par deux joueurs d’instruments indigènes.  Version téléchargeable sur : www.cooperativa.cl

©EFE

 

« Arsys Bourgogne », chœur professionnel dirigé par Pierre Cao, fête ses 10 ans.  Il se produira un peu partout en France, mais aussi en Belgique, Espagne et Luxembourg.  Dans des œuvres de Haydn (Les Saisons), Haendel (Israël en Égypte), Bach (Passion selon saint Jean) et Jean-Christophe Cholet (Hymne à la nuit).  Renseignements : BP 4, 89450 Vézelay.  Tél. : 03 86 32 34 24.  www.arsysbourgogne.com

©François Zuidberg

 

Ruido en Cataluña ! La propriétaire du bar Donegal, situé au centre de Barcelone, a été condamnée, le 16 mars dernier, à cinq ans et demi de prison (peine record) pour tapage nocturne - le tribunal ayant considéré que le bruit émanant de son établissement était utilisé comme « méthode de torture jusqu’à provoquer la folie »…

 

Théâtre des Champs-Élysées, saison 2009-2010 .  Opéra : Les Sept Péchés capitaux et Mahagonny Songspiel (Kurt Weill), La Cenerentola (Rossini), Falstaff (Verdi), Semele (Haendel) et la trilogie Mozart/Da Ponte.  Opéra en concert & oratorio : Vingt-cinq soirées avec des œuvres de Bach, Berg, Brahms, Cavalli, Donizetti, Grétry, Haendel, Poulenc, Puccini, Purcell, Mendelssohn, Mozart, Wagner.  Orchestre : Plus de cinquante soirées en compagnie de grandes formations internationales et des orchestres en résidence avenue Montaigne (Orchestre national de France / Ensemble orchestral de Paris / Orchestre Lamoureux).  Récital : Plus de cinquante soirées consacrés à la voix et instrumentaux.  Danse : Gala des Étoiles / Saint-Petersbourg Ballet Théâtre / Europa Danse / Sara Baras Ballet Flamenco / Les Saisons russes du XXIe siècle.  Renseignements : 01 49 52 50 50 www.theatrechampselysees.fr

 

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 « La Servante maîtresse » opéra-comique de Giovanni Battista Pergolesi, sera joué le 7 avril 2009, à 18h30, dans sa version française de 1754 (retrouvée dans les réserves du département de la Musique de la BnF), par trois solistes et l’ensemble musical « Les Paladins », dir. Jérôme Correas.  Grand auditorium du site François-Mitterrand (hall Est) de la Bibliothèque nationale de France.  Renseignements : quai François-Mauriac, Paris XIIIe. Tél. : 01 53 79 40 63. www.bnf.fr

 

« La Génération de l’Itinéraire : l’ouverture esthétique ».  #4 : Michaël Levinas.  En l’Auditorium du Louvre, le jeudi 30 avril 2009, à 12h30 : création mondiale du 3e Quatuor de Michaël Levinas, par le Quatuor Modigliani.  Au Centre de documentation de la musique contemporaine (CDMC), de 15h00 à 18h30 : réunion - autour de Nicolas Darbon, modérateur - de grands témoins et spécialistes de l’œuvre de Michaël Levinas [notre photo] : Pierre Albert Castanet, Yves Balmer, Danielle Cohen-Levinas, Valère Novarina, Emmanuel Moses, Juan Pablo Carreno, Adrina Boreda, Nicolas Monlon… À 18h00 : exécution du 1er Quatuor de Michaël Levinas.  Renseignements : CDMC- 16, place de la Fontaine-aux-Lions, Paris XIXe.  Tél. : 01 47 15 49 86.  www.cdmc.asso.fr

©C.Daguet/Henry-Lemoine

 

Le Festival de Bougival & des Coteaux de Seine se déroulera du 5 au 19 mai 2009.  Avec, notamment, les quatuors Vogler & Parisii, le quintette Moraguès, les pianistes Ashley Wass & Alexandre Drozdov, le duo Léa Sarfati (soprano) & Illya Amar (percussions), le clarinettiste Arnaud Leroy, la cantatrice Teresa Berganza…  Exposition permanente à la Fondation Bouzemont : « La Tragédie de Bizet et l’âge d’or de Bougival ».  Renseignements : 01 39 69 55 12 ou 01 30 82 79 29.  www.lesamisdebizet.com

 

Le 38e Florilège vocal de Tours se déroulera du 29 au 31 mai 2009.  Concours international (9 chœurs, 8 pays représentés : Allemagne, Canada, Espagne, Finlande, France, Pays-Bas, Japon, Suède) / Rencontres nationales (6 chœurs originaires de : Authon, Bordeaux, Cenon, La Rochelle, Paris) / Grand Prix européen (vainqueurs, en 2008, des compétitions chorales d’Arezzo, Debrecen, Gorizia, Tolosa, Tours, Varna).  Renseignements : 02 47 21 65 26.  www.florilegevocal.com

Ensemble Suginamy, Tokyo ©DR

 

« Les Ponts du Nord », festival Jeune Public, célèbre Boris Vian, du 26 mai au 7 juin 2009, à Paris, XVIIIe arrondissement. Avec le concours, notamment, de « Musique Jeune Public », « Le Grand Parquet », le « Centre Fleury-Goutte d’Or-Barbara », des « Trois Baudets ».  Renseignements : 06 09 56 41 90. accent-tonique@club-internet.fr ou dominique.boutel@wanadoo.fr

 

Le Festival « Jazz à Vian » se tiendra les 12, 13 et 14 juin 2009, dans le Domaine national du Parc de Saint-Cloud.  Trois jours, trois fleurs rouges : « Boris Vian et les grands jazzmen français », « La grande journée du jazz amateur », « L’après-midi du jazz américain ».  Concerts gratuits.  Renseignements : 01 47 45 50 30.  www.jazzavian.fr

 

Le Festival d’Auvers-sur-Oise, « Auvers Opus 29 », se déroulera du 28 mai au 4 juillet 2009 : voix, piano, musique de chambre et opéra.  Régis Campo, compositeur invité, émaillera l’Opus d’une quinzaine de ses œuvres, dont trois créations mondiales.  Masterclass et récital exceptionnel du pianiste hongrois Zoltán Kocsis.  Renseignements : 01 30 36 77 77.  www.festival-auvers.com

©Dominique Martinelli

 

Le XIIe Festival « Vochora » se déroulera, en juillet 2009, à Tournon-sur-Rhône et dans plusieurs communes de l’Ardèche et de la Vallée du Rhône.  Du 3 au 13 juillet : danse, concerts vocaux & instrumentaux.  Du 27 au 31 juillet : chœurs, en partenariat avec les ensembles lauréats du Festival de Vaison-la-Romaine.  Renseignements : 04 75 07 30 98.  www.vochora.fr

               

 

Francis Cousté

 

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FORMATION MUSICALE

Frédéric PIERRE : Le petit soldat de plomb. Conte musical pour récitant et quintette à cordes (ou ensemble à cordes). Texte d’après le conte de Hans Christian Andersen, 1CD.  Billaudot : G 8486 B.

Ce joli livret très agréablement illustré contient le texte du conte. La musique en est très poétique et malicieuse, et devrait être abordable pour de grands élèves. Sont disponibles également un conducteur et un matériel d’orchestre en location. Mais tel quel, cet ensemble peut être utilisé en cours de formation musicale pour une séance de découverte des cordes et d’écoute active, par exemple.

 

Christian BRASSY, Lionel DIEU : Instruments et musiques du Moyen Âge.  Thèm’Axe 7, 2CDs. Lugdivine.

Christian BRASSY, Lionel DIEU, Patrick KERSALE : « Apemutam » Médiéval’kit. 12 posters, 1 DVD, 12 fiches d’information au format pdf.  Lugdivine.  Par les mêmes auteurs et en complément : 2DVDs, sous la référence 7647.

Comment ne pas être impressionné par cette réalisation tout à fait exceptionnelle ? Bien sûr, ces trois éléments peuvent être utilisées séparément, mais ils forment un ensemble tellement passionnant et complémentaire qu’on voit mal comment se passer de l’un d’eux. Le Médiéval’kit est plus orienté vers la pratique de la musique médiévale. Le DVD, outre des présentations en situation de tous les instruments, contient un document pdf ne comptant pas moins de 143 pages, décrivant les instruments, leurs historiques, donnant également une abondante iconographie. La mystérieuse Apemutam dont il est question n’est autre que l’Association pour l'étude de la musique et des techniques dans l'art médiéval, http://apemutam.free.fr qui fait un travail fondamental sur les instruments de cette période. La voix et la danse ne sont pas oubliées.

Quant au volume Thèm’Axe 7, on est confondu par la richesse de son contenu. Il nous propose 164 pages abondamment et judicieusement illustrées abordant tous les aspects de la musique du Moyen Âge ainsi que deux CDs contenant non seulement les exemples musicaux mais les fichiers pdf et midi d’un grand nombre de partitions, sans oublier les deux fiches consacrées à la construction artisanale de deux instruments… Ajoutons encore la pertinence de l’approche historique : c’était une gageure de résumer ainsi toute l’évolution des diverses musiques du Moyen Âge sans risquer une simplification abusive. Or il n’en est rien.

Deux DVD peuvent très utilement compléter ce travail. Ils présentent les instruments mais sous l’aspect organologique et initient au travail des chercheurs. On y trouve notamment un reportage passionnant sur le site médiéval de Charavines-Colletière, englouti par un lac, où de nombreuses découvertes ont été faites. Souhaitons que ce remarquable ensemble constitue un « usuel » de toutes les écoles de musique.

 

MENDELSSOHN BARTOLDY : Sommernachtstraum, Konzert-Ouvertüre op.21. Urtext. Bärenreiter : TP 396.

Il s’agit ici de la « partition de poche » de l’Ouverture du Songe d’une Nuit d’été. On lira avec beaucoup d’intérêt l’abondante présentation qui est faite de l’œuvre ainsi que l’histoire des différentes versions. À méditer avant de diriger ou d’analyser…

 

ORGUE

Pierre Richard DESHAYS : Prédication IV. Pièce pour orgue. Niveau élémentaire. Lafitan : P.L. 1848.

Ce récit de trompette en forme de choral en valeurs longues accompagné par les fonds et la pédale fait évidemment penser à d’autres pièces, notamment de l’Orgelbüchlein… Ce sera une excellente manière d’initier les jeunes organistes à cette formule si féconde pour la conduite du discours musical.

 

Pierre Richard DESHAYS : Prédication V. Pièce pour orgue. Niveau moyen. Lafitan : P.L. 1849.

Voici maintenant un récit de cornet qui ne manque pas de charme. La seconde voix s’entrelace avec la mélodie qui fait penser à un thème de choral orné. Voilà de quoi préparer le jeune organiste à la polyphonie si caractéristique de l’instrument et à l’aider à maîtriser les différents plans sonores.

 

PIANO

Djef JUNG : Évasion pour piano. Niveau moyen. Lafitan : P.L. 1852.

Espérons que beaucoup de pianistes aux doigts agiles auront envie de s’évader avec cette pièce fluide et gracieuse très inspirée. Outre la poésie qui s’en dégage, elle comporte aussi tout ce qu’il faut pour un travail technique d’élongation des doigts : arpèges, octaves liés, etc.

 

CLAVECIN

Christian Friedrich Carl FASH : Ariette pour le clavecin ou pianoforte, avec 14 variations. 1782. « FacsiMusic ». Fuzeau Classique : 50165.

Cette édition de 1782 qui, bien que publiée à Berlin, est réalisée en français, est d’une lecture agréable et aisée. Ce pédagogue et compositeur fut un artisan de la redécouverte de Bach en Allemagne à la fin du XVIIIe siècle. Cette ariette variée est d’un grand intérêt et mérite de figurer de nouveau au répertoire des clavecinistes ou des pianistes.

 

Georg Philipp TELEMANN : Fugues légères & petits jeux à clavessin seul. FacsiMusic. Fuzeau classique : 50168.

Ces pièces composées, semble-t-il, en 1738 ou 1739, sont d’un grand intérêt. Bien que l’édition soit d’une parfaite lisibilité, l’interprète devra, bien sûr, être familier de l’emploi courant de la clé d’ut première. Mais ceci n’est pas un obstacle pour un claveciniste.

 

Michel TRUDELLE : Histoire de Mouettes pour piano. Préparatoire.  Lafitan : P.L. 1827.

Cette délicieuse histoire, au rythme de valse lente un peu nostalgique, coupée par des envols de mouettes en triolet, devrait constituer un très agréable préambule aux vacances au bord de la mer…

 

FLÛTE TRAVERSIÈRE

Arlette BIGET, Claude-Henry JOUBERT : Méthode de flûte. 16 grandes leçons pour les élèves du premier cycle, volume 2. Combre : C06572.

On connait l’humour de C.-H. Joubert. Il est évidemment présent dans ce deuxième volume d’une méthode qui se distingue tout particulièrement par sa volonté de faire faire avant tout de la musique, et de la bonne, aux élèves. Transcriptions et compositeurs imaginaires se succèdent avec bonheur. On y trouve notamment un trio d’Antonio Brocoli particulièrement « chou »…

 

Blaise METTRAUX : Ballade pour flûte et piano. Frédy Henry, éditions musicales : FH 9181. Distribution Leduc.

Une sympathique pièce chantante et sans grande difficulté de ce compositeur suisse.

 

Émile LELOUCH : Les Lucioles, pour flûte et piano. Combre : C06588.

Cette œuvre de niveau moyen est un vrai feu follet, bien dans le style de ce toujours jeune pianiste, improvisateur et compositeur… Cette pièce, exigeante techniquement et musicalement, mérite de ne pas seulement figurer au répertoire des élèves mais aussi à celui de leurs professeurs.

 

Camille GEORGE : Souvenirs de la Petite France pour flûte en ut et piano. Élémentaire.  Lafitan : P.L. 1810.

Je ne pense pas me tromper en voyant dans cette pièce une évocation strasbourgeoise. Toujours est-il qu’elle nous entraîne dans une joyeuse danse pleine de caractère et d’entrain.

 

Djef JUNG : Green sonatine pour flûte en ut et piano. Élémentaire. Lafitan.

Cette sonatine est une vraie petite sonate en trois mouvements et une cadence miniature.  Il y a là de quoi faire ressortir les qualités à la fois d’expressivité et de virtuosité du jeune interprète.

 

FLÛTE À BEC

Nicola SANSONE :Canzoni e Danze europee dei secc. XVI-XVIII pour flûte à bec soprane ou ténor (flûte à bec contralto en sol) et basse continue.  Ut Orpheus Edizioni : FL 4.

Ce florilège très varié de chants et danses d’Europe est présenté avec beaucoup de soin et peut être une mine de répertoire pour les flûtistes. Les chansons sont données assez souvent avec les paroles. Attention, la basse continue n’est pas réalisée, mais cette réalisation n’est pas d’une grande difficulté.

 

CLARINETTE

Clémence de GRANDVAL : Deux pièces pour clarinette avec accompagnement de piano. Révision : Sylvie Hue.  Combre : C06578.

C’est un bonheur de découvrir deux pièces de cette compositrice du XIXe siècle, élève de Chopin et Saint-Saëns. Ce dernier, parlant des mélodies de son élève, disait qu’elles « seraient certainement célèbres si leur auteur n’avait le tort, irrémédiablement auprès de bien des gens, d’être femme ».  La première de ces pièces, Invocation, est d’un grand lyrisme. La deuxième, Air slave, entraîne le clarinettiste dans un rythme endiablé. Profitons-en pour rappeler le livre de Florence Launay Les compositrices en France au XIXe siècle chez Fayard et, bien sûr ,le numéro de septembre/octobre 2008 de notre revue consacré aux femmes compositrices.

PERCUSSIONS

Bruno LESCARRET : Le Fier, pour marimba et piano (avec éléments d’analyse). Combre : C06638.  Le maladroit : C06639.

Ces deux pièces sont extraites des 15 tableaux pour marimba ou vibraphone avec play-back. Les éléments d’analyse, qui se trouvent sur la partie séparée de marimba, sont copieux et expliquent à la fois le style de l’œuvre et sa construction, sous forme d’un tableau très méthodique et très détaillé. On ne peut qu’applaudir à une telle initiative qui permettra une exécution intelligente de ces morceaux pleins de charme, de musique et d’humour.

 

GUITARE

Giorgio SIGNORILE : Suite per Svera pour quintette de guitares. Ut Orpheus Edizioni : CH 100.

Les deux pièces présentées ici sont d’atmosphères bien différentes. La première, intitulée Piccola Luna, est d’un caractère assez mélancolique. La seconde, Primi passi sul prato, est tout à fait joyeuse et d’un rythme très enlevé.  Elles conviendront parfaitement à une fin de premier cycle.

 

CHANT

HÄNDEL : Arienalbum. Rôles féminins pour voix élevées tirés des opéras de Haendel. Urtext. Bärenreiter : BA 4295.

De Rinaldo à Serse et Imeneo, nous avons ici vingt extraits des opéras de Haendel remarquablement édités en version piano/chant, précédés d’une copieuse préface ainsi que de l’ensemble des textes traduits en anglais et en allemand. Bien sûr, on peut espérer qu’un jour nous trouverons aussi la traduction française, mais ne boudons pas notre plaisir devant la beauté et la fonctionnalité de cette édition.

 

MUSIQUE D’ENSEMBLE

André CHÉRON : Sonates en trio pour deux flûtes traversières, avec basse continue.  Cahier 1 : la basse continue, cahier 2 : 1er dessus, cahier 3 : 2e dessus. « FacsiMusic ». Fuzeau Classique : 50163.

Rappelons d’abord que ces « Facsimusic », fac-similés d’éditions anciennes, sont d’abord faits pour l’exécution instrumentale et ne comportent ni préface ni introduction, pour rester d’un prix raisonnable. André Chéron, à la fois organiste de la Sainte-Chapelle et chef de chant à l’Opéra a composé des motets, des ballets et des pièces instrumentales. Celles-ci, publiées en 1727, alors que leur auteur n’a que trente-deux ans, portent bien leur nom : il s’agit en effet d’une polyphonie à trois parties concertantes. La basse est évidemment donnée sans réalisation.

Daniel Blackstone

 

PARTITION

Felix MENDELSSOHN-BARTHOLDY : Elias, op. 70Oratorio pour soli, chœur & orchestreRéduction Urtext pour voix & piano.  Breitkopf : EB 8649.  23 x 30,5 cm, 248 p. 17 €.

La présente édition se réfère, pour la première fois, à la partition originelle du « Leipziger Mendelssohn-Ausgabe », avec textes allemand et anglais (version anglaise mise au point par le compositeur en collaboration avec William Bartholomew).  Une œuvre majeure, enfin disponible en Urtext !

 

PIANO

Hommage à Antoine Tisné (1932-1998).  Six pièces pour piano seul.  Éditions Zurfluh (www.zurfluh.com) : AZ 1824.  22 p.  25 €.

De Charles Chaynes (Minutes intemporelles), Serge Gut (Interrogation), Pierrette Mari (Espace intemporel), Jean-Louis Petit (Pour la poésie du temps), Roger Tessier (Chant du crépuscule), Jean-Jacques Werner (Que t’a dit l’oiseau prophète ?), le pieux et bel hommage à un homme de cœur, remarquable compositeur !

 

Jean BACQUET : J’accompagne, vol.3.  International Music Diffusion (tél. : 01 53 06 39 40.  www.arpeges.com) : IMD 647.  112 p., ex. mus.  36,60 €.

Professeur à l’IUFM de Douai, Jean Bacquet nous livre ici le 3e volume de sa déjà célèbre méthode d’accompagnement au piano.  Où nous retrouvons les précieuses qualités de l’auteur - sens pédagogique et pragmatisme.  Au Sommaire : L’accord de 9e de dominante / La modulation et l’emprunt au ton relatif / La modulation et l’emprunt au ton du IIe degré mineur / La modulation et l’emprunt au ton de la sous-dominante / L’accord de 7e diminuée / Une couleur modale.  Le tout intelligemment illustré d’innombrables exemples musicaux.

Francis Gérimont

 

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Alfred WILLENER : Le désir d’improvisation musicale. Essai de sociologie.  « Logiques sociales – Musiques et champ social », L’Harmattan.  Photos n&b. Bibliographie. 216 p., 20,50 €.

Ce livre du fameux sociologue suisse entend « faire surgir le contenu social révélé par l’improvisation ». Le désir d’improvisation, « thème flou », y apparaît surtout comme réponse à un excès de contraintes, comme celles qui pèsent sur les instrumentistes de la musique écrite. Se référant à Adorno, dont les thèmes sur une sociologie de la musique sont précieusement synthétisés en annexe, A. Willener prend le risque de l’éparpillement en « fragments de réel » (certains semblent éloignés du sujet) qu’il reviendra au lecteur d’articuler.  Mais l’essai vibre de musique.  En témoignent les belles photos de jazzmen en action prises par l’auteur.

Paul Gontcharoff

 

BEETHOVEN : Le Christ au Mont des Oliviers, op. 85. Dossier de la Revue de l’Association Beethoven, France et francophonie, n°11, 1er semestre 2009 (ABF - tél. : 01 30 59 03 87. www.beethoven-france.org).  21 x 29,5 cm, 128 p., ill. n&b, ex. mus.  10 €.

Ce dossier comporte : une « Présentation théologique du Christ au Mont des Oliviers » (P. Granvalet & père Ph. van den Bogaard), une « Traduction des textes » (Alexandre Chevremont), une « Analyse musicale de l’œuvre » (Laurent Marty) et une « Discographie raisonnée » (Patrick Favre-Tissot-Bonvoisin).  Fort intéressant travail autour d’une œuvre peu rebattue.

 

Bruit et Musique.  Actes du colloque de Lyon (23 janvier 2008).  Textes recueillis & présentés par Gérard Le Vot, publiés par Gérard Streletski.  À commander auprès de : Pierre Saby, département « Musique et Musicologie » de l’Université Lumière Lyon 2 (18, quai Claude-Bernard, 69007 Lyon).  326 p., illustrations.  25 €.

En complément du dossier que notre revue avait consacré au sujet (L’ÉM, n°551-552, mars/avril 2008), voilà qui sera pain bénit pour nos agrégatifs !  Intitulé des communications : « Le bruit dans les chansons de Clément Janequin » (Jean Duchamp), « La musique est le silence du bruit » (Jean-Marc Warszawski), « Réflexion autour de deux fragments de Fr. Schubert : le chant, le bruit et l’inscription linguistique du musical » (Pierre Saby), « Le bruit comme perturbation ou dissolution de la sphère de cohérence tonale » (Denis Le Touzé), « Les ’Bruits de guerre’ aux XVIIe et XVIIIe siècles : du signal fonctionnel à la musique » (Mylène Pardoen), « Le futurisme italien » (Anne Penesco), « Bruit ou musique ?  Essai de phénoménologie et de taxinomie » (Bertrand Merlier), « Cinq paradigmes du bruit dans la musique populaire nord-américaine, 1966-1977 » (Gérard Le Vot), « Entre bruit et mélodicité : la voix dans la chanson française » (Cécile Chabot-Canet), « Bruit et matériau à la fin du siècle dernier » (Costin Cazaban).

 

« Composer au féminin », revue Circuit, musiques contemporaines.  Vol.19 (n°1, 2009).  Presses de l’Université de Montréal (info@revuecircuit.ca).  21 x 23 cm, 100 p., ill. n&b.

Là aussi, heureux complément à nos propres dossiers « Compositrices, I » (L’ÉM, n°555-556, septembre-octobre 2008) et « Compositrices, II » (L’ÉM, n°562, septembre-octobre 2009, à paraître), cette superbe livraison nous propose : « Compositrices sur la scène contemporaine » (Jonathan Goldman), « Que signifie et ne signifie pas la musique des femmes ? » (Kyle Gann), « - Qu’est-ce que vous faites dans la vie ? – Je suis compositrice… » (Michèle Reverdy), « Deux pionnières dans le sentier de la création électroacoustique » (Marie-Thérèse Lefebvre), « La composition musicale et la marque du genre : l’examen conscient de l’écriture féminine » (Sophie Stévance), « Canadian Women Composers in Modernist Terrain » (Janet Henshaw Danielson), « De la musique de geste à la musique du son, de SuperMémé à 18U » (Hélène Prévost).  Signalons que ce dernier article est librement disponible sur le site : www.revuecircuit.ca

 

Claude-Henri CHOUARD : L’oreille musicienne. Les chemins de la musique, de l’oreille au cerveau.  « Folio Essais, 516 », Gallimard.  Format de poche.  416 p., schémas.  8,60 €.

Voici la nouvelle édition revue & augmentée d’un ouvrage dans lequel un praticien de haute volée, membre de l’Académie de médecine, s’interroge sur les diverses perceptions & conceptions de la musique que peuvent être celles d’un savant, d’un mélomane ou d’un musicien – organisations nerveuse et sensorielle innées, mais aussi phénomènes acquis en fonction de telle ou telle civilisation.  Après un « état des lieux », où s’expriment James Conlon, György Ligeti, Janine Reiss, Julian Rachlin et Pascal Dusapin, sept parties composent l’ouvrage : Le message sonore : les sons, la parole, le chant, la musique / Des organes pour entendre / Les chemins de la musique / Les aventures du diapason / L’oreille absolue / Oreille musicienne, sexe et dominance cérébrale / Les souffrances de l’oreille musicienne.  En annexe, sont décrites les techniques utilisées dans l’exploration de l’audition.

 

Pierre MARÉCHAUX & Grégoire TOSSER (Sous la direction de) : Ligatures.  La pensée musicale de György Kurtág.  Presses universitaires de Rennes (tél. : 02 99 14 14 25.  www.pur-editions.fr).  17 x 21 cm, 356 p., ill. n&b, ex. mus. 18 €.

Prolongement d’un colloque organisé en mai 2006 par l’université de Nantes, à l’occasion du 80e anniversaire de György Kurtág (°1926), cet ensemble de contributions - après différents hommages signés Pierre Maréchaux, Grégoire Tosser, Arturo Gervasoni et Philippe Albèra - comporte deux parties : Perspectives esthétiques et critères formels (« Les dits de Péter Bornemisza » : une bombe épistémologique / La musique : expression et indicible / Le fragment, une écriture en paradoxe) ; Lectures d’œuvres : la pensée musicale à l’épreuve de l’analyse (Œuvres vocales / Œuvres instrumentales).  Riches annexes.

 

Philippe LEROUX : Musique une aire de jeux.  Entretiens avec Elvio Cipollone.  « Paroles », éditions MF (www.editions-mf.com).  12 x 18 cm, 136 p. 12 €.

Conjuguant volontiers électronique & lutherie classique, le compositeur Philippe Leroux (*1959) – disciple notamment d’Ivo Malec, Ivan Wyschnegradsky et Pierre Schaeffer - aujourd’hui en résidence à l’Arsenal de Metz, s’entretient ici avec l’un de ses propres élèves, le compositeur et philosophe Elvio Cipollone.  Au fil d’une dizaine de chapitres : « Les années de formation », « Du geste à l’écriture », « Les mouvements du temps », « L’écriture de la mémoire », « Rejouer, Apocalypsis », « Composer, recomposer », « Une aire de jeux », « La voie des lettres »… Avec, outre un utile glossaire, une sélection des œuvres, une discographie & une bibliographie sélectives, un index des noms.  D’une lecture fort éclairante, « pour saisir les enjeux de la musique au début du XXIe siècle » (Pierre Gervasoni).

 

 

Simha AROM : La fanfare de Bangui.  Itinéraire enchanté d’un ethnomusicologue.  « Les empêcheurs de penser en rond », La Découverte (www.editionsladecouverte.fr).  12,5 x 19 cm, 210 p.  13 €.

De la plume du célèbre ethnomusicologue, voici en 23 brefs chapitres, la joyeuse relation d’une carrière initiée, en 1963, de curieuse manière : le président de Centrafrique demandant à l’auteur, alors corniste dans l’Orchestre symphonique de la radio d’Israël, de créer une fanfare (laquelle ne vit d’ailleurs jamais le jour)… Chose qui permit toutefois à Simha Arom de découvrir la musique des Pygmées, d’inventer de nouvelles méthodes d’investigation et de créer in situ un musée des Arts et traditions populaires.  Puis de permettre à ces cultures de se produire, hors l’Afrique, dans de nombreux festivals.  D’un constant bonheur de lecture !

 

Hervé GLOAGUEN : À hauteur de jazz.  « À hauteur de… », Éditions de La Martinière (www.editionsdelamartinière.fr).  Relié, 15 x 22 cm, photos n&b, 120 p.  14 €.

Reporter photographe (en Indochine, en Afrique…) mais aussi musicien de jazz, Hervé Gloaguen aura rencontré les plus grands jazzmen, en France et aux États-Unis.  Sont ici réunis 56 portraits de musiciens, assortis de textes d’écrivains ou de témoignages (Jack Kerouac, Allen Ginsberg, Billie Hollyday, Franck Conroy…).  Dans un domaine éditorial pléthorique, voilà – à marquer d’une somptueuse pierre noire - un magnifique petit album !  Signalons qu’en la galerie Arcturus (65, rue de Seine, Paris VIe.  Tél. : 01 43 25 39 02. www.art11.com/arcturus) sont exposées, jusqu’au 25 avril 2009, une trentaine de ces photographies.

 

Catherine SAUVAT : Alma Mahler (1879-1964).  Et il me faudra toujours mentir.  Payot (www.payot-rivages.fr).  15,5 x 23,5 cm, 270 p.  Cahier de photos n&b.  20 €.

Pour le moins agitée aura été la vie de celle que l’on baptisa « la veuve des Quat’zarts » : outre son premier mari, Gustav Mahler, n’avait-elle pas séduit Gustav Klimt et Alexander von Zemlinsky, Walter Gropius et Oskar Kokoschka… pour enfin se remarier avec Franz Werfel.  Grâce à des sources inédites, cet ouvrage dépeint, sous des angles nouveaux, la femme, la musicienne, l’égérie et la mémorialiste.  En trois parties : « Dans l’effervescence viennoise », « Mariages et veuvages », « L’envers du décor ».  Personnage certes fascinant, mais peu sympathique…

 

Johanne RABY & Françoise CHAGNON : Chanter de tout son corps.  Préface de Céline Dion.  Éditions Berger (www.editionsberger.qc.ca).  DG Diffusion (www.dgdiffusion.com).  20,5 x 20,5 cm, 176 p., ill. n&b et couleurs.  29 €.

Chanter de tout son cœur ne suffit certes pas.  Faut-il encore que l’instrument qu’est le corps soit au rendez-vous…  À fournir les solutions idoines aux divers problèmes physiques qui peuvent se poser se sont ici attachées Johanne Raby, professeur de chant, créatrice de l’Académie éponyme, et Françoise Chagnon, éminente oto-rhino-laryngologiste - qui suit notamment Céline Dion, enthousiaste préfacière de l’ouvrage.  Réponses à neuf questionnements : Ai-je l’étoffe d’un chanteur ? Qu’est-ce qui résonne ? Quel est ce corps qui chante ? Ai-je assez de souffle ? Quelle est ma vraie voix ? Faut-il réchauffer tout le corps ? Comment libérer ma voix ? La voix est-elle fragile ? Quelles règles de vie adopter ? D’un constant pragmatisme…

 

Émilie LUCA LAPOIRIE (Propos recueillis par) & Hervé HASCOËT (Photographies) : Rendez-vous au P’tit OpPublibook (www.publibook.com).  Album de photos n&b, 100 p., 20 x 25 cm, 26 €.

Prises dans ce haut lieu du jazz qu’est Le Petit Opportun (« trou à rats de six mètres sur six », sis 15, rue des Lavandières Sainte-Opportune, Paris Ier), ces magnifiques photos couvrent une période allant de 1992 à 2002.  Lorsque l’on pouvait y côtoyer les plus grands : Chet Baker, Clark Terry, Ray Bryant, André Persiani, Pierre Michelot, Johnny Griffin, Patrice Caratini, Art Farmer, Guy Lafitte, Aldo Romano, Michel Graillier, Éric Le Lann, Barney Wilen… Une page d’histoire, un trésor de témoignages et d’anecdotes puisées dans la mémoire, notamment, du maître de céans, Bernard Rabaud (dont Yves Lucas trace, en outre, un émouvant portrait).

 

Antonio SPEZIALE : Un jour, peut-être un jour Roman. Préface  de Ennio Pouchard.  Éditions New Letters (14, rue Laferrière, Paris IXe).  14 x 20, 5 cm, 204 p.

Homme d’affaires réputé, mais surtout poète et musicien né (auteur, compositeur, interprète s’accompagnant à la guitare, il chante magnifiquement les îles Éoliennes de son enfance), Antonio Speziale est le principal protagoniste de cette auto-fiction (18e livre publié).  Laquelle nous mène en Norvège, à Copenhague, Barcelone, Trouville, en Italie bien sûr, mais surtout à Paris - où il hante le Palais-Royal, la rue de Buci, la rue des Canettes, l’Île Saint-Louis, les Halles… Fascinant itinéraire d’un homme et d’un artiste au tempérament impétueux…

 

Yves RAIBAUD (dir.) : Géographie, musique et postcolonialisme.  Revue « Copyright Volume, autour des musiques populaires », vol. 6 (numéro double).  Éditions Mélanie Séteun (www.seteun.net).  Distr. Irma.  21 x 21 cm, 300 p., 20 €.

Le dossier inclus comporte 9 études : « Les musiques du monde à l’épreuve des études postcoloniales », « Politiques de l’authenticité », « Bhangrâ & imaginaire de diaspora », « Dancehall aux Antilles, rap en France ou la quête d’un idéal républicain de citoyenneté », « Le rap français, un produit musical postcolonial ? », « Politique de la ville & construction de nouvelles images ethniques », « Émergence, circulations & évolutions », « La cantoria, enjeux sociospaciaux de la poésie improvisée au Brésil », « Goa : communautés transnationales & musique techno », mais aussi 2 tribunes : « Lettre ouverte sur les musiques noires, afro-américaines et européennes », « Publier par gros temps : des musiques populaires à la philosophie contemporaine ».  Plus, hors dossier : notes de recherche, comptes rendus et recensions.

 

Archives Constantin Brăiliou (1913-1953).  Collection universelle de musique populaire.  Réédition augmentée.  Musée d’ethnographie de Genève (MEG) : www.adem.ch / www.ville-ge.ch/meg Relié, 14,5 x 25,5 cm, 80 p., 4 CDs VDE (TT : 71’05 + 69’43 + 54’20 + 69’19).

C’est à l’initiative du grand ethnomusicologue roumain que furent constituées à Genève, en 1944, les Archives internationales de musique populaire (AIMP), organisme qui allait se consacrer à la collecte et à l’étude comparative de documents musicaux du monde entier, ainsi qu’à la production de disques et à l’organisation de manifestations publiques et congrès s’y rapportant.  Dans cet ouvrage, sont analysés les 169 enregistrements qu’avait sélectionnés Constantin Brăiliou, plus 5 pièces inédites, enregistrées en 1952 dans les Asturies.  Un trésor musical intégralement restitué dans les CDs inclus.  Lire aussi, bien sûr, l’ouvrage de Laurent Aubert, ci-dessous recensé par Édith Weber.

Francis Cousté

 

Laurent AUBERT (dir.) : Mémoire vive.  « Tabou », Infolio (editionsinfolio@free.fr) / Musée d’Ethnographie de Genève. 271 p. 11 €.

Sous la direction de Laurent Aubert, l’expression Mémoire vive prend tout son sens dans les musiques de l’oralité, et c’est le devoir des ethnomusicologues et archivistes de conserver - afin de transmettre à la postérité - un patrimoine sonore pour valoriser les chefs-d’œuvre du passé.  À cet égard, les préoccupations du regretté Constantin Brăiliou (1893-1958) ont valeur d’exemple. Des amis et spécialistes français, anglais, roumains rendent ainsi hommage à la pensée du maître roumain, à l’origine de l’ethnomusicologie.  Sur cette volonté de reconnaissance se greffe une solide réflexion collective sur les problèmes de la conservation et de l’exploitation des archives musicales en notre époque, sous l’emprise de la mondialisation.  Cette réalisation de Infolio Éditions et du Musée d’Ethnographique de Genève (MEG), dépositaire du fonds Brăiloiu, en évoquant son héritage, est conforme au devoir de mémoire du passé musical.  Les diverses contributions soulignent les innovations, l’évolution de l’ethnomusicologie grâce à ce chercheur inlassable, et précisent sa pensée, et rappellent son fonds audio.  Ce livre sera très apprécié des ethnologues, musicologues et de ceux qui s’intéressent à la collecte et aux nouvelles technologies.  On ne pouvait rendre meilleur hommage à C. Brăiloiu.

Édith Weber

 

Jean-Baptiste DESTREMAU : Sonate de l’assassin.  Roman.  Max Milo.  384 p. 19,90 €.

Roman dont la structure narrative à trois voix s’inspire de la forme sonate.  Dans l’exposition, la voix de Lazlo Dumas, pianiste international, psychopathe dont le génie nécessite la pratique régulière de sacrifices humains rituels (il s’agit le plus souvent de victimes désignées et piégées lors de ses concerts) afin de maintenir toujours présente « sa petite sonate intérieure », garante de la qualité de ses interprétations.  Dans le développement, ce sont les voix de Lorraine et de son fils Arthur, qui à l’occasion d’une rencontre fortuite, proposeront au pianiste une possible et difficile rédemption par l’amour.  La réexposition enfin, surprenante, conduira au dénouement… Il s’agit là d’un thriller dont l’intrigue nous tient en haleine tout au long du roman.  L’écriture est agréable par sa fluidité, sa clarté.  Pour son premier roman, Jean-Baptiste Destremau réussit indiscutablement son pari.

Patrice Imbaud

 

Mikhaïl RUDY : Le Roman d'un pianiste« L'impatience de vivre ». Éditions du Rocher, 205 p.  20 €.

Passionnant récit d'une vie singulière – qui n'en est sans doute qu'à sa première moitié – que ce roman écrit à la première personne par le pianiste Mikhaïl Rudy. Cela commence comme un conte « La musique est entrée dans ma vie presque par hasard », pour cheminer de cauchemar en surprise. Car celui qui fut formé par les plus grands professeurs russes et répétait la nuit dans la salle vide du Conservatoire de Moscou a mordu la poussière avant de dévorer la vie à belles dents. Il sera un sérieux opposant au régime soviétique, n'hésitant pas à braver les sbires du KGB. Cette saga palpitante se lit tel un policier. Il croisera à cet égard Mstislav Rostropovitch - à qui il voue une affectueuse admiration. L'admiration, il l'aura aussi pour des personnalités aussi diverses que Messiaen, Karajan, Chagall.  Il aime la littérature française et lit très tôt – dénichés sous le manteau, à Moscou – Proust aussi bien que Diderot, se pique de spiritualité et se fait poète. Son destin musical se construira rapidement de victoire en victoire sur lui-même, sur les événements, sur les difficultés de la vie d'un jeune homme russe dans les années 60. Et puis quelle occasion de croiser toutes ces figures de légende que furent Oïstrakh, Guilels, Richter ou encore Dmitri Chostakovitch.  Ce qui fait tout le prix de cette biographie c'est la spontanéité, le juste, le vrai.

 

Droit et opéra. Actes du colloque tenu à Paris et à Poitiers, en 2007/2008, sous la direction de Mathieu Touzeil-Divina & de Geneviève Koubi.  Université de Poitiers.  Collection de la Faculté de Droit et des Sciences sociales, LGDJ.  374 p.  33 €.

Ces deux mots n'ont a priori pas vocation à être rapprochés. C'est pourtant le thème d'un colloque tenu à Paris et à Poitiers réunissant juristes, musicologues, musiciens et amateurs d'opéra. Il n'est pas vain de confronter deux mondes que tout sépare pour s'apercevoir que l'opéra est au cœur d'un entrelacs juridique : égal accès à l'opéra, liberté d'expression, propriété intellectuelle des œuvres, droits des interprètes, mécénat, décentralisation, ou plus globalement service public de l'opéra, autant de questions à débattre. Les actes de cette recherche sans précédent – qui se poursuit d'ailleurs - sont réunis en un ouvrage exhaustif qui analyse bien des facettes de la problématique, à la lumière des pièces elles-mêmes. Ne traite-t-on pas de questions sociales chez Mozart, de problèmes politiques chez Verdi, ou de thèmes plus codés, tels les malheurs d'un être laid dans le Platée de Rameau.  Le droit peut se trouver au centre d'une œuvre : le Ring ou la lutte pour la propriété de l'or, Don Giovanni face à la Loi. On n'hésite pas à y aborder la question de minorités, là où libertés et droits peuvent être mis en balance. Les femmes qui n'ont eu d'abord que le droit d'obéir, de se taire, de se tuer, se voient pouvoir déjouer les lois, notamment dans l'opéra italien.  Même soumis au Prince, comme il l'était à l'origine, l'opéra permet la critique du droit – le mariage, l'adultère – la contestation de la puissance privée – les droits du mari, le statut du père – la critique des institutions, Justice, police, prison. L'opéra n'est-il pas un des moyens possibles pour mesurer comment se gère la liberté ? On trouve aussi dans le livre un amusant « dictionnaire policé du droit de l'opéra au XIXe siècle ». Voilà une indispensable monographie sur le sujet.

 

Oliver SACKS : Musicophilia. La musique, le cerveau et nous.  Traduit de l'anglais par Christian Clerc.  « La couleur des idées », Le Seuil.  472 p.  25 €.

L'auteur de L'homme qui prenait sa femme pour un chapeau n'a pas fini de nous étonner et d'enrichir la connaissance quant aux effets de la musique sur les pathologies humaines. On sait de manière diffuse quel est le pouvoir de la musique de nous émouvoir jusqu'au tréfonds. Pourquoi : parce qu'elle « est le seul art à être à la fois totalement abstrait et puissamment chargé d'émotion ». On connaît moins l'effet réparateur de la musique sur les personnes atteintes de troubles moteurs, du langage ou de la maladie de Parkinson, qu'elle aide à retrouver un certain équilibre, de la maladie d'Alzheimer qu'elle apaise, des amnésiques auxquels elle parvient à restituer des souvenirs. Sacks l'explique, exemples à l'appui, à travers des études de cas et des témoignages de patients ; à partir de ce postulat qu'on ne croyait pas aussi évident : « qu'elle soit joyeuse ou cathartique, la musique doit agir par surprise ». Neurologue réputé, mélomane sincère, philosophe et profond humaniste, Sacks nous invite à partager une analyse aussi rigoureuse que limpide du concept de musicophilie ou « l'immense pouvoir que la musique exerce sur nous tous ou presque », et de son pendant thérapique, la musicothérapie.

Le pouvoir, conscient ou non, que la musique exerce, souvent à son insu, revêt bien des formes chez l'individu, normal ou anormal : le phénomène de l'oreille absolue, l'empreinte musicale chez les aveugles, les diverses formes d'amusie – ou défaut de perception du son, « surdité » aux rythmes, aux tons, à la mélodie - les personnes dites « savantes » - ces déments qui peuvent vous chanter à la perfection tel morceau – ou encore la synesthésie - association de notes de musique à des couleurs ; Olivier Messiaen n'était-il pas synesthète sans le savoir ? - les rèves musicaux, de la simple émotion esthétique à la mélancolie, voire à la démence ; car « la musique peut résister aux distorsions de la psychose pour pénétrer au plus profond de la mélancolie et de la folie ». Sans atteindre ce stade d'hallucination profonde, on pense à ces personnes qui sont hantées par la musique ou sujettes à des crises musicales aussi soudaines qu'irrésistibles, ou encore possédées par l'obsession de certains airs, de celles atteintes du syndrome de la Tourette – phénomène générateur de tics sur lesquels la musique peut influer : accrochage du sujet à une sonorité, qui le conduit à la répétition intérieure de phrases musicales, mais aussi à une excitation extérieure caractérisée par des « associations inattendues ou surréalistes ». Mozart était peut-être tourettien ! On ne saurait mieux résumer cette passionnante lecture que par ce mot : « L'homme est une espèce musicale ».

 

Jean-Paul MANDEGOU : Les Folles Journées autour du mondeCheminements.  216 p.  35 €.

Alors que la Folle Journée de Nantes en est à fêter son quinzième anniversaire et qu'elle a essaimé à l'étranger, le journaliste Jean-Paul Mandegou retrace ce rêve fou, révolutionnaire, qu'osa René Martin, pour rapprocher la musique du public. De bonnes fées se penchèrent sur le berceau, « une occasion unique de se rouler dans la musique » dira Anne Queffélec.  On connaît le succès foudroyant de l'entreprise, qui s'enfla au point de devenir un mini-festival hivernal incontournable – et ils sont bien peu à déroger à la sacro-sainte manie estivale – au point de susciter l'ire de certain Beckmesser parisien.  C'est précisément ce déclic qui est à l'origine de l'ouvrage. Il fallait le dire et l'affirmer haut et fort, arguments et images à l'appui : le public est là, les artistes aussi, autour d’un postulat : la qualité. Le concept est même sorti de sa gangue de seule organisation de concerts, pour s’attaquer à des activités éducatives en direction des jeunes et même des détenus.  Il s’est répandu vite alentour, dans le Pays de Loire, puis au-delà de l’hexagone, en Europe : à Bilbao, à Lisbonne – hélas ici pour un temps seulement.  Puis par-delà les mers, à Tokyo, où il devint pantagruélique, puis aussi à Kanazawa : mais le Japon ne sait pas faire dans le confidentiel. Et, plus récemment, à Rio de Janeiro où il deviendra sans doute essentiel au fil des saisons futures. On dit que le développement de la Folle Journée à l’international ne semble pas sur le point de fléchir, tant les candidats sont nombreux. Mais René Martin veille au grain, car à trop se répandre on risque de perdre l’esprit. L’ouvrage, richement illustré de clichés plus qu’évocateurs de ces foules que réunit une formidable communion musicale, montre un parcours exemplaire.

Folles journées autour du monde

Jean-Pierre Robert

 

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Haut

La Divine Liturgie de Saint Jean Chrysostome.  Chœur Melodi, dir. Divna Ljubojevic.  Jade (43, rue de Rennes, 75006 Paris. promotion@milanmusic.fr) : 699 684-2 .  TT : 50’21.

Formée au chant orthodoxe à l’école Mokranjac de Belgrade et à l’Académie de musique de Novi Sad, Divna Ljubojevic - déjà bien connue de nos lecteurs -, après avoir dirigé successivement le chœur Mokranjac, la première Société chorale de Belgrade, est depuis plusieurs années à la tête du chœur Melodi qu’elle a fondé.  La Divine Liturgie de Saint Jean Chrysostome (344/354-ca 407) comprend des Litanies (prières d’intercession entre le ministre et l’assemblée) : de la Paix, après l’Évangile, de supplication… ; Tropaires (courtes prières chantées après chaque verset) ; le Trisagion (l’ordinaire des liturgies orientales) ; des Prières (pour les catéchumènes, fidèles ; d’action de grâce, Notre Père) ; des Hymnes (dont la célèbre Hymne des Chérubins) ; la liturgie pour l’Eucharistie.  Les arrangements sont dus à S. Mokranjac (1856-1914), M. E. Kovalesky et D. Ljubojevic, dont la voix exceptionnelle de pureté et son timbre dialoguant avec le remarquable chœur Melodi représentent plus qu’une garantie de qualité musicale, à laquelle s’ajoute l’intérêt toujours renouvelé pour La Divine Liturgie.

 

Chartres. Le chemin de l’âme.  Ensemble Catherine Braslavsku.  Jade : 699 677-2.  TT : 84’57.

Accompagnant musicalement les groupes de pèlerins qui parcourent le labyrinthe de la cathédrale de Chartres, « espace de pérégrination intérieure et de méditation ambulatoire », Catherine Braslavsky et son ensemble éponyme font partager leur émerveillement, non seulement aux passants, mais aussi aux discophiles.  Ils mettent particulièrement en valeur ce lieu sacré baignant dans le silence et la paix. Le répertoire comprend des pages multilingues qui ont pu être chantées au XIIe siècle : Stella splendens (soutenu par de légères percussions), O Virgo splendens (d’après le Llibre Vermell de Monserrat), modèle d’interprétation ; au XIVe siècle : Imperayritz (invocation à la Vierge).  Le chant grégorien tardif est aussi présent dans la pièce Recordare.  Non seulement interprète hors pair, C. Braslavsky est aussi l’auteur de musiques sur des textes araméens pour le kaddosh (devenu le Sanctus), latins (Sana nos) : soit un total de 19 pièces interprétées dans un cadre extraordinaire avec une remarquable acoustique, reflétant à la fois la religiosité médiévale et une certaine symbiose entre le lieu et la parole, l’architecture et le chant.  À acquérir impérativement.

 

Duos mandoline et fortepiano.  Charisma Musikproduktion (info@charisma-cd.de) : Clavier 3.  TT : 68’45.

L’association de la mandoline et du fortepiano est originale, et le résultat sonore, spécial, grâce au son argentin de la mandoline.  Au début du XIXe siècle, des compositeurs tels que L. van Beethoven et Johann Nepomuk Hummel (1778-1837) se sont intéressés à cet effectif peu habituel.  Le programme comprend, en outre, des œuvres rares de Bartolomeo Bortolazzi (1773-1840), Gabriele Leoné (ca 1725-1790).  Les interprètes, Denise Wambsganss (mandoline Alfred Woll 2003) et Gerrit Zitterbart (pianoforte Michael Walker 2001, d’après Anton Walter 1795), forment une merveilleuse équipe et font preuve d’une grande connivence. Leur répertoire comprend des Sonates et Sonatines que les discophiles prendront plaisir à découvrir, à la charnière entre XVIIIe et XIXe siècles. Un texte copieux avec traductions française et anglaise présente ce programme quelque peu insolite. Ce CD ravira les mélomanes curieux.

 

DA PACEM. Vokalmusik zum Thema FriedenMusikszene Schweiz.  Migros : MGB 6124. TT : 60’29.

Ce CD, intitulé : Musique vocale sur le thème de la Paix, représente, en quelque sorte, une petite anthologie allant du XVe siècle à notre époque. Il regroupe des formes traditionnelles : messes, motets baroques et romantiques. L’initiative en revient aux Madrigalistes de Bâle et à leur chef Fritz Näf qui, avec une grande aisance, s’adaptent à tous les styles. Le thème est introduit par la Missa Da Pacem pour 4-6 voix de Josquin Desprez (ca 1450-1521), suivant la structure traditionnelle. L’intense prière : Accorde-nous la paix par ta grâce est présentée dans la version de B. Resinarius (1485-1544) à 4 voix et celle, si attachante, de H. Schütz à 5 voix. Après ce volet allant des XVe au XVIIe siècles, le motet de 4 à 6 voix pour chœur mixte a cappella : Warum ist das Licht gegeben den Mühseligen (Pourquoi la lumière est-elle donnée aux malheureux…) de J. Brahms (1833-1897) - avec sa poignante interrogation mêlée à un sentiment de résignation et son allusion au Cantique de Siméon : Mit Fried und Freud ich fahr dahin (choral luthérien) - constitue le sommet de ce programme.  Enfin, le XXe siècle fait l’objet de la complainte Contre la guerre (Gegen den Krieg) d’après le texte de Bertolt Brecht, adapté en musique par H. Eisler (1898-1962) qui spécule sur la revalorisation de l’unisson, les voix à découvert ou légèrement décalées : musique impressionnante, à la recherche d’une réponse humaniste aux horreurs de notre époque et qui a le mérite de faire réfléchir.

 

Ludwig SENFL : Missa Paschalis und Motetten. Musiques Suisses, Migros (musiques-suisses@mgb.ch) : MGB 6165.

L. Senfl, musicien suisse, (Bâle, ca 1486-Munich, ca 1543), a d’abord vécu à Zurich, puis exercé ses activités à la cour de Bavière, dans les fonctions de musicus intonator ou de musicus primarius. Ce sympathisant de la Réforme, également humaniste (adaptation musicale d’Odes d’Horace pour les élèves des écoles latines), a composé des Chansons, Motets et 7 Messes.  Sa Missa Paschalis est un modèle d’écriture polyphonique dans le sillage de l’École dite franco-flamande. Cet enregistrement s’impose par le fondu et la plénitude des voix. Il comporte aussi, interprétés avec les mêmes qualités, Quinque Salutationes Domini Nostri Jesu Christi et la poignante invocation : Popule meus (impropère du Vendredi Saint), particulièrement expressive et méditative. Cet enregistrement, comprend en outre un choix de motets. Le Coro della Radio Svizzera et son chef Diego Fasolis, ont le grand mérite de faire connaître la Missa Paschalis à 5 voix du Praeclarus Ludovicus Senfelius helveticus.  À (re)découvrir.

 

Orgues historiques de France. Vol. 5. Sinus (Postfach 526 CH-8802 Kilchberg. sinus-verlag@bluewin.ch) : 3005.  TT : 61’25.

Après l’orgue de Cintegabelle, Albert Bolliger a judicieusement sélectionné le célèbre orgue historique Jean Boizard (1714), à l’église de Saint-Michel-en-Thiérache (Picardie), avec sa tuyauterie d’origine ayant toujours miraculeusement échappé à sa destruction. L’instrument, très bien présenté avec illustrations et nomenclature des 4 claviers (dont un en écho), est typique de la facture française autour de 1700. Le livret d’accompagnement est un modèle du genre. Comme de juste, l’éminent organiste suisse a retenu des œuvres françaises d’H. Du Mont, N. A. Lebègue, L. Chaumont, J.-H. d’Anglebert, Fr. Roberday et J. Boyvin, ce qui lui permet de mettre les différents jeux en valeur (tierce en taille, cromorne en taille…).  Il révèle également des pages du Livre d’Orgue de Montréal (ca 1724). Ce florilège d’œuvres des XVIIe et XVIIIe siècles illustre les goûts musicaux et l’esprit de la facture qui prévalaient alors en France. Ce volume 5 de son anthologie Orgues historiques de France mérite l’attention tant pour la registration que pour le choix du programme. Indispensable à tous les amateurs d’orgues historiques.

 

Gioacchino ROSSINI : Sinfonie per organo a quattro mani. Tactus (CD Diffusion : 28, route d'Eguisheim BP 4, F-68920 Wettolsheim. info@cddiffusion.fr) : TC 791805. TT : 60’30.

Ce disque inattendu repose sur le principe de l’arrangement de partitions d’opéras dans une version pour orgue à quatre mains. Parmi ceux-ci figurent, entre autres, la Gazza Ladra, Le Barbier de Séville (en deux mouvements : Andante maestoso et Allegro con brio), Semiramide, Tancrède, L’Italienne à Alger, Guillaume Tell. L’ensemble du programme repose sur le principe de l’opposition : mouvement lent/mouvement rapide. G. Maccaroni et F. Iannella nous proposent un répertoire de nos jours peu habituel pour l’orgue, mais très en vogue au XIXe siècle. Le « roi des instruments » peut ainsi se prêter aux caractères tour à tour descriptif, narratif, un tantinet sentimental, cérémoniel : témoin de l’esprit du temps. Les interprètes n’ont « pas voulu chercher une imitation absolue de l’orchestre, mais plutôt poursuivre une logique qui mette en valeur les caractéristiques idiomatiques de l’orgue (registres, mode d’attaque du son et aussi qualité des couleurs individuelles), convaincues que cela pourra rendre justice de la meilleure manière aux potentialités dans la partition de Rossini ». Ce disque original, haut en couleurs, reflète l’engouement des mélomanes de la première moitié du XIXe siècle. Ce document historique, curiosité discographique, enregistré à l’orgue des Frères Serassi (1821) à l’église paroissiale de Santa Maria Assunta Caluso (Turin), retiendra à divers titres l’attention des amateurs d’orgue et d’opéras rossiniens.

Édith Weber

 

Johann Adam REINKEN : Hortus Musicus I et IV, à deux violons, viole de gambe et basse continue.  Dietrich BUXTEHUDE : Trois sonates à deux violons, viole de gambe et basse continue. Ensemble « La Rêveuse ». Mirare : MIR 74. TT : 67'22.

L'intérêt de ce CD est de rapprocher deux musiciens exactement contemporains et des œuvres partageant le même modèle instrumental.  Reinken (1637-1722) fut l'ami de Buxtehude. Organiste comme lui, il était basé à Hambourg dont il fonda l'opéra. Moins connu que celui-ci, il est justice de le sortir de l'ombre. Son « Jardin musical » est constitué de sonates en trio, organisées sur un plan identique : 5 sections dont la première est une sonate (elle-même en quatre parties) et les quatre autres les morceaux d'une suite (allemande, courante, sarabande et gigue).  Les sonates de Buxtehude, le musicien de Lübeck, donnent dans le style « fantastique », prisé à l'époque, mélange de fantaisie et de liberté, de rhétorique et de vocalité. Elles comprennent de 5 à 7 sections, contrastées de l'une à l'autre. Enfin la Chaconne pour deux orgues est une suite de variations sur un motif ostinato. Les interprétations du jeune ensemble La Rêveuse, spécialiste de la musique du XVIIe siècle, sous l'impulsion de Benjamin Perrot, est réfléchie mais aussi spontanée, aux tempos imaginatifs, avec des contrastes pas trop prononcés dans la rythmique. Ce qui est privilégié est plutôt l'ambitus et les couleurs. La qualité instrumentale est superlative, dont le clavecin de Bernard Cuiller.

 

Antonio VIVALDI : Concertos pour deux violonsViktoria Mullova, Giuliano Carmignola, violons.  Venice Baroque Orchestra, dir. Andrea Marcon. Universal/DG : 00289 477 7466.  TT : 61'02.

Vivaldi a beaucoup écrit pour la formation concertante, avec violon en particulier. Et aussi pour deux violons. Empruntant le mode de la sonate en trio, de forme tripartite, vif-lent-vif, les deux solistes y sont traités à part égale, à de rares exceptions près, et dialoguent en répons le plus souvent, à moins qu'ils n'évoluent en parallèle. Peu jouées, peu représentés au disque, ces concertos méritent l'attention, car toujours très mélodieux. Le jeu euphonique y est pour quelque chose. La variété que contiennent ces pièces n'a d'égale que le plaisir qu'elles procurent, qu'on les écoute en continu, les unes à la suite des autres, ou de manière sélective. Leur extrême concision ajoute à l'attirance. L'interprétation est de classe : deux violonistes rompus à ces musiques, le baroqueux Carmignola rejoignant la plus universaliste Mullova. La direction de Andrea Marcon, qui dirige du clavecin les cordes de son orchestre vénitien, est vive mais pas sèche.

 

Centenaire de Joseph HAYDN

Joseph HAYDN : Sonates n°38 en fa majeur Hob. XVI.  Variations en fa mineur Hob. XVII.34.  Sonate n°60 en ut majeur Hob. XVI.  Sonate n°62 en mib majeur Hob. XVI.  Zhu Xiao-Mei, piano. Mirare : MIR 076. TT : 70'05.

Les sonates pour piano s'étalent chez Joseph Haydn sur quelque quarante ans de vie créatrice. Moins connues que le répertoire symphonique, elles n'en sont pas moins significatives de l'évolution stylistique du maître d'Esterhaza. La variété et l'invention mélodique y sont un objet d'émerveillement ; le raffinement de l'écriture aussi, et ce que Zhu Xiao-Mei appelle la « tonicité rythmique », quel que soit le type de mouvement, lent ou rapide. De louer aussi chez Haydn le « sens de la simplicité » chez « un compositeur qui aime la vie » et « rend les gens heureux ».  Belle formule ! Non loin de cette sensation d'aisance, de joie presque facétieuse que se plaît à décrire Alfred Brendel.  Les interprétations sont toutes de fluidité, de naturel, d'esprit, voire de jubilation. Deux pertinentes remarques de l'interprète se vérifient : le rôle déterminant du silence ; la façon de finir un morceau « vers le haut », autrement dit sans banalité, comme l'ultime entrechat du danseur qui doit donner l'impression de toucher le sol d'aérienne manière.  Les quatre sonates choisies ici montrent diverses facettes de l'art du piano chez Haydn. La Sonate n°38, souvent jouée, est rythmée, vive et spirituelle, et la n°52 d'une grande délicatesse d'écriture, notable à l'adagio. Les Variations en fa mineur et les Sonates n°60 et 62 appartiennent à la dernière période. Les Variations sont emplies de charme, de goût avec leurs notes en cascades ou enroulées en guirlandes. Les Sonates 60 et 62, deux des trois ultimes compositions pour le clavier, ont été composée à Londres.  La première, d'une écriture très serrée, est pavée de rebondissements quasi dramaturgiques. Son finale offre toute la fantaisie dont est capable Haydn. La Sonate n°62 est une pièce d'envergure : l'allegro exige puissance pour s'approprier le geste ample des accords massifs qui prélude à diverses séquences d'une inépuisable invention. L'adagio, de caractère nocturne, annonce les grandes pages pianistiques du XIXe siècle. Le presto final manie ce procédé de déclamation répétée de groupes de notes, auquel Haydn a parfois recours, dans ses symphonies notamment.

 

Joseph HAYDN : Sonates n°60 en ut majeur Hob XVI 50, et n°31 en lab majeur Hob XVI 46.  Wolfgang Amadeus MOZART : Sonate n°13 en sib majeur KV 333 et n°7 en ut majeur KV 309Claire-Marie Le Guay, piano.  Universal/Accord : 480 1704.  TT : 81'33.

Troisième volume d'une série consacrée à des sonates de Haydn et de Mozart, autant de jeux de miroir entre deux compositeurs liés d'admiration l'un pour l'autre, ce CD prône le thème de l'esprit concertant. Fascinantes comparaisons au jeu des points communs comme des traits originaux qui les distinguent. La virtuosité entendue au sens de l'ampleur et du grand pianisme, est ici de rigueur. La différence d'approche est souvent flagrante : le théâtre de la vie chez Mozart, avec ce mélange inimitable de tragique et d'espiègle ; une mine d'imagination thématique avec Haydn et une sorte d'humanité dont l'humour n'est pas exclu. Ce que démontrent les interprétations de Cl.-M. Le Guay dans leur objectivité expressive, un brin sérieuses.  Contemporaine de la Symphonie Linz (1784), la Sonate KV 333, encore dans le sillage de Jean-Chrétien Bach, que Mozart admirait beaucoup, offre des climats vifs et chantants alternant avec des pages d'une admirable sérénité. Quel trait original que cette forme concertante à l'allegretto grazioso qui propulse soudain comme une cadence, sorte de mélodie refrain. La Sonate KV 309 (1777) se signale par son sens de l'improvisation, en particulier dans sa partie centrale, et un ton insouciant au finale, un des traits familiers de Mozart. Alors qu'une pièce de chacun de ces deux géants est immédiatement reconnaissable, la Sonate n°31 de Haydn (1768) contient un riche matériau, mais est presque elliptique pour l'amateur. Son vaste adagio, immense dissertation aux harmonies parfois aventureuses, présente aussi une cadence. Quant à la Sonate n°60 (1794), sa puissance, voire sa robustesse ne posent pas plus de difficulté à Claire-Marie Le Guay qu'à sa collègue chinoise.

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Wolfgang Amadeus MOZART : Symphonie n°28Richard STRAUSS : Don Juan.  Igor STRAVINSKY : L'Oiseau de feu (suite de 1919).  Karl Böhm, Kölner Rundfunk-Sinfonie-Orchester (enregistrements de 1963, 1973, 1976).  Audite : 95.591.  TT : 57'25.

Bel hommage à l'art de Karl Böhm. Ses 82 ans n'entamaient en rien l'impétuosité du Don Juan de Strauss, vision dramatique et brillante. Assurément une des plus rapides qu'il ait livré au concert. Non que le thème avec hautbois solo ne développe son profond lyrisme, marquant un beau contraste. La 28e Symphonie de son cher Mozart livre un style d'interprétation « classique » dirait-on aujourd'hui (comparé à celui des baroqueux ou de leurs thuriféraires, sans parler d'un Harnoncourt) : orchestre de proportions relativement fournies, tempos rigoureux, articulation claire et, surtout, souci du phrasé laissant à la mélodie loisir de s'exprimer.  Intégrité, équilibre et sentiment de naturel sont des mots qui viennent à l'esprit. Même si, avec le recul, l'andante paraît un peu lent et le menuet un brin solide. Stravinsky est quasi absent de la discographie de Böhm et pourtant il ne le négligeait pas au concert. La suite de L'Oiseau de feu, dans la version de 1919, est donc un document unique. La lecture est sobre, presque trop de prime abord, mais le sens de la construction est bien présent.  Les tempos sont plutôt allants, sans chercher à solliciter (danse de la Princesse), voire très rapides, presque boulés, dans la danse de Kastcheï aux martèlements implacables. La berceuse ne cherche pas à s'attarder sur quelque épanchement excessif. Le grand finale est justement glorieux.

 

Camille SAINT-SAËNS : Concertos pour piano n°2 et n°5 « L'Égyptien ». Brigitte Engerer, piano.  Ensemble Orchestral de Paris, dir. Andrea Quinn.  Mirare : MIR 079. TT : 55'.

Saint-Saëns a, de manière déterminante, contribué au renouvellement du genre du concerto de piano au XIXe siècle, en assoyant le genre du concerto symphonique ou « comment l'orchestre doit être lié au piano » dira Schumann.  La richesse instrumentale enlumine le dialogue avec le soliste. Le Concerto n°2 est virtuose et possède une dynamique interne à chaque mouvement, de plus en plus rapide. Les brillants échanges entre orchestre et clavier, de l'ordre de la confrontation par endroit, mettent en valeur ce dernier. L'inspiration est sans cesse en éveil comme à l'allegro scherzando, avec ses rythmes syncopés et ses guirlandes de notes sur un lit de cordes frémissantes.  Brigitte Engerer est sincère, nous entraînant dans un tourbillon, presque opératique au presto final, sur un rythme de saltarelle. Dit « l'Égyptien » parce que débuté par Saint-Saëns lors d'un séjour en Égypte, peut-être aussi parce que, comme le dit celui-ci, un des passages du 2e mouvement « est un chant d'amour nubien que j'ai entendu chanter par les bateliers sur le Nil », le Concerto n°5 déploie un exotisme sans doute de circonstance ; de la même la façon que les musiciens du XIXe finissant s'appropriaient les parfums espagnols !  Br. Engerer est des plus à l'aise face à une virtuosité étourdissante. Que ce soit dans la forme rhapsodique du premier mouvement où le piano se détache admirablement de l'ensemble instrumental, dans l'andante où le traitement percussif du piano contribue aux sonorités orientales, alors que l'orchestre distille de délicats arpèges ou des stances déclamatoires, ou encore dans la chevauchée fantastique qu'est le finale, sans doute l'expression la plus achevée de l'intégration soliste/orchestre du grand concerto romantique français. Cette pièce a été créée en 1896 à la Salle Pleyel, où on ne l'entend décidément que peu ces temps.

 

Claude DEBUSSY : Préludes – Livre I.  D'un cahier d'esquisses. Children's Corner. Suite bergamasque (Clair de lune).  Nelson Freire, piano.  Universal/Decca : 478 1111. TT : 63'18.

Le pianiste brésilien atteint la stature de sage du clavier. Il y a, dans sa lecture de ces pièces de Debussy, quelque chose qui participe de l'alchimie insaisissable, ou plutôt de l'entente idéale entre un compositeur et son interprète, qui place Freire dans la lignée des Michelangeli et autres Arrau.  Le mot poète serait-il trop faible ? Car on est au-delà de la couleur, comme le souligne l'essai pénétrant accompagnant le disque : « Tendez l'oreille et fermez les yeux ».  On citera Freire lui-même qui parle de profondeur (Des pas sur la neige dont les premières mesures font penser à la mort de Mélisande), de cœur (La jeune fille aux cheveux de lin » ; The snow in dancing), d'esprit (La sérénade interrompue,  fantaisie espagnolisante plus vraie que nature, La danse de Puck).  Et puis il y a ce que Debussy suggère, telle cette formidable construction sonore qu'est La cathédrale engloutie et son insondable mystère.  Ou encore Clair de lune, cette carte de visite de la musique debussyste, dont les harmonies vous hantent longtemps après.  Oui, les mots habituels sont de peu pour exprimer ce que l'on ressent devant une telle vision.  Tout est ici d'une beauté à couper le souffle, et l'instrument est formidablement capté dans toute son ampleur et ses infinies nuances. Qu'ajouter à la force de l'évidence ?  Un seul mot : indispensable !

 

Georges ENESCO : Octuor à cordes op.7 (version pour orchestre réalisée par Lawrence Foster).  Sonate pour violon et piano n°3 op.25.  Valeriy Sokolov (violon), Svetlana Kosenko (piano). Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, dir. Lawrence Foster.  Virgin Classics : 519312 2 3. TT : 65'04.

Georges Enesco a composé son Octuor à cordes en 1900, à seulement 19 ans. Œuvre visionnaire puisant à la tradition – au sens aussi bien de classique que de traditionnel - comme annonçant la révolution moderniste d'un Schönberg. L'ampleur de la thématique du premier mouvement est saisissante, extrêmement travaillée dans son développement, se renouvelant sans cesse. Le premier thème réapparaîtra sous diverses formes, toujours modifiées. La transposition pour orchestre de cordes s'il élargit le discours, rend peut-être sa complexité moins flagrante, plus lisible en quelque sorte, et lui confère une ampleur qui démultiplie l'intention moderne tout en lui assurant un ancrage classique plus évident. Notamment pour ce qui est de l'étagement des plans sonores. Les quatre mouvements – joués d'un seul tenant – apparaissent comme les divers épisodes d'un vaste concerto grosso.  L'allegro fait figure d'exposition, fort développée d'ailleurs, le « très fougueux » est un scherzo, le « lentement », un andante aux parfums nocturnes. Le « mouvement de valse bien rythmé » compose un joyeux et exubérant finale. Il coule partout, dans cette pièce, quelque chose d'irrésistible, d'évocateur aussi. Cette dernière impression on la retrouve dans la Sonate pour violon et piano n°3, composée en 1925.  Elle semble puisée à la source folklorique, mais d'un folklore imaginaire, son sous-titre « Dans le caractère populaire roumain » étant plus une notation intellectuelle qu'une indication tirée de la réalité. La mélancolie qui émane du 1er mouvement est envoûtante. L'andante est parcouru de mystère, le violon s'aventurant dans des variations abstraites. Le finale « con brio » explore des contrées résolument modernistes, arrachant au violon des traits tendus à l'extrême, presque grinçants, et jouant de l'entière palette de l'instrument.  L'interprétation est empreinte d'une belle maîtrise et magnifiquement contrastée.

 

Giacomo PUCCINI : Madama ButterflyAngela Gheorghiu, Jonas Kaufmann, Enkelejda Shkosa, Fabio Capitanucci, Gregory Bonfatti, Raymond Aceto.  Orchestra e Coro dell'Academia nazionale di Santa Cecilia, dir. Antonio Pappano. 2CDs EMI : 5099926418728.  TT : 62'04+73'08.

Les intégrales d'opéra se font si rares ces temps qu'on fond de plaisir à en écouter une, surtout lorsqu'il s'agit de l'attachante Butterfly de Puccini. C'est aussi un signe des temps que d'enregistrer un rôle, fût-il de premier plan, avant même de l'avoir porté à la scène.  Tel est le cas ici de l'héroïne et de son ténor, l'imprudent Pinkerton. Quoique la chose ne soit pas nouvelle pour ce qui est du rôle de Cio Cio Cian.  En tout cas, pas de problème ici.  Car voilà bien une exécution à ranger parmi les grandes. Et la concurrence est rude (Callas-Gedda-Serafin, Scotto-Bergonzi-Barbirolli, Freni-Domingo-Karajan).  La direction de Antonio Pappano, sur le versant vif, définit l'atmosphère juste d'un drame qui ne se relâche pas. Admirable, la souveraine maîtrise du long phrasé puccinien, un soupçon retenu pour ménager l'effet dramatique. Toute la modernité de Puccini est là aussi, qui transcende le côté couleur locale (chœur à bouche fermée au II, chromatismes exacerbés, tonalités extrême-orientales), ménage des effets de lointain évocateurs, si chers au compositeur, comme des harmonies qui collent au drame. Le lyrisme intense ne verse jamais dans le sentimentalisme. Un subtil mélange entre ton de la confidence et éclats paroxystiques est magnifié par un enregistrement d'une présence exemplaire. L'orchestre de l'Academia Santa Cecilia est coloré, sans être trop brillant. On savait que Angela Gheorghiu possédait le timbre naturel pour chanter Puccini. Ne serait-elle pas à son meilleur dans Butterfly ? Ces longues notes tenues, ces aigus resplendissants couronnant une superbe ligne de chant legato, ce registre medium coloré de grave où rien n'est forcé, cet art de porter la phrase puccinienne avec une émotion contenue, comme inhérente au timbre, tout est comme d'évidenceElle fait sien ce rôle délicat dès ses premières interventions : de la jeune fille un peu empruntée, comme ses pairs, à la femme déchirée, criant la douleur de son rêve perdu, tragédienne accomplie. Jonas Kaufmann, a priori moins à l'aise, son timbre le portant plus vers d'autres répertoires, s'approprie avec bonheur ce rôle ambigu, d'anti-héros. Et l'héroïsme vocal, il le possède au centuple. La fusion entre ces deux voix d'or frôle l'incandescence lors du final du Ier acte. Les autres personnages sont bien tenus, dont l'excellent Sharpless de F. Capitanucci.  Une « grande » version.

Jean-Pierre Robert

 

Giovanni COPRARIO (ca 1575-1525 ) : Songs of mourning (1613), The Masques of Squires (1614), Funeral Teares (1606).  Les Jardins de courtoisie & Ensemble Céladon.  Anne-Delafosse-Quentin (soprano), Paulin Bündgen (contre-ténor).  Zigzag Territoires (www.zigzag-territoires.com) : ZZT 090302.

La musique de John Cooper, dit Giovanni Coprario, exprime admirablement les désordres et angoisses qui étaient le lot, en ce début de XVIIe siècle, du règne finissant d’Elisabeth Ire puis de celui, commençant, de Jacques IerFuneral Teares célèbre la mémoire de Charles Blount, mort de mélancolie après qu’il lui fut interdit d’épouser la poétesse Penelope Devereux, countess of Devon.  Les Songs of Mourning célèbrent, sur un poème de Thomas Campion, la mémoire du prince Henry of Galles, héritier de la couronne, fauché à l’âge de 18 ans.  The Masques of Squires, composés à l’occasion du mariage d’Elisabeth, future reine de Bohème, expriment, en revanche, l’espoir d’un bonheur futur.  Afin de nous révéler ce précieux répertoire (voix, luth, harpe & violes de gambe), Anne-Delafosse-Quentin et Paulin Bündgen ont ici réuni leurs deux ensembles.

 

« Entre el Cielo y el Infierno… » Francisco GUERAU (1649-1722) : Poema harmónico.  José MARÍN (1618-1699) : Tonos humanos (Manuscrit Fitzwilliam).  Laberintos ingeniosos : Xavier Díaz-Latorre (guitare à 5 cordes & direction), Lambert Climent (ténor), Pedro Estevan (percussions).  Zigzag Territoires (www.zigzag-territoires.com) : ZZT 090301.

Alors que brillait de ses derniers feux el Siglo de Oro, s’ouvrait pour l’art espagnol une période désenchantée, faite de récits d’amours méprisées ou de récits de cape et d’épée – exprimés dans des œuvres à visées satiriques ou morales, chansons courtoises souvent mises en scène.  Dans cet esprit, les Tonos humanos est la seule pièce connue de José Marín (sur un poème de Lope de Vega) ; où il développe notamment madrigalisme, chromatisme et rôle harmonique de la guitare.  Le Poema Harmónico de Francisco Guerau est, quant à lui, purement instrumental.  Xavier Díaz-Latorre a judicieusement combiné ces deux œuvres « en tres jornadas ».

 

« Ténèbres du premier jour… » François COUPERIN : Trois Leçons de ténèbres.  Marc-Antoine CHARPENTIER : Répons.  Michel LAMBERT : Miserere.  Les Demoiselles de Saint-Cyr, dir. Emmanuel Mandrin.  Ambronay (www.ambronay.org) : AMY 018.  Distr. Harmonia Mundi.  TT : 65’29.

Sous la direction de l’organiste Emmanuel Mandrin, l’excellent chœur des « Demoiselles de Saint-Cyr » se consacre, depuis 1991, à l’interprétation du répertoire baroque pour voix de femmes.  De célèbres chefs-d’œuvre ont été ici rassemblés, avec - en outre - le superbe Miserere de Michel Lambert, psaume récemment découvert.

 

« Musique de chambre, Vienne, 1818… »  Franz KROMMER (1759-1831) : Trio à cordes op.96, Quatuor pour flûte & cordes op.92, Trois Danses hongroises op.89.  Nicole Tamestit & la Compagnie.  Livret de 36 pages.  2CDs Diligence : DIL 8.  Distr. Codaex.  TT : 87’.

Le « grand » Trio à cordes op.96 de ce compositeur emblématique du préromantisme tchèque est un évident hommage au Divertimento à Puchberg de Mozart ; il ne comporte pas moins de six mouvements.  Quant au Quatuor pour flûte traversière & cordes, il renouvelle la forme et les codes alors en vigueur.  Les Trois Danses hongroises du second volume nous rappellent, en outre, la place qu’occupaient les arts populaires dans le cœur du compositeur.  Entourée de Georges Barthel (traverso), Jacques Bonvallet (second violon), Sophie Cerf (alto) et Jerôme Huille (violoncelle), la violoniste Nicole Tamestit se consacre à la popularisation de la musique de ce compositeur d’une rare prolificité : n’a-t-il pas laissé 80 quatuors à cordes, 26 quintettes à cordes et une quarantaine d’autres œuvres chambristes mêlant cordes et instruments à vent…  À découvrir absolument !

 

Felix MENDELSSOHN (1809-1847) : Rondo capriccioso op.14, Fantaisie en fa# mineur op.28, Quatre Romances sans paroles, Prélude & fugue op.35, Variations sérieuses, op.53, Trois études op. 104b.  Robert SCHUMANN : Erinerrung 4.  Cyril Huvé (piano Broadwood, 1840).  Paraty (www.paraty.fr) : 208.106.  Integral Distribution.  TT : 71’.

Afin de nous faire découvrir ce florilège de pièces pour le clavier (méconnues, sauf bien sûr les Lieder ohne Worte), Cyril Huvé, ordinairement spécialiste du pianoforte, joue ici un piano Broadwood des années 1840.  Le dernier titre de l’album est une brève page que Schumann composa, en 1847, à la mémoire de celui qu’il considérait comme son mentor.

 

Maurice RAVEL : Œuvres pour piano et violon & piano.  Régis Pasquier, Gérard Poulet (violon).  Christian Ivaldi, Anne Kaasa, Jean-Claude Pennetier, Bruno Rigutto, François-Joël Thiollier (piano).  Saphir (www.saphirproductions.net) : LVC 1099.  TT : 69’46.

Avec une telle pléiade d’interprètes, comment se priver d’un tel bonheur !  Ma Mère l’Oye (Pennetier, Ivaldi), Sonate posthume (Pasquier, Pennetier), Gaspard de la nuit (Kaasa), Pièce en forme de habanera (Poulet, Rigutto), La Valse (Thiollier).

 

Hommage à Stéphane Blet.  Dix-sept pièces de musique de chambre, huit interprètes.  Marcal Classics : 070202.  TT : 59’34.

Dédiée au très prolifique Stéphane Blet, voici une sélection d’interprétations de son œuvre chambriste.  Pour piano : Sonate n°4 op.40, Sonate n°5 op.62, Sonate n°6 op.135, Suite érotique op.110, Toccata op.36, Éclipse op.10, Improvisation n°4Pour violon : Neiges op.63, Après op.152. Pour mezzo-soprano et piano : Mélodies sur des poètes contemporains.  Avec Morgane Dupuy (violon), Ekaterina Godovanedes (mezzo-soprano), Alexandre Paley, Evelina Borbei, Jean Muller, Natalia Sitolenko, Stéphane Blet & Antoine Terny (piano).  À un compositeur inspiré, le juste hommage !

 

Raphael MOSTEL : Le Voyage de Babar. Texte de Jean de Brunhoff.  TT : 63’30.

Il s’agit là du premier enregistrement en français de la délicieuse mise en musique par Raphael Mostel - compositeur célèbre aux États-Unis - du conte de Jean de Brunhoff.  Pour vous consoler de ne pouvoir écouter cette version - malheureusement encore hors commerce (enregistrée en public au Florence Gould Hall de New York, avec Laurent de Brunhoff, récitant) -, vous pouvez toujours vous procurer la version anglaise (« The 21st century’s Peter and the Wolf », The New York Times) auprès du compositeur : www.mostel.com / info@mostel.com

 

Francis Gérimont

 

 

 

Le doudou  de Coco. Auteur Paule Du Bouchet et musique de Marie-Jeanne Séréro, Gallimard Jeunesse éveil musical, 12 p. , CD inclus. 11,90 €.

Une collection de livres-CD d’éveil musical pour les tout-petits. L’enfant découvre Coco dans de multiples aventures ! La mise en musique de ses péripéties captive le tout-petit, ajoute des émotions aux images et lui procure ses premiers émois musicaux !

Dans le Doudou de Coco, le petit ouistiti est très excité à l’idée de prendre le train pour retrouver sa mamie ! Mais catastrophe… le doudou reste introuvable. Coco perd ses moyens : pleure, cri, rouspète… puis se calme. La musique rythme et insiste sur ses sentiments à l’aide d’une caisse claire, d’un vibraphone, d’un piano et d’un saxophone. Les tout-petits s’amuseront à recréer l’histoire à l’aide de la version instrumentale située à la fin du CD-audio.

A découvrir sans attendre !

 

 

 

 

                                                                                              Laëtitia Girard

 

 

DVD

Toscanini par lui-même.  Film.  Réalisateur : Larry Weinstein.  Co-production : Idéale Audience / Foundry Films / Arte France / BBC Wales, 2008.  DVD Medici Arts (tél. : 01 53 20 14 00. www.ideale-audience.com) : 3077928.  Distr. Harmonia Mundi.  TT : 70’.

Ce documentaire-fiction s’inspire de quelque 150 heures de conversations privées du maestro avec son fils Walter.  Où l’on voit de malheureux acteurs contraints de tenir - dans des postures d’un ridicule achevé - d’insipides propos hagiographiques.  Film heureusement émaillé de nombreuses archives filmées, illustrant - tout au long de sa carrière - l’admirable précision gestuelle du chef d’orchestre.  Film également assorti d’extraits de correspondances, photos & séquences vidéo confiées, au réalisateur, par la famille du musicien.

Francis Gérimont

 

 


 

Une soirée autour de Maurizio Pollini, à Pleyel

La série consacrée aux « Pollini Perspectives », version actualisée du Progetto Pollini, initié naguère à Salzbourg, présentait, le 7 mars, une combinaison inhabituelle, puisque rapprochant Stockhausen, Schönberg et Brahms.  Dans cet ordre.  Ce programme en forme de chronologie à l'envers est aussi audacieux qu'astucieux car il offre l'avantage de ne pas voir la salle se vider en cours de route ! L'accueil fait par le public à l'enfant terrible de la musique allemande qu'était Stockhausen dans les années 50, est plus que policé, intéressé.  Pourtant, rien de plus ésotérique que cette exploration de formes, de rythmes, de timbres. Les Klavierstücke VII, VIII et IX, pour piano, ne semblent aisées ni pour l'interprète ni pour l'auditeur.  Grappes de notes suspendues en l'air, ostinato d'accords du fortissimo au ppp. Quelques calculs abstraits président à la composition des trois pièces chambristes données ensuite : Kreuzspiel associe six instruments dont trois percussions, le piano, une clarinette basse et un hautbois. Cela évolue comme une longue plainte où le solo de hautbois se détache çà et là sur une pédale de percussions.  Zeitmasse est un quintette à vents dans le ton plutôt pépiant, quoique un peu long, même selon les standards de l'auteur.  Et Kontra-Punkte regroupe dix instrumentistes dont la harpe et un piano fort sollicité.  Il s'agit d'un assemblage d'éléments hétérogènes, de l'ordre plus d'une constellation de phrases que d'un récit construit. Musiques de l'instant sans doute, qui ne visent pas à la mémorisation.  C'est Peter Eötvös qui dirige ces pièces, bel hommage du compositeur hongrois au pianiste italien.

En seconde partie, les Drei Klavierstücke de Schönberg sonnent comme un baume ; l'impression de se retrouver en terrain connu.  Pollini est ici chez lui : du grand pianisme pour traduire cet univers où tout est réduit à l'épure.  L'ostinato du morceau médian est plus que sombre, tandis que le troisième est, par contraste, d'une animation presque excessive. Le défenseur des mélodies chopiniennes manie ce concentré de musique comme personne. Vient alors, pour encore donner une autre dimension à ce concert à géométrie variable, Brahms et son fameux Quintette pour piano et quatuor à cordes, avec le Quatuor Hagen.  Interprétation d'une force et d'une beauté sonore inouïes. Si le piano mène la danse, on admire la fusion idéale entre clavier et cordes, cette intime union qui fait que les traits du piano s'inscrivent naturellement dans le discours du quatuor. Le ton de l'allegro initial, plutôt retenu, délivre une vraie intensité. Avec l'andante, on est au cœur du romantisme, quoique nullement exacerbé. Le scherzo est bondissant sans excès, merveille d'équilibre. Et le finale d'abord sostenuto, explosera dans son développement. Exécution mémorable. En écoutant ces merveilleux artistes, on ne pouvait s'empêcher un rapprochement : l'exécution de cette même œuvre par un légendaire quatuor à cordes, le Quartetto Italiano – pour leur dernier concert parisien – et un jeune pianiste italien : Maurizio Pollini.  C'était dans les années 1980 !

 

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Albert Herring à l'Opéra Comique

Il était courageux de monter Albert Herring, pièce si peu connue de ce côté du Channel. Il est remarquable d'en avoir tiré un tel achèvement. Cet opéra de chambre est parfaitement adapté au cadre intimiste de l'Opéra Comique. Inspirée de la nouvelle de Maupassant, Le rosier de Madame Husson, adaptée par Éric Crozier dans un village étriqué du Suffolk, cette farce aigre-douce était l'occasion pour Benjamin Britten d'écrire quelque joyau musical, avec seulement quinze musiciens, transposant le grotesque et le parodique à un point d'expertise. Jusqu'au chant funèbre pour déplorer la disparition du pauvre Albert tout juste couronné Roi de mai, puisqu'aucune jeune fille digne de vertu n'a pu prétendre se voir choisie pour en être la reine.  Avant que la situation ne bascule : Albert, bien vivant, a seulement passé la nuit dehors et remercie la société de lui avoir donné, avec son prix, de quoi se payer le pub, voire autre chose... On est loin du cliché du simplet du village. La comédie cache un arrière plan profond. C'est, nul doute, ce qui intéressa l'auteur de Peter Grimes, qui voyait là aussi l'occasion de traiter un thème qui lui tenait à cœur, le sort de l'individu face à la communauté ; outre le voyeurisme d'une société puritaine. C'est aussi ce qu'a bien saisi le metteur en scène Richard Brunel. Allant plus loin encore, il s'interroge sur le rapport entre normalité et anormalité dans une société fermée. Qui est monstrueux : l'être que celle-ci ne veut pas intégrer ou la société elle-même parce qu'elle l'a rejeté ? Aux antipodes de quelque cadre victorien compassé, nous sommes dans un village anglais bien actuel et la demeure de Lady Billow est un cottage aux murs blancs immaculés. La discussion avec les notables se passera sur des chaises de camping tandis qu'on projette sur écran quelque film sur la vie cachée des prétendantes au titre. Vidéo surveillance oblige, tout est ici saisi, pour servir ce que de droit.  La direction d'acteurs est d'une étonnante vérité, compulsive dans les gestes et les attitudes, fine parodie des tics dans lesquels sont empêtrés tous les personnages. La fête dans la prairie, quoique un peu aseptisée à force d'être réductrice, dégage un parfum amer de déstabilisation. On y découvre de près les mimiques du héros d'un jour, filmé par quelque cameraman de la télé locale. Et quel étrange ballet nocturne que ces silhouettes en imperméables noirs hantant les rues du village en quête du roi perdu, alors que celui-ci, au loin, d'abord couché nonchalamment sur un mur, contemple éberlué l'agitation qui se trame à son sujet en dessous.

Les interprètes, mélange habile de vétérans et de jeunes pousses, sont d'une formidable présence. La palme revient à Felicity Palmer, plus vraie que nature en Mrs Pike, composition d'une rare justesse. Comme celle de Nancy Gustafson, Lady Billow, femme d'importance, en même temps proche du peuple, et voix magnifique.  Hanna Schaer campe à la perfection le personnage de Mrs Herring, mère possessive, un brin revêche. Le jeune interprète du rôle d’Albert, Allan Clayton, est époustouflant de gaucherie, de jeunesse insolente. Il se joue des difficultés amassées par le compositeur dans la partie écrite pour Peter Pears. N'était l'effet loupe que procure l'acoustique de la Salle Favart, l'orchestre de Laurence Equilbey sonne idoine. On se prend à en savourer les harmonies si contrastées, les combinaisons instrumentales originales, mélopées de la flûte, traits de la harpe, cordes grinçantes, les traits habilement parodiques aussi - tel relents de Tristan et Isolde au moment où Albert boit sa limonade coupée de rhum.

 

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Hippolyte et Aricie au Capitole

Jean-Philippe Rameau est, ces temps, au cœur de l'actualité. N'est-ce pas justice car, comme le notait un critique nommé Claude Debussy, « jamais voix plus française ne s'est fait entendre ».  Pour sa première ’’tragédie lyrique’’, c'est d'Euripide, de Sénèque et, bien sûr, de Racine que Rameau et son librettiste, l'Abbé Pellegrin, assument l'héritage. Bien qu'elle se fasse plus allusive chez ces derniers qui en déplacent le centre de gravité, de l'infortunée incestueuse Phèdre vers Hippolyte touché par la passion, la tragédie n'en est pas moins puissante. Si, comme le note Emmanuelle Haïm « les personnages n'apparaissent plus que par moments, ces moments-là sont d'une force incroyable ». Une figure comme Phèdre, dont seule une partie du rôle racinien a survécu, conserve toute sa force tragique et le personnage de Thésée est fort typé. On peut même avancer que les divertissements dansés et les interventions du chœur renforcent, par effet de contraste, le poids du drame, son aspect grandiose. Car Rameau a pourvu son opéra d'une musique d'une réelle intensité. Emmanuelle Haïm et son merveilleux Concert d'Astrée magnifient les harmonies d'une écriture orchestrale « si imagée »  dit-elle, comme la vivacité du continuo. Cette pièce, elle la connaît bien pour l'avoir jouée naguère, du clavecin, sous la houlette de William Christie, alors qu'elle était de la bande des Arts Florissants. Son interprétation, dans un mode plus assagi qu'à son ordinaire, privilégie la modernité de plus d'un passage (le trio des Parques en particulier, étonnante musique euphonique), l'originalité des interventions instrumentales, de la flûte et du basson en particulier.

La régie d’Ivan Alexandre – sa première mise en scène d'opéra en France - est efficace dans sa sobriété, sans écart de goût. Plus proche de la reconstitution - dont il se défend - que de la réinterprétation, elle se propose d'« inviter à un songe ». Prima la musica en tout cas, car l'approche dramaturgique ne cherche pas à s'éloigner des mots. Changements à vue, décoration suggestive de toiles peintes, agréables à l'œil, forêt, temple, rivage marin, et emplie d'effets de symétrie et de perspectives, riches costumes dans les tons pastels, tout ici est pensé comme dans le cadre et la couleur de l'aquarelle. Des effets de machines du dessus (Jupiter trônant sur un aigle déployé au milieu des nuages, Diane enchâssée dans un croissant de lune, Pluton juché sur un arc infernal) ou du dessous (apparition d'un monstre marin, ou des Parques infernales) contribuent à asseoir le merveilleux inscrit au cœur de la tragédie. Les intermèdes dansés, même si un peu prosaïques, ravissent l'esprit. On a fort justement privilégié une déclamation naturelle, dépourvue d'emphase comme de préciosité, ce qui laisse toute leur force expressive aux « émotions brutes » et à la « violence essentielle de l'œuvre ». Les interprètes s'y plient avec bonheur.  Anne-Catherine Gillet incarne Aricie avec un beau métal de tragédienne, très à l'aise dans les récitatifs mobiles du compositeur.  Jaël Azzaretti confirme une voix fraîche sans mièvrerie et une fine qualité d'actrice.  Allyson McHardy prête à Phèdre une royale présence et atteint la vraie grandeur tragique lors de la sombre déploration de l'héroïne, un des exemples de la palette sonore dont le rôle est paré.  Le Thésée de Stéphane Degout domine le plateau de sa haute stature et d'une ligne de chant qui côtoie l'idéal, ce style français distingué et racé qui enluminait il y a peu son Pelléas viennois.  À ses côtés, Philippe Talbot, Hippolyte, est plus pâle, pas moins attachant cependant, car jouer la victime même consolée par un heureux dénouement, n'est pas sans gloire.

 

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Au Palais Garnier : Idomeneo par Luc Bondy

On accorde justement de plus en plus d'intérêt à Idoménée, le premier grand opéra de Mozart. Il y traite d'un sujet riche de potentialité dramatique, l'affrontement entre un père et son fils. Le conflit latent qui l'opposait alors à l'intransigeant archevêque Colloredo trouvait ici peut-être un exutoire. En tout cas, Mozart y fait montre d'un souci dramatique peu commun qui préfigure ce que seront ses autres œuvres pour le théâtre. Il fait éclater le genre de l'opera seria en s'affranchissant de son carcan et compose un musique d'une vraie grandeur tragique dans sa diversité. La production signée de Luc Bondy, au Palais Garnier, dessine cette action dans son décor naturel, le rivage marin où se noue l'intrigue : la tempête qui crache l'infortuné roi de Crète, la fureur marine qui envahit l'espace, mais aussi la vastitude d'une plage qui retient des personnages perdus dans leur quête d'absolu. Le drame est pensé à l'essentiel, sans pathos, comme un acte de théâtre. Quelques rares touches réalistes en pimentent l'austérité. Car l'atmosphère restera sombre tout au long de ce périple, très sombre. S'y inscrivent la foule des Grecs et des Crétois, habilement dirigée, et des personnages brossés avec acuité : Ilia la captive, résolue et aimante, Idamante qui s'en éprend, mais doit un temps renoncer à cet amour impossible, en butte à l'ordre paternel d'éloignement - le quatuor du II est d'un force magistrale ; la reine Elettra, de noir vêtue, qui semble dès le début expier ses fautes passées, et sombre dans la fureur puis la folie - alors que tous tournent le dos pour ne pas entendre ses vaines imprécations, vision forte ; Idoménée, torturé par des passions contradictoires, l'amour paternel, le respect des injonctions divines, mais qui saura – déjà – se montrer clément. La dernière scène laisse une vision pessimiste. Idoménée, certes, passe le témoin à son fils qu'il a réuni à Ilia, mais ces deux-là sont déjà confrontés au sort peu enviable de ceux qui sont portés au pouvoir : coups de tonnerre et foule s'enfuyant en tous sens saluent leur accession au trône de Crète.

©Fred Toulet/Opéra national de Paris

 

Le spectacle fait montre d'une aussi belle qualité musicale, car Thomas Hengelbrock, autrement inspiré ici que dans La Flûte enchantée à Bastille, tire de l'orchestre de l'Opéra des accents vraiment mozartiens. La tension obtenue par des tempos sur le versant rapide, est maintenue sans faillir. Les traits concertants des instruments à vent, qui traversent plus d'un air, sont magnifiquement dessinés. Le plateau vocal, parfaitement homogène, est habité par une déclamation lyrique naturelle. Camilla Tilling est une Ilia plus que touchante, dramatique, et son chant est immaculé ; un bonheur que ce type de voix qui donnera les Suzanne et autres Pamina. Joyce diDonato s'approprie le rôle d'Idamante avec panache, présence réelle et magistrale ligne de chant. Le tragique d'Elettra, parfaitement contrôlé par Bondy, offre à Mireille Delunsch matière à déployer un style et une vocalité admirables. Paul Groves incarne un Idomeneo héroïque qui, s'il en perd un instant le fil des vocalises, fait quelque chose du grand air « Fuor del mar ». N'était une apparence qui ne l'avantage pas, son interprétation est frappée au coin de l'intelligence.

©Fred Toulet/Opéra national de Paris

Jean-Pierre Robert

 

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Fondation Palazzetto Bru Zane

 

À la différence de ses sœurs du Baroque et du secteur dit contemporain, la musique romantique française ne possédait pas de structure fédératrice d'envergure internationale.  C'est chose faite, grâce à la création, fin 2006, de la Fondation Palazzetto Bru Zane. Émanation de la Fondation Bru, dédiée à la recherche, à l'éducation, à la restauration du patrimoine et à l'environnement, elle en est le volet musical.  Cette création a coïncidé avec l'acquisition à Venise, d'un palais du XVIe, le Palazzetto Bru Zane, « casino » de quelque 800 m² – en cours de restauration – situé en plein cœur de la Sérénissime, dans le quartier de San Polo, près de l'église dei Frari.  Cette opération d'envergure était lancée à Paris, dans les murs tant chargés de l'histoire musicale romantique de l'Opéra Comique.

Les noms des artistes et des propriétaires du ’’casino’’ Zane appartiennent à l'histoire de Venise, puisque celui-ci fut édifié en 1695, par Marino Zane pour abriter les concerts de sa fille violoniste.  Mozart y aurait joué en 1771, lors du Carnaval.  Juste retour de cet édifice à sa destination première. Car les missions de la Fondation sont l'étude, l'édition et la valorisation du répertoire français romantique (1780-1920), au niveau international - par le moyen, d'une part, de la recherche, d'autre part, des activités artistiques.  Ainsi seront organisés des colloques et lancés des chantiers de recherche, de même qu'édités des ouvrages et partitions (en collaboration avec les éditions Symétrie, basées à Lyon).  Sont ainsi prévus en 2009/2010 quatre colloques, à Venise et à Paris. Les manifestations musicales proposeront concerts et spectacles d'opéra, tant à Venise que dans divers pays européens et même au-delà (jusqu'à Taiwan et en Chine !).  À cet égard, deux grands rendez-vous annuels sont prévus sur une thématique choisie.  En automne : « Les sources du romantisme » (édition 2009).  Au printemps : « Le piano romantique » (éditions 2010).  Entre les deux, un autre temps fort réunira de jeunes artistes pour des concerts chambristes : « Le salon romantique ».  La Fondation travaillera en partenariat avec des coproducteurs français et étrangers.  Ses quatre partenaires privilégiés sont : l'Opéra Comique, le Centre de musique baroque de Versailles, la (future) Biennale de Musique romantique de Moselle et l'Ambassade de France à Rome.

Le projet tant scientifique qu'artistique, qui se veut « très ouvert », se fixe l'objectif de constituer « un lien fédérateur », de « gommer les frontières » entre époques - car la délimitation d'un répertoire n'est pas toujours évidente, et se pose la question des musiciens charnières - et même de « dépasser les clivages » entre instruments anciens et modernes. Louable ambition !

Renseignements : Palazzetto Bru Zane / Centre de musique romantique française.  San Polo 2368, Campiello del Forner o del Marangon, 30125 Venezia.  www.bru-zane.com ou : contact@bru-zane.com

                       

Façade du Palazzetto, côté canal                       Façade du Palazzetto, côté jardin

 

Jean-Pierre Robert

 

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Le « Glyndebourne Festival Opera »

Le célèbre festival anglais fête en 2009 son 75e anniversaire.  Trois nouvelles productions se partagent l'affiche.  Falstaff de Verdi sera dirigé par le directeur musical Vladimir Jurowski, dans une mise en scène de Richard Jones.  Une distribution entièrement jeune sera proposée dont Christopher Purves dans le rôle éponyme et Marie-Nicole Lemieux en Mrs Quickly (du 21 mai au 11 juillet).  Ce n'est pas la première fois que l'ultime chef-d'œuvre de Verdi sera représenté ici. Le cadre champêtre alentour lui convient on ne peut mieux. L'année Purcell sera célébrée avec une production de The Fairy Queen - donnée pour la première fois à Glynde.  Elle sera dirigée par William Christie et mise en scène par Jonathan Kent avec des décors de Paul Brown.  Une rare occasion de voir cette étonnante pièce de l'Orphée britannique où chant et danse se partagent l'inspiration (du 20 juin au 12 août). Encore une première absolue dans le théâtre du Sussex, Rusalka viendra compléter ces fameuses présentations d'opéras tchèques dont le festival s'est fait une spécialité. On en attend beaucoup, dès lors que la direction musicale est confiée à Jiri Belohlavek, une baguette experte. La régie sera assurée par Melly Still, qui vient du théâtre (5 juillet-28 août).  Trois reprises complètent le programme.  Giulio Cesare de Haendel, dans la désormais fameuse régie de David McVicar, sera cette fois dirigée par Laurence Cummings, un familier de ce répertoire. Le cast prestigieux sera mené par l'incandescente Cleopatra de Danielle de Niese [notre photo] et le grandiose Cesare de Sarah Connolly ; sans oublier les Français Stéphanie d'Oustrac, Sesto, et Christophe Dumaux, Tolomeo.

Glyndebourne Production Ltd©Mike Hoban

 

L'Elisir d'Amore, une production créée pour le Glyndebourne Touring (festival itinérant ayant lieu en automne) sera présentée sur la scène du festival.  Annabel Arden (régie) et Maurizio Benini (direction musicale) seront aux commandes de cette adorable pièce qui singe le philtre de Tristano e Isotta (23 jullet-14 août). Précisément, on pourra voir aussi Tristan und Isolde, et savourer le rêve du fondateur John Christie, devenu réalité : jouer Wagner dans le théâtre de son  manoir ! Événement attendu que cette deuxième reprise de la superbe mise en scène de Nikolaus Lehnhoff. La direction sera, cette fois, confiée à Vladimir Jurowski.  À ne pas manquer, alors qu'une distribution nouvelle sera proposée : Anja Kampe et Torsten Kerl seront les amants immortels de Wagner (6-30 août). Le picnic n'est pas, bien sûr, obligatoire, mais il contribue largement au charme « unmissable » du lieu !

Location : Glyndebourne Festival Opera Box Office, Lewes, East Sussex , BN8 5 UU.  Tél. : 00 44 1273 813813 www.glyndebourne.com

Glyndebourne. Auditorium ©Mike Hoban

 

Une brillante saison à la Salle Pleyel...

La programmation 2009/2010 de la Salle Pleyel ne connaît pas la crise. Si bien d'autres activités entrent dans le champ d'investigation de ce lieu essentiel de la vie musicale parisienne, le domaine orchestral reste primordial.  Il voit la suite de la résidence du LSO dont chacune des apparitions est désormais de l'ordre de l'événement, et du Philhar de Radio France qui croît en qualité de jour en jour et proposera créations et raretés (de Nadia Boulanger, Josef Suk ou Bohuslav Martinů). Sans oublier l'Orchestre de Paris qui fêtera sa dixième et dernière saison sous la direction artistique de Christophe Eschenbach, lequel dit quitter cette formation « avec plus qu'une larme ». Les orchestres européens seront fort représentés, au premier rang desquels le retour des Berliner Phil pour deux concerts avec Sir Simon Rattle, du Concertgebouw d'Amsterdam, de l'Orchestre de St-Martin-in-the-Fields, de l'Orchestre de Russie. Il faudra aussi compter avec les Français : orchestres du Capitole, de Lille et de Lyon. Les Américains débarqueront en force : Chicago, New York, Boston et Pittsburgh. Enfin des « nouveaux » viendront compléter ce panel alléchant : le Simon Bolivar et la nouvelle star Gustavo Dudamel, le Filarmonica della Scala di Milano (Barenboim et Boulez, pas moins) et l'Orchestre Mozart conduit par le maestro Abbado, pour une de ses (trop) rares apparitions dans la capitale. Parmi les baroques, il faut citer les Talens Lyriques, Le Concert Spirituel et surtout Les Arts Florissants dont on fêtera le 30e anniversaire, occasion de concerts de prestige (dont un Jules César de Haendel alignant Cecilia Bartoli et Andreas Scholl, sous la baguette de William Christie).

Autre ligne de force : le « focus » sur quelques artistes phares présentera la suite des « Pollini Perspectives», les frères Capuçon pour un mini cycle de musique de chambre de Brahms, le compositeur américain fort prolixe John Adams, le chef omniprésent Valery Gergiev qui dirigera deux orchestres, Londres et celui du Marinski, Daniel Barenboim – encore plus omniscient - qui conduira sa Staaskapelle de Berlin et l'orchestre de la Scala, jouera les deux concertos de Chopin en une même soirée avec l'Orchestre de Paris, et donnera deux récitals pour fêter l'année Chopin. Cette commémoration sera d'ailleurs l'occasion d'entendre une pléiade de pianistes de renom dont Krystian Zimerman, et ce dans le cadre de la série Piano**** habituée des grandes figures du clavier.

 

...et à la Cité de la musique

La coopération entre la Salle Pleyel et la Cité de la musique est l'occasion d'une programmation complémentaire, en « transversalité avec les thématiques» de cette dernière. Cela sera vrai des activités éducatives mises en œuvre afin de mettre l'accent sur les enjeux pédagogiques. L'opération « Take a bow » permettant à des jeunes de se familiariser avec le fonctionnement d'un orchestre symphonique (le LSO), sera poursuivie, ainsi que celle de l'orchestre Les Siècles.  Mais aussi de modèles originaux destinés à dépasser l'expérience du symphonique. Ainsi, à côté des concerts symphoniques du Berliner Phil donnés à Pleyel, seront proposés des concerts des formations de chambre de l'orchestre. D'autres soirées seront ainsi programmées en miroir, d'une salle à l'autre, dont plusieurs par les Arts Florissants.

Le programme de la Cité est, pour ce qui le concerne, centré sur le thème de la mondialisation, et le motto : « Un monde, des mondes » ; et non pas les musiques du monde, ce qui, nous dit-on, est trop réducteur.  Il s'inscrit dans le développement des diverses activités de ce lieu, salle de concert, musée de la musique, médiathèque de la Cité et, plus généralement, dans un vaste ensemble partenarial (outre la Salle Pleyel, l'Ensemble Intercontemporain, le Conservatoire, voire la grande Halle de la Villette).  Fidèle à la philosophie qui distingue l'institution, les axes de la saison 2009/2010 seront de mettre en perspective historique les diverses formes de musique, de l'ancienne à la plus contemporaine, dont une place de choix réservée à la création, de privilégier l'ouverture au monde (projets sur les Routes de l'Orient, sur les Identités hongroises, le Continent indien de la tradition à Bollywood), et de promouvoir un lieu où se mêlent le « savant » et le populaire.  À côté des spectacles musicaux (dont le récent opéra de J. Adams ) et des séries de concerts à thème où se produiront des artistes de renom (Aimard, Accentus, le Chamber orchestra of Europe, divers pianistes pour l'année Chopin, etc.), on retrouvera la série des « Domaines privés », carte blanche à un interprète (Gustav Leonhardt qui jouera Purcell) ou à un compositeur (John Adams) et la Biennale du quatuor à cordes, autour, cette fois, de l'intégrale des quatuors de Schubert.  Le Musée, outre l'accès à ses collections permanentes, organisera deux grandes expositions consacrées l'une, à Miles Davis, l'autre à Chopin, cette dernière en coopération avec la BnF.  Les brochures des saisons de la Salle Pleyel et de la Cité de la musique sont parues, proposant diverses formules d'abonnement, sur un thème, au forfait, ou en parcours libre.

Jean-Pierre Robert

 

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Haut


Les coups de cœur de L'éducation musicale

Le quatuor à cordes Rock ’n’ Girls est né d’une passion commune de jeunes musiciennes, de formation classique, pour un répertoire pop, rock, électro. Leur répertoire comprend les plus grands classiques du rock : The Beatles, U2, Les Rolling Stones, Led Zeppelin, Police, Stevie Wonder, Queen... Aussi impressionnantes à voir qu’à entendre, les Rock ’n’ Girls ont également accompagné de nombreux artistes français ou internationaux lors de concerts ou d’enregistrements. Ces “quatre filles dans le vent”, rock et glamour, curieuses et enthousiastes, ne font pas vibrer que les cordes des instruments !

http://www.rockngirls.fr/crbst_4.html#anchor-top

http://www.dailymotion.com/fr/video/x8slfb_eleanor-rigby-the-beatles_music

 

Dossiers déjà parus dans L'éducation musicale


Nouveau !
Musique et cinéma (1)
n° 560

Paris et la musique
à l’époque des Ballets russes
n° 559

La chanson
n° 557/558

Femmes compositrices (1)
n° 555/556

Activités vocales et instrumentales à l’école
n° 553/554


Le bruit
n° 551/552

Percussions
n° 549/550

 

Dossiers à paraître :

  • Musique et cinéma (2)
  • Femmes compositrices (2)

     

Le supplément Baccalauréat 2009. Comme chaque année, L’éducation musicale propose le supplément indispensable aux professeurs d’Éducation musicale et aux élèves de Terminale qui préparent l’épreuve de spécialité « série L » ou l’épreuve facultative « Toutes séries générales et technologiques du baccalauréat ».

Le supplément Baccalauréat 2009 réunit les connaissances culturelles et techniques nécessaires à une préparation réussie de l’épreuve ; il ouvre également sur tous les univers sonores qui nous entourent.

Il peut être commandé aux éditions Beauchesne : 7, cité du Cardinal-Lemoine, 75005 Paris.
Tél : 01 53 10 08 18. Fax : 01 53 10 85 19. heuresdefrance@wanadoo.fr


 

 

 

Notre numéro de Mars/Avril est à découvrir sans attendre ! Au sommaire de ce numéro, vous trouverez un dossier spécial sur "Musique et cinéma" ( La musique de films à l’école, etc.), précédé d’une analyse du Concerto pour la main gauche de Maurice Ravel ainsi que d'un article intitulé " Mélisande, une rose dans les ténèbres". Sans oublier toute l’actualité de l’édition, des CDs et DVDs à la fin de ce numéro.

 

 

 

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Laëtitia Girard