À Darmstadt pendant les deux semaines du festival, les concerts de musique d’avant-garde font salle comble. Le public est certes très ciblé, mais tout de même très important, jeune, international, et à l'affût de situations musicales inouïes.

Samedi 21 Juillet par exemple, la chanteuse Julia Mihály présentait une performance hors du commun, dans laquelle vidéo électronique plongent la soprano dans un univers futuriste. Si certains traits colorature rappellent de temps à autres Cathy Berberian, la saturation, les glitch, la chevelure rose fluo et la gestuelle désinvolte de Julia évoquent surtout la scène underground.

Plusieurs compositeurs ont contribué à l’élaboration de son spectacle. Parmi eux, Miika Hyytiäinen, danois, tourne en dérision le rôle du compositeur/musicologue cherchant à conceptualiser le dialogue compositeur/interprète, ce que la chanteuse écoute d’une oreille distraite dans la scénographie. Me du ça, la pièce de Huihui Cheng, met en scène une figure imaginaire de Méduse dont la voix transformée par l’électronique

effraie, tout en prolongeant les possibilités de l’organe humain. Martin Schüttler enfin, propose un langage très singulier, conceptuel, critique, jouant avec des matériaux déqualifiés comme des samplers et des claviers MIDI, mettant ainsi en perspective la création d’aujourd’hui face aux outils et à l’expérience banalisée du home studio. Le ton sarcastique absurde qui frappe au premier abord révèle peu à peu qu’un langage est possible malgré la pauvre qualité parfaitement assumée des matériaux utilisés.

Le concert-performance de Julia Miháli n'est pas sans rappeler par certains aspects la compositrice Irlandaise Jennifer Walshe. Une grande poésie émane de son chant, de son jeu scénique, et des images d'éternelle adolescente qu'elle évoque.

Jonathan Bell

 

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