Marco Suárez-Cifuentes, Nieto

Revelo – L’Agneau mystique INNUBA (2019)

Iris Zerdoud, cor de basset.

REVELO est l’oeuvre commune du compositeur Marco Suarez Cifuentes et de l’artiste plasticien et vidéaste Nieto. La découverte du texte de l’Apocalypse de Saint-Jean, le dernier livre du Nouveau Testament, fut un moment fondateur. Fondateur pour de multiples réflexions, philosophique, théo­logiques et « archéologiques » sur la nature de l’Apocalypse, et ce qui la rapproche de notre époque désenchantée, où tout semble « révélation », car tout a été oublié.

REVELO est aujourd’hui composé de dix stations qui pourront être exécutées de manière indépendante. L’Agneau Mystique – INNUBA est l’une de ces stations.

Une musicienne jouant cor de basset (INNUBA) – entre dans l’église et joue à des heures définies, deux ou trois interventions de quinze à vingt minutes sur quelques heures.

Lorsque la musicienne entrera dans l’espace, tous les flux audio composés se développeront et s’aligneront avec la partition musicale. Chaque spectateur entendra alors, avec un casque, selon sa propre déambulation dans l’espace des sculptures, l’augmentation électroacoustique du jeu de la musicienne. Au fil des déplacements de la musicienne, l’auditeur est ainsi intégré dans un espace artistique qu’il lui faudra découvrir en mouvement.

27, 28 et 29 mars

Église Saint-Eustache, Paris.

Entrée libre.

L’Agneau Mystique est développé en collaboration avec Benjamin Matuszewski et Jean-Philippe Lambert, recherche et développement, équipe ISMM (Interaction son musique mouvement) Ircam-STMS, dans le cadre de la résidence en recherche artistique de Marco Suarez-Cifuentes à l’Ircam « Composer les espaces et la perception / REVELO ».

 

 

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Un film du David Daurier réalisé à la suite du concert Dracula donné à l’Athénée en juin 2017.

Voir la page « Production » de l’œuvre, avec dossiers et revue de presse.
DRACULA //ou la musique troue le ciel// Bande annonce from David Daurier on Vimeo.

Pierre Henry (1927-2007)

Dracula, ou la musique troue le ciel (2002)

Libre adaptation pour orchestre sonorisé et orchestre de hauts parleurs de Augustin Muller et Othman Louati d’après Richard Wagner

Le Balcon

Maxime Pascal, direction musicale

Augustin Muller, réalisation en informatique musicale

Florent Derex, projection sonore

Note de programme du concert (juin 2017) : Dracula, fresque monumentale en 8 épisodes, fusionnant extraits d’enregistrements d’opéra de Wagner et musique électronique, est conçu comme un « film sans image ». Dans sa version originale, la fusion est donnée à la fois à travers le matériau musical et à travers le médium : ce sont des bandes diffusées par des haut-parleurs dans les deux cas. Leur mode d’ apparition est conditionné par le même geste de l’interprète à la console de diffusion. Le Balcon propose ici une version avec un ensemble instrumental et électronique. Radical dans sa soif de sons et musiques, Pierre Henry aura été un pionnier des musiques électroniques mais aussi de la délicieuse morsure des œuvres, ouvrant la voie à la popularisation du sampling, du remix, de l’extended mix. Dans Dracula ou la musique troue le ciel, c’est – carrément – à la Tétralogie de Wagner qu’il assure une métamorphose, transformant la montagne wagnérienne en un “film sans images”, plein de soupirs et d’incendies, de fureurs et de voluptés. Avec ce projet, un nouvel aspect de la spatialisation est exploré à travers l’œuvre de Pierre Henry.

 

 

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Livret de Michael Fröhling d’après Lenz de Georg Büchner.

Contemplez le problème Lenz, car vous ne verrez jamais la solution : délicieux abominable exercice de l’esprit. Faites vous arracher de votre époque obscurantiste de l’après-psychanalyse, de l’après-stéréotype de l’artiste maudit, et contemplez plutôt le mystère Lenz, tel qu’il fut arraché à son corps par la défaillance de toute son âme, projeté ensuite comme un vomi d’arc-en-ciel qui s’incarne dans vos yeux et vos oreilles. De son geste souverain Lenz nous montre que le monde des tourments tout entier est nécessaire et pourtant inutile. Conséquent !!!! ce n’est déjà qu’une vision libératrice d’essayer de comprendre l’histoire comme une pathologie, mais à quoi bon ? Puisque la pathologie comme l’Histoire est éternelle, omniprésente et Toute-Puissante. Comme dirait un Lenz qui parlerait à travers un Büchner qu’incarnerait un Prométhée qui parlerait à travers un Goethe qu’incarnerait un Eschyle :

Me voici, je pétris des hommes à mon image, une race qui me ressemble qui souffre, qui pleure, qui goûte le plaisir et la joie, et qui te méprise… comme moi !

Soyez généreux, prenez-en de la graine marque Lenz, matin et soir, pour ne plus vous contenter de voir votre reflet dans une goutte de rosée mais plutôt vous laisser engloutir par un océan déchainé de mille reflets dans la prunelle d’une mouche.

NIETO


Jakob Lenz : Vincent Vantyghem (Baryton)

Kaufmann : Michael Smallwood (Ténor)

Oberlin : Damien Pass (Baryton/basse)

Choeur

Parveen Savart (soprano)
Léa Trommenschlager (soprano)
Elise Dabrowski (mezzo-soprano)
Emmanuelle Monier (mezzo-soprano)
Florent Baffi (basse)
Andriy Gnatiuk (basse)
Trois enfants : Bérénice Arru, Gaspard Cornu, Georges Geyer.

Orchestre

Ghislain Roffat : Clarinette / clarinette basse
Guillaume Gerbaud : Hautbois
Paul Atlan : Hautbois 2/Cor anglais
Julien Abbes : Basson / contrebasson
Henri Deléger : Trompette / trompette piccolo
Jean-Charles Dupuis : Trombone
Alain Muller : Clavecin
Benoît Maurin : Percussions
Askar Ishangaliyev : Violoncelle 1
Elisa Huteau : Violoncelle 2
Myrtille Hetzel : Violoncelle 3
Direction musicale : Maxime Pascal
Mise en scène/vidéo : Nieto
Projection du son : Florent Derex
Scénographe : Myrtille Debièvre
Production : Le Balcon
Co-réalisation : Athénée Théâtre Louis-Jouvet
Jakob Lenz est soutenu par l’Adami.

Pour la première édition de son festival, Le Balcon est soutenu par le programme Cerni du Ministère de la Culture, la Caisse des Dépots, la Fondation Fiminco, la Fondation Singer-Polignac, la Sacem, Areitec, Sonic Emotion.

 

 

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C’est non loin de La Roque d’Anthéron, au sein de l’abbaye de Silvacane – haut lieu de la musique ancienne si l’on pense à Alfred Deller ou l’ensemble Organum – que s’est pourtant créée ce Dimanche 20 Mai 2018 une musique toute contemporaine. L’ensemble Musicatreize et son chef Roland Hayrabedian ont en effet donné à entendre la première mondiale d’une œuvre de Zad Moultaka : Khenkhenou (Sortir au jour). Ainsi décrite en présence du compositeur franco-libanais, cette « fresque musicale à multiple visages », l’œuvre propose une véritable immersion dans les rites des anciens égyptiens alors même que la musique, oscillant toujours entre sonorités traditionnelles et écriture occidentale, s’est emparée des lieux cisterciens.



En effet, l’écriture s’organise autour d’une spatialisation du son, assurée par les multiples chœurs sollicités pour l’occasion. On a pu en effet entendre le Chœur du secteur Musique et Musicologie d’Aix-Marseille Université, sous la direction de Philippe Franceschi, l’Ensemble vocal d’Arles dirigé par Parscal Stuztmann – Prouvost, les chœurs des Docks de Marseille et du conservatoire Darius Milhaud d’Aix-en-Provence respectivement menés par Catherine Lambert et Maxime Kaprielian. Ces chanteurs confirmés ont

 

Le festival marseillais 'les musiques' s'ouvrait cette année avec la création du monodrame 'Papillon Noir' de Yann Robin, au Théâtre de la Criée. L'oeuvre explore un univers résolument sombre: une femme, seule, rentre chez elle après avoir subi un accident de voiture. Entre la vie et la mort, sa mémoire et ses émotions se troublent et des bribes de pensées inconscientes, désordonnées, émergent en un flot continu, récité par la voix de la soprano Élise Chauvin. Le texte de Yannick Haenel étire à l'infini les pensées qu'on suppose n'avoir duré qu'un instant, après l'accident fatal...

La musique de Yann Robin, par sa virtuosité instrumentale, épouse à merveille le propos littéraire: le langage du compositeur "saturationiste" sculpte un matériau grave, rugueux, quasi suffocant, sans presque aucune éclaircie. Il parvient néanmoins, dans cette obscurité, à convier une grande variété de timbres, d'images et de dynamiques. L'esthétique bruitiste s’entend particulièrement dans l'ensemble instrumental "Multilatérale", fondé par le compositeur, ainsi que dans les voix de l'ensemble "Métaboles". L'amplification, ici réalisée par l'équipe du GMEM, permet de détailler les moindres inflexions de chaque interprète, et de projeter ainsi vers l'auditoire une infinité de sons qu'on ne pourrait autrement entendre qu'en penchant l'oreille sur

Auditorium du Musée d’Orsay
Mardi 6 décembre 2016 12h30
Chiara Skerath, soprano
Antoine Palloc, piano

La soprano belgo-suisse Chiara Skerath est la chanteuse montante et nous l’avons découverte en France en 2015 dans plusieurs opéras. L’auditorium du Musée d’Orsay a eu la belle idée de l’inviter à faire un récital d’airs que l’on pouvait entendre dans les salons napoléoniens et dans les salles d’opérette de l’époque. Malgré un refroidissement mais grâce à son professionnalisme elle a pu mener à bien son récital. Il faut dire que Antoine Palloc, superbe accompagnateur, l’a épaulée avec une belle énergie. Ce que l’on peut dire en l’écoutant est qu’elle a une voix avec beaucoup de finesse, un beau timbre et une manière de dire les textes avec beaucoup d’intelligence. Elle a débuté avec trois airs de Charles Gounod évoquant toute une époque, « Le soir » d’Ambroise Thomas peint la réunion des amants à la tombée de la nuit et « Psyché » d’Emile Paladilhe décrit un amoureux jaloux ! Les textes ont souvent des doubles sens comme « jouir sans entrave de ses beaux jours !», Bizet a mis en musique un texte de Victor Hugo extrait des Orientales « Les adieux de l’hôtesse arabe » où se mélange allusions érotiques et images exotiques de l’Arabie lointaine. Les grivoiseries se mêlent à loisir et les extraits d’opérettes font leurs apparitions dans les salons… Chiara Skerath, la voix bien en place, et chauffée chanta avec virtuosité « La femme dont le cœur rêve » d’Orphée aux Enfers, « Au Chapeau je porte une croix d’or » des Brigands et « En attirant du fond de sa cachette » l’air de cupidon d’Orphée aux Enfers ; Offenbach était là bien représenté. Le second empire tourne la page à Orsay et c’est « Romantique-Authentique » qui prendra place fin février et au mois de mars « la Nuit, le Cosmos ». Pour toutes les informations Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Une enivrante soirée de fado... à Bruxelles !

Le Fado est consubstantiel à l'âme portugaise, mélancolique, qui aime tant chanter. Il se chante aujourd'hui dans les bars de Lisbonne ou à Coimbra, plutôt pour les touristes, mais pas seulement, à en juger par l'ambiance qui s'empare du public local lorsque le ton s'enivre. Il se livre aussi en concert par le truchement de voix flamboyantes comme celle de la grande Amalia Rogrigues. Joana Amendoeira est de cette lignée. Elle se produisait, pour la première fois au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, dans la salle de musique de chambre du Bozar. Devant un public de connaisseurs, et sans doute de la communauté portugaise de la ville européenne.

Mémoires d'un Amnésique, petit opéra comique sans lyrics...

Agathe Mélinand a adapté des opéras, mis en scène des spectacles musicaux, a beaucoup travaillé avec Laurent Pelly. Cette fois, avec deux pianistes et quatre comédiens, elle a écrit et réalisé, donc inventé un spectacle, « Mémoire d'un Amnésique », en prenant des textes de Satie et certaines musiques qu'elle a illustrés. Tout est de Satie assure-t-on. Une initiative intéressante mais qui ne tient pas la route par l'aspect répétitif de la mise en place et un manque certain d'imagination et d'humour. Les textes choisis dignes de Ionesco, d'Allais, de Vian, étaient hurlés par les comédiens.

Les ombres errantes aux Pianissimes

Pour terminer sa cinquième saison des "Pianissimes", Olivier Bouley a offert un très beau spectacle dans la salle du Conservatoire Supérieur d'Art Dramatique de Paris, où planent les ombres de Liszt, Chopin, Marguerite Long…et celle de Berlioz.
Sur des oeuvres de François Couperin, jouées au piano par Iddo Bar-Shai, Philippe Beau a raconté en ombres chinoises ce qu'inspiraient ces courtes piéces. Cette mise en espace de la musique, réalisée par Chine Curchod, est
un spectacle qui a été créé à l'Abbaye de Noirlac en septembre 2015 et au Centre Culturel de Rencontres des Dominicains de Haute-Alsace le mois suivant.  Poèsie, magie, mystère ont transporté les spectateurs auditeurs à des années lumières, dans ces temps anciens où la musique accompagnait ces formes archaïques mouvantes, ancêtres de ce qu'on appelera plus tard le cinématographe. Ombres / lumières, barricades mystérieuses / symphonies fantasques, clavecin / piano, mains qui jouent / mains qui dessinent, combien de chemins se sont croisés ce soir-là pour n'être que féerie. Qu'importe de savoir si les interprétations de Couperin par Iddo Bar-Shai avaient des allures baroques, qu'importe de savoir que derrière la magie, il y a des trucs, le ravissement enfantin a submergé l'auditoire. C'est un projet magique qui, on l'espère, pourra être présenté "Tout autour de la Terre, Tout autour de la mer, Tout autour du soleil, De la lune et des étoiles, A pied à cheval en voiture, Et en bateau à voile."

Une journée avec le Roi-Soleil

Reprise de la production créée au château de Versailles en juin dernier dans le cadre des festivités commémoratives du tricentenaire de la mort de Louis XIV, ce concert des Arts Florissants, mis en espace à la Philharmonie de Paris, est un petit chef d'œuvre de goût et une fière réussite artistique.

Singin' in the Rain fait le show au Châtelet

Nacio HERB BROWN & Arthur FREED, chansons. Betty COMDEN & Adolph GREEN, scenario : Singin' in the Rain. D'après le film de la Metro-Goldwyn-Mayer et la chorégraphie originale de Gene Kelly et Stanley Donen. Dan Burton, Daniel Crossley, Clare Halse, Emma Kate Nelson, Robert Dauney, Emma Lindars, Matthew Gonder, Matthew McKenna, Karen Aspinall. Lambert Wilson. Ensemble. Orchestre Pasdeloup, dir. Stephen Betteridge. Mise en scène : Robert Carsen. Théâtre du Châtelet.

La comédie musicale a désormais sa salle à Paris : le Châtelet. Après On the town, de George & Ira Gershwin, My fair Lady, d'après le film de George Cukor, ou encore Un américain à Paris, voici Singin' in the Rain. Une comédie musicale basée sur l'adaptation d'un film culte : celui réalisé en 1952 par la MGM sur un sujet bien mince, mais combien porteur, le passage du muet au parlant, et à partir d'un tube, la chanson « Singin' in the rain » exécutée par Genn Kelly.

Un bout de masterclass avec Waltraud Meier

Pour clôturer la masterclass sur Wagner et Mahler organisée à l'abbaye de Royaumont, la Médiathèque musicale Mahler à Paris - dont on fête les 30 ans d'existence - avait convié quelques privilégiés à une ultime séance dirigée par Waltraud Meier.Sous le motto « De la partition à l'incarnation ». ''De l'interprétation'', corrige d'emblée la chanteuse, ''à l'incarnation'' ; car il ne s'est pas agi, selon elle, lors de cette session, d'enseigner le mot à mot – d'autres sont là pour y pourvoir -  mais bien de se situer au niveau interprétatif. Dans une perspicace introduction, Waltraud Meier donne quelques clés de lecture. Ainsi de l'absolue sincérité par rapport au texte et de la nécessité d'être authentique, d'être  soi-même. Elle souligne que cette session d'une semaine à Royaumont a d'abord été un temps de réflexion sur la manière d'interpréter Wagner, en l'occurrence Tannhäuser et ses différents rôles, mais aussi Mahler à travers une poignée de ses Lieder.

Anne Boleyn's Songbook : Music and Passions of a Tudor Queen au Shakespeare's Globe

Le Théâtre du Globe, à Londres, reconstitué d'après l'original de l'époque shakespearienne, situé sur les bords de la Tamise face à la Cathédrale St Paul, s'est récemment vu doté d'une salle supplémentaire : le Sam Wanamaker Playhouse, en hommage à l'acteur qui a contribué à la renaissance de ce lieu mythique à la fin du siècle dernier.

L'ensemble Café Zimmermann réunit des solistes de haut niveau s'attachant à faire revivre l'émulation artistique portée par l'établissement de Gottfried Zimmermann dans le Leipzig du XVIIIème siècle.

LE « SACRE » DANS TOUS SES ÉTATS AU THEÂTRE DES CHAMPS-ÉLYSÉES…

En cette fin de journée du 29 mai 1913, la température avoisinait les 30 degrés, expliquant, peut-être, cette fièvre qui semblait s’être emparée de la foule massée devant le Théâtre des Champs-Élysées où les Ballets russes de Serge Diaghilev se préparaient à donner leur gala de printemps. Un climat électrique dont Jean Cocteau fut le témoin, retrouvant, ici réunis avenue Montaigne, tous les ingrédients d’un scandale retentissant qui fera date dans l’histoire artistique du XXè siècle : tenues emplumées, faux esthètes, amateurs avertis n’ignorant rien du style provocateur de Diaghilev, pour la création d’une nouvelle œuvre du jeune compositeur Igor Stravinski, Le Sacre du printemps, dans une chorégraphie d’une rare modernité de Nijinski ! Frisson assuré, annoncé à grand renfort de communiqués de presse par Diaghilev lui-même.

Valery Gergiev : Retour aux sources.

Igor STRAVINSKY : le Sacre du printemps. Ballet en deux tableaux. Argument d'Igor Stravinsky et Nicolas Roerich. Ballet & Orchestre du Théâtre Mariinsky, dir. Valery Gergiev. Chorégraphies de Vaslav Nijinsky (1913) et Sacha Waltz (2013, création).

 

  

 

Retour aux sources pour cette version inaugurale proposée par Valery Gergiev, à la tête de ses troupes du Mariinsky. Une vision, musicalement, somme toute assez sage, bien policée où Gergiev a à cœur d’arrondir les angles et de ne pas choquer…Sans fautes de goût et sans reproches, mais sans génie non plus, bien menée de bout en bout, quasiment « classique » dans son interprétation. L’orchestre parvient à servir admirablement, à la fois dans les rythmes et les sonorités, la partition complexe de Stravinsky, où plusieurs chefs, dont Leonard Bernstein, se sont, par le passé, cassés les dents !

La production du Nez de Chostakovitch présenté cet été au Grand Théâtre de Provence a été possible grâce à la réunion de trois partenaires : le Metropolitan Opera de New York, le Festival d’Aix et l’Opéra de Lyon. Le projet demandait des forces de cette envergure et le résultat est à la hauteur de l’ambition soutenue. Le Nez a connu, dès son origine littéraire, de nombreux remaniements liés à des censures plus ou moins exprimées. Chostakovitch a considérablement retravaillé le texte de Gogol pour les besoins de son opéra, réintroduisant des épisodes qui en avaient disparu. Il avait 22 ans en 1928 lorsqu’il s’est attelé à ce qui apparaît encore aujourd’hui comme une gageure. Créé deux ans plus tard, ce qui constitue une sorte de préfiguration de théâtre musical a reçu un accueil public favorable mais s’est attiré les réserves d’une critique prudente et déjà convaincue des effets néfastes d’une création par trop originale et audacieuse.

Soit une pièce de théâtre, Grâce à mes yeux, de Joël Pommerat, créée en 2002.  Soit un compositeur, Oscar Bianchi, séduit par cette écriture, par cette histoire située on ne sait où, on ne sait quand. Soit Thanks to my eyes, opéra de chambre commandé par le festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence 2011 et Théâtre & Musique.  Pourquoi le passage d’un texte en français à un livret en anglais ? Pour une musicalité de la langue souhaitée par le compositeur et comprise par l’auteur ; seul un personnage, dans un rôle parlé, conserve le français.  Est-ce à cause de cette traduction, est-ce à cause du rétrécissement du texte original qui devient livret ? Toujours est-il que quelque chose semble s’être perdu en route.  La lecture des intentions sur le papier est très séduisante. 

Georg Friedrich HAENDEL : BelshazzarOratorio en trois parties.  Livret de Charles Jennens.  Kenneth Tarver, Rosemary Joshua, Bejun Metha, Kritina Hammarström, Jonathan Lemalu.  RIAS Kammerchor.  Akademie für Alte Musik Berlin, dir. René Jacobs.  Mise en scène : Christof Nel.

 

Si dans sa dernière période créatrice Haendel se tourne vers la spiritualité et se consacre à l'oratorio plus qu'à l'opéra, il n'en délaisse pas pour autant les sujets à fort potentiel dramatique.  Belshazzar (1745) est sans doute son oratorio le plus habité de théâtralité.  Le livret dont René Jacobs souligne la densité, est tiré du Livre de Daniel dans l'Ancien Testament.  Mais le thème de la fin de l'empire babylonien puise à d'autres sources, tels qu'Hérodote, Xénophon et les Psaumes.  Oratorio biblique ou opéra caché, on y croise des événements majeurs : la prédiction de la chute de Babylone, le festin de Balthazar, l'écrasement d'une dynastie, la libération du peuple hébreu.  Du fait que l'œuvre n'était pas destinée à être mise en scène, la musique pourvoit à l'imagination et prend une dimension essentielle.  Elle est en soi descriptive : «  c'est la musique qui donne une force, une âme et une grande présence dramatique à un théâtre invisible », dit encore René Jacobs.  Haendel se libère du carcan de l'aria da capo pour privilégier un récitatif accompagné d'une éloquente force expressive.

Festival « Outre-Mer Veille »

Au « Tarmac » de la Villette, jusqu’au 11 juin 2011.  Renseignements : www.2011-annee-des-outre-mer.gouv.fr ou : www.letarmac.fr

Journées Carmen.

Du 7 au 20 juin 2011 : Festival de Bougival & des Coteaux de Seine [Villa Viardot / Péniche-Adélaïde / Château du domaine Saint-François d’Assise à La Celle Saint-Cloud].  Avec Tereza Berganza (master-classes & concert), Alexander Drozdov, Léa Sarfati, Christophe Giovaninetti, Quatuor Élysée, Etsuko Hirosé, Éric-Maria Couturier, Jorge Chaminé, Compagnie « La Lupi », Quintette Moraguès, Quatuor Parisii & Hervé Moreau.  Renseignements : 01 39 69 55 12.  www.lesamisdebizet.com

 

 

Théâtre du Rond-Point

En ouverture de la saison 2011-2012, sera donné, du 7 septembre au 29 octobre 2011, à 21h00 : René l’énervé, « opéra bouffe et tumultueux ».  Auteur, metteur en scène : Jean-Michel Ribes.  Compositeur : Reinhardt Wagner.  « Caramela, ne te mets pas dans cet état, nous allons devenir chef de l’État ».  Renseignements : 2bis, avenue Franklin D. Roosevelt, Paris VIIIe.  Tél. : 01 44 95 98 21.  www.theatredurondpoint.fr