Nicolas CHEVEREAU : Cinq poèmes de Baudelaire pour baryton et piano. Editions Delatour France : DLT2733.

Ce cycle de cinq mélodies est composé sur un extrait du recueil Les fleurs du mal de Baudelaire : Spleen et Idéal. L’auteur en transcrit la « noirceur » et la « morbidité ». « Les courbes musicales répondent aux phrasés naturels de la langue parlée dans un souci très scrupuleux d’intelligibilité des poèmes ». Ciel brouillé est noyé dans une atmosphère sombre, enveloppée de pédale. Remords posthume, tantôt agité, tantôt féroce ou fiévreux est plus « construit » : trois parties en « arche ». Les tierces jouées avec la seule main gauche au début, dans l’extrême grave du piano, donnent le caractère lugubre de la troisième pièce : Les ténèbres. Psalmodie et recueillement dans le De profundis clamavi qui débute quasi recitativo. L’écriture plus légère, la tessiture plus aigüe, les mesures ternaires de l’Elévation conduisent à l’«irréel » et à l’« évanescent ».

pour soprano. Bärenreiter : BA 8828.

Les éditions Bärenreiter ont eu l’excellente idée de regrouper en un recueil de douze pièces d’airs d’opéra du répertoire allant de Monteverdi à Chabrier, le tout extrait de leurs différentes publications « Urtext ». L’ensemble est donc de grande qualité et extrêmement varié. Ce recueil rendra service tant aux professeurs de chant et à leurs élèves qu’aux chanteurs cherchant à constituer un récital. Bien sûr, chaque œuvre figure dans sa langue d’origine et le choix proposé est tout à fait judicieux. Il s’agit donc d’une initiative tout à fait intéressante.

Noël LEE : Deux sonnets partagent la ville pour mezzo-soprano et piano. Delatour : DLT1223.

Le texte de cette œuvre est un sonnet de Pierre Corneille à propos de deux sonnets qui mettaient la zizanie à la cour comme à la ville. Nous n’entreprendrons pas ici de conter cette histoire. Noël Lee s’y emploie dans un langage contemporain avec infiniment d’esprit. Les deux « partenaires », pour employer le vocabulaire qu’affectionnait l’auteur, s’en donnent à cœur joie dans cette œuvre pleine d’invention et d’humour.

Noël LEE : Réponse à l’esprit des bois pour baryton et piano. Delatour : DLT1222.

Nous n’épiloguerons pas sur les rapports difficiles d’Hugo avec la musique. Etait-il intransigeant ou seulement exigeant à ce sujet ? Toujours est-il que sous le poème d’Hugo, Noël Lee crée une ambiance sonore tout à fait spéciale. Il faut, pour exécuter cette œuvre disposer d’un piano muni d’une « pédale tonale » ou pédale de sostenuto. Cela est indispensable pour créer l’ambiance sonore : le texte musical est ainsi placé dans une sorte d’enceinte acoustique qui crée un halo sonore variable tout au long de cette pièce en vers de quatre pieds qui lui donnent un rythme très particulier. Comment ne pas penser au Pas d’arme du roi Jean en vers de trois pieds…

Mårten JANSON : Missa brevis en mi bémol mineur. SATB. Bärenreiter : BA 8521.

Qu’on ne se laisse pas effrayer par le nombre de bémols : cette messe effectivement brève, ce qui est aujourd’hui une condition quasi obligatoire pour qu’elle soit entendue dans son cadre naturel, c’est-à-dire une messe, est très consonante, ce qui ne veut pas dire plate. Le langage en est à la fois sobre et délicat. Bien que brève, elle contient toutes les parties de l’ordinaire. Au kyrie largo rubato succède un Gloria en fa Majeur, triomphal et lumineux, Adagio. Puis nous trouvons le Sanctus en solb majeur avec le Benedictus inclus. L’Agnus, largo rubato comme le kyrie et dans la tonalité de mib mineur est structuré par une succession longue brève-brève longue très souvent présente comme une sorte d’ostinato rythmique. En un mot, c’est une belle œuvre accessible à des chœurs amateurs bien entrainés. Souhaitons-lui un grand succès.

Laurent COULOMB : Missa Mundi pour 3 vois égales sans accompagnement. Assez facile. Delatour : DLT2611.

Cette messe, qu’on pourrait aussi qualifier de « brève », puis qu’elle ne comporte que Kyrie, Sanctus et Agnus, est née d’une réflexion sur la diversité des cultures. Celle-ci est illustrée d’abord par les différents modes utilisés mais aussi par les différentes langues. Si la messe peut être aussi chantée intégralement en latin (sauf, bien sûr, le kyrie qui, rappelons-le, est du grec…), elle fait appel très naturellement à l’italien, l’allemand, l’espagnol, l’anglais et le français, mais aussi, brièvement, swahili, arabe et hébreu… Laissons conclure l’auteur : « La construction musicale s’appuie sur un matériau simple, qui circule d’une partie à la suivante et unifie l’ensemble de l’œuvre à la fois musicalement et dans sa portée théologique. »

TELEMANN : Christus, der ist mein Leben TVWV 1 : 138. Bärenreiter : BA 5897.

Les éditions Bärenreiter nous présentent cette œuvre extraite de l’édition des œuvres de Telemann. L’édition ainsi que la copieuse et très intéressante préface sont de Ute Poetzsch. Ce « Choralbearbeitung » est donc composé des huit strophes du choral luthérien, sobrement commentées, et entrecoupées par de très courts récitatifs. L’ensemble est écrit pour chœur à quatre voix mixtes, deux hautbois, orchestre à cordes et orgue. On peut y adjoindre une contrebasse.

TELEMANN : Die Auferstehung und Himmelfahrt Jesu (La résurrection et l' ascension de Jésus). TWV 6 : 6. Oratorio sacré pour chœur et orchestre. Bärenreiter : BA 5851.

Voici une fort belle édition de cette œuvre très importante de Telemann. Lorsqu’on ouvre ce magnifique volume relié, on est séduit par la qualité de l’impression, du papier, des fac-similés. Il faut saluer aussi la qualité de la présentation de Ralph-Jürgen Reipsch ainsi que celle de sa copieuse description des sources et du travail réalisé pour cette édition. Bien sûr, la partition elle-même est à la hauteur de tout le reste. Bref, c’est un travail en tout point remarquable sur une partition qui ne l’est pas moins.

Laurent COULOMB : Les chants de Sayat-Nova. Cantate de chambre pour baryton et ensemble. Assez difficile. Delatour : DLT2617.

récisons tout de suite que l’ensemble dont il est question n’est pas commun puisqu’en plus du quatuor à cordes, il comporte un doudouk (instrument à anche double typique de la culture arménienne) et un piano. Cette cantate est écrite sur un poème de Sayat-Nova, poète arménien né en 1712 et assassiné en 1795. Le poème est l’ode n°3 des Odes arméniennes. L’œuvre comporte quatre pièces réparties en deux parties : Prélude, L’inégalée, et Tourments, Prière. Ce très beau poème est mis en valeur avec beaucoup de délicatesse dans un langage qui se veut « simple et euphonique », parfois modal, parfois atonal. Il faut lire non seulement la présentation figurant sur le site de l’éditeur mais celle, très développée, qui se trouve au début de la partition pour pouvoir rendre pleinement justice à cette œuvre captivante et originale. Précisons que le texte est chanté dans sa traduction française.

Yves CASTAGNET : Trois Psaumes. Chœur : TB – SA - SATB et orgue. Symétrie : ISMN 979-0-2318-0766-0

Sans être faciles, ces œuvres sont abordables par des chœurs bien exercés. Créés dans le cadre de la cathédrale Notre-Dame de Paris, ces trois psaumes peuvent être utilisée pour l’usage liturgique aussi bien que données au concert. L’ensemble est très beau et écrit dans un langage à la fois simple et subtil, dans la grande tradition de l’école française. On en trouve des extraits significatifs sur le site de l’éditeur.