LES FEUX DE LA CHANDELEUR / LA VIEILLE FILLE. Musiques composées et dirigées par Michel Legrand. Livret de 8 pages, notes internes français-anglais par Nicolas Magenham. 1CD Music Box Records - Référence : MBR-064

 

 

 

En collaboration avec Warner Chappell Music France, Music Box Records met à l'honneur, pour la première fois, le compositeur mythique Michel Legrand, dans un album regroupant deux films français de 1972 mettant en vedette Annie Girardot, alors au sommet de sa popularité.

 

 

La Vieille fille, de Jean-Pierre Blanc, raconte l'histoire d'un couple qui commence à s'aimer sans se l'avouer, dans la douceur des grandes vacances. Annie Girardot y donne la réplique à Philippe Noiret. Film au ton atypique dans le paysage du cinéma français d'alors, la musique de Legrand l'est tout autant. Le compositeur privilégie l'intériorisation, reflétant ainsi la timidité maladive du personnage principal, et rassemble une série d'instruments discrets et raffinés, mais qui ont cependant chacun une couleur bien affirmée (glockenspiel, célesta, harpe, clavecin, etc.). Cette musique, d'une étrange et douce mélancolie (mais aussi à l'occasion dissonante et pop), comporte de belles marches harmoniques descendantes qui illustrent l'enfoncement du personnage d'Annie Girardot dans le mutisme et la réserve. La musique a plus d'intérêt que le film.

 

Les Feux de la Chandeleur relate la séparation de Marie-Louise et d'Alexandre (Jean Rochefort) dans une petite ville de province. Les années passent, mais Marie-Louise vit de plus en plus dans l'espoir d'une réconciliation, un espoir qui la rendra folle et finira par la tuer. Michel Legrand ne cherche pas ici à esquiver le premier degré et à atténuer l'aspect mélodramatique du film de Korber. Il offre une partition où dominent des cordes déchirantes qui interprètent un thème d'une tristesse infinie. Mais derrière le mélodrame, le film raconte également la chronique d'une vie provinciale sur plusieurs années, ce que le compositeur illustre en utilisant une batterie et une basse jazzy, dont la nonchalance et l'aspect rassurant contrastent avec l'ampleur de l'orchestre symphonique. Le score comporte également des morceaux pop très seventies, ainsi qu'un clin d'œil amusant à la comédie musicale. Une consécration internationale grâce à Jacques Demy.

 

Entre l'exaltation romantique des Feux de la Chandeleur et la délicatesse mélancolique de La Vieille fille, cet album propose donc un portrait riche, complexe et quasiment schizophrénique du compositeur Michel Legrand en ce début des années 70. Le cinéma français n'est pas brillant en ces années là mais Legrand est au sommet de sa création.