Réalisateur :Terry Gilliam. Compositeur. George Fenton. 1CD Milan Music / Universal : EAN 3299039953020.
Londres, dans un avenir proche. Les avancées technologiques ont placé le monde sous la surveillance d’une autorité invisible et toute puissante : Management. Qohen Leth, génie de l’informatique, vit en reclus dans une chapelle abandonnée où il attend désespérément l’appel téléphonique qui lui apportera les réponses à toutes les questions qu’il se pose. Management le fait travailler sur un projet secret visant à décrypter le but de l’Existence – ou son absence de finalité – une bonne fois pour toutes.
La solitude de Qohen est interrompue par les visites des émissaires de Management : Bob, le fils prodigue de Management, et Bainsley, une jeune femme mystérieuse qui tente de le séduire. Malgré toute sa science, ce n’est que lorsqu’il aura éprouvé la force du sentiment amoureux et du désir que Qohen pourra enfin comprendre le sens de la vie... « The Zero Theorem » est le nouveau Terry Gilliam qui avait concocté des films inoubliables comme « Brazil », « L’Armées des Douze Singes », « Las Vegas Parano ». Avec son dernier opus on reste un peu sur sa faim. Il met en image inlassablement les mêmes thèmes, ce qui n’est pas en soi un problème, mais le tout manque d’imagination. Il y a quand même quelques scènes hallucinatoires, époustouflantes. C’est un film assez déconcertant, mais qui a le mérite de soulever de vraies questions de société, avec créativité et quelques audaces. Il est servi par des acteurs extraordinaires comme Christoph Waltz, Mélanie Thierry et l’incroyable Tilda Swinton. Pour la musique il retrouve George Fenton qui avait composé celle de « The Fisher King » en 1991.
George Fenton compose depuis les années 70. Il a travaillé avec de nombreux réalisateurs anglais dont Neil Jordan, Stephen Frears, Richard Attenborough et, depuis 1994, pour Ken Loach. C’est un compositeur caméléon qui s’adapte à toutes les situations. Il peut passer de la musique de « Gandhi » à la superbe BO de « Memphis Belle », ou à la très classique veine pour « Les Liaisons Dangereuses ». Comme le film est un mélange de gothique, de high-tech, de style des années 80, Fenton s’est inspiré de rythmes électro et de notation atonale. Sa musique rend bien le côté excentrique de Qohen Leth, campé par Christoph Waltz et l’imaginaire débridé de Terry Gilliam. Les scènes de la plage avec la très sexy Mélanie Thierry sont plus traditionnelles avec orchestre à cordes et guitare hawaïenne appuyant on ne peut plus sur le côté romance, sur fond de coucher de soleil – composition à prendre bien sûr au second degré. La performance de Tilda Swinton au début de « Shrink Rom Rap – Bob’s Crunch » est surprenante. Le CD rend parfaitement cette ambiance, électro, romantique, déjantée - « Destroying The Mainframe and the Release » - que distille ce film d’un des rares réalisateurs encore border-line.