SUITE FRANCAISE. :Réalisateur : Saul Dibb. Compositeur : Rael Jones
CD Sony Classical n°88875069942
Adapté du magnifique livre appelé « Suite Française » d'Irène Némirovsky, le film est seulement la deuxième partie du roman : « Dolce ». Il devait y en avoir cinq. Mais les événements ont fait qu'elle n'a pu écrire les autres. D'origine juive ukrainienne, Irène Némirovsky est morte en déportation en 1942. Le cahier dans lequel elle avait écrit cette œuvre a été préservé par ses filles, qu'elles ne lisent qu'en 1998 ! Les deux romans – « Tempête en Juin » qui raconte la débâcle de 40, et « Dolce » l'occupation « paisible » allemande dans la petite ville de Bussy - sont publiés ensemble aux éditions Denoël sous le titre de « Suite Française ». Il a reçu le prix Renaudot en 2004.
Il est toujours difficile de voir un film lorsque vous avez dévoré le livre : comment traiter cette histoire d'amour interdite et de restituer le non dit. Le résultat est, ici, qu'il n'est qu'une simple mise en image de l'histoire et le choix de la fin, différente du roman, est totalement invraisemblable ! Mais, mais, on se laisse emporter par « Suite Française » grâce à l'étonnante prestation des acteurs. Le casting est d'une justesse stupéfiante. Kristin Scott Thomas, dans le rôle de la mère, est méconnaissable. Elle est antipathique et bouleversante à souhait. Face à cette belle mère autoritaire, la jeune belle bru, Lucile, est interprétée tout en subtilité par Michelle Williams. Bruno, le jeune officier allemand, homme de culture et musicien, est joué par Thomas Matthias Schoenaerts. Il sera dit que cet acteur belge est capable de tout interpréter avec finesse et talent. Lambert Wilson en aristo collabo lui aussi est parfait. Bruno étant musicien, il compose une « Suite Française » dans le film qu'apprécie bien sûr Lucille. Le thème est écrit par Desplat. Pour la musique c'est un guitariste, Rael Jones, plus connu pour ses orchestrations (Les Misérables, Quantum of Solace) que par ses compositions. Ici il y a un joli thème mélancolique qui est orchestré de manières différentes selon les situations. Sur le CD, Sony offre des musiques additionnelles intéressantes dont deux chansons en allemand de l'époque : « Muzik Musik Musik », composition jazzy, et « Bel Ami » chantée par la soprano chilienne Rosita Serrano, qui a eu son heure de gloire sous les premières années du Reich mais qui, prise pour une espionne, a dû fuir l'Allemagne. Son répertoire allemand a eu du mal à séduire après la guerre. Sur le CD il y a un air chanté par Joséphine Baker et le tube de Jacqueline François « Parlez Moi d'Amour ». L'album avec ces compilations est très agréable à l'écoute et restitue bien le climat du film. Lisez le livre, écoutez la musique et allez revoir « Le Silence de La Mer » de 1947, réalisé par Jean-Pierre Melville d'après Vercors qui a curieusement le même scénario !