Henri-Claude et Anja FANTAPIÉ : Une histoire de la musique finlandaise. Paris, L’HARMATTAN (www.editions-harmattan.fr ), 2019, 325 p. – 34 €.

La musique finlandaise nordique rencontre actuellement un regain d’intérêt. Après la musique suédoise romantique (cf. J.-L. CARON, NL 127), voici une histoire de la musique finlandaise. Si les mélomanes connaissent le nom de Jean SIBELIUS (1865-1957), les plus avertis s’intéressent à Joonas KOKKONEN (1921-1996) et Einojuhani RAUTAVAARA (1928-2016), mais ignorent généralement le mouvement concernant la musique populaire. Henri-Claude (chef d’orchestre et compositeur) et Anja Fantapié (journaliste, traductrice et professeur à l’INALCO) — en collaboration avec Erkki (compositeur, professeur à l’Université d’Helsinki) et Pan Salmenhaara (guitariste, jazzman pratiquant le country-blues) — proposent un panorama très documenté de la musique finlandaise, de ses acteurs illustrant cette longue tradition. De nos jours, la Finlande occupe, avec ses compositeurs et interprètes, une large place dans le monde musical international.
La typologie indispensable distingue musique traditionnelle orale et musique folklorique subissant le métissage culturel ainsi que l’influence des médias. Après un rappel autour de J. Sibelius, la musique évolue en fonction des événements (Indépendance, renaissance après 1945) et des tendances du postsérialisme et de la tentation dodécaphonique, sans oublier l’électroacoustique. Les musiques populaires (tango, jazz, jazz rock, pop, punk, New Wave… mais aussi le « blues finlandais ») sont présentes dans les salons. Le rôle du Kalevala — épopée élaborée par Elias Lönnrot (1802-1884) s’inspirant de la mythologie finnoise, avec un barde comme protagoniste central ­— dans la musique savante finlandaise est abordé notamment (Annexe 1, p. 261 sq). À noter la présence d’éléments bibliographiques en français et anglais, de nombreuses illustrations (photos), tableaux synoptiques et citations d’époque significatives.
De quoi satisfaire la curiosité des mélomanes attirés par la Finlande, tout en s’instruisant
Édith WEBER
© L'ÉDUCATION MUSICALE 2020

Pascal KAELBLEN, Irina KIRCHBERG, Alexandre ROBERT (dir.) : Bourdieu et la musique. Enjeux et perspectives. Sampzon, DELATOUR FRANCE (www.editions-delatour.com ), BDT 0177, 2019, 130 p. – 24 €.

Pierre Bourdieu (1930-2002), auteur d’une sociologie générale, considère la musique comme objet d’investigation. Il entretient avec elle un rapport scientifique « à la fois enthousiaste et hésitant ». Il prend ses distances avec la vision scholastique, insiste en précurseur sur les tendances qui n’ont fait que se renforcer : consommation des produits culturels, rôle des médias audiovisuels, diversification des goûts musicaux, mode de réception de la musique, socialisation expérimentale, intelligence pratique, théorie de la légitimité culturelle. Le livre, présenté par Pascal Kaelblen, Irina Kirchberg et Alexandre Robert, comprend des études éclairées de 7 spécialistes, avec également 6 enquêtes (p. 112 sq), des notes statistiques et diagrammes. Cet ouvrage de la Collection « Pensée Musicale », prend aussi en considération l’avant-garde artistique d’alors, c’est-à-dire le jazz dès 1960 (jazz hard bop, jazz modal, free jazz, be pop — autour de John Coltrane, Duke Ellington, le rock aux Etats-Unis et en Angleterre), les Inrockuptibles (p. 33 sq), l’attitude des fanatiques, des amateurs éclairés, le star system, les jazzophiles.
Synthèse quasi exhaustive des cogitations bourdieusiennes autour de la « socialisation musicale ».
Édith WEBER
© L'ÉDUCATION MUSICALE 2020

 

Musique et Littérature en Guyane - Explorer la transdiction Paris, Plon, mai 2019

Terra incognita , "terre sacrée" que Christophe Colomb avait cru reconnaître, mais aussi terre du bagne, la Guyane est aujourd'hui la terre de l'innovation du spatial. Dans cet univers en mutation l'auteur pointe une nouvelle genesis du postcolonial engendré par les hybridations successives et les métissages : le chaos-monde de la “créolisation”.
Au croisement de la logosphère et de la sonosphère, l'auteur explore sur le terrain cette nouvelle "tonalité“ par le biais de la ”transduction" : intertexte -au delà ou sur le texte- qu'il repère dans l'expression sonore et corporelle de ces cultures croisées , machines vibrionnantes résonnant au coeur du conte créole et du "halètement " du conteur.. Nicolas Darbon nous fait ainsi découvrir l'ineffable création sonore issue des profondeurs, depuis le fleuve et les bruissements de la forêt amérindienne, refuge des Bushinenghe (noirs marrons fuyant l'esclavage) . De ces mouvements organiques monte une pulsation qui, du tam-tam au blues se prend à résonner dans la “houle” de la grand strophe damasienne, Damas se situant lui-même à la rencontre de trois fleuves ( amérindien, nègre, blanc) . Ce poète -"le plus nègre d'entre nous" disait Césaire-, est ici révélé dans toute sa dimension sonore -au confluent des empreintes de l'âme des esclaves africains et du rythme naturel du tambour.
Catherine Tarrit

Yann OLLIVIER : En Attendant Boulez Paris, Plon, mai 2019

«  Voici une plaisanterie musicale pour tenter de découvrir si la musique adoucit les meurtres  »

Que l’on se rassure, à l’approche des grandes vacances, période bénie pour se lancer dans de gros livres faciles à lire et divertissants, En attendant Boulez n’est pas un pesant pamphlet contre la relégation de la musique contemporaine ! Bien au contraire, il s’agit d’un polar pour mélomane, (le lien www.enattendantboulez.com renvoie à la playlist des nombreuses œuvres citées dans le roman), bien ficelé et qui se dévore sans nul doute avec plus d’aisance que la partition d’Explosante fixe (Pierre Boulez, 1972-1993), œuvre dont il n’est d’ailleurs pas question dans le roman ! On y évoque, en revanche, un projet d’opéra du compositeur du Marteau sans maître (Pierre Boulez, 1954), jamais abouti, qui se fût inspiré d’En attendant Godot (1952), de Samuel Beckett. Un algorithme nommé Chopart, parce qu’il peut composer comme Chopin et Mozart à la fois, constituant un redoutable enjeu diplomatico-juridico-financier (la Chine s’en mêle…) ; trois meurtres assez horribles et une ravissante enquêtrice, Jade Valois (tiens, comme la rue !), que n’attirent pas que les hommes ; un privé qui se fait appeler Philippe Marleau (sic) ; plusieurs pittoresques figures de «  professionnels de la profession  », comme disait Jean-Luc Godard (l’un d’entre eux s’appelle Dandelot…), tout cela à Paris essentiellement, dans les nouvelles salles de concert de la capitale, la Philharmonie, la Seine musicale (et de plus anciennes, comme Gaveau), un peu à Lille. Voilà !

Stéphane UDOVITCH : Les pouvoirs du piano. Apprentissage musical et transformation intérieure Paris, VAN DE VELDE, (www.van-de-velde.fr ). VV 416. 2019, 159 p. –19, 50 €.

Actuellement, les chercheurs s’intéressent beaucoup aux causes et aux effets de l’émotion (cf. Marc-Mathieu Münch : théorie de l’« effet de vie » ; Alain Joly : Bach, maître spirituel, Paris, Tallandier, 2018). Relatif au piano, ce livre en révèle sa potentialité et son impact insoupçonné à partir de 30 composantes assorties de questionnements et de constats.

Tamara BELITSKAÏA : Youli Galperine, Portrait d’un musicien voyageur. Sampzon, DELATOUR FRANCE (www.editions-delatour.com ). BDT 0151. 2019, 99 p. –16 €.

Traduite du russe, cette monographie succincte allant droit à l’essentiel, en un style alerte non dénué d’un certain humour, est complétée par de nombreuses photographies significatives se déroulant comme un film illustrant, au fil des années, l’entourage du musicien et par l’Appendice de ses principales œuvres, la liste des 29 partitions publiées à Kiev et Moscou depuis 1974 et sa discographie (8 CD, interprètes russes).

Michèle FRIANG-Pierrette GERMAIN : Louise BERTIN, compositrice, amie de Victor Hugo. Sampzon, DELATOUR FRANCE (www.editions-delatour.com ). BDT 0165. 2019, 114 p. –15 €.

Ce livre pose le problème : « être femme et créer » (musique et poésie au XIXe siècle) autour de Louise BERTIN (1805-1877), « première femme à avoir abordé le théâtre lyrique » et qui s’intéressa aussi à la peinture. Initiée à la composition par Antoine Reicha (1770-1836), elle compose à l’âge de 20 ans l’opéra Guy Mannering d’après Walter Scott (1771-1832), puis Le Loup Garou (livret d’Eugène Scribe (1791-1861)) sera créé avec succès en 1827 à la Salle Favard, et Fausto en 1831 au Théâtre italien sera considéré comme « une œuvre d’envergure » notamment avec La prière de Marguerite.

Laurence Benveniste : Le violon d’Abraham – Sur les traces de Salomone Rossi «  Hebreo », MkÉditions©2018

En tant que musicologue, et surtout en tant que musicien, ma lecture du livre «  Le violon d’Abraham  » passe avant tout par une vision personnelle, celle donnée par mon «  filtre musical  ». Mais pas seulement. Il y a aussi ma curiosité naturelle qui me pousse à découvrir et imaginer les circonstances historiques et sociales de la création de musiques ayant vu le jour à une époque très éloignée de nous dans le temps, mais proche de notre perception actuelle de la musique européenne du XVIIe siècle. Nous avons la chance de pouvoir l’apprécier interprétée par d’excellents musiciens «  baroqueux  », des spécialistes dans la restitution de ces musiques que l’on entendait dans la France des «  trois Louis  », tout au long de la période baroque. Il s’agit donc dans ce livre d’interroger des musiques qui, encore aujourd’hui, présentent de nombreuses zones d'ombre, surtout parce que, tout en étant européennes, elles sont aussi juives, ou plutôt hébraïques, car chantées et composées sur des textes en hébreu. L’auteure tente ainsi d’imaginer des réponses possibles à ces quêtes. Le livre nous relate, nous raconte, les péripéties qui ont entouré la composition d’une sorte de cantate hébraïque destinée à fêter la circoncision à venir d’un nouveau-né dans le ghetto de la ville provençale de Carpentras dans la seconde moitié du XVIIe siècle, ville faisant partie du Comtat Venaissin, où vivaient plusieurs communautés juives que l’on nommait «  Les Juifs du Pape  » [d’Avignon]. La partition dont on parle ici existe bel et bien : elle est intitulée Canticum hebraicum. Elle a été révélée au public au milieu des années 1960 grâce aux recherches du musicologue israélien Israël Adler et rapportée dans son ouvrage «  La pratique musicale dans quelques communautés juives en Europe aux XVIIe et XVIIIe siècles  », Paris-La Haye 1966. L’édition de la partition, publiée en Israël l’année précédente par «  Israeli Music Publications  » est signée Ludovico Saladin, et laisse ainsi deviner un compositeur italien qui aurait travaillé en Provence. La première page de la partition se présente – globalement – ainsi :

Jean-Marie LONDEIX : Pour une histoire du saxophone et des saxophonistes. Livre 2 (1900 à 1942) : Internationalisation du saxophone. Sampzon, Éditions DELATOUR FRANCE (www.editions-delatour.com ). BDT0090. 2019, 243 p. – 25 €.

Si la clarinette est très en vogue actuellement (2019), le saxophone continue à bénéficier d’un regain d’intérêt, même au plan international, grâce à Jean-Marie Londeix qui vient de publier le deuxième volume de sa trilogie consacrée à son instrument. Né en 1932, formé par Marcel Mule et Jean Rivier, premier Prix du CNSM en 1953, il enseignera le saxophone au Conservatoire de Dijon, puis à celui de Bordeaux. Il assume de nombreuses missions à l’étranger (Etats-Unis) et a fondé plusieurs Ensembles et l’Association des Saxophonistes de France. Auteur notamment d’une méthode, il a aussi enregistré de très nombreux disques.

Sophie ROUSSEAU, Romain PANASSIÉ, Martine TRUONG TAN TRUNG : Temps, Rythme et Mouvement. Sampzon, DELATOUR FRANCE (www.editions-delatour.com ), Coll. Musique et Danse, 2019, 195 p. – 29 €.

Depuis plus d’une décennie, Sophie Rousseau — directrice de la Collection « Musique et Danse » du prolifique Label DELATOUR FRANCE, mais d’abord formatrice musicale pour les danseurs au CNSMDP et à l’institut supérieur des Arts de Toulouse (isdaT), auteur d’O’nomatopées en collaboration avec Denis Lamoulère, associant déjà mouvement dansé et geste vocal (même éditeur, 2/2014) — s’attache avec Romain Panassié — danseur, notateur du mouvement, spécialiste d’Analyse Fonctionnelle du Corps dans le Mouvement Dansé (AFCMD) — à développer chez leurs étudiants la pratique conjointe de la danse et de la musique. Ainsi, expériences rythmiques, auditives et corporelles menées en collaboration avec Martine Truong Tan Trung — formatrice en AFCMD, spécialiste en pédagogie de l’éveil-initiation, coordinatrice des études et responsable de la formation continue (danse) à l’isdaT — leur permettent non seulement l’appropriation de la notion de posture, mais également l’intégration des processus de chute, de rebond, de suspension, d’accent… communs aux deux disciplines. Temps (notamment les Chapitres VI et VII. « Le système nerveux et la perception du temps en lien avec la pédagogie ») et rythme y sont donc questionnés dans le cadre transdisciplinaire. Des outils : « comptes rendus d’ateliers », « grille de lecture des relations dynamiques danse/musique », « transcription du temps dans l’écriture Benesh » (codification à la manière de la musique du mouvement dansé, inventée en 1955 par Juan et Rudolf Benesh et publiée l’année suivante, faisant pendant à la notation Laban (publiée en 1928)) font avancer la transmission des expérimentations. Discographie, Bibliographie, Vidéographie et annexes enrichissent encore cette mine de découvertes multisensorielles. Tout un univers sensible, sensationnel élargi s’ouvre ainsi au lecteur, à la confluence de la danse et de la musique et visant à la formation plus globale de l’artiste.


Édith Weber

Mathilde CATZ : Enseigner la culture musicale : aux miroirs du réel. Sampzon, DELATOUR FRANCE (www.editions-delatour.com ), Coll. Pensée musicale, BDT0149, 2019, 451 p. – 33 €.

Correspondant aux Actes du congrès de l’Association des Professeurs de Culture Musicale tenu en avril 2016, cette publication y adjoignant de nouvelles réflexions se veut le miroir actuel des pratiques d’enseignement de la discipline notamment dans les Conservatoires et autres pôles supérieurs.
Précédée d’un Avant-Propos d’Anne Roubet, Mathilde Catz introduit par un indispensable état des lieux : « La culture musicale au prisme de la postmodernité » la vingtaine de contributions d’auteurs spécialisés qui suivent, structurée en 5 parties. La première partie interroge la place de la musique dans la société postmoderne et les enjeux de la médiation musicale face aux contextes en pleine mutation. La deuxième partie dresse un panorama des pratiques d’analyse harmonique en Europe, puis se focalise sur deux approches spécifiques, en Hongrie et en Palestine.


C’est à partir d’un livre passionnant du père Michel Steinmetz intitulé La fonction ministérielle de la musique sacrée – L’approche originale de la Tradition par Vatican II que se développeront ces quelques réflexions. Disons tout de suite que la « quatrième de couverture » de l’ouvrage est bien discrète sur l’auteur.1 Précisons donc son parcours.
Né en 1977, à Strasbourg, docteur en Sorbonne ès anthropologie religieuse et histoire des religions, docteur en théologie de l'Institut Catholique de Paris, titulaire d'une maîtrise (Arts Sacrés), il a soutenu une thèse sur la « fonction ministérielle de la musique sacrée » (Vatican II, SC 112). Michel Steinmetz est prêtre du diocèse de Strasbourg. Il est actuellement curé de la communauté de paroisses Saint-Maurice et Saint-Bernard à Strasbourg.

« La musique des peuples éloignés par l’espace n’a-t-elle pas les mêmes droits que celle des peuples éloignés par le temps ? »
Julien Tiersot, Notes d’ethnographie musicale, 1905

Dans son dernier ouvrage, Corinne Schneider, musicologue et productrice à France-Musique, nous invite à un voyage dans le temps et les grands espaces, à la recherche des « transferts culturels » musicaux dus à l’itinérance des compositeurs occidentaux. La période qu’elle couvre s’étend, grosso modo du XVe siècle (Jacob Obrecht invité à Ferrare en 1487 par la puissante dynastie d’Este), à nos jours (Voyage par-delà les fleuves et les monts de Hugues Dufourt, 2010), de la musique de la Renaissance à la création la plus contemporaine. Les sources de cette étude, érudite mais parfaitement accessible au grand public cultivé, consistent principalement en écrits intimes, mémoires et journaux de voyage, correspondances, entretiens et articles de presse. La bibliographie (p. 221), rassemble une cinquantaine d’auteurs, de Berlioz à Stockhausen, de Mozart à Ravel, en passant par Chabrier, Wagner, Bartók, Gottschalk, Liszt, Debussy, Steve Reich, Claude Vivier, etc. L’ouvrage aborde tout d’abord les raisons qui poussèrent compositeurs et interprètes à voyager, puis s’intéresse aux moyens de transports utilisés et s’achève sur l’évocation de l’appel de la mer et du grand large.

Cet ouvrage s’étale dans la longue durée, de la Renaissance à la fin du XXe siècle. Il a pour objet de relater les événements, de définir les mouvements, les idéologies qui, depuis l’Europe, ont façonné le monde contemporain. La modernité européenne est étudiée sur les plans philosophique, politique, sociologique et artistique. L’auteur s’interroge : « La modernité a-t-elle (ou non) nourri le monstre du totalitarisme par le biais de sa définition abstraite de l’État ? » « Le modernisme en Art contenait-il (ou non) des éléments du fascisme via l’instauration d’une dictatures des médiocres et des sans-talent ? » (dernière de couverture). La modernité s’est efforcée d’émanciper l’homme et de proposer un discours de raison. Nicolas Papadimitriou — Professeur de Civilisation européenne moderne à l’Université Ionienne — considère la modernité « comme une expérience de vie pour atteindre la création artistique… » ou encore « comme espérance, déception, acte engagé, interprétation » et observe qu’il s’est attaché « à la décrire pour la retrouver. » (p. 7). Il définit donc la modernité européenne « comme position philosophique, bouleversement politique, point de vue social et perspective artistique ».

Jean-Luc Caron, médecin, musicologue et critique musical, s’est hautement spécialisé dans la musique nord-européenne et ses divers contextes historique, artistique et sociologique. Après s’être fait remarquer par ses livres sur Jean Sibelius et Edvard Grieg et La musique danoise et l’esprit du XIXe siècle, dans son nouvel ouvrage préfacé par le Professeur David Fanning (Université de Manchester), il situe Carl Nielsen « entre tradition et modernité ».

Carl Nielsen — le plus célèbre des compositeurs danois — est né le 9 juin 1865 en Fionie près d’Odense et mort le 3 octobre 1931 à Copenhague. En 1897, il est cornettiste à l’Orchestre militaire d’Odense et, quatre ans après, bénéficiera d’une formation musicale à Copenhague. Son œuvre assez hermétique comporte notamment 6 symphonies, 3 opéras, un Concerto pour violon (1911) très remarqué par Yehudi Menuhin, un Concerto pour flûte (1926), un Concerto pour clarinette (1928) et deux Fantaisies pour hautbois...

Musicologue et productrice à France-Musique, Corinne Schneider part du constat que « Les voyages sont inscrits au cœur même de la vie musicale » et que Mendelssohn, Liszt, Saint-Saëns, Rimski-Korsakow… se sont « confrontés à la réalité des cinq Continents ». Elle démontre que les compositeurs y découvriront de nouveaux rythmes, d’autres formes et enrichiront leur paysage sonore.
Les voyages sont utiles pour se former, trouver un poste, répondre à une commande, mais aussi pour pratiquer le tourisme et le thermalisme (H. Berlioz à Plombières en 1856… ; Ch. Gounod à Spa en 1872) ou simplement par curiosité. Une remarquable Bibliographie concerne des écrits des compositeurs (journaux, carnets, mémoires, correspondances, p. 221-226). L’Index très imposant démontrerait à lui seul l’impact des voyages (allant de H. Schütz et de la famille Bach jusqu’aux musiciens contemporains).

Ce deuxième volume des écrits de Jean-Claude Risset (après le premier volume, Composer le son. Repères d’une exploration du monde sonore numérique, publié en 2014 dans la même collection) approfondit la présentation d’un univers musical novateur, fondé sur une nouvelle lutherie et une « nouvelle acoustique », résultant d’une meilleure connaissance physique du phénomène musical. Le numérique change la manière de composer. L’analyse et la synthèse numériques du son exercent un impact sur la perception musicale : les illusions auditives et la psycho-acoustique nourrissent également le travail du créateur, qui dispose de nouveaux outils (contrôle en temps réel, contrôle gestuel, le catalogue des sons synthétisés par l’ordinateur, les sons paradoxaux, etc.). Un grand chapitre est consacré aux textes de J.- C. Risset sur ses propres œuvres.
Jonathan Bell
© L'ÉDUCATION MUSICALE 2019

Avec ses 202 petits morceaux (« morcelets » plus ou moins longs -de 4 à 78 mesures...- et plus ou moins difficiles), ce Manuel de piano original, déjà très diversifié dans le seul vol. 1, offre une vaste mine de perles musicales qui raviront pianistes débutants et chevronnés. Conçu comme « un jardin où il fait bon se promener », le compositeur pédagogue du piano a préféré laisser professeurs et élèves découvrir son univers musical dans l’ordre de création des pièces, tout en proposant un « itinéraire conseillé » (par volume, mais également pour l’ensemble), visant une progression en difficulté croissante. Chaque volume est indépendant, mais le tout constitue une entité pédagogique cohérente et très profitable.

La Revue de l’Association d’histoire de la flûte française, à l’initiative de Pascal Gresset, intéresse non seulement les flûtistes et facteurs, mais aussi les mélomanes. Selon la formule de cette publication très bien imprimée, elle est accompagnée d’illustrations. Les lecteurs y trouveront des contributions plus techniques concernant Une méthode et quelques considérations de Philippe Lesgourges, présentée de façon vivante par le biais d’un entretien avec Émilie Liéven ; un deuxième article sur le flûtiste André Jaunet (1911-1988) relatif à sa carrière en France et en Suisse ; des renseignements sur la facture et les facteurs, sur les Flûtes Boie, les qualités du son, les techniques, L’inventeur de la clé de Si b du pouce (Böhm ou Briccialdi ?) par Ludwig Böhm, sans oublier la démarche comparative entre le Merle Noir (Olivier Messiaen) et les Cinq Incantations pour flûte seule (André Jolivet). Ce numéro continue à relever les œuvres dédicacées à Theobald Böhm). Ces articles de fond, dont l’intérêt n’est pas à démontrer, sont complétés par un regard sur l’actualité éditoriale (2018) : Disques, Partitions, Livres. Publication de bon augure pour l’année 2019…
Édith Weber
© L'ÉDUCATION MUSICALE 2019

 

Paru dans la Collection « Le violon rouge », ce livre s’impose d’emblée par ses sources (André Caplet, Carl Flesch, Dominique Hoppenot, spécialistes et virtuoses du violon) et la solide expérience pédagogique de Maïté Louis, violoniste, concertiste et professeur au CNR de Grenoble, élève des plus grands maîtres, régulièrement invitée en France et à l’étranger. Elle livre un exposé très personnel et « réfléchi d’une démarche synthétique, fruit d’une expérience dans la longue durée qui en fait le prix » (Avant-Propos d’A. Galpérine).
Dans les trois parties, l’auteur traite Les premières années d’apprentissage : lecture, jeu, technique de l’archet, écoute active et qualité sonore, le détaché, le vibrato… ; Le répertoire : recueils techniques, suggestions, question des éditions concernant aussi la musique ancienne ; la dernière partie, abordant divers contextes (coussin, relation aux parents, concert et examen, source d’épanouissement…), aboutit à sa vision très personnelle de l’enseignement, placée sous le signe du « plaisir » qui

Depuis le lancement de l’Esthétique musicale, en Sorbonne dans les années 1950, par le Professeur Étienne Souriau, puis Robert Francès, Michel Imberty, Ivo Supicic…, la discipline a beaucoup évolué et, au XXIe siècle, le langage musical est devenu de plus en plus complexe. C’est pour cette raison qu’Anthony GIRARD et Philippe MALHAIRE ont fondé cette nouvelle Revue d’esthétique et d’analyses musicales des XXe et XXIe siècles, suite à « la nécessité de mieux faire connaître la postmodernité musicale ».

Les deux directeurs ont le même profil de compositeur et d’enseignant, et ont fait leurs études notamment à l’UFR de Musicologie de l’Université Paris-Sorbonne. La revue propose des articles de fond sur des thèmes d’actualité, des analyses

Laurine Quetin, qui dirige avec tant d’autorité la Revue Musicorum, a confié la responsabilité éditoriale du numéro 20 à Pierre Degott et Albert Gier, spécialistes de la civilisation anglophone et du théâtre musical particulièrement vivant et populaire Outre-Manche. Aux XIXe et XXe siècle, la comédie musicale en français est cultivée par Adolphe Adam (1803-1856), Jacques Offenbach (1819-1880), Louis Aubert (1877-1968) ; le genre en allemand est représenté par Johann Strauss (1825-1899) puis Franz Lehar (1870-1948).

En Angleterre, la comédie musicale persiste et se renouvelle dans la plus grande diversité, son pouvoir de fascination est démontré dans les 19 études spécifiques, témoins de l’histoire sociale, culturelle, littéraire et musicale. La visée pluridisciplinaire sert de motif conducteur, dans les articles en français, anglais et allemand. Ce numéro est structuré en 3 parties. La première concerne « Les fondements du genre de James Robinson PLANCHÉ (1796-1880) à G[ILBERT] & S[ULLIVAN] », le théâtre musical,