Hyacinthe RAVET : Sociologie des Arts. Paris, Armand Colin (www.armand-colin.com), Collection « Cursus. Sociologie », 2015, 204 p. -  15, 50 €.

Plusieurs publications récentes en langue française sont axées autour de questionnements, par exemple : « Pourquoi la musique ? » (Francis Wolff, Fayard, 2015) ; Marc-Mathieu Münch, dans son ouvrage : « La beauté artistique. L'impossible définition » (Honoré Champion, 2014) lance le débat autour d'une nouvelle discipline : l'artologie. Hyacinthe Ravet, Professeur de Sociologie à l'UFR de Musicologie (Paris-Sorbonne) pose d'entrée de jeu de nombreuses questions percutantes : Qu'est-ce qu'une œuvre et comment peut-elle devenir une œuvre d'art ? Elle s'interroge sur les mécanismes qui contribuent à définir sa valeur ou encore sur les notions d'artiste, de créateur, sur le rôle de l'État dans la création, sur les publics des arts, les amateurs, les goûts artistiques, mais aussi les « rejets » dont les arts contemporains font l'objet…. pour aboutir au problème fondamental : qu'est-ce donc que l'art et comment s'inscrit-il dans le social ? (cf. quatrième de couverture).

Gabriel FAURÉ : Correspondance suivie de Lettres à Madame H. recueillies, présentées et annotées par Jean-Michel Nectoux. Paris, 1vol FAYARD (www.fayard.fr ), 2015, 913 p. – 38 € .

Résultat d'un patient et long travail de collecte, ce volume réunit environ huit cents lettres de Gabriel Fauré, né le 12 mai 1845 à Pamiers, mort à Paris, le 4 novembre 1924. Ce volume imposant est présenté par son meilleur spécialiste français : Jean-Michel Nectoux, en parfait connaisseur non seulement de l'œuvre du maître, mais aussi des divers contextes historiques, événementiels, artistiques et culturels et des lieux d'activités de Gabriel Fauré : organiste à la Madeleine, professeur en 1905 de composition, puis Directeur du Conservatoire et même critique musical du Figaro (1895). Il a doté les diverses lettres d'annotations critiques très éclairantes, n'a pas retenu celles d'un intérêt variable et précise en outre que les lettres de jeunesse adressées à ses parents ne nous sont pas parvenues et que d'autres ont disparu lors d'un incendie.

  Hyacinthe RAVET : L'orchestre au travail. Interactions, négociations, coopérations

Comment fonctionne un orchestre ? Comment se prépare une interprétation ? Autant de questions soulevées par Hyacinthe Ravet, sociologue et musicologue, docteur (Université de Nanterre) avec une thèse portant sur les musiciennes de l'orchestre : interactions entre représentations sociales et itinéraires (2000) et d'un ouvrage sur « Les Musiciennes : Enquête sur les femmes et la musique » (2011), notamment.

Gilles CANTAGREL : La rencontre de Lubeck. Bach et Buxtehude. Récit. Réédition.  Paris, DESCLÉE DE BROUWER (www.editionsddb.fr ), Coll.  Les chemins de la musique, 2015, 199 p. – 17, 90 € .

Gilles Cantagrel  — le spécialiste français de J. S. Bach — a, en plus de ses qualités de présentateur (publications, analyses, introduction de concerts), un vrai don de conteur, encore confirmé par la réédition de son roman historique, en un style enlevé et suggestif, se lisant d'un seul tenant. Il connaît à fond les divers contextes historiques, religieux, psychologiques et rappelle que J. S. Bach avait obtenu une autorisation d'absence de « 4 semaines » et « est resté quatre fois aussi longtemps » à Lubeck (Procès-verbal du Consistoire d'Arnstadt, 21. 12. 1706). Ce long séjour a été confirmé par son fils Carl Philipp Emanuel en 1775 à J. N. Forkel. Alors âgé de 20 ans, il effectue le trajet à pied (400 km aller).

Tricia TUNSTALL. Changer des vies par la pratique de l'orchestre. Gustavo Dudamel et l'histoire d'El Sistema. Collection Pédagogie. 1 Vol Symétrie, 2015, 293 p, 19 €.

Le Sistema est une méthode éducative née au Venezuela, qui étonne car jamais jusqu'à présent l'éducation musicale ne s'était assigné un but aussi ambitieux : changer les vies et pourquoi pas changer le monde. Dépassant la quête spirituelle et esthétique, la musique entreprend une quête éducative sans précédent, doublée d'une quête sociale et politique. Un projet audacieux initié en 1975 par le maestro José Antonio Abreu, porté dans le monde entier par un de ses sujets, Gustavo Dudamel qui en est l'incarnation vivante.

Pawel GANCARCZYK : La musique et la révolution de l'imprimerie. Les mutations de la culture musicale au XVIe siècle. Lyon, Éditions Symétrie (www.symetrie.com ), Coll. Recherche-Série Anciens et Modernes, 2015, 242 p. – 35 € .

La transition du parchemin vers le papier a permis à Johannes Gutenberg (Johannes Gensfleich, v. 1400-1468) d'imprimer la première Bible entre 1452 et 1455 à Mayence, grâce à son invention des caractères métalliques mobiles. Les copistes ont alors été relayés par les fondeurs de caractères.  Pour un coût moins élevé, des missels, des traités sont, entre autres, imprimés sur papier. Si son rôle est bien connu, celui d'Ottaviano Petrucci (1466-1539) pour l'imprimerie de la musique l'est moins.

Élise PETIT (dir.) : La création artistique en Allemagne occupée (1945-1949). Enjeux, esthétiques et politiques. Sampzon, DELATOUR FRANCE (www.editions-delatour.com), 2015, 265 p. –29 €.

En Alsace annexée par l'Allemagne nazie entre 1940 et 1944, la musique de compositeurs juifs ou étrangers, considérée comme « dégénérée » (entartete Musik), était interdite. En Allemagne occupée entre 1945 et 1949 après la capitulation du IIIe Reich, le processus de dénazification est engagé et la renaissance artistique se manifestera différemment à l'Est et à l'Ouest, en fonction des idéologies politiques et des valeurs de démocratie et de liberté défendues par les Alliés. Celles-ci se répercuteront sur la production musicale, artistique, littéraire, cinématographique et théâtrale.

Sven HIEMKE : Heinrich SCHÜTZ : Geistliche Chormusik. Kassel, BAERENREITER Verlag, Collection Werkeinführungen (www.baerenreiter.com ), 2015, 148 p. – 16, 95 € .

En 1648 — année marquant la fin de l'interminable Guerre de Trente Ans —, Heinrich Schütz (1585-1672) a composé cet important recueil de motets intitulé : Musique chorale spirituelle. Grâce à Sven Hiemke — ancien collaborateur scientifique de l'Institut Bach à Göttingen —, les chefs de chœur, solistes, choristes, organistes et instrumentistes trouveront une remarquable introduction à cette Anthologie destinée à un ensemble vocal de solistes avec quelques instrumentistes. Ils apprécieront les commentaires de tous les Motets (5, 6 et 7 voix) avec leur Index alphabétique ainsi quelesprécieux renseignements relatifs à leur interprétation historique.

Stéphane LELIÈVRE (textes rassemblés, annotés et présentés par) : Lettres et Musique. L'Alchimie fantastique. La musique dans les récits fantastiques du Romantisme français (1830-1850). Château-Gontier, Éditions Aedam Musicae (www.musicae.fr ), AEM 145, 2015, 371 p. – 40 €.

Comme le laisse entendre le sous-titre, Stéphane Lelièvre a regroupé des textes émanant, d'une part d'auteurs aux frontières du fantastique, d'autre part représentant le fantastique noir, enfin autour de la Damnation des nouveaux Faust. Chaque œuvre de cette Anthologie couvrant deux décennies est introduite par deux notices utiles : Auteur et Texte. Le dénominateur commun de ces récits est le Romantisme ; la condition sine qua non de ce volume est fondée sur l'association de la musique au fantastique.

En feuilletant cet ouvrage collectif (25 auteurs), les lecteurs seront d'emblée fascinés par la qualité et la diversité des nombreuses illustrations, figures et documents iconographiques très révélateurs de l'instrumentarium médiéval : miniatures, gravures, chapiteaux, fresques, photos, instruments et instrumentistes, ainsi que manuscrits (Psautiers). Ils seront avides d'en apprendre davantage au sujet des travaux du Colloque intradisciplinaire (Paris et Chartres, 2014) ayant réuni des historiens d'art et de la musique, des musicologues et ethnomusicologues, des interprètes et des luthiers. La problématique concerne « la restitution du son » et la reconstruction d'instruments anciens, préoccupations relativement récentes, car les interprètes sont soucieux d'utiliser des instruments historiques d'époque (ou des copies fiables) : c'est le travail des archéomusicologues, luthiers et facteurs.

Marc DESMET (dir.) : La monodie du psautier en vers français au XVIIe siècle. Lyon, SYMÉTRIE (www.symetrie.com), Coll. Symétrie Recherche, Série Anciens & Modernes, 2015, 203 p. – 47 €.

Après le Concile de Trente (1545-1563), lors de la Contre-Réforme, pour contrecarrer le grand succès du Psautier huguenot (Genève, 1562), des poètes catholiques ont — à la suite de Clément Marot (1496-1544) et de Théodore de Bèze (1519-1605) — paraphrasé des Psaumes en français que les musiciens ont dotés de mélodies simples, homosyllabiques et faciles à mémoriser ; elles seront en usage au XVIIe siècle. Ce volume regroupe les communications présentées en novembre 2009  lors de deux Journées d'études à l'Université de Saint-Étienne. Marc Desmet (direction) s'est assuré la participation de Cécile Davy-Rigaud, Thomas Leconte, Clémence Monnier et Jean-Michel Noailly. Entre 1624 et 1663, sont édités — comme le précise Marc Desmet dans son Introduction —  « cinq Psautiers contenant l'intégralité des 150 Psaumes, dans une paraphrase versifiée et métrique, chaque Psaume étant pourvu d'une mélodie simple », donc accessible à tous et facile à mémoriser. Deux créateurs sont mis à contribution, l'un pour le texte et l'autre pour la mélodie.

Serge DIAGHILEV : L'Art, la Musique et la Danse. Lettres, Écrits, Entretiens. Paris, Vrin (www.vrin.fr ), Coll. Musicologie, Centre National de la Danse, Institut National d'Histoire de l'Art, 2013, 539 p. - 45 €. Version française éditée par Jean-Michel Nectoux, I. S. Zilberstein et V. A. Samkov.

Ce volume est particulièrement révélateur de la personnalité de Serge Diaghilev (1872-1929). L'authenticité des faits et de ses multiples activités est garantie par des extraits de lettres, d'entretiens et d'écrits concernant sa carrière depuis ses premiers pas artistiques à Saint-Pétersbourg jusqu'à l'incontestable rayonnement international du chorégraphe. Mieux que par les biographies en langue anglaise, le lecteur curieux sera d'emblée immergé dans sa correspondance avec des interlocuteurs venus d'horizons très variés et, parfois, inattendus : littéraires (Anton Tchekhov, Rainer Maria Rilke), artistiques (Pablo Picasso, Georges Braque), musicaux (Claude Debussy, Francis Poulenc, Érik Satie, Manuel de Falla, Igor Stravinsky) et chorégraphiques (Serge Lifar).

Georges  Friedrich HÄNDEL : Agrippina.  Opera in tre atti. HWV 6. Bärenreiter Urtext : BA4092-90.

Cette édition de l'un des premiers opéras de Haendel bénéficie de toutes les qualités habituelles des éditions Bärenreiter. Une préface très intéressante précède le texte musical. L'œuvre est intéressante non seulement par sa musique mais par l'intérêt de son livret : l'action dramatique offre une véritable intensité. L'ensemble est disponible en version chant et réduction de piano, mais aussi avec le conducteur et le matériel d'orchestre.

Un livre et sa démonstration discographique   Martha COOK : L'art de la Fugue. Une méditation en musique, 1 volume, Paris, Fayard (www.fayard. ), 2015

Un livre et sa démonstration discographique 

Martha COOK : L'art de la Fugue. Une méditation en musique, 1 volume, Paris, Fayard (www.fayard. ), 2015, 271 p.  17 €.

Jean Sébastien BACH : Die Kunst der Fuge. Martha Cook, clavecin. 1CD Passacaille :  1014 (www.passacaille.be ).

La claveciniste et musicologue américaine Martha Cook lance une autre « clé de lecture » suscitant une autobiographie et une autre conception de L'art de la Fugue dont l'ordre de succession des Contrepoints a intrigué tant de spécialistes, par exemple Jacques Chailley qui — dans sa « mise en ordre » des quatorze fugues et quatre canons — a davantage prôné une logique d'ordre musical et philologique. Après avoir examiné à fond la partition dans ses états successifs : manuscrit autographe, édition posthume datant de 1751-1752 (p. 259 sq.) réalisée dans la précipitation et Annexes du MS. P 200 (canons…, choral), elle suggère une approche absolument inédite s'appuyant sur la Théologie de la Croix élaborée par Martin Luther.

   Association Beethoven  France et Francophonie :  Beethoven, sa vie, son œuvre. Dossier : Egmont, ouverture et musique de scène, Ablis,

L'Association Beethoven France et Francophonie (ABFF) publie un bulletin semestriel avec des informations concernant l'homme, le compositeur, l'œuvre et un dossier plus ponctuel. Son rédacteur-en-chef, Dominique Reniers a judicieusement fait appel à des membres de l'Association afin de relancer l'intérêt pour ce grand musicien, de le situer dans ses divers contextes psychologiques et sociologiques, au milieu de ses amis, notamment : Nicolaus Zmeskall, célibataire, domestique puis ami et dédicataire du Quatuor (op. 45) Quartetto serioso.

BIRGER PETERSEN (éd.) : Johann Sebastian Bach und der Choralsatz des 17. und 18. Jahrhunderts, Hildesheim,  Olms, 2013

La Hochschule für Musik und Theater de Rostock a organisé, en décembre 2006, un Colloque sur les techniques compositionnelles exploitées par Jean Sébastien Bach. Il a été inauguré par le regretté Professeur Dr. Martin Petzoldt, Président de la Neue Bachgesellschaft. En effet, depuis la Réforme, le répertoire de Chorals luthériens allemands reposant sur de remarquables textes poétiques (Martin Luther, Paul Gerhardt…) notamment dans la mouvance du Piétisme, a été exploité par de nombreux compositeurs. Il concerne tout particulièrement les chanteurs et les organistes, les hymnologues, musicologues et spécialistes du langage musical.

 

Sans remettre en cause notre admiration pour la chanteuse et notre respect pour la femme, il faut bien reconnaitre que ce livre n'apporte rien de plus à la gloire de la chanteuse américaine. Un livre qui n'intéressera que les admirateurs inconditionnels de Jessye Norman, où la chanteuse d'origine afro-américaine nous conte son enfance en Géorgie dans le sud des États- Unis,

Alfred BRENDEL : L'Abécédaire d'un pianiste. 1 vol Christian Bourgois, Paris, 2015

Alfred Brendel (*1931) a toujours été pédagogue autant que pianiste. Bien qu'ayant mis un terme à sa carrière d'interprète, il poursuit son inlassable croisade pour la promotion du piano. Son humour en coin est tout autant légendaire comme son goût pour l'aphorisme («  la phrase ''il n'y a pas de mauvais pianos, juste de mauvais pianistes'' pourrait avoir été inventée par un diable déguisé en marchand de piano », p. 125). Ce petit opuscule est une mine pour les amoureux de l'instrument comme pour tous les autres d'ailleurs. Avec un mélange de simplicité teintée de cette réserve amusée qui le caractérise et de l'autorité du professeur, il nous indique dès l'avant-propos, le dessein :

  Ludovic Florin et Jean-Michel Court (dir.): Rencontres du jazz et de la musique contemporaine. 1 vol, Toulouse, PUM, 2015, 184 pages

Il y a aura quatre ans le 9 décembre prochain, disparaissait Jacques B. Hess qui, "professeur de jazz" du département de musicologie de Paris IV au temps jadis, a laissé un grand souvenir à tous les étudiants ayant eu la bonne fortune de suivre ses cours. En lisant cet ouvrage, tout à la fois si savant et si ouvert, il m'est revenu que cet excellent maître déplorait régulièrement le caractère prétendument inconciliable de la musique "contemporaine" et du jazz, deux visages si marquants du génie musical de son siècle.

Métamorphoses de l'oratorio du XVIIe au XXIe siècle.

Laurine QUETIN (dir.), Sylvie LE MOËL (éd.) : Métamorphoses de l'oratorio du XVIIe au XXIe siècle. Revue Musicorum (www.revuemusicorum.com ), N° 16, 2015, 137 p. – 29 €.

Ces sept études réunies par Sylvie Le Moël gravitent autour de la notion et de l'évolution de l'oratorio, forme née en Italie à l'époque de la Contre-Réforme. D'entrée de jeu,  le problème terminologique s'est posé pour les compositeurs et les musicologues à propos du récit de la Passion (selon Saint Matthieu, Saint Jean, Saint Marc, Saint Luc) mis en musique en Allemagne dans le sillage de Jean Sébastien Bach, Georg Philipp Telemann, Georg Friedrich Haendel, entre autres : s'agit-il de « Passion », d'« Oratorio de la Passion » ou de « Passion-Oratorio » ?

Héritages culturels et pensée moderne.

Lin-Ni LIAO : Héritages culturels et pensée moderne. Les compositeurs taïwanais de musique contemporaine formés à l'étranger. 1 vol Sampzon, DELATOUR FRANCE (www.editions-delatour.com), Collection Pensée Musicale, 2015, 373 p. – 25 €.

Sur le plan culturel, en raison de sa complexité historique, l'Île de Taïwan (ex Formose), séparée de la Chine continentale, a assimilé diverses influences : chinoise, japonaise et occidentale. Lin-Ni Liao s'attache à démontrer le glissement d'une « identité fantasmée à une identité politique », puis d'une « identité culturelle à une identité artistique ». La première partie est d'ordre historique, avec un rappel des diverses occupations néerlandaise, espagnole puis japonaise entre 1895 et 1945.

Tempo Flûte

Pascal GRESSET (éd.) : Tempo Flûte. Paris, Revue de l'Association d'Histoire de la Flûte française (www.tempoflute.com ), N° 12, deuxième semestre 2015, 6e année,  68 p. – 8 € (+ frais de port).

L'association d'Histoire de la Flûte française, déjà présentée dans la Newsletter, a été fondée en 2009. Elle s'adresse à des « flûtistes spécialistes et curieux de l'instrument et intéressés par l'histoire de la flûte française… ».