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Catégorie : Livres

Vincenzo Caporaletti, Laurent CUGNY, Benjamin GIVAN : Improvisation, culture, audiotactilité. Paris, Éditions OUTRE MESURE (www.outre-mesure.net ), Collection « Jazz en France », 2016, 128 p. (25 tableaux, illustrations musicales, bibliographie musicale, discographie, index), 15 €.

 

Dans la triple perspective : « Improvisation, Culture et Audiotactilité », trois musicologues (instrumentistes, arrangeurs et historiens du jazz) présentent trois études relatives à des interprétations historiques différentes du célèbre Concerto pour deux violons et orchestre (1er mouvement, BWV 1043) de J. S. Bach. Ils proposent des improvisations, démarche quelque peu insolite pour certains puristes, mais dans l'esprit de notre temps. Ils confrontent ainsi les partis pris interprétatifs d'exécution « en swing » qui, en 1937, ont guidé Stéphane Grappelli (violon I), Eddy South (violon II) et Django Reinhard (guitare acoustique). Leur version swing (Paris, 23 novembre 1937) est reproduite (p. 96-102), de même que la Transcription de cette improvisation par Vincenzo Caporaletti et Benjamin Givan (p. 103-114).

 

Les auteurs ont tenu leur pari : « explorer en profondeur des enregistrements historiques » ; éprouver épistémologiquement un corps théorique (formativité audiotactile) et confronter une matière musicale donnée nécessitant une pratique analytique et herméneutique ; enfin, aboutir à une approche plurielle et à une méthode globale. Benjamin Givan traite l'improvisation sous l'angle historique et anthropologique ; Vincenzo Caporaletti met en perspective « les éléments musicaux et ceux du monde ». Enfin, Laurent Cugny, pianiste, arrangeur, chef et professeur à l'Université Paris-Sorbonne,  cautionne la cohérence de l'ensemble de ce numéro ; il souligne la précision de cette enquête et la grande qualité des transcriptions.

 

Bref : après le sujet du premier mouvement exposé au violon concertant II, les lecteurs découvriront les critères mélodiques, rythmiques, métriques et phraséologiques de ces jazzmen dans le cadre  de leur interprétation swing (1937) et de leur improvisation. « Bach  jazzifié » outre mesure ? Qui l'eût dit, qui l'eût cru ? Quoi qu'il en soit, ce volume de la Collection « Jazz en France » atteste, à côté du monde nord-américain, la vitalité de l'histoire du jazz dans notre pays.