L'Association Beethoven France et Francophonie (ABFF) publie un bulletin semestriel avec des informations concernant l'homme, le compositeur, l'œuvre et un dossier plus ponctuel. Son rédacteur-en-chef, Dominique Reniers a judicieusement fait appel à des membres de l'Association afin de relancer l'intérêt pour ce grand musicien, de le situer dans ses divers contextes psychologiques et sociologiques, au milieu de ses amis, notamment : Nicolaus Zmeskall, célibataire, domestique puis ami et dédicataire du Quatuor (op. 45) Quartetto serioso.

Le dossier concerne l'Ouverture d'Egmont, le souhait de Goethe qui confère à la musique un rôle important ; la genèse, le plan de l'œuvre ; son contenu émotionnel ; enfin, une analyse musicale fouillée avec citations musicales à l'appui, constitue une excellente préparation à l'écoute. L'information est complétée par quelques réactions de Franz Liszt, du critique Adolphe Bernhard Marx ou encore la révélation ressentie par Richard Wagner, des lettres de Beethoven à propos de son œuvre et des « fantômes de Bettina » d'ailleurs devenue la « favorite du maître Goethe ». La partie analytique de ce numéro concerne la suite de la présentation de la Missa Solemnis  avec le Sanctus, sa problématique religieuse et musicale, son rôle dans la Messe et l'évolution historique de cette forme de l'époque baroque à Liszt ; finalement, Beethoven voit le Sanctus « en croyant qui cherche à donner une authenticité religieuse à chacun de ses gestes musicaux » (p. 71). Une contribution originale traite « Beethoven et l'humour » (le Witz), le rire et leur traduction musicale illustrée par des exemples appropriés. La dernière partie est dévolue à l'apport phonographique : Tous les enregistrements du XIXe siècle, c'est-à-dire les premiers cylindres français. Répertoriés avec une méthodologie exemplaire (cotes, références usuelles… et, parfois même, incipit…), ils sont extraits des catalogues (Pathé, Gramophone records, entre autres). L'article suivant : Beethoven au théâtre (2) introduit et commente Le calvaire de Ludwig van Beethoven, action dramatique autour de Beethoven « sourd, rebelle et génial comme notre Goya », selon les termes de son compositeur Louis Capdevila. Le résumé de l'œuvre suivi d'une analyse mettent en valeur cet hommage d'un musicien espagnol à Beethoven avec le recul du temps.

 

Ce numéro 17, bénéficiant d'une excellente présentation typographique, est étayé d'illustrations et de documents d'époque (autographes, dessins, portraits, affiches, lieux…). La dernière de couverture contient le plan d'une Exposition : Ludwig van Beethoven, sa vie, son œuvre, déjà accueillie par de nombreuses institutions médiatiques (festivals, conservatoires, lycées). Outre son incontestable intérêt documentaire, elle a l'avantage d'être louée gracieusement. Elle contribuera aussi à une meilleure connaissance de Beethoven et au rayonnement de l'ABF. Tant par son enthousiasme, sa curiosité intellectuelle que par la vitalité de ses activités, cette Association « pas comme les autres » et son Bulletin rédigé par ses membres (donc sans apport extérieur) méritent les plus vifs éloges. À encourager sans réserve.