Gilles CANTAGREL : De Schütz à Bach. La musique du Baroque en Allemagne. Fayard/Mirare. 250 p. 14 €.
D’une plume alerte, dans le style vivant et avec le sens de la synthèse qu’on lui connaît, Gilles Cantagrel mène ses lecteurs sur une voie royale allant de Heinrich Schütz (1585-1672) à Jean-Sébastien Bach, bref sur des chemins qu’il a si souvent parcourus. Le titre mérite d’être souligné : il s’agit de la « musique du Baroque » (et non du stéréotype de la « musique baroque ») implantée en Allemagne après les affres de la Guerre de Trente Ans (1618-1648). L’auteur fait preuve d’une large ouverture, ne perd jamais de vue les divers contextes historiques, théologiques, sociologiques, au milieu des polémiques religieuses de la Réforme et de la Contre-Réforme. Il divise « le Baroque » en trois âges : premier, médian et tardif jusqu’à la mort
de J. S. Bach (1750), avec l’avènement de l’harmonie tonale. Il souligne l’apport de Martin Luther : traduction allemande de la Bible, place du choral, rôle de la Parole ; jette un clin d’œil sur les carrières des musiciens, l’édition, les recueils, les formes (cantates, passions, opéra spirituel…), la rhétorique. L’aventure « singulière » du Baroque est illustrée par une chronologie, l’index des lieux et celui des noms ; elle aboutit à l’édification d’une Europe musicale : de quoi satisfaire les adeptes du Baroque les plus exigeants.