LE FESTIVAL DE LUCERNE

Cette édition du Festival de Lucerne était placé sous le thème «  PrimaDonna ». Autrement dit comment les femmes assurent à la musique une contribution essentielle, avec onze chefs d'orchestre dont Marin Asolp, Susanna Mälkki, Emmanuelle Haïm, Barbaba Hannigan, et moult solistes, Sol Gabetta, Isabelle Faust, Anne-Sophie Mutter, Martha Argerich, Cecilia Bartoli, Diana Damrau ou Sandrine Piau... On fêtait aussi cette année plusieurs anniversaires : les 50 ans de présence de Bernard Haitink et de Daniel Barenboim, les 40 ans de Maurizio Pollini et d'Anne- Sophie  Mutter. On célébrait des événements comme le premier concert à Lucerne des Wiener Philharmoniker dirigés par une femme, française qui plus est, Emmanuelle Haïm. Et bien sûr, la prise de fonction de Riccardo Chailly comme directeur musical de l'Orchestre du Festival, succédant ainsi à Claudio Abbado. Enfin celle du compositeur Wolfgang Rhim comme directeur artistique de l'Academy qui, fondée en 2006 par Pierre Boulez, porte haut les couleurs d'une programmation audacieuse, avec l'aide du chef Matthias Pintscher, par ailleurs responsable de l'Ensemble Intercontemporain à Paris. L'avenir est donc assuré. Le festival était d'ailleurs dédié à Pierre Boulez. Lucerne c'est d'abord et avant tout la fabuleuse ronde des orchestres, qui d'Amsterdam à Cleveland, de Berlin à Sao Paulo, du Gewandhaus Leipzig au Chamber Orchestra of Europe, du West Eastern Divan au Simon Bolivar du Venezuela illuminent les soirées du KKL. Jouant avec des solistes de renom. Un public nombreux et extraordinairement concentré apprécie ces phalanges et ces solistes de grande renommée. 

LE FESTIVAL DE LUCERNE

Après la disparition de Claudio Abbado, âme de l'Orchestre du festival, « l'orchestre des amis », comme il l'appelait, le festival de Lucerne est orphelin. Même si le maestro assoluto a pu être remplacé pour ses concerts par Andris Nelsons, dont on rapporte que les prestations furent du plus haut niveau, il est certain que le passage de témoin est délicat. Cheville ouvrière de la Lucerne Festival Academy, Pierre Boulez a, par ailleurs, laissé la main, à son invitation expresse, à Simon Rattle, Heinz Holliger et Matthias Pintscher. La célèbre manifestation musicale helvétique est à un tournant de son histoire. Gageons que le renouvellement du mandat de son dynamique directeur artistique Michael Haefliger permettra d'ouvrir de nouveaux horizons. Pour l'heure, et alors que l'hommage au chef italien est omniprésent, l'institution devait dignement fêter cette édition estivale et surmonter ces bouleversements. Les grands orchestres sont toujours au rendez-cous,

LE FESTIVAL DE LUCERNE FÊTE SES 75 ANS

C'est le 25 août 1938 qu'Arturo Toscanini organise à Tribschen, dans les jardins de la villa Richard Wagner, un concert de gala qui devait marquer les débuts d'une grande aventure musicale. Il dirige un orchestre ad hoc, composé de musiciens d'élite et de solistes de renom. Une sorte d'acte fondateur du Festival de musique de Lucerne, dont la signification n'est pas fortuite. L'Europe, alors en proie à des convulsions politiques, devait connaître, peu après, l'invasion de l'Autriche par les forces nazies. Ce concert se voulait donc bel et bien un acte d'affirmation de l'éminente force de l'Art, de résistance contre les velléités guerrières.

Les Berlinois interprètent Mozart

Les Berliner Philharmoniker entretiennent un lien plus qu'étroit avec le Festival de Lucerne. Depuis leurs débuts, en août 1958, avec Herbert von Karajan, leurs concerts, chaque été, constituent un moment phare. Reprenant le flambeau, Simon Rattle poursuit cet extrême niveau d'excellence. Les deux pogrammes, donnés au fil d'une tournée les ayant menés aussi à Salzbourg et à Paris, ne pouvaient être plus opposés stylistiquement. C'est peut-être avec les trois dernières symphonies de Mozart que le thème de la « révolution », imaginé pour cette édition, prend son sens.

Et les Berliner se confrontèrent au Sacre du printemps

L'histoire du Sacre du printemps au Festival de Lucerne débute en 1945, avec Ernest  Ansermet, qui voyait dans cette œuvre un « monde cosmique », par opposition « au monde féérique de L'Oiseau de feu » et « au monde humain de Petrouchka ». L'œuvre, frileusement accueillie, sera redonnée moult fois ensuite, dont en 1951, sous la baguette énergique du jeune Igor Markevitch, et avec Karajan et les Berliner trois fois, en 1963, 1972 et 1978. Sous la conduite de Simon Rattle, ce spécimen de « musique objective » acquiert une élégance barbare qu'apporte la patine unique d'une formation de rêve. Tous les premiers pupitres sont à la manœuvre, les deux premiers Konzertmeister en particulier, et le festin sonore est d'une beauté à couper le souffle.

LE FESTIVAL PASCAL DE LUCERNE

Le Festival « Zu Osten » inaugure la saison des manifestations prestigieuses du Festival de Lucerne. Désormais, un orchestre de jeunes y est en résidence, comme l'est, au Festival d'été, le Lucerne Festival Orchestra. Ici, c'est l'Orchestra Mozart. Mais bien d'autres formations de prestige se mesurent devant le public. Celui-ci a bien de la chance de pouvoir entendre Claudio Abbado et ses confrères éminents, John Eliot Gardiner ou Mariss Jansons, et des solistes de haut vol, Martha Argerich, Isabelle Faust.

L'aura du festival de Lucerne

Fidèle à un concept qui remonte déjà à plusieurs années, le pianiste Maurizio Pollini renouvelle l'expérience et le défi de rapprocher grands classiques et pièces contemporaines. La nouvelle aventure, baptisée « Pollini Perspectives » et qui doit s'étendre sur quatre soirées et deux festivals, associe Beethoven et ses sonates de l'opus 53 à l'opus 111 à des œuvres spécialement écrites pour l'occasion. La juxtaposition ouvre des perspectives inattendues. Elle révèle de manière frappante combien est radicale et révolutionnaire la musique de Beethoven, un avant-gardiste en son temps. L'œuvre donnée le 17 août 2011, commande de Pollini et du festival, est de Giacomo Manzoni (°1932) et s'intitule Il rumore del tempo (le bruit du temps). Elle associe le piano à la voix et à trois instruments, l'alto, la clarinette et la percussion. Le thème en est l'éphémère de l'homme face à l'éternelle nature. Elle est écrite sur des textes russes (du poète symboliste Aleksandr Blok (1880-1921) et de son contemporain Welimir Chlebnikow (1885-1922), allemand (l'expressionniste autrichien Georg Trakl (1887-1914) et italien (le poète Andrea Zanzotto, né en 1921). La composition musicale est étroitement liée à la structure du collage des textes sous-jacents.

Le festival de Pâques de Lucerne mai 2011

Au cœur de la programmation du Lucerne Festival zu Ostern figurait la poursuite du cycle Brahms par Bernard Haitink et le Chamber Orchestra of Europe, entamé l'hiver dernier lors du festival de piano.  La soirée d'ouverture proposait le Double Concerto pour violon et violoncelle joué par les frères Capuçon.  Pour son ultime pièce livrée à l'orchestre (1887), Brahms fait œuvre originale : le concerto à deux instruments ; une combinaison peu usitée jusqu'alors si l’on se réfère aux concertos pour deux violons de Bach et de Spohr ou à la Symphonie concertante pour violon et alto de Mozart.  Écrit pour le célèbre Joseph Joachim et pour Robert Hausmann, celliste du quatuor formé par le violoniste, la pièce fourmille d'idées thématiques et ce, dès le premier mouvement.  Celui-ci fait la part belle au violoncelle qui ouvre par une cadence majestueuse.  Le morceau sera traité de manière brillante, les deux solistes évoluant tour à tour, en répons ou ensemble jusqu'à l'unisson.  La recherche d'équilibre est essentielle.

LE FESTIVAL DE LUCERNE 2010

Fermant le ban des grands festivals d'été, après Aix, Munich, Bayreuth et Salzbourg, le Festival de Lucerne « Im sommer » n'est pas de moindre intérêt.  Sur les bords riants du lac des Quatre Cantons, il a même un attrait supplémentaire, d'ordre touristique.  La proximité de celui-ci n'est pas un vain mot puisque le vaste et bel auditorium, conçu par Jean Nouvel, y est situé immédiatement au bord.  La manifestation suisse est depuis toujours centrée sur la musique symphonique et le récital, dont il attire les plus grandes figures.