Ils ont habilement reconstitué le deuxième acte d'après le seul livret et selon le mode du pasticcio, c'est-à-dire un assemblage d'airs de provenance diverse, en l'occurrence empruntés à d'autres pièces vocales de Vivaldi lui-même.  On savoure une fois encore l'inventivité apparemment sans limite de la veine opératique du Prêtre roux : récitatifs souvent très développés, airs de facture courte, sur le schéma da capo bien sûr, mais aussi en répons, et même brèves interventions du chœur.  Enregistré dans la foulée d'exécutions de concert l'hiver dernier, notamment à la Salle Pleyel, le disque souligne combien la direction de Rinaldo Alessandrini s'attache au cantabile expressif qu'autorise une formation de dimension réduite composée presque exclusivement de cordes.  Le fini sonore en acquiert une séduction particulière, ce que renforce une rythmique toujours souple et mesurée.  Un plateau vocal fastueux - une des constantes de l'Édition Vivaldi - parachève le sentiment de plénitude qui émerge de cette interprétation.  Pour n'en citer que trois exemples : Sara Mingardo, voix d'une rare richesse, de plus en plus à l'aise dans ce répertoire, Romina Basso, formidable timbre de contralto aux brillantes vocalises, ou encore le contre ténor Martin Oro qui triomphe des difficultés accumulées dans telle aria avec solo obligé de violon et de clavecin.