Avec une grande sensibilité et une grande créativité, Marouan Mankar-Bennis enregistre chez L’Encelade un disque qui rétablit la lumière sur un compositeur parfois trop peu connu, au confluent chronologique et stylistique de François Couperin et Jean-Philippe Rameau : Jean-François Dandrieu. D’emblée on est séduit par l’emploi du jeu luthé, qui se poursuit ici sur une bonne partie du disque, permettant à l’auditeur de profiter de toutes les couleurs de son timbre léger et envoutant, la liberté et la finesse du toucher rappelant l’instrument qui a donné son nom à ce jeu : le luth. Un autre parti pris de l’interprète organise le disque comme une tragédie lyrique imaginaire, encourageant une écoute continue, conférant à l’ensemble une forme très convaincante. Astucieusement programmé et poétiquement présenté, ce disque agit donc comme une double révélation : celle d’un compositeur à mettre au panthéon des musiciens baroques, et celle d’un interprète talentueux et créatif, dont on attend de nouvelles créations phonographiques avec impatience.
Jean-Étienne Sotty

Klaus WÜSTHOFF (né en 1922), fait prisonnier de guerre par l’armée russe, a pu bénéficier durant sa captivité de l’enseignement du contrepoint grâce à Hans Vogt. À sa libération, il a pu entreprendre des études à Berlin, entre autres auprès du compositeur Boris Blacher (1903-1975).

Die Schelde (L’Escaut), composé en 1956 pour une compétition à Radio Bruxelles, rend un joyeux hommage au fleuve prenant sa source en France, traversant la Belgique et se jetant dans la Mer du Nord à Flessingue (Pays-Bas). Cette œuvre de caractère descriptif, toujours en mouvement, comprend 3 parties : Ouverture : Trajet sur l’Escaut ; Nocturne : Clair de lune et Rondo. Finale : Anvers, page tonitruante. Les auditeurs s’y sentiront ballottés.



Son Poème symphonique : Die Regentrude — pour narratrice et orchestre — est une parabole et un avertissement concernant la responsabilité du changement climatique, thème d’actualité s’il en est... Écrit à l’âge de 95 ans par Klaus WÜSTHOFF (né en 1922), il s’agit, en fait, d’une nouvelle version d’un Ballet datant de la fin des années 1960 et reposant sur le récit éponyme du romancier, poète et novelliste allemand, Theodor Storm (1817-1888). Elle a été créée le 27 janvier 2018 par le

Danza de la Vida, titre symbolique, se veut un hommage de Jürg Eichenberger à José BRAGATO (1915-2017), violoncelliste argentin né en Italie, compositeur, chef, arrangeur et archiviste, qu’il a rencontré lors d’une tournée en Amérique du Sud. Il l’a ensuite invité à Lucerne en 2005 et ils se sont retrouvés trois ans plus tard avec sa femme Graciela. L’ami des deux interprètes, à l’origine du projet, est mort peu avant l’enregistrement de sa musique.

Le programme comporte une page envoûtante de José BRAGATO : Graciela y Buenos-Aires (plage 8) et Adios Nonino (pl. 13) — œuvre composée en 1959 par A. Piazzolla en hommage à son père Vicente « Nonino » — arrangée pour violoncelle et piano, de même que Introduccion al Angel, Milonga del Angel, La muerte del Angel (pl. 1-3), Oblivion (pl. 9), La resurreccion del Angel (pl. 19), toutes des pièces à succès du fondateur du Nouveau Tango argentin. Cette réalisation se termine avec le Grand Tango (pl. 27) d’Astor PIAZZOLLA (1921-1992), incisif, déhanché et haut en couleurs.



Une large place est réservée à Érik SATIE (1866-1925) avec des arrangements (pour violoncelle et piano) de pièces de piano réalisés par Daniel Fuerte : Chapitre 1 (pl.

Le Duo Arnicans comprend Florian Arnicans (violoncelle), formé en Namibie, à Weimar et Dusseldorf, puis à Lausanne et Lucerne, et sa femme d’origine lettone, Arta Arnicane (piano), ayant étudié à Glasgow, Riga et Zurich. Ces deux interprètes ont réalisé une Anthologie de pièces à succès et d’arrangements allant de Jean Sébastien BACH à Astor PIAZZOLLA en passant entre autres par Robert SCHUMANN, Felix MENDELSSOHN, Maurice RAVEL, Antonin DVORAK, Serge RACHMANINOV, Manuel De FALLA, Edward ELGAR… soit un parcours allemand, français, tchèque, russe, espagnol et anglais. 24 œuvres au total illustrent des formes très variées : arioso, berceuse, élégie, habanera, romance, suite ou encore l’hymne Ave Maria (Astor Piazzolla, 1921-1992) : autant d’esthétiques spécifiques.



Ces diverses adaptations instrumentales baignent dans l’émotion, le calme, le lyrisme, le bonheur… Elles sont destinées à un auditoire intergénérationnel et portent la marque du cosmopolitisme, comme d’ailleurs la formation musicale de cet exceptionnel Duo. Les interprètes sont également férus de musicothérapie (en liaison avec la Fondation zurichoise pour la Néonatalité) : ce qui a aussi motivé leur souhait de « refléter la beauté de la vie » aux enfants comme aux adultes. Les discophiles seront

Daniel Propper, suédois par sa mère, autrichien par son père et français d’adoption, poursuit une brillante carrière européenne de concertiste. Formé en Suède, à la Julliard School (New York) puis au CNSM (Paris), il est professeur au Conservatoire de Dourdan, organise des masterclasses même à Pékin et se produit aussi avec orchestre. Il compte déjà une abondante discographie à son actif. Ce coffret se veut d’abord une leçon d’histoire napoléonienne couronnée par le Prix 2012 de la Fondation Napoléon, évoquant 15 ans de Batailles et une période tourmentée de l’Histoire de France.

Les mélomanes pourront revivre la Grande Bataille d’Austerlitz (Bataille des « trois Empereurs », 1805) avec la cavalerie française, les roulements de tambour, la confrontation avec l’ennemi, les fusillades, la mêlée, les armées française et russe jusqu’à la victoire et la marche triomphale traduits avec réalisme par Louis Emmanuel JADIN (1768-1863).



Avec la Bataille d’Iéna (1806) — œuvre très développée —, c’est la victoire française sur les Prussiens, comprenant de nombreuses Marches, le discours de l’Empereur aux

Cyril Pallaud, professeur agrégé, docteur en musicologie, chef d’orchestre, chef de chœur, brillant organiste, s’est spécialisé entre autres dans la facture d’orgue alsacienne et la musique baroque (Schola Cantorum de Bâle), et s’intéresse tout particulièrement à l’œuvre de Georg MUFFAT (1653-1704). Il enseigne depuis 2017 à Strasbourg. Pour interpréter ses Toccatas, il a retenu à juste titre l’orgue Jaque Besançon (1773) en l’Église Saint-Michel à Sierentz (Haut-Rhin) : instrument historique à deux claviers (Grand Orgue, Positif) et pédalier (avec quelques éléments anciens des facteurs Silbermann et Calinet, accordé au diapason 392 Hz). Il a été restauré en 2014 par la Manufacture Jean-Christian Guerrier.



Georg MUFFAT, baptisé à Megève en 1653, est mort à Passau (Bavière) en 1704. Après ses études à Paris, auprès de J.-B. Lully qui lui a enseigné « le style instrumental français », il s’installe à Molsheim et quittera l’Alsace lors de la Guerre franco-autrichienne pour s’établir à Vienne où, en 1678, il est organiste, puis à Salzbourg et ensuite à Passau, au service du Prince-Évêque. Savoyard de naissance, il se déclare « Allemand ». (Dans son Florilegium I, il stipule en effet : « chez nous, Allemands »).

La pianiste, claveciniste, organiste, soprano et théoricienne polonaise, Aleksandra Garbal (née en 1970) est également compositrice. Cette réalisation, en premier enregistrement mondial, témoigne de sa polyvalence compositionnelle : musique vocale, œuvres pour : piano (1997/2010), saxophone alto et piano (2011), clarinette (1994/2009, Incantation pour clarinette solo), marimba (1997), flûte (2005/2016), violoncelle (2010) — poignant Recitativo e Arioso per violoncello solo à la mémoire des victimes de l’accident d’avion à Smolensk, traduisant ses sentiments personnels de solitude et d’impuissance face à cette tragédie — ; soprano, baryton et piano (2014), et aussi orgue (2017). Elle cultive les formes traditionnelles : Préludes pour piano (2011-13), Valse (2013), Toccata Sursum corda-Habemus ad Dominum pour orgue (2017), où se manifeste sa joie de vivre et sa vision mystique du monde. Ces Miniatures s’insérant dans la longue tradition du folklore polonais, et témoignant de l’attachement de la musicienne à son pays et à sa langue, sont émaillées de nombreuses réflexions sur l’existence. Compositrice polonaise gagnant à être connue (et reconnue).
Édith Weber

Jozef Wienawski, pianiste, pédagogue et compositeur polonais, est né en 1837 à Lublin où, après une première formation, il étudie le piano au Conservatoire de Paris avec Antoine François Marmontel et Charles-Valentin Alkan, et la composition avec Félix Le Couppey, puis la théorie musicale à Berlin. À Paris, il rencontre Rossini, Gounod, Berlioz et deviendra l’un des artistes favoris de Napoléon III. Après avoir enseigné au Conservatoire de Moscou, il s’installe à Bruxelles où il meurt en 1912. Bien que très apprécié de son temps, il est quand même tombé dans l’oubli, et c’est le mérite de Jan A. Jarnicki d’avoir relancé son œuvre vocale en polonais et allemand, sur les thèmes : amour, matin, nature et mois de mars, de mai, alouette et oiseaux… (d’après V. Hugo, H. Heine, J. W. von Goethe, entre autres). Cinq solistes et le Chœur de l’Académie Sztuki de Stettin placés sous la direction autorisée de Barbara Halec permettent enfin de redécouvrir son œuvre vocale empreinte de sensibilité et de sentimentalité.
Édith Weber

L’enregistrement des Lieder de Hans SOMMER (1837-1922) est réalisé par la mezzo-soprano Constance Heller (née à Laufen, en Bavière) qui, après ses études au Mozarteum de Salzbourg, devenue Master of Art, a fait ses débuts à l’Opéra dans le rôle de La Muse (Contes d’Hoffmann) et se produit sur le plan international tant dans les salles d’opéra que de concert. Elle est accompagnée au piano par Gerold Huber (né à Munich), élève en piano au Conservatoire de Munich et ayant bénéficié, à Berlin, des cours de Lieder de Dietrich Fischer-Dieskau. Accompagnateur souvent sollicité, sa discographie est impressionnante. Depuis 2013, il est professeur d’accompagnement au Conservatoire de Wurzbourg.



Hans SOMMER est né à Brunswick en 1837 et mort dans sa ville natale en 1922. Son nom est un pseudonyme de E. T. [phonétiquement en français « été » soit, en allemand, « Sommer » (la saison)] Neckniz [anagramme de ZINCKEN]. Après une première formation musicale, il étudie l’optique et les mathématiques au Polytechnikum de Göttingen, où il obtient son Doctorat en 1858, et enseigne l’année suivante à l’Université technique de Brunswick. Il a l’occasion de rencontrer J. Brahms, R.

La vie et la carrière de Henri MARTEAU (1874-1934) — né à Reims d’un père français et d’une mère allemande, résidant en Allemagne, ballotté entre deux pays et, victime de l’antagonisme franco-allemand, finalement naturalisé suédois, parfaitement bilingue et biculturel — sont tributaires des aléas de l’histoire. Grand voyageur, ami de Max Reger, successeur du célèbre violoniste Joseph Joachim, il se situe dans la mouvance romantique tant par ses choix de textes que par son style musical.



Il a déployé des activités de professeur à Prague, Leipzig et Dresde ; conférencier ; concertiste (jusqu’à 120 concerts annuels) et compositeur d’environ 45 œuvres : musique de chambre, d’orchestre, musique chorale, musique religieuse et Lieder dont 2 Cycles, l’un intitulé en français : Huit Mélodies pour chant avec accompagnement de piano (op. 19c) ; l’autre avec le même titre traduit en allemand (op. 28). D’une manière générale, ses thèmes d’inspiration concernent, entre autres, la nature, la pluie, les matins d’octobre, la rue le soir ou encore le chêne, la nuit d’amour... Ils sont chantés par la mezzo-soprano bulgare Vesselina Kasarova à la voix puissante et dramatique, accompagnée tout en délicatesse au piano par Galina Vracheva, professeur de piano et de composition à Munich, Kiev et Berlin, sollicitée pour des

Sports et divertissements (texte et musique) révèlent un des divers aspects de l’inspiration protéiforme d’Érik Satie (1866-1925) en 20 miniatures : d’un côté, le yachting, le golf, le tennis… ; de l’autre, la comédie italienne, le carnaval, le feu d’artifice. Les paroles sont déjà musique. Ces pages sont destinées aux théâtres d’alors.

Dominique Michel (voix, comédienne), formée au Conservatoire National d’Art Dramatique et professeur invitée au CNSMD de Lyon, et Thierry Ravassard, pianiste et chef de chant dans ce même Conservatoire, authentiques spécialistes du Musicodrame, s’investissent pleinement dans ce climat d’insouciance régnant avant 1914. Ils interprètent également Histoire (Jacques Prévert) et la musique d’Alphonse Stallaert (1920-1995), chef d’orchestre et compositeur néerlandais influencé notamment par Arthur Honegger. Selon Marion Navone, cette œuvre figure parmi les « exemples les plus significatifs du musicodrame du XXe siècle. Le piano agit en véritable comédien… il devient tour à tour un cœur qui bat, des mains qui s’ouvrent en larges arpèges, une romance de printemps ou encore la pesanteur en accords minimalistes et brutaux d’un homme baignant dans son sang. » Descriptions réalistes correspondant aux quatre parties : Cœur de docker ; Le fusillé ; On frappe ; Adrien.

Lauréate du 9e Concours international de violon Leopold Mozart, qui a eu lieu en 2016 à Augsbourg, Ji Won Song, violoniste sud-coréenne née à Séoul, prouve à la fois ses qualités de concertiste virtuose et de partenaire avisée en musique de chambre. Elle s’est imposée très tôt sur la scène internationale : en Chine, en Allemagne, au Canada et aux Etats-Unis. José Gallardo, pianiste brésilien né à Buenos Aires, a fait ses études dans sa ville natale, puis à l’Université de Mayence. Concertiste invité par de nombreux Festivals internationaux, il a enseigné à Mayence, puis au Centre Leopold Mozart (Université d’Augsbourg). Le nom du père de Wolfgang Amadeus plane sur l’interprétation violonistique, conformément à son ouvrage didactique : Versuch einer gründlichen Violinschule (1756). Leur programme s’échelonne de W. A. MOZART à Fritz KREISLER (1875-1962), en passant par Ludwig van BEETHOVEN et Pablo de SARASATE (1844-1908), d’horizons divers mais associés par des emprunts thématiques d’une part à Mozart (Flûte enchantée) et d’autre part à Beethoven.

Les formes représentées se réclament des Sonate (en 3 mouvements), Romance, Rondo, Rondino et Fantaisie. À noter, dans les Sonates en mi b majeur (KV 481) et en

Atavisme, folklore, couleurs locales, traditions régionales servent indubitablement d’inspiration aux poètes et compositeurs. C’est le cas, entre autres, de Charles BORDES (1863-1909), l’un des fondateurs de la Schola Cantorum (Paris), ardent défenseur des folklores français et espagnol.

Le contenu de cet album est totalement basque. Il comprend la Suite basque (op. 6), en sa transcription d’Ernest Chausson (1855-1899) pour piano à 4 mains, en 4 mouvements : I. Prélude, II. Intermezzo, III. Paysage, IV. Pordon Dantza (danse des bâtons), objet du CD 1 et — en version originale pour flûte, 2 violons, alto et violoncelle — (CD 2) : Rhapsodie basque pour piano et orchestre (op. 9), présentée dans l’adaptation de Gustave Samazeuilh, la partie d’orchestre étant réduite au second piano. Euskal Herria (musique de fête pour accompagner une partie de paume au Pays basque [français]), ainsi que Dix Danses, marches et cortèges populaire du Pays basque espagnol, interprétées par l’excellent pianiste François-René Duchâble.



Les pianistes Fr.-R. Duchâble et Olivier Laville, de même que l’Ensemble Hélios jouent la carte basque. Seuls, les musiciens et les Pianos Érard (contemporains du

Hanna Herfurtner (soprano), Carola Günther (alto), Georg Poplutz (ténor), Raimonds Spogis (basse) et la Kölner Akademie, tous placés sous la baguette énergique et alerte de Michael Alexander Willens, interprètent avec entrain et dynamisme 5 Cantates de Noël qui — en marge de l’imagerie traditionnelle pour la Nativité — sortent des sentiers battus. Ce disque permettra de découvrir : de Gottfried August HOMILIUS (1715-1785) : Erhöhet die Tore der Welt (Ouvrez haut les portes du monde), évoquant la gloire du Christ ; de Johann Heinrich STÖLZEL (1690-1749) commençant à être mieux connu en France : Kündlich gross ist das gottselige Geheimnis (concernant le mystère divin) ; de Johann Heinrich ROLLE (1716-1785) : Siehe, Finsternis bedecket das Erdreich (Voici, les ténèbres recouvrent la terre), se terminant par la jubilation des anges, et Jauchze, du Tochter Zion (Toi, fille de Sion, exulte), relatif à l’accueil d’Emmanuel ; enfin, de Christoph FÖRSTER (1693-1745) : Ehre sei Gott in der Höhe (Gloire à Dieu au plus haut des cieux). Les mélomanes reconnaîtront aussi quelques Chorals conclusifs bien connus, par exemple : Ich lag in tiefer Todesnacht ; Sei mir willkommen, edler Gast. De quoi varier agréablement le répertoire et recréer autrement l’atmosphère de Noël.
Édith Weber

Jerzy Gablenz — né à Cracovie, le 23 janvier 1888, dans une famille de musiciens, disparu lors d’un tragique accident d’avion, le 11 novembre 1937 — a retenu l’attention de Jan A. Jarnicki qui, grâce à Tomaz Gablenz (son fils) a obtenu de nombreuses partitions. (cf. Lettre d’information n°119, avril 2018, concernant le CD Piano and Chamber Works). Le Label polonais Acte Préalable vient de lancer une série concernant ses Songs (Chants) accompagnés par sa pianiste attitrée Anna Mikolon (piano) qui interprète également en solo 4 Bagatelles pour piano (op. 1, n°1) — mettant en valeur les oppositions de mouvements : Moderato, Vivo, Andantino triste et Tempo di valse — et 2 de l’op. 8, 2 Morceaux pour piano (op. 3 : Mélodie et Menuet), 3 Improvisations pour piano (op. 1, n°4) et 2 Esquisses « Es war einmal » (Il était une fois…), de caractère triste, puis rêveur ; toutes ces pièces s’imposent par la clarté de leur structure.



Le baryton Robert Kaczorowski interprète trois chants polonais (op. 7) concernant le bonheur et l’amour. Pour leur part, Beata Koska (mezzo-soprano), Donata Zuliani (alto) et Barabara Lewicka (soprano) révèlent les deux trios polonais : Nuit de mai, Matin de printemps (tous deux avec des modulations surprenantes) ainsi que la mélodie

Les nostalgiques des critères traditionnels d’interprétation — s’interrogeant sur le dilemme : orchestre symphonique du XIXe siècle ou orchestre « de poche » (de chambre) — pourront confronter les deux conceptions différentes de Peter Stangel (cf. recension supra) et de Philippe Jordan. Autrement dit : d’un côté, le modeste Taschen Philharmoniker Orchester ; de l’autre : les imposants Wiener Symphoniker, orchestre fondé en 1900 par Ferdinand Löwe, entre autres dirigé par Herbert von Karajan... Se produisant dans le monde entier, il est actuellement placé sous la baguette du chef suisse Philippe Jordan (né à Zurich en 1974), le fils d’Armin Jordan. Il a fait partie des Zürcher Sängerknaben (Petits Chanteurs de Zurich), obtenu le diplôme de professeur de piano décerné par le Conservatoire de sa ville natale. Il a été successivement maître de chapelle et assistant au Théâtre d’Ulm et de Daniel Barenboïm à l’Opéra de Berlin, puis directeur musical de l’Opéra et de l’Orchestre Philharmonique de Graz jusqu’en 2004. Il est très sollicité sur le plan international.



Les discophiles peuvent se livrer à une audition comparative entre la version de poche et la version classico-romantique des Symphonies 4 et 5. La 4e Symphonie, en Si

Aussi inattendue qu’instructive, cette version des 9 Symphonies de BEETHOVEN conçue par Peter Stangel pour un orchestre très réduit (« de poche ») propose une nouvelle approche, une nouvelle écoute, une autre compréhension au bénéfice de la transparence : autrement dit une re-découverte en première mondiale. Le « plus petit orchestre au monde », fondé en 2006 par Peter Stangel, son chef actuel, réunit entre 12 et 19 musiciens, ce qui permet de conférer une très grande clarté à l’audition et de percevoir autrement ces Symphonies souvent galvaudées. Enregistrées entre 2012 et 2017, leur écoute exige une adaptation et un ajustement de l’oreille.



À titre d’exemples, la VIe Symphonie (Pastorale) est interprétée par 11 instruments, avec adjonction d’une timbale pour l’orage. La VIIe bénéficie d’un arrangement convaincant. La VIIIe se distingue par un certain humour qui échappe à l’orchestration lourde traditionnelle, en usage en Allemagne au XIXe siècle. Quant à la IXe — loin d’être massive, selon les intentions de Beethoven —, cette version enregistrée en direct pourrait surprendre quelques puristes, mais elle n’en reste pas moins énergique,

Moins souvent interprété que l’Oratorio de Noël, celui de l’Ascension (Himmelfahrt) vient d’être enregistré pour le Label leipzicois RONDEAU PRODUCTION, par le Chœur de chambre Gutenberg (Mayence) et le Neumeyer Consort (instruments historiques), placés sous la direction de Felix Koch, en une version pleine de vitalité grâce à l’enthousiasme des interprètes et aux trompettes et timbales.



L’œuvre a été créée à Saint-Thomas (Leipzig), le 19 mai 1735. Le livret repose sur des sources néotestamentaires : Marc 16, 19 ; Luc 34, 50 et 52 ; Actes des Apôtres 1, 9-12, concernant l’envoi des disciples dans le monde. Le récit biblique est confié à l’Évangéliste, Christian Rathgeber (ténor), à la voix si persuasive ; des récitatifs sont accompagnés par la basse continue auxquels s’ajoutent les textes contemplatifs des Chorals et des prières du chrétien demandant au Christ de différer son départ. À noter, entre autres : le Chœur introductif, avec le tutti traduisant la louange, contrastant avec le récitatif de supplication : Ach Jesu ist dein Abschied schon so nah ? (Ton départ est-il déjà si proche ?) ; le Choral conclusif (avec tout l’effectif) reprenant les paroles de Gottfried Wilhelm Sacer (1697) : Wie soll es doch geschehen ? chantées

Les Éditions JADE ont lancé une démarche très originale consistant à associer au film de Cédric Kahn un disque interprété par des comédiens recréant l’atmosphère du film, le dénominateur commun étant La Prière (titre de la bande originale du film).

Le scénario est simple : le protagoniste, Thomas (22 ans) — pour échapper à la dépendance — rejoint une communauté d’anciens drogués qui se soignent par la prière. Il y découvre l’amitié, la règle, le travail, la foi. Comme l’affirme Cédric Kahn : « Le chant et les témoignages sont les piliers de la thérapie. Dans la maison, les garçons chantent tout le temps, en chapelle, après le repas, au coin du feu… Ils n’ont droit à aucune distraction : ni musique, ni journaux. L’esprit ne doit jamais être oisif pour éviter de penser à la drogue. En dehors du travail, ils prient et ils chantent. » Leur répertoire comprend des hymnes bien connues, par exemple : Veni Sancte Spiritus (Pentecôte), des chants mariaux (Je vous salue, Marie ; Salve Regina), des prières (Prends pitié, le Notre Père (Jacques Berthier)).

Faire interpréter des chants par des acteurs (et non des chanteurs professionnels) pourrait sembler une gageure. Toutefois, par leur ferveur communicative, ils ont signé une leçon de morale tout à fait d’actualité.
Édith Weber

Actuellement, certains labels (allemands, français) confèrent à leurs productions un titre suggestif figurant à côté de la mention du compositeur. C’est ainsi que l’Orchestre de Chambre Mendelssohn (Leipzig) et son chef Peter Bruns proposent, sous le signe du cosmopolitisme, un voyage de près d’une heure permettant de côtoyer Felix Mendelssohn Bartholdy, entouré de quatre contemporains français, allemand, italien et norvégien.

Au départ de cette démonstration musicale cosmopolite, figure sa Symphoniesatz en do mineur avec, entre autres, une Fugue à 3 thèmes, œuvre de jeunesse de ce grand voyageur (Berlin, Angleterre, Suisse, Italie, Leipzig). Lors de son grand tour en Europe entre 1829 et 1833, Mendelssohn rencontre Hector BERLIOZ, grand admirateur de l’actrice Harriet Smithson ; sa passion s’est extériorisée dans La mort d’Ophélie (1842), page si intensément vibrante.

L’exemple suivant concerne Robert VOLKMANN (1815-1883), élève au Conservatoire de Leipzig et auditeur assidu des Concerts du Gewandhaus, auteur de la Sérénade, op. 3 (n°69) tour à tour envoûtante, entraînante, intériorisée. En 1831, à Naples, Mendelssohn fait la connaissance de Gaetano DONIZETTI (1787-1849), dont le Quatuor

« Rompre le silence » concernant, entre autres, E. Schulhoff, V. Ullmann, E. Korngold : tel est l’objectif du Clarion Quartett composé de Jennifer Orchard (violon 1), Marta Krechkovsky (violon 2), Tatjana Mead Chamis (alto) et Bronwyn Banerdt (violoncelle), membres de l’Orchestre Symphonique de Pittsburgh. Grâce à elles, des compositeurs mis à l’index, persécutés et victimes du régime nazi, sont remis à l’honneur, voire découverts.

Au programme de cette découverte posthume, figurent : 5 Pièces pour Quatuor à cordes d’Erik SCHULHOFF (1894-1942), s’intéressant au Dadaïsme, à l’Expressionnisme, au jazz…, pianiste et compositeur juif, interdit en Allemagne, capturé à Prague, puis interné à Wurzbourg (Bavière) où il meurt en 1942. Son œuvre était alors tombée dans l’oubli ; le Quatuor à cordes n°3 (op. 46) du compositeur et pianiste autrichien, Viktor ULLMANN (né en 1890, mort deux ans après ce dernier, en 1944, à Auschwitz, après avoir séjourné au camp de Theresienstadt), disciple d’Alexander von Zemlinsky ; le Quatuor à cordes n°3 (op. 34) d’Erich Wolfgang KORNGOLD (1897-1957), compositeur autrichien naturalisé américain, un des derniers représentants du Romantisme viennois, auteur du célèbre Opéra Die tote Stadt (1920), ayant

Pour marquer le 120e anniversaire d’Alberto Hemsi (1898-1975), ardent défenseur de la tradition sépharade, le hazan (chantre) de la paroisse libérale juive (Hanovre) Assaf Levitin, basse baryton israëlien — accompagné par son compatriote, le pianiste Naaman Wagner, formé en Allemagne et en Italie —, a lancé une collection de chansons judéo-espagnoles en ladin, de transmission orale.

Le premier Volume propose 24 Coplas, sur des thèmes variés : mariage, femme, jolie fille, fiancé, fiancée, beauté (proches du Cantique des Cantiques)… mais aussi d’essence lyrique : rose, mûrier (n°12, très développé) ou encore le Roi de France… Le livret permettra de suivre ces pièces grâce à deux traductions en allemand et en anglais, et de mieux appréhender ces chants strophiques regroupés et restitués par A. Hemsi ayant si largement contribué à la relance et à la défense d’un demi-millénaire de traditions juives et à la diffusion de ces Coplas initialement monodiques dans la Péninsule ibérique et dont il a réalisé une version avec piano.



Les discophiles ne résisteront pas aux charmes de l’ornementation, vocale et pianistique, à la richesse harmonique de l’accompagnement très diversifié et à la virtuosité de