Alors tout jeune orchestre – 2 ans d'âge – la critique spécialisée Nord Américaine estimait que le Chamber Orchestra of Europe (COE) était le meilleur orchestre de chambre au monde, qualité de nouveau reconnue plusieurs décennies plus tard par la BBC.
Cette constance dans l'éloge n'est pas due au hasard. Plusieurs facteurs permettent de comprendre le mystère de l'exceptionnelle qualité de l'Orchestre : son origine, la réunion de musiciens ayant le souci de mettre leur talent au service de l'ensemble, leur mode de désignation assez particulier, une fidélité largement répandue parmi eux et en toute circonstance une attitude généreuse jamais prise en défaut. Il en résulte non seulement des interprétations merveilleuses, mais une appréciation de la part des solistes et chefs invités particulièrement enthousiaste pour ne pas dire plus. Il s'ensuit que nombre des interprétations du Chamber Orchestra of Europe sont marquantes et s'inscrivent dans l'histoire de l'interprétation des œuvres.
L'orchestre en 2015 à la Philharmonie de Paris / DR
L'origine
C'est en 1981 que des membres de l'Orchestre des Jeunes de la Communauté Européenne ayant atteint les 24 ans qui leur interdisaient de poursuivre l'aventure de cet orchestre décidèrent de se regrouper afin de réunir leur talent, nonobstant leur carrière naissante au sein de grands ensembles de niveau international. Il y avait donc à la fois le souhait de poursuivre une collaboration fondée sur de réelles affinités artistiques ainsi que la conviction que l'exercice du métier et sa progression ne pouvaient s'accomplir que dans la diversification d'expériences judicieusement choisies : jouer dans un grand orchestre symphonique et se retrouver dans un ensemble tel le COE, voilà qui semblait bien pouvoir répondre à cette préoccupation.
Il fallait bien sûr qu'une personnalité indiscutable, aimée, soutienne l'initiative, en soit même le guide, capable de mettre en valeur la qualité de chacun des musiciens, sans pour autant brider leur enthousiasme mais au contraire en les aidant à s'exprimer pour atteindre les plus hauts sommets. Cette personnalité ne pouvait être que Claudio Abbado qui déjà connaissait les initiateurs du projet pour les avoir côtoyés à l'occasion des sessions de l'Orchestre des Jeunes de la Communauté Européenne (EUYO) créé en 1978 et dont il était le Directeur musical.
Le talent au service de l'ensemble
Être dès le début qualifié de « meilleur orchestre de chambre au monde » ne tenait pas seulement au fait de la présence attentive de chefs comme Claudio Abbado ou Nikolaus Harnoncourt. Il y avait chez les musiciens de l'Orchestre, conscients de leur talent, le désir de mettre celui-ci en commun pour faire ENSEMBLE de la musique. Les exemples suivant illustrent cette préoccupation.
C'est le cas du hautboïste Douglas Boyd, un des fondateurs de l'orchestre ; virtuose reconnu de son instrument il va devenir par la suite un chef estimé, aujourd'hui directeur musical de l'Orchestre de Chambre de Paris. Quant au flûtiste Jacques Zoon, très tôt membre du du COE, il a été première flûte au Concertgebouworkest d'Amsterdam ainsi qu'à l'Orchestre Symphonique de Boston tout en conduisant une carrière internationale en tant que soliste. Marieke Blankestijn, présente dès l'origine dans l'Orchestre dont elle est toujours l'une des deux violons solos, tient la même fonction à l'Orchestre Philharmonique de Rotterdam que dirige Yannick Nézet-Séguin. Le percussionniste John Chimes, toujours en activité au COE, avait été en son temps sélectionné par Pierre Boulez au sein de l'orchestre de la BBC où il resta 39 ans ; on constate qu'il est toujours acclamé à l'issue de chaque concert. On pourrait multiplier les exemples de musiciens aussi remarquables. On peut citer François Leleux hautboïste de grande renommée qui était dans l'effectif il y a encore peu, et parmi les jeunes, Lorenza Borrani violon solo de l'orchestre, que Claudio Abbado choisissait pour intégrer l'Orchestre du Festival de Lucerne. Elle est par ailleurs à l'origine de l'étonnant projet « Spira Mirabilis ». Ellle se produit souvent au sein de formations de chambre et sera la cheville ouvrière à l'automne prochain de tout un programme Mozart au Japon avec les musiciens du COE. Il y a aussi dans l'effectif Luise Buchberger, par ailleurs violoncelliste co-soliste de l'Orchestra of the Age of Enlightenment, Simone Jandl, digne disciple de l'altiste Tabea Zimmermann, Romain Guyot, l'un des clarinettistes majeurs du moment, Clara Andrada de la Calle qui contribue à maintenir le plus haut niveau du pupitre de première flûte au COE tout en assurant le même rôle au sein du très bel Orchestre Radio Symphonique de Francfort (HR-Sinfonieorchester)...
Mais n'évoquant que quelques noms, on peut donner le sentiment d'être injuste pour les autres alors qu'ils ont autant de mérites. Tous les musiciens de l'orchestre, depuis le début de l'existence de la formation, sont des solistes de tout premier ordre, mais qui sont avant tout MUSICIENS, s'unissant dans une même dynamique d'ensemble mettant au service des œuvres interprétées des sonorités à la fois subtiles et puissantes. Même une oreille peu exercée peut le constater et comprendre que cela provient notamment d'un engagement total des musiciens : on le voit dans l'amplitude des gestes de la part en particulier des instrumentistes à cordes, ainsi que dans l'attention jamais relâchée de tous y compris lorsque la partition ne les sollicite pas. On peut aussi remarquer les échanges de regards qu'il y a en permanence entre eux, manifestation éclatante de leur totale complicité. D'autres fois on surprend des sourires soulignant sans doute la satisfaction d'avoir réussi un trait sur lequel les uns et les autres ont sans doute travaillé durement. En un mot, ils aiment ce qu'ils font et le font partager au public, ce qui a pour conséquence que chacun de leur concert est, certes, une expérience artistique mais aussi une expérience humaine.
Avec Claudio Abbado / DR
Un recrutement original et une fidélité largement partagée
Cette atmosphère qui règne au sein de l'Orchestre n'est pas le fait du hasard : les musiciens sont réunis selon des règles particulières et restent souvent attachés à l'ensemble pendant de longues années. A l'origine de l'Orchestre, on l'a indiqué plus haut, il y a eu une démarche volontaire des artistes issus de l'orchestre des Jeunes de la Communauté Européenne. Ils avaient un même désir de poursuivre une démarche artistique alliant excellence et affinité. Il s'agissait de ne pas « exécuter » les œuvres du répertoire sous l'autorité d'un chef omnipotent, mais de les aborder suite à une confrontation des conceptions des uns et des autres, sachant que le chef aurait in fine le dernier mot. Nous verrons plus loin l'appréciation de maîtres les ayant dirigés tout en respectant cette démarche de confrontation conçue comme un approfondissement.
Aujourd'hui le recrutement se fait de façon plus classique. Ainsi un candidat enverra son CV et un enregistrement qui seront réceptionnés par le directeur du personnel. Celui-ci fait parvenir ces deux documents au pupitre concerné, sachant que pour les vents ce sont tous les vents/musiciens concernés qui en seront destinataires en vue de participer au choix. Ensuite si les musiciens le demandent, il y a audition du candidat. En cas de sélection, l'intéressé(e) sera admis(e) dans l'effectif de divers concerts, mais à l'essai, et ce autant de fois que les membres de l'orchestre le jugeront utile. Ce n'est qu'à l'issue de ce processus que le candidat est susceptible d'être inscrit sur la liste des musiciens du COE. C'est ainsi qu'on peut penser que le choix est bien sûr artistique, mais que les membres de l'Orchestre sont aussi attentifs à la capacité d'intégration du postulant dans un collectif aux caractéristiques bien particulières.
C'est qu'une fois intégré dans la « famille » du COE, on y reste de nombreuses années, non par obligation, mais parce que l'on adhère a une démarche esthétique originale, dans un esprit de rare complicité. On ne doit alors pas s'étonner de trouver encore une douzaine de musiciens fidèlement attachés à l'Orchestre après plus de 30 années de collaboration. On a évoqué Marieke Blankestijn, mais on doit ajouter d'autres violonistes : Fiona Brett, Joe Rappaport, Iris Juda, Elisabeth Wexler, les altistes Stephen Wright et Dorle Sommer, le violoncelliste Will Conway, le contrebassiste Enno Senft, le bassoniste Chris Gunia, le trompettiste Julian Poore, le corniste Peter Richards et le tromboniste basse Nicholas Eastop.... N'est-ce pas là une explication de l'homogénéité du COE si souvent soulignée !
Que disent les solistes et chefs qui collaborent avec le COE ; quelles preuves apportent-ils de leur véritable amour de cet orchestre?
Si le public et la critique reconnaissent les vertus de l'ensemble, les solistes et les chefs invités ne sont pas moins élogieux. Tout dernièrement la violoniste Patricia Kopatchinskaja a donné son sentiment sur ce qu'elle ressentait suite à son contact avec le COE : « COE is not even a dream ; it is a dream...in a dream …It starts to be a relationship for all life and all about love....It is really music-making ». Elle a dû aussi être sensible à la générosité contagieuse de l'orchestre en se fondant, le temps de la Septième Symphonie de Beethoven, dans le pupitre des cordes : il s'agissait de prendre la place d'une violoniste se trouvant dans l'incapacité d'assurer la seconde partie d'un récent concert à Bordeaux ; preuve s'il en était besoin d'une affinité profonde et d'un partage de valeurs identiques de la virtuose moldave avec le COE ! Ce concert était partie d'une tournée qui ne fut du reste pas un fleuve tranquille : elle devait être dirigée par Vladimir Jurowski ; or il tomba malade....Thierry Fischer, ancienne première flûte du COE, alors Outre-Altlantique, dut sauter dans l'avion, et étudier tout au long du vol une partition qu'il ne connaissait pas, la Symphonie de Chambre n°10 Op.98 de Mieczyslaw Weinberg. Nul doute que si le COE avait été composé d'instrumentistes imbus d'eux-mêmes, potentiellement inamicaux vis à vis des chefs, Thierry Fischer ne se serait pas engagé dans une telle aventure qui le vit dès son arrivée en France amorcer les répétitions ! On peut penser que ce qu'il a fait constitue plus qu'un témoignage d'amitié et d'admiration !
Rares en tout cas sont les orchestres pour lesquels un chef serait prêt à s'envoler pour les sortir d'une situation épineuse, quelles que soient les difficultés à affronter.... Mais avec le COE il sera certain de trouver plus que des partenaires, des complices. Bien d'autres éloges ont été émis, tel celui de Pierre-Laurent Aimard : « ….ce sont les musiciens les meilleurs du monde qui se sont réunis pour ce projet.....Ils sont incroyablement cultivés et cet orchestre est d'une merveilleuse pureté musicale ». Emmanuel Ax dit que les musiciens « ont pour objectif de partager leurs talents individuels et de produire une vision unifiée de la musique qu'ils jouent ». Ivan Fisher affirme que « le COE est extraordinaire, une véritable source d'inspiration ».
Bernard Haitink & Emmanuel Ax / DR
Quant à Bernard Haitink, il estime qu'avec le COE il n'a « plus le sentiment d'être un chef d'orchestre mais plutôt un musicien qui fait de la musique avec eux. Ils se respectent, ils s'aiment beaucoup, ils adorent la musique et travailler avec eux est une bouffée d'air frais. Parce que le COE est compact, on peut aller vraiment au cœur des œuvres. C'est très intéressant. Je les adore » (BBC 4- 2015). Le même Bernard Haitink déclarait au Figaro, en 2011,« en véritables chambristes, [ les musiciens du COE] sont habitués à s'écouter, sans se focaliser sur le chef d'orchestre. Cela correspond exactement à l'idée que je me suis toujours faite de la direction d'orchestre ». Quant à Claudio Abbado, à l'occasion de la parution de l'enregistrement du Voyage à Reims de Gioacchino Rossini, il déclarait, selon le/dans le numéro 1866 de Télérama d'octobre 1985 : « Pour le ''Voyage à Reims'', j'avais besoin de leur enthousiasme, plus riche que dans les grands orchestres professionnels où l'on joue souvent par obligation, plus préoccupé par les problèmes syndicaux que par la musique . Là, il n'est jamais question de discipline. D'eux mêmes, en quatuor ou en octuor, ils travaillent les passages les plus difficiles. L'Orchestre de la Communauté Européenne est une expérience et un exemple unique. Pour les jeunes comme pour moi. Toutes nationalités confondues, seul l'amour de la musique nous rassemble ».
Nous pouvons affirmer que cet état d'esprit est toujours d'actualité. La « relève », associée aux musiciens à l'origine du projet pérennise la démarche, et chaque concert est une affaire avant tout d'artistes unis par une même conception de la musique.
Quelle marque laisse le Chamber Orchestra of Europe à travers ses concerts et enregistrements ?
A première vue, on peut penser que seuls les enregistrements assurent à l'orchestre son inscription durable dans l'histoire de l'interprétation musicale. Affirmons ici que le souvenir de concerts contribue aussi à l'écriture de cette histoire.... Sinon on ne parlerait pas de concerts mémorables (lesquels aujourd'hui font de plus en plus l'objet d'édition audio et/ou vidéo). S'agissant de concerts mémorables, beaucoup gardent vivant le souvenir de ceux dirigés par Claudio Abbado ou Nikolaus Harnoncourt. Plus récemment, lors de leurs passages à Paris, on évoquera le concert dirigé par Ivan Fischer avec en soliste Julia Fischer dans une interprétation d'anthologie du Concerto pour violon de Félix Mendelssohn en 2010 à la Cité de la Musique. Rappelons-nous aussi des symphonies de Beethoven d'une totale plénitude dirigées par Bernard Haitink à la salle Pleyel en 2012. Mais tous les concerts du maître hollandais avec le COE sont une leçon de probité exemplaire, offrant à l'auditeur le sentiment de pénétrer au cœur de la création musicale.
En 2014, Yannick Nézet-Séguin a su rendre le romantisme de Robert Schumann dans toute sa spontanéité tout en allégeant une orchestration réputée compacte, et fin 2015 ce fut l'intégrale des symphonies de Mendelssohn qui ont enthousiasmé le public de la Philharmonie de Paris sous la direction du chef canadien. Ces deux intégrales symphoniques ont du reste été enregistrées, celle de Mendelssohn étant en attente d'être publiée alors que celle de Schumann est déjà diffusée.
Ce sont quelques 250 enregistrements qui parcourent l'histoire du COE et parmi ces 250 pierres de l'édifice, nombreuses sont celles qui constituent des étapes marquantes de l'interprétation et sont même parfois des révélations. Le premier disque publié fut déjà en son temps un événement. Il s'agissait de La Donna del Lago de Rossini dirigée par Maurizio Pollini, captée en direct du festival de Pesaro (1984), et considéré comme étant le premier enregistrement mondial de l'œuvre. Il fut suivi peu après du Voyage à Reims du même Rossini, qui fut d'une part une révélation quant à l'œuvre, d'autre part une révélation quant à la qualité exceptionnelle de l'orchestre – finesse, précision, musicalité, virtuosité.
On évoquera aussi les enregistrements de Nikolaus Harnoncourt qui offrent en héritage une approche novatrice des symphonies de Beethoven (début des années 90) ou des Cinq concertos pour piano avec Pierre-Laurent Aimard (2004). Bien évidemment on ne peut passer sous silence l'ensemble des enregistrements dirigés par Claudio Abbado. Retenons pourtant plus particulièrement les 5ème et 6ème Symphonies de Schubert d'une élégance et profondeur inégalées (1988). L'héritage est aussi constitué par un répertoire contemporain audacieux avec par exemple l'enregistrement du Concerto grosso n°1 d'Alfred Schnittke dirigé par Heinrich Schiff (1990) ou celui consacré à des œuvres de Salvatore Sciarrino (Autoritratto nella notte), György Ligeti (6 Bagatellen für Bläserquintett et Doppelkonzert für Flöte und Oboe) et Arnold Schoenberg (Kammersymphonie n°1) avec Claudio Abbado au pupitre (1997).
Nous avons conscience d'être injuste en ne citant pas tous les enregistrements du COE, alors que tous sont exemplaires et méritent de figurer au premier rang de la discothèque de l'honnête homme. Et cela comprend les toutes récentes publications qui confirment la constance de la qualité des instrumentistes : c'est le cas du CD Mozart avec le Concerto pour clarinette K.622 interprété par Romain Guyot et le Quintette K.581 qui associe le clarinettiste avec ses partenaires du COE, les violonistes Lorenza Borrani et Mats Zetterqvist, l'altiste Pascal Siffert et le violoncelliste Richard Lester.
Nikolaus Harnoncourt et le COE / DR
L'anniversaire
Un tel bilan après 35 ans ne pouvait pas ne pas être célébré ! C'est donc tout naturellement que l'orchestre se fit un devoir d'offrir au public le meilleur de lui-même au cours d'une tournée qui le vit successivement à Ferrare le 18 mai ( jour anniversaire de sa première prestation à Londres au Merchant Taylors' Hall ), Reggio Emilia, Wuppertal. Le dernier concert de la tournée, à Birmingham, était suivi d'un concert privé à Londres (Saint John's, Smith Square) le 24 mai avec tout un programme Mendelssohn : l'ouverture Les Hébrides, le Concerto pour piano n°1 et la Symphonie Écossaise, le tout dirigé et joué par Sir Andras Schiff avec énergie, mais surtout grande compréhension des œuvres et un goût très sûr. On comprend qu'il soit par ailleurs membre d'honneur de l'Orchestre, à l'instar de Bernard Haitink et de Alice Harnoncourt.
Lors de son discours, le président Peter Readman a su faire partager à l'audience son émotion lorsqu'il a évoqué la mémoire de Claudio Abbado, Paavo Berglund, Nikolaus Harnoncourt, mais aussi celle d'un musicien de l'orchestre fidèle parmi les fidèles, le contrebassiste Lutz Schumacher décédé il y a un an. L'évoquer au même titre que les trois chefs démontre clairement que chacun à partir du moment où il fait partie de la famille du COE, compte de la même manière.
Trente cinq ans est un âge de maturité. Le monde de l'art, et pas seulement celui de la musique, doit souhaiter vivement que soient fêtés d'autres anniversaires du COE. De grands moments par ailleurs sont encore attendus. Après Cosi fan tutte, Don Giovanni, L'Enlèvement au Sérail et Les Noces de Figaro, devraient encore être enregistrés, avec le même chef Yannick Nézet Séguin, les années à venir à la Festspielhaus de Baden-Baden, les autres opéras de Mozart : La Clémence de Titus, La Flûte enchantée, Idoménée.
Vers de nouvelles conquêtes... / DR
Mais la conclusion de cette évocation du Chamber Orchestra of Europe ne sera pas à proprement musicale. Elle se veut une illustration de la sensibilité généreuse des artistes qui composent cette fabuleuse phalange. A l'occasion d'un récent concert à Bordeaux que nous avons déjà évoqué, pendant la Septième Symphonie de Beethoven un téléphone sonne. Immédiatement le public se met à huer la personne fautive qui se trouve être une dame âgée. Celle-ci affolée ne parvient pas à interrompre la sonnerie intruse et tombe en pleurs, ne supportant pas l'ire de la foule.... Les membres de l'orchestre bien sûr constatent l'incident. Dès la fin du concert plusieurs d'entre eux se précipitent dans les couloirs de la salle pour essayer de lui parler... .ce qu'ils purent faire en ces termes : « mais Madame, ce n'est pas grave et ça peut arriver » ; dans cette attitude on a l'illustration de la nature délicate de ces musiciens qui avant tout ont une sensibilité et une générosité qui les conduit à ne pas supporter ce qu'ils ont estimé être une humiliation inutile subie par cette dame. La sonnerie de son téléphone ne gênait pas le déroulement du concert, moins en tout cas que la réaction violente d'une partie de la salle. C'est cela aussi le Chamber Orchestra of Europe !