Le mouvement de rénovation pédagogique aurait pu permettre à la musique de s'affirmer davantage en milieu scolaire au cours des années soixante-dix. Bien que le rendez-vous ait été manqué, [NDLR : « L'Education musicale à l'école : un rendez-vous manqué, NL de 11/2014] le tableau n'est pas noir pour autant. La création des classes à horaires aménagées en 1974, tout comme la création des centres de formations pour musiciens intervenants, dans les années quatre-vingt témoignent des succès rencontrés pour la musique en milieu scolaire.

Les classes à horaires aménagées sont le résultat d'un partenariat réussi entre le milieu scolaire et les conservatoires de musique. C'est le prototype du premier projet culturel transversal.

Créées par un arrêté interministériel du 8 novembre 1974, les classes à horaires aménagés ou C.H.A.M. sont instituées dans certains établissements d'enseignement élémentaire et de second degré et destinées aux élèves de musique et de danse des conservatoires de région, écoles nationales de musique, écoles municipales de musique agréées. Ces classes qui répondent au vœu de Marcel Landowski, prennent appui sur le terrain, sur une base constituée de directeurs d'écoles de musique qui souhaitent promouvoir l'enseignement musical dispensé dans leurs établissements et renouveler leur public traditionnel. Le but est d'ouvrir les écoles de musique qui recrutent dans des sphères sociales assez étroites pour donner sa chance à un enfant qui n'aurait jamais été inscrit à l'école de musique par ses parents. Les C.H.A.M. sont donc un des premiers exemples de partenariat réussi à l'échelle locale entre une institution culturelle et l'école. Elles permettent sur un même territoire de mettre en synergie les savoir-faire des uns et des autres pour maximiser la qualité de l'enseignement dispensé aux élèves et leur ouvrir de nouveaux horizons sans jamais les couper de l'enseignement général. Il s'agit d'un aménagement des rythmes scolaires rendu possible grâce à un allègement de l'horaire d'enseignement général. Le dispositif est un succès puisqu'il sert de modèle aux autres disciplines. Danse, théâtre, arts plastiques, chacun réclame le principe de la classe à horaires aménagés pour sa discipline.

La mise en place des classes à horaires aménagés répond au vœu de la C.N.E. (1). Lors des réunions de la commission interministérielle, Marcel Landowski a contacté de nombreux directeurs d'écoles nationales de musique pour connaître le nombre d'élèves susceptibles d'être intéressés par des classes à mi-temps. Les réponses lui ont permis d'évaluer le succès d'une telle entreprise.

La responsabilité de ces classes peut être confiée à des écoles nationales de musique(2), quitte à leur accorder plus tard le statut de conservatoire national de région. Là où les circonstances le permettent, et là où se trouvent des personnes fidèles et motivées, le projet peut être mis en place. Marcel Landowski donne donc l'impulsion. L'attribution d'un projet de classes à horaires aménagés à l'école nationale de musique de Douai, plutôt qu'au conservatoire national de région de Lille, sous prétexte d'un enthousiasme exprimé plus ouvertement, est un bon exemple de son style de décision. Au-delà de l'enthousiasme des directeurs d'écoles de musique, la création de ce type de classes relève de décisions locales prises conjointement par l'inspecteur d'académie, le directeur des services départementaux de l'Éducation et le maire de la commune intéressée. Les classes sont d'abord implantées dans trente-cinq départements. Leur localisation fait apparaître un développement dans les grandes régions urbaines (Nord, Région parisienne, Rhône-Alpes, Lorraine-Alsace). Toutefois on enregistre de plus en plus de créations dans les villes moyennes et dans les départements moins urbanisés.

Il s'agit d'une politique territoriale qui se base sur le bon fonctionnement des rapports entre l'école et les ressources culturelles. Pour qu'une classe à horaires aménagés soit créée, il est nécessaire qu'existent, dans le même espace géographique, un conservatoire ou une école de musique reconnu par le ministère de la Culture et un établissement scolaire disposant d'un professeur d'éducation musicale ayant pour ces classes une obligation de service alourdi. Bon fonctionnement nécessaire puisque les partenaires vont devoir travailler ensemble.

L'entente établie entre l'école et l'école de musique est rendue possible grâce à l'ouverture du monde scolaire aux partenaires culturels. La circulaire signée le 27 mars 1973 par le ministre de l'Éducation, Joseph Fontanet, permet « de mettre, à compter de la rentrée 1973, 10% de l'horaire annuel à la disposition des établissements d'enseignement secondaire » pour « consacrer intégralement ce contingent d'horaire à des activités originales en liaison avec l'enseignement. » (3) et notamment artistique. Cela dans un contexte favorable puisque quelques mois plus tard, en juillet 1974, la commission René Haby fait vingt-quatre propositions pour l'éducation à la sensibilité et à la créativité en milieu scolaire et le 11 juillet 1975, le ministre de l'Éducation nationale René Haby, fait adopter une loi sur la réforme du système éducatif qui préconise un équilibre entre les disciplines intellectuelles, artistiques, manuelles, physiques et sportives, et insiste sur la place qui doit être faite à la sensibilité artistique.

La circulaire du 27 mars 1973 prévoit un assouplissement de l'organisation du cycle secondaire. Le temps scolaire contraint par un programme passe de trente à vingt-sept heures hebdomadaire ; les trois heures dégagées devant être utilisées plus librement et consacrées à des activités originales. La circulaire propose des types d'activités possibles. Les plus courantes sont les activités théâtrales, intéressantes pour les disciplines littéraires et artistiques. Mais les professeurs font aussi preuve d'un réel effort d'imagination et de recherche en envisageant d'autres sujets qui sont eux, en revanche, franchement inattendus et pas très artistiques : les boucaniers, le couscous, le cassoulet… Les réalisations sont également nombreuses en matière d'environnement et de cadre de vie. Le 10% n'est pas réservé aux activités d'éducation artistique. Néanmoins, un très grand nombre d'opérations relevant du 10% (environ la moitié) (4) s'orientent spontanément vers des activités culturelles. Cette tendance inscrit dans le temps scolaire les pratiques artistiques déjà existantes dans un cadre libre.

Deux attitudes pédagogiques se côtoient. La première est liée à la connaissance - découvrir la peinture ou la sculpture d'une époque donnée afin de mieux saisir l'esprit de telle ou telle évolution historique. C'est cette méthode qui est le plus spontanément pratiquée par les enseignants. Une seconde attitude consiste à favoriser des apprentissages ou, tout au moins, à favoriser la découverte ou les conditions de cet apprentissage. Ces opérations 10% sont moins traditionnellement scolaires. La relation pédagogique traditionnelle se définit par rapport à un savoir détenu par l'enseignant. Il transmet ce savoir, dans un domaine circonscrit (où sa compétence est socialement reconnue par des diplômes, des titres), d'après un programme objectif, par des leçons préparées à l'avance et dont l'assimilation par l'élève fait l'objet de contrôles (devoirs, leçons, examens). Or, le 10% a demandé aux enseignants de rompre, en partie au moins, avec le comportement que l'institution exige d'eux le reste du temps en les mettant dans la situation d'intervenir sans programme ni sanction ultérieure dans des domaines où leur compétence n'est ni très assurée ni reconnue ; d'aborder des situations extérieures à la classe ; de se confronter à d'autres compétences et de coordonner une tâche d'enseignement avec des collègues dans le cadre de la pluridisciplinarité. On remarque que ces différents points s'opposent d'une façon très nette aux différentes caractéristiques qui définissent la relation pédagogique traditionnelle. Ce type d'action nécessite la spécialisation de certains enseignants comme conseillers techniques. Il peut être aussi fait appel à des animateurs d'associations ou à des personnalités qualifiées extérieures au système scolaire : professeurs de conservatoires, conservateurs de musées, archivistes, bibliothécaires, comédiens de centres dramatiques, artistes, spécialistes de tous ordres, responsables dans tous les secteurs de l'activité économique et social.  Le comportement des enseignants eux-mêmes en matière d'action culturelle est considéré comme élément prédominant de l'ensemble des innovations proposées.

Cette fenêtre ouverte dans le temps scolaire permet de développer trois nouveaux axes pédagogiques dont l'éducation artistique peut tirer profit. En premier lieu, le travail en équipe des professeurs. Un « cadre pédagogique » (5) recommande ce travail d'équipe des professeurs « dans le cadre soit d'une, soit de deux ou plusieurs disciplines, en profitant de la présence, durant les heures banalisées, de professeurs de spécialités différentes. » (6) Il ne s'agit plus ici de coordination mais d'interpénétration de savoirs et de savoir-faire. Dans un deuxième temps, on accorde la priorité à la convergence des disciplines : « les maîtres ne sont pas au service qui de la physique, qui de la mathématique, de la philosophie, de l'histoire ou du latin. Ils n'en sont pas les prêtres ou les défenseurs ; ils ont des élèves à former. » (7) L'accent est porté d'une façon très explicite sur le décloisonnement : décloisonnement entre les disciplines, et, éventuellement, entre les structures habituelles, divisions ou classes. Enfin, troisième axe prioritaire : les contacts avec l'extérieur. La visite de tel musée artistique ou technique, de tel monument, de telle entreprise, de tel paysage illustre l'enseignement donné en histoire, en sciences, en géographie, en lettres…et le professeur y prépare ses élèves, multiplie les fiches, suggère des prises de notes, veille à l'exploitation pédagogique de la visite. Il faut savoir utiliser les ressources existantes à l'extérieur, se fondre dans le milieu environnant et l'irriguer. De plus, les institutions culturelles à l'extérieur de l'école doivent être considérées comme de véritables prolongements du système scolaire : c'est ainsi que la fréquentation des musées ne doit pas se limiter à une visite annuelle, quelque peu extraordinaire, organisée par des professeurs de bonne volonté, mais doit devenir régulière et normale. Bien avant le 10%, une fructueuse collaboration s'est engagée entre enseignants et personnels des institutions culturelles mais le 10% a développé ces liens et a multiplié les points de contact. Il importe aux rédacteurs de la circulaire que les apprentissages culturels se fassent sur les lieux mêmes où se pratiquent les différentes formes de culture, théâtre, cinéma, musique. Ces propositions supposent la fin d'un modèle unique d'enseignement.

Le 10 % ouvre la voie aux partenariats avec les institutions culturelles mais la réalisation de partenariats n'est pas habituelle en 1974, ce qui entraîne quelques petits dérapages. Les questions autour de la gratuité de ces classes en font partie. La circulaire n°76-292 du 9 novembre 1976 précise les rapports sur le plan financier entre l'établissement public national et la municipalité gestionnaire du conservatoire. Elle rappelle par ailleurs le rôle de chacune de ces collectivités publiques dans le fonctionnement des sections d'enseignement musical. L'accueil des élèves des lycées en section C.H.A.M. dans les conservatoires de musique peut constituer en matière de fonctionnement, une charge financière spécifique susceptible de justifier un remboursement à  la collectivité locale. Les C.H.A.M. se déroulant en écoles publiques, elles doivent respecter la loi de la gratuité de l'école quelle que soit la particularité de l'enseignement que les écoliers peuvent y recevoir. Toutefois, compte tenu du fait que ces classes accueillent des élèves bien souvent hors commune, certains maires demandent une contribution aux frais de fonctionnement aux communes de résidence des élèves ou à défaut aux parents d'élèves. Cette situation de fait, qui entache gravement le principe de gratuité de l'école publique, a pu se développer en l'absence d'une réglementation spécifiant les modalités de prise en charge des frais de fonctionnement de ces classes par les communes intéressées. Si le dispositif des C.H.A.M. tente de développer la mission culturelle de l'école, ce n'est pas pour contrevenir par ailleurs à la gratuité de l'école. L'enseignement doit demeurer gratuit même si son offre n'est pas standard.

Dans les classes à horaires aménagés, l'enseignement général ne souffre pas, dans sa qualité, de l'allégement qui lui est imparti, et les élèves peuvent réintégrer s'ils le veulent le système d'enseignement traditionnel sans avoir le moindre retard. L'avantage des horaires aménagés est de doter les futurs professionnels d'une culture générale qui pourrait faire défaut, tout en donnant aux  amateurs une solide culture musicale. Les élèves y sont admis à partir du cours élémentaire première année. Ils bénéficient d'un enseignement musical hebdomadaire de quatre à cinq heures. L'horaire d'enseignement musical est fixé à quatre heures en CE1 et à cinq heures en CE2, CM1, CM2. Cet horaire est prélevé sur l'horaire global de la classe et sur l'ensemble des activités, aucune matière d'enseignement ne devant être totalement supprimée.

La circulaire n°86-097 du 3 mars 1986 (bulletin officiel n°12 du 27 mars 1986) organise le fonctionnement des C.H.A.M. pour les collèges. Cette circulaire, qui se substitue à la circulaire interministérielle n°74-415 du 8 novembre 1974 et annule donc les dispositions antérieures, notamment la circulaire n° 79-298 du 21 septembre 1979, précise que les élèves bénéficient, pour mener à bien leurs études musicales, d'un allègement de l'horaire réglementaire d'enseignement général. Celui-ci est de quatre heures en sixième et en cinquième et de trois heures et demie en quatrième et troisième. L'allégement horaire porte en premier lieu sur une heure d'éducation artistique, l'éducation musicale étant prise en compte dans le volume horaire global d'enseignement musical. Les autres disciplines qui font l'objet d'un allégement horaire sont déterminées par le chef d'établissement, après avis du conseil d'administration, dans le cadre de l'autonomie des collèges. Aucune de ces autres disciplines ne doit néanmoins être totalement supprimée de l'enseignement dispensé aux élèves de ces classes.  Afin de ne pas surcharger les horaires scolaires des élèves des classes musicales à horaires aménagés, ceux-ci n'ont la possibilité de choisir qu'une seule option à partir de la classe de quatrième. L'horaire d'enseignement musical est quant à lui fixé à six heures et demie par semaine en sixième et cinquième et à sept heures par semaine en quatrième et troisième.

Ces aménagements d'horaires doivent permettre d'atteindre les objectifs éducatifs généraux poursuivis par les C.H.A.M. :

« L'éducation musicale contribue à l'enrichissement de la vie affective et sensible par la mobilisation et la régulation des impulsions, la maîtrise des réactions, la sensibilisation au plaisir d'entendre et  de faire de la musique, l'éveil du sens esthétique et du sens critique. Elle participe aussi à l'épanouissement des possibilités intellectuelles et motrices par le développement de la mémoire et de l'écoute ; par l'acquisition et le développement des notions de rythme, de temps et d'espace, liées ou non aux mouvement du corps ; par l'utilisation des symboles et de concepts formels, favorisant le passage du concret à l'abstrait, permettant la naissance et l'élaboration d'une pensée musicale ; l'éducation musicale participe aussi à la formation morale et sociale de l'enfant : goût de l'effort, courage, dépassement de soi, par et pour la musique considérée à la fois comme expression et communication ; sens de l'équipe qui permet l'analyse des situations et l'appréhension des relations par la pratique musicale collective.» (8)

L'éducation musicale ainsi comprise vise non seulement à donner à l'enfant des compétences techniques et des connaissances mais à éveiller et à forger sa propre personnalité en enrichissant sa capacité à s'exprimer, à communiquer, à recevoir, à développer sa créativité, à réagir de façon autonome et personnelle. Les objectifs des C.H.A.M. des collèges sont plus exigeants sur le plan technique et pratique car on ne se limite plus à l'épanouissement de l'élève. L'enseignement musical au collège met davantage l'accent sur :

« l'apprentissage d'un langage aussi diversifié que possible, oral et écrit et faisant appel aux nouvelles technologies ; l'écoute active et analytique participant au développement du sens critique et esthétique de l'élève, lui permettant de se repérer dans un univers sonore à la fois très large et très restreint. L'extension du champ de connaissances aux œuvres musicales de toutes les époques et de tous les pays qui ne manqueront pas d'être replacées dans leur contexte historique, géographique et culturel.» (9)

Et pour y parvenir, la circulaire définit les progressions et le programme des œuvres musicales vocales et/ou instrumentales, accompagnés des démarches pédagogiques aidant à leur réalisation et des modalités d'évaluation. Il ne s'agit pas d'une initiation artistique ou d'une simple sensibilisation mais il s'agit de préparer d'éventuels futurs musiciens professionnels à leur métier.

Les C.H.A.M. permettent de suivre un enseignement musical dans le cadre du temps scolaire conduisant à la préparation du baccalauréat de technicien musique F11. La circulaire n°77-255 du 21 juillet 1977 précise le fonctionnement des classes préparant au baccalauréat technique F11, et deux arrêtés interministériels en date du 16 février 1977 pris conjointement par le ministre de l'Éducation et par le secrétariat d'État à la Culture, définissent le règlement d'examen du baccalauréat de technicien F11 ainsi que les horaires et les programmes des classes destinées à le préparer. Cette orientation n'est pas exclusive puisque les classes à horaires aménagés tiennent à la qualité de l'éducation générale et ne veulent pas offrir une seule issue à leurs étudiants.  « Les futurs prodiges n'auront pas à sacrifier leur formation générale, et leur baccalauréat, à un hypothétique premier prix de conservatoire.» (10) La répartition des bacheliers se fait pour un tiers vers les U.E.R. de musicologie, un tiers continuent de travailler son instrument avec comme objectif les conservatoires nationaux supérieurs de Paris et de Lyon, enfin un tiers s'oriente vers différentes activités, carrière privée ou musicale. (11)

Le succès des C.H.A.M. suscite des envies. Fin 1986, la direction de la musique et de la danse du ministère de la Culture fait circuler un projet de note interministérielle sur le fonctionnement des classes de danse à horaires aménagés des collèges sur le modèles des classes de musique qui permettent aux élèves qui montrent des aptitudes pour ces activités de poursuivre dans les conditions les plus satisfaisantes leur scolarité et de développer parallèlement des compétences particulièrement affirmées. L'horaire total d'enseignement musical et chorégraphique est fixé à huit heures par semaine en sixième et en cinquième ou à douze heures par semaine en classes de quatrième et de troisième avec des cours de formation musicale danseur, des cours d'éducation musicale et des enseignements de danse ; tous ces cours étant réalisés à l'école de musique par des professeurs spécialisés et habilités par le ministère de la Culture. Les élèves des classes de danse à horaires aménagés bénéficient eux aussi par ailleurs d'un allègement de l'horaire réglementaire d'enseignement général de quatre heures dans les classes de sixième et cinquième et de trois heures trente dans les classes de quatrième et de troisième.

Enfin, de la même façon qu'il existe un bac musique, il existe un bac danse. À la fin des années soixante-dix, le baccalauréat technologique musique (F11) a été diversifié en deux options « instrument » et « danse ».

Ce type de collaboration entre une institution culturelle et l'école vise à accroître l'ouverture des établissements scolaires sur leur environnement culturel, facteur d'évolution du projet pédagogique, de l'institution scolaire et du secteur culturel, dans une perspective de démocratisation de l'accès à l'éducation et à la culture. Il s'agit d'un prototype. Le but est de favoriser le développement de ces classes et d'en ouvrir plus largement l'accès en évitant autant que possible la sélection sociale ou géographique ; de faire  de ces classes des éléments moteurs dans le développement de l'éducation et de la pratique musicale en milieu scolaire ; d'inciter les enseignants relevant du ministère de l'Éducation nationale et du ministère de la Culture à une collaboration et à une concertation plus intenses. La réussite du modèle et la qualité des prestations assurées par ces classes permettent d'envisager alors leur extension à d'autres domaines artistiques (danse, arts plastiques).

Cependant, la sélection des enfants, selon les seuls critères de leur intérêt pour la musique, n'empêche pas une sélection de fait selon l'origine sociale. L'égalité de principe n'empêche donc pas une inégalité de fait. Pourtant, le rapport du comité technique du ministère de la Culture en date de 1982 précise que « c'est l'intérêt des enfants pour la musique, manifesté à l'école maternelle et au cours préparatoire, qui doit permettre de les orienter vers les classes à horaires aménagés ». Les classes à horaires aménagés ne sont pas la traduction d'un élan démocratique. Elles n'aident que ceux des enfants qui y ont accès, c'est-à-dire des musiciens doués de talent. On est loin des ambitions portées par les multiples dispositifs en faveur de l'action culturelle qui se sont succédés et qui cherchent plutôt l'insertion sociale par l'initiation artistique.

Camille Grabowski.

(1) C.N.E. : commission nationale pour l'étude des problèmes de la musique en France instituée par un arrêté du ministère des affaires culturelles en date du 22 décembre 1962. Cette commission est composée de Gaëtan Picon (directeur générale des arts et des lettres), Emile-Jean Biasini (directeur du théâtre, de la musique et de l'action culturelle), Georges Auric (compositeur), Henry Barraud (compositeur, musicologue), René Dumesnil, Henri Dutilleux (compositeur), Raymond Gallois-Montbrun (compositeur), Rolan Manuel, Claude Rostant et Robert Siohan, qui en assume les fonctions de Rapporteur général.

(2) Arrêté du 8 novembre 1974

(3) « L'aventure pédagogique du 10% », Education et développement, numéro spécial 108, mars 1976

(4) « 10% et apprentissages culturels », Education et développement, numéro 109, avril-mai 1976

(5) « L'aventure pédagogique du 10% », Education et développement, numéro spécial 108, mars 1976

(6) Ibid

(7) Ibid., p.53-54

(8) Circulaire n°86-323 du 29 octobre 1986

(9) Circulaire n°86-097 du 3 mars 1986

(10) André-Hubert Mesnard, L'action culturelle des pouvoirs publics, Paris, librairie générale de droit et jurisprudence, 1969

(11) Cité par Emelie de Jong, in Du ministère Malraux aux années Duhamel : de la participation à la concrétisation d'une politique musicale française, 1953-1973, IEP de Paris, DEA d'histoire du XXème siècle, 1994