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Novembre-Décembre 2010 - n° 568
Supplément Bac 2011
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septembre-octobre 2010
n° 567
|
mai-juin 2010
n° 566
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Sommaire :
1. Editorial : Tribu(lation)s
2. Sommaire du n° 568
3. Informations générales
4. Varia
5. Manifestations et concerts
6. Echos de Berlin : Genèse et résurrection
7. Heinrich Schütz et l'Europe
8. Echos d'espérance et de résistance
9. Recensions de spectacles et concerts
10. Annonces de spectacles lyriques
11. L'édition musicale
12. Bibliographie
13. CDs et DVDs
14. La vie de L’éducation musicale
Abonnez-vous à L'éducation musicale
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Tribu(lation)s…
Je me propose d'inquiéter les gens.
Je ne vends pas le pain mais la levure.
(Miguel
de Unamuno)
Loin d’être le langage universel qu’un
certain angélisme voudrait nous faire accroire, la musique est devenue le lieu
des pires apartheids.
L’entre-soi n’est plus, en effet, le seul fait des élites, méprisant toute musique étrangère
à leur « distinction ». Il est aussi celui de cette nouvelle
oligarchie dont l’inculture crasse s’étale impudemment jusques... aux marches
du Palais !
Autrement préoccupant est toutefois l’entre-soi
narcissique de telle ou telle communauté immigrée, se tribalisant dans son refus
de s’intégrer à notre culture, à notre roman national – dès lors taxé de « bouffonnerie ».
Or, si le droit à la différence est
éminemment respectable, le droit (voire le devoir…) à la ressemblance ne l’est
pas moins. Et c’est assurément là que le bât blesse !
Musiques « actuelles », opium de la
jeunesse, dit-on… La chose se confirme, hélas ! chaque jour. Musiques
uniformément pulsées, d’une pauvreté harmonique, rythmique & mélodique sans
précédent. Sans même parler du rap ou du slam – genres qui ne ressortissent
qu’à peine à l’art dont ils se réclament…
En vérité, si ce n’est à l’école, où pourrait
être encore fertilisé le plus sublime fleuron de notre civilisation, son art
musical ?
Francis B. Cousté.
Haut
Pierre Boulez ou le « vouloir »
mis en acte
Entretien
avec Sylviane Falcinelli
Dossier : « La voix »
Chanter dans un chœur
Marie-France
Castarède
Paroles de chef et de choristes
amateurs
Michèle
Lhopiteau-Dorfeuille
Le blocage en chant des enseignants
généralistes
Sylvain
Jaccard
Le retard d’acquisition de la
justesse chantée chez l’enfant
Charlotte
Vuilleumier
Le cri, manifeste récurrent de la
voix chantée dans la musique savante
Sylvain
P. Labartette
Le corps, architecte de la voix
chantante et résonante
Fabienne
Ramuscello
Tout chœur est bon à prendre…
Florence
Limonier
Les emplois dans l’art
lyrique : interprètes qui leur léguèrent leur nom
Pierre
Lagisquet
Carl Maria von Weber
Gérard
Denizeau
La
grille d’Hélène Jarry
***
L’Acousmographe 3, logiciel d’écoute & de représentation
du signal sonore, facilite le repérage, l’annotation et la description de toute
musique - notamment électroacoustique ou de tradition orale. Gratuitement téléchargeable sur :
www.ina-entreprise.com/entreprise/activites/recherches-musicales/acousmographe.html
Le Disque du Bac est de
retour !
Double CD à prix spécial (disponible dès le 10 janvier 2010). Pour la
première fois, l'album du baccalauréat propose les œuvres au programme de l’Option facultative (toutes séries) et de
l’Enseignement de spécialité (série L). Disponible chez tous disquaires et en téléchargement.
Musique - Option facultative toutes séries
- COPLAND : Fanfare for the common man (London
Philharmonic Orchestra, dir. Carl Davis)
- BACH : Messe en si mineur, extraits (Barbara Schlick, soprano / Charles
Brett, alto / Peter Kooy, basse / Chorus & Orchestra of
Collegium Vocale, Ghent, dir. Philippe Herreweghe)
- DALBAVIE : Color (Orchestre de Paris, dir.
Christoph Eschenbach)
Musique - Enseignement de spécialité, série
L
- PURCELL : Music for the Funeral of Queen Mary (Choir of King's College, Cambridge / Academy of Ancient Music,
dir. Stephen Cleobury)
- SCHUBERT : Winterreise « Le Voyage
d’hiver », extraits (Thomas Allen, baryton / Roger Vignoles,
piano)
- VARÈSE : Déserts (Ensemble instrumental
de musique contemporaine de Paris, dir. Konstantin Simonovitch
- COPLAND : Appalachian Spring, suite (City
of London Sinfonia, dir. Richard Hickox)
« Recherches sur la presse musicale française ». Organisé par l’Université Paris-Sorbonne
[Observatoire musical français, responsable : Danièle Pistone], ce
colloque se déroulera, le mercredi 26 janvier 2011, de 14h à 19h, en la Maison
de la Recherche (26, rue Serpente, Paris VIe). Thèmes
retenus : La presse musicale & musicologique française
aujourd’hui / L’état des travaux et les leçons de l’histoire / Des
méthodes d’analyse aux possibilités d’interprétation / Des publications
électroniques aux bases de données / Des annuaires aux dictionnaires /
Numérisation et indexation / Perspectives d’évolution.
Inscriptions (propositions
d’intervention et/ou de participation aux actes) : jusqu’au 14 décembre
2010, omf@noos.fr
L’Orchestre national de Lille & le Jeune Public. À l’aube de
son 35e anniversaire, l’ONL - sous l’impulsion de son chef bien-aimé
Jean-Claude Casadesus – renouvelle son dialogue avec le public de demain.
Outre « Répétitions ouvertes », « Orchestre en mouvement »,
« Concerts lycéens », « Concerts étudiants »,
« Lille piano(s) festival », la 5e édition du cycle Les classivores sera l’un des temps
forts de la saison (« Concerts-découverte », « Am’stram’gammes », « L’enfant &
l’orchestre », « Mômes en musique »). Renseignements : 03
20 12 82 40. www.onlille.com
Jean-Claude
Casadesus ©DR
Ramon Lazkano, compositeur basque. C’est auprès de l’Ensemble
2e2m [étrange sigle signifiant : « Études & expressions des modes
musicaux] que Ramon Lazkano (°1968, San Sebastián) sera « en résidence »
tout au long de l’année 2011. Renseignements : 01 47 06 17
76. www.ensemble2e2m.fr
Ramon Lazkano ©Olivier Roller
« Choralies 2011 ». Plus nombreuses et diverses
que jamais sont les activités proposées. Renseignements : 24,
avenue Joannès-Masset, 69009 Lyon. Tél. : 04 72 19 83 40. www.choralies.org
©DR
« Musical America » names 2011 Honorees : Anne-Sophie
Mutter (musicien de l’année), Thomas Adès (compositeur), Simon Keenlyside
(baryton), Vivian Perlis (éducateur), Rafael Frühbeck de Burgos
(chef d’orchestre). Renseignements : www.musicalamerica.com
Anne-Sophie
Mutter ©Tina Tahir/DG
***
Haut
« Le Mans Cité Chanson », nouvelle scène
française, organise 4 tremplins : Concours
de la chanson francophone (ouvert à tout auteur-compositeur-interprète) / Tremplins interprètes (individuels ou groupes) / Electric Cité (musiques amplifiées) / Slam Sessions-Spoken Word. Présélections en
février, finales en mars 2011. Inscriptions jusqu’au 16 janvier
2011. Renseignements : 02 43 87 67 34. www.lemanscitechanson.com
Fonds d’éditions… L’un de nos honorables correspondants
recherche trace du fonds des éditions « Nuyens et Cie » qui
publièrent, à la fin du XIXe siècle, des œuvres de Jean-Nicolas
Karren (ou Karren), titulaire des orgues de Saint-Pierre de Caen [notre photo],
professeur au Conservatoire de la même cité. Contacter : François Gosselin, tél. : 06 23 64 80 83.
©DR
Master classes par Leontina Vaduva : « Les personnages romantiques dans l’opéra
français et italien » (Bizet, Gounod, Massenet… Donizetti, Rossini,
Puccini…). Les 8, 9, 10 et 11 décembre 2010 (de 15h30 à 18h30 et de 20h à
22h). Théâtre de l’Alliance française (101, bd Raspail,
Paris VIe). Renseignements : 01 74 70 43
16. contact@centre-harmonique.com
Leontina
Vaduva ©DR
Au Royaume-Uni… Menaces de restrictions sur l’enseignement de la
musique à l’école. Cependant que 82 millions de livres étaient
alloués, en 2010, à la pratique musicale scolaire… Renseignements : www.bbc.co.uk/news/education-11796636
©Patrick Delevoy
Seriez-vous pro-Palestiniens…
http://www.youtube.com/watch?v=IPo-6kxgiDk
Grands Prix 2010 de la Sacem :
Prix Rolf Marbot de la chanson de l’année : « La Superbe » de Benjamin
Biolay. Grand Prix de l’auteur-réalisateur de
l’audiovisuel : Françoise Boulain. Grand Prix
de la chanson française : Christophe. Grand Prix
de la musique symphonique (Prix de carrière) : Marc-André Dalbavie. Prix
Francis Lemarque saluant un jeune créateur : Benoît Dorémus. Grand Prix
de l'édition musicale : Premiere Music Group,
avec Claude Duvivier. Grand Prix de l'humour : Florence Foresti. Grand Prix
du répertoire Sacem à l'export : Gotan Project. Grand Prix des musiques électroniques : Jean-Michel Jarre. Grand Prix
des musiques du monde : Angélique Kidjo. Grand Prix
du jazz : Sylvain Luc. Grand Prix
de la musique pour l'image : Jean-Claude Petit. Prix spécial
de la Sacem : Gaëtan Roussel. Grand Prix
de la musique symphonique (Prix jeune compositeur) : Oscar Strasnoy [notre photo].
©Martín Felipe
Un site fort accueillant : www.todotango.com Avec, notamment, le bandonéoniste &
compositeur Juan José Mosalini : www.todotango.com/spanish/creadores/jmosalini.asp
©DR
***
Haut
Sous la nef du Musée d’Orsay. Le mardi 7
décembre 2010, à 19h00, l’Orchestre philharmonique de Radio France, dir.
Myung-Wun Chung, interprétera la Symphonie fantastique,
op.14, d’Hector Berlioz. Renseignements : M’d’O’ – 1, rue
de la Légion-d’Honneur, Paris VIIIe. Tél. : 01 40 49
47 50. www.musee-orsay.fr/fr/evenements/musique
Musée
d’Orsay ©DR
« Horizons
de la musique en France, 1944-1954 ». Ce colloque se tiendra, les
jeudi 9 et vendredi 10 décembre 2010, au Centre de documentation de
la musique contemporaine (CDMC). Depuis la parution de Technique de mon langage musical (1944)
d’Olivier Messiaen jusqu’à la première représentation (janvier 1954) des « Concerts
du Petit Marigny » (appelés à devenir, la saison suivante, les « Concerts
du Domaine musical »). Coordinateurs :
Laurent Feneyrou, François Meïmoun, Alain Poirier. Avec
les compositeurs Michel Fano & Hugues Dufourt. Entrée
libre (sur réservations). Renseignements : 16, place de
la Fontaine-aux-Lions, Paris XIXe. Tél. : 01 47 15
49 86. www.cdmc.asso.fr
©DR
Au New Morning, le célèbre trompettiste portoricain Ernesto « Tito »
Puentes (°1923) se produira, le vendredi 10 décembre 2010, entouré de ses 19 musiciens
et d’une chanteuse. Renseignements : 7, rue des
Petites-Écuries, Paris Xe. Tél. : 01 47 00 83 07. www.newmorning.com
©DR
Le « Shanghai Percussion Ensemble », considéré comme
l’un des rares ensembles de percussion de classe mondiale, se produira les 10
et 11 décembre 2010, à 20h30, au Musée Guimet (6, place d’Iéna, Paris XVIe). Renseignements : 01 40 73 88 18. www.guimet.fr
©DR
Carte blanche à Philippe Jaroussky au Théâtre des Champs-Élysées.
Le 11 décembre, dans Purcell (avec Andreas Scholl, contre-ténor,
& l’Ensemble Artaserse). Le 17 décembre, « Philippe Jaroussky
& Friends » (avec le Quatuor Ébène, Jérôme Ducros,
Renaud & Gautier Capuçon, etc.). Renseignements : 15, avenue
Montaigne, Paris VIIIe. Tél. : 01 49 52 50 50. www.theatrechampselysees.fr
©DR
Chapelle royale du château de Versailles. « 1664,
Noël à la cour de Dresde », le jeudi 16 décembre 2010, à 17h30 : Weihnachts Historie SW 435, de
Heinrich Schütz. Avec les Pages & les Chantres du Centre de musique
baroque de Versailles, les Chœurs préparatoires & probatoire, les étudiants
instrumentistes du Département de musique ancienne, dir. Olivier
Schneebeli. Renseignements : 01 39 20 78 10. www.cmbv.fr
©CMBV
« Les Sons du nord », festival de musique contemporaine,
se déroulera du vendredi 10 au dimanche 12 décembre 2010, à
l’Institut néerlandais (121, rue de Lille, Paris VIIe). Renseignements : 01 53 59 12 40. www.institutneerlandais.com/fr-general-presentation.phtml
©Kuppens
fotografie/Toeac
L’Ensemble intercontemporain se produira, sous la direction de
Susanna Mälkki [notre photo], le mardi 14 décembre 2010, à
20h00, Cité de la musique, dans : Flag de Franco Donatoni, Jour,
contre-jour de Gérard Grisey, Vulcano (création)
de Yann Robin. Renseignements : 01 44 84 44
84. www.citedelamusique.fr
©Anne Hult
L’Orchestre français des jeunes (16-25 ans) se produira à
Paris, Salle Pleyel (jeudi 16 décembre, 20h00), et à Aix-en-Provence, Grand
Théâtre de Provence (samedi 18 décembre, 20h30). Sous la direction de
Kwamé Ryan [notre photo], seront interprétées des œuvres de
Rolf Liebermann (Furioso),
Maurice Ravel (Rhapsodie espagnole),
Igor Stravinski (L’Oiseau de feu)
et Antonín Dvořák (Concerto
pour violoncelle, soliste : Henri Demarquette). Renseignements : 01 42 56 13 13 / www.sallepleyel.fr ou : 04 42 91 69 69 / www.legrandtheatre.net
©Nicolas Tucat
« La colonisation dans les Opéras ». Cette
conférence de Gérard Fontaine sera donnée le jeudi 16 décembre 2010, à 18h30,
au Musée du quai Branly (Théâtre
Claude Lévi-Strauss), dans le cadre de l’Université populaire du quai Branly que dirige la
philosophe & romancière Catherine Clément. Accès libre dans la limite des places disponibles. Renseignements : 01 56
61 70 00. www.quaibranly.fr
Entheos, ensemble de musique Renaissance (direction musicale : Benoît Damant)
fête ses cinq ans avec un nouveau programme dédié à Henri IV.
Avec, notamment, des concerts à Paris (Hôpital Saint-Louis &
Grand Palais), en Lorraine et à Fontainebleau. Renseignements : 06
60 74 51 06. www.ensemble-entheos.com
L’Arcal, compagnie nationale de théâtre lyrique & musical, va recréer, le 13 janvier
2011 à l’Opéra de Reims : Histoire
du soldat, conte musical d’Igor Stravinski (1918), sur un texte de
Charles-Ferdinand Ramuz. Spectacle en tournée jusqu’au 31 mai 2011.
Mise en scène : Jean-Christophe Saïs. TM+, ensemble orchestral de
musique d’aujourd’hui, dir. Laurent Cuniot. Renseignements : 01
43 72 66 66. www.arcal-lyrique.fr
©Jean-Sébastien
Monzani
« Sons d’hiver 2011 », Festival de musiques dans le
Val-de-Marne (20e saison), se déroulera du 21 janvier au
12 février. Renseignements : 01 46 87 31
31. www.sonsdhiver.org
« Grands Formats », fédération de 29 grandes formations de
jazz & de musiques à improviser (fondée en 2003 par Patrice Caratini
[notre photo]), vient de publier son calendrier pour la nouvelle saison. Informations : www.grandsformats.com
©Nathalie
Mazéas
Haut
Le Berliner Philharmoniker
chez lui : Symphonie « Résurrection » de Mahler
Il est difficile d'échapper aux superlatifs
lorsqu'on parle des Berliner Philharmoniker ! Les entendre chez eux
dans la salle de la Philharmonie, à l'acoustique quasi idéale, est une
expérience rare que la qualité d'écoute du public enrichit encore.
Remettant sur le métier cette saison - et la prochaine - l'intégrale des
symphonies de Mahler, Simon Rattle a eu cette fois l'idée de faire précéder
chacune d'elle d'une autre pièce significative de l'histoire musicale
européenne - comme en miroir ou en opposition. La deuxième, dite
« Résurrection » se voyait ainsi proposer, en lever de rideau, Un Survivant
de Varsovie d'Arnold Schoenberg - juxtaposition qui, pour être
osée, n'en est pas pas moins enrichissante. L'opus 46 de Schoenberg,
créé en 1947, quelque cinquante ans après la symphonie de Mahler, est une brève
et bouleversante cantate : un sergent (récitant) compte les déportés qu'il
conduit à la mort. Au texte, d'une violence peu contenue, correspond une écriture
musicale paroxystique : appels violents des trompettes, âpreté des cordes,
déclamation véhémente d'un chœur d’hommes. Un fantastique accord clôt la
pièce, tel un couperet. Immédiatement après cette vision d'apocalypse,
les premiers accords des basses - pourtant au nombre de 10 - qui élancent
la symphonie de Mahler semblent comme moins arrachés que de coutume. Tout
au long de cette monumentale « peinture musicale », selon
l'expression du compositeur, Simon Rattle fait montre d'une fabuleuse maîtrise
de la matière sonore. Sa manière la contraste à l'extrême :
progression impétueuse et déferlante rythmique qui débouchent sur des climax
libérant une formidable énergie aux fortissimos cataclysmiques ; ou, au
contraire, tracé délicat des phrases lyriques, avec ralentissements et nuances ppp, qui voit le chef s'attarder pour en
révéler l'atmosphère idyllique. Ainsi en est-il du premier mouvement dont
le maestoso est souligné - à la fois puissamment structuré ou allégé jusqu'à
l'impalpable frémissement. En contraste, le deuxième est empreint de
nonchalance et le suivant, en forme de perpetuum mobile, libère quelque
humour grotesque à figure humaine. S'enchaînant directement, le lied Urlicht,
emprunté au vocabulaire du Wunderhorn,
fait basculer la symphonie vers sa conclusion libératrice. Débutant par
un terrifiant accord fff, le finale
connaîtra une vision quasi cosmique dans ses divers épisodes, violons poussés
au maximum, harmonie sollicitée au bord de l'exaltation. La salle retient
son souffle lors de l'entrée du chœur pianissimo, plus tard enveloppé dans
l'énorme masse sonore que prolonge l'orgue pleins jeux. La
contribution vocale est à l'aune de ces qualités : Madgelena Kožená à
l'heure du Urlicht livre un chant recueilli ; Kate Royal
illumine la dernière séquence tandis que le Rundfunkchor Berlin marque la
partie chorale de sa vibrante présence. Le frisson d'une exécution
d'anthologie.
©Peter Adamik/EMI
Classics
Daniel Barenboim dirige la Staatskapelle de Berlin
Curieux programme que celui proposé par
Daniel Barenboim à ses abonnés berlinois au Konzerthaus : deux
concertos pour piano de Mozart encadrant la dernière création du compositeur
allemand Jens Joneleit. Le chef aime à revenir périodiquement à
Mozart et à ses concertos pour clavier. On se souvient de ses premières
apparitions à Paris, Salle Pleyel, dans les années 70, avec l'English
Chamber Orchestra, puis de ses relectures avec les Berliner Philharmoniker
dans les années 1990. C'est maintenant avec son orchestre de la
Staatskapelle Berlin qu'il remet sur le métier deux pièces maîtresses, les
concertos KV 537 et 491. Comme toujours, le pianiste et le chef ne
font qu'un, le piano étant disposé de face. Le concerto dit
« du Couronnement » tient une place à part dans la série des
grands concertos, de par sa virtuosité affichée, et aussi parce que la partie
soliste, seulement esquissée dans le manuscrit, a été plus ou moins
reconstituée par des mains autres que celles du compositeur. Est-ce la
raison pour laquelle Barenboim met l'accent sur un certain style galant dont
bon nombre de commentateurs ont cru devoir affubler le morceau ? Les
tempos sont étirés et le jeu du piano se fait précieux, à la limite du
maniérisme. La joie voilée qui fait la beauté du dernier mouvement,
éclate enfin, irrésistible. Reste que l'interprétation laisse sur une
interrogation quant au but recherché. Tout autre est l'exécution du
concerto KV 491, en seconde partie. Tout y paraît couler de source.
Contemporain des Nozze di Figaro, la pièce illustre un combat entre
souffrance et bonheur possible. Le larghetto central, une des plus belles
mélodies de Mozart, atteint la plénitude sur des passages concertants des bois.
Le finale, en forme de variations, est d'une étonnante vivacité.
L'exécution montre un orchestre ductile et épuré, pleinement engagé, tandis que
le soliste, des plus inspirés cette fois, libère une souple rigueur qui transforme
la lutte en victoire.
©Monika Rittershaus
Le compositeur berlinois Jens Joneleit (°1968)
s'affirme comme une personnalité importante de la jeune génération des
créateurs - il est tout aussi bien joué par Boulez, et vient de voir créer son
opéra Metanoia au Staatsoper, également par Barenboim. La pièce Yesh me’äin, métaphore hébraïque
qui signifie « quelque chose de rien », cheminement du rien vers
l'existant, réclame un orchestre fourni avec bois & cuivres par quatre.
L'auteur dit de sa musique qu'elle est « extrêmement éruptive et emplie de
confrontations ». Elle présente effectivement une longue progression
semée d'incidents, convulsions et déflagrations, avec comme une question
centrale, posée par les cordes, débouchant sur une déferlante des cuivres et un
final en fanfare. Les contrastes y abondent, sans qu'on puisse toujours
suivre le musicien dans son effort de structuration des événements, un beau
travail sur les cordes mis à part. L'accueil de la salle est courtois, à
défaut d'être enthousiaste.
Jens
Joneleit ©DR
Das Rheingold vu par Guy Cassiers : le grand livre d'images
©Monika
Rittershaus/Staatsoper Berlin
Le Staatsoper de Berlin, en coproduction
avec la Scala de Milan, se lance dans l'aventure d'une nouvelle production du Ring dont la direction musicale est assurée par Daniel Barenboim et la mise en
scène confiée au metteur en scène flamand Guy Cassiers. Das Rheingold,
premier volet de la grande saga wagnérienne, se voit offrir une présentation
futuriste dont la manière et l'esthétique sont conçues comme une voie nouvelle
replaçant le mythe dans l'actualité. Cassiers crée un monde virtuel, tout
de stimulations visuelles : pas de décor construit, mais un espace ouvert
que l'eau répandue sur le plateau et son miroitement semblent comme dilater.
Cette imagerie onirique apporte une indéniable fluidité au discours dramatique.
Un dispositif vidéo multidimensionnel, à l'arrière plan, en appelle à
l'imagination en même temps qu'il démultiplie le champ. Ainsi de
l'arrivée des géants dont l'immense stature s'incruste en fond de scène, comme
un grossissement de la carrure des deux chanteurs qui les incarnent. Mais
la principale originalité de Cassiers est d'introduire des figurants danseurs.
Ce qui, a priori, peut sembler incongru devient ici un truchement essentiel
de l'expression dramatique : tel personnage se voit comme dédoublé, perçu
à la fois dans sa présence physique et sa conscience (Wotan), à moins qu'il ne
soit enveloppé dans quelque construction humaine, elle-même en constante
métamorphose. Ainsi de l'agglomérat de gnomes ballotant Mime, ou de ces
corps assemblés formant une sorte de fauteuil dans lequel trône farouchement
Alberich à la barbe de Wotan et de Loge qui osent forcer son domaine ; ou encore
de cette sorte de gangue humaine enserrant le même Alberich lors de ses imprécations
de malédiction de l'or. Cette vision foisonnante atteint son sommet à la
scène du Niebelheim, dont l'antre compose un tableau d'une impressionnante
faconde high tech. Elle est en même temps d'une extrême lisibilité
dramaturgique. L'essence des personnages est saisie avec acuité et même
quelque hardiesse. Un seul exemple : le dieu Loge, pétillant
d'intelligence calculatrice, caracolant de droite et de gauche, sait rebondir
en toutes circonstances. C'est d'ailleurs à lui que revient le soin de tirer
la morale de cette première étape de l'histoire : alors que Wotan et
consorts se sont évanouis dans l'ombre en route vers le Walhalla, il demeure
seul lors des ultimes mesures, piaffant d'insolence - bien audacieux final.
©Monika Rittershaus
Musicalement, ce qui frappe, c'est la
présence sonore - des voix en particulier. La jauge moyenne du
Schiller Theater - où s'est replié le Staatsoper durant les travaux de sa
maison à Unter den Linden - y est nul doute pour beaucoup. La
coulée sonore que Daniel Barenboim obtient des musiciens de la Staatskappelle Berlin
est d'une somptueuse patine et le fondu, remarquable - n'était l'extrême
flexibilité du tempo, une attitude chère au chef d'orchestre. L'éventail
dynamique de cette immense symphonie mêlée de voix est large, entre grandiose
éclat et atmosphère chambriste. Sa distribution est homogène. Trois
individualités s'en détachent : le Loge de Stephan Rügamer qui, dès
son entrée en scène, domine les débats par son étonnante vivacité et un chant
d'une diabolique efficacité ; l'Alberich de Johannes Martin Kränzle
dont la présence dominatrice fait passer comme un frisson et la hargne criée
atteint le pathétique ; alors que la voix noire d'airain n'est pas sans
rappeler celle d'un Gustav Neidlinger, la référence ; enfin le Mime
de Wolfgang Ablinger-Sperrhacke, criant de vérité lui aussi, moins histrion que
certains de ses confrères. Hanno Müller-Brachman propose un Wotan jeune,
comme lisse, face à l'agitation alentour ; la quinte aiguë,
redoutable, est assurée avec vaillance. Si les trois Filles du Rhin
sonnent un peu fort en début de spectacle, la Fricka d’Ekaterina Gubanova
a fière allure et la brève apparition d’Anna Larsson en Erda est d'un
formidable impact.
©Monika
Rittershaus/Staatsoper Berlin
Jean-Pierre Robert.
***
Jumelé avec les Kasseler
Musiktage (KMT), le 42e Festival International Heinrich Schütz a eu lieu à Kassel, du 28 octobre 2010 au 3 novembre 2010. Le programme était
placé sous le signe de la tradition et de la modernité avec pour idée
générale : Croisements (Kreuzungen) entre musique européenne
ancienne et moderne : de H. Schütz et Maurice le Savant, à
travers G. Gabrieli, L. Couperin, J. J. Froberger, J.-M.
Leclair… jusqu’à G. Mahler, R. Mauersberger, A. Pärt et L. Ronchetti.
Le dénominateur commun planant sur tout le programme (y compris
l’Exposition) était : Vie terrestre
et mort.
Dans son accueil chaleureux, le directeur artistique
des KMT, Dieter Rexroth rappelle
que, Schütz arrivant loin derrière J. S. Bach, Beethoven et Wagner, il
incombe donc à Kassel de lui rendre hommage. Le Prof. Dr. Walter Werbeck, président de la Société
internationale H. Schütz (ISG), créée en 1930, évoque le Landgrave Maurice
de Hesse, mécène ayant envoyé H. Schütz en Italie, et introduit en des
termes élogieux le Prof. Dr. Silke Leopold pour la Conférence inaugurale : Heinrich Schütz et l’Europe.
Remarquable par l’originalité de sa démarche, le respect de nombreux contextes
historiques, la place de l’Allemagne dans l’Europe du XVIIe siècle, cette
introduction est si bien illustrée par la Cosmographia Universalis (éditée à Bâle, à partir de
1544) de S. Münster - décrivant le monde et les pays découverts, la Teutsche Nation étant au centre de
l’Europe, avec l’Italie à droite, le Danemark à gauche - et par le Theatrum Europaeum de M. Merian
montrant que l’Europe, entité chrétienne, est un rempart contre les Turcs,
alors que l’Europae Speculum (La Haye,
1629) propose des critères autres que religieux. De ce panorama et par
ses compositions, S. Leopold arrive à l’affirmation que H. Schütz -
connaissant le latin, le grec, le français, l’italien parlé - apparaît comme un Européen.
Concerts
E. Kühne-Hörmann, ministre de Hesse pour les Sciences
et les Arts évoque le regretté Dr h. c. Karl Vötterlé, président
fondateur, salue les hôtes étrangers, rappelle le thème général de ce Festival,
et le maire de Kassel se réjouit de ce double anniversaire : 80 ans
de la ISG et 77 ans des KMT.
Le Concert
inaugural, à l’Opéra de Kassel, sous le titre : Vom irdischen Leben (De
la vie terrestre), a permis d’entendre les Méditations sur le thème : Selig
sind die Toten (Heureux sont les
morts…) (1964) du motet éponyme de H. Schütz, par Ján Cikker (1911-1989). À l’introduction
d’abord mystérieuse, étrange, expectative, lancinante, avec un quasi
insoutenable decrescendo dans les piano, succède un passage énergique et
coloré, spéculant sur l’opposition entre l’agitation perpétuelle faisant suite
au lyrisme dans la mélodie et à la plainte exacerbée. Le baryton S. Genz
a restitué le caractère dramatique et réaliste émanant de 6 Lieder (Des Knaben Wunderhorn) de G. Mahler : récit inexorable du
« soldat qui doit marcher jusqu’à la mort » ou du tambour avec ses
roulements perpétuels, le contexte poignant étant encore renforcé par
l’orchestre qui, sous la remarquable direction de P. Ringborg, a conféré à
ces Lieder leur lourde signification.
Enfin, dans le poème symphonique Miserae (1934) de K. A. Hartmann (1905-1963), la douleur est encore présente.
Après un thème à découvert assuré par les vents sur un fond léger de
percussions, l’atmosphère se fait implacable pour atteindre son paroxysme.
L’excellent chef a le don de régler les intensités, d’impulser l’élan, voire la
brutalité dans la mélodie aboutissant au point d’orgue. Décidément,
l’Orchestre d’État de Kassel - dont la réputation n’est plus à faire -
bénéficie d’un chef hors-pair.
Le récital de
clavecin de Pieter Dirksen offre un remarquable éventail cosmopolite, avec différents genres allant de la
toccata au tiento…, illustrant les principales formes en usage en Allemagne,
Angleterre, Italie, Espagne, France et Hollande. Il s’impose par son
remarquable sens architectural, sa technique éblouissante et sa virtuosité à
toute épreuve.
Sous le titre : « Heinrich Schütz et l’Italie »,
la Cappella Sagittariana de Dresde et l’Ensemble Amarcord, bénéficiant de l’excellente
direction de Norbert Schuster, présentent 11 pièces de musiciens
italiens ayant séjourné à Dresde et les Psaumes 11 et 100 à double-chœur de Schütz,
véritable apothéose vocale.
En guise de préparation au concert, le Prof. Dr.
Reiner Störries, directeur du Musée et théologien, introduit, avec une grande érudition, la remarquable Exposition Sepulkralkultur (Culture funéraire) au Museum für Sepulkralkultur :
reprenant l’incipit du Cantique de Siméon « Mit
Fried und Freud ich fahr dahin » (Nunc
dimittis). Selon les conceptions de M. Luther, la mort est
pour le croyant un sommeil paisible (cf.
Musikalische Exequien, œuvre commandée à H. Schütz par le prince
Heinrich Posthumus von Reuss dont le cercueil, peint et orné de versets
bibliques, a été prêté par le musée de Gera pour cette exposition).
Dans cette même optique, le concert de l’Ensemble néerlandais La suave Melodia
(clavecin, violon et viole de gambe) fait entendre, entre autres, Le tombeau
de M. de Sainte Colombe de M. Marais et la Lamentation
sur la mort de Ferdinand III de J. J. Froberger pour
clavecin solo et des pièces significatives du recueil La Gamme de
Marin Marais avec une grande variété de formes. Les interprètes ont
allié brio, expressivité et allégresse communicative.
L’Ensemble vocal de Kassel et Kammerensemble neuer Musik
Berlin, dirigés par Eckhard Manz, créent l’œuvre de commande des KMT en
collaboration avec Musik an St Martin :
l’Oratorio dramatique - d’après les Musikalische Exequien de Schütz pour les
obsèques de Heinrich Posthumus von Reuss -, de Lucia Ronchetti (1963-), intitulé : Prosopopeia, centré autour de
l’évocation de l’au-delà par la musique, avec la figure rhétorique de Prosopopeia, en liaison avec le rituel
funéraire baroque. Quelle gageure que la superposition de l’œuvre baroque
de H. Schütz rendue avec les artifices stylistiques contemporains (parlé, débit haletant,
chuchotements, interpolations, Sprechgesang, visions apocalyptiques, avec des sonorités étranges sur « afin qu’ils
aient la vie éternelle » (ewiges
Leben) ! Cette œuvre, exigeant une très haute technicité dans
l’interprétation, spécule sur les dissonances à leur comble, joue sur le volume
des voix avec glissandi, les effets bizarres de la flûte, les vocalises
déroutantes des solistes, sans oublier les déplacements dans l’espace, les cris
déchirants de la fin du monde, puis l’injonction : Halt dich an mich ! jusqu’au Cantique de Siméon conclusif.
Lors du concert - placé sous le signe d’un hommage au regretté Dr. Friedrich Berke,
musicologue et conférencier, décédé récemment et qui avait des liens très
étroits avec la ISG - les KMT se souviennent du Landgrave Maurice de Hesse (1572-1632),
à la fois mécène et compositeur. Le programme présente un aperçu très
représentatif des diverses facettes de sa production, dont de nombreuses
compositions existent en manuscrits. Il a pratiqué les diverses
techniques de l’époque : voix à découvert, polyphonie, chromatismes,
entrées successives, cadences typiques, mélodies traditionnelles, cuivres,
style du choral (Komm, heiliger Geist…),
traduction figuraliste des images et des idées du textes (par exemple :
animation et agitation sur le mot Krieg (guerre)), vocalises sur cordis (cœur),
exubérance dans le Psaume Cantate Domino…,
style note contre note. Après des extraits du Livre de luth d’Élisabeth de Hesse, ce concert se termine en
feux d’artifice avec le Psaume 150 pour 3 chœurs à 4 voix, composé à Kassel vers 1617/18.
Manfred Cordes, à la tête de l’Ensemble Weser Renaissance, a fait
découvrir ces pages peu connues du Landgrave Maurice de Hesse, avec
infiniment de musicalité et d’enthousiasme.
Le dernier concert a permis de revivre intensément
le Dresdner Requiem,
commencé en 1947 et remanié jusqu’en 1961 par Rudolf Mauersberger - Cantor de la Kreuzkirche
de Dresde, reposant sur un texte biblique et liturgique. Il s’agit d’une Messe évangélique des Morts, créée en
1948 à Dresde, remémorant le terrible bombardement de février 1945 où tout
n’était qu’angoisse, terreur et effroi… L’hymne funèbre : Wie
liegt die Stadt so wüst (d’après Jérémie)
crée immédiatement la peinture d’atmosphère si poignante, notamment sur Feuer (feu) avec un fortissimo tonitruant, et évoque énergiquement le mot Elend (malheur). Le Dresdner Requiem comporte 5 parties : Introït, Kyrie (particulièrement intense et recueilli), avec une plainte
insoutenable, Passé-mort-Dies irae
avec consolation par l’Évangile, Sanctus, Agnus Dei. Il nécessite
3 chœurs disposés dans l’espace de l’église avec un Fernchor symbolisant les morts, un chœur près de l’autel
symbolisant le Christ (dans l’Agnus Dei,
les 3 chœurs sont réunis) et, du début à la fin, la présence de 2 petits
choristes de blanc vêtus, chacun un cierge à la main. Cette méditation
sur la vie et la mort repose sur des extraits de La Sagesse, Job, l’Évangile de Jean… et fait appel à
des chorals sur des mélodies traditionnelles. Le malheur indicible plane
sur toute l’œuvre, le paroxysme étant atteint dans le Dies irae sur « Schrecken »
(épouvante), mais atténué par des paroles de consolation et la certitude de la
Résurrection. L’Hosianna (sic)
nécessite 3 niveaux de chœurs : Altarchor (à l’autel), Hauptchor (principal), Fernchor (éloigné). Après la simplicité prenante des chorals de M. Franck,
dans le second, l’assemblée s’associe au chœur principal et des prières, le De profundis « Aus der Tiefe ruf’ ich zu dir » (Des
profondeurs je t’invoque) avec le chœur principal, un attendrissant petit
chanteur soliste et le chœur d’hommes, un autre Choral avec chœur d’assemblée
et le chœur conclusif (correspondant au Da pacem)
« Lass sie ruhen in Frieden »
chanté par les 3 chœurs. L’ensemble se termine dans un calme
intense, en présence des deux enfants à genoux au bas de la Croix, dos tourné à
l’assistance. L’excellente Kantorei Kirchditmold et le Concert Vocal de
Kassel, placés sous la direction si suggestive de Michael Gerisch confèrent
à cette partition hors du commun une indicible émotion.
Édith Weber.
Responsable de la Section française
P.S. Ce Festival
était jumelé avec un stage de chœur qui s’est produit au Culte solennel, le
dimanche 31 octobre 2010, pour la fête de la Réformation, et suivi d’un
Symposion pluridisciplinaire sur le thème : Heinrich Schütz et l’Europe – Heinrich Schütz à Kassel, les 1er et 2 novembre 2010 à
l’Académie de Hofgeismar (à suivre).
Renseignements : info@schuetzgesellschaft.de
***
Floraison de
pianistes…
Nous vibrons d’une grande
espérance à entendre la floraison de talents, tous plus personnels les uns que
les autres, qui s’épanouit parmi les jeunes générations de pianistes
(spécialement celles issues des peuples latins, en ces années récentes). Les
divisions schématiques en « écoles » s’estompent et on assiste, plus
que jamais, à l’affirmation d’individualités ayant approfondi la connaissance
de leur instrument et produit un travail exégétique sur leurs compositeurs de
prédilection. Il nous est agréable de suivre l’évolution des
personnalités les plus marquantes, et d’en répercuter l’écho à nos lecteurs.
Notre passion pour l’art
de Messiaen et pour la musique contemporaine nous a conduit à repérer Marie Vermeulin comme l’une de ces
personnalités (Pierre Boulez et Philippe Hurel s’étant montrés fort
sensibles à ses interprétations, nous nous sentons en bonne compagnie).
Mais il advient que des interprètes présentent un bon profil dans l’une ou l’autre
esthétique du temps présent, et qu’ils n’apportent aucun éclairage valide aux
répertoires tant parcourus par leurs collègues ; il arrive aussi qu’ils
puissent faire passagèrement illusion dans des œuvres pour lesquelles on n’a
aucun critère comparatif, et que les grands classiques révèlent leurs failles.
C’est pourquoi il s’avère toujours utile d’entendre un interprète dans une
large palette de répertoires. Nous nous sommes donc rendus le 14 novembre
2010 au Théâtre de Corbeil-Essonnes, où Marie Vermeulin donnait un récital
Chopin, domaine où la concurrence est rude (notamment en cette année du
bicentenaire !). Dès les premiers instants de la Polonaise-Fantaisie op.61, elle
imprimait au concert un climat de mystère intériorisé décantant tout ce qui
pourrait occulter la fantastique liberté prémonitoire de cette œuvre tardive, à
la forme et à l’expression tellement inédites. Dans l’Impromptu n°2, elle s’appuyait sur
l’observation de tout ce qui se passe dans les voix intérieures pour faire
surgir les surprises d’un audacieux déroulement harmonique. Son jeu perlé
lui permettait de timbrer avec clarté les ppp les plus diaphanes. Les Nocturnes op.27 n°1 et 2, trop souvent (mal) entendus, émanaient d’une seule coulée
poétique que nul écart ne venait dévier. Quant au mouvement lent de la Sonate n°3, il nous réservait un
autre moment magique de contemplation épurée. Ceci dit, il semble
opportun de rappeler aux organisateurs que ce n’est pas parce qu’un(e) artiste
est jeune qu’il faut lui mettre n’importe quel instrument sous les doigts.
Le respect dû au talent consiste aussi à lui permettre de disposer des
meilleurs outils.
Marie Vermeulin ©DR
Pascal Amoyel a fondé
depuis l’an dernier un festival, Notes
d’automne au Perreux-sur-Marne, dont l’un des axes repose sur la rencontre
entre littérature et musique, d’où la présence à l’affiche des plus grands
comédiens (Jean Piat, Brigitte Fossey, Macha Méril,
Christophe Malavoy, Charles Berling…). Mais en reprenant un
spectacle qu’ils avaient imaginé en 2005, Pascal Amoyel et Emmanuelle Bertrand se
faisaient eux-mêmes comédiens, sans lâcher leurs instruments (18 novembre
2010) : le Block 15, ou la
musique en résistance s’appuie sur les livres bouleversants du compositeur
varsovien Simon Laks et de la violoncelliste Anita Lasker-Wallfisch (mère
du célèbre Raphaël Wallfisch), survivants des orchestres de prisonniers
d’Auschwitz (un orchestre de détenus masculins, et un autre dans le camp des
femmes, celui-ci ayant été dirigé par Alma Rosé, la nièce de Gustav Mahler).
Guidés par Jean Piat et Christian Fromont pour la partie théâtrale
qui, par éclats allusifs, retrace sobrement le vécu de cette expérience inouïe,
les deux musiciens ont conçu un tissé d’extraits musicaux s’insérant avec un
à-propos judicieux dans la trame historique. Ainsi, à travers des moments
de la Totentanz de Liszt, de la Sonate de Guerre (pour piano seul)
et de la Sonate de Requiem (pour
violoncelle et piano) d’Olivier Greif (lui-même fils de déporté), ou
encore le Nocturne en ut# mineur de Chopin, porteur de
toutes les évocations d’exil, observions-nous chez Pascal Amoyel
l’élasticité du poignet et de l’articulation qui se joue du clavier avec une
souplesse plastique rejaillissant sur le modelé du phrasé et du son.
Ainsi recevions-nous le son émanant du plus profond d’Emmanuelle Bertrand,
ses cordes graves très « mâles » dégageant une résonance subjuguante,
portée par un vibrato généreux, son art de timbrer d’une voix personnelle les
deux cordes médianes réputées plus difficiles ; en attestaient au passage
la Gigue de la première Suite de Bach, Itinérance de Pascal Amoyel, la Chanson juive d’Ernest Bloch, un extrait de la Sonate pour violoncelle et piano de
Simon Laks… Pascal Amoyel et Emmanuelle Bertrand sont des
artistes intenses, qui s’immergent de toute leur âme dans chaque note qu’ils
communiquent en partage, en communion universelle, à leurs auditeurs ; le
sommet en fut offert lors du mouvement pour violoncelle et piano du Quatuor pour la fin du Temps de
Messiaen : combien d’interprètes craignent les tempi à valeur d’éternité
du compositeur, parce qu’ils ne savent pas les habiter ; ce soir-là, nous
fûmes transportés par une Louange à
l’Éternité de Jésus telle qu’on ne l’avait jamais plus entendue, peut-être
depuis la mythique création de 1941, avec une capacité à soutenir la
concentration du message spirituel jusqu’au plus haut de l’adoration
(« infiniment lent, extatique », indique la partition), une émotion à
faire pleurer les pierres d’un stalag ou d’un camp de concentration, Emmanuelle Bertrand
osant d’irréels pianississimi d’un
crin ténu d’archet, Pascal Amoyel conduisant le souffle des harmonies
messiaenesques en abolissant la matérialité du piano. Les Notes d’Automne devenaient, sur la scène du Perreux, notes
d’éternité, inoubliablement…
Pascal Amoyel et Emmanuelle Bertrand ©DR
Les 20 et 21 novembre
2010, le temps d’un week-end condensé sous le titre La Folle Nuit à Gaveau, René Martin et François-René Martin
exportaient dans la capitale le concept de fête du piano à jaillissement
continu qui, de Nantes à La Roque d’Anthéron en passant par la Grange
de Meslay (et maintenant dans diverses métropoles étrangères !), a
fait le succès de leurs entreprises. On notait d’ailleurs, dans le public
de Gaveau, maints aficionados suivant,
comme en caravane, René Martin et ses artistes de festival en festival !
Il s’agissait, cette fois, d’inviter les pianistes réunis sous le label Mirare
à faire entendre « en chair et en os », par tranches d’une heure,
leurs programmes discographiques afin de promouvoir les références du label.
Le pari n’allait pas de soi : s’il était normal que Brigitte Engerer et Daniel Mesguich affichent complet avec une soirée Liszt/Lamartine (mais nous reviendrons sur
ces Harmonies poétiques et religieuses en commentant dans notre prochaine Lettre le disque qui marque le premier événement préludant à l’année Liszt),
d’autres heures musicales, consacrées à des programmes moins courus, se
donnaient devant des parterres plus clairsemés. Là se révélaient des
pépites précieuses, dont nous allons cueillir quelques éclats, au gré d’un
parcours sans exhaustivité (que le lecteur nous pardonne !).
Brigitte Engerer et Daniel Mesguich ©DR
Le premier concert
braquait les projecteurs sur Adam Laloum jouant le Brahms des dernières années (le disque paraîtra l’année
prochaine) : le jeune homme faisait sien le journal intime du compositeur
au soir de sa vie, avec un art de nous envelopper collectivement dans ce qui
semblait pourtant une confidence murmurée entre lui seul et son piano.
Sachant sonder les registres contenus par un toucher très contrôlé, il se
concentrait sur la densité de pensée à faire passer dans les nuances les plus
introverties. Brahms imprime un cheminement harmonique n’obéissant
parfois qu’à l’étrangeté de son errance intérieure, et Adam Laloum nous
émouvait par son attention portée à ces détails d’écriture ; pourtant
l’expérience et l’analyse le conduiront – espérons-le – à comprendre l’étoffe
pour ainsi dire symphonique qui sous-tend tout le pianisme brahmsien et manque
actuellement à son interprétation : l’écriture du compositeur allemand
repose (que ce soit à l’orchestre, au piano, en musique de chambre) sur des
graves qui en constituent les fondations à partir desquelles s’élancent les
arcs-boutants ou se confessent les expressions intimes ; or ce sont ces
soubassements, porteurs de dramatisme autant que de l’identité brahmsienne, qui
font encore défaut au jeune interprète. À se refuser des écarts par
rapport à son parti pris tout en délicatesse, Adam Laloum ne contrastait
pas assez les Rhapsodies op.79
encadrées par les op.117 et 116, ou bridait le Presto energico et l’Allegro agitato des Capricci extrêmes de l’op.116.
Mais il a, en lui, une vraie nature profonde, et toutes les qualités qui ne
s’apprennent pas ; gageons alors que nous suivrons une évolution
passionnante. Un regard promené sur les rangs environnants amena une
constatation choquante : Adam Laloum jouait devant un auditoire du
« troisième âge ». Louons sans réserve les « seniors »
qui, ayant entendu tant de pianistes des générations précédentes, avaient
encore la curiosité assez en éveil pour venir découvrir un artiste de 22 ans,
mais déplorons que les jeunes, un samedi à 11 heures du matin, n’aient pas
été capables de se lever pour écouter un talent si remarquable de leur
âge !
Adam Laloum ©DR
Après cette heure dense
d’implication intime, comme le jeu de Shani Diluka sonnait extérieur et artificiel ! On avait l’impression de
rétrograder à l’époque des récitals d’antan où les « classiques favoris »
de Mendelssohn, Chopin, Beethoven (l’Appassionata)
étaient pensés, non dans une réflexion construite pour éclairer leur itinéraire
spécifique, mais dans l’optique du « comment briller » en enchaînant
les pièces convenues du répertoire. Les concerts monographiques
subséquents allaient achever de déclasser une telle manière, aujourd’hui
désuète.
Nous avons déjà dit, le
mois dernier, tout le bien que nous inspirait le magnifique disque Chabrier d’Emmanuel Strosser : vérifier
cette musicalité en « son réel » ne pouvait que confirmer notre
adhésion, d’autant plus sentie que nous avouons avoir professé dans le passé
bien peu de goût pour ce compositeur. Emmanuel Strosser a donc
réussi à nous convertir, et nous reconnaissons très volontiers qu’il fait de l’Improvisation (des Dix pièces pittoresques) ou du Caprice (des Cinq pièces posthumes) de
grandes pages de musique, anéantissant tous les clichés condescendants sur
Chabrier. En bis, il diffusait une vaporeuse fragrance poétique sur la
délicieuse sensualité de Ravel écrivant À
la manière de… Chabrier.
Emmanuel Strosser ©DR
Luis Fernando Pérez, lancé dans les festivals
de René Martin, nous revenait avec un programme Granados préfigurant un disque
à venir. Nous ne cessons d’observer avec fascination combien Pérez
s’affirme comme un véritable « savant » ès-piano, tant il a poussé
loin la mise en œuvre des différents facteurs se combinant pour produire
l’émission sonore, du poids sur la touche (ce qu’enseignait déjà Blanche Selva,
créatrice de tant d’œuvres d’Albéniz) à l’art de gouverner les résonances par
les pédales. Cette sapientia opérant en renfort de la fièvre intérieure que l’on sent bouillonner chez cet
Espagnol, incarne à notre goût l’idéal de ce que doit être l’art de faire
parler un piano. Une telle maîtrise lui permet de donner une vie
inaccoutumée à son rubato en faisant marcher de pair, avec une instantanéité
indécelable, le relief sonore et la conduite agogique animant une intention.
Sondant son sujet musical
comme on entre dans une traversée de l’introspection, il va chercher au fond de
chaque page de Granados tout ce que l’on peut en extraire d’intensément
expressif. Sont ainsi balayés les relâchements parfois passéistes, la
grâce un peu fanée qui subsistent chez certaines pièces mineures de Granados,
et Luis Fernando Pérez nous entraîne très au-delà des interprétations
pourtant si réputées d’Alicia de Larrocha. À projeter des couleurs
si profondément opulentes, il mit la salle en délire. S’adressant
ingénument au public pour lui avouer qu’il se produisait pour la première fois
à Paris, il déchaîna un nouveau tonnerre d’applaudissements, résonnant comme
une invitation à revenir très vite ! En bis, il offrit la virtuosité
d’Albéniz (Asturias, éblouissante),
un clin d’œil à Paris (Poulenc : Improvisation sous-titrée Hommage à
Édith Piaf), et enfin la passion intérieure du Nocturne en ut mineur op.48 n°1 de Chopin. Luis Fernando Pérez
n’a que 33 ans, mais il s’impose déjà comme un des plus grands pianistes
du monde.
Luis Fernando Pérez ©DR
Du même âge, le pianiste
israëlien Iddo Bar-Shaï apporte un
amour de ciseleur aux maîtres du XVIIIe siècle ; par des
doigtés étudiés, par un art de timbrer l’una corda,
il raffine les plans sonores de Mozart, Haydn, Scarlatti sans excéder le
spectre des nuances les plus délicates. Il étend cette délicatesse aux Mazurkas de Chopin, ce qui les limite à
l’aspect « journal intime » mais les prive du caractère typé de leurs
racines. Trois Mazurkas de
Scriabine s’inséraient aussitôt, en un parallèle révélateur de l’évolution du
compositeur russe, depuis le très chopinien op.3 n°7 jusqu’au langage beaucoup
plus personnel de l’op.40 n°1. On émet le vœu qu’un programme Scriabine
vienne enrichir la discographie d’Iddo Bar-Shaï. Mais quel dommage que
ses extravagantes mimiques le rendent insupportable à regarder !
Iddo Bar-Shaï ©DR
On lira ci-dessous, en
rubrique disques, l’émotion que nous ont inspirée les disques de Claire Désert consacrés aux
recueils les moins diffusés de Schumann, émotion intacte en la réécoutant sur
scène. Une interprétation idéale de Schumann doit relever le défi (encore
plus psychanalytique que musical) d’endosser toutes les humeurs, les
impulsions, les foucades, les métamorphoses subites, mais aussi les élans
lyriques, l’autorité hardie, la prescience des tragédies, la course à l’abîme,
qui se catapultent, se heurtent ou se chevauchent dans les formes brèves du
compositeur. Malgré la cohorte de pianistes ayant, depuis plus d’un
siècle, inscrit celui-ci à leur répertoire, convenons qu’il n’est pas si
fréquent de trouver une prise en compte totale de cette cataracte d’états d’âme
révélatrice de la complexité fatale qui devait finalement abattre le psychisme
fragile du génial Robert. Or cette faculté de s’assimiler et de
communiquer toute la psychologie du musicien, nous la trouvons pleinement
réalisée, avec évidence, chez Claire Désert : en cela, elle nous
comble et nous pouvons oser la désigner comme l’une des plus grandes
interprètes de Schumann au monde, mais on ne le sait pas encore assez !
Après deux Novelettes, et les Bunte Blätter, elle nous quittait
sur l’envol hors du temps de L’Oiseau prophète…
mais ce n’était que pour mieux réapparaître, on va le voir.
Claire Désert ©DR
La foule reprenait
d’assaut la Salle Gaveau pour se fédérer autour de la célébration schubertienne
de Jean-Claude Pennetier. Car
il y a comme de la communion autour d’un rituel, dans l’unité par laquelle un
auditoire entier, la respiration suspendue, se relie à cet artiste hors du
commun qui nous élève vers les sphères spirituelles. L’expérience
révélatrice fut d’aller entendre son récital depuis des places diverses et
encaissées : que la Salle Gaveau soit un écrin idéal pour le son
pianistique, nous le savons, mais il était néanmoins stupéfiant de vérifier à
quel degré de pureté, de plénitude dans sa beauté, atteint l’émission sonore
façonnée par Jean-Claude Pennetier, au point que pas une altération de sa
qualité ne vient troubler ou amoindrir sa diffusion, jusque dans le recoin le
plus reculé de la salle. Après des Impromptus op.142 n°2 et 4 d’une limpidité coulant de source, Jean-Claude Pennetier
reprenait la Sonate D.959 déjà entendue
cet été à la Grange de Meslay ; comme tout artiste en perpétuel
chemin de questionnement, il nous donnait à découvrir des émotions nouvelles,
enchaînant les vastes mouvements selon un sens puissant de la direction à
imprimer au flux imposant, passant imperceptiblement de la simplicité la plus
éthérée aux orages soulevés avec un souffle profond. Afin de recréer la
convivialité amicale régnant autour de Schubert, Jean-Claude Pennetier
demandait à Claire Désert de le rejoindre (à dire vrai, il ne le lui avait
demandé qu’une heure auparavant !) pour un bis à quatre mains, une Danse Allemande enlevée avec une
fraîcheur exquise par ces deux merveilleux complices.
Jean-Claude Pennetier ©DR
Paris de la musique et paris sur
la musique…
Sous ce titre en forme de jeu de mots se
cache une initiative de Musique nouvelle
en liberté, sous l’égide de la Mairie de Paris, présentant en six concerts
à programmation « mixte » un florilège de créations mondiales ou
parisiennes (des « paris » sur l’avenir, donc). Trois soirées
attirèrent nos pas.
Au Théâtre des Bouffes du Nord (15 novembre
2010), le Quatuor Diotima, très
en pointe dans le domaine de la musique contemporaine, couplait Gilbert Amy
et l’École de Vienne. Le compositeur français fut remarqué à ses débuts
en tant que disciple de Boulez, ce qui le classait dans le prolongement des
pères du dodécaphonisme. Mais son nouveau Quatuor à cordes (le troisième) respire plus librement,
sans renier les canons (c’est le cas de le dire) polyphoniques. Pourtant,
il était comme écrasé par le voisinage d’œuvres maîtresses des Viennois.
Quatuor
Diotoma ©DR
Profitant de la présence à Paris de Marie-Nicole Lemieux, les Diotima
proposaient la Suite Lyrique de
Berg avec, sur l’un des mouvements, le poème chanté de Baudelaire inscrit en
message personnel par le compositeur sur l’exemplaire offert à la femme aimée,
Hanna Fuchs. Ils donnaient aussi, en première française, la Bagatelle pour quatuor et voix écrite
par Webern consécutivement à la mort de sa mère. Dans ces deux cas
(d’inspiration très biographique), l’apport de la voix enrichit d’une touche
plus humaine l’écriture – par définition plus abstraite – des cordes. Le
sommet du concert résidait dans le monumental Quatuor en ré mineur de Zemlinsky qui fut une source d’enseignements pour Alban Berg
(d’évidentes connexions justifient leur programmation conjointe) : les
Diotima y évoluèrent avec une aisance confondante ; le violoncelliste
Pierre Morlet réussit même très précisément la scordatura à la volée que le compositeur impose à la corde de do le temps d’une note (!), et qui
constitue toujours un risque, la remise à niveau de la corde pouvant faire
qu’elle ne tienne pas l’accord le reste de la pièce.
L’Orchestre de Paris s’associait à cette
programmation festivalière en donnant la création française des Variations orchestrales sur une œuvre de
Janáček (2006), dues à la jubilation d’orchestrateur de Marc-André Dalbavie (17 novembre
2010). Une page extraite de Dans
les brumes du compositeur morave fournit l’inspiration aux glissements des
jeux de métamorphoses ; de ces brumes naît un climat poétique d’une
extrême homogénéité à travers ses évolutions dans l’espace. David Zinman a conduit avec une
précision et une beauté sonore admirables ces fondus enchaînés d’objets
sonores à l’indétermination savamment entretenue au sein d’une construction
fondée sur un principe de variation habilement nimbé. Le chef américain,
on le sait, passe aisément du plus imposant répertoire post-romantique à
l’approche historicisante des maîtres antérieurs.
David
Zinman ©DR
La clarté délinéant son dialogue avec Stephen Kovacevich dans le Concerto n°1 de Beethoven, en
témoignait. Le pianiste, lui aussi américain, s’impose depuis plusieurs
décennies comme l’un des plus grands beethoveniens, même si son entreprise
discographique en ce répertoire fut autrefois retardée par une concurrence
déplorable au sein de sa première maison de disques. De sa position à
l’assise extrêmement basse (le clavier au niveau du milieu de la poitrine), il
contrôle avec une attention détaillée chaque dessin du vaste discours musical
et en révèle les moindres accents. Maintenant septuagénaire, il conserve
une fraîcheur intacte à explorer sans relâche son compositeur fétiche.
Stephen
Kovacevich ©DR
En deuxième partie, David Zinman
persévérait dans son optique classicisante, l’appliquant avec une incontestable
clarté à la Symphonie n°9, « La Grande », de Schubert.
Pourtant, on songe avec nostalgie à la dimension pré-brucknerienne que d’autres
chefs ont insufflé à ce monument, au premier rang desquels Carlo Maria
Giulini qui nous entraînait dans un temple de l’esprit à la grandeur inouïe.
Autres esthétiques au fil du programme
suivant des « Paris de la musique », qu’ouvrait une création mondiale
de Vincent Paulet par
l’Orchestre philharmonique de Radio France (19 novembre 2010).
Le titre Volcaniques se rapporte plus
aux inquiétudes (au sens étymologique) d’états psychologiques qu’à de
telluriques phénomènes naturels ; le compositeur a travaillé son
orchestration par un raffinement très étudié de superpositions de dynamiques…
qu’il nous reste encore à entendre.
Vincent
Paulet ©DR
Le manque de préparation et la direction
trop globale du chef Lawrence Foster ne permirent pas le travail du son
qui aurait façonné l’identité de la vie intérieure prévalant dans cette
succession de trois mouvements. Par bonheur, les musiciens de l’orchestre
eurent à cœur de s’y engager avec élan. La mission n’était guère
facilitée par le fait que le vecteur le plus accessible du rebondissement
expressif, à savoir les matériaux thématiques (puisque Vincent Paulet se
veut fidèle au thématisme), souffre ici d’une certaine pâleur impersonnelle.
Attendons pour cette œuvre des éclairages plus fouillés… Il y avait, de la part
du chef, aussi peu de recherche interprétative dans le Concerto en sol de Ravel. Nous avions entendu, il y a
quelques mois (quelques mois seulement !), la même œuvre par le même
orchestre dans la même salle (!), magnifiée par une sublime et inventive
recréation de Roger Muraro et Myung-Whun Chung. Cette fois, tout
l’impact de l’œuvre reposait sur les épaules de Jean-Efflam Bavouzet, par bonheur rythmicien irrésistible qui
ralliait à lui les musiciens de l’orchestre… et le public. Sa motricité
imparable projetait les traits d’une détente ferme et souple à la fois, et
dominait d’une élégance bien découplée l’unité fondamentale des trois
mouvements. En bis, Jean-Efflam Bavouzet eut l’originalité bienvenue de
donner la Toccata de Massenet, avant
les Jeux d’eau de Ravel.
Après l’entracte, la fluviale Symphonie de Dukas faisait donner ses feux sans restriction car une telle orchestration a
le mérite de sonner toute seule ! Composée en 1895-96, elle porte la
trace évidente de la vague wagnérienne qui submergea la musique française de ce
temps, et mérite mieux que l’oubli dans lequel elle est tombée ces dernières
années.
Jean-Efflam
Bavouzet ©Guy Vivien
Poursuivant nos pérégrinations orchestrales
parisiennes, nous nous réjouissions de réentendre un chef-d’œuvre trop rarement
programmé, le Double concerto de
Brahms. Olivier Charlier et Henri Demarquette communiquaient leur bonheur de jouer ensemble,
s’entrelaçant ou s’unissant (l’unisson thématique du deuxième mouvement) dans
un chaleureux esprit de partage, malheureusement l’Orchestre Colonne n’a pas
encore retrouvé les moyens de ses ambitions et ne pouvait les sertir d’un écrin
sonore assez préparé (une Alborada
del gracioso à traits épais nous avait fait craindre le pire, d’entrée
de jeu !). Pourtant, l’enthousiasme de Laurent Petitgirard [notre photo] réussissait à donner une vie
pleine de relief à la première Symphonie de Dutilleux, dont il bissa l’éblouissant scherzo. Par ailleurs, Laurent Petitgirard
rendait hommage à Aubert Lemeland, disparu le 15 novembre dernier, en
insérant dans le programme le Sanctus de sa Messe brève pour orchestre
à cordes.
©DR
Kristjan
Järvi n’est jamais que le troisième chef d’orchestre de la famille, mais pas le moins
original. Il dirigeait l’Orchestre national de France dans un étonnant panorama
russo-américain du XXe siècle (25 novembre 2010). Le
célèbre fox-trot The Chairman Dances de John Adams présente tous les traits irritants de la musique répétitive
mais il faut convenir que, lorsque le chef fait bien « monter la
sauce », on peut y trouver un certain amusement. Certes,
Kristjan Järvi ne trouvait pas l’exubérante tension rythmique qu’y injecta
par exemple un Simon Rattle, mais – bah… ! – son plaisir
rejaillissait sur les musiciens. Stravinsky représentait le cœur (ô combien
plus audacieux et moderne, bien qu’avec des œuvres datant des années 20 !)
du programme : quand un piano voit Alexander Toradzé se profiler sur scène, il peut s’attendre à être brutalisé (et pas seulement le
clavier : on se demande comment le mécanisme de la pédale forte peut résister à un tel trépignement
sauvage !), mais dans les cas où l’on veut orienter la perception d’une
partition, la personnalité très originale du Géorgien s’avère déterminante.
S’emparant d’œuvres de la période néo-classique de Stravinsky, le Capriccio pour piano et orchestre et le Concerto pour piano et instruments à vents (plus contrebasses, plus la percussion inopinée des pieds de Toradzé sur le
sol !), les deux partenaires y détectaient des distorsions d’une mordante
actualité, accusaient les arêtes relançant constamment l’imprévisibilité du
discours, rehaussaient les déguisements posés sur des thèmes trempés dans
l’encre du XVIIIe siècle, aboutissant à un portrait cubiste de cet
oblique néo-classicisme qui – quoiqu’en disent d’illustres détracteurs –
demeure impérissablement de la pure eau stravinskienne. Le corps de vents
de l’ONF conféra une riche pâte sonore à cette écriture. Bien
postérieures, les Danses symphoniques de Rachmaninov nous ramenaient à une chaleureuse rondeur post-romantique, et la
direction chorégraphique de Kristjan Järvi y fit merveille.
Kristjan
Järvi ©DR
Notons avec le plus haut intérêt que le
chef avait choisi une disposition des l’orchestre inspirée de la Philharmonie
de Leningrad : violons I à gauche, violons II à droite, entre
les deux une « barre » d’altos puis – derrière – deux rangées de
violoncelles, 4 contrebasses à gauche, 4 contrebasses à droite (ce
qui était – fort intelligemment – le cas dans le dispositif du Concerto de Stravinsky, évitant que le
son des seules cordes de l’orchestration n’émane que d’un même côté) ;
pour que la réalisation de ce prestigieux modèle soit complète, il aurait fallu
que l’étagement en gradins de l’orchestre se prolonge vers plus d’élévation (au
Théâtre des Champs-Élysées, l’implantation trop à plat de l’orchestre nuit
vraiment à une harmonieuse diffusion des équilibres sonores) afin de reproduire
ces dispositions en éventail (en entonnoir) jusqu’aux groupes de vents.
L’incidence sur la couleur orchestrale n’est pas mince, et la projection des
graves, le fondu des synthèses de groupes s’en trouvent considérablement
accrus. Insistons sur ce point : la standardisation des dispositions
d’orchestre symphonique (deux formules passe-partout prévalent, en gros) est
contraire au discernement des mises en lumière coloristiques qu’appelleraient
tels ou tels styles d’orchestration.
Sylviane Falcinelli.
***
Intégrale des Cantates de
J.-S. Bach : douzième saison.
Dimanche 7 novembre 2010, Temple du Foyer de l’Âme : Cantate BWV 52 : Falsche Welt, dir trau ich nicht.
En mars 2000, Freddy Eichelberger,
organiste titulaire, a eu l’heureuse initiative de lancer cette Intégrale au
Temple du Foyer de l’Âme (7bis, rue
du Pasteur-Wagner, Paris XIe) qui, depuis 2009, dispose d’un
orgue Quentin Blumenroeder convenant tout particulièrement à la musique
baroque. Ces auditions attirent toujours un vaste public qui apprécie à
leur juste valeur ces Cantates recréées à Paris dans l’esprit voulu par le Cantor.
Fr. Eichelberger a introduit ce brillant
concert par la Toccata en fa majeur (Bux WV 157) de D. Buxtehude, œuvre majestueuse
nécessitant une grande virtuosité, avec le traditionnel solo de pédale et une
construction précise de la fugue. La Cantate (BWV 52) : Falsche Welt, dir trau ich nicht, pour soprano solo, créée en 1726,
nécessite un orchestre comprenant exceptionnellement 2 cors,
3 hautbois & basson, et il s’était assuré le concours d’une vingtaine
d’instrumentistes de haut niveau. Après la Sinfonia très allante, bien enlevée et rythmée, le Récitatif s’en prenant à la perfidie et
à l’absence d’honnêteté de ce monde, a été bien rendu par la voix dramatique de
K. Séraphin (soprano). En revanche - après une brève introduction
orchestrale -, l’Air marqué par
un rythme anapestique répété avec insistance rappelle que, pourtant,
« Dieu, lui, reste mon ami », et le Récitatif confirme sa fidélité. Enfin, le deuxième Air, après une introduction colorée
notamment par les hautbois, traduit la confiance face aux moqueries et fait
appel à quelques vocalises souples sur also (ainsi), « je repousse les moqueries ». Le choral final : In dich hab’ ich gehoffet, Herr, sur le
texte (1533) d’Adam Reusner et la mélodie (1581) de Sethus Calvisius,
avec tout l’effectif, a été suivi du choral éponyme pour orgue (BWV 712)
de J.-S. Bach, de plus en plus orné et animé, avec de nombreuses entrées
successives, posant - grâce au remarquable organiste titulaire - un lumineux
point d’orgue sur cet inoubliable concert. Et surtout : ne pas
manquer la cantate Nun Komm, der Heiden
Heiland (BWV 62), le dimanche 5 décembre 2010, à 17h30, dans
l’authentique tradition luthérienne.
Édith Weber.
Paavo JÄRVI
souverain, Salle Pleyel. Œuvres de Sibelius,
Chostakovitch & Prokofiev. Orchestre de Paris, dir. Paavo Järvi.
Steven Isserlis (violoncelle).
Encore
un magnifique concert proposé, Salle Pleyel, par le chef estonien à la tête de
son orchestre. Un programme original et audacieux qui avait, malgré tout,
rempli la salle, superbement dirigé de bout en bout. En première partie,
le dernier des poèmes symphoniques de Sibelius, Tapiola, composé en 1926, créé la même année à New York par
Walter Damrosch. Paavo Järvi en donna une vision
expressionniste, illustrant parfaitement, par sa direction, le programme en
quatre variations de cette pièce orchestrale consacrée au monde mystérieux de
la forêt nordique (étendue de la forêt, mystère, divinité des bois, sylvains
familiers) allant des chuchotements aux cris, de la sérénité à la terreur dans
une formidable peinture sonore du grand nord finlandais. Vint ensuite, le Concerto n°1 de Dmitri Chostakovitch, composé en 1959, et interprété par
Steven Isserlis, une interprétation de qualité, alliant virtuosité et
sensibilité, faisant preuve d’une très belle sonorité (Stradivarius « Le
marquis de Corberon », 1726) dans la cadence, mais manquant un peu
d’attaque dans les premier et dernier mouvements. La seconde partie fut
entièrement consacrée à la difficile 6e Symphonie de Serge Prokofiev, composée entre 1945 et 1947, créée en 1947 par
Mvravinski. Là encore, Paavo Järvi en donna une vision contrastée et
cohérente, d’une grande profondeur, mettant en avant la qualité de l’orchestre,
sachant allier le feu et l’eau, respectant l’architecture musicale complexe de
l’œuvre avec une science indéniable des nuances et du phrasé. Un
magnifique concert et une complicité évidente entre chef et musiciens qui nous
font attendre avec impatience la prochaine prestation.
©Sasha Gusov
Otello de Rossini, au Théâtre des Champs-Élysées. Tragédie lyrique en trois actes. Version
de concert. Orchestre & chœurs de l’Opéra de Lyon, dir. Evelino Pidò.
John Osborn (Otello), Anna Caterina Antonacci (Desdemona),
Marco Vinco (Elmiro), Dmitry Korchak (Rodrigo), José Manuel Zapata
(Iago), José Maria Lo Monaco (Emilia).
Les Otello se suivent, au TCE, et ne se
ressemblent pas ! Après celui de
Verdi, il y a quelques jours, chroniqué dans notre précédente Newsletter, c’est
aujourd’hui Otello, ossia il Moro
di Venezia de Rossini qui nous est proposé, toujours en version de
concert, sous la direction d’Evelino Pidò, éminent spécialiste de l’opéra
italien, et du bel canto, en particulier. Si Verdi avait été assez
mal servi, Rossini s’en tire plutôt bien. Cet opéra peu connu, composé en
1816, est le dix-neuvième opéra de Rossini (il avait 24 ans). L’ouvrage
bénéficia d’un grand succès lors de sa création à Naples, jusqu'à ce que l’opéra
homonyme de Verdi soit créé en 1887, l’éclipsant alors, quasi définitivement.
Force est de reconnaitre que la postérité ne fut pas injuste, compte tenu de la
faiblesse du livret de Francesco Maria Berio, de son invraisemblance et de
l’absence de dramaturgie cohérente. Attachons-nous donc à la seule musique,
et ce fut un indéniable succès. Evelino Pidò [notre photo], dans sa
gestique atypique, danse, chante, mais dirige également avec conviction
musiciens et chanteurs, tous très à l’écoute et complices, pour un résultat
musical très réussi, associant la belle sonorité de l’orchestre, notamment des
vents, à une qualité vocale sans faille.
©DR
La
distribution était, en effet, fort homogène, avec une mention particulière pour
le Rodrigo de Dmitry Korchak, remarquable de bout en bout, et la Desdemona
d’Anna Caterina Antonacci [notre photo], émouvante dans sa magnifique
cantilène. L’Otello de John Osborn ne fut pas, quant à lui,
totalement convaincant, manquant de grave, de puissance et de charisme.
Signalons, enfin, les très beaux ensembles vocaux, la complémentarité des
différents timbres et tessitures des trois ténors et des deux sopranos,
l’orchestration des récitatifs, à mettre au crédit de cet opéra, et expliquant,
sans doute, l’attrait qu’il exerça sur les étoiles du chant depuis sa création.
©Pietro Spignoli
Patrice Imbaud.
L'Orchestre Révolutionnaire et Romantique à
Pleyel : de Brahms à Schumann
Après
leurs exécutions des symphonies de Brahms, les saisons passées, John Eliot Gardiner
[notre photo] et ses musiciens, jouant sur instruments d'époque, en
viennent à Schumann. Cette musique en acquiert une couleur particulière
qui se révèle frappante dans l'Ouverture de Manfred par laquelle débute le concert. Vaste tableau, elle met à nu l’imagination
féconde de Schumann, enfiévrée par le poème de Byron et ce héros mélancolique
de Manfred dans lequel il s'identifie. La musique se fait tour à tour
fantasque, étrange, presque effrayante, avant de s'éteindre comme dans un
souffle. Elle se manifeste encore plus naturellement à travers la 3e Symphonie dite
« Rhénane ». Les dimensions sont ici imposantes : quelque
35 minutes et cinq mouvements. L'interprétation de Gardiner est
lumineuse quoique n'épargnant pas la robustesse qui accompagne plus d'une
séquence, au scherzo en particulier, et une exubérance caractéristique.
Le troisième mouvement, marqué « Feierlich » - solennel - est
empreint de ce sentiment de fatum, cher à l'auteur, qui se vit presque comme
une marche funèbre. L'ultime mouvement revient à la thématique populaire
avec l'emphase portée sur les cuivres, non sans une certaine sécheresse dans le
climat de réjouissance.
©Sheila Rock/Decca
Au
milieu de ces deux morceaux, le Concerto
pour violon & violoncelle de Brahms fait figure de savant intermède.
Pour son ultime œuvre confiée à l'orchestre, le compositeur fait usage d'une
combinaison instrumentale rare. Elle exige deux solistes chevronnés.
Pour une de ses (trop) rares apparitions parisiennes, le violoniste
Thomas Zehetmair fait grande impression par un jeu feutré et d'une sûre
musicalité. Il faut dire que cet artiste, féru de musique de chambre, ne
cherche pas l'effet. Le jeune celliste zurichois Christian Poltéra
lui non plus, chambriste tout autant passionné. Il donne une réplique
aussi assurée que toute en nuances. La partie purement orchestrale qui
réclame un sens de l'équilibre et de la dynamique, est justement ménagée par le
maestro Gardiner, là encore dans son élément. Joli clin d'œil de fin
de concert que de faire revenir les deux solistes pour donner, en bis, le
mouvement lent du Concerto pour violon du même musicien. N'y trouve-t-on pas une partie de violoncelle
obligé ! Comme une fine réplique au double concerto de Brahms.
Le LSO à Pleyel : le romantisme vu par
sir Colin Davis
Dans
le cadre de sa résidence à la Salle Pleyel, le London Symphony Orchestra -
cette fois dirigé par Colin Davis, son président - proposait un programme
dans la grande tradition romantique. La 3e Symphonie,
dite « Écossaise », de Mendelssohn, trop rarement jouée, fait partie
de ces œuvres qui réjouissent l'âme. Sir Colin en livre une lecture
sérieuse. Au premier mouvement, où les brumes des highlands rencontrent
le climat fantastique des romans de Walter Scott, la mélodie est reine,
s'attardant en de délicates tournures lors du développement. Le chef la
façonne avec une belle économie de moyens. Il n'est pas utile, en effet,
d'ajouter à ce qui ne demande qu'à se livrer. Les musiciens du LSO savent
d'instinct ce que ces pages comportent en elles-mêmes d'expressivité -
alternance de clairs-obscurs et de mélancolie. Par contraste, le vivace
est tourbillonnant, portant cette patte agile et frémissante dans laquelle est
passé maître l'auteur du Songe d'une nuit d'été. Après un
adagio d'une profondeur abyssale, l'orchestre fait la plus belle démonstration
de sa patine sonore dans un finale enlevé. En seconde partie, le Concerto pour violon de Brahms constitue
un magnifique pendant ; d'autant que Colin Davis le hausse à la
hauteur d'une grande page symphonique, ouvrant au soliste la plus royale des
voies. On a peine à penser que l'œuvre fut si décriée lors de ses
premiers pas. Car elle figure aujourd'hui au nombre des morceaux les plus
convoités du répertoire. Nicolaj Znaider en livre une interprétation
passionnante qui sait garder la tête froide, ménageant un juste équilibre entre
lyrisme et héroïsme. On admire la pureté de la sonorité jusque dans
l'extrême aigu. Il n'y a pas chez lui de recherche de virtuosité,
mais une intensité qu'habitent quelques subtils ralentissements au 1er mouvement,
et un merveilleux legato. Gagné par l'enthousiasme, Sir Colin en
abandonnera même sa légendaire réserve pour laisser filer son orchestre aux
dernières mesures du finale, au risque de couvrir son soliste. Belle
image, lors des saluts, que cette accolade prolongée donnée par le chef à son
jeune collègue : la complémentarité de deux générations de
musiciens ; à l'aune de ce que propose la phalange du LSO qui les mêle si
étroitement pour une remarquable osmose.
LSO ©Alberto Vanzago
Création toulousaine de Mahagonny
Kurt
WEILL : Grandeur et Décadence de la ville de Mahagonny. Opéra
en trois actes. Livret de Bertolt Brecht. Marjana Lipovšek, Chris Merritt,
Nikolai Schukoff, Gregg Baker, Roger Padullés,
Harry Peeters, Valentina Farcas, Tommi Hakala, Magne-Håvard
Brekke. Orchestre
national du Capitole, dir. Ilan Volkov. Mise en scène :
Laurent Pelly.
©Patrice Nin
L'œuvre
phare de Kurt Weill Grandeur et Décadence de la ville de Mahagonny a
toujours suscité l'interrogation : est-ce bien un opéra ? et de
quelle nature ? Se coulant dans le moule des textes de Brecht, Weill
voulait assurément faire quelque chose de nouveau. On a parlé de
théâtre musical, d'opéra épique, voire de « premier opéra surréaliste »
(Theodor Adorno) à propos de ce qui est, selon le musicien, une
« succession de tableaux de mœurs du XXe siècle », à
la manière de Sodome et Gomorrhe. En tout cas, l'œuvre est singulière à
plus d'un titre : son sujet d'abord, une parabole moderne sur la
jouissance envers et contre tout, et une critique de la société
consumériste ; le dessein poursuivi ensuite : en réaction contre
l'opéra-séduction, facteur de jouissance immédiate, une pièce destinée à faire
réfléchir, par un processus de distanciation, manière chère à Brecht ; le
rôle dévolu à la musique encore, qui est plus de commenter le texte que de
l'illustrer, et dont le spectre mélange le song américain - tel le fameux Alabama song - comme la thématique
populaire, et la forme cultive le style ballade, les airs y côtoyant de vastes
ensembles. Un spectacle éminemment visuel enfin, car le plaisir de
l'oreille et de la pensée est aussi celui de l'œil. Laurent Pelly ne
cherche pas à imposer une lecture réaliste et par trop narrative d'une pièce
qui, selon lui, vise à « la mise en valeur de certaines idées, leur
développement plutôt que leur représentation scénique au sens strict ».
Le travail de mise en scène rencontre le désir de créer quelque chose qui soit
« proche du film d'action », et est de fait d'une totale fluidité.
Ainsi de la scénographie, multifonctionnelle, permettant d'enchaîner rapidement
les courtes scènes, elles-même introduites par un récitant : un espace
ouvert, une route, sorte de no man’s land que peuplent quelques éléments éphémères tels que des cadres lumineux
descendant des cintres ou des néons multicolores qui font penser à quelque
publicité omniprésente. L'art qu'a Pelly d'investir la dramaturgie d'une
œuvre rencontre là un terrain propice, en particulier lors des scènes de revue
du II e acte, défense et illustration des quatre commandements
que sont « manger, faire l’amour, se battre,
se saouler ». Le traitement de la masse des habitants de la
ville-piège, essentielle ici, est d'une rare justesse : redoutable impact
des petits groupes, intensité parodique des tableaux humains, telles ces vagues
de manifestants au dernier finale, où tous sont contre tous. L'aspect
pictural, que renforcent des éclairages recherchés sur fond de noir absolu,
libère une théâtralité simple, plus fataliste qu'angoissante.
©Patrice Nin
Le
jeune chef Ilan Volkov entre de plain-pied dans cet univers contrasté qui
croise à l'envi les styles musicaux, aux séquences mouvantes et fragmentées, à
la rythmique trépidante. Ce qui est aussi un challenge pour l'orchestre
dont il faut saluer la performance, la section des bois et celle des cuivres,
notamment. L'œuvre n'est pas aisée à distribuer. Pour deux des
figures principales, on a fait appel à des habitués de rôles de
composition : Marjana Lipovšek est une Léocadia Begbick plus
vraie que nature dans les habits, tour à tour, de championne de la manigance,
tenancière de bordel ou présidente de tribunal ; encore que la composition
soit plus appuyée vocalement que scéniquement. Chris Merritt, avec
ce qui lui reste de voix, mais une sûre maîtrise de la scène, prête au fondé de
pouvoir Fatty des accents sarcastiques. De sa voix de heldentenor,
Nikolai Schukoff possède la force du rôle exigeant de Jim, mais moins la
souplesse du phrasé. La Jenny de Valentina Farcas, aussi séduisante
qu'elle soit, pâlit quelque peu à ses côtés par manque de projection ; ce
qui déséquilibre le duo du IIIe acte. L'investissement
des chœurs ne mérite que des éloges, tout comme celui du récitant qui, lors de
ses interventions en allemand puis dans un français à l'accent singulier,
confère à ce rôle de passeur une place cruciale.
©Patrice Nin
Jean-Pierre Robert.
***
Les Mamelles de Tirésias… à Lyon et à Paris
Francis Poulenc devait trouver dans le
poème surréaliste de Guillaume Apollinaire matière à faire valoir ce qui
chez lui ressortit à la veine comique. Les ressorts de l'histoire inénarrable
des Mamelles de Tirésias, qui croise burlesque exubérant et
farce moralisatrice, lui donnait matière à exploiter sa fantaisie, dans une
sorte de dadaïsme en musique. Belle idée que de faire précéder cette
pochade du ballet Le Bœuf sur le toit de Milhaud,
inspiré du célèbre cabaret parisien, et qui marque les premiers pas du
style jazzy à la française. La mise en scène de Macha Makeïeff nous
promet un spectacle fort mobile et très visuel mêlant mouvement, acrobatie et
illusionnisme.
Opéra
de Lyon : les 2, 4, 7, 8, 10, 11 décembre à 20h00,
le 5 décembre à 16h00, et le 13 décembre à 19h30 (soirée de gala).
Place de la Comédie, 69001 Lyon. Tél. : 08 26 305 325. www.opera-lyon.com
Opéra
Comique : les 7, 10, 12, 13 janvier 2011 à 20h00, le
9 janvier à 15h00. 1, place Boieldieu, Paris IIe.
Tél. : 08 25 01 01 23. www.opera-comique.com
Les Fiançailles au Couvent de Prokofiev, à Toulouse et à Paris
Inspiré de la comédie La Duègne de
l'anglais Sheridan, Serge Prokofiev a écrit avec Les Fiançailles
au couvent un opéra lyrico-comique où se mêlent, en une savante
alchimie, verve proche du buffa italien et fine comédie de mœurs.
Travestissements et échanges d'identité poussent les personnages à être
manœuvrés comme des marionnettes. Comme toujours chez le compositeur, le
lyrisme tient une large part dans une musique où domine une atmosphère
nocturne, proche du ballet Roméo et Juliette. On attend
beaucoup de la direction du chef Tugan Sokhiev, à n'en pas douter chez lui
dans cette partition enlevée, aux ensembles palpitants.
Théâtre
du Capitole : les 11, 14, 18, 19 janvier à 20h00, le 16
janvier à 15h00. 1, place du Capitole, 31000 Toulouse. Tél. :
05 61 63 13 13. www.theatre-du-capitole.fr
Opéra
Comique : les 28 janvier, 1er et 3 février à 20h00, le 30 janvier à 15h00.
Francesca da Rimini à l'Opéra Bastille
L'opéra post-romantique italien du début du
XXe siècle a depuis longtemps déserté la scène parisienne.
Aussi la nouvelle production de Francesca da Rimini est-elle une
occasion rêvée de redécouvrir une pièce marquante d'un répertoire qui, en
réaction au vérisme, ouvre une voix distincte de celle de Puccini. Riccardo Zandonai
(1883-1944) a sans doute écrit là son chef-d'œuvre, porté par le souffle du
poète Gabriele d'Annunzio : à la fois passionné et d'un lyrisme
grandiose, grâce à une orchestration somptueuse qui contribue à en renforcer le
caractère dramatique. La mise en scène qui vient de l'Opernhaus de Zurich,
met en valeur cette belle fresque.
Opéra
Bastille : les 31 janvier, 3, 9, 12, 16, 19 et 21
février 2011 à 19h30, le 6 février à 14h30. 120, rue de Lyon,
Paris XIIe. Tél. : 08 92 89 90 90. www.operadeparis.fr
Jean-Pierre Robert.
***
ORGUE
Henri CAROL : Livre de noëls pour orgue (sans pédale obligée). Les Escholiers
de Sainte Geneviève. Éditions Les Escholiers (edesco@orange.fr) : ESC-HC2 LN.
2010, 89 p.
Soucieux
de mieux faire connaître Henri Carol, Guy Miaille et Isabelle
Miaille-Vonck ont réalisé le texte de présentation, la remarquable conception
de la page de titre - avec une illustration de circonstance en couleurs
indiquant tout de suite le propos : Puer
natus est nobis - et l’excellente saisie informatique. Ces
11 pièces sont dotées des précisions indispensables : registrations, tempi,
nuances et expression. De difficulté moyenne, en principe sans pédale,
certains noëls font toutefois appel à une solide technique digitale et revêtent
aussi une finalité pédagogique. Pour leurs concerts du temps de l’Avent
notamment, les organistes auront le choix entre des noëls savoyard, auvergnat,
bisontin, bourbonnais, provencal… Pour la Messe de minuit, ils
retiendront la Petite suite sur des noëls
populaires (avec pédale) - cortège, adoration, berceuse, carillons.
Cette publication représente un excellent hommage à Henri Carol (1910-1984),
maître de chapelle à la cathédrale de Monaco, très attachant compositeur de
musique religieuse « à l’écart de tout modernisme », maniant avec une
grande aisance diverses techniques (variations, canon, thème renversé…) et
formes (danses…), tout en restant proche de l’esprit populaire des noëls de nos
provinces. Félicitations pour cette Défense
et illustration de l’œuvre de H. Carol. Comme le conclut
G. Miaille : À vous de
jouer !
Édith
Weber.
CONTE MUSICAL
Isabelle
ABOULKER : Histoire du petit Ivan
qui ne voulait pas devenir soldat. Pour récitant et
7 instruments. Partition + parties séparées. Texte en
français & en anglais. Alphonse-Leduc (www.alphonseleduc.com) :
AL 30 494.
Qui ne connaît l’extraordinaire talent de
compositrice, singulièrement pour les enfants, d’Isabelle Aboulker ?
Utilisant cette fois : clarinette, basson, cornet à piston, trombone,
percussions, violon & contrebasse (instrumentation reprise de celle de L’Histoire du soldat de
Stravinski), elle a imaginé et mis en musique cette joyeuse aventure mettant en
scène un volailler mélomane, ses six filles et son fils Ivan,
violoniste au cœur tendre que l’état de soldat ne tente guère. Commande
de l’Ensemble orchestral de Paris, cette œuvre a été créée le 20 janvier
2010.
MUSIQUE DE BALLET
Philippe
SAGNIER (°1936) : La jeune fille
danse… Éditions Armiane (www.armiane.fr).
Distr. Fortin (tél. : 01 48 74 28 21). 21 x
30 cm. Conducteur + parties séparées (clarinettes 1 et 2, alto,
violoncelle, contrebasse, piano, percussions).
L’argument de ce ballet se fonde sur un
poème de Caroline Sagot-Duvauroux, Hourvari
dans la lette (José Corti, 2002). D’écriture fort classique, la
musique de ce ballet devrait être aisément exécutable par des musiciens peu
aguerris (chose rare dans le répertoire contemporain…). Un enregistrement
de l’œuvre devrait paraître incessamment.
VIOLON / ALTO
Valérie
BIME-APPARAILLY : Je débute le
violon / Je débute l’alto. 2 méthodes. 23 x
31 cm, 80 p, ex. mus., photos & ill. couleurs.
CD inclus. Hamelle & Cie éditeurs. Distr. : Alphonse-Leduc.
Ces deux méthodes s’adressent à des enfants
d’environ 5 à 12 ans. Travail conçu à partir de formules musicales
très courtes, à répéter de mémoire, afin de développer une gestique naturelle,
sans tensions ni contraintes liées à la lecture de la partition. Ces
formules sont ensuite appliquées dans des morceaux du CD : plaisir de
jouer avec orchestre, guitare ou big-band. Une approche ludique, éminemment
originale.
VIOLONCELLE
Barbara
MARCINKOWSKA : Nous jouons du violoncelle.
Éditions Armiane (www.armiane.fr).
Distr. Fortin (tél. : 01 48 74 28 21). 22 x 30 cm, parties
séparées (violoncelle / violoncelle & piano). CD inclus.
Après Je
commence le violoncelle, Barbara Marcinkowska (éminente concertiste,
professeur au CNR de Versailles) a fait appel, pour ce nouvel album à divers compositeurs contemporains :
Kanako Abe, Jean Aubain, Régis Campo, Michel Chanard,
Amaury du Closel, Danièle Corsi, Sylvia Filus, Renaud Gigord,
Maria Kovla, Piotr Moss, Alina Piechowska,
Philippe Raynaud, Baptiste Tavernier. Tous arrangements signés
Piotr Moss. Quant aux morceaux, études et exercices de la 1re partie
(à propos, notamment, des « positions »), ils ont été composés
par Barbara Marcinkowska. Le CD inclus réunit 24 pièces
interprétées par l’auteur & l’un de ses plus brillants élèves du CNR,
Pierre Chaniot (11 ans).
Maurice
JOURNEAU (1898-1999) : Sonate pour
violoncelle & piano op.16 (1930). Armiane (www.armiane.fr). Distr. Fortin
(tél. : 01 48 74 28 21). 21 x 31 cm, parties séparées
(violoncelle / violoncelle & piano).
Composée à Nice, cette Sonate en 3 mouvements (Modéré, Lent, Vif) fut créée à Paris, Salle
Cortot, le 18 avril 1931. Fort mélodieuse et techniquement accessible,
elle entrera – n’en doutons pas - au répertoire de nombre de violoncellistes (cf. www.journeau.com).
Max
MÉREAUX : Eau-forte, pour
violoncelle & piano. Armiane (www.armiane.fr).
Distr. Fortin (tél. : 01 48 74 28 21). 21 x 30 cm,
parties séparées (violoncelle / violoncelle & piano).
De la plume du très prolifique Max Méreaux,
cette nouvelle partition (destinée à des étudiants de 3e cycle,
mais qui n’en devrait pas être moins appréciée au concert) fait se succéder plages
expressives et séquences véloces. Tel un mouvement de concerto, Eau-forte comporte une cadence.
FLÛTE TRAVERSIÈRE
Éric
LEDEUIL : La flûte imaginative.
Préface de Patrick Gallois. Méthode élémentaire en deux
volumes : 2e volume. Alphonse-Leduc :
AL 30 367. 23 x 31 cm, 80 p., ill n&b,
ex. mus. CD inclus.
Au-delà de l’indispensable apprentissage par
le biais d’exercices & de morceaux (pièces harmonisées de manière à pouvoir
être jouées de diverses manières : en solo, duo d’élèves ou avec
professeur, trio, accompagné ou non par le piano), la méthode est complétée par
des « ateliers » visant à éveiller l’imagination musicale des élèves,
aussi bien par des exercices auditifs que par l’improvisation, voire la
composition. Sur le CD, chaque pièce est enregistrée avec accompagnement
de piano (version intégrale + play-back). Pour les pièces en duo ou
trio, chaque partie est également enregistrée avec piano.
Éric
ARNAL : Mélodies d’intervalles,
pour flûte (ou hautbois) & piano. Parties séparées. 23 x
31 cm. Hamelle & Cie, éditeur : HA 9 721.
Distr. Alphonse-Leduc.
Fort original est ici le propos : chacune
des 12 pièces qui composent ce joyeux bouquet est mélodiquement construite sur
un intervalle spécifique : Ballade (seconde mineure), En bateau (seconde majeure), Third swing theme (tierce mineure), Vent d’ouest (tierce majeure), Jeux de cartes (quarte juste), Air de Triton, fils de Neptune (quarte augmentée ou quinte diminuée), Le Petit Poucet (quinte juste), Ländler « Le Rouet »
(sixte mineure), Berceuse romantique (sixte majeure), La septième idylle
de Siegfried (septième mineure), Rêverie (septième majeure), Les Colonnes
d’Octavius (octave). Délectable, mais point si facile – autant pour
le soliste que pour l’accompagnateur…
Gordon CARR : Autumn’s
wind is pure, pour flûte & piano (2008). Armiane (www.armiane.fr).
Distr. Fortin (tél. : 01 48 74 28 21). 21 x 30 cm,
parties séparées (flûte / flûte & piano).
Éminemment nostalgique est cette pièce de
Gordon Carr, compositeur réputé outre-Manche. Elle se divise 3
parties : Moderato, Scherzo, Épilogue. Assez facile, nombre de
jeunes musiciens devraient pouvoir l’inscrire à leur répertoire.
HAUTBOIS
Edwin
CARR : Concerto pour hautbois (2002). Réduction au piano : Geoffrey Grey (2003).
Armiane (www.armiane.fr).
Distr. Fortin (tél. : 01 48 74 28 21). 21 x 30 cm,
parties séparées (hautbois / hautbois & piano).
Il est peu de concertos pour le
hautbois. Celui-ci - fort classique et joliment écrit - sera donc tout à
fait bienvenu au répertoire. Trois brefs mouvements : Allegro,
Larghetto, Allegro moderato.
CHANSONS
Jo
GOUGAT : Pêle mêle. Chansons
nouvelles en 4 volumes : 1er volume.
CD inclus. Alphonse-Leduc : AL 30 504.
Ce 1er volume s’adresse à tous
ceux, parents ou enseignants, qui cherchent de nouvelles mélodies à chanter
avec des enfants de 3 à 12 ans. Chacune de ces 20 chansons est,
en outre, documentée sous trois rubriques : Indications
solfégiques / Jeux musicaux (basés sur l’écoute, avec possible adjonction
d’un carillon) / Au-delà… (expression orale, dessins, mise en scène, écoute
d’autres œuvres, etc.). Sur le CD, se trouvent les chants accompagnés
& leurs play-back.
SOLFÈGE RYTHMIQUE
Dominique
LE GUERN & Bruno GARLEJ : Lire
le rythme. « Méthode en poche » n°54.
Hit Diffusion (www.editions-hit-diffusion.fr).
12 x 21 cm, 64 p.
Trois parties : mesures simples, mesures
composées & exercices. Où il est conseillé au néophyte de panacher
trois techniques de lecture : avec le nom des notes en frappant la
pulsation dans les mains / en battant la mesure (tel un chef d’orchestre) /
à l’aide d’un métronome. Remarquablement bien conçu, ce petit ouvrage
rendra de signalés services à tout débutant - autodidacte ou encadré.
GUITARE
Philippe
HEUVELINNE : Je débute… la guitare,
2. Hit-Diffusion (www.editions-hit-diffusion.fr).
23 x 30 cm, 110 p., tablatures, ex. mus., illustrations, CD
+ DVD. 39,80 €.
Suite au 1er volume de cette
plaisante méthode où étaient données les bases techniques de la guitare,
celui-ci permettra au néophyte de progresser grâce à 26 nouveaux morceaux
de styles tels que : picking, folk, jazz, classique, rock, blues… Dont, notamment : San Francisco (Le Forestier), Nothing else matters (Metallica), Et dans 150 ans (Raphaël), The
man who sold the world (Bowie), The
girl from Ipanema (Jobim), Is there
anybody out there (Pink Floyd), The
boxer (Simon & Garfunkel), 10 jours
avant Paris (Sanseverino). Le DVD propose 50’ d’images permettant
de décomposer les principaux effets sonores (slide, bend, pulling off…) et
de visualiser les techniques d’accompagnement. Et ce, au fil de 29 leçons
(avec tablatures à l’écran).
Olivier
PAIN-HERMIER : Le nouveau dictionnaire
d’accords de guitare. Hit Diffusion (www.editions-hit-diffusion.fr).
Fascicule à spirales : 15 x 23 cm, 96 p. 17,50 €.
Plus qu’une simple compilation, ce guide pratique
& théorique est une initiation à la construction des accords. Où sont
également abordées les notions de gammes, d’intervalles, d’harmonisation,
assorties d’exemples de suites d’accords.
HARMONICA
Sébastien
CHARLIER : Je débute… l’harmonica
diatonique. Méthode pratique & progressive.
Hit Diffusion (www.editions-hit-diffusion.fr).
23 x 30 cm, 70 p., ill. n&b, ex. mus.
CD +DVD. 38,80 €
Domaines traités : respiration,
jeu mélodique, rythme, accords, effets sonores, attaques - le tout
judicieusement illustré de 11 morceaux empruntés aux répertoires de :
J. J. Cale, D. Lockwood, H. Carmichael,
J. J. Goldman, Sting, Telephone, N. Espinasse, E. Morricone…
Le « plus » du DVD : 40’ d’images, 30 leçons,
tablatures à l’écran.
Sébastien
CHARLIER : Il était une
fois…l’harmonica. Kit complet du débutant : coffret de 21 x
30 cm, comprenant : harmonica Hohner, méthode de poche +
DVD. Hit Diffusion (www.editions-hit-diffusion.fr).
29,90 €
Méthode (12 x 21 cm, 64 p.,
ill. n&b, ex. mus.) incluant : description & fabrication
de l’instrument, prise en main, technique de respiration, notions de solfège
& tablatures… Plus 9 chansons empruntées au folklore
international. Le DVD propose 23 leçons et 27’de vidéo. Instrument fourni !...
BATTERIE
Jacky
BOURBASQUET & Claude GASTALDIN : Drum
Session 14. Musique : Lionel Melot. Alphonse-Leduc :
AL 30 519. 23 x 31 cm, 36 p., CD inclus.
Drum
Session 14 complète les treize recueils déjà parus aux éditions Leduc. Celui-ci
comporte 29 pièces qui familiariseront l’élève avec des styles fort
variés, tout en respectant son niveau technique (échelons 1 à 7), lui
permettant de progresser à son rythme. Il pourra, grâce aux play-back du
CD, travailler avec un véritable orchestre.
Francis Gérimont.
FORMATION MUSICALE
Jean-François
ALEXANDRE : Invitation à la musique. Fin de cycle. Vol. 8. 1 vol. 1 CD. Combre : C06664.
Ce huitième volume est le dernier de la
série. Il comporte pour chaque leçon ou toutes les deux leçons un aperçu des
phénomènes acoustiques, un travail d’harmonisation, sans oublier les
traditionnelles (pas tant que cela…) lectures de notes et de rythmes. Analyse,
chant ne sont pas oubliés. À la fin du volume, un atelier créatif est proposé
avec bande électroacoustique. Un fascicule de corrigés et d’idées pédagogiques
est disponible pour le professeur. Le CD est remarquablement réalisé et
constitue un outil indispensable permettant le travail à la maison. Bref, cette
série se clôt de façon tout à fait
intéressante.
Siegfried
DRUMM & Jean-François ALEXANDRE : Symphonie
FM. La formation musicale par l’orchestre. Volume 6. Volume du professeur.
Volume de l’élève. Combre : C06700.
Ce volume, qui fait suite aux cinq autres
volumes dont nous avons rendu compte précédemment est destiné aux jeunes ayant
six ans d’instrument. Rappelons le principe de cette collection : il ne
s’agit pas de supprimer la Formation musicale, mais au contraire de la donner
par la pratique orchestrale en faisant jouer ensemble les élèves d’une même
classe de FM quel que soit leur instrument. Mais à partir de cette pratique,
tout un enseignement technique de solfège se trouve donné, ne négligeant aucun
des éléments traditionnels – et indispensables ! – de
l’apprentissage : lecture, rythme, théorie, chant… On ne peut que
conseiller aux professeurs de se lancer dans cette formule qui renouvelle
profondément l’esprit et la pratique de la Formation musicale. Précisons que le
volume de l’élève comporte une partie commune à tous les instruments et une
partie séparée spécifique pour chaque instrument avec duos instrumentaux,
versions instrumentales des chants et pratiques instrumentales.
CHANT CHORAL
Valérie
JOSSE : Voici la voix. Mélodies
et jeux vocaux. Volume 2 (Fin 1er cycle – Début 2e cycle). 1 vol. 1 CD. Billaudot : G 7847 B.
Nous avions dit, dans notre numéro de
janvier/février 2006 tout le bien que nous pensions du premier recueil. Le deuxième
est tout aussi réussi. Rappelons que ce manuel s’adresse à tous ceux qui
souhaitent faire chanter des adolescents qui ont déjà suivi un cursus musical
et vocal et qui souhaitent poursuivre un travail sur la voix. Il est
l’aboutissement d’un travail vocal et de chant choral mené avec des élèves de
dix à quinze ans. Le CD fourni, très agréable, est éminemment pratique. Il
contient en particulier tous les jeux vocaux qui commencent ce volume. Le
répertoire présenté est éminemment éclectique, de Costeley à Daniel-Lesur en
passant par Boieldieu et Paul Vidal, mais toujours très judicieux et agréable.
MUSIQUE DE CHAMBRE
Joseph-Ermend
BONNAL : 3 Ave Maria pour
soprano ou ténor, violon & orgue. Delatour : DLT1228.
Les éditions Delatour continuent, pour
notre plus grand bonheur, la publication des œuvres de Joseph-Ermend Bonnal
(1880 – 1944), élève de Fauré, organiste, compositeur et directeur du
conservatoire de Bayonne. Ces trois Ave
Maria offrent les mêmes qualités à la fois de simplicité et de raffinement mélodique
et harmonique qui sont le propre de cet auteur. Souhaitons que ces pièces
soient largement jouées et diffusées pour mieux faire connaître cet auteur
injustement oublié.
Ivan
BELLOCQ : Trios-bulles. Versions
pour diverses formations. Niveau débutant. Delatour : DLT0815.
Chaque professeur trouvera facilement son
chemin dans les différentes versions proposées de ces deux Trios Bulles. On appréciera la facilité technique des œuvres en
même temps, et c’est l’essentiel, que leur qualité musicale. Voilà une formule
originale pour beaucoup de plaisir et de profit.
ORGUE
Yves
CUENOT : Meditasons pour orgue.
1 vol. 1 CD. Delatour : DLT1840.
Ces treize Meditasons sont, pour la plupart, le fruit d’improvisations pendant
les offices. Certes, elles ont été écrites pour le grand orgue de la cathédrale
de Dijon, mais elles peuvent s’adapter facilement à n’importe quel instrument à
deux claviers de 56 notes et pédalier de 30 notes. Ces
méditations sont de caractère varié et peuvent être jouées séparément ou dans
un ordre différent. Les régistrations sont ou bien suggérées dans le titre, ou
bien indiquées sur la partition. Mais pour adapter ces pièces à son instrument,
le plus précieux outil est le CD joint à la partition, qui en donne
l’intégralité. Enregistré par l’auteur sur l’instrument pour lequel l’œuvre a
été écrite, il restitue de façon magnifique l’ambiance sonore de la cathédrale.
La prise de son est de toute beauté, faite d’assez près pour qu’on se sente
quasiment à la console de l’instrument. Un régal…
PIANO
W. A.
MOZART : Fantaisie en sol mineur & fugue en sol majeur. Mouvement de sonate (Grave et
Presto) en sib majeur pour
deux pianos. KV Anh. 32 et KV Anh 45 –
KV Anh. 42. Complétés et édités par Michael Töpel. Bärenreiter :
BA 9638.
Bien sûr, lorsqu’on pense aux œuvres
inachevées de Mozart, c’est au Requiem qu’on
pense d’abord. Mais il existe également de nombreux fragments plus ou moins
connus et édités. Ceux que nous propose ici Michael Töpel ont l’intérêt d’avoir
été écrits pour deux pianos, formation qui ne dispose pas d’un répertoire très
étendu. Les duettistes seront donc heureux de découvrir ces pièces qui ont été
complétées quand c’était nécessaire, avec le maximum de respect pour ce que
laissaient entrevoir les fragments dont nous disposons. Ce volume est un
complément à la monumentale édition des œuvres complètes pour deux pianos
parues chez le même éditeur (BA 9161). Ajoutons que l’édition est enrichie
de fac-similés des œuvres présentées.
Christine
& Gérard MEUNIER : L’orchestre
au piano. Arrangements pour piano à 4 et 6 mains. Vol. C. Combre : C06690.
C’est en janvier 2008 qu’il a été rendu
compte du volume B. Saluons aujourd’hui ce volume C qui comporte
quatre extraits : du Menuetto de la Symphonie
Jupiter de Mozart, du 1er mvt de la Cinquième symphonie de Beethoven, du 1er mvt de la Symphonie inachevée de Schubert et de la
Farandole de L’Arlésienne de Bizet
(six mains). On connaît l’art de Christine & Gérard Meunier pour ces
transcriptions pédagogiques qui permettent à des pianistes de niveau encore
moyen de s’adonner aux joies de la musique d’ensemble tout en découvrant de
l’intérieur des œuvres centrales de la culture musicale mais qu’ils ne
découvriraient sans doute pas spontanément. Voici donc une réalisation de grande
qualité et bien utile pour les professeurs… et les élèves !
Francis
COITEUX : Petites ballerines, trois
pièces pour piano. Niveau préparatoire. Lafitan : P.L.2025.
Voici trois charmantes ballerines de pays
bien divers puisqu’elles nous promènent de la Hongrie à la Louisiane en passant
par la Moldavie. L’auteur s’en explique dans une préface où il explique avoir
voulu offrir « un panel varié d’éléments techniques au jeune
pianiste… ». Ces éléments techniques sont évidemment à mettre au service
des interprétations diverses à mettre en œuvre pour faire ressortir le
caractère typique de chacune de ces charmantes pièces.
Thierry
DELERUYELLE : Sérénade pour
piano. Lafitan : P.L.2044.
De niveau préparatoire également, voici une
charmante sérénade au style à la fois classique et très chantant. Qui pourrait
s’en plaindre ? Le jeune pianiste pourra ainsi exercer ses qualités de
musicien. Un petit passage lui permet de montrer qu’il sait aussi chanter à la
main gauche. Voici une pièce toute simple et pleine d’agrément.
Arletta
ELSAYARY : Après minuit pour
piano. Lafitan : P.L.1971.
Voici une jolie pièce pour débutant d’une
compositrice et enseignante polonaise, professeur en France depuis 1992. Chacun
sait combien il est difficile d’écrire des pièces intéressantes pour les jeunes
instrumentistes. Arletta Elsayary y parvient particulièrement bien. Pendant que
la main gauche égrène les douze coups de minuit, une jolie formule mélodique
qui se promène crée une ambiance nocturne et mystérieuse très intéressante. De
plus, il y a pour le professeur (et donc pour l’élève) beaucoup de profit
technique à en tirer : déplacements, pédale… Et, surtout, beaucoup de
poésie…
HARPE
Joseph-Ermend
BONNAL : La pluie tombe… pour
harpe. Delatour : DLT0977. http://www.editions-delatour.com/
Comme pour les Ave Maria recensés plus haut, félicitons nous de découvrir cette
pièce d’un compositeur trop méconnu, élève de Fauré. Cette pièce fait penser à
certains préludes de Debussy : point d’imitation, ici, mais une ambiance,
un climat qui suscitent le rêve. Les harmonies sont d’une grande délicatesse et
d’un grand raffinement, sans mièvrerie. C’est une pièce – et un auteur – à
découvrir absolument.
VIOLON
Georges
DELERUE : Le violon s’invite au
cinéma. Arrangements pour violon & piano de Régis Boulier. Volumes 1 et
2. Combre : C06691 et C06692.
C’est avec un grand plaisir que l’on
découvre ces adaptations pour violon et piano des grands thèmes musicaux
composés par George Delerue pour le cinéma. Colette Delerue, la veuve de
Georges, dit, dans un Avant-propos tout le bien qu’elle pense du travail
entrepris par Régis Boulier. « …Dans sa simplification, une transcription
est un exercice périlleux qui demande connaissance musicale et réflexion,
motivation et enthousiasme. […]. La plongée dans le travail d’un autre requiert
aussi de l’humilité et beaucoup de talent ». Chacune des transcriptions
est précédée d’un petit texte donnant un résumé du film pour lequel la musique
a été écrite. Huit thèmes sont ainsi présentés, qu’il est urgent de redécouvrir
et de faire connaître.
René
MAILLARD : Aria pour violon
& piano. Delatour : DLT1797.
Né en 1931, René Maillard s’est consacré
pendant tout le début de sa vie à la musique. Après un silence de quarante ans
et sous l’impulsion de Nicolas Bacri, il reprend la composition. Cet Aria, au discours à la fois lyrique et
retenu, typique de cette clarté qui caractérise la musique française, séduit
immédiatement mais demande à être longuement savouré pour en découvrir toutes
les richesses.
Joseph-Ermend
BONNAL : 3 Portraits de musiciens. Suite
pour 3 violons. Delatour : DLT0976.
Haendel, Haydn, Rameau, voici trois petites
miniatures pleines de charme et sans grande difficulté. Ces trois « à la
manière de… » seront une excellente occasion de faire pénétrer des élèves
moyennement avancés dans l’univers de ces trois compositeurs. Ajoutons qu’elles
sont également pleine d’humour…
FLÛTE
Jean-Marc
ALLERME : Duet hits. Collection
inédite de duos originaux. Lemoine : 28858 H.L.
L’auteur se propose, avec ces duos en
recueils de difficulté progressive, de permettre aux jeunes instrumentistes des
diverses familles d’instruments de pouvoir jouer facilement ensemble. Voici
donc huit duos pour flûtistes débutants. Un accompagnement de piano
volontairement très simple peut agrémenter encore l’interprétation de ces
pièces qui se suffisent par ailleurs. De nombreux autres instruments ayant déjà
bénéficié de ces duos, on pourra utilement consulter l’éditeur pour en
connaître le détail.
Nicolas
BACRI : Trois impromptus pour
flûte & piano, op.115. Delatour : DLT 1863.
Ces trois courtes pièces de niveau moyen
séduisent par leur caractère fluide. Les deux premières sont plutôt
méditatives, la dernière est plus légère et enjouée.
CLARINETTE
Graciane
FINZI : Romanza a la muerte de un
ave pour clarinette & sons fixés. Réalisation du support
électromagnétique : Ricardo Mandolini. 1 vol. 1 CD. Combre : C06652.
La charmante et tragique légende de
l’oiseau qui chante le jour de sa mort (on pense au fameux chant du cygne) a
inspiré à Graciane Finzi une pièce qui tend, près des essais de chant de
l’oiseau, à un paroxysme lyrique qui s’achève sur une citation mozartienne, le
tout soutenu par une nappe électroacoustique fournie avec la partition.
TROMPETTE
Jérôme
NAULAIS : La Mexicana pour
trompette en ut ou sib ou cornet & piano.
Lafitan : P.L. 1954.
Inspirée directement du folklore mexicain,
cette pièce est bien réjouissante et sans grande difficulté. Valse lente,
Lento, Cha-cha, Malagueña… les différentes danses nous entrainent dans une
ambiance résolument sud-américaine du meilleur aloi.
Julien
PONDÉ : To Infinity pour
trompette sib ou ut ou cornet & piano. Lafitan : P.L. 2113.
C’est sur l’océan que nous entraine l’auteur,
un océan tantôt calme, tantôt plus agité, aux couleurs changeantes… De niveau
assez difficile, cette pièce est pleine de poésie en même temps que de
contrastes. En deux minutes quinze, nous sommes plongés dans des atmosphères
diverses et bien agréables à découvrir.
André
TELMAN : L’automate rêveur pour
trompette sib ou ut, ou cornet & piano. Lafitan : P.L. 1960.
De niveau 1er cycle, 3e année, cette pièce nous présente un automate plein de sensibilité et de
fraicheur… Il est difficile de ne pas se laisser séduire par cet automate,
d’abord conforme à sa réputation, puis qui se laisse entrainer dans un rêve
poétique avant de se réveiller doucement et de revenir à sa première nature.
Vous aurez compris que cette pièce est de forme A-B-A, mais avouez qu’ainsi,
c’est bien moins séduisant !
TROMBONE
Rémi
MAUPETIT : La valse du temps pour
trombone & piano. Lafitan : P.L. 1991.
Cette charmante petite valse à la fois
tendre et un peu ironique et qui ne ménage pas les modulations est cependant
abordable pour le premier cycle. Aucune banalité dans ce morceau bien
séduisant.
Rémi
MAUPETIT : Pile ou face pour
trombone & piano. Lafitan : P.L.2075.
De niveau deuxième cycle, cette pièce au
rythme de swing et à l’allure martiale et tonique ne peut que réjouir les deux
partenaires. Voilà 1’15 bien remplie !
COR
Fabrice
LUCATO : P’tit Roudoudou pour
cor en fa ou mib & piano. Lafitan : P.L. 2065.
Cette pièce toute simple (1er cycle) est en même temps pleine de charme et de poésie. Elle a également
l’avantage que la partie de piano soit à la fois intéressante et d’une grande
simplicité. C’est donc l’occasion de faire jouer ensemble deux élèves sinon de
même niveau (les pianistes progressent souvent plus lentement que les autres…),
du moins de niveaux peu éloignés, ce qui est tellement profitable !
Max
MÉREAUX : La rose des vents, pour
cor en fa ou mib & piano. Lafitan : P.L. 2094.
Cette fort jolie pièce, de niveau
élémentaire, même si elle demande une très bonne technique, fait avant tout
appel au sens musical des deux instrumentistes. Portés par l’aile du vent, ils
dialoguent avec beaucoup de charme. Une cadence finale permet au corniste de
montrer sa maîtrise du phrasé et son expressivité.
BATTERIE
Jean-Marc LAJUDIE : Steps in Saint-Germain. 4 arrangements for 3 drums. Delatour : DLT1752.
Classés de facile à moyen, ces arrangements
pour trois batteries permettront à trois batteurs de jouer ensemble. L’auteur
connaît bien Saint-Germain-des-Prés puisqu’il a, entre autres, tourné avec
Juliette Greco… Il connaît bien aussi la pédagogie, qu’il pratique toujours
régulièrement. Voici donc quatre arrangements pleins d’humour et de dynamisme.
Notons la sagesse de l’auteur qui précise : « Le professeur est le
seul juge pour le tempo à adopter ».
Daniel Blackstone.
***
Jean-Jacques
NATTIEZ, François NICOLAS & Jonathan GOLDMAN (Sous la direction de) : La pensée de
Pierre Boulez à travers ses écrits. Actes du Colloque
tenu à l’École normale supérieure (4 et 5 mars 2005). « Musique/Recherches »,
Delatour, 2010. 20,8 x 29,3 cm, 276 p., schémas &
tableaux, repr. d’une page ms. 18 €.
Le danger de la dissertation sur des écrits
théoriques est d’obscurcir le propos au lieu de le faire ressortir. Par
malchance, le livre s’ouvre sur une communication de François Nicolas,
titrée « L’Intellecualité [sic !
Mais ce n’est pas la seule négligence éditoriale subsistant dans ce volume]
musicale de Pierre Boulez et ses enjeux théoriques », qui, à manquer de
perspective historique sur les évolutions de la musique depuis les années 60
et à noyer le propos sous… précisément l’intellectualisme, fait que l’on se
précipite vers les citations de Pierre Boulez lui-même, tant celui-ci
exprime sa pensée avec une lumineuse clarté, un sens percutant de l’humour, et
s’avère capable, à son propre endroit, d’une relativisation historique que
toutes ses récentes interviews montrent éloquemment.
De perspective historique et d’humour,
Robert Piencikowski, en revanche, ne manque pas, et son discours sur les
problématiques de l’édition critique appliquées aux écrits d’un compositeur
vivant s’avère d’une haute pertinence, de même que l’étude de Célestin Deliège
(disparu le 18 avril 2010) resituant les positions de Boulez par rapport à
Schönberg et Webern. Une partie essentielle de l’ouvrage analyse ce que
le compositeur en quête, non de modèles stylistiques mais d’idées
structurantes, retira d’une étude attentive aux prédécesseurs investis d’une
fonction générative : ainsi se succèdent Boulez et l’Ars Nova (le
contrepoint et l’organisation rythmique de Guillaume de Machaut nourrirent
sa réflexion) par Gilles Dulong, Boulez et Wagner par Jean-Jacques
Nattiez, Boulez et Stravinsky par Gianfranco Vinay, Boulez critique de
Schoenberg encore et de Berg par Arnold Whittall (hélas traduit dans un
français… approximatif), Boulez et Webern par Jonathan Goldman (dont la
communication, au demeurant fort précise, est intitulée « Le Portait [re-sic !] boulézien de
Webern » ; il n’est pas interdit à un éditeur de faire procéder à une
relecture d’épreuves). On y retrouve au passage les jugements vindicatifs
de Boulez (sur le néo-classicisme de Stravinsky ou sur la dernière période de
Schönberg, par exemple) ! Mais le sommet de cette partie réside dans
l’étude historique et analytique mettant en parallèle les points de vue sur
Debussy de Boulez, Barraqué, Boucourechliev, Stockhausen, Ligeti, Adorno :
Laurent Feneyrou s’y montre aussi fin observateur des semences porteuses
d’éclosions novatrices que brillant écrivain. On notera le réciproque
enrichissement par lequel se fécondent, chez Boulez, la pratique du chef
d’orchestre – tenu d’endosser les habits d’autrui, ce qui n’exclut pas la prise
de position traduite en recréation sonore – et l’investigation analytique –
forcément partisane et plus égoïstement prédatrice – du compositeur, cette
double expérience développant une conscience croissante de la perception comme
donnée constitutive du phénomène musical. Le livre se conclut par la
retranscription de trois rencontres avec Pierre Boulez, moments comme
d’habitude pleins de franche vivacité et de limpide envergure
conceptuelle ; dommage, une fois de plus, qu’elle soit constellée de
négligences éditoriales et de maladresses dans le rendu sous forme écrite de la
parole directe.
Simon
GALLOT : György
Ligeti et la musique populaire.
Symétrie, 2010. 17 x 24 cm, 285 p., illustrations n&b et
couleurs, nombreux exemples musicaux. 44 €.
Simon Gallot, dans le prolongement de sa
thèse sur Ligeti, nous offre ici un formidable outil de travail, rétablissant
l’importance des racines mittel-européennes au cours des premières étapes de la
vie musicale du compositeur (sa Transylvanie natale concentre maintes
rencontres ethniques et constitue un bouillon de multi-culturalisme en soi), et
mettant à mal la coupure que l’on se plaît, en Occident, à introduire dans
l’évolution de l’émigré ayant fui la Hongrie en décembre 1956. En effet,
l’intérêt de Ligeti pour les musiques ethniques ne se démentit jamais, il
s’élargit seulement à l’échelle des continents, préparé qu’il était par la
filiation des travaux ethnomusicologiques de Bartók et Kodály dans laquelle
lui-même s’inscrivit un temps. Le livre retrace sous divers angles la
biographie et le contexte musical des 33 premières années de Ligeti,
miraculé de l’extermination antisémite, et prépare ainsi à l’étude des œuvres
et esquisses de jeunesse, enfin mises à disposition des chercheurs. Ce
pan de l’œuvre ligetienne s’inscrit dans le tableau déprimant d’une Hongrie
succombant de plus en plus sous le joug d’une politique culturelle jdanovienne,
mais donne lieu aussi à une étude des particularismes propres aux folklores
hongrois, roumain, transylvain, à partir des éléments collectés par Bartók et
Ligeti lui-même. À partir de là, l’auteur peut démontrer les ponts
reliant les œuvres les plus « occidentales » du compositeur aux
résurgences des racines ethniques, et cela jusque dans la Sonate pour alto solo (1991-94), les Concertos pour piano
(1985-88), pour violon (1992), pour cor (1999). Un chapitre traite aussi
de son engouement plus tardif pour les musiques centrafricaines, notamment les
polyphonies et polyrythmies des Pygmées Aka, des Banda Linda, des
Amadinda de la région du Bouganda : on comprend à quel point elles ont pu
nourrir la recherche des mécanismes de perception qui obsédait Ligeti.
Dans sa préface, Gÿorgy Kurtág rappelle que
l’opus ultime de son vieil ami revenait vers le poète hongrois
Sándor Weöres, bouclant la boucle de racines hongroises qui ne l’avaient
jamais quitté. Étrange préface, d’ailleurs, qui laisse un sentiment
impudique à la lecture des étapes de la dégradation neurologique de Ligeti
devenu grabataire, étapes numérotées comme les alinéas d’une ordonnance
médicale !
Une bibliographie multilingue (incluant les
articles en hongrois) nous est offerte, ainsi que le catalogue des œuvres de
Ligeti, donnant de surcroît le détail des cahiers d’exercices et d’esquisses
déposés auprès de la fondation Paul Sacher. Dans la discographie, il
est seulement dommage que le nom des interprètes n’apparaisse jamais :
lors d’un choix entre plusieurs versions référencées, c’est l’identité de
l’interprète, non le label, qui emportera la décision de l’acheteur
éventuel ! Mais rien ne vient amoindrir la portée d’un ouvrage de
référence qui, dans sa conclusion, dégage lucidement l’harmonieuse (et
indépendante !) conjonction de facteurs contradictoires mise en œuvre pour
assurer à la musique de Ligeti une portée universelle.
Sylviane Falcinelli.
Daniel BARENBOIM & Patrice CHÉREAU : Dialogue sur la
musique et le théâtre. Tristan et
Isolde. Propos recueillis par Gastón Fournier-Facio.
Buchet/Chastel, 2010, 222 p. 18 €.
Ce livre est né du travail de préparation
d'une production d'opéra, en l'espèce de Tristan et Isolde, présenté à
La Scala en 2007. Deux personnalités échangent sur leur conception
du grand œuvre wagnérien. Le metteur en scène évoque les diverses
phases de son travail : l'analyse d'abord, puis sa traduction en termes
d'interprétation, ou plutôt de ce que Chéreau préfère appeler la réalisation de
l'œuvre ; cette part de réappropriation du texte ; la nécessité aussi
de se garder du danger de l'idée directrice gratuite qui impose sa loi à une
pièce. Le poids du présupposé dans une histoire qui n'en est pas à ses
débuts permet de mieux décrypter les passages-clés. Ainsi de l'attitude
des deux protagonistes, et donc de leur positionnement, après qu'ils eurent bu
le poison de mort, ou comment habiter le long interlude musical qui s'établit
alors ; ou encore comment façonner le redoutable deuxième acte qui
voit prospérer la longue discussion entre Tristan et Isolde, ce duo que Chéreau
choisit d'illustrer à trois (présence sur scène de Brangäne) parce que « trois
c'est moins fermé » et qu'il suffit que « quelqu'un regarde pour que
ça change la nature du duo ». On mesure combien est subtile
l'alchimie de la régie, qui passe par la nécessaire adaptabilité à la personnalité
de chaque chanteur ; lequel doit faire sienne cette recette, cruciale dans
son évidence : « ne pas anticiper la fin », c'est-à-dire garder
de la réserve pour ménager le vrai de l'effet dramatique. Rarement a-t-on
mieux percé à nu ce que le travail de mise en scène comprend d'incertitude,
d'hésitations, mais aussi d'enrichissant, de gratifiant aussi. Le rôle du
silence, les choix à opérer, l'absence de rigidité face au texte musical et à
ses multiples strates sont aussi abordés par Barenboim qui milite pour une
totale complémentarité entre chef et régisseur. Un passionnant ouvrage
qui dévoile un coin de l'envers du décor.
Jean-Pierre Robert.
Jean GUILLOU : L’Orgue, souvenir et avenir. 4e édition augmentée &
remaniée par l’auteur. Symétrie (contact@symetrie.com),
2010. 305 p. (+ 2CDs encartés). 45 €.
Ce titre est devenu un
classique du genre. Jean Guillou a enrichi cette nouvelle édition avec
des textes complémentaires et des documents d’archives. Catalogue &
discographie ont été mis à jour. En outre, 2 CDs inédits (en exclusivité)
sont encartés dans l’ouvrage. Sylviane Falcinelli a « assumé la
relecture complète du texte sous l’angle de vérifications historiques, la
conduite de la rénovation iconographique » et L. F. Tagliavini a
apporté son concours au chapitre concernant l’organologie italienne
ancienne. Les lecteurs trouveront de très utiles précisions sur
l’histoire de l’orgue, de l’Antiquité à nos jours, étayée d’illustrations
judicieusement sélectionnées. Les organistes apprécieront les éléments
concernant la technique de l’instrument, son interprétation, son art de la
registration (cf. CDs joints),
et de précieuses indications relatives à l’improvisation (cf. « Entretiens », CD 2). À retenir de
cette nouvelle édition, entre autres : ses « quelques règles
concernant l’interprétation » (p.235), son Glossaire des noms de jeux (p.242-246), et surtout les idées
novatrices de Jean Guillou relatives à la facture, aux associations de
jeux et de timbres, et sa « vision sur l’avenir de la restauration et de
la création d’instruments ». Incontournable.
Pascale ROUET : André Isoir. Histoire d’un
organiste passionné. Delatour France (infos@editions-delatour.com) :
DLT 1795. 2010. 209 p. 20 €.
Pascale Rouet brosse un tableau
très vivant et authentique d’André Isoir, « spécialiste de la musique
ancienne », improvisateur hors-pair, pédagogue d’exception ; elle le
situe avec bonheur au milieu de ses inlassables activités et de ses nombreux
disciples. Sous la forme d’entretiens avec questions-réponses, l’auteur
présente non seulement les origines de l’organiste, ses débuts, ses années
parisiennes (École C. Franck et Conservatoire), les nombreux concours
internationaux, les concerts, mais encore ses idées si précieuses sur
l’improvisation, sur l’organiste liturgique (p.57) - car, pour lui,
« orgue est synonyme de musique sacrée » -, sur ses multiples
enregistrements depuis le microsillon (cf. son
abondante Discographie, p.199 sqq.),
la facture instrumentale. L’« Entretien IX » est
particulièrement révélateur de sa carrière d’enseignant qui ne cesse de le
« passionner ». Comme il le précise : il lui « semble
que le rôle principal de l’enseignant est d’être un révélateur »
(p.121). Il a gardé de solides contacts avec d’anciens élèves (entre 800
et 900, de 15 à plus de 70 ans, classe d’écriture comprise).
L’« Histoire » de ce prestigieux musicien au professionnalisme et à
la modestie extrêmes et à l’ « intelligence du cœur » fait
honneur à la collection « Organ Prestige ».
Collection « Raconte-moi…
la musique ». Delatour France (infos@editions-delatour.com). Mélisande CHAUVEAU : Moi, Chopin (DLT 1903, 2010, 39 p. 8 €). Moi, Berlioz (DLT 1915, 2010, 69 p. 8 €). Moi, Liszt (DLT 1916, 2010, 81 p.
8 €). Moi, Schumann (DLT 1917, 2010, 49 p.
8 €).
Sous la forme d’un « Journal
imaginaire », M. Chauveau présente des compositeurs, avec, pour objectif,
cet impératif : « Raconte-moi… »,
par le biais de récits, d’anecdotes, de témoignages, permettant de situer
« l’homme au cœur du sujet dans la réalité musicale, sociale et économique
de son époque ».
• Pour Fr. Chopin
(1810-1849), un grand nombre de documents ayant disparu, l’auteur n’a trouvé
que sa musique, quelques vestiges de sa correspondance. Dans cette
autobiographie romancée, le musicien évoque son existence au quotidien, ses
voyages, ses séjours à Paris, avec sa vie mondaine, sa liaison avec
George Sand, sa maladie… En conclusion : quelques témoignages
contemporains pris sur le vif.
• Pour H. Berlioz
(1803-1869), les documents autobiographiques ne manquent pas. Ce
fascicule se lit comme un roman, marqué en 1830 par l’année de ses
« amours » avec H. Smithson, année charnière pleine d’excitation
avec sa Symphonie fantastique ;
il l’épouse, le 3 octobre 1833. Il rencontre Paganini, retrouve
l’ami Mendelssohn, Liszt à Weimar, assiste à la création de son Requiem, mais sa terne existence reste
« jalonnée de tornades émotionnelles ». Indifférent à tous les
succès (membre de l’Institut…), sa maladie prenant le dessus, sa carrière est
finie. Sa vie est analysée avec une
« lucidité effrayante ». Il lui « faudra plus d’un siècle
pour être reconnu… le plus grand des romantiques français ».
• Pour Fr. Liszt
(1811-1886) - dont la vie « n’a été qu’un égarement du sentiment de
l’amour, singulièrement mené par la musique, art divin et satanique à la fois »
-, l’auteur s’est inspirée de trois monographies (J. Bruyr,
Cl. Rostand, J. Martineau). Enfant unique et prodige,
« esprit bouillonnant autant que rêveur », l’auteur le fait parler à
travers ses propos et ceux des contemporains, mais aussi dans l’entourage de la
Bible, Homère, Beethoven, Platon - qu’il médite -, ou à travers les récits de
M. d’Agoult… Parallèlement au tableau du compositeur séducteur, celui du
mystique est évoqué. Chanoine en 1879 et, en 1886, il sera enterré au
cimetière de Bayreuth, où il pensait « dormir solitaire et oublié ».
• Pour R. Schumann
(1810-1856), M. Chauveau a consulté trois monographies publiées entre 1959 et
1970. Au fil des pages, le compositeur se raconte, relate ses origines et
se révèle « malade de musique »… Il voyagera, notamment à Leipzig -
où il assiste régulièrement aux services luthériens de l’église St Thomas
- et poursuit des études juridiques auxquelles il renonce pour se consacrer à
l’art. Il évolue dans l’entourage de Clara Wieck qu’il épouse en
1840. Ses principales compositions jalonnent le récit imaginaire, mais
relativement plausible.
Ces 4 fascicules romancés
n’échappent pas aux traquenards du genre. Selon G. Duhamel,
« le romancier est l’historien du présent, alors que l’historien est le
romancier du passé ». Au lecteur de prendre position.
Édith Weber.
________________
Le Centre de musique baroque de Versailles (www.cmbv.fr) & les éditions Mardaga (www.mardaga.be) publient de concert :
Jean DURON (Textes réunis par) : André
Campra (1660-1744), un musicien provençal à Paris. « Regards sur la musique ». 14,5 x
22 cm, 208 p., ill. n&b et couleurs, ex. mus.
25 €.
Dès son arrivée (il a 34 ans),
André Campra s’impose à Paris, où triomphera bientôt, en 1697, son opéra-ballet
(genre alors tout nouveau) L’Europe galante.
Répondant ainsi aux désirs d’une société friande d’étrangetés, se délectant de
parfums venus d’ailleurs… Biographie remarquablement circonstanciée.
Jean DURON (Textes réunis par) : Le
Carnaval de Venise d’André Campra & Jean-François Regnard. « Regards sur la musique ». Format à
l’italienne : 21,5 x 18,5 cm. 240 p.,
ill. n&b et couleurs, ex. mus. 25 €.
Sur un livret du « meilleur
de nos auteurs comiques après Molière » (dixit l’Académie), Campra écrivit cette fantaisie, bien dans
l’esprit d’un temps porté à la fête, aux masques et au comique italien.
Études & commentaires signés : Jean Duron, Sylvie Mamy, Rebecca
Harris-Warrick, Laura Naudeix, Sylvie Requemora-Gros, Alexandre-Toussaint
Limojon de Saint-Didier et Maximilien Misson.
Anne-Madeleine GOULET & Laura NAUDEIX (Textes réunis et
présentés par) : La fabrique des paroles de musique en
France à l’âge classique. 17 x 24 cm, 352 p., ex. mus.
39 €.
Venus de l’histoire de la
littérature et de la musique, de la linguistique et de la stylistique, dix-sept
spécialistes ont ici accordé leurs talents - cherchant à pénétrer le
laboratoire des poètes & compositeurs, « afin d’éclairer les arcanes
de la création lyrique ». Et ce, depuis les psaumes, récits de
ballet ou airs, jusqu’aux livrets d’opéra - aboutissement des pratiques du
Grand Siècle. Deux parties : Poésie
et paroles de musique (Contextes / L’atelier du poète), Les modalités de la mise en musique (La
prosodie / Incidences de la musique sur le texte).
_______________
Brigitte
FRANÇOIS-SAPPEY : De Brahms à Mahler et Strauss. Le postromantisme musical.
Fayard/Mirare. 12 x 18 cm, 266 p. 14 €.
Que cette appellation fût ou non revendiquée
par ses acteurs, le postromantisme musical demeura, de 1849 à 1949 (année de la
mort de R. Strauss), consubstantiel à la Deutschtum (« germanité »). Même si Mahler,
Zemlinsky, Wolf, Schönberg, Berg, Webern, Schreker, Schmidt, Křenek, Korngold
étaient autrichiens… Brigitte François-Sappey nous présente tous ces créateurs
qui firent des cités de Vienne et de Berlin de prodigieux creusets d’expériences
artistiques. Un fort utile panorama.
Gérard
DENIZEAU : Les
grands compositeurs.
« Reconnaître / Comprendre », Larousse. 14,5 x
25 cm, 264 p. 27 €.
Il n’est certes plus nécessaire de vanter
le caractère admirablement synthétique d’un ouvrage désormais « classique ».
Dans cette toute nouvelle édition, l’éminent historien d’art & musicologue
n’enchaîne pas moins de 85 notices monographiques (classées
chronologiquement), déclinant la vie et l’œuvre de nos plus grands compositeurs
– depuis le crépuscule médiéval (Adam de la Halle) jusqu’aux temps présents
(Dutilleux, Xenakis, Nono, Boulez, Stockhausen, Bayle…), chaque notice étant
judicieusement assortie de sélections bibliographique & discographique.
Odile
BOURIN, Pierrette GERMAIN-DAVID, Catherine MASSIP & Raffi
OURGANDJIAN : Elsa Barraine (1900-1999), une compositrice au XXe siècle. Delatour (www.editions-delatour.com). 14,5 x
20,5 cm, 138 p., ill. n&b et couleurs. 13 €.
Voilà enfin la monographie tant attendue
sur l’une des plus importantes musiciennes du XXe siècle.
Premier Grand Prix de Rome (1920) avec son poème dramatique Don Juan, Elsa Barraine enseigna
longtemps au Conservatoire de Paris. D’une ardente générosité, elle
s’engagea, dès les premiers jours, dans la Résistance. C’est à
l’initiative de l’association « Femmes & Musique »
qu’Odile Bourin (violoncelliste), Pierrette Germain-David (musicologue),
Catherine Massip (directrice du Département de la musique à la BnF) et
Raffi Ourgandjian (organiste) se sont unis pour lui rendre ce juste
hommage. Principales contributions : Préface / À propos de
quelques analyses (Catherine Massip), Repères biographiques / La
personnalité d’Elsa Barraine (Pierrette Germain-David), Création &
composition / L’attitude spirituelle, l’exemple de Musique rituelle (Raffi Ourgandjian), L’action
pédagogique (Odile Bourin) / Un être d’exception
(Alain Savouret). Avec les analyses, par Elsa Barraine, du 5e Quatuor à cordes de
Béla Bartók et du Concerto à la
mémoire d’un ange d’Alban Berg. En annexe : Catalogue de
l’œuvre, Liste des élèves de la compositrice, bibliographie, Index.
Olivier
BELLAMY : Passion
classique. Arléa (www.arlea.fr).
Diff. Seuil. 12,5 x 20,5 cm, 234 p. 20€.
Qui n’aura un jour ou l’autre entendu, de
18h00 à 18h30, sur Radio Classique, dans son émission « Passion Classique », l’excellent
Olivier Bellamy s’entretenir avec une personnalité du monde des arts, de
la philosophie ou de la politique… Ont été ici réunies les confidences –
parmi les plus passionnantes - de 53 de ses invités.
Jean-Noël
von der WEID : La musique du XXe siècle. Pluriel/Fayard. 13,5 x 20 cm,
720 p., ex. mus. 19,90 €.
Grâce à l’édition corrigée & mise à
jour de cet ouvrage sur la musique de notre temps, nous pourrons (re)visiter
tous les chemins qui, de Debussy, l’École de Vienne, Varèse, Bartók et
Stravinski, mènent à nos plus récents métissages entre musique savante, rock,
rap, house music et musiques extra-européennes. À cette manière
d’encyclopédie, multiples sont les accès : notices biographiques, analyses
d’œuvres, contextes culturels, sociaux, nationaux & politiques, courants
esthétiques, interactions de la musique avec les autres arts… Le tout judicieusement
étayé d’une discographie sélective, d’une fort complète bibliographie et d’un
index comportant plus de 6 000 (!) entrées.
Maryvonne
de SAINT-PULGENT : L’opéra-comique. Le gavroche de la
musique. « Histoire n°567 »,
Découvertes Gallimard. 12,5 x 18 cm, 128 p., ill.
n&b et couleurs. 13 €.
Genre lyrique né au XVIIIe siècle, l’opéra-comique nécessitait que les morceaux chantés s’intègrent à du
théâtre parlé - sans que le rire soit obligatoire… Il fut marqué par le
librettiste Charles-Simon Favart (1710-1792). En 1807, un décret
précisait encore : « Comédie ou drame mêlés de couplets, d’ariettes
ou de morceaux d’ensemble ». Ce fut le début de l’âge d’or du
genre, avec Auber (Fra Diavolo,
1830), Adam (Le Postillon de Lonjumeau,
1836), Meyerbeer (Le Pardon de Ploërmel,
1857), Thomas (Mignon, 1866), Bizet (Carmen, 1875), Offenbach (Les Contes d’Hoffmann, 1881), Delibes (Lakmé, 1883), Massenet (Manon, 1884)... Après de nombreux
avatars, scandales (bataille de Pelléas,
30 avril 1902), faillites et incendies, s’ouvrit une nouvelle ère, en
2007, sous la houlette de Jérôme Deschamps et la présidence de Maryvonne
de Saint-Pulgent (conseiller d’État, auteur de la présente publication).
Superbement illustré (comme à l’accoutumée dans cette collection), l’ouvrage retrace, avec amour, tous les épisodes
de l’institution. En cinq chapitres : 1697-1762 :
L’invention de l’opéra-comique / L’opéra-comique embourgeoisé /
L’effacement du genre / L’apogée & la chute de l’opéra-comique / Une
renaissance.
André
TUBEUF : L’Opéra
de Vienne. Avant-propos de
Dominique Meyer. Actes Sud (www.actes-sud.fr).
Relié, 18 x 22 cm, 204 p., ill. n&b et couleurs.
28 €.
Éminent spécialiste de l’opéra, André
Tubeuf se penche, cette fois, sur l’histoire d’un lieu mythique, l’Opéra de
Vienne. Trois siècles d’une aventure passionnante, notamment durant ces
temps bénis qui, de Mahler à Karajan, virent s’épanouir - comme nulle part
ailleurs - l’art lyrique. Une riche iconographie, souvent inédite,
illustre ce bel ouvrage - fort à point publié en périodes festives.
Alain
DUAULT (Textes) & Colette MASSON (Photographies) : L’opéra. « Phare’s », Hugo & Cie, éditeur
(www.hugoetcie.fr). 18 x
24 cm, 320 p. 25 €.
« Oui, l’opéra ne sert à rien mais il nous aide à vivre » assure
Alain Duault. Qualité qu’on lui reconnaît certes, mais qui n’est nullement
distinctive de l’art lyrique… Avec la passion communicative qu’on
lui connaît, le très médiatique musicologue nous convie à revivre les
événements qui auront fait date, sur la scène lyrique française, ces quarante
dernières années. Et ce, en 60 mots-clés (d’Alagna, Amour, Bal, Bartoli,
Baryton… à Tristan, Trouble, Uria Monzon, Ut et Wilson), illustrés de 320 superbes
photographies signées Colette Masson. Au bonheur des
lyricomanes !
Le geste dans l’activité humaine.
Actes du colloque éponyme. Éditions de l’AMHG (http://amhg9.free.fr).
« Gestuelle ». Ouvrage disponible à la Librairie Détrad
(18, rue Cadet, Paris IXe. Tél. : 01 47 70 38 32. cadet@detrad.com). 23 x
32 cm, 134 p., ill. n&b et couleurs. 23 €.
Organisé par l’aréopage de recherche « Sources »
(Grand Collège du Rite Écossais Ancien Accepté du Grand Orient de France),
ce colloque interdisciplinaire, qui se tint le 23 janvier 2010 au Palais
du Luxembourg, visait à se faire croiser des regards experts d’origines
diverses afin de mieux appréhender les raisons qui président à l’association entre
parole & geste dans les rapports humains. En quatre sessions :
« Les neurones miroirs »,
« L’expression gestuelle du temps »,
« Sémiotique du corps »,
« La gestuelle baroque » (cette
dernière session comportait une communication du musicologue, metteur en scène,
comédien & chanteur Michel Verschaeve). Une table ronde
réunissait, in fine : Jean-Robert Ragache (président du Suprême Conseil
du RÉAA-GODF), Jean-Claude Casadesus (chef d’orchestre), Bernard Besret
(ancien prieur de l’abbaye de Boquen), Pierre du Villard (maître
de ballet de l’Opéra), Daniel Mesguich (directeur du Conservatoire
national supérieur d’Art dramatique).
Gilles
COHEN (Sous la direction de) : Maths & musique, des destinées parallèles. « Tangente » hors-série n°11,
éditions Pôle (80, bd Saint-Michel, Paris VIe.
Tél. : 01 39 98 83 50). 17 x 24 cm, ill. n&b et
couleurs, ex. mus. 19,80 €.
Quatre dossiers composent ce remarquable
numéro : « Les fondements »
(comment, depuis l’Antiquité, les mathématiciens cherchent à percer les secrets
de la musique), « La composition »
(de Bach & Haydn à Xenakis & Boulez), « La technologie » (le numérique entre en scène pour
reconstituer la musique), « Lieux et
figures emblématiques » (Cité de la musique de Paris & Opéra de Pékin /
L. Bernstein, E. Ansermet, T. Johnson, Femmes & musique…).
Grâce au foisonnement de l’informatique, le champ de l’exploration musicale est
désormais sans limite. Ouvrage tout à fait accessible. Passionnant !
Daniel
DESHAYS : Entendre
le cinéma. « 50 questions », Klincksieck (www.klincksieck.com). 13,5 x
21 cm, 192 p. 18 €.
Professionnel réputé de la pratique &
de l’enseignement du son au cinéma, Daniel Deshays s’interroge sur les
conditions d’existence du sonore à l’écran et des nouvelles formes qu’il pourrait
prendre – ouvrant ainsi de nouvelles perspectives de création et
d’invention. En « 50 questions », intitulé de la
collection.
Philippe
ZWANG : 100
dates de l’Histoire de France.
Ellipses (www.editions-ellipses.fr).
14,5 x 21 cm, 240 p., ill. n&b. 10 €.
En ces temps de désamour de l’histoire (du
moins, semble-t-il, à l’Éducation nationale), voilà qui sera un précieux
vade-mecum pour tout « honnête citoyen » (ne serait-il pas encore en
âge de voter). 100 événements phares - dont il était certes nécessaire,
pour quelques-uns d’entre eux, de rallumer les feux. Depuis
« Alésia » (52 av. J.-C.) jusqu’à « La fin du
franc » (1er janvier 2002), via Marignan, le J’accuse de Zola, la découverte du
vaccin contre la rage, l’assassinat d’Henri IV et de Jean Jaurès, la
bataille d’Austerlitz, l’appel de l’abbé Pierre… Tout cela
admirablement remis en perspective par l’éminent historien & musicologue
Philippe Zwang (chaque notice est assortie d’une bibliographie succincte).
Annie
ZWANG : 100
femmes qui ont fait l’Histoire de France. Ellipses (www.editions-ellipses.fr).
14,5 x 21 cm, 240 p., ill. n&b. 10 €.
Jetant un fort original - mais évidemment
indispensable – éclairage sur l’histoire de notre pays, cet ouvrage
d’Annie Zwang exalte, bien sûr, nombre de femmes qui eurent des
rôles-clés : Aliénor d’Aquitaine, Catherine de Médicis, Mme de Sévigné,
Charlotte Corday, Mme de Staël, Colette, Camille Claudel,
Nadia Boulanger, Simone Veil, Germaine Tailleferre, Édith Piaf,
Claudie Haigneré… mais bien d’autres encore, trop souvent « oubliées
de l’Histoire » : la Dame de Vix, Brunehaut, Élisa Lemonnier,
Hubertine Auclert, Louise de Bettignies, Marie Marvingt… De
passionnantes découvertes ! (Chaque notice est également assortie d’une
bibliographie succincte.)
Georges
GOORMAGHTIGH : Le chant du pêcheur ivre.
Écrits sur la musique des lettrés chinois. « Le Maître et le
disciple », Infolio (www.infolio.ch).
11 x 17,5 cm, 144 p., ill. n&b. 10 €.
S’adressant aux amateurs de musique, de
poésie orientale et de spiritualité, ce petit livre présente pour la première
fois - à la lumière de l’enseignement vivant d’un grand maître contemporain - le
monde subtil et fascinant du qin,
l’antique cithare à sept cordes de soie, instrument de prédilection des lettrés
chinois. Indispensable glossaire.
Peter
BÖLKE : Les
routes du jazz.
Adaptation : Stan Cuesta. Stéphane Bachès, éditeur (www.editionstephanebaches.com).
Album bilingue (anglais/français). Relié : 28,5 x 28,5 cm, 160 p., ill. n&b et couleurs,
6 CDs inclus. 39,90 €.
Magnifiquement illustré, ce fort album relate
– suivant la progression géographique - l’histoire du jazz & des musiciens
qui firent sa légende : Louis Armstrong, Ella Fitzgerald,
Django Reinhardt, Benny Goodman, Charlie Parker,
Gerry Mulligan, Dexter Gordon, Chet Baker, John Coltrane,
Miles Davis… Les 6 disques y inclus (Classic Jazz /
New York Swing / New York Be-bop / New York
Modern Jazz / Cool & Westcoast / Jazz in Europe) ne
proposent pas moins de 7 heures de musique. Un superbe cadeau à (vous)
faire !
Jean-Pierre
JACKSON : Benny
Goodman. « Classica »,
Actes Sud (www.actes-sud.fr).
10 x 19 cm, 160 p. 16 €.
Blanc, musicien classique & riche ne furent
pas les moindres handicaps à la reconnaissance - par les Français - de
Benny Goodman (1909-1986), celui que l’Amérique appelait, pour sa part, The King of Swing. Après des
monographies consacrées, chez Actes Sud, à Charlie Parker (2005) et
Miles Davis (2007), Jean-Pierre Jackson retrace ici avec minutie le parcours
de l’illustre clarinettiste. Ouvrage assorti d’une chronologie, de
repères bibliographiques et d’une discographie.
Robert
SPRINGER : Fonctions
sociales du blues.
« Eupalinos » (série Jazz & musiques improvisées).
Parenthèses (www.editionsparentheses.com). Distr.
Harmonia Mundi. 15 x 23 cm, 236 p. 16 €.
Grâce à la transcription puis l’étude de
centaines de morceaux, l’auteur – dépassant les incohérences &
contradictions inhérentes au caractère oral de cette musique - met en lumière de
farouches volontés de contestation, même si elles ne pouvaient s’exprimer, le
plus souvent, que masquées. Par-delà le cas d’espèce, sont aussi
réhabilités tous les genres issus de la tradition orale, laquelle a perdu sa
prééminence face à l’écriture. Huit chapitres : La tradition
noire / Fonctions estompées / Le blues, véhicule de louange & de
dérision / Fonction de commémoration / Fonction éducative /
Fonctions traditionnelles / Fonction récréative / Le
blues-plaidoyer / Fonction de témoignage / Fonction de contestation.
David
GILLE : L’âme
de la chanson. Petite
esthétique des refrains populaires. « Petite philosophie du
voyage », Transboréal (www.transboreal.fr).
11 x 16,6 cm, 90 p. 8 €.
Auteur-compositeur-interprète, David Gille [notre photo]
(il se produit actuellement au célèbre cabaret montmartrois
« Le Lapin agile ») nous fait ici part de sa passion pour
la chanson, dont il analyse les ressorts intimes - depuis les complaintes &
ritournelles du XVe siècle jusqu’à nos plus récents
« tubes » de variété, via berceuses, comptines, chansons à boire ou
engagées, importées du Japon ou napolitaines, saudades lisboètes, etc. Un plaidoyer passionné et convaincant !
©Yves Mathieu
Yves
BOROWICE (Sous la direction de) : Les femmes de la chanson.
Deux cents portraits, de 1850 à nos jours. Textuel (www.editionstextuel.com). Fort
album relié, 21,5 x 27,5 cm, 274 p., 200 photos n&b et
couleurs. 39 €.
Il était certes temps de rendre compte de
l’apport des femmes à la chanson francophone - la chose fût-elle ici réalisée
par un collectif de sept hommes et une femme. À mi-chemin entre
encyclopédie & galerie de portraits, cet ouvrage – fort richement illustré –
s’intéresse, bien sûr, à toutes celles qui furent (ou sont encore) sous les
feux de la rampe, mais aussi aux « femmes des coulisses » : parolières,
compositrices, directrices de salle, programmatrices… Des goualeuses
réalistes à nos éphémères lolitas, des passeuses de poésie aux vedettes de
variété, elles sont là, elles sont toutes là - sagement rangées par ordre
alphabétique. Une somme sans précédent.
Jean-Paul
MAZILLIER, Anthony BERROT & Gilles DURIEUX : Piaf, de la Môme à Édith. Documents & inédits. « Beaux
livres », Le Cherche-Midi (www.cherche-midi.com).
21 x 30 cm, 224 p., photos n&b et couleurs.
CD inclus. 32 €.
Pour tous ceux qui furent un jour amoureux
de la voix de légende d’Édith Piaf (1915-1963), ce magnifique album
alimentera toutes les nostalgies. Plus de 300 documents inédits ont
été ainsi rassemblés : partitions, programmes français ou internationaux,
cahiers intimes, notes de tours de chant, photos, éditions rares… Le
CD inclus nous découvre, en outre, des versions live jamais entendues. Citons Joseph Kessel :
« La misère maîtrisée, la faiblesse et l’angoisse domptées, une exigence artistique sans miséricorde et
un incroyable courage. Et dans sa voix, le génie déchirant. »
Charles
AZNAVOUR : L’intégrale. Préface d’Atiq Rahimi. Don Quichotte
(www.donquichotte-editions.com).
Relié, couverture souple. 17,5 x 22,5 cm, 672 p.
25 €.
Soixante-six ans de carrière et quelque 550
textes de chansons ! S’ouvrant sur une longue introduction de
l’auteur, cette intégrale de l’œuvre poétique du plus universellement aimé de
nos chanteurs populaires restera longtemps, n’en doutons pas, indépassée.
Bonheur de retrouver, au gré du feuillettement, tant de refrains qui, un jour
ou l’autre, nous auront émus.
©Jean-Luc Philippe
Patti
SMITH (°1946) : Just Kids.
Traduit de l’américain par Héloïse Esquié. Denoël (www.denoel.fr). 15 x
23 cm, 370 p., photos n&b. 25 €.
Rien
que des gamins…
Dans cette fresque élégiaque et enivrante, la grande prêtresse du punk rock
revient sur ses années de bohème dans le New York arty des années 70, et sur ses relations avec
Andy Warhol, Jim Morrison, Allen Ginsberg, Janis Joplin… et
surtout le plasticien Robert Mapplethorpe - son âme-sœur, frère, ami et
amant, mort du sida en 1989. Nous savions l’immense talent de la
musicienne, elle est aussi un grand écrivain.
Maurice
MARTENOT : Principes
fondamentaux de Formation musicale et leur application. Méthode Martenot, guide du professeur
(17 x 24 cm, 236 p., croquis, ex. mus. 24 €).
Les éditions de l’île bleue (tél. : 01 47 30 84 34. www.editions-ilebleue.fr).
Diffusion : Symétrie.
Excellente idée que de rééditer ce
« Guide du professeur », grand classique de la fameuse méthode.
Ouvrage qui – n’en doutons pas - sera une révélation pour nombre de jeunes
enseignants. Outre les Cahiers 1A,
1B, 2A, 2B (destinés aux élèves), paraissent aussi : La Course aux notes (« jeu
complémentaire à la méthode ») et La
Course aux notes : clé de sol,
clé de fa (« apprentissage
ludique des réflexes de lecture », par Ariane Martenot).
Chantal
GROSLÉZIAT : Bébés chasseurs de sons.
Les bébés et la musique, 2. Préface d’Éric Sprogis. « 1001 BB »,
Érès n°21. 11,5 x 16 cm, 168 p. 10 €.
Par la directrice de « Musique en
herbe » (Seine-Saint-Denis), nous est ici montrée l’importance des relations
affectives & de l’écoute des sons comme objets de jeu, dans toute éducation
musicale.
Philippe
BOUTELOUP : Des
musiciens et des bébés. « 1001 BB », Érès n°41. 11,5 x 16 cm,
168 p. 10 €.
Par le directeur de « Musique et
santé » (association intervenant dans le secteur hospitalier & du
handicap), voici un voyage en petite enfance où émotions, découvertes et
étonnements font naître de nouvelles envies de pratiques musicales.
Maurice
TARDIF & Louis LEVASSEUR : La division du travail éducatif. Une
perspective nord-américaine. « Éducation & société »,
PUF. 15 x 22 cm, 208 p. 19 €.
Par deux sociologues canadiens de
l’éducation, Maurice Tardif (Université de Montréal) & Louis LeVasseur
(Université Laval), est ici mise à mal l’ordinaire croyance que le
personnel enseignant constitue la profession centrale du système scolaire –
propos abondamment illustré par ce qu’il en est en Amérique du Nord.
Ainsi est-ce à des agents non enseignants que sont désormais dévolues les
tâches de soutien affectif aux élèves, de surveillance & de contrôle, de
socialisation aux normes scolaires, d’intégration sociale, d’aide à
l’apprentissage. À tout le moins déconcertant…
Francis Cousté.
***
Haut
My Soul Doth Magnify The Lord. Best-loved
settings of the Magnificat and Nunc dimittis. Helios : CDH 55401.
Diffusion : abeilleinfo@abeillemusique.com TT : 58’10.
Ce titre n’est autre que
l’incipit anglais du Magnificat.
Le Choir of St Paul’s Cathedral - dont la réputation n’est plus à
faire - propose une sélection de Magnificat et de Cantiques de Siméon, chacun
se terminant sur la doxologie en anglais. Le disque commence par le
« Grand Service » anglican de Sir Charles
Villiers Stanford (1852-1924), très prenant et consonant. Il
contient également deux Magnificat de
Thomas Attwood Walmisley (1814-1858) et de Charles Wood (1866-1926),
avec le Nunc dimittis, ainsi que
deux Evening Canticles de
Samuel Wesley (1766-1837) et Sir Herbert Brewer
(1865-1928). Chr. Dearnley, à l’orgue, un chœur hors pair dirigés
par J. Scott, recréent avec musicalité, plénitude vocale, ces témoignages
si attachants et typiques de la musique anglicane.
Organ Fireworks XIV. Hyperion :
CDA 67758. Diffusion : abeilleinfo@abeillemusique.com. TT : 72’16.
Dans la collection « Feux d’artifice à l’orgue »,
Christofer Herrick fait découvrir aux auditeurs non seulement des
musiciens peu connus, mais encore l’orgue du Townhall (Hôtel de ville) de
Melbourne, en Australie. Le programme révèle, entre autres, un Choral Song et une Fugue de Samuel Wesley, la Toccata en ré majeur (1927) du musicien rouennais Marcel Lanquetuit
(1884-1985), page brillante et bien enlevée qui tient son rang, à côté d’œuvres
prestigieuses comme la Pièce héroïque de César Frank et la Sonate pour
orgue n°1, en ré mineur d’Alexandre Guilmant.
À noter quelques « fantaisies », telles que l’arrangement de la Grande Marche d’Aïda et l’Animal Parade (2007) de Iain Farrington (°1977). Réalisation
originale ; véritable explosion sonore.
Georg Philipp TELEMANN : Der
Tag des Gerichts. Rondeau (mail@rondeau.de) :
ROP 6036. TT : 73’17.
Dès les premières mesures, une
atmosphère dramatique par le rythme des percussions, et solennelle - voire
pompeuse - annonce le thème : Le
Jour du Jugement, composé en 1762 par G. Ph. Telemann (1681-1767)
« pour l’édification de la bourgeoisie de Hambourg ». Cet
oratorio (TWV 6 : 8) comporte quatre Contemplations. Le Chœur des Croyants, l’Incrédulité, la
Raison, le Blasphémateur, le Railleur, le Moqueur, la Religion et la Turba (c’est-à-dire la foule)
interviennent dans la 1re Contemplation.
Ils évoquent tour à tour, de manière tonitruante, le Jour du Jugement, puis la
recherche de la vérité élémentaire, la crainte de la condamnation et les
défauts de la foule trompeuse. Le ton, d’abord à la plaisanterie, puis à
la fatalité, aboutira au chœur d’actions de grâce des croyants. La 2e Contemplation concerne le monde réel, du macro- au microcosme,
annonçant la venue de Jésus. La Dévotion évoque le sort du monde,
« l’heure de la vengeance a sonné pour le fidèle » qui chante sa joie
pour rejoindre la cohorte des anges. Dans la 3e Contemplation, l’Archange séparera les élus des
damnés. Au Chœur des Croyants rendant gloire à Jésus, s’oppose celui,
plus chaotique, des Vices. Cette partie se termine par l’affirmation du
juste châtiment. Dans la 4e,
le Chœur des anges et des âmes élues proclame la gloire divine et
l’allégresse. Enfin, les bienheureux sont appelés au bonheur et à la
joie. Ces divers états d’âme sont traduits avec beaucoup de relief par
l’éminent Bach Consort Leipzig dirigé avec autorité par
Gotthold Schwarz : une véritable prouesse artistique et spirituelle
dans le sillage de l’Empfindsamkeit.
Johannes BRAHMS : Haydn Variations. Piano Concerto n°1.
Fuga Libera. (stephanie@outhere.com) : FUG 573. TT :
70’15.
Le thème de Joseph Haydn
(choral de Saint-Antoine, Andante) -
parfois galvaudé - est introduit avec retenue par l’Orchestre national de
Belgique qui crée immédiatement l’atmosphère propice à l’écoute des 8 Variations contrastées et du
finale Andante, Walter Weller
ayant judicieusement sélectionné les tempi adéquats à chacune d’entre
elles. Dans le Concerto pour piano
& orchestre n°1, en ré mineur, op.15, en
3 mouvements (Maestoso, Adagio, Rondo-Allegro non troppo-Piu animato), la talentueuse pianiste
bulgare, Plamena Mangova, accompagnée avec autant de précision que
d’énergie ou de sensibilité, fait preuve d’une construction solide, d’une bonne
conduite de la basse, et surtout d’un grand sens dramatique dominés par une belle musicalité.
Plamena Magova : un nom à retenir.
Mörike-Vertonungen aus der
Schweiz.
Musiques suisses (mirko.vaiz@mgb.ch) :
MGB CD 6211. CD Diffusion (31, rue Herzog, F-68920
Wettolsheim info@cddiffusion.fr).
TT : 55’45.
L’audition des remarquables
compositions suisses sur des poèmes d’Eduard Mörike (1804-1875) peut être
associée à la lecture des non moins remarquables traductions françaises de
Nicole Taubes (Paris, Belles Lettres, 2010). Ce CD regroupe des
mises en musique par des musiciens suisses dont Willy Burkhard
(1900-1955), interprétées avec tant de finesse par le ténor Tino Brütsch
accompagné et soutenu au piano par Yvonne Troxler ; ils en restituent
tout le mystère (Verborgenheit) et le
lyrisme contenu (Im Frühling).
Ce CD permet aussi de mieux saisir l’atmosphère poétique, par exemple avec les
5 Mélodies composées par
Eduard Staempfli en 1939. Les comparatistes seront intéressés par la
confrontation de plusieurs versions de : In der Frühe (pl. 3 et 12) ou encore : Verborgenheit présent, dans
l’introduction, avec la musique de W. Burkhard (pl. 1) et dans la
conclusion, avec celle, plus ancienne, de W. Baumgartner
(pl. 23). Soit un total de 23 mélodies interprétées avec une
parfaite connivence : à redécouvrir.
Filidh Ruadh. Ballades écossaises. VDE-Gallo (info@vdegallo.ch) : CD 1332.
TT : 60’00.
Filidh Ruadh signifie, en gaélique, le barde roux. Du XVIe au XXe siècle, les ballades d’Écosse, en gaélique ou en anglais,
reposent sur des textes des anciens bardes. Leurs mélodies teintées de
nostalgie, mais aussi d’amour, reflètent la noblesse de l’âme écossaise ;
plus descriptives, elles évoquent aussi des paysages plus fascinants. La
voix surprenante d’I. Watson est associée à de nombreux instruments
populaires : Ocean drum,
harpe celtique (Chr. Rupp), accordéons diatoniques, Hackbrett (N. Pfister). Parmi les auteurs, figurent
F. MacDonald, R. Burns… Nul ne résistera à cette musique tour à tour
mélancolique, entraînante, rendue avec tant de musicalité par cet exceptionnel
trio écossais.
Indonésie. Chants des
Îles de Flores & Solor. VDE-Gallo (info@vdegallo.ch) :
CD 1304. TT : 65’36.
Le CD regroupe des musiques
inédites enregistrées par J. Simonnot (1992) et D. Rappoport (1992,
2006-2007). Elles proviennent des Îles de Flores et de Solor habitées par
les Lamaholot totalisant quelque 35 dialectes. Dans leurs chants, ils
privilégient les duos dont l’art, selon l’excellent texte de présentation
(D. Rappoport), « s’enracine dans le mythe des frères siamois qui
naquirent au village de Lamanabi… Ils ne vécurent pas longtemps et furent
enterrés… Quelques jours plus tard, deux bambous sortirent de terre : ce
serait l’origine de la flûte à deux tuyaux et du chant à deux
parties ». L’interprétation de ces 15 pièces nécessite des
intervalles harmoniques restreints, comme il ressort de ces duos organisés par
paire : une vraie plongée sonore dans un monde en voie de disparition.
Édith
Weber.
Antonio
VIVALDI : Concerti per il flauto
traversier. Arte dei Suonatori, dir. Alexis Kossenko. Alpha (www.alpha-prod.com) : 174. TT : 77’01.
Un disque consacré aux concerti pour flûte
traversière composés par le prêtre roux. Une interprétation pleine
d’allant sur instruments anciens et une intéressante notice expliquant les
particularités et choix musicologiques inhérents à chaque concerto. Sans grande
originalité, un enregistrement qui s’adresse aux amateurs de musique baroque.
Neapolis Ensemble 77 : Ritmo e
Magia nella tradizione musicale napoletana. Aeon : AECD1097.
TT : 50’38.
Pour ce troisième projet discographique,
l’ensemble Neapolis se penche sur le rôle des femmes dans la tradition musicale
populaire napolitaine. Un disque en forme d’hommage à la femme du Sud de
l’Italie, à la fois douce & autoritaire, bizarrement croyante &
fièrement païenne, capable d’écouter mais aussi de se faire respecter, jamais
soumise au pouvoir de l’homme. Un hommage qui s’exprime à travers la
magie de la tarentelle, ses rythmes, ses danses et ses curieux rapports avec le
diable. Un disque plein de charme et de couleurs.
« Fra’Diavolo » : La
musica nelle strade del regno di napoli. Accordone, dir. Guido Morini. Arcana :
A 359. TT :
77’35.
Un disque original s’il en est,
parfaitement interprété par l’ensemble Accordone, consacré à la tarentelle,
cette musique traditionnelle italienne, noyée de rythmes et de chant,
expression musicale de la possession, musique tournoyante et sans répit, danse
libératoire. Un enregistrement empreint de magie, de théâtralité, témoignant
de l’engagement marqué des musiciens er des chanteurs qui font preuve d’une
diction et d’une rythmique sans faille, interprété sur instruments anciens,
d’une très belle sonorité. Un disque surprenant qui nous incite à la
danse, qu’il serait coupable de négliger.
« Jean
Geoffroy joue BACH » : Sonates
et Partitas BWV 1001-1006. 2CDs Skarbo : DSK 11088.
TT : 123’30.
« Jean
Geoffroy joue BACH » : Suites BWV 1007-1012.
2CDs Skarbo : DSK 11077. TT : 108’45.
Deux enregistrements qui proposent l’intégrale
des suites, sonates & partitas de J. S. Bach dans une
transcription pour marimba solo. Une curiosité où, malheureusement,
Bach a perdu son âme.
« Tristissima ». Mario Hacquard
(baryton), Claude Collet (piano), Daniel Ciampolini (batterie). Hybrid’Music : H1822. TT :
47’22.
Un « crossover » qui mêle chanson
populaire & musique savante, regroupées autour du thème de la tristesse.
Un mélange des genres qui n’est guère heureux, où personne ne trouve vraiment son
compte.
BEETHOVEN, SCHUMANN, BACH, CHOPIN, BRAHMS. Solomon (piano).
2CDs Audite Musikproduktion : 23.422. TT : 64’45 + 54’42.
Un enregistrement historique du grand
pianiste Solomon (1902-1988), d’origine juive polonaise, né en 1902 à Londres,
qui débuta l’étude du piano à l’âge de cinq ans, effectua son premier
concert au Queen’s Hall à l’âge de neuf ans, poursuivit ses études à
Paris sous la direction de Lazare-Lévy, élève de Cortot, puis entreprit une
brillante carrière internationale, brutalement interrompue par un accident
vasculaire cérébral survenu en 1956. Il s’agit, ici, d’un de ses derniers
enregistrements, effectué en février 956, à Berlin, comprenant un
programme consacré à Beethoven, Schumann, Bach, Chopin et Brahms, qui permet de
juger de son exceptionnelle qualité d’interprétation. Un
disque-document. Inévitable !
Louis SPOHR, George ONSLOW : Nonets. Ensemble Osmosis.
Ramée (www.ramee.org) : RAM 1007.
TT : 69’01.
Un très beau disque consacré aux nonets de
Louis Spohr (1784-1859) et de George Onslow (1784-1853). Deux
œuvres romantiques témoignant des nouvelles sonorités apportées par cet
effectif particulier, le nonet, associant cordes & instruments
à vent. Une remarquable interprétation sensible et virtuose qui met
parfaitement en évidence la complémentarité des différents instruments, la
richesse des couleurs et les contrastes de timbre. Indispensable.
COUPERIN,
COLIN de BLAMONT : Concert chez la
Reine. Les Ombres, dir. Margaux Blanchard & Sylvain Sartre.
Ambronay : AMY301. TT : 68’00.
Un concert chez Marie Leszczyska, épouse de
Louis XV, un certain art de vivre au siècle des Lumières, entre poésie
& théâtre, voix parlées & chantées, cordes & vents, autour de
François Couperin et de François Colin de Blamont. Un concert
en trois parties, un prologue en forme de pastiche élégant dédié à
« l’incomparable Monsieur de Lully » par François Couperin,
une cantate qui nous conte l’histoire de Circé sur une musique de François
Colin de Balmont et un final instrumental en forme de suite de
danses. Voilà qui ravira tous les « baroqueux ».
Christoph GRAUPNER : Ein Weihnachts Oratorium. Mannheimer Hofkapelle,
Ex Tempore, dir. Florian Heyerick. 2 CDs Ricercare (www.ricercare.be) : RIC 307.
TT : 136’11.
Un document qui permet d’écouter neuf
cantates de Noël, composées par Christoph Graupner (1683-1760),
compositeur quasi méconnu, auteur d’une œuvre considérable, ayant bénéficié de
son vivant d’une grande réputation, maître de chapelle du landgrave de
Hesse-Darmstadt de l’âge de vingt-six ans jusqu’à sa mort. Ces cantates,
choisies de façon quelque peu arbitraire parmi les 1 418 cantates
composées entre 1709 et 1754, pour le service de la cour de Darmstadt, étaient
toutes destinées aux offices de l’Avent à l’Épiphanie. Caractérisées par
un effectif vocal constant et une grande richesse instrumentale, elles
permettent de juger de l’évolution du compositeur sur plus de quarante années.
Une belle interprétation, de belles compositions qui ne sont pas sans rappeler…
certain contemporain de Leipzig.
Patrice Imbaud.
Robert SCHUMANN (1810-1856) : Klavierwerke & Kammermusik, XI. Éric Le Sage, piano.
Digipack de 2CDs Alpha (www.alpha-prod.com) :
169. TT : 76’31 + 76’55.
Maîtrisant mieux que quiconque le
kaléidoscope schumannien, tel apparaît Éric Le Sage qui clôt ici l’intégrale
Alpha de l’œuvre pour piano & avec piano de Schumann. Volume
s’ouvrant sur les délicieuses Variations
sur le nom Abegg, œuvre de jeunesse (1830) et se refermant sur les
mystérieuses « Geistervariationen »
(Thema mit Variationen, 1854),
composées peu avant l’internement définitif à Endenich. Entre ces deux œuvres,
l’album comporte, dans le 1er CD : la Toccata op.7, les Kinderszenen op.15, les Études sur un thème de
Beethoven, le Carnaval op.9 et,
dans le 2nd CD : Drei Romanzen op.28, Arabeske op.18, Albumblätter op.124, Blümenstuck op.19, Sieben Fuguetten op.126.
Johann Benjamin GROSS (1809-1848) : Bal(l)ade
romantique. Quatuor Mosaïques, Yoko Kaneko (piano
Felix Gross, ca 1838),
Michael Dahmen (baryton), Christophe Coin (violoncelle).
Laborie Records (www.ebl-laborie.com) : LC09. Distr. Abeille Musique.
TT : 71’42.
Violoncelliste et compositeur,
Johann B. Gross est injustement absent de nos anthologies
(bibliographiques ou discographiques). Savant mélange de finesse et de
simplicité, son œuvre (43 opus) s’enracine dans la chanson populaire mais
n’en est pas moins fort sophistiquée. Voici donc partiellement comblée cette
lacune, avec : la Sonate en si mineur pour le pianoforte et violoncelle op.7, la Sérénade en ut majeur pour le violoncelle avec
accompagnement de piano op.32, diverses mélodies et le Quatuor en fa mineur op.37 n°3.
Gustav MAHLER : Symphonie
n°4. Rosemary Joshua, soprano. Orchestre des Champs-Élysées,
dir. Philippe Herreweghe. Alpha (www.outhere-music.com) :
PH1. TT : 53’28.
La « légèreté » de
cette symphonie ne fut guère appréciée lors de sa création : ne lui
reprocha-t-on un (relatif) classicisme et son manque d’idées – sauf, peut-être,
dans le finale Sehr behaglich, dont
le texte chanté s’inspire du fameux recueil de poèmes Das Knaben Wunderhorn. Jugement qui nous paraît, aujourd’hui,
à tout le moins peu pertinent, sinon invraisemblable... C’est à un retour
aux sources que s’est ici attaché Philippe Herreweghe : utilisation de
cordes en boyau dans le quatuor de l’orchestre, prééminence de la vocalité sur
une utopique égalisation sonore, bois et cuivres visant à la
transparence. Pour un résultat, le plus souvent, extatique – Mahler ne
parlait-il pas, lui-même, d’une « symphonie profondément bleue » ?
Limpidité de la voix de Rosemary Joshua, vision édénique…
Paul SACHER, chef d’orchestre & inspirateur : Resonanzen. Enregistré à Munich,
Baden-Baden, Bâle. 4 CDs Migros / Musiques suisses (www.musiques-suisses.ch) :
MGB CD 6240. TT : 57’20 + 73’36 + 56’38 +
78’56.
Flamboyant mécène, l’industriel
Paul Sacher (1906-1999) dirigea lui-même les plus grands artistes de son temps
(W. Landowska, R. Serkin, E. Gilels, A.-S. Mutter,
H. Cuénod, M. Rostropovitch…), dans des œuvres dont il avait, le plus
souvent, passé commande et qui lui sont dédiées. Quatre CDs résument ici
le parcours du chef d’orchestre : Monumentum
pro Igor Strawinsky : Pro Gesualdo di Venosa (1960), Abraham & Isaac (1963), A Sermon, a Narrative and a Prayer (1961), Symphonie en 3 mouvements (1945). Klassic und
Klassizistische Moderne : J. Haydn, Symphonie en sol mineur (Hob. I:39) / B. Martinů, Mémorial de Lidice (1943) / Fr. Martin, Ballade pour violoncelle & petit
orchestre (1949) / B. Bartók, Musique
pour cordes, percussion & célesta (1936). Jubiläum und Abschied : L. Berio, Le retour des songes (1976) / D. Milhaud, Les malheurs d’Orphée (1924). An der Seite von Paul Sacher -
Heinz Holliger : W. A. Mozart, Concerto pour hautbois (1777) / W. Fortner, Aulodie (1966) / H. Holliger, 2 transcriptions de Liszt pour
grand orchestre (1986). Copieux livret de 140 pages. Un
coffret in-dis-pen-sable !
Hans Knappertsbusch & Berliner Philharmoniker.
« Legendary Recordings ». Coffret de 5 CDs Audite (www.audite.de) :
21.405. TT : 79’07 + 78’39 + 71’12 + 69’13 + 57’19.
Réalisés à Berlin pour la RIAS
(« Radio In the American Sector »),
sont ici réunis, pour la première fois, tous les enregistrements live ou en studio du célèbre chef
d’orchestre à la tête du Berliner Philharmoniker, de 1950 à 1952.
CD1 : 9e Symphonie de Bruckner, 8e Symphonie « Inachevée » de
Schubert. CD2 : 8e Symphonie de Bruckner. CD3 : 8e Symphonie de Beethoven, Les Mille et une nuits de J. Strauss II, Les Joyeuses
Commères de Windsor de Nicolai, 94e Symphonie « La Surprise » de
Haydn. CD4 : Casse-noisette de Tchaïkovsky, La Chauve-Souris de
J. Strauss II, Bad’ner Mad’In de K. Komzák II, 8e Symphonie « Inachevée » de
Schubert (version live).
CD5 : 9e Symphonie de Bruckner (version live).
Où il est, notamment, intéressant de comparer les versions live et studio des symphonies de Bruckner et de Schubert
(enregistrées à deux jours d’intervalle).
Max REGER : L’œuvre
complète pour violoncelle & piano. Alexandre Kniazev
(violoncelle), Édouard Oganessian (piano). 3CDs Saphir (www.saphirproductions.net) :
LVC 001103. TT : 219’02.
Contrairement à l’image austère
et sentencieuse que l’on se fait ordinairement - du moins en France - de
Max Reger (1873-1916), ce compositeur pouvait être tour à tour aimable,
sensuel voire convulsif… Voici ce qu’en disait, en 1905, Carl Krebs :
« Tantôt il écrit avec la naïveté d’un enfant, tantôt d’une telle manière
qu’on se demande si les exécutants ne sont pas devenus fous ! »
Propos confirmé par cette belle anthologie. CD1 : Dix pièces brèves / 1re et 2e Sonates pour
violoncelle & piano. CD2 : 3e et 4e Sonates pour violoncelle & piano. CD3 : 1re, 2e et 3e Suites pour violoncelle / Fantaisie symphonique op.57 (transcription par Robert Engl,
2003).
« Musique russe à Giverny ». Enregistrement live lors du Festival d’août 2008.
Hybrid’Music (www.hybridmusic.com) :
H1820.
Sorti en 2010, pour célébrer
l’année de la Russie en France, ce CD propose, dans l’interprétation de jeunes
artistes en résidence - chambristes déjà aguerris - des œuvres de :
Alexandre BORODINE (1833-1887) : 2e Quatuor (1861) dans lequel le compositeur (seul du groupe des Cinq à s’être
régulièrement consacré à la musique de chambre) fait la part belle à son
instrument, le violoncelle. Igor STRAVINSKI (1882-1971) : Trois pièces pour quatuor à cordes (1914), qu’il orchestrera plus tard. Serge RACHMANINOV (1873-1943) : Trois mélodies (Ekaterina Godovanets, soprano. Maria Belooussova,
piano). Dmitri CHOSTAKOVITCH (1906-1975) : Quatuor n°8 (1960), orchestration Rudolf Barchaï, œuvre
inscrite au programme du baccalauréat 2009 (Orchestre à cordes du Festival
de Giverny, Jonathan Crow, violon solo). Remarquable prise de
son.
Trombone & orgue. Abbie Conant (trombone), Klemens
Schnorr (orgue). Audite (www.audite.de) :
97.410. TT : 48’30.
Disque précieux à double titre,
car il nous permet de découvrir une remarquable tromboniste (instrument
rarement pratiqué par les personnes de son sexe), dans un répertoire,
s’étendant sur quatre siècles, à tout le moins peu rebattu : Canzon « La Hieronyma » de Giovanni Marino Cesare (1590-1667), Choral « O Ewigkeit » de Johann Ludwig Krebs (1713-1780), Sonate en do majeur de Benedetto Marcello (1686-1739), Morceau symphonique en mib majeur d’Alexandre Guilmant
(1837-1911), Sonata da Chiesa I de
Robert M. Helmschrott (°1938), Variations
on America de Charles Ives (1874-1954).
Laurent CUGNY : La
Tectonique des nuages, opéra-jazz (librement adapté de Cloud Tectonics de José Rivera).
« Signature », coffret de 2CDs Radio France (www.kiosque.radiofrance.fr) :
SIG 11080/82. Distr. Harmonia Mundi. TT :
50’30 + 54’33.
Si l’opéra-rock fait désormais
florès, rares sont les opéras-jazz. N’en est que plus remarquable cette superbe
production lyrique signée Laurent Cugny (éminent pianiste de jazz,
chef d’orchestre, professeur à Paris IV-Sorbonne). Sur fond
d’apocalypse météorologique, à Los Angeles, magnifique histoire d’amour
entre « la luna y el sol » :
Celestina del Sol (étrange jeune femme enceinte, surgie – telle Mélisande –
d’on ne sait où, faisant du stop, la nuit, au cœur de l’ouragan) et Aníbal de
la Luna (bagagiste à l’aéroport, qui la recueillera, cependant que passé
le seuil de sa maison, se dérèglent toutes les horloges). Outre le
compositeur (direction musicale, piano & timbales), une dizaine
d’instrumentistes jouent saxophones, clarinettes, trompette, bugle, cor,
trombone, accordéon, guitares, contrebasse & percussions. Interprètes
des trois protagonistes : David Linx (Aníbal de la Luna), Laïka Fatien
(Celestina del Sol), Yann-Gaël Poncet (Nelson de la Luna, frère
d’Aníbal). D’anthologie !
Astor PIAZZOLLA par Magali Léger (soprano) & Marcela Roggeri
(piano). Transart Live (www.cdpresto.com)
: TR 163. TT : 59’41.
Un must ! Seize des plus belles pages de
Piazzolla par deux artistes exceptionnelles : Magali Léger, Premier
Prix de chant au CNSMDP, interprète aussi bien de Fauré (La Bonne Chanson avec Michaël Levinas) que de Schönberg (L’Échelle de Jacob avec le
Philharmonique de Radio France) ; la pianiste argentine
Marcela Roggeri, à la carrière internationale, bien connue pour ses
interprétations de Scarlatti, Satie, Copland, Gubaidulina… La voix est
d’une parfaite ductilité, souple et sensuelle. Quant à la pianiste, elle
épouse admirablement les délicats phrasés de sa partenaire. Quelques
titres : Aire de la Zamba Niña, Milonga sin palabras (vocalisée), Oblivion, Los Pájaros perdidos, Ave Maria, Années de solitude (texte : Maxime
Le Forestier), Balada para un loco, Siempre se vuelve
a Buenos Aires. Et pour le piano solo : Suite para piano, C’est l’amour, Retrato de
Alfredo Gobbi, Valsisimo (pastiche de Satie et de Debussy), Milonga
del ángel, Muerte del ángel.
Electro Swing III. CD Wagram Music (www.electroswing.net) :
3230852.
Né au début du XXe siècle, le swing se développa des années 20 aux années 50. Un
demi-siècle plus tard, le revoili, le revoilà ! Mais curieusement remixé à
la mode rap… Le CD (20 titres) se présente sous l’aspect d’un
45 tours. Vintage en
diable ! Une curiosité…
Éilis KENNEDY & Pauline SCANLON chantent Lumière. Keltia Musique (www.keltiamusique.com) :
KMCD 524.
Nostalgiques ballades irlandaises
par deux superbes voix, admirablement harmonisées (www.lumieremusic.net). Irlande,
réservoir inépuisable, semble-t-il, de sublimes mélodies traditionnelles et de
nouveaux talents… Principaux
titres : Fair and tender ladies, The West’s awake (avec Damien Dempsey), Edward on loch Erne’s shore, The poor wayfaring stranger, Oró mo Bháidín (avec Séamus Begley), The street of Forbes…
Francis Gérimont.
Ludwig
van BEETHOVEN : Les 5 Concertos pour
piano. Quintette pour piano
& vents op.16. François-Frédéric Guy, Orchestre philharmonique de
Radio ©, dir. Philippe Jordan. 3 CDs Naïve :
V 5227.
On attendait depuis longtemps le
regroupement en coffret de l’intégrale la plus “humaine” des Concertos de
Beethoven (enregistrée de décembre 2006 à décembre 2008). Avec ce toucher
raffiné qu’on lui connaît, Fr.-Fr. Guy plonge au cœur du mystère (spécialement
dans les mouvements lents ; écoutez aussi le canal menant au finale du 5e Concerto), il
s’attarde à des nuances d’une délicatesse inouïe, passant du velours au
cristal, et donne aux cadences une présence de composition à part entière ;
convenons-en, lorsque l’impressionnante cadence du Concerto publié sous le n°1
fut exécutée en 1800 par l’auteur, avec ses trajectoires modulantes et sa
visionnaire restructuration du matériau, elle dut passer pour le délire d’un
fou ! Le revers de ces qualités très recherchées apparaît lorsque
l’exubérance contrastante des rondos se voit gommée : les interprètes ne
tirent pas assez parti des accents à contre-temps du finale de l’op.15
(pourtant si accusés dans l’écriture qu’ils forment partie intégrante du
déhanchement rythmique propulsant le mouvement), la recherche dans les
mouvements lents des Concertos n°2 et 3 (le dernier disque, dans la
chronologie des enregistrements) est poussée jusqu’à une retenue si extrême
que, par exemple, le finale de l’op.37 se voit refuser la verve “déboutonnée”
si caractéristique de Beethoven. Le premier mouvement de ce même
op. 37 manque par trop de grandeur, celui du 4e Concerto privilégie la Gemütlichkeit sur l’autorité orchestrale : à trop raffiner
dans la grâce, on atteint les limites du postulat poursuivi et on nous prive
d’une dimension tout de même inhérente au tempérament léonin de Beethoven !
Dans la préface de l’un des disques, Fr.-Fr.
Guy rend justice à Philippe Jordan de l’avoir sensibilisé aux diverses
approches (tradition symphonique romantique d’une part, culture du son
“historicisante” d’autre part) dont lui-même s’efforce d’opérer la synthèse à
l’orchestre. De fait, c’est là un trait reconnaissable de cette intégrale :
elle sonne harmonieusement comme une conjointe remémoration de quelques pans
d’héritage classique, une distillation réussie en somme, non comme une stérile
(et régressive) tentative de reconstitution. On croit par moments entendre
une transfiguration de pianoforte, l’équilibre orchestral se recrée avec
subtilité dans les deux premiers concertos, mais la sensibilité des deux
interprètes confère à l’ensemble une chaleur qui répond au vœu de Beethoven :
« vom Herz zum Herz ».
À vouloir restituer cette rondeur délicate,
la prise de son, manifestement travaillée d’étape en étape au fil des séances,
connaît quelques altérations qui posent problème dans le disque des n°1 et 5 :
pour envelopper l’ensemble dans un moëlleux compensant la sécheresse acoustique
de la salle Olivier Messiaen de la Maison de Radio ©, n’a-t-on pas
“travesti” une zone de fréquences (dans le médium), ou fait un usage difficile
à doser d’un logiciel de réverbération ? Dans le 5e Concerto, à l’issue
du dernier accord du 1er mouvement, la fin d’onde de
l’orchestre qui traîne trahit une erreur technique…
Pour en revenir à l’interprétation, la même
rondeur d’approche, la même sensibililé de phrasé se retrouvent dans le Quintette où tous les solistes issus de
l’Orchestre phillharmonique sont parfaits. Mais là encore, le
rebondissement du finale se voit contenu dans de délicates manières, on ne lui
concède pas le droit à une explosion de vitalité qui ferait – suppose-t-on –
mauvais genre ! On se prend à souhaiter retrouver Beethoven en
garçon mal élevé, tout en admirant la sincérité et l’incontestable beauté
de ce voyage intime auquel Fr.-Fr. Guy, Philippe Jordan et ses musiciens
nous ont conviés avec une émotion incomparable.
Ludwig van BEETHOVEN : Sonates pour violon & piano op.12 n°2, op.24, op.96. Alina Ibragimova
(violon), Cédric Tiberghien (piano). Wigmore Hall Live :
WHLive0041 (distr. Codaex).
À peine avions-nous exprimé notre satisfaction
à l’écoute du volume 1 que se profilait le volume 2, tout aussi
recommandable, de cette intégrale en concert. Les mouvements extrêmes de
la Sonate « Le Printemps » évoluent avec insouciance (le violon ne
s’affirme pas avec assez d’autorité, tout de même), l’Adagio molto espressivo nous vaut un grand moment d’intériorité
d’où semble s’éveiller délicatement le Scherzo avant de prendre son envol.
Avec la dixième des Sonates, on plonge dans une dimension plus étoffée, plus concentrée,
de l’écriture chambriste : elle est observée avec un grand sens des
linéarités en action par les deux interprètes, même s’ils s’accordent sur le
retour à la grâce s’affichant dans cet op.96 après la monumentale « Sonate à Kreutzer » (à venir sur un
troisième disque) qu’un critique de l’époque qualifia de « terrorisme
artistique ».
Carlos
GUASTAVINO (1912-2000) : « Melodias
argentinas » - Sonatine pour
piano, Sonate pour clarinette &
piano. Florent Héau (clarinette), Marcela Roggeri (piano).
Transart Live : TR 164.
Si l’automnal ciel gris vous pèse, si les
tunnels de métro vous mettent le plafond du moral aussi bas que leur voûte,
évadez-vous vers la pampa ! Sans prétention autre que de vous faire
partager un moment de charme ensoleillé, la pianiste argentine
Marcela Roggeri et le clarinettiste – bien français mais tout aussi
chaleureux – Florent Héau, ont donné aux Flâneries de Reims un programme
que le disque nous restitue.
Se prévalant de l’exemple suscité par le
clarinettiste Luis Rossi du vivant de Guastavino, Florent Héau a
transcrit pour son instrument un florilège de chansons populaires argentines
mises en musique par ce compositeur insouciant de la modernité mais à l’écoute
des sources nationales. Une mélancolie nostalgique alterne avec des
danses typées, et le son des deux talentueux interprètes vous enveloppe d’une
fragrance d’espaces lointains et de langoureuses caresses. La Sonate pour clarinette apporte, grâce au
mystère dégagé par leur complicité, une ombre de romantisme… chronologiquement
décalé mais tendre, avant un finale primesautier comme un Poulenc délocalisé.
Robert
PASCAL (°1952) : e’l bianco more, Au front de la lune, Chant d’aubes, sur Bleus, Déchirure d’un
temps plissé, Dulwan nimindi.
Ensemble orchestral contemporain, dir. Fabrice Pierre. Ensemble
Résonance contemporaine, dir. Alain Goudard. Benjamin Carat
(violoncelle), Christophe Desjardins (alto), Michèle Scharapan (piano), Anne
Périssé (soprano), Trish Hayward (mezzo-soprano). AmeSon :
ASCP 0916.
Nous évoquions le mois dernier la
magnificence imaginative des Traces de Martín Matalon pour un instrument seul & dispositif électronique en
temps réel : il est certain que les pièces de Robert Pascal ne
laisseront pas autant de… trace dans l’histoire ! Chant d’aubes pèche par la pauvreté
de sa syntaxe tant instrumentale qu’électronique ; et que dire de l’usage
balbutiant qu’il fait de la Sonnerie de Ste-Geneviève-du-Mont de Marin Marais,
là où – dans une tout autre esthétique – Philippe Hersant en tirait un
puissant ferment architectural et sonore pour son fameux Trio ! La transformation de l’alto principal, dans Déchirure d’un temps plissé, est autant
confiée à quatre “vrais” altos qu’à l’électronique en temps réel, et, entre
quelques striures de chats en colère, on se demande si cela en valait bien la
peine. Le livret aurait pu mentionner le nom du clarinettiste, seul
soliste instrumental dans e’l bianco more,
pièce vocale où l’on trouverait enfin quelque consistance, n’était la durée
excédant le potentiel de la matière. Les autres pièces n’apportent rien
au traitement de la voix. Quant au piano de sur Bleus, il piétine. N’est pas grand compositeur qui
veut…
Camille
SAINT-SAËNS : Concerto pour
violoncelle n°1 (a) ; Sonate
pour violoncelle & piano n°1 (b) ; Romance pour violoncelle & piano op.36 (c) ; Sérénade de la Suite op.16 (c) ; Carnaval des Animaux (d).
Henri Demarquette en compagnie de l’Ensemble orchestral de Paris, dir. Joseph Swensen (a),
Boris Berezovsky (b et d), Brigitte Engerer (c et d), solistes de l’EOP (d).
Mirare : MIR108.
Nous avions rendu compte du concert de
septembre qui reflétait deux des grands axes de ce programme discographique.
Nous retrouvons l’esprit chambriste qui scelle la complicité entre
Henri Demarquette et Joseph Swensen (Concerto n°1) et, par-dessus la ductilité avec laquelle le
chef serpente d’un motif à l’autre dans la forme unifiée, le violoncelliste
« parle » en chaque occurrence où Saint-Saëns laisse place à la
cantilène (nos lecteurs décrypteront l’allusion en découvrant notre entretien
avec Henri Demarquette dans L’éducation musicale de janvier/février 2011). Complicité plus palpable encore avec ses deux
partenaires pianistes : dans les courtes pages “de genre”, Brigitte Engerer
sait intervenir avec une infinie délicatesse sous ce “parler vrai” si touchant
d’Henri Demarquette. Le minutage dictait certes ses lois, mais
regrettons que la Suite op.16 ne
soit pas donnée intégralement. Elle figurait sur le disque Saint-Saëns
d’Emmanuelle Bertrand et Pascal Amoyel (Harmonia Mundi) auquel
la magistrale Sonate n°1 nous
renvoie : en effet, voudrait-on faire le tour de la complexe personnalité
du compositeur que la complémentarité/opposition entre les deux interprétations
de cette Sonate nous en livrerait les clés. Jouant du halo sonore que
permettent les vibrations des cordes graves du violoncelle (notamment les
cordes à vide : do-sol) et la pédalisation du piano pour
créer des effets surréalistes, Emmanuelle Bertrand et Pascal Amoyel
osaient une plongée que l’on qualifierait de psychanalytique dans les fantasimi et les galops nocturnes qui
traversent l’une des partitions les plus intenses de Saint-Saëns. Au
contraire, Henri Demarquette et Boris Berezovsky sont dans
l’affirmation, même si celle-ci se teinte d’ombrageuses revendications et d’une
impétueuse autorité ; ils se meuvent dans cette forêt dense avec une
précision et une fermeté de trait qui correspondent à l’autre face de
Saint-Saëns – la plus “affichée” –, celle d’un maître contrôlant tous les
paramètres de son écriture (mais contrôlait-il si bien ses états d’âme ?
Quelques troublants épisodes de sa biographie incitent à penser que
l’architecte des formes pures, par cette lisse objectivation, se revêtait d’un
masque). Le disque se conclut par le Carnaval des Animaux,
dans la même distribution musicale qu’au concert (ce qui signifie que
l’harmonium et le célesta, demandés par Saint-Saëns dans son dispositif pour
ensemble réduit, disparaissent au profit du seul glockenspiel) mais avec une
meilleure mise en place grâce à la sécurité des prises de studio ; nous
sommes cependant privés du texte hilarant de Francis Blanche et de la
présence de Catherine Frot qui apportaient une touche savoureuse au
concert. À défaut, au chapitre de l’humour, Henri Demarquette
transforme en jeu d’esprit l’exercice convenu des remerciements écrits dans le
livret. Sur l’onde musicale, son Cygne flotte avec une inaltérable noblesse, nous donnant au passage une leçon de violoncelle
relative aux infinitésimales différenciations dans l’art de timbrer les
inflexions successives d’une phrase.
Robert SCHUMANN : Bunte Blätter op.99. Clara
SCHUMANN-WIECK : Variations sur un
thème de Schumann op.20. Johannes BRAHMS : Variations sur un thème de Schumann op.9. Claire Désert
(piano). Mirare : MIR115.
Qui aime passionnément Schumann – ce qui
est notre cas – suit le parcours hors des sentiers battus que Claire Désert
accomplit depuis longtemps pour remettre à l’honneur ses recueils les moins
courus (on se demande bien pourquoi : il s’agit de chefs-d’œuvre tellement
représentatifs !). Cela avait commencé en 1993 avec les Novelettes op.21 et les Phantasiestücke op.111, au temps de
l’éphémère label Fnac Music (mais la prise de son était d’une effroyable
sécheresse). Puis, “récupérée” par Mirare, elle avait gravé en 2005 les Davidsbündlertänze op.6 et les Intermezzi op.4 (MIR024), cette fois
servie par une captation restituant la plénitude de ses belles sonorités :
pouvait-on rêver Florestan plus emporté, Eusebius plus tendre, humeurs plus
fantasques, sans parler de l’acuité faisant ressortir l’écriture insolite,
visionnaire de l’op.4 ? Le programme aujourd’hui proposé sous le
titre “Abendmusik” réunit le cercle des intimes – Clara, Johannes – autour du
drame de la santé mentale déclinante de Robert, puisque l’épouse et l’ami
écrivent à un an d’intervalle leurs variations sur la même page de Schumann (la
première des Albumblätter incluses
dans l’op.99, si mélancolique et désarmante de simplicité), et y tissent un
réseau d’allusions croisées. L’interprétation, d’une vérité psychologique
admirable, qu’en donne Claire Désert nous introduit dans ce cercle intime,
avec une empathie pour le chagrin qui s’en empare. Il y a de la
confidence indicible dans les Variations de Clara et de Johannes, et l’intelligence de l’interprète consiste à dépasser
les différences entre leurs deux tempéraments (Clara demeure encore influencée
par un pianisme di grazia,
oserait-on dire, mais Johannes s’affiche ici volontairement sous influence
schumannienne, plus que dans l’affirmation de sa propre personnalité), pour
transmettre l’atmosphère crépusculaire face à l’inéluctable. La fin des Variations de Brahms (donc du disque),
comme s’éloignant avec pudeur vers les ténèbres, nous laisse le cœur étreint.
Quant aux Bunte Blätter, on sait
qu’il s’agit de pages antérieurement écartées (la plupart datent des fécondes
années 30) que Schumann, se sentant diminué, décida de réunir en recueil :
à l’écoute d’une interprète aussi avertie – aussi investie – de l’univers
schumannien, et armés des dates de composition de chacune de ces pages, il ne
nous est pas difficile de reconstituer, plage après plage, de quelle œuvre
célèbre elle constitue le “rebut” finalement sauvé (et digne de l’être !).
Il est symptomatique que la pièce la plus tardive (placée en épilogue du
recueil) soit aussi la plus étrange, avec ses acciaccature. Appelons de nos vœux la poursuite du parcours
schumannien de Claire Désert : son intuition lui fait toucher à une
vérité nécessaire qu’elle exprime sans affectation sur l’âme du compositeur.
« Player
Piano », vol. 10. György LIGETI : 7 des Études, Continuum, Trois Pièces pour 2 pianos. Francis BOWDERY : Canon. Kiyoshi FURUKAWA : 12 Formen für Player Piano.
Gerhard STÄBLER : Playmanic
pour 2 Player Pianos. Pianos
équipés du système Ampico Player. MDG : 645 1410-2
(distr. Codaex).
Jürgen Hocker, collectionneur allemand
spécialiste des pianos mécaniques, continue de dévoiler ses trésors pour MDG.
On entend ici deux grands pianos à queue Bösendorfer (1927) et Fischer (1925)
équipés du système Ampico à rouleaux perforés. Au-delà de sa
collaboration avec le créateur américain Conlon Nancarrow, Jürgen Hocker
a intéressé des compositeurs plus jeunes aux performances – excédant une
certaine virtuosité humaine – que permet la gravure d’avalanches de notes sur
rouleau (ou maintenant sur système électronique Midi). C’est donc en
compagnie de György Ligeti qu’il a fait procéder à l’adaptation de ses
pièces – à l’origine pour claviers “normaux” – revêtant une apparence
obsessionnelle de civilisation mécanique. On observera tout de même que
jamais ces pianos mus par un mécanisme n’équivaudront au toucher de l’artiste
préparant et modelant le son avec d’inimitables raffinements. La
fascination de certains compositeurs pour une vitesse de restitution
inaccessible à la main de l’homme inciterait en fait à une réflexion
philosophique sur la toute-puissance technologique et la déshumanisation qui
s’infiltrent jusque dans le champ de l’art. Souvenons-nous, lors des
décennies de l’entre-deux-guerres, du machinisme de Mossolov, Prokofiev,
Honegger, Antheil ou, dans les arts plastiques, de František Kupka,
Fernand Léger, traduisant une illusoire foi en la montée de la civilisation
industrielle. Félicitons-nous que la partie ligetienne occupe une bonne
moitié du disque car les autres pièces n’ont d’autre intérêt qu’anecdotique.
Sylviane Falcinelli.
« Caldara à Vienne » : airs
oubliés de castrats. Antonio CALDARA : Airs extraits de L’Olimpiade, Demofoonte, La Clemenza di
Tito, Temistocle, Scipione nelle Spagne, Ifigenia in Aulide, Adriano in Siria,
Lucio Papirio dittatore, Enone, Achille in Sciro.
Philippe Jaroussky, contre-ténor. Concerto Köln, dir.
Emmanuelle Haïm. Virgin Classics : 648 810 2.
TT : 68’10.
Antonio Caldara (1671-1736) revit une
résurrection ces temps, grâce à la perspicacité de chanteurs engagés qui se
font un devoir de nous faire (re)découvrir des musiques sans doute injustement
négligées, passionnantes pourtant, eu égard à leur énorme potentiel de
vocalité. Après Cecilia Bartoli qui dans son CD « Opera proibita »,
tirait déjà de l’oubli quelques pièces de la période romaine du compositeur,
Philippe Jaroussky livre une anthologie significative d’arias empruntées
aux nombreux dramma per musica du
musicien alors établi à Vienne où il exercera les fonctions convoitées de kapellmeister
de l’empereur Charles VI. Caldara a eu la chance, en effet, de
travailler auprès des plus grands monarques et mécènes de son époque. Sa
faconde d’écriture le place auprès d’un Scarlatti ou d’un Vivaldi. Le
bouquet d’arias que chante Philippe Jaroussky est d’une beauté à couper le
souffle. Y alternent des pièces de bravoure, dans le registre de l’air
de fureur, et des morceaux d’un lyrisme palpitant. Ils sont enluminés par
un art consommé du récitatif (le tourment de Sesto, les hésitations de Quinto Fabio)
et le ton juste dans l’expression des affects. La beauté céleste du
timbre de sopraniste est partout en évidence, comme l’art de ciseler la phrase
dans le chant élégiaque, la quasi-absence de vibrato où le mot sur la note
paraît délivré comme une confidence, la sûreté de la conduite de la ligne
vocale, la douceur des trilles, comme allégés, ou la vigueur des colorature,
tout en souplesse cependant. On ne saurait mieux appliquer à l’interprète
la belle sentence de Charles Burney qui a propos du castrat Orsini,
louait chez lui une « voix de contralto à la fois puissante et pénétrante,
charmeuse et touchante de sorte qu’il prenait entière possession du cœur de
quiconque l’entendait ». La symbiose est parfaite entre cette voix
hors du commun et les musiciens du Concerto Köln que dirige
Emmanuelle Haïm, elle aussi en parfaite empathie avec ces pages habitées.
« Résonances ». Wolfgang Amadeus MOZART : Sonate pour piano en la mineur, K.310. Alban BERG : Sonate pour piano op.1.
Franz LISZT : Sonate pour piano
en si mineur.
Béla BARTÓK : Danses populaires
roumaines. L : 477 8766. TT : 69’03.
C’est à un voyage musical original que nous
convie la pianiste Hélène Grimaud ; géographique puisqu’il nous
emmène vers l’est européen, en même temps qu’intérieur. Dans ce parcours
a priori arbitraire, la pianiste dit avoir trouvé, malgré d’improbables
correspondances, de perceptibles résonances, comme des échos et des
anticipations, voire des liens historiques transversaux. Que rapproche,
en effet, les sonates de Mozart, de Berg et de Liszt, et les courtes pièces de
Bartók, si ce n’est l’idée portée par l’interprète et qui préside à son affiche
de concert ? Centre de celle-ci et point de départ de l’entreprise,
la Sonate op.1 de Berg évolue
telle une grande scène dramatique. Hélène Grimaud découvre la clarté
structurelle de cet unique mouvement qui concentre en lui l’héritage de la
sonate classique. Avant cette pièce, la Sonate K.310 de Mozart reçoit une exécution très architecturée,
presque fébrile, qui, au maestoso initial, est souvent proche du déferlement
sonore. L’andante se veut proche de Beethoven - « les choses à
venir » selon elle – et le presto final s’affirme presque tel un manifeste
moderniste. Cette lecture énergique en élude cependant le charme. L’autre
versant est consacré à la Sonate en si mineur de Liszt dont les vastes proportions composent une large
palette émotionnelle. La grandiose mise en scène sonore façonnée par l’interprète
qui pense que cette pièce a quelque chose à voir avec l’opéra, est cependant
par trop uniforme : on reste dans un jeu hyper-virtuose, exacerbé, qui
jamais ne relâche la tension, ce qui s’accompagne d’une certaine dureté ;
impression mise en relief par un enregistrement très clair. Les six Danses
populaires roumaines de Bartók composent un final inattendu, quelque
bis contrasté, emplies qu’elles sont ici de nostalgie malgré leur verve
communicative.
Pyotr Ilyich TCHAIKOVSKY : Casse-Noisette.
Ballet en deux actes. Berliner Philharmoniker, dir. Simon Rattle.
2CDs EMI Classics : 50999 6 31621.2.7. TT : 43’47 +
42’37.
Pour ses 30 ans de collaboration avec la
firme EMI, Simon Rattle se fait plaisir en affichant Casse-Noisette pour son nouveau CD ; un choix a priori surprenant. C’est sans
compter sur la fascination du chef britannique pour le ballet de Tchaikovsky qu’il
n’hésite pas à considérer comme « l’un des miracles de la musique ».
Et de citer la profusion de richesses de l’orchestration et le recours à des
instruments rares – et alors nouveaux -, tel le célesta, qui confèrent à
cette fantaisie en forme de conte de Noël une aura de magie qui ne peut pas ne
pas toucher. On savoure ce sens de la fête qui atteint son sommet dans le
Divertissement du IIe acte avec l’envoûtante Danse arabe,
ou le Trepak joué prestissime, ou encore la délicate Danse des mirlitons.
La conception de Rattle est sans doute plus symphonique que destinée à une
exécution proprement dansée. Avec de tels musiciens que les Berliner, le
festin est on ne peut plus raffiné. Et puis il y a ces valses
entraînantes, irrésistibles dans leur énergie ou leur magique légèreté.
Telle cette Valse des fleurs, bien sûr gorgée de lyrisme,
introduite par les sveltes volutes de la harpe de Marie-Pierre Langlamet, et
que traversent ensuite les arabesques de la flûte d’Emmanuel Pahud,
bientôt rejointe par les autres bois en une guirlande scintillante. Que
dire aussi de ces transitions singulières entre scènes, telle celle
introduisant une bataille de soldats de plomb, que les stridences de la petite
flûte emplissent d’une fièvre guerrière de pacotille et que conclut une
péroraison grandiose, plus vraie que nature ! L’opulence sonore est davantage
le fruit d’une transparente finesse que d’une brillance ostentatoire, même dans
les traits que Tchaikovsky confie à l’hyperbole passionnée. Est-il besoin
de souligner combien l’orchestre berlinois, capté live dans sa propre salle, le meilleur studio qui soit, brille de
tous ses feux, quels que soient les pupitres.
« Clairvaux / Or, les murs ».
Thierry MACHUEL : Paroles contre l’oubli, pour chœur de chambre
a cappella. Nocturnes de Clairvaux, pour chœur de chambre
a cappella. Chants de captivité, pour violon & piano. Leçons de Ténèbres, pour violon, alto & violoncelle. Lebensfuge,
pour piano à quatre mains. Les Cris de Paris, dir.
Geoffroy Jourdain. François-René Duchâble, Thierry Machuel (pianos).
Régis Pasquier (violon), Bruno Pasquier (alto), Roland Pidoux (violoncelle).
Julien SALLÉ : Or, les murs,
film documentaire sur les ateliers d’écriture menés par Thierry Machuel
avec des détenus de la Maison centrale de Clairvaux (2009).
2CDs + 1DVD Aeon : AECD1092. TT : 60’41 + 36’20 (CDs)
et 60’00 (DVD).
La partie vocale de ces disques est le
fruit des ateliers d’écriture menés par le compositeur Thierry Machuel (°1962)
avec des détenus de la prison de Clairvaux, et qui ont été présentés lors du
festival « Ombres et Lumières » à l’abbaye, en
septembre 2009. Initiative passionnante qui s’emparant de la dualité
du lieu de Clairvaux, abbaye et prison, permet de lancer un pont entre deux
institutions que rapprochent la notion d’enfermement, qu’il soit accepté ou
subi, « établissant une fraternité singulière et riche de sens »
(Robert Badinter). Les textes écrits par des détenus – comme ceux
rédigés par des moines de Cîteaux, en quelque sorte en répons – sont mis en
musique sous forme de chœurs a cappella. Ils traitent des thèmes
associés à l’enfermement : la nuit, l’oubli, le silence. L’écriture
chorale dépouillée qui utilise un langage personnel (superposition des textes,
mélismes protéiformes de la voix jusqu’au chuchotement), en restitue la
poétique, le sobre naturel et la vraie profondeur. Trois pièces purement
instrumentales prolongent ces chants, elles aussi d’une belle élévation de
pensée. Chants de captivité (2009) – ou, selon Machuel,
« sept visions de mes visites à Clairvaux » - proposent les images d’un
monde imaginaire, de révolte et de résignation ; d’espoir aussi. Leçons de Ténèbres pour trio à cordes forment une série de courtes variations sur l’ombre et la
lumière. Le discours instrumental est entrecoupé de silences plus ou
moins longs, « stricts ou légèrement habités » dit l’auteur. Le
recueillement procède d’une écriture serrée, comme raréfiée dans sa dernière
partie. Enfin, Lebensfuge (fugue de vie),
« improvisation écrite » pour piano à quatre mains, décrit une
évasion intérieure, par une série de courtes séquences basées, là encore, sur
des thèmes liés à la vie carcérale. Leur fluidité sonore les place dans
le sillage de la manière des grands maîtres français du piano. L’engagement
et le talent des interprètes réunis contribuent à faire de toutes ces pièces,
au-delà de leur valeur musicale, la manifestation d’une expérience humaine
rare.
Le film, tourné dans la prison, conduit au
cœur même du projet d’atelier d’écriture avec les détenus. Un dialogue
entre quelques prisonniers et le musicien tout à leur écoute, nous fait
cheminer des textes imaginés par eux à leur mise en musique, puis à leur
interprétation en concert. La caméra s’attarde sur les longs couloirs de
l’abbaye ou les vastes coursives de la prison, alternant images de locaux
désaffectés et plans en extérieur, en un jeu troublant d’ombre et de lumière.
Elle saisit avec pudeur la parole des détenus. Celle-ci est riche, où
reviennent les thèmes de l’oubli impossible, du temps arrêté, de la solitude qu’un
rien peut soulager, de l’absence de repère. Et on s’arrête sur ces mots
lourds de sens, tel qu’« un cri de silence », ou « l’avenir c’est
un gouffre ». Surtout, le film rend perceptible en quoi cet atelier
unissant texte et musique a rendu à ces hommes le sens d’exister, ce « j’étais moi »,
comme le dit simplement l’un d’eux.
Jean-Pierre Robert.
DVD
Jules MASSENET : Werther.
Drame lyrique en quatre actes. Livret d’Édouard Blau,
Paul Millet & Georges Hartmann, d’après la nouvelle de Goethe.
Jonas Kaufmann, Sophie Koch, Ludovic Tézier, Anne-Catherine
Gillet, Alain Vernhes, Andreas Jäggi, Christian Tréguier.
Maîtrise des Hauts-de-Seine, Chœur d’enfants de l’Opéra national
de Paris, Orchestre de l’Opéra national de Paris, dir.
Michel Plasson. Mise en scène : Benoît Jacquot.
2DVDs Decca/Universal : 074 3406. TT : 160’00.
Voilà une production DVD d’opéra qui ne
mérite que des éloges ! La mise en scène de Benoît Jacquot sort
magnifiée par la captation filmée. L’action, déjà resserrée sur scène,
est quasiment recréée à travers la caméra. Combien se vérifie le
paradigme affiché par l’homme de cinéma, selon lequel tout procède de l’acteur
qui habite une histoire. Une profusion d’atmosphères, un luxe de détails,
qu’il est impossible de saisir à la représentation, sont révélés avec une rare
intelligence de ce que le metteur en scène a voulu tracer. Le découpage
est très élaboré, extrêmement rapide, avec de belles échappée sur l’orchestre
et le chef, voire sur le travail de préparation en coulisses. Les prises,
courtes, refusent une symétrie trop facile pour privilégier des postures plus
originales, de biais, de dos, voire en ombre chinoise, où le personnage surgit
dans le naturel de l’action. Le recours fréquent aux plans rapprochés
livre le secret des visages, tel sourire esquissé, telle expression de bonheur
entrevu, une résolution en apparence farouche, mais fissurée par le doute, tout
ce que sont les sentiments enfouis. L’emphase est portée encore sur l’expression
des mains qui traduisent la tension des situations. Une distribution
proche de l’idéal transfigure ce magnifique travail dramaturgique.
Jonas Kaufmann s’identifie au héros goethien de manière étonnante :
jeunesse, belle retenue, rare flair théâtral, tout est ici frappé au coin de la
perfection. La performance vocale est enthousiasmante par sa spontanéité,
l’art du phrasé, les couleurs que le timbre barytonnant pare d’une aura de
mystère. La Charlotte de Sophie Koch est bouleversante dans sa
justesse, résolue, déchirée ; vocalement inextinguible. Le chant de
Ludovic Tézier, Albert, est un modèle de legato, et Anne-Catherine Gillet
plus qu’une touchante Sophie. Tous sont portés par la direction
intensément dramatique, gorgée de lyrisme de Michel Plasson qui obtient de
musiciens de l’Orchestre de l’Opéra des sonorités somptueuses.
Indispensable !
Jacques Fromental HALÉVY : Clari.
Dramma per musica en trois actes. Livret de Pietro Giannone.
Cecilia Bartoli, John Osborne, Eva Liebau, Oliver Widmer, Carlos Chausson, Giuseppe Scorsin, Stefania Kaluza. Orchestre La Scintilla de l’Opernhaus Zürich,
dir. Adam Fischer. Mise en scène : Moshe Leiser
& Patrice Caurier. 2DVDs Decca/Universal : 074 3382. TT :
158’00.
Filmée à L’Opernhaus de Zurich, cette
production de Clari comble une lacune. Quelques années avant La Juive,
Halévy écrit pour la cantatrice Maria Malibran un opéra italien dans la
tradition de Rossini, mêlant tragique, traits humoristiques, voire scènes
pastorales. Si le sujet est on ne peut plus mélodramatique, sur le thème
de la petite paysanne courtisée par un riche seigneur qui la délaisse avant de
l’épouser pour de vrai, « la sincérité de l’ouvrage est avant tout d’ordre
musical » insiste Cecilia Bartoli. En effet, Halévy dans une
écriture souvent raffinée, gratifie l’héroïne d’une partie belcantiste
démonstrative. La production zurichoise ne cherche pas à gommer ce que l’action
a d’invraisemblable ; au contraire elle l’amplifie dans le style du
roman-photos à la décoration clinquante, transposant l’action dans les
années 50, jouant l’opposition entre le glamour hyper-réaliste dans lequel
évolue le prince charmant, l’impersonnel glacé d’une salle d’attente d’hôpital
où la pauvre Clari a été transportée devant le peu d’affection de celui-ci, le
naturalisme outrancier enfin de la ferme paternelle qu’elle retrouve avant le
happy end ; une imagerie naïve appuyée, aux couleurs insistantes, du
vert pomme au rose bonbon, en passant par le gris délavé d’une
tristesse inquiétante. La prise de vues ne cherche pas à se démarquer du
premier degré de la mise en scène. Conçu pour Bartoli, dans le cadre de
son hommage à la Malibran, le spectacle tient par elle. Sa phénoménale
technique vocale qui fait son miel de chaque phrase de ce parcours vocal
étourdissant est à l’aune d’un investissement scénique qui, pour être un brin
étudié dans sa vraie-fausse ingénuité, n’en révèle pas moins un enthousiasme
certain et une amusante faconde.
Jean-Pierre Robert.
Pina
BAUSCH (1940-2009) : Café Müller.
Pièce chorégraphique. Tanztheater Wuppertal. Musique :
Henry Purcell. Coffret (livre + DVD) L’Arche (www.arche-editeur.com). Versions
française, allemande, anglaise. TT : 49’06.
Dans une salle nue, grise de saleté,
remplie de tables de café et d’une douzaine de chaises – somnambulique histoire
de solitudes et de contraintes, mais aussi quête d’une tout autre danse dont la
seule obligation serait de dégager la raison profonde des sentiments. Qui
en parla mieux qu’Hervé Guibert : « […] certitude de quelque chose de
capital, qu’on se doit de dire, et qui là est dit, une fois pour toutes, mieux
que jamais, et si raidement, si purement, qu’on en tremble, qu’on en a la
parole coupée, et qu’on sort le cœur blessé et pansé, baigné d’un effluve de
larmes. »
Arias extraites de The Fairy Queen (« O let me weep » / « Next winter » /
« Let nothing stay ») et de Dido and Aeneas (« Remember me »). Pina Bausch avait
supervisé la réalisation du film (1985).
Zad
MOULTAKA : Zajal (« Le
défi »), opéra arabe en 3 actes (pour chanteuse, comédien, ensemble
d’harmonie, percussionniste, dispositif électronique & vidéo).
Ensemble Ars Nova, dir. Philippe Nahon. L’Empreinte digitale (http ://e.digitale.free.fr) :
EDVD 732. Distr. Abeille Musique.
S’inspirant d’une authentique soirée de zajal (Liban, 1909), le livret relate un
épisode de la vie d’Assaad Khoury el-Feghali (1894-1937), surnommé « le
merle de la vallée » qui, tout au long d’une fascinante joute poétique,
affronta et vainquit le grand zajaliste Khalil Semaan – ce dernier se
découvrant être, au terme de la confrontation, le propre père du jeune
Assaad. C’est la merveilleuse contralto Fadia Tomb el-Hage qui tient le
rôle du jeune poète, et le comédien Gabriel Yammine celui du vieux
jouteur. Admirable musicalité des poèmes en arabe dialectal (sous-titrage
remarquablement adapté et expressif). La partition (aux chromatismes
parfois infiltrés de micro-intervalles) ne laisse pas d’évoquer Kurt Weill
et Stravinski. Très imaginative régie (captation lors de la création
mondiale, à Poitiers, les 22 et 23 avril 2010). Une très heureuse
surprise !
POUR LES PLUS JEUNES
Steve
WARING : Chnoques.
Victorie Music/Universal (www.club-tralalere.com) :
275 148.0.
Conflit des générations : vieux
chnoque contre sale mioche ! Ainsi de l’histoire de Julien qui s’amuse à
faire souffrir les animaux… Mais tout s’arrangera, bien sûr, au son d’intruments
traditionnels de l’Auvergne (afin que les enfants puissent chanter, les textes
occitans ont été transcrits en phonétique).
Steve
WARING : Les 5 frères dans le puits.
Victorie Music/Universal (www.club-tralalere.com) :
275 147.8.
Véritable ode à la campagne !
L’inusable Steve Waring nous offre ici 12 chansons bucoliques, orchestrées
au son d’instruments très « terroir » : cloches de terre,
tuiles, boîte à vache…
Pierre
CHÊNE (Textes & musique de) : Je
ne serai jamais poète. Victorie Music/Universal :
274 857.9. Livret de 32 pages, illustré par Pef. TT :
28’20.
De sa belle voix de baryton, Pierre Chêne
lit 14 poèmes inédits (courts, bien rythmés, drôles ou émouvants) et
interprète 8 de ses plus belles chansons (sélection de ses 9 albums
précédents). Musiques ravissantes, volontiers jazzy, serties dans des
instrumentations variées (flûtes, guitares, percussions, claviers, quatuor à
cordes, trombone).
Alain
GRÉE : Les chansons de toujours.
« Chante et danse avec Rémi & Capucine », Flammarion (www.editions.flammarion.com).
À partir de 3 ans. 18 x 21,5 cm, 30 p., CD (TT :
26’00). 10,50 €.
Joliment illustré par RicoBel & Alain
Grée, ce charmant petit album cartonné comporte les textes de
15 illustrissimes « tubes » de notre enfance : de Savez-vous planter les choux, La mère Michel, Sur le pont d’Avignon… à Trois
jeunes tambours, À la claire fontaine, Nous n’irons plus au bois, Au clair de la lune. Tous titres
fort plaisamment interprétés par Claude Clément (sur des arrangements de
Michel Provisor).
Amipagaille : Pan t’es mort ! Victorie
Music/Universal : 275 147 7.
« Amipagaille » est ce duo
composé d’Elsa Ferrer (composition, chant) et Jean-Luc Bazille (composition,
guitare, chant) dont le premier opus Tu
peux dire remporta, en 2008, les Prix Mino et « Coup de cœur » de
l’Académie Charles-Cros. Pan t’es
mort comporte 12 chansons où fait notamment merveille la voix
« goualeuse » d’Elsa Ferrer (www.amipagaille.com).
Cela dit, ces chansons (se réclamant de Tim Burton, Yann Tiersen,
Boby Lapointe, Trenet ou Higelin), aux musiques souvent élaborées,
s’adressent-elles vraiment au public ciblé ?
Henri
DÈS : Contes d’enfance n°1.
Victorie Music/Universal : 274 807.5. TT : 68’02.
Sur des musiques originales composées &
interprétées par Olivier Delevingne, le merveilleux Henri Dès a, cette
fois, enregistré six grands contes fondateurs de la littérature
enfantine : Le petit poucet /
Le vilain petit canard / Les trois petits cochons / Boucle
d’or / Le chat botté / Le petit chaperon rouge. Pour
trembler délicieusement… Dans un grand concours de claviers, saxophones, flûte,
accordéon, accordina, mandole & mandoline.
Les Enfants du luthier. Conte musical. Disque-livre. Texte :
Franck Intile. Adaptations musicales :
Bernard Mercier. Illustrations : César Pineau. LJSA
(www.edljsa.com) : 0109.
À travers une fort plaisante histoire, les
jeunes oreilles pourront découvrir (en chansons) : Bach, Vivaldi, Haendel,
Marc-Antoine Charpentier, Mozart, Beethoven et Schubert. Et ce, grâce à
l’orchestre de jazz vocal Triocéphale, un quatuor à cordes & 4
comédiens-chanteurs. D’une parfaite musicalité…
Geneviève
LALOY (Paroles & musiques) : Hirondelles.
Victorie Music/Universal :275 147.6.
Ce 2e album de Geneviève
Laloy (le premier avait été plusieurs fois couronné) est composé de
12 chansons… telles des hirondelles en quête de liberté ! La voix
est superbe et parfaite la diction. Elle est, en outre, entourée
d’excellents musiciens (voix, flûte, saxs, guitares, accordéon, harmonica, violoncelle,
contrebasse, percussions). Arrangements signés Philippe Laloy. Pour
tous âges (cf. www.genevievelaloy.be).
Francis Gérimont.
***
Haut
S’ouvrant sur un éditorial de l’Inspecteur général de
l’Éducation nationale, M. Vincent Maestracci, orientant de façon concise
l’élève dans son travail, le supplément Baccalauréat 2011 de L’éducation musicale est d’une rare densité :
pas moins de 148 pages d’analyses et références.
Indispensable
aux professeurs d’Éducation musicale et aux élèves de Terminale qui préparent
l’épreuve de spécialité « série L » ou l’épreuve facultative
« Toutes séries générales et technologiques du baccalauréat », cette
publication réunit les connaissances culturelles et techniques nécessaires à
une préparation réussie.
À commander aux Éditions Beauchesne : 7, cité du
Cardinal-Lemoine, 75005 Paris.
Tél : 01 53 10 08 18.
Fax : 01 53 10 85 19. s.desmoulins@leducation-musicale.com
Le Disque du Bac est de retour !
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Pour la première fois, l'album du baccalauréat propose les œuvres au programme de l’Option facultative (toutes séries) et de l’Enseignement de spécialité (série L). Disponible chez tous les disquaires et en téléchargement.
Après quelques années d'absence, durant lesquelles les musiques au programme du Bac avaient quitté le répertoire classique, Virgin Classics a le plaisir de reproposer le disque du Baccalauréat, qui est de nouveau entièrement consacré à la musique classique. Des fondamentaux (Bach, Schubert et Purcell) jusqu’à la musique du XXe siècle (Copland et Varèse) et même du XXIe (Dalbavie), le Disque du Bac est proposé pour la première fois en 2 CDs, et à un tout petit prix, à la portée des bourses des lycéens !
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Dossiers à paraître :
* Le Quatuor à cordes
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