www.leducation-musicale.com
Supplément Bac 2011
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septembre-octobre 2010
n° 567
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mai-juin 2010
n° 566
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Sommaire :
1. Editorial : Haïssables virgules
2. Sommaire du n° 567
3. Informations générales
4. Varia
5. Manifestations et concerts
6. Echos du Festival de Salzbourg
7. L'indéniable attrait du Festival de Lucerne
8. Recensions de spectacles et concerts
9. L'édition musicale
10. Bibliographie
11. CDs et DVDs
12. La vie de L’éducation musicale
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Haïssables virgules
De même qu’il n’est plus guère d’émission
de radio – fût-elle la plus sérieuse – qui ne soit désormais « virgulée »
d’intempestives chansons (ô France Culture !), de même voit-on partout
revendiquer - en toute arrogante jeunesse - le droit d’applaudir au concert
entre les mouvements d’une symphonie. Au plus parfait mépris, bien sûr, de
la pensée des compositeurs…
Cependant que l’on peut entendre
telle station de radio « classique » (providence des cabinets, notamment
médicaux) se rengorger, à longueur d’antenne, de ses tub(u)esques tronçonnages
- en lieu et place de tout lancement ou désannonce. Utilisant ainsi, au
mieux, le « temps de cerveau disponible » de ses auditeurs…
Pour douloureusement ressenti
que cela puisse être parfois, il est légitime qu’à la fin de toute exécution
publique, les auditeurs expriment leurs sentiments - ne serait-ce que pour conforter
le tout à l’ego des artistes.
Mais que dire de ces clameurs aux entrées et sorties de scène de tel ou tel sinistre
bateleur !
De truffages en caviardages, amis
mélomanes, que de tourments !
Francis B. Cousté.
Haut
Dossier : « Robert Schumann / Frédéric
Chopin »
Robert Schumann : Symphonie n°3 en mib majeur « Rhénane » op.97
Francine Maillard
Schumann et le
piano : les Études symphoniques op.13
Gérard Denizeau
Le milieu éducatif de
Frédéric Chopin
Piotr Myslakowski
Des transcriptions
lettre/note chez Chopin ?
David Lamaze
Chopin et la
tarentelle : une rencontre inattendue ?
Juliana Pimentel
La forme libre de la Première Ballade de Chopin
Ziad Kreidy
Jean-Marc Luisada à la
recherche du sang qui bat dans les veines de Chopin
Sylviane Falcinelli
Les francs-musiciens et la messe
de mariage de Napoléon et de Marie-Louise
Pierre-François Pinaud
Affaires de goût : Se rendre sensible aux choses
Antoine Hennion
La grille d’Hélène Jarry
***
Propos de l'Inspection générale
Génération
En moins de trois années, la quasi-totalité
des textes qui, de l’école au lycée, encadrent l’éducation musicale des élèves
ont été rénovés. Cet important travail était rendu nécessaire par l’ancienneté
des textes précédents (collège 1995, lycée 2001), la réforme des
structures de formation (lycée 2010) et l’évolution des contextes sociaux
comme des pratiques culturelles contemporaines.
Car, en une décennie, bien des choses ont
changé, amenant de difficiles questions que l’on ne peut plus esquiver.
Où sont les repères culturels d’un espace aujourd’hui mondialisé et où la
mesure du temps disparaît en proportion de la rapidité des échanges ?
Où sont les chefs-d’œuvre d’aujourd’hui, ceux que l’Histoire retiendra comme la
plus parfaite expression de la pensée humaine témoignant de son époque ?
Et si l’on en vient aux « Arts du son », quels en sont aujourd’hui
les instruments, le vocabulaire organologique hérité des siècles précédents
étant largement débordé par l’électricité, l’électronique et l’informatique ?
Quelle est l’organisation des sons qui, érigée en système, fait langage
musical ? Que veut dire « pratiquer la musique » alors que
des cheminements autodidactes atteignent des complexités inouïes, ou encore que
l’écoute – souvent « augmentée » ou « instrumentée » grâce
aux technologies - devient une pratique active ? Et les couples
antagonistes savant/populaire, Europe/Monde, écrit/oral,
acoustique/électronique sont-ils encore pertinents pour comprendre notre époque ?
Ces questions – et beaucoup d’autres ! -,
les élèves doivent apprendre à se les poser. Car, si les réponses à y
apporter se dérobent désespérément, elles éclairent incontestablement la
complexité contemporaine dont l’Art - et particulièrement la musique - semble
un fidèle reflet. Et comment ne pas nourrir ces interrogations de la
rencontre des musiques d’hier dont nous sommes les heureux héritiers ?
Œuvres, chefs-d’œuvre, compositeurs, interprètes, musiciens, concert, public,
instruments, langages, etc., chaque période articule ces réalités pour en faire
émerger une identité… qui lui échappe pour finalement se révéler bien plus
tard.
Apprendre la musique, ce doit être apprendre à
s’interroger sur ce qu’elle est, qu’elle nous soit imposée par l’environnement
ou que nous ayons choisi d’aller vers elle. Apprendre la musique, c’est
décider d’en faire une alliée, un complice de ses bonheurs et un remède à ses
peines. Connaître la musique, c’est savoir la prendre et la donner.
Ainsi, chaque élève doit-il savoir prendre toutes les musiques qui lui
arrivent, les percevoir et les écouter avec la distance critique lui permettant
ensuite des enthousiasmes a priori improbables. Ainsi chaque élève
doit-il savoir donner toute la musique qu’il porte en lui, savoir produire
celles que lui dicte sa propre sensibilité, servie par une culture riche et
diversifiée comme par des expériences variées de musicien.
Si le devoir d’éducation musicale de l’École
peut ainsi se résumer, sa mise en œuvre dépend étroitement des professeurs dont
les compétences musicales et pédagogiques restent indispensables à sa
réalisation. Jamais les réformes, qu’elles touchent aux structures ou aux
programmes, ne pourront tout. Toujours elles ouvriront des portes,
traceront des perspectives et fixeront des objectifs que seuls les professeurs,
musiciens et professionnels de la pédagogie seront à même d’investir et de
concrétiser.
Vincent Maestracci.
Inspecteur général de l'Éducation
nationale
Doyen du groupe « Enseignements et
éducation artistiques » de l’Inspection générale
Éditorial
de septembre 2010, publié sur : www.educnet.education.fr/musique/index.htm
(site
national de l'Éducation musicale, ministère de l'Éducation nationale)
« Les Journées Ravel de
Montfort-l’Amaury » : les 1er, 2, 3 &
7, 9, 10 octobre 2010.
Renseignements : 3, rue
Amaury, 78490 Montfort-l’Amaury. Tél. : 01 34 86 96 10. www.lesjourneesravel.com
Maurice Ravel, 1912 ©DR
« La pédagogie : un enjeu vital pour la musique », le 15
octobre 2010, à 15 heures, au Centre musical « Fleury Goutte
d’Or-Barbara » (1, rue de Fleury, Paris XVIIIe).
Renseignements : http://www.touspourlamusique.org ou : www.fgo-barbara.fr
Lénine, Staline et la musique, 1 : Ce
premier chapitre d’un retour sur l’histoire musicale de la Russie communiste –
lorsque l’utopie révolutionnaire rimait encore avec avant-garde – se déroulera,
à la Cité de la musique, du 7 au 17 octobre 2010. Concerts,
ciné-concerts, forum.
Renseignements : 221,
avenue Jean-Jaurès, Paris XIXe. Tél. : 01 44 84 44
84. www.citedelamusique.fr
Patrice Ducos, professeur agrégé d’Éducation musicale, président
de l’association Musiques en milieu
scolaire et fondateur de Jazz-in-collège,
est décédé à Pau, le 6 septembre 2010, d’un cancer foudroyant à l’âge de
44 ans. À sa famille, ses collègues et amis, nous présentons nos
plus sincères condoléances.
©Ascension
Torrent
Musée Claude Debussy. « Mouvements »,
saison 2010-2011 sera entièrement consacrée aux jeunes talents. Le samedi
16 octobre, à 17h00 : Perpetuum Mobile (Florence Cioccolani dans Debussy et Boulez). Le samedi 20 novembre,
à 17h00 : Ce soir il pleuvra des
étoiles (Alexandre Martin-Varroy & Rachel Pignot, chant / Romain
Molist, piano. Textes et chansons des deux Guerres).
Renseignements : 38, rue
au Pain, 78100 Saint-Germain-en-Laye. Tél. : 01 34 51 05 12
(réservation conseillée). www.saintgermainenlaye.fr
« Les Sales Mômes », nouvel opéra du CRÉA (le vingt-cinquième…),
sera présenté à l’Espace Jacques-Prévert/Théâtre d’Aulnay-sous-Bois, les 1er,
2, 3, 5 et 7 octobre 2010. Musique : Coralie Fayolle.
Livret : Isabelle Huchet. Chœur de scène & ensemble
instrumental, dir. Didier Grojsman.
Renseignements : 85, rue
Anatole-France, 93600 Aulnay-sous-Bois. Tél. : 01 48 66 49 90. www.lecrea.fr
©Le
Créa, 2010
La 2e édition du festival « Notes d’automne », Rencontres musicales & littéraires en
bords de Marne, se déroulera au Perreux-sur-Marne du 15 au 21 novembre
2010. Onze représentations. Directeur artistique :
Pascal Amoyel. Président d’honneur : Jean Piat.
Renseignements :2, rue de la Prairie, 94170 Le Perreux.
Tél. : 01 43 24 54 28. www.festivalnotesdautomne.fr
©DR
« Hommage à Jean-Luc Idray », IPR-IA de l’académie de Grenoble,
décédé en février 2010 à l’âge de 52 ans, sera rendu par l’Ensemble orchestral
contemporain (dir. Ludovic Perez), le vendredi 26 novembre, à 20h00,
en la Maison de la culture de Grenoble (MC2). Au programme : AAA (Philippe Leroux), Kammerkonzert (György Ligeti), Zhedi pour violoncelle seul
(Xu Yi), City Life (Steve
Reich), Pièce pour chœur d’enfants,
violoncelle & électronique (Robert Pascal). Valérie Dulac, violoncelle.
Renseignements : 04 72
10 90 40. www.eoc.fr ou www.mc2grenoble.fr
Jean-Luc Idray ©DR
« Les Triomphes de Pauline ». Parmi les
nombreuses manifestations commémorant le centenaire de la mort de Pauline Viardot
(1821-1910), sont organisés des Concerts littéraires piano/chant : le vendredi 1er octobre, à 20h45, au Théâtre du Grenier (7, rue
du Général-Leclerc, 78380 Bougival. Tél. : 01 39 69 03 03) ;
le dimanche 3 octobre, à 15h00, à l’Hôpital Bretonneau (23, rue
Joseph-de-Maistre, Paris XVIIIe. Tél. : 01 53 11 18 05),
des Concerts
littéraires orchestre/chant : le jeudi 14 octobre, à 20h00,
salle Rossini (6, rue Drouot, Paris IXe. Tél. : 09
54 86 82 15) ; le samedi 16 octobre, à 20h30, Temple Pentemont (106,
rue de Grenelle, Paris VIIe. Tél. : 09 54 86 82 15),
le Colloque Pauline, une voix féminine dans l’Europe des arts : le
samedi 23 octobre, de 9h00 à 18h00, au Conservatoire international (8, rue
Alfred-de-Vigny, Paris VIIIe. Tél. : 01 44 23 97
74). Avec le concours, notamment, de Michèle Friang (historienne),
Sayuri Araïda & Marianne Seleskovitch (sopranos), Olexandra Turyanska
(mezzo-soprano), Sérénade Orchestra, Clément Mao-Takacs (piano).
Pauline Viardot par Ary Scheffer
« Le Festival d’Automne à Paris » se
poursuit jusqu’au 31 décembre 2010.
Renseignements : 01 53
45 17 17. www.festival-automne.com
« Never explain, never complain... » À compter du 1er octobre 2010, sont
pensionnaires à l’Académie de France à Rome (Villa Médicis) : Claire
Diterzi (auteur/compositeur/interprète & guitariste), Geoffroy Drouin
(compositeur), Malik Mazzadri (flûtiste de jazz), Gilbert Nouno (compositeur).
©Villa
Médicis
Jazzy Colors 2010, 8e édition du « Festival de Jazz des Instituts culturels étrangers à
Paris », se déroulera du jeudi 11 au samedi 27 novembre 2010. Seize
pays participants : Allemagne, Autriche, Portugal, Roumanie, Hongrie,
Québec, Finlande, Suéde, Estonie, Turquie, Corée, Pays-Bas, Japon, Slovaquie,
Pologne et Serbie.
Renseignements : www.jazzycolors.net
Les « Journées francophones en Éducation musicale » (JFREM) tiendront leur 10e édition en Suisse, du 11 au 13 novembre
2010. Le colloque se déroulera à la Faculté de psychologie & des
sciences de l'éducation de l’Université de Genève, sur le thème « La
formation des enseignant(e)s de musique : Dynamiques de recherche, Analyses
de pratiques ». Le programme est à disposition sous : http://www.asrrem.ch/jfrem2010/Programme.html.
Si vous désirez participer, il est possible de s'inscrire, jusqu'au 10 octobre
2010, à l'adresse suivante : http://www.asrrem.ch/jfrem2010/Accueil.html.
Chanson Jeune public à l’Espace Cardin. Du 26
novembre au 5 décembre 2010, se produiront : Jacques Haurogné, Henri Dès,
Alain Schneider & Geneviève Laloy.
Renseignements : 1, avenue Gabriel, Paris VIIIe. Tél. : 01 49 29
55 59. www.victorie-music.com
« L’apprentissage de la justesse vocale en musique », tel
est le thème de la Journée d’étude qui se déroulera le jeudi 2 décembre 2010, à
l’IUFM d’Aix-en-Provence. Organisateurs Jean-Luc leroy et Pascal
Terrien. Communications à proposer avant le 15 octobre. Cette
Journée d’étude précédera le colloque sur « L’actualité des universaux en
musique » qui se tiendra les 3 et 4 décembre, en le même Institut.
Renseignements : 06 83
11 85 2. je2010@orange.fr
Aix-en-Provence ©DR
« Le Mois des compositeurs » (10
novembre-7 décembre 2010) propose, à Marseille, un voyage au cœur de la
création musicale. Ouverture (10 novembre). Compositrices de l’ailleurs (17 novembre), Les Pinceurs d’âme (19 novembre), Le rêve de l’homme-oiseau (26 novembre), Un siècle de musique (16,
23 novembre & 7 décembre), Ateliers
pédagogiques de composition (17, 18 novembre), Rencontre autour de l’accordéon (30 novembre), Exposition de photos d’Agnès Mellon (16 novembre-7 décembre). Ensemble Télémaque, dir.Raoul Lay.
Renseignements : Cité de
la musique – 4, rue Bernard-du-Bois, 13001 Marseille. Tél. : 04
91 39 29 13. www.ensemble-telemaque.com
©DR
***
Haut
« Olivier Messiaen, le
compositeur ornithologue ». Présentation
& analyses par François-Bernard Mâche, son confrère à l’Académie des
Beaux-Arts.
À écouter sur : www.canalacademie.com/ida2774-Olivier-Messiaen-ornithologue.html
©DR
L’Ensemble 2e2m donnera, en 2010-2011, 58 concerts où
figureront 15 créations françaises et 7 créations mondiales. Il
se produira en France, Autriche, Suisse & Russie et devrait toucher quelque
20 000 spectateurs. Pas moins de 465 heures sont prévues
pour sensibiliser de nouveaux publics.
Renseignements : 01 47
06 17 76. www.ensemble2e2m.fr
Musiques des territoires
d’Auvergne : http://lafeuilleamta.fr
Martial Ceppe ©A. Ricros
Une ville qui sonne ! À Toulouse, 2010 sera l’année des
carillons, cloches & horloges astronomiques. Ainsi, du carillon de
Saint-Sernin à l’énorme bourdon de la cathédrale Saint-Étienne, les 300 cloches
de la ville sonneront au même instant pour marquer l’ouverture de la 15e édition
de « Toulouse les Orgues »,
festival international, qui se déroulera du 7 au 17 octobre 2010.
Renseignements : 05 61
33 76 87. www.toulouse-les-orgues.org
« Mignonne, allons voir si la
rose… », poème de Ronsard,
musique de Martial Caillebotte (frère du peintre impressionniste) et... la
Panhard 24 CT.
Consulter : www.youtube.com/watch?v=8elyAI-fKxg
Gustave Caillebotte, Nu au
divan
Esperamos su visita en : http://www.todotango.com
« Fryderyk Chopin.
Korzenie » (Frédéric
Chopin. Les racines). Tel est le titre de l’ouvrage que
viennent de publier, à Varsovie, Andrzej Sikorski & notre éminent
collaborateur Piotr Myslakowski (cf. son article « Le milieu éducatif de Frédéric Chopin », in L’EM n°567). Leurs
recherches ont porté sur quelque 150 000 documents manuscrits en
provenance de Pologne, France ou Russie. La version anglaise du livre
devrait paraître sous peu.
Renseignements : http://en.chopin.nifc.pl/institute/publications/other/id/1146
Musée d’ethnographie de Genève (MEG).
Archives internationales de musique populaire (AIMP) : plus de 16 000
heures de musiques.
Renseignements : bd Carl-Vogt 65, CH-1205
Genève. www.ville-ge.ch/meg/bd.php.
MEG ©Architron, Zurich
Que (re)vive la chanson poétique !
http://mondeenpoesie.blogspot.com / www.myspace.com/brigittemaillard
Brigitte Maillard ©DR
Voix enchantées : « Chœurs
& solistes de Lyon/Bernard Tétu » vont se produire un peu partout en
France, cette saison. Renseignements : 21, rue d’Algérie,
69001 Lyon. Tél. : 04 72 98 25 30. www.solisteslyontetu.com
« Forte », logiciel de notation musicale (www.forte-notation.eu), est gratuitement téléchargeable (pour une durée de
30 jours) sur : www.listesso.com
« D’une Rive à l’Autre » offre au public parisien, dans Ménage à trois (Musique classique / Chanson / Jazz), des rencontres
tous les jeudis du 7 octobre 2010 au 26 mai 2011, dans deux
lieux
mythiques : Petit Palais (12h30), Les Trois Baudets (20h30). Renseignements : www.concertsdunerivealautre.com
Hervé Désarbre, organiste
du ministère de la Défense, titulaire de l’orgue historique du Val-de-Grâce et directeur artistique du Chant du Monde
Publishing House, illustre à son tour l’« Année
de la France en Russie ». Le 6 octobre, au
Conservatoire Tchaïkovsky de Moscou : duo orgue & piano (Caroline
Lupovici, piano). Les 8 et 9 octobre, membre du jury du Concours
international Edison-Denisov. Le 10 octobre, récital dans la salle
d’orgue du Musée Glinka, à Moscou. Avant d’entreprendre une tournée dans
toute la Russie, sur le thème : « Quatre siècles de musique
française ». Renseignements : www.valdegrace.org
Val-de-Grâce ©DR
Salon de la musique (3e édition) : du 19 au
22 novembre 2010, en la Grande Halle de La Villette, Paris XIXe. Renseignements : 01 47 56 21 34. www.salon-musique.com
Le
festival Mino 2010, « musique Jeune
Public », se déroulera du 26 novembre au 7 décembre 2010, à
Paris, Espace Cardin. Renseignements : 1, avenue Gabriel, Paris VIIIe. Tél. : 01
44 61 86 93. www.mino.fr
« Radical
Musicology », journal online (en anglais) produit par l’« International
Centre for Music », publie un volume chaque année. Il fait aujourd’hui
appel à contributions. Renseignements : http://www.radical-musicology.org.uk/notes.htm
« EastBound » publie un numéro spécial : Popular Music Studies in Eastern Europe. Renseignements : http://eastbound.eu
Le 65e Concours de Genève (Geneva International Music Competition) est
consacré au piano (président du jury : Jacques Rouvier) & au
hautbois (président du jury : Maurice Bourgue). Il se déroulera
du 4 au 18 novembre 2010.
Renseignements : www.concoursgeneve.ch
« International Association
for the Study of Popular Music ». Cette association organise à Grahamstown (Afrique du Sud), du 27 juin au 1er juillet 2011,
la « ASPM 2011 17th Biennial International Conference ». Renseignements : www.iaspm.net
« Musicalame » est la plus grande librairie
musicale lyonnaise. Renseignements : 16, rue Pizay,
69001 Lyon. Tél. : 04 78 29 01 34. http://musicalame.over-blog.fr
Orchestre français des Jeunes (baroque). Session 2010 : du 26 octobre au 4 novembre, au Grand
Théâtre de Provence d’Aix-en-Provence. Puis, en concert exceptionnel, à l’Opéra Comique
de Paris, le 6 novembre. Pour la troisième année consécutive, les
jeunes musiciens seront placés sous la direction du chef d’orchestre &
ténor Paul Agnew [notre photo]. Renseignements : 01 56 40 49 45. www.ofj.fr
©DR
« Playing for change » : http://vimeo.com/moogaloop..swf?clip_id=2539741
Abbaye aux Dames, saison 2010-2011. Renseignements : 11, place de l’Abbaye, 17100 Saintes. Tél. : 05 46 97 48
48. www.abbayeauxdames.org
©DR
***
Haut
« Mathis der Maler » à l’Opéra
Bastille.
Après Cardillac, l'Opéra
de Paris va créer Mathis le peintre, autre œuvre scénique d'envergure de
Paul Hindemith. S'inspirant de la vie du peintre Matthias Grünewald,
auteur du célèbre Retable d'Issenheim,
celle-ci traite du thème de la condition de l'artiste face à l'incompréhension
de la multitude. Cette grande fresque revivra à l'Opéra Bastille
dans la mise en scène d’Olivier Py et sous la direction de Christoph Eschenbach.
À noter qu'elle sera mise en perspective à travers une série de concerts
présentant notamment des Lieder, les sonates pour alto et des quatuors à cordes
de l'auteur.
Paul Hindemith, 1923 ©DR
À l’Opéra Bastille : les
16, 19, 22, 25 novembre, 1er, 3, 6 décembre 2010 à 19h00, et 28
novembre à 14h30. Concerts : les 24 octobre (18h00), 23 et 30
novembre 2010 (20h00) à l'Amphithéâtre Bastille.
Renseignements : 120,
rue de Lyon, Paris XIIe. Tél. : 08 92 89 90 90. www.operadeparis.fr
Jean-Pierre Robert.
42e Festival
international Heinrich Schütz.
Nous vous recommandons vivement,
pour vos prochaines vacances, une virée à Kassel, haut-lieu de la musique, à
l’occasion des « Journées musicales de Kassel » du 42e Festival
international Heinrich Schütz (du jeudi 28 au dimanche soir 31 octobre
2010) sur le thème : Heinrich Schütz
et l’Europe et du « Colloque » (du dimanche soir 31 octobre au
mercredi 3 novembre 2010 au matin) à l’Académie de Hofgeismar (à proximité,
transport assuré), sur le même thème. En plus, un « Chorseminar »
(deux œuvres de Schütz…) est organisé, les 29 et 30 ; les chanteurs
peuvent s’inscrire pour y participer et obtenir les partitions : occasions
à ne pas manquer, tant sur le plan artistique que musicologique.
Renseignements : www.kasseler-musiktage.de ou : info@schuetzgesellschaft.de
Heinrich Schütz ©DR
Édith Weber
(responsable de la Section française)
« Les Automnales du Palais impérial de Compiègne ». Le samedi 16 octobre 2010, à 17h30,
Dame Felicity Lott (soprano) & Maciej Pikulski (piano)
interpréteront Schumann, Duparc et Mahler.
Renseignements : 03 44 38 47 35. www.musee-chateau-compiegne.fr
« Le Tango, phénomène culturel international ».
Projection de vidéos & débat, le jeudi 28 octobre 2010, de 18h30 à 20h30,
en la Maison de l’Amérique latine (217, bd Saint-Germain,
Paris VIIe). Avec Claude Nama, directeur du Festival
« Paris Banlieues Tango », et ses invités.
Renseignements : 01 49
54 75 00. www.mal217.org ou : www.festival-paris-banlieues-tango.fr
Opéra de Paris, Jeune public 2010-2011.
Opéras : L’Italienne à Alger, Le Triptyque, Les Noces de Figaro, La
Fiancée vendue, Madame Butterfly, Siegfried, Luisa Miller, Kátia Kabanová, Tosca. Ballets : Roland Petit, Paquita, Le Lac des cygnes,
Balanchine/Brown/Bausch, Caligula, Coppélia, Roméo et Juliette, Mats Ek, Rain de Keersmaeker. Concerts : récitals,
musique de chambre, Chœur de l’Opéra national de Paris.
Renseignements : 01 40 01 19 88. www.operadeparis.fr / jeunepublic@operadeparis.fr
Palais Garnier, le Foyer ©DR
Auditorium du Musée d’Orsay, saison 2010-2011.
L’académisme en musique (14 octobre-4 novembre 2010), Gusta Mahler (14 janvier-31 mars
2011), Les préraphaélites (10 février-16 juin 2011), Les
salons musicaux (17 mars-26 mai 2011), Les concerts de Midi Trente (5 octobre 2010-14 juin 2011), Concours avant-scène (20-21 novembre
2010), Soirées exceptionnelles (7
décembre 2010-21 juin 2011), Colloque Chopin (26-27 novembre 2010). Sans préjudice de : Musique en famille, Activités
Jeune public, Ciné-concerts, Conférences, Histoire de l’art…
Renseignements : M’O’ - 1, rue
de la Légion-d’honneur, Paris VIIe. Tél. : 01 40 49
49 66. www.musee-orsay.fr/fr/manifestations/musique.html
Ensemble intercontemporain.
Ouverture de la saison à la Cité
de la musique, salle des concerts, le mardi 5 octobre 2010 : Mappe de Johannes Boris Borowski, Concerto pour piano & ensemble de
Hanspeter Kyburz, Music for a while et La Chambre aux échos de
Michael Jarrell. Hidéki Nagano (piano) Ensemble intercontemporain,
dir. Susanna Mälkki [notre photo].
Renseignements : 01 44
84 44 53. www.ensembleinter.com
©DR
Les Folies-Bergère.
Soirée flamenco/jazz manouche,
le samedi 9 octobre 2010, à 20h. Avec le pianiste-chanteur Diego Amador,
le guitariste Bireli Lagrène & la « bailaora » Farruca.
Renseignements : 06 13
22 02 40. www.lesproductionsdelessentiel.com ou www.foliesbergere.com
Orchestre du Gewandhaus de Leipzig.
À l’Auditorium-Orchestre
national de Lyon le 13 octobre 2010 à 20h30. Arabella Steinbacher, violon. Herbert Blomstedt, direction. 4e Concerto pour violon,
K. 218 de Mozart, 4e Symphonie (version Nowak 1878-1880) de Bruckner.
Renseignements : 04 78
95 95 95. www.auditorium-lyon.com
©DR
Association « Prima la Musica ! »
Le vendredi 15 octobre 2010, à
20h30, en l’auditorium « Cœur de ville » (98, rue de Fontenay,
94300 Vincennes), un concert réunira Bruno Fontaine (piano) &
Jean-Philippe Audin (violoncelle). Sonate Arpeggione D 821 de Schubert, Sonate op.5 n°2
de Beethoven, Sonate op.6 de Barber, Le Grand Tango de
Piazzolla.
Renseignements : 01 43
98 68 33. www.primalamusica.fr
Orchestre philharmonique de Strasbourg.
Les 28 et 29 octobre 2010 à
20h30, salle Érasme, Palais de la Musique et des Congrès, seront donnés : Élégie pour violoncelle & orchestre
de Fauré, 1er Concerto
pour violoncelle de Saint-Saëns, Musique
funèbre pour cordes « In
memoriam Béla Bartók » de Lutoslawski, Symphonie n°98 de Haydn. Heinrich Schiff, direction
& violoncelle [notre photo].
Renseignements : PMC -
place de Bordeaux, 67000 Strasbourg. Tél. : 03 69 06 37 00. www.philharmonique-strasbourg.com
©Uta
Süsse-Krause
Le pianiste Chick Corea à Boulogne-Billancourt.
Le mercredi 3 novembre à 20h30,
au « Carré Belle-Feuille ».
Renseignements : 60, rue
de la Belle-Feuille, 92100 Boulogne-Billancourt. Tél. : 01 55 18 54
00. www.boulognebillancourt.com
©DR
« Obsidienne »
Cet ensemble vocal &
instrumental consacrera deux concerts à Guillaume Dufay, au Musée de Cluny
(5, place Paul-Painlevé, Paris Ve), les vendredi 5 et
dimanche 7 novembre 2010, 19h.
Renseignements : 03 86
66 36 94. www.obsidienne.fr
Joueur de vièle ©DR
« Le Parvis », scène nationale Tarbes-Pyrénées.
Présentation, le mercredi 10
novembre 2010 à 20h30, du quintette du pianiste cubain Roberto Fonseca
[notre photo].
Renseignements : 05 62
90 08 55. www.parvis.net
Duo « Flammes &
Co ». Les guitaristes Arnaud Dumond & Vincent Le Gall se
produiront, le vendredi 5 novembre 2010, à 19h30 et 21h00, au Foyer du Théâtre
du Châtelet, dans des œuvres d’Albéniz, Falla, Sanz et Piazzolla.
Renseignements : 01 40 28 28 40. www.savarez.com
« Voyages de vives voix » est une
rencontre entre artistes professionnels, chanteurs autistes & leurs
éducateurs. Salle Gaveau, le lundi 11 octobre 2010, à 20h00. Avec
Laurent Naouri (baryton-basse), l’Ensemble vocal « À fleur de
voix », la Chorale d’Al (chanteurs autistes), Catherine Boni
(mezzo-soprano & chef de chœur), Stéphane Leach (pianiste),
l’Ensemble Calliopée (dir. Karine Lethiec). Extraits du film La vie d’autistes d’Olivier Segard. Musique de
Bizet, Dvořák, Leach, Mahler, Offenbach, Verdi.
Renseignements : 01 45
43 77 58. mgaussiat@sequenza-comprod.com
Saison Blüthner. Le lundi 22 novembre à 20h, en l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet
(square de l’Opéra - 7, rue Boudreau, Paris IXe), la pianiste
Juliana Steinbach interprètera : Gaspard
de la nuit (Ravel), Études (Scriabine), Tableaux d’une exposition (Moussorgski).
Renseignements : 01 53
05 19 19. www.saisonbluthner.fr
©Balazs
Böröcz/Pilovax Studio
« Didon et Énée », opéra
d’Henry Purcell, sera donné au Théâtre Mouffetard (73, rue Mouffetard,
Paris Ve), du 10 novembre 2010 au 8 janvier 2011.
Renseignements : 01 43
31 11 99. www.theatremouffetard.com
Francis Cousté.
***
Haut
L'édition 2010 du festival de
Salzbourg qui marquait le 90e anniversaire de sa création, aura
brillé par son éclectisme dans le domaine de l'opéra - Mozart n'y figurant que
par la reprise de Don Giovanni. La vitalité du répertoire
représenté se mesure à l'aune de sa variété, de Gounod à Berg, de Gluck à
Strauss, pour l'essentiel enluminé par la sonorité unique de l'Orchestre philharmonique
de Vienne, décidément un élément fédérateur du festival, et honoré de mises en
scène au demeurant moins aventureuses cette fois qu'à Aix ou Bayreuth.
Côté concerts, l'originalité de la programmation demeure une caractéristique
majeure. Pour preuve une exécution enthousiasmante de Jeanne d'Arc
au bûcher d’Honegger et une série de récitals vocaux consacrés aux
trois grands cycles de Lieder de Schubert.
©Salzburger Festspiele/Silvia Lelli
Orfeo ed
Euridice sublimé par la
direction de Riccardo Muti
Riccardo Muti, qui se tourne
volontiers ces temps vers le répertoire du XVIIIe, a choisi de diriger Orfeo ed Euridice de Gluck dans sa version italienne, créée à
Vienne en 1762, et au demeurant pas représentée scéniquement au festival depuis
1959. Sa battue nerveuse et suprêmement articulée met en valeur une
musique à l'harmonie expressive et, en même temps, instable dans son processus
dynamique. L'acuité qu'il obtient des musiciens d'élite des Wiener Philharmoniker
n'a d'égale que le raffinement sonore. La mise en scène de Dieter Dorn
fait choix d'une action qui se déroule comme un rêve, le fantasme de la perte
de l'être aimé et de l'impossible réunion. Vision onirique, d'un bel
esthétisme, privilégiant une gestuelle libérée et naturelle chez les trois
protagonistes et le chœur. Des images originales enrichissent une
dramaturgie claire et dépourvue d'outrance, sobrement modernisée, telles
l'apparition de l'Amour parmi ses pairs, les dieux de l'Olympe, ou la
démultiplication des porteurs de lyre. Elle ménage surtout de saisissants
contrastes entre la scène des Enfers, confinée, où le fourmillement des furies
rageuses et autres spectres infernaux est obtenu par un effet de miroir, et le
tableau des Champs Élysées, d'une clarté d'épure, offrant le vaste espace
de quelque paysage idéalisé. Un dispositif en entonnoir, outre ses vertus
proprement acoustiques, permet de séparer deux univers, au premier plan
l'action proprement dite, alors que dans le lointain des personnages évoluent
paisiblement, comme détachés du monde réel, les Ombres heureuses. La
partie de ballet n'est pas dansée de manière académique, mais chorégraphiée en
forme de pantomime, notamment au final qui présente une sorte de scène de
ménage ; fin pessimiste sans doute conforme à la tradition du mythe
antique, plus qu'au dénouement heureux exigé par l'esthétique de l'opéra
français.
©S.F./Hermann & Clärchen Baus
Muti s'est entouré d'une
distribution jeune, parfaitement aboutie. Elisabeth Kulman, lauréate
récente du prix du festival de l'Académie internationale d'été, est un Orfeo au
timbre de mezzo clair, d'une sobre éloquence dans l'expression de la douleur.
Genia Kühmeier, il y a peu Pamina sous le direction du même chef, possède
une voix justement corsée qui donne à Eurydice un poids que son intervention
tardive dans l'action ne rend pas moindre. L'Amour, Christiane Karg,
elle aussi lauréate du Mozarteum de Salzburg, complète un trio sans faille.
Enfin les chœurs de l'Opéra de Vienne apportent une contribution aussi
essentielle que vivante à cette « azione
teatrale per musica ».
©S.F./Hermann & Clärchen Baus
Une bien intéressante Lulu
La nouvelle production de Lulu de Berg était présentée dans la Felsenreitschule (salle du Manège des Rochers).
Encore qu'elle commette la prouesse de ne pas utiliser les potentialités
qu'offre ce lieu scénique exceptionnel de semi-plein air. En effet, les
trois rangées de loges creusées à même la roche sont dissimulées par une sorte
de cyclorama noir, tandis qu'un rideau délimite une ouverture de scène à la
manière conventionnelle ; dispositif qui, s'il se prive d'un environnement
unique, offre au moins l'avantage d'améliorer l'acoustique d'un endroit pas
toujours aisé pour les voix. Son principal attrait réside dans la
décoration créée par Daniel Richter, jeune artiste plasticien très en vue
outre-Rhin, dont on pouvait d'ailleurs voir une exposition des œuvres récentes
dans une galerie de la ville. De vastes panneaux de toile peinte semi-figuratifs
forment l'écrin dans lequel s'inscrit une action vécue comme un parcours
initiatique. Vera Nemirova dit s'inspirer pour sa régie d'une des
deux tragédies de Wedekind, La Boîte de Pandore, qui forment
sa pièce Lulu, et voit dans le personnage éponyme une figure mythique
qui se situe au-delà de la morale et du cliché habituel de la femme fatale.
Sa mise en scène, un peu confuse, n'est pas toujours immédiatement lisible.
Ainsi des diverses gesticulations qui agitent l'entourage de l'héroïne au IIe acte,
ou du traitement de la première scène du IIIe, qui censée se
passer dans une salle de jeu, se déroule parmi les spectateurs et capte
l'attention de manière factice, peu signifiante. De même, le film muet
décrivant l'arrestation, le procès et l'emprisonnement de Lulu, qui forme le
centre névralgique de la pièce, est-il supprimé au profit d'une animation plus
banale qu'explicative.
©S.F./Hermann & Clärchen Baus
La distribution vocale aura
rarement été aussi brillante. Patricia Petibon aurait-elle trouvé en
Lulu son rôle ? Ses dons
innés pour la scène sont là exploités à leur meilleur dans un personnage aux
multiples facettes. Elle est une Lulu sensuelle, détachée, même rusée,
avant d'atteindre le pathétique à l'ultime scène, dans cette étroite tanière en
forme de tente, dernière étape du chemin de déchéance. Voilà un portrait
mémorable que complètent une diction irréprochable et une caractérisation vocale
frôlant la perfection. La galerie de ses soupirants est de classe :
un Dr. Schön, Michael Volle, d'une formidable envergure et vocalement
superbe ; deux ténors, Pavol Breslik, le peintre, et Thomas Piffka,
Alwa, rivalisant d'assurance ; enfin un Schigolch, Franz Grundheber,
qui contrairement à bien de ses confrères sur le retour, chante et n'ânonne pas
le rôle du vieil homme à la fois père et confident. La comtesse Geschwitz
de Tanja, Ariane Baumgartner, est aussi attirante que vocalement
accomplie. Jusqu'à cette magistrale double composition du vétéran
Heinz Zednik, naguère fabuleux Mime du Ring de Chéreau à Bayreuth, dans le prince et le majordome. La direction
de Marc Albrecht, à défaut d'être mémorable, tire du moins des sonorités
envoûtantes des Viennois, souvent chambristes, ce qui ne messied pas en
l'occurrence et rend à la musique de Berg toute sa formidable intensité.
©S.F./Hermann & Clärchen Baus
Elektra gâtée par une direction envahissante
On se demande ce qui a conduit
le chef Daniele Gatti a faire choix d'une direction si bruyante dans Elektra de Richard Strauss. Avec un orchestre d'une telle patine que les
Wiener Philharmoniker est-il besoin de souligner le trait à ce
point ? Depuis le premier accord, cataclysmique fortissimo, jusqu'à
l'ultime cluster ce ne sont que martèlement sonore et déluge de décibels, des
cuivres en particulier ; ce que l'acoustique problématique de la grande
salle du Palais des festivals amplifie à l'envi. Les moments de lyrisme
sont escamotés, telle la scène de la reconnaissance entre Elektra et Orest,
jusqu'à leur faire perdre tout pouvoir d'émotion. Plus grave, un tel
traitement affaiblit le discours qu'il prive paradoxalement de relief, en
gommant les nuances. De quoi alimenter le moulin de ceux qui déplorent la
pauvreté de l'inspiration du musicien et fustigent les excès et boursouflures
de cette tragédie en musique. Contre un tel mur, les voix doivent lutter.
Elles le font vaillamment. Ainsi de Waltraud Meier, Klytämnestra,
qui brûle les planches dès sa première apparition et, pour sa prise de rôle,
livre une grandiose incarnation, celle d'une tragédienne confirmée tout comme
dans ses portraits wagnériens. Mais Eva-Maria Westbroek, Chrysothemis, une
chanteuse pourtant habituée des tessitures exposées, n'est pas à l'aise ici.
Avec Elektra le problème est autre : Janice Baird, qui s'est fait une
spécialité des emplois lourds dans Strauss et Wagner - et remplaçant à la
onzième heure la titulaire - assure, certes, un rôle écrasant par sa
tension constamment soutenue, mais sans panache. Le portrait manque
d'épaisseur et de charisme, donnant l'impression de banaliser une partie hors
norme. En comparaison, dans le rôle pourtant épisodique d'Orest,
René Pape est autrement convaincant de présence et d'aisance vocale.
©S.F./Hermann & Clärchen Baus
La mise en scène de
Nikolaus Lehnhoff, qui s'inscrit dans le dispositif décoratif d'une sorte
de bunker percé de nombreux orifices et d'une immense porte figurant l'entrée
du palais royal de Mycène, fuit l'artifice de la relecture. Au-delà de la
peinture de caractères bien trempés, elle s'attache à sonder ce qui les lie ou
les conduit à s'affronter. C'est chez Elektra, le désir effréné de
vengeance du meurtre du père, pour Chrysothemis l'aspiration au bonheur de la
femme mue par le désir de maternité et de vraie tendresse, et en Klytämnestra
la fragilité qui perce chez un être de pouvoir un moment submergé par le doute.
Cette relation triangulaire entre une mère et ses deux filles, ossature d'une
pièce articulée de manière symétrique autour du noyau central que constitue la
confrontation entre Clytemnestre et Électre, est unique à l'opéra. Elle
est explicitée avec justesse, sans pathos inutile. Le spectacle en
acquiert une indéniable cohérence. Le résultat aurait été davantage
convaincant si un orchestre envahissant n'avait à ce point accaparé
l'attention.
©S.F./Hermann & Clärchen Baus
Roméo et
Juliette ou le grand
spectacle
La reprise de Roméo et
Juliette de Gounod, monté en 2008, confirme les qualités d'un spectacle
fastueux destiné à attirer un large public, de plus alléché par la présence
d'une star russe assoluta, Anna Netrebko.
Le hic est que la dame n'assurait pas toutes les représentations au grand dam
de ses admirateurs, tel ce couple qui, ouvrant le programme, découvrait
stupéfait le nom de sa remplaçante. Mais cela n'était pas de nature à
amoindrir la qualité musicale de la soirée qui réside essentiellement dans la
direction flamboyante de Yannick Nézet-Séguin. Le jeune Canadien, avec
lequel il faut compter désormais, à la tête d'un Orchestre du Mozarteum
transfiguré, offre une lecture d'une vraie justesse expressive et intensément
dramatique. Dès la formidable entrée en matière du prélude, on est happé
par l'opulence sonore orchestrale qui ne se départira plus ensuite, notamment à
l'heure des grands ensembles concertants. Les pages lyriques brillent
tout autant par leur gracile poésie comme la scène du balcon ou le prélude du Ve acte,
évocation du sommeil de Juliette. Partout opère la séduction émanant
d'une partition riche en trouvailles d'écriture et débordant d'invention
mélodique. La mise en scène de Bartlett Sher est sans surprise et ne
se perd pas dans quelque ré-interprétation. Elle use judicieusement, bien
que modestement, des possibilités du vaste plateau de la Felsenreitschule et
utilise un décor minimaliste où le chatoiement des costumes apporte l'essentiel
de la couleur médiévale et de subtils éclairages, la variété des climats.
Sa direction d'acteurs est sobre mais efficace et ne manque pas d'animation
dans les courses-poursuites haletantes et les combats épiques dignes des romans
de cape et d'épée. Quelle belle idée aussi d'avoir paré le centre du
plateau, lors de la scène de la chambre, d'un immense drap blanc dans lequel,
après avoir bu le breuvage narcotique, Juliette s'enveloppe, à la fois robe de
mariée et linceul, pour affronter les noces redoutées.
©S.F./Hermann & Clärchen Baus
De celle-ci, Nino Machaidze
propose une figure à l'insouciance un brin forcée et d'une vraie fausse
ingénuité. Le lyrisme passionné de ce rôle exigeant, elle l'assume de sa
voix ample et lumineuse qu'agrémente une quinte aiguë assurée. Elle
entraîne dans son sillage le jeune ténor Stephen Costello qui, pour ses débuts
au festival, campe un Roméo chaleureux plus que fougueux. Un peu sur la
réserve dans son premier air, il libèrera ensuite un timbre tout en finesse.
Leurs duos ont la force de la conviction, celle qu'ont les amants de Vérone
d'affirmer leur indestructible fidélité mutuelle et finalement leur volonté de
vivre malgré leur double suicide. De sa solide voix de basse chantante, le
Frère Laurent de Mikhail Petrenko se détache aisément du reste d'une
distribution somme toute banale, qui rencontre quelques difficultés avec la
langue de Molière - obstacle contre lequel les chœurs de l'Opéra de Vienne
savent ne pas buter.
©S.F./Hermann & Clärchen Baus
Une exécution flamboyante de Jeanne d'Arc au bûcher
Dans ce même lieu magnifique de
la Felsenreitschule, était donnée en version de concert Jeanne d'Arc
au bûcher qui scella la collaboration entre le compositeur
Arthur Honegger et le dramaturge Paul Claudel. Dans cet
« oratorio dramatique », créé en 1938, les auteurs ont voulu non pas
tracer une chronique de la vie de la sainte, mais bien mettre l'accent sur un
certain nombre d’événements qui lui ont donné sa signification. Sur le
bûcher, Jeanne se remémore sa vie en remontant peu à peu dans le passé par une
sorte de phénomène de dilatation de la pensée. À ses côtés, Frère Dominique
est l'accoucheur de sa conscience. Le cheminement intérieur, Jeanne le
vit au fil de ces courtes scènes où se mêlent le pittoresque et le burlesque, voire
même le grotesque : le procès, mené par des animaux fantasques, la capture
à Compiègne ou comme aux cartes on joue à qui perd gagne ; mais aussi une
infinie tendresse : le souvenir des deux cloches, Catherine et Marguerite,
qui ont rythmé sa vie de croyante, l'évocation de l'enfance au son d'une
chanson triste. La musique d’Honegger épouse soigneusement le dire
claudélien pour en libérer le souffle profond, se coulant exactement dans sa
remarquable architecture. Au point que le musicien soulignera dans ses Écrits avoir agi auprès de l'écrivain
« comme un simple collaborateur ».
©S.F./Silvia Lelli
Le rôle de Jeanne est confié à
une actrice, et c'est Ida Rubinstein, une personnalité marquante de l’entre-deux-guerres,
qui le créa. De sa voix aux couleurs mystérieuses, Fanny Ardant le
fait sien. Elle présente une jeune fille à la fois fragile et forte,
souriante et angoissée, exaltée et interrogatrice. D'abord
précautionneuse, elle s'enhardit progressivement jusqu'à atteindre
l'incandescence lors de la délivrance libératrice. Elle possède la juste
intuition de cette belle déclamation en musique. Tout comme Jean-Philippe
Lafont, Frère Dominique, et parce qu'il est lui-même chanteur (tout comme
le créateur du rôle, Jean Périer ; alors qu'il est souvent dévolu à
un acteur) ; un rôle grandi par de sobres et nobles accents. Auprès
d'eux, une pléiade de chanteurs de valeur, comme le ténor Gilles Ragon ou
l'alto Marie-Claude Chappuis, assume les diverses parties chantées, souvent
épisodiques. Avec son Orchestre symphonique de la Radio autrichienne,
Bertrand de Billy fait rayonner ces pages géniales que parcourt une vraie
émotion, distillant les traits d'une orchestration originale à la petite
harmonie, auxquels un instrument comme les Ondes Martenot apporte un
supplément d'espace. Les chœurs du Wiener Singverein, augmentés du
chœur d'enfants du festival, montrent une réelle habileté à manier la belle
langue de Claudel.
Des concerts adornés par de grandes voix
La Mozart Matinée est un
type de concert incontournable à Salzbourg. Un public de connaisseurs s'y
presse. Celle du 14 août était dirigée par le jeune chef français
Jérémie Rhorer, formé à l'école de William Christie et de Marc Minkowski,
et déjà nanti d'une flatteuse réputation. Le programme comprenait la
suite de ballet tiré de l’opéra Idomeneo, la symphonie KV 385, dite Haffner, et des airs d'opéras. Prise dans des tempos nerveux, la
suite de ballet a fière allure, brillante et volubile. Mais la manière
manque de couleurs dans les passages assagis, la gavotte par exemple.
L'impression se confirme dans la symphonie où on eût aimé plus souple
impulsion. Si les mouvements extrêmes, l'agressif allegro initial en
particulier, offrent une rythmique volontariste, le nécessaire apaisement fait
défaut à l'andante avant un menuetto un brin trop vigoureux. Dommage que
ces débuts n'aient pas connu plus d'aura. Sans doute le chef, habitué à
diriger des formations jouant sur instruments anciens, caractérisées par leur
extrême flexibilité, dont le sien, « Le Cercle de l'Harmonie »,
a-t-il été surpris par la manière quelque peu rigide et neutre du
Mozarteumorchester. La partie du concert consacrée aux arias réservait
d'autres félicités et Jérémie Rohrer s'y montrait d'ailleurs plus à l'aise
dans le discours orchestral soutenant une chanteuse avec laquelle il a déjà
collaboré, au disque notamment. La soprano allemande Diana Damrau
s'est acquis une enviable notoriété dans Mozart, mais aussi ailleurs - une
merveilleuse Sophie dans Le Chevalier à la Rose à
Baden-Baden. Elle aborde avec aisance les airs légers et brillants de
rôles comme Rosina de La Finta Semplice, Aspasia de Mitridate ou Ilia d'Idomeneo. Elle démontre aussi qu'elle peut passer, au
concert du moins, à des emplois autrement plus lourds comme celui d'Elettra du
même opéra, dont le spectaculaire air final laisse éclater une fureur non
contenue. En bis, le grand air de Donna Anna au IIe acte
de Don Giovanni, qui se situe dans une veine aussi tendue, confirme
un talent dramatique avéré, même en l'absence de la scène.
©S.F./Silvia Lelli
Dans cette même salle du
Mozarteum, le célèbre baryton allemand Matthias Goerne interprétait La Belle Meunière de Schubert, premier d'une série de trois concerts consacrés aux grands cycles
de lieder de son auteur, et accompagnés par Christoph Eschenbach. Il
faut saluer le choix de ce lieu, et non de l'un des grands vaisseaux du Palais
des festivals, et, pour le chanteur, le fait d'avoir ainsi renoncé à une plus
avantageuse capacité d'auditeurs. La proximité de l'interprète avec le
public est, eu égard aux dimensions relativement modestes de l'auditorium, un
atout considérable. Dans ce cycle où Schubert a mis tant de lui-même et
où fleurissent les thèmes chers à son cœur, de la fuite du temps, de l'errance,
de l'amour refusé, ou encore du recours bienfaisant à la nature, le drame
affleure constamment sous un texte d'allure souvent anodine. Car la
vingtaine de pièces qui le composent, de forme strophique, dans l'esprit du Volkslied,
sont autant de petites scénettes que caractérisent la simplicité du vocabulaire
et la spontanéité des sentiments exprimés : la tendresse, la colère, la
douleur, la joie. Il s'en dégage un sentiment d'improvisation qui est une
caractéristique foncière de la poésie de Wilhelm Müller dans laquelle
s'inscrit idéalement la musique de Schubert. L'unité profonde de
l'ensemble n'est aucunement affectée par la diversité des mélodies. Bien
au contraire. Et souvent le climat d'un lied en vient à se prolonger dans
le lied suivant. La manière de Matthias Goerne est sincère et
généreuse. C'est celle d'un conteur qui, comme peu, fait corps avec la
musique et le poème pour s'identifier au « Je » romantique.
L'étendue de la voix tient du phénomène : un timbre de baryton corsé qui
batifole dans le registre de ténor - celui-là même prévu par le compositeur -
ou s'appesantit dans le grave le plus affirmé. L'art de modeler
l'intensité est tout autant remarquable, du pianissimo le plus éthéré au forte viril dont l'éclat emplit l'auditorium.
©S.F./Silvia Lelli
L'accompagnement de Christoph
Eschenbach, qui faisait un retour remarqué dans un festival où il se produisit
il y a bien longtemps comme pianiste, est plus que cela. Car la partie de
piano, comme toujours chez Schubert, dépasse le rôle de simple suiveur.
Elle fait un tout avec le chant, de sa rythmique soutenue, celle de la marche,
ou de sa fluidité pour imiter la course limpide de l'eau. Sensible et
paré d'infinies nuances, le jeu du pianiste s'imbrique idéalement dans le
chant. Le public, rapidement tombé sous le charme, réserve aux
interprètes une standing ovation amplement méritée.
Jean-Pierre Robert.
Fermant le ban des grands
festivals d'été, après Aix, Munich, Bayreuth et Salzbourg, le Festival de
Lucerne « Im sommer »
n'est pas de moindre intérêt. Sur les bords riants du lac des
Quatre Cantons, il a même un attrait supplémentaire, d'ordre touristique.
La proximité de celui-ci n'est pas un vain mot puisque le vaste et bel
auditorium, conçu par Jean Nouvel, y est situé immédiatement au bord.
La manifestation suisse est depuis toujours centrée sur la musique symphonique
et le récital, dont il attire les plus grandes figures.
©Lucerne
Festival
Claudio Abbado dirige Mahler : une immense expérience musicale
Les concerts du Lucerne Festival
Orchestra sous la direction de Claudio Abbado sont une sorte de référence car
ils réunissent deux atouts majeurs. L'orchestre d'abord, composé de
musiciens d'élite d'autres phalanges européennes (Berliner Philharmoniker,
Concertgebouw Amsterdam, Tonhalle Zürich...) et de solistes réputés
(la clarinettiste Sabine Meyer, la celliste Natalia Gutman...),
réunis autour du noyau central du Mahler Chamber Orchestra.
Malgré leur nombre impressionnant, leur sonorité reste d'une étonnante
limpidité. Le chef ensuite, considéré à ce stade de sa carrière comme une
icône, qui reconnaît qu’« à travers la maladie sa vie a gagné une nouvelle
légèreté et en intensité ». Ce qui conduit ses interprétations vers
une vision toujours plus épurée. Pour son second programme, le chef
italien avait choisi la IXe Symphonie de Mahler, poursuivant en cela un cycle entamé en 2003. La Neuvième,
achevée en 1909, mais créée en 1912 par Bruno Walter, après la mort du
compositeur, est un peu à part des autres car elle sonne comme un adieu.
Trois parties composent cette formidable composition en forme d'arche : le
vaste premier mouvement, les deux morceaux centraux et l'adagio conclusif.
Dans l'andante comodo, dont un Alban Berg admiratif souligne que tout ici
« repose sur le pressentiment de la mort », la lutte entre
réminiscence d'un passé heureux et certitude de l'accomplissement du destin
domine une matière en fusion : fièvre, exaltation en des mélodies
haletantes, alternent avec des passages d'atmosphère lugubre, à la coulée
mystérieuse. Le scherzo qui sonne comme un retour sur terre, marqué
« dans le tempo d'un landler nonchalant, un peu pataud et très
vigoureux », manie l'humour comme Mahler aime à le faire. La danse
en est au cœur avec une manière de valse presque moqueuse qui vire au
grotesque. Le rondo-burleske prolonge ce climat de son frénétique fugato
d'une écriture virtuose, comme tourbillonnante. La lecture de Claudio Abbado
est proprement révélatrice. Ainsi en est-il de tel détail original
d'orchestration, qui est proprement démasqué, de tel passage d'une redoutable
complexité, rendu totalement lisible, ou encore de la rupture a priori
insaisissable de la transition entre deux phrases, qui retrouve une manière
d'évidence. Et combien sont saisissants les contrastes entre forte surpuissants et passages chambristes !
©Lucerne
Festival/Peter Fischli
L'adagio final se place sur un
autre plan. Non pas parce que ce mouvement lent intervient en dernière
position, ce qui n'est pas nouveau, mais bien parce que Mahler nous fait ici
pénétrer dans un monde différent, musical et métaphysique. La matière
sonore se désagrège progressivement, devient plus ténue sur un rythme de plus
en plus lent, comme s'épuisant. Claudio Abbado le souligne avec
emphase, demandant à ses musiciens de jouer à la limite de l'audible et
accentuant les silences entre les ultimes séquences. Le discours acquiert
une dimension quasi mystique, au-delà de l'expression, comme transfiguré.
On a rarement entendu ce passage sonner de la sorte, pour traduire ce que
Jean Matter appelle « l'arrachement d'un adieu qui se prolonge et ne
peut pas finir ». Un long moment de silence prolonge cette exécution
considérable, jusqu'à ce que la main gauche ouverte du chef se referme
lentement. L'ovation debout d'une salle entière salue l'événement ;
décidément une « expérience musicale » hors du commun.
©Lucerne Festival/Priska
Ketterer
Chopin et Ravel sous les doigts inspirés de Jean-Yves Thibaudet
Le récital de piano qui devait
voir se produire Hélène Grimaud, « artiste étoile» de l'édition 2010 -
mais empêchée ce soir-là, eu égard à un calendrier trop chargé - était donné
par son confrère Jean-Yves Thibaudet. Ce pianiste français, si
étrangement absent des salles parisiennes, est un habitué de Lucerne.
Connu pour son éclectisme, atypique parmi ses pairs puisqu'aussi à l'aise dans
le classique que le jazz, il fait indéniablement partie des grands. Le
programme réunissait Chopin, Liszt et Ravel. Les deux Nocturnes op.9 (1 et 2) de
Chopin introduisent d'emblée ce qui caractérise sa manière : une élégance
aristocrate, une vraie clarté, un refus du pathos et de la virtuosité
d'estrade. L'impression se confirme dans les deux Études op.25 (1 et 3), au jeu limpide et naturel, ou
avec la Valse brillante op.34 dont le célèbre lento, auquel se sont
essayés bien des amateurs, est joué avec la simplicité du découvreur. Non
que le romantisme soit absent. Témoin l'exécution prestissimo de la Grande Valse brillante op.34 dont le vivo offre quelque chose de presque théâtral. Au milieu de
ce parcours Chopin, la longue Ballade n°2 de Liszt installe un climat on ne
peut mieux opposé. Car est-il musique plus dissemblable que cette course
épique, emplie de visions extravagantes, bardée de traits dans le grave sonnant
comme des raclements, qui tient en haleine malgré ses brusques ruptures ?
©Lucerne
Festival/Priska Keterrer
Le bonheur est plus encore
complet en seconde partie avec Ravel. Thibaudet est ici chez lui.
La musique française est son jardin secret. La Pavane pour une infante défunte possède exactement cette
« sonorité large » exigée par Ravel. Miroirs, fruit des
recherches du maître sur la sonorité, le rythme et l'harmonie, comme pour
« transposer le réel dans une autre matière et une autre lumière »
(Marcel Marnat), propose une succession de tableaux contrastés : le
lyrisme ésotérique, quasi moderne de Noctuelles, la vision marine plus
vraie que nature de Une Barque sur l'Océan, le grotesque sec
et saccadé de Alborada del gracioso, aubade d'un vieux beau à
quelque égérie espagnole, le climat de désolation qui pare Oiseaux tristes, ou encore l'atmosphère lugubre qui perce dans La Vallée des Cloches,
annonciatrice de Gaspard de la nuit. La maitrise de l'atmosphère
est chez Thibaudet étonnante. En bis, il n’offre pas moins que le vaste Intermezzo op.118 de Brahms, un compositeur vers lequel il aime à revenir, le Prélude pathétique,
mais virtuose en diable, du pianiste russe Shura Cherkassky, enfin la
première Gnossienne de Satie, un musicien dont il s'est fait une
spécialité de l'atmosphère nonchalante mais si suggestive.
Jean-Pierre Robert.
Échos de jardins et forêts
C’est dans un décor agreste que s’achevait la
saison des festivals, aux Serres d’Auteuil. Grâce à la politique de
commandes pratiquée par Anne-Marie Réby, les vertes pousses d’œuvres nouvelles
viennent s’épanouir chaque année sous les chaudes verrières ;
l’intégration systématique d’une pièce contemporaine aux programmes les plus
éclectiques constitue la marque distinctive de ce festival à dominante
pianistique, et devrait être chaleureusement soutenue par les bailleurs de
fonds au lieu de se voir exposée aux restrictions budgétaires, comme il est à
craindre pour les prochaines saisons. En ce 29 août 2010, la
flûtiste Juliette Hurel et la
pianiste Hélène Couvert parcouraient la musique française du XXe siècle, avec une
incursion dans le suivant, grâce à une création de Christian Lauba. Une sincère chaleur humaine colore la
sensibilité des deux partenaires, et incite à passer sur des choix contestables
(la réduction par Gustave Samazeuilh du Prélude
à l’après-midi d’un faune) pour s’attacher au pimpant de leur
interprétation dans la Sonate de
Poulenc (même si l’on a maintes fois entendu celle-ci modelée avec des contours
plus pénétrants) ou à l’exubérance du Chant
de Linos d’André Jolivet. Râgatala de Christian Lauba masque, sous ce composé de facteurs mélodiques et
rythmiques venus d’Orient, une obsession que d’autres pièces du même
compositeur (pour violoncelle, pour saxophone) cultivaient également :
retrouver la malléabilité de diction musicale que réussissait
J. S. Bach sous couvert d’une pulsation apparemment et
imperturbablement univoque. Une extrême virtuosité s’ensuit, qui entraîne
les duettistes à de folles courses selon un unisson que l’on n’entendit
qu’approximativement, de même que l’on n’entendit guère les multiphoniques et
les subtones de la flûte qui doit se
fondre subtilement dans la « registration » ainsi composée avec les
timbres du piano. Toute une dimension d’invention coloristique au service
d’une chatoyante poésie, inscrite dans l’art du compositeur, reste ainsi à
découvrir lorsque l’interprétation aura été plus longuement travaillée, et l’on
touche là au problème de ces accostages entre instrumentistes aux vies
internationalement dispersées, sacrifiant l’approfondissement qu’exige une
partition nouvelle très élaborée.
Au pôle opposé du répertoire, l’Orchestre
philharmonique de Radio France se montrait pleinement réceptif à
l’expérience des esthétiques germaniques que lui insufflait Eliahu Inbal (17 septembre 2010). Quelques pages de Schumann (extraites de
la musique conçue pour accompagner une récitation du poème de Byron, Manfred) introduisaient le concert dont
la deuxième partie était réservée à Richard Strauss, pour une exaltante
interprétation de Eine Alpensinfonie :
on sait combien cette partition de 50’00 peut s’avérer roborative si on la
dirige à traits épais ; ce soir-là, le pinceau de l’artiste éclaira de
scintillements cascadant, d’éclats de soleil, d’ombres sylvestres, de violents
orages, la fresque née d’une romantique contemplation de la nature
alpestre. Richard Strauss la composa en ne reniant rien de son
savoir dramatique ni de son héritage wagnérien, ce qui ressortait de cette
interprétation avec une somptuosité sonore que l’on n’aurait guère attendue de l’Orchestre philharmonique,
ne serait-ce qu’il y a quelques années.
Eliahu
Inbal ©DR
Ces piliers du répertoire allemand encadraient Marc Monnet, dont on découvrait la
première du vaste Concerto pour
violoncelle « Sans mouvement,
sans monde ». Les premières pages de l’œuvre font jaillir
un univers de timbres fascinant, qui témoigne d’une maîtrise affirmée du
maniement de l’espace dans la palette orchestrale. L’attention s’éveille,
persuadés que nous sommes d’entrer dans une partition qui nous emmènera au Pays des Merveilles de
l’imagination sonore. Malheureusement, le souffle s’épuise vite, et le
compositeur ne persévère guère dans cette voie. Attardons-nous sur cette
phrase profonde du compositeur expliquant son titre : « Sans monde vient plutôt de l’idée
d’absence. Quoi projeter (un mouvement ?) dans un monde qui ne
l’écoute pas. Je sens ce monde comme en « absence » de
l’homme ». Mais cette suggestion de l’absence se traduit par une
partie de soliste (volontairement) inintéressante, réduite à un anonymat frustrant
pour le soliste (Marc Coppey), au point que la cadence dévolue à celui-ci,
sans aucun ressort la personnalisant, achève de déconnecter l’intérêt qui était
déjà retombé depuis un moment. Quelques instants inspirés du dernier
mouvement ravivent le regret des attentes entrevues lors des premières
pages. Nous envahit alors le sentiment que le compositeur soit passé à
côté d’une grande œuvre.
Retour à l’esprit français pour le concert
inaugural de la saison de l’Ensemble orchestral de Paris
(21 septembre 2010), qui ne présentait pas un déroulement très…
orchestral : en effet, un plateau de stars nous promenait à travers
diverses combinaisons instrumentales. L’éclatant duo pianistique Brigitte Engerer/ Boris Berezovsky apportait son
étoffe… orchestrale à la version non-orchestrale de La Valse de Ravel. Puis nous pénétrions d’une oreille
indiscrète dans le Jardin des Plantes rendu au Carnaval des Animaux, sous la conduite du texte
jubilatoire de Francis Blanche savoureusement distillé par une Catherine Frot passée maître(sse)
dans l’art de glisser avec un air de fausse naïveté les jeux de mots dignes de
l’Almanach Vermot dont le comique a parsemé ses commentaires. Les
deux pianistes surent jouer la comédie pédante qui valut à leur corporation
d’être intégrée au zoo de Camille Saint-Saëns, Henri Demarquette fut un cygne de la plus noble élégance, le
longiligne Eckhard Rudolph, un
pachyderme aux évolutions chorégraphiques, mais tous les solistes de l’EOP ne
sont pas à même de parader sans chef. Celui-ci, Joseph Swensen [notre photo] apparaissait après
l’entracte pour diriger avec une fraîcheur d’aurore la Pastorale d’été d’Arthur Honegger (il s’agit encore des
Alpes, mais vues d’un autre œil que par Richard Strauss, et en
7’00 !).
©Éric Richmond
L’actuel conseiller artistique de l’EOP (on
souhaite qu’il en devienne le directeur musical de plein droit) sut marier avec
souplesse et énergie les qualités de grâce et de puissance rythmique qui se
conjuguent dans le Concerto n°1 pour
violoncelle et la Symphonie en la mineur de Saint-Saëns. Henri Demarquette,
qui aime se sentir libre de chanter d’un archet spontané, pouvait ainsi
s’exprimer dans un esprit de complicité quasiment
« chambriste ». Nous reparlerons du disque qui accompagne cette
ouverture de saison, avec les mêmes interprètes.
Sylviane Falcinelli.
Journée du Patrimoine à l’Oratoire du Louvre. Création de Mosaïque pour
flûte & orgue de Jean-Dominique Pasquet.
L’Oratoire a ouvert ses portes, le samedi 18
septembre 2010, et les visiteurs ont bénéficié de visites guidées, de brèves
conférences par les pasteurs Marc Pernot et James Woody, ainsi que
d’interventions à l’orgue.
À 11h00, Jean-Dominique Pasquet, organiste
titulaire de l’Oratoire du Louvre, en présence de Jacqueline Cellier, a
rendu un vibrant hommage au regretté Alexandre Cellier (1883-1968) -
organiste de l’Église réformée de l’Étoile de 1910 à 1967 -, en
interprétant des extraits de : Églises
et Paysages (1943), dont Mystique,
avec un coloris spécifique ; Noël provençal,
très allant et de caractère populaire ; Vendredi Saint, plus nostalgique et impressionnant ; Ascension, pièce très expressive, et Carillon, page de virtuosité faisant
appel à la puissance de l’instrument.
À 15h00, la deuxième partie a fait honneur aux
mélodies de Psaumes multiséculaires, issues de la Réforme et exploitées par des
compositeurs contemporains : M.-L. Girod (Ps. 69), avec des accords puissants. Jean-Dominique Pasquet a
interprété, en connaissance de cause, son Psaume 92,
bien construit, avec un mouvement central plus calme, plus doux, et surtout,
son Psaume 130, Au fort de ma détresse…, si profondément
ressenti, si lourd d’émotion, où tristesse et angoisse rejoignent spiritualité
et intériorité. Henri Gagnebin (1886-1977) était représenté par son Psaume 23 et Pierre Segond
(1913-2000) par son Psaume 68,
avec des accords plaqués massifs, terminant cette séquence en apothéose.
À 16h00 et 17h00, les deux dernières parties ont
été assurées avec le concours de l’excellente flûtiste Isabelle Hureau
qui, avec le talent qu’on lui sait, a d’abord interprété des pages classiques
de Chr. W. Gluck, J. S. Bach, entre autres. Elle
s’est imposée par sa belle ligne mélodique, son beau phrasé, sa musicalité et a
bénéficié de l’accompagnement discret et sensible à l’orgue. Enfin, la création
de Mosaïque (cf. L’ÉM, Lettre d’information n°20, juin 2008) de J.-D. Pasquet, en sa
version pour flûte & orgue, a été un événement très remarqué. Cette
œuvre comprend six pièces brèves : Légende,
où la flûte dialogue avec l’orgue ; Arabesque,
où la flûte volubile s’élance ; Plainte,
de caractère sombre, avec un ostinato à l’orgue, puis une musique décorative
sur laquelle plane la mélodie ; Thème varié ; Canzonetta, sur un thème mélodique
quelque peu modal se déroulant dans le calme et contrastant avec les accords
incisifs alla bravura du Final, où les deux instrumentistes ont
associé leur solide technique pour aboutir à un point d’orgue massif et
percutant. Cette audition exceptionnelle a conclu la participation
oratorienne à cette Journée du
Patrimoine : devoir de mémoire oblige.
Jean-Dominique
Pasquet ©DR
Édith Weber
Reprise de L’Italienne à Alger au
Palais Garnier. Gioacchino ROSSINI : L'Italiana in
Algeri. « Dramma giocoso » en deux actes. Livret
d'Angelo Anelli. Marco Vinco, Vivica Genaux, Lawrence Brownlee,
Alessandro Corbelli, Jaël Azzaretti, Cornelia Onciou, Riccardo Novaro.
Orchestre et Chœur de l'Opéra national de Paris, dir. Maurizio Benini.
Mise en scène : Andrei Serban.
©OnP/E. Mahoudeau
Le Palais Garnier ouvre sa saison avec L'Italienne
à Alger, dans la mise en scène conçue par Andrei Serban en 1998.
Rossini a qualifié de « dramma giocoso » cette turquerie qui vire à
la farce débridée. Il y développe une verve inépuisable, un sens du
comique que rien ne semble devoir arrêter, basés sur des archétypes
éprouvés : une belle et coquette manipulatrice, italienne de surcroit, un
barbon infidèle et finalement berné, un prétendant ardent sous les traits du
jeune esclave niais, un maître-Jacques malgré lui qui sait maîtriser le cours
des événements. La production est brillante, clinquante même, avec ses
changements de décor à vue et ses éclairages suggestifs. On y voit le
hammam du Bey Mustafà - empruntant ici les traits d'un Cheikh cousu d'or -
peuplé de sa suite masculine ventripotente, la salle capitonnée de son palais,
pourvue d'objets hétéroclites, le naufrage du navire des Italiens, gigantesque
paquebot façon Titanic, dont les rescapés sont livrés à des corsaires
patibulaires, etc. Mais la régie, bavarde de mille gadgets, n'a plus
l'acuité qui doit donner son débit irrésistible à la comédie, tout comme son
charme. Ainsi de la cérémonie d'intronisation en « Pappataci »,
sorte de Mamamouchi péninsulaire, par cette formule irrévocable « Mange et
tais-toi !», qui compose un final un peu terne, n'étaient les roulements
de mécaniques des corsaires alentour.
©OnP/Mirco Magliocca
Même sentiment quant à la direction d'orchestre de
Maurizio Benini qui se borne à assurer. On reste sur sa faim quant
aux effets de surprise qui doivent parer les grands ensembles, tel le septuor
des onomatopées concluant le premier acte. Quelques décalages aussi
laissent perplexes. La distribution est inégale. Si
Alessandro Corbelli, qui connaît toutes les ficelles du métier, se tire
aisément d'affaire dans la figure bouffonne de Taddeo, et son jeune collègue
Riccardo Novaro prête au factotum Haly un beau flair vocal, le Mustafà de
Mario Vinco manque d'épaisseur comme de puissance. Les péripéties
truculentes que vit notre potentat oriental paraissent bien falotes, et la
performance plutôt fade dans le grave ou dans le haut du registre.
Lawrence Brownlee possède, certes, le vrai timbre du ténor rossinien, mais
semble plus préoccupé de la réussite des morceaux de bravoure que concerné par
la caractérisation de l'amoureux Lindoro. Vivica Genaux campe une
Isabella tout en malice, d'une pétulance un brin retenue ; ce qui n'affecte nullement une prestation vocale
impressionnante : beau timbre moiré de contralto, fluidité de la ligne de
chant et vocalises irréprochables.
Jean-Pierre Robert.
Trilogie Mozart-Da Ponte au Théâtre des Champs-Élysées : un Cosi fan tutte bien décevant. Dramma giocoso en deux actes, K. 588.
Idée originale et économique que de redonner, à
quelques années d’intervalle (la précédente prestation datant de 1995, au Théâtre
municipal de Tourcoing), la célèbre trilogie de Mozart, fruit de sa
collaboration avec le librettiste Da Ponte. L’Atelier lyrique de
Tourcoing et le Théâtre des Champs-Élysées (Jeanine Roze Production)
redonnaient les trois opéras : Les
Noces de Figaro (1786), Così fan tutte (1790) et Don Giovanni (1787) avec
le même directeur musical (Jean-Claude Malgoire), le même orchestre (la Grande
Écurie & la Chambre du Roy), le même metteur en scène (Pierre Constant),
le même décorateur (Roberto Platé), les mêmes interprètes comme
l’excellent et talentueux Nicolas Rivenq dans le rôle de Don Alfonso.
Personnages
féminins avec Guglielmo ©DR
Così fut
indéniablement la reprise la moins réussie de cette coproduction distillant
plus l’ennui que l’amour : une direction musicale souvent absente,
poussive, manquant de cantabile, un manque de précision des ensembles vocaux,
un décalage fréquent entre orchestre et chanteurs, une distribution très
hétérogène en qualité, une mise en scène morose et sans intérêt, une
scénographie indigente, malgré les beaux éclairages de Jacques Rouveyrollis, en
furent assurément la cause. Dans cette ronde de couples qui se font et se
séparent au gré des circonstances, les personnages féminins, Fiordiligi
(Rachel Nicholls) et Dorabella (Lina Markeby), sont apparues bien
décevantes, mal adaptées aux rôles, à l’exception de la remarquable Despina
(Anne-Catherine Gillet) tout en finesse vocale et espièglerie scénique.
Les personnages masculins furent plus convaincants, le ténor Robert Getchell
(Ferrando) et le baryton Joan Martin Royo (Guglielmo) tant dans la
voix que dans le jeu. Après des Noces en demi-teinte, souhaitons tout le bonheur possible à Don Giovanni qui s’annonce très prometteur avec une somptueuse
distribution. À suivre…
Despina
et Dorabella ©DR
Gustav Mahler : Symphonie
n°8 dite « des Mille ». Salle Pleyel. Orchestre, chœur &
solistes du Théâtre Mariinsky, Choir of Eltham College, dir. Valery Gergiev.
La Huitième
Symphonie de Gustav Mahler, dite « des Mille », constituait la
première étape de l’intégrale que propose, cette saison, Salle Pleyel, le
chef Valery Gergiev à la tête de l’Orchestre du Théâtre Mariinsky de
Saint-Pétersbourg (Symphonies n°1, 2, 4, 5, 6, les 11, 12, 13 décembre) et du
London Symphony Orchestra (Symphonies n°3, 7, 9, 10, les 26, 27, 28 mars 2011).
©Fred Toulet/Pleyel
Composée en 1906, créée en 1910 par le compositeur
lui-même, véritable « Messe », atypique par son organisation,
monumentale par ses dimensions, organisée en deux grands mouvements
essentiellement vocaux, rappelant l’oratorio, la Huitième Symphonie réalise une impossible et suprême fusion
entre foi et humanisme, sacré et profane, marquant une fois de plus la quête
unificatrice de l’œuvre mahlérienne. Quête qu’il poursuivra dans la
fièvre de la création artistique, l’ouvrage entier prenant forme en quelques
éclairs fulgurants : Veni Creator et hymne à la création par Éros. Pour le premier mouvement, c’est l’hymne
latine Veni Creator Spiritus de Hrabanus Maurus, archevêque de Mayence au IXe siècle,
qui s’impose à lui, œuvre chorale dans la tradition des grands oratorios.
Le second mouvement, plus romantique, reprend la scène finale du Deuxième Faust de Goethe :
amour rédempteur et culte marial. La Huitième Symphonie constitue un ensemble parfaitement cohérent, bien que constituée de deux parties
aussi dissemblables que possible, de par les textes, de par les langues, de par
les cultures, de par les époques très éloignées. L’unité découle de la
similitude des matériaux thématiques (Goethe avait d’ailleurs traduit le Veni Creator en allemand) mais aussi
du fait que l’œuvre entière exprime une seule et même pensée, symphonie
dispensatrice de joie, perçue par Mahler comme une œuvre récapitulative :
« les autres symphonies étant des préludes à celle-ci ».
©Fred Toulet/Pleyel
Œuvre très ambitieuse qui propose une nouvelle
cosmogonie : « Il ne s’agit plus de voix humaines mais de planètes et
de soleils qui tournent », la dimension cosmique de l’œuvre et l’espoir
qu’elle offre à l’humanité lui confèrent une allure quasi messianique, unique
dans le cycle des symphonies. Après le monumental Veni Creator, saisissant de puissance dans le déploiement des
chœurs et de l’orchestre, Valery Gergiev sut faire montre de toute
l’intelligence de son interprétation, par une gestique minimale et précise,
préservant à tous moments la cohésion de l’ensemble, sachant mettre en évidence
toute la subtilité de l’œuvre, celle d’une quête rédemptrice oscillant entre
joie et douleur, certitude et doute, recueillement et exaltation. Évitant
l’effet de masse, soulignant tour à tour les sonorités des différents pupitres
de l’orchestre, ainsi que l’excellence des chœurs et la qualité vocale des
solistes du Mariinsky, il a réussi à nous donner une version étonnamment claire
et convaincante de cette symphonie rarement donnée en concert. Un début
remarquable…
©Fred Toulet/Pleyel
« Les Journées
romantiques » : un festival au bord de l’eau.
David Selig, pianiste et directeur artistique des
« Journées romantiques » a su créer autour de son festival (musiques
de chambre et vocale), un climat particulier : un lieu original, la
péniche Anako, amarrée quai de Seine,
au bord du canal de l’Ourcq, une ambiance décontractée de festival d’été, une
programmation ambitieuse associant des musiciens confirmés et de jeunes talents
à découvrir, une qualité artistique sans faille, enfin, une proximité et une
disponibilité des musiciens assez inhabituelles, tous éléments expliquant
largement le succès de ces Journées. Pour une des dernières soirées,
David Selig (piano) et Gary Hoffman (violoncelle) étaient associés dans
un programme regroupant les Variations concertantes et la Sonate n°1 de Mendelssohn,
l’Introduction & Polonaise brillante et la Sonate pour violoncelle
& piano de Chopin. La sonate de Mendelssohn écrite
pour son frère Paul, de style classique, celle de Chopin dédiée au
violoncelliste Auguste Franchomme, plus audacieuse et complexe, des
œuvres au climat bien différent, parfaitement interprétées, avec nuance et
virtuosité, riches en couleurs et émotions, laissaient transparaître un évident
plaisir de jouer ensemble. Bref, une belle soirée et un beau festival à
reconduire l’an prochain.
Gary
Hoffman ©DR
L’Orchestre de Paris et Paavo
Jarvi : un début prometteur.
Paavo Järvi, nouveau directeur musical de
l’Orchestre de Paris, succédant à la tête de cette phalange parisienne à
Charles Munch, Karajan, Solti, Barenboim, Bychkov, Dohnanyi, Eschenbach,
avait choisi pour le concert inaugural de la saison, un programme audacieux,
voire ambitieux, qui sonne déjà comme un manifeste et annonce clairement le
changement d’orientation, du moins en ce qui concerne la programmation, ce qui
ne manquera pas de nous réjouir. La Péri de Paul Dukas
(1865-1935), composée en 1911, créée en 1912 au Théâtre du Châtelet sous la
direction du compositeur, Kullervo de Jean Sibelius (1865-1957)
composée en 1890, créée en 1892 à Helsinki sous la direction du compositeur,
deux œuvres au climat fort différent, ayant pour points communs de s’appuyer
toutes deux sur des légendes et d’avoir été « mal aimées » par leur
auteur. Dukas menaça de brûler sa partition et Sibelius refusa toute
exécution publique de cette œuvre avant sa mort. Deux œuvres difficiles,
rarement jouées, exigeantes, nécessitant un parfait accord et une cohésion sans
faille entre l’orchestre et son chef. Paavo Järvi, droit dans son
maintien, voire un peu rigide, sobre dans sa direction, avec sa gestique ample
et précise a su réussir cet audacieux pari, nous gratifiant de bout en bout
d’une remarquable interprétation, claire, sensible et intelligente, sachant
mettre en avant toutes les nuances, les couleurs et la très belle sonorité de
l’orchestre.
Paavo
Järvi ©Sasha Gusov
La Péri fut un moment d’intense poésie,
de sensualité et de charme, alors que Kullervo faisait déferler sur la Salle Pleyel
le souffle de l’épopée fantastique, du mystère et du drame, culminant avec
l’intense dramaturgie des 3e et 5e mouvements où retentissaient
les voix des excellents solistes (Soile Isokoski et Juha Uusitalo)
ainsi que celles des magnifiques chœurs d’hommes (Chœur national d’Estonie et Chœur
de l’Orchestre de Paris), sombres et inquiétantes comme la légende elle-même.
Un programme qui reçut l’adhésion totale des musiciens et du public. Un
succès plein de promesses.
Éblouissante reprise d’Eugène
Onéguine à l’Opéra Bastille. Scènes
lyriques en trois actes et sept tableaux (1879). Musique de Piotr Ilyitch
Tchaikovski. Livret de Constantin S. Chilovski d’après un poème de
Pouchkine. Orchestre et Chœur de l’Opéra national de Paris, dir. Vasily
Petrenko. Mise en scène de Willy Decker. Olga Gurykova
(Tatiana), Ludovic Tézier (Onéguine), Joseph Kaiser (Lenski),
Nadine Denize (Madame Larina), Alisa Kolosova (Olga),
Nona Javakhidze (Filpievna), Gleb Nikolski (Grémine), Jean-Paul
Fouchécourt (Monsieur Triquet).
©OnP/Charles Duprat
Reprise à l’Opéra Bastille de l’ancienne production
de 1995, déjà reprise en 2003, dans la désormais célèbre et efficace mise en
scène de Willy Decker. Une nouvelle reprise dont le succès repose
sur l’intelligence de la mise en scène, la qualité de la direction d’orchestre
et un casting vocal sans faille, à l’exception du très attendu Ludovic Tézier
dans le rôle-titre. La mise en scène minimaliste de Willy Decker
s’avéra toujours aussi efficace faisant appel à une scénographie extrêmement
limitée, à des éclairages raffinés, peuplée de symboles, libérant un espace
imaginaire où peuvent s’exprimer toutes les émotions et tout l’aspect
psychologique des personnages de ce drame intimiste. La direction
d’orchestre de Vasily Petrenko participa, elle aussi, grandement au succès
de cette nouvelle production, claire, ardente, déroulant une lecture
particulièrement intelligente de l’œuvre, toujours à l’écoute des chanteurs,
faisant souffler, tour à tour, la glace et le feu sur le plateau de
l’Opéra Bastille, sachant utiliser les qualités de l’orchestre pour
magnifier tout le lyrisme de la partition.
©OnP/Charles Duprat
En ce qui concerne les voix, Olga Guryakova,
habituée du rôle de Tatiana, ainsi que Joseph Kaiser dans le rôle de
Lenski furent, indéniablement, les grands triomphateurs de la soirée, par leur
voix magnifiques et leur jeu convaincant. Ludovic Tézier, à
l’inverse, campa un Onéguine décevant manquant de charisme et de passion, par
une attitude statique, voire empruntée, chantant, heureusement, mieux qu’il ne
joue. Le reste de la distribution ne souffrait aucun reproche, un trio
féminin remarquable, un facétieux Monsieur Triquet et un émouvant Grémine,
plein de compassion et d’amour. Une très belle soirée et une ovation du
public bien méritée.
Patrice Imbaud.
Noces à Saint-Léon…
Bonheur d’avoir pu assister, le dimanche 26
septembre 2010, dans la salle archi-comble du Théâtre Saint-Léon (Paris XVe)
à aussi décoiffante représentation du chef-d’œuvre de Mozart ! Avec
une parfaite économie de moyens, Rémi Gousseau conduisait sa phalange de
virtuoses, auxquels s’accordaient - pour les ensembles de jeunes paysans et
paysannes – de joyeux membres de l’excellente maîtrise du lycée
Franklin/Saint-Louis de Gonzague. Mais aussi et surtout – surprise dans
un si modeste théâtre ! - une distribution de rêve, et ce jusque dans les
rôles secondaires. Avec, notamment, Fabienne Conrad (sublime
Comtesse dans la cavatine Porgi, amor…),
Marie Planinsek (adorable et mutine Suzanne), Nicolas Brooymans
(altier mais profondément émouvant Almaviva), Guillaume Vicaire (délicieux
contre-ténor dans Chérubin) et, last but not least,
l’époustouflant Philippe Brocard [notre photo], le plus
extraordinaire Figaro que nous ayons entendu – voix d’une beauté et d’une
puissance exceptionnelles, alliée à une truculence scénique qui mit le public
en joie. Voilà un chanteur que devraient bientôt s’arracher les plus
grandes maisons d’opéra ! Mise en scène et costumes étaient
également remarquables. L’enchantement des spectateurs - fort jeunes pour
la plupart - faisait plaisir à voir.
©DR
Francis Cousté.
Nos vieilles chansons. Illustrations de Jean-Adrien Mercier.
Arrangement musical de Charles Dumont. Strasbourg, Éditions du Signe
(alex@editionsdusigne.fr). Vol. I. 2009, 60 p. 18,50 €. Vol. II. 2010,
55 p. 18,50 €.
Dans sa Préface, Jean de La Varende rappelle l’impact de la
chanson d’autrefois. Cette édition, associée à des illustrations dans des
couleurs pastel typiques du siècle passé, est accompagnée d’arrangements avec
accompagnements de piano faciles, et de quelques commentaires explicatifs.
C’est tout un passé révolu qui revit à travers ces chansons qui ont fait leurs
preuves à travers les siècles : Au
clair de la lune, La Mère Michel, Le Roi Dagobert, Le furet du bois joli, Alouette, Il était un petit navire… et tant
d’autres. Les deux volumes sont un modèle du genre. Ils s’imposent
par leur excellente gravure musicale, leur lisibilité et leurs illustrations
attrayantes. Ces vieilles chansons, sans ambage, chantées par tant de
générations, faciles à mémoriser, ne pourraient-elles retrouver une place dans
l’enseignement musical actuel, par respect envers notre patrimoine musical
populaire ?
Édith Weber.
MUSIQUE VOCALE
Valéry AUBERTIN : Es kommt
der neue Tag… poème de Friedrich Hölderlin, pour chœur à 4 voix
mixtes a cappella (extrait des Madrigali op.9).
« Musique vocale », éditions Europart-Music (www.europart-diffusion.com).
7 p. 6,50 €.
Organiste et compositeur, Valéry
Aubertin (°1970) nous livre ici - sur un poème d’Hölderlin, Der Frühling (Le printemps) -
un chœur éminemment mélodique, volontiers homorythmique, dans des tessitures
moyennes. Sans grande difficulté.
Valéry AUBERTIN : Hälfte
des Lebens (Moitié de la vie), poème de Friedrich Hölderlin, pour une
voix seule (extrait des Madrigali op.9).
« Musique vocale », éditions Europart-Music (www.europart-diffusion.com).
2 p. 4,50 €.
Sans accompagnement, ce solo de
quelque 3 minutes (s’étendant sur quasiment deux octaves) comporte de
constantes modifications agogiques et sauts de tessiture. Pour
interprètes aguerris.
PIANO
David PEARL & Marc ROZENBAUM : Exercices de piano pour les Nuls. First
Editions (www.editionsfirst.fr). 1 livre + 1 CD. 23 x
27,5 cm, 256 p. avec reliure spirale 19,90 €.
Conçu par David Pearl (de
l’université de Denver, pianiste, compositeur & arrangeur), voilà le très
complet et judicieux complément au Piano
pour les nuls. Cahier excellemment traduit et adapté par Marc
Rozenbaum. En cinq parties (18 chapitres) : Comment
faire travailler les doigts / Pour avoir des mains puissantes, souples et
rapides / La participation des bras et du corps / Intégration et
indépendance / La partie des Dix (10 danses pour le piano,
10 grands compositeurs et les exercices qu’ils nous ont laissés). Le
CD-Rom comporte les fichiers audio nécessaires à la réalisation des exercices
du livre. Un tout nouvel « in-dis-pen-sable » !
PIANO À 4 MAINS
Hermann REGNER : Teddy
Music, 10 pièces faciles pour piano à 4 mains. 23,1 x
30,3 cm, 24 p. ill. n&b. Schott (www.schott-music.com) :
ED 20832. 12,95 € (H.T.)
Élève de Carl Orff, Hermann
Regner (1928-2008) fut un professeur réputé. Le présent album comporte
10 joyeuses pièces écrites pour, à la fois, l’élève (de 1re ou
2e année) et son professeur. Teddy, le nounours conducteur,
fait aussi de la balançoire, danse, rêve, raconte des histoires…
Délicieux !
Julia SUSLIN (Compilées par) : Pièces pour piano à quatre mains, vol. 1. 23,1 x
30,3 cm, 132 p. Belaieff (www.belaieff-music.com) : BEL 752.10. 22,95 € (H.T.)
De difficultés progressives
(facile à avancé), cette anthologie de 81 morceaux à 4 mains (avec
indications de doigtés) sera un utile complément à toute méthode de
piano. Elle comprend des chansons populaires, des pièces originales aussi
bien que des arrangements de pièces de compositeurs d’époques et styles variés
(Mozart, Haydn, Beethoven, Schubert, Moussorgski, Tchaïkovski…). Une
remarquable sélection.
VIOLON
Pete COOPER : American Old Time Fiddle Tunes. 98 pièces traditionnelles pour le
violon. 23,1 x 30,3 cm, 24 p. CD inclus
(TT : 78’39). Schott (www.schott-music.com) :
ED 13236. 17,95 € (H.T.)
La plupart des tunes originaires des Appalaches
(Kentucky, Virginie, Caroline du Nord, Géorgie, Mississipi, Texas…) sont ici
notés sur portée, avec leurs chiffrages. Répertoire initié par les
esclaves afro-américains avant la guerre de Sécession et adopté par les
musiciens blancs dans leurs minstrel shows (déguisés en musiciens noirs). Comme dans les « sessions », les
airs sont ici regroupés en fonction de leur tonalité ; sont en outre
indiqués chiffrages d’accords et coups d’archet. Le CD a été enregistré
par Pete Cooper soi-même. Une formidable anthologie !
Francis
Cousté.
CHANT
Franz SCHUBERT : Die schöne Müllerin op.25. Édité par Walther Dürr. Urtext des
Neuen Schubert-Ausgabe. Bärenreiter :
BA 9117.
On ne peut que se réjouir de
posséder une édition aussi remarquable de ce cycle si représentatif de l’art de
Schubert. Le recueil comporte une copieuse préface retraçant la genèse de
l’œuvre, donnant également toutes les indications concernant cette nouvelle
édition. Le texte de chaque lied est donné en allemand et en anglais à la suite
de cette même préface. Enfin suivent les pièces elles-mêmes, d’une
parfaite lisibilité. Voilà manifestement une édition de référence.
Franz SCHUBERT : Winterreise op.89. Édité par Walther Dürr. Urtext des
Neuen Schubert-Ausgabe. Bärenreiter :
BA 9118.
On retrouve la même présentation
et les mêmes qualités dans cette édition du Voyage d’Hiver publiée selon un principe identique : à la fois une édition critique,
mais une parfaite lisibilité pour l’exécution. Ajoutons qu’autant pour ce
recueil que pour le précédent, le prix est particulièrement attractif.
PIANO
Gérard MEUNIER : Jeux de
doigts – Playing fingers. Petites études faciles pour le piano.
Lemoine : 28879 HL.
Deux partis pris tout à fait
intéressants : faire découvrir au jeune pianiste toute l’étendue du
clavier, et l’initier dès le début à une utilisation méthodique et raisonnée de
la pédale forte. On connaît par ailleurs les qualités de compositeur de
l’auteur : de la musique avant toute chose !
Richard PHILLIPS : Trois
fois deux, pour piano à 6 mains. Combre : C06659.
Les œuvres originales pour piano
à six mains ne sont pas légion. On peut citer deux pièces de Rachmaninov…
Sinon, il faut avoir recours aux transcriptions. Voilà pourquoi on ne
peut que se réjouir de voir enfin écrites, pour cette formation, sept petites
pièces progressives, sans grande difficulté et abordables très tôt par nos
jeunes pianistes, mais fort intéressantes musicalement. Souhaitons que
l’auteur ne s’arrête pas en si bon chemin…
Germain COGNITO : Exercices
de style pour piano. Delatour : DLT1722.
Présenté par l’auteur même comme
une récréation dans son travail de compositeur, ces Exercices de style, courts pastiches de dix-neuf auteurs allant de
Domenico Scarlatti à André Riotte, ont été écrits pour la petite-fille
du compositeur, étudiante disposant de peu de temps pour jouer de son
instrument, afin de lui donner le goût de découvrir des auteurs et des styles
qu’elle ne connaissait pas forcément. Le niveau de ces pièces s’échelonne
d’assez facile à moyen. Souhaitons qu’elles donnent à tous les pianistes
l’envie et le goût de faire de même…
ORGUE
Pierre COGEN : Laetare
Jerusalem. Ouverture pour le dimanche de mi-carême. Pour
grand-orgue. Combre : C06661.
Que voilà une pièce
réjouissante, et pas seulement pour Jérusalem. Écrite dans la grande
tradition de la musique liturgique, elle peut constituer une remarquable
ouverture pour ce quatrième dimanche de carême. Construite à la fois sur
le début de l’introït de la messe grégorienne et sur le ton du psaume de ce
même introït, elle déploie ces thèmes en variations plus éclatantes les unes
que les autres. À la fois savante, sans concession, mais profondément
lisible, elle transmet à la fois toute la tradition liturgique ainsi que la
modernité de ce compositeur et organiste, toujours jeune malgré ses bientôt
quatre-vingts ans.
Michel ESTELLET-BRUN : L’œuvre
d’orgue, vol. 1. Avec CD. Delatour : DLT1800.
Ces quatre courtes pièces, souvent
issues d’improvisations, sont bien dans la lignée des maîtres de l’auteur,
Jean Langlais, Gaston Litaize et Pierre Cochereau. Elles
raviront l’organiste liturgique, mais surtout l’organiste tout court.
Elles sont techniquement abordables et d’une grande beauté. Pour s’en
convaincre, il suffira d’écouter le CD enregistré par l’auteur sur l’orgue
Stoltz-Dargassies de Saint-Joseph des Nations, à Paris.
GUITARE
Patrice JANIA : Westernity. Pièce pour guitare. Lafitan : P.L.2043.
Cette pièce qui synthétise l’ensemble
des acquis de fin de Premier cycle est présentée par son auteur comme « un
voyage au pays de la musique country, un hymne au berceau de la guitare
picking ». Pleine d’entrain et de bonne humeur, elle ne peut que
séduire le jeune guitariste.
Patrice JANIA : De terre et
de toile. Pièce pour guitare. Lafitan : P.L.2092.
Là encore, le compositeur,
guitariste bien connu, nous présente lui-même son œuvre. « De terre et de toile, comme son nom
l’indique, est un hommage à un couple d’amis – elle sculpteur, lui peintre –
évoquant avec fougue et passion l’univers puissant et poétique qui émane de
leur œuvre ». On ne serait mieux dire pour caractériser cette œuvre
forte mais relativement difficile (niveau Deuxième cycle).
TOUS INSTRUMENTS MÉLODIQUES
Jeff GARDNER : Shapes. 10 études intervalliques pour instrument seul. HL Music :
28856 H.L.
Il nous a fallu créer une
rubrique spéciale pour ce recueil destiné à « tous instruments
mélodiques ». On peut y inclure le piano… Les pièces sont
basées sur une libre variation de motifs. Elles sont destinées à
développer une grande variété dans le traitement du son, la dynamique,
l’articulation et le phrasé, bref à susciter autant la maîtrise instrumentale
que la créativité. Ces formules ne sont pas « tonales » ou
« atonales » mais ouvertes à tous les styles, du baroque à
aujourd’hui.
ALTO
Charlotte LAPEYRE : Les
Animaux malades de l’alto. 20 pièces pour alto & piano pour
le 1er cycle en 4 volumes. Vol. 1. Combre :
C06671.
Nous avons présenté le deuxième
volume de cette collection le mois dernier. Destiné au Premier cycle,
on ne s’étonnera pas que ce volume commence par nous présenter « Thibault l’escargot ».
On y trouve les mêmes qualités de musicalité et d’humour que dans le volume
déjà présenté. L’auteur dédicace ce volume « à mes élèves qui se
reconnaîtront » !
VIOLONCELLE
Frédéric BORSARELLO : Pas
de vacances, Monsieur l’Archet. Fresque instrumentale pour
violoncelle & bras droit solo. Delrieu : GD 40 020.
Attention, il ne s’agit pas d’un
recueil d’exercices mais d’une œuvre véritable mettant en jeu, sur les cordes à
vide, toutes les possibilités de jeu traditionnelles ou contemporaines avec
l’archet et/ou la main droite. Deux parties dans cette fresque :
« Marche » et « Au temple ». Malgré l’absence de main
gauche, cette pièce demande un violoncelliste déjà averti.
Lucien GUERINEL : Suite en
quatre pour deux violoncelles. Combre : C06684.
Cette suite comporte quatre
mouvements, trois dans un tempo plutôt calme, et un quatrième aux rythmes
endiablés. Né en 1930, ce compositeur, à la fois autodidacte par certains
aspects mais doté d’une solide formation, nous propose une œuvre résolument
contemporaine par son écriture et son discours.
CONTREBASSE
Florian GODARD : Question
de style… pour contrebasse & piano. « Dans le style de
Maurice Ravel ». Combre : C06665.
Cette œuvre en deux mouvements,
destinée au début du Troisième cycle, fait explicitement référence au Quatuor de Ravel et à son premier thème.
Très poétique, elle met particulièrement en valeur le sens musical des deux
interprètes, la partie de piano ayant une place importante. On pourrait
parler de petite sonate. L’auteur écrit : « dans le style de
Ravel », on pourrait dire également : dans l’esprit de ce
compositeur.
FLÛTE TRAVERSIÈRE
Isabelle ORY : TE KE, TE KE TE. Méthode de double et triple coup de langue à la
flûte traversière. Van de Velde : VV287.
L’auteur conseille d’utiliser
cette méthode dès la fin du Premier cycle ou au début du Second, de façon
à donner à l’élève les outils techniques pour interpréter les pièces abordées à
ce niveau. La préface donne les conseils nécessaires pour que le travail
de cette technique soit d’abord au service de la musique.
CLARINETTE
Hyacinthe KLOSÉ : 2e Solo op. 10, pour clarinette &
piano. Révision : Sylvie Hue. Combre : C06670.
Disons d’abord un mot
d’Hyacinthe Klosé, qui succéda à son maître au Conservatoire en 1838 et qui
contribua, avec le facteur Louis Auguste Buffet, à l’adaptation du
système Boehm à anneaux mobiles à la clarinette. Auteur d’une
méthode qui rencontre encore un certain succès, il l’est aussi de pièces de
genre pour la clarinette dont fait partie ce Deuxième Solo. Cette pièce de bravoure, qui ne manque ni
de charme ni de panache, a été révisée par Sylvie Hue sur l’édition
originale. Musicalité et vélocité de l’instrumentiste sont mises à
l’épreuve pour un résultat certes un peu « rétro » mais bien
réjouissant.
Jean-Marc MORIN : Deux pièces
en son-relief… pour clarinette sib
& piano. Delatour : DLT0843.
Ces deux pièces, de niveau moyen
à supérieur, sont d’une écriture résolument contemporaine. Elles
demanderont une grande complicité d’écoute et de compréhension entre le
pianiste, partenaire à part entière, et le clarinettiste, notamment dans les
séquences rythmiques libres (semi-aléatoires). Ce ne sont pas seulement
des pièces pédagogiques, mais aussi de concert.
SAXOPHONE
Richard PHILLIPS : Sérénade
pour un duo. Saxophone alto & piano. Combre : C06677.
Écrite pour le Troisième cycle,
niveau supérieur, cette Sérénade comporte
cinq mouvements. Après un « Prélude » calme et chantant, arrive
un « Dancing » au rythme de samba. Lui succède un
« Nocturne » lent et méditatif au moins pour le saxophone, car le
piano l’accompagne d’arabesques chatoyantes. Suit une « Soirée tropicale »
au rythme chaloupé. Puis c’est un « Final » presto avec de
nombreux changements de mesure qui se termine dans fortissimo tout à fait
tonique. Cette Sérénade pleine
de charme et de vie constitue une
œuvre à part entière qu’on espère entendre souvent ailleurs que dans les conservatoires,
même supérieurs.
Timothy HAYWARD : 10
petites pièces d’écriture contemporaine pour saxophone alto solo.
Delatour : DLT0806.
Ce jeune auteur, à la fois
saxophoniste classique et de jazz, en même temps que redevable d’une double
culture française et américaine, nous propose ici des pièces elles aussi à
mi-chemin de ces deux sensibilités sur les plans harmonique, rythmique et
structurel. La difficulté va de moyen à assez difficile. On appréciera
le charme et la beauté qui se dégagent de cet ensemble.
SAXHORN, EUPHONIUM, TUBA
Christian MANEN : Pavane et
Saltarelle pour euphonium & piano. Combre : C06688.
Présentée avec les parties pour
euphonium en ut et sib, cette pièce de niveau moyen
enchaîne une Pavane où piano et
euphonium dialoguent dans un discours contrapunctique et une Saltarelle endiablée. On connaît
assez les qualités d’écriture de Christian Manen pour qu’il ne soit pas
besoin de souligner la valeur musicale et pédagogique de cette pièce.
André GUIGOU : Tubamania pour
saxhorn basse/euphonium/tuba & piano. Lafitan : P.L.1963.
André Guigou a écrit de
nombreuses pièces pour petits ensembles et orchestres d’harmonie ainsi que des
pièces à vocation pédagogique. Celle-ci a beaucoup de charme et d’entrain
et permettra à l’instrumentiste déjà expérimenté de donner toute la mesure de sa
musicalité et de sa vélocité.
Rémi MAUPETIT : Entr’acte pour
saxhorn basse/euphonium/tuba & piano. Lafitan : P.L.2079.
Bien sûr, ce titre fait penser à
Erik Satie… Telle quelle, cette pièce aux accents parfois faussement
tragiques est loin d’être facile, mais l’instrumentiste (niveau fin de 2e cycle)
sera récompensé de ses efforts par la richesse expressive de cette courte pièce
et l’humour qui s’en dégage.
PERCUSSIONS
Sébastien CALCOEN, Michel NIERENBERGER : Timbali’stick pour 3 ou 4 timbales & piano.
Lafitan : P.L.2013.
Cette pièce, qu’on jouera de
préférence à quatre timbales, est à la fois mélodique et rythmique, pleine de
contrastes : elle met à l’épreuve toutes les possibilités du jeune
timbalier, notamment dans la coda laissée à un solo de timbale. La partie
de piano est également intéressante et sans grande difficulté.
Thierry DELERUYELLE : Dadouf pour timbales & piano. Lafitan : P.L.1950.
Destinée à deux timbales, cette
pièce, plus facile que la précédente, voit se succéder un allegro très tonique
et un peu sombre, un adagio plus apaisé et se termine par un retour au tempo
primo. Elle possède un intérêt musical certain.
MUSIQUE DE CHAMBRE
Ivan BELLOCQ : Le tombeau
d’Olivier Greif pour piano, violon, alto & violoncelle.
Delatour : DLT1202.
Écrite en hommage à son maître, Olivier
Greif, mort à cinquante ans, cette pièce atypique est une commande du Théâtre
du Châtelet, dédiée au Quatuor Kandinsky. On ne peut résumer ici la
préface qu’Ivan Bellocq donne lui-même à son œuvre. Mais il est
indispensable de s’en pénétrer si l’on veut interpréter cette pièce.
L’une de ses particularités est qu’à la fin du second mouvement, le pianiste
ferme le couvercle de son instrument pour signifier la mort prématurée
d’Olivier Greif et ne fait ensuite que quelques interventions sur les
cordes seules.
Daniel Blackstone.
Michelle
BIGET-MAINFROY : La Musique à
l’épreuve des mots. Écrits croisés de France et d’Allemagne à
l’époque romantique. Symétrie, 2010, 17 x 23,8 cm, 236 p.,
ill. n&b. 32 €.
Voici un ouvrage appelé à conquérir une audience bien
au-delà du champ musicologique. En effet, au fil d’une chronologie
minutieusement comparée entre écrits de tous ordres, Michelle Biget construit
une véritable histoire des mentalités aboutissant à dégager les mutations d’une
pensée esthétique depuis le XVIIIe siècle jusqu’au cœur du XIXe.
On voit la conquête du véhicule sensible le disputer à l’observation
scientifique, et le discours sur la musique, d’une décennie à l’autre, nous
enseigne l’esprit qui met en branle l’acte créateur autant que sa
réception. L’étude de certains écrivains ou critiques s’avère
fondamentale (E.T.A. Hoffmann, Berlioz, Schumann, Wilhelm von Lenz,
Delphine de Girardin, etc.), mais l’élaboration d’un livret d’opéra ou les
regards sur la musique de plasticiens éclairent aussi la place dévolue à notre
art dans l’expression de phénomènes historiques. L’enseignement de la
musique ouvre sur la conception de l’éducation, donc sur le débat concernant
les dangers de l’émotion libérée, avec les connotations sexuelles (donc
dangereuses pour la morale bien-pensante) que cela sous-entend.
Connaissant l’importance des racines et de la
« bifurcation » - si l’on ose écrire – imprimée aux mots composés en
allemand pour étayer tout concept philosophique ou esthétique, on apprécie
hautement que les textes d’auteurs germaniques soient donnés, parallèlement à
leur traduction française, dans leur langue originale et commentés avec les
mots-clés de celle-ci. De rigoureuses références bibliographiques
accompagnent ce travail majeur, que l’on relira souvent.
Jacques BONNAURE : Saint-Saëns. Préface de
Jean-François Heisser. « Classica », Actes Sud,
2010. 10 x 19 cm, 200 p. 18 €.
Il n’est guère facile, en peu de chapitres, de raconter
une si longue vie, de décrire un si lourd catalogue. L’esprit de
synthèse, doublé d’un style fluide, grâce auquel Jacques Bonnaure réussit
son pari impose ce petit volume comme la plus sage introduction à la
personnalité complexe de Saint-Saëns. L’objectivité de l’auteur emprunte
les voies d’un humour de bon aloi, prenant ainsi une distance pertinente avec
les polémiques et pointant tous les arguments qui campent judicieusement le
personnage dans le contexte de son époque. Les descriptions des œuvres
dégagent quelques traits essentiels, la discographie oriente efficacement le
mélomane, la préface de Jean-François Heisser, au ton personnel, apporte une
touche émue.
Paru l’année précédente, le livre de
Philippe Majorelle, au titre prétentieux et jamais justifié, Saint-Saëns, le Beethoven français (Séguier/Atlantica, 15 x 21 cm, 157 p., 18 €), aux phrases
sommairement construites (sans parler des trop nombreuses négligences
éditoriales !), apportait certes quelques notations musicales
supplémentaires (encore qu’émaillées d’erreurs), mais sans la mise en
perspective critique ni l’ordonnancement biographique qu’accomplit
Jacques Bonnaure.
On aurait juste souhaité qu’un aspect méconnu, et si
révélateur des replis secrets de Saint-Saëns, soit mis en relief de part ou
d’autre : l’écrivain, promenant son esprit à travers les thèmes et les
genres les plus divers. Par ailleurs, on s’étonne qu’aucun de ces livres,
non plus que celui, plus conséquent et plus fouillé, de Jean Gallois
(Mardaga, 2004), ne fasse état de la liaison par laquelle Saint-Saëns,
après la mort de ses deux enfants et la rupture avec sa femme, avait, sinon
reconstruit un semblant de vie affective, du moins donné le jour au fils qui
devint le célèbre magistrat Nussy Saint-Saëns. Attendons maintenant la
somme monumentale que nous promet, chez Fayard, le plus éminent spécialiste de Saint-Saëns,
Yves Gérard.
Messiaen,
the theologian.
Ouvrage collectif (Yves Balmer, Peter Bannister,
Sander van Maas, Karin Heller, Douglas Shadle,
Vincent P. Benitez, Robert Fallon, Andrew Shenton,
Stephen Schloesser, Nigel Simeone, Robert Sholl, Luke Berryman,
Cheong Wai Ling). Ashgate (www.ashgate.com), 2010, 16 x
24,5 cm, 290 p., ill. n&b, ex. mus. £60.
L’éditeur britannique Ashgate a entrepris de sectionner en
sujets dominants une série de livres sur Messiaen : on avait eu ainsi Oiseaux exotiques, après Music, Art and Literature (2007), System of signs (2008), et nous recevons
maintenant le versant religieux. La compétence de chacun des
contributeurs permet de resituer le très catholique compositeur dans les débats
théologiques de son temps, d’étudier ses lectures (et le Thomisme auquel
adhérait Messiaen), le choc des cultures que représenta son
« avant-gardisme » au sein de milieux plus prédisposés au
conservatisme, la « sainte naïveté » qui imprégnait son tempérament
aussi bien que son mysticisme. Des parallèles avec divers écrivains
(T.S. Eliot, Maritain, Claudel) approfondissent la conception esthétique
résultant de l’expression de la foi. L’accueil critique des œuvres
d’inspiration religieuse produites par Messiaen est aussi examiné. La Messe de la Pentecôte et les Sept Haïkaï font l’objet de
développements analytiques auxquels on se référera sans réserve. Ainsi se
construit, investigation après investigation, une manière très polymorphe de
cerner le cheminement de Messiaen parmi les évolutions artistiques et
philosophiques du siècle.
Guy SELVA : Une artiste incomparable, Blanche Selva,
pianiste, pédagogue, musicienne. Association Blanche Selva (www.blanche-selva.com / associationblselv@wanadoo.fr), 2010, 16 x 24 cm, 272 p. ill. CD de
Blanche Selva jouant Franck, Bach, Déodat de Séverac.
30 €.
Après les Actes de colloque publiés par Symétrie, qui
cernaient les relations entre la pianiste et les grandes figures musicales
qu’elle fréquenta, voici une biographie très complète, richement documentée,
nourrie de références, de notes, d’annexes soigneusement établis, et
luxueusement imprimée. Contrairement à ce que pourrait laisser craindre
le titre un peu ronflant (un grand artiste se doit – par définition – d’être
incomparable, et bien d’autres « incomparables » peuplent – par
bonheur – l’histoire des arts), le portrait établi par un petit cousin de l’artiste
ne manque pas d’objectivité, et les opinions de Blanche, lorsque cette fidèle
de Vincent d’Indy, d’Albéniz et de tant d’autres, manque de discernement
sur Ravel ou R. Strauss, ne sont point masquées. Le portrait
psychologique de cette femme enthousiaste, animée d’une foi profonde en Dieu et
en son art, se dessine au fil des nombreux écrits et lettres qu’elle a
laissés. N’étant point pianiste de profession (il ne s’aventure guère à
une étude des principes techniques de sa pédagogie), Guy Selva laisse le soin
aux témoins du temps d’esquisser le jeu d’une musicienne que l’on peut entendre
grâce aux émouvants documents joints au livre : traversant la vétusté des
sources (des 78 tours Columbia de 1929), la fascinante musicalité des
interprétations de Blanche Selva (en rien datées, même dans Bach !) nous
atteint, et la rondeur subtilement modulée de sa sonorité charnue nous conduit
à nous rallier –allons, allons, ne rechignons pas ! - au qualificatif
d’« incomparable ».
Sylviane Falcinelli.
Viviane NIAUX (Ouvrage coordonné par) : George Onslow. Un
« romantique » entre France et Allemagne. Éditions Symétrie, en
collaboration avec le Palazzetto Bru Zane, Centre de musique romantique
française. 408 p. 75 €.
Comme son nom ne l'indique guère, George Onslow (1784-1853)
est un compositeur français, d'ascendance anglaise par son père. S'il a
côtoyé aussi bien Mendelssohn que Berlioz, il « semble avoir traversé son
siècle sur la pointe des pieds ». Car il était homme discret et
aimait plus travailler au calme de ses terres auvergnates que briller dans les
salons parisiens. L'aisance matérielle le tenait à l'abri du
besoin. C'est peut-être outre-Rhin qu'il fut le plus prisé, annexé très
tôt comme compositeur allemand par la critique. Sa « prédilection
pour les thèmes simples, francs et vigoureux » y rencontrait sans doute un
écho favorable. Sa production, immense, fait une large part à la musique
de chambre - quatuors, quintettes, trios, sonates pour violon & piano -
mais ne néglige ni le piano ni la symphonie, et encore moins l'opéra. Le
présent ouvrage, fort documenté, comble une lacune. Il propose, comme de
coutume dans cette collection éditoriale, une diversité de points de vue pour
faire revivre une figure méconnue. Sa première partie retrace les repères
biographiques, à travers les écrits de son premier biographe,
Joseph d'Ortigue, et le journal des frères Müller, chambristes
renommés. Berlioz, le chroniqueur, voit en lui « l'un des plus
grands harmonistes de l'époque » ; quoique le compositeur tempérera son
jugement sur ce collègue qui lui aura ravi, en 1842, le fauteuil de
l'Académie. L'analyse de la production, qui forme la seconde partie de
cette étude, livre de perspicaces analyses sur le langage musical qui
s'épanouit dans sa musique de chambre, sur ses pièces pour piano, totalement
négligées, dont cette forme particulière que constitue la toccata, ou encore à
propos de ses symphonies qui le feront qualifier de
« Beethoven français » ; encore que ces pages se situent
plutôt dans la lignée de celles de Haydn. Mais c'est peut-être dans le
domaine de la musique lyrique, objet de son dernier volet, que le livre est le
plus original. Ce genre tant apprécié par Onslow qui le découvrit à
l'écoute du Stratonice de Méhul - plus admiré que la trilogie
Da Ponte de Mozart ! - lui a pourtant causé bien des
déconvenues : ses trois opéras feront fiasco. Sans doute,
l'éloignement de la capitale et des contacts utiles pour être bien joué devait
le lui faire payer cher. Le dernier, Guise ou Les États de Blois, est bien oublié aujourd'hui. Peut-être plus pour longtemps. Pour
s'être de longue date pris de passion pour le musicien, René Koering dit
brûler d'envie de le donner au Festival de Montpellier.
Hommage à Régine
CRESPIN.
Préface d'Hubert Nyssen, texte d'André Tubeuf, sous la direction de
Christophe Ghristi. Actes Sud/Opéra national de Paris. Relié,
23 x 29 cm. 138 p. 29 €.
En écho à la magnifique exposition organisée au Palais
Garnier au début de l'été par l'Opéra de Paris et la BnF, et ce qui en constitue
le catalogue, voici un somptueux hommage à la mémoire de Régine Crespin, une
des grandes figures du chant du XXe siècle (1927-2007).
L'ouvrage trace le parcours en images de cette immense interprète qui illumina
de son chant inextinguible et de sa formidable présence la scène lyrique
internationale. Car, après ses débuts nîmois et une prometteuse première
partie de carrière dans l'hexagone, elle se produira très vite à l'étranger,
outre-Atlantique notamment, où elle sera adulée à Buenos Aires, Chicago,
New York. Les premiers rôles, ce seront aussi bien Marguerite que
Desdemona. La wagnérienne, ensuite et bien sûr : d’Elsa (à Mulhouse,
en 1951) à Brünnhilde (Salzburg, 1967), voulue par Karajan qui la fascinait, en
passant par Sieglinde et pour ses débuts à Bayreuth, à 31 ans, Kundry, de
par la volonté d'allègement des gabarits vocaux d'un Wieland Wagner.
Sans oublier une rayonnante Elisabeth de Tannhäuser au Palais Garnier, en 1963. Mais elle refusera Isolde, par
humilité. Une des qualités de notre diva, au même titre que la
générosité, tout comme cet « incomparable don de sympathie » que voit
en elle André Tubeuf qui loue une voix de lumière au « frémissement
vivant, palpable ». Ambassadrice du chant français, elle
immortalisera Iphigénie, Didon, et bientôt Charlotte et Carmen lorsque la
blondeur du timbre aura laissé place à une palette plus sombre ; jusqu'à
cette Grande Duchesse de Gérolstein où sa verve naturelle trouvait à
s'exprimer sans crainte. Son nom reste associé aussi à
Francis Poulenc et ses Dialogues des Carmélites : de la Seconde Prieure, à la
création en 1957, bouleversante d'humanité, à la Première, en 1977, combien
déchirante dans la scène de l'adieu. Au titre des grands rôles, des
grands personnages, sur les scènes du monde, elle incarnera aussi bien Amélia
que Tosca, et surtout La Maréchale, une de ses figures préférées.
Une suite de portraits complète cette monographie, révélant une autre facette
de la personnalité de Régine Crespin, « plus Régine que Crespin » :
son humour, teinté d'une exubérance toute méridionale. Car conteuse-née
elle savait mettre en scène comme personne de féroces anecdotes.
L'ouvrage enrichi de documents inédits, comporte une liste exhaustive de ses
apparitions scéniques.
Jean-Pierre Robert.
Eugène de MONTALEMBERT &
Claude ABROMONT : Guide des genres de la musique occidentale.
« Les indispensables de la musique », Fayard/Henry Lemoine.
1 310 p. 42 €.
Accompagné d’une imposante bibliographie signalant des ouvrages
spécialisés, ce Guide remplit parfaitement sa mission : préciser le
sens exact, l’histoire, le répertoire allant de la musique médiévale au jazz et
à la musique électroacoustique (à partir de 1960), de la musique vocale à la
musique instrumentale, de la musique religieuse à la musique profane et à la
danse. Il rendra de distingués services aux enseignants comme aux
amateurs et discophiles soucieux de mieux comprendre les nombreux genres de la
musique occidentale (mots latins, français, allemands, anglais, italiens,
russes…), avec de nombreux renvois pratiques. Ils y trouveront également
des textes liturgiques avec leur traduction française. Il ne s’agit pas
de simples notices de dictionnaire, mais d’articles bien plus développés, par
exemple pour les Passions et Les sept Paroles, aussi bien
catholiques que luthériennes, depuis le Litterae significativae du
IXe siècle jusqu’à l’œuvre de Dominique Vellard
(1999). Depuis 1986, l’utilité des Guides Fayard n’est plus à
démontrer. E. de Montalembert souhaiterait que « ce livre
soit dédié à des foules, des foules et des foules, de tous les âges, de toutes
origines, de toute latitude. » À juste titre, cet ouvrage est
d’ores et déjà incontournable.
Claude ABROMONT : Petit
précis du commentaire d’écoute. Fayard, 2010, 195 p.
Voici un excellent ouvrage
abordant le répertoire de la musique savante occidentale, du Moyen Âge à
nos jours. Il sera consulté avec grand profit par les habitués des salles de
concerts, les discophiles, mais aussi par les enseignants, les commentateurs et
les présentateurs. Tout en s’ajoutant à d’autres guides, il s’impose
d’emblée par ses qualités méthodologiques. Après avoir défini
« l’art d’écouter » et ses divers critères, l’auteur précise
« l’ordre de présentation des fondamentaux », au nombre de
sept : « Déterminer l’effectif - Situer le langage -
Retranscrire le caractère - Trouver le genre - Relever le
matériau - Identifier le compositeur ». De judicieux conseils
portent sur l’art de rédiger et l’importance du plan, avec quelques mises en
garde et « astuces ». De nombreuses questions posées avec
pertinence orienteront les amateurs à travers les trois écoutes
recommandées. Ils apprécieront également les excellents tableaux
chronologiques et synoptiques. À figurer dans toute bibliothèque
d’étudiants et d’enseignants.
Philippe
PESEUX : Vivaldi. BDMusic (bdmusic@bdmusic.fr) : BDCL 388. Distr. : Harmonia Mundi.
31 p. 2CDs. TT : 60’04 + 68’20.
Toujours à l’affût de dessins originaux
accompagnés de commentaires percutants, la dynamique collection
« BDClassique » a confié à Philippe Peseux, spécialiste des
croquis rapides et du mouvement, le soin de transporter les lecteurs dans la
Venise contemporaine d’Antonio Vivaldi (1678-1741), avec ses musiciens,
ses divertissements, mais aussi sa vie d’église, sa célèbre Pieta, ses
gondoliers… Les illustrations évoquent la vie quotidienne à Venise
jusqu’en 1739, deux ans avant la mort du maestro - selon la formule : 2 CDs encartés, (interprétations
légendaires). Ils comprennent des Concertos pour divers instruments et son Stabat Mater réalisés par des interprètes qui ont fait leurs preuves.
Eduard MÖRIKE : Poèmes-Gedichte. Texte & traduction : Nicole Taubes.
« Bibliothèque allemande », Les Belles Lettres, 2010.
582 p. 45 €.
E. Mörike (1804-1875), bien connu par son Mozart auf der Reise nach Prag, est
l’auteur de remarquables poèmes ayant inspiré des compositeurs de Lieder comme
Hugo Wolff (1860-1903) qui appréciait tant les Gedichte (première édition allemande, 1838), au point « qu’il
ne pouvait même pas s’en séparer une heure ». En 1888, il en a
composé plus de 50 pour voix et accompagnement de piano : Denk’es, o Seele ; Jägerlied ; Das verlassene Mägdlein… Au XXe siècle,
Hugo Distler (1908-1942) a, en 1938, réalisé 48 pièces pour chœur
mixte, chœurs de femmes et d’hommes. Les compositeurs ont apprécié la
force rythmique du texte, l’objectivation du contenu poétique proche des vieux
chants populaires allemands, le mélange de confidence et d’intimité.
Leurs Mélodies traduisent de nombreux
états d’âme : amour, sentiment religieux, nature, humour… Les
chanteurs apprécieront à sa très juste valeur la finesse de la traduction
française si élégante et proche des intentions de Mörike. N. Taubes
n’a pas ménagé sa peine pour rendre sensible à tous l’atmosphère romantique et
sentimentale spécifiquement allemande. Elle permettra aux interprètes de
mieux comprendre et restituer ces petits chefs-d’œuvre.
Marcel
THOMANN : Le monde mystérieux de
l’orgue. Strasbourg. Éditions du Signe (alex@éditionsdusigne.fr), 3e éd. revue et corrigée.
96 p. 23 €.
M. Thomann, éminent juriste (Université de
Strasbourg), est, de longue date, passionné par l’orgue, son histoire, sa
facture, sa technique. Il privilégie autant le passé que l’avenir de
l’instrument. Excellemment illustré - avec le concours de B. Weiss
-, cet ouvrage présente d’abord les parties constitutives de l’orgue, du buffet
et des claviers jusqu’aux nombreux jeux. Il aborde ensuite l’orgue à
travers les siècles, depuis l’orgue hydraulique romain jusqu’à la facture du
XVIe au XIXe siècle (des Couperin, Silbermann…)
tributaire de la conception de l’orgue liturgique, non seulement en Europe,
mais aussi en Amérique latine. Un autre chapitre porte sur la facture des
XIXe et XXe siècles, avec l’apparition de l’orgue
symphonique et post-symphonique, jusqu’à sa présence même au Japon.
Enfin, de nos jours, de nombreuses tendances coexistent : orgues de
synthèse, néo-classique, néo-baroque, électronique… Dès 1954, à propos de
l’orgue d’Andreas Silbermann à Marmoutiers, de nombreuses manifestations y
ont été organisées et en Alsace, « pays des orgues », l’auteur est à
l’origine du Centre européen de l’orgue (CEO), avec un Centre d’interprétation
du patrimoine (CIP). Une Bibliographie sommaire et un abondant Index des
termes techniques seront très utiles. Conclusion : l’orgue n’a pas
fini de révéler son « monde mystérieux »…
Frédéric PLATZER : Le Top 100 du Jazz.
Ellipses (contact@editions-ellipses.fr), 2010, 208 p.
Pour initier le grand public au monde du jazz,
Fr. Platzer prend pour point de départ 100 « tubes » interprétés
par les meilleurs jazzmen : L. Armstrong, C. Basie, J. Coltrane,
M. Davis, D. Ellington… et des morceaux archi-connus : Take
five, Autumn Leaves, In the Mood, My funny
Valentine… Pour chaque auteur et chaque œuvre, il précise
judicieusement et systématiquement différents paramètres, dont le contexte, les
points-clés, l’album, le plan… et y joint quelques remarques spécifiques.
La méthodologie systématique, la concision extrême et pourtant le maximum de
données essentielles font de cet ouvrage un modèle du genre qui intéressera
autant les néophytes qui apprendront à écouter et les spécialistes qui
complèteront leurs connaissances. Excellent guide à travers les dédales
du jazz.
Édith Weber.
Pierre BRUNEL : Aimer Chopin. Symétrie,
2010. 265 p. 10,20 €.
Original dans sa conception, ce livre nous propose une promenade
musicale à partir de quelques pièces célèbres, d’accès facile pour l’auditeur
« éclairé » et le pianiste amateur « confirmé ».
Chaque œuvre, replacée dans le contexte historique, dans la vie de Chopin,
souvent éclairée par sa correspondance, est accompagnée d’une analyse
musicologique pertinente, de références littéraires et discographiques
judicieuses, ainsi que de conseils concernant l’interprétation
pianistique. Un livre à retenir parmi les nombreuses publications
consacrées à Chopin, en cette année du bicentenaire, un ouvrage qui ne manquera
pas de conforter l’amour de ceux qui aiment Chopin. Pour
« happy few.
Sylvie
OUSSENKO : Schumann. Éditions Eyrolles, 2010. 181 p., CD
inclus. 10 €.
Une biographie claire, didactique, concise, qui va à
l’essentiel. De lecture facile, avec des notes explicatives incluses dans
le texte, des extraits de correspondances et de critiques musicales, un
catalogue des œuvres, un glossaire, une bibliographie et une discographie
sélectives, auxquels s’ajoute un CD audio. En cette année de
bicentenaires, un livre qui fait un peu oublier son illustre jumeau, idéal pour
une première approche de la vie et de l’œuvre de Robert Schumann
(1810-1856).
New Musicology, perspectives critiques. Revue Filigrane.
Marta Grabocz & Makis Solomos. Éditions Delatour France, n°11,
2010. 173p. 20 €.
Cette 11e livraison de Filigrane se
propose de répondre à la question posée dans le numéro 1 de la revue,
intitulé : « Musicologies ? » Elle tente de
définir les différents profils que pourrait revêtir la « nouvelle
musicologie ». Joseph Kerman, dans les années 1980-1990,
plaidait pour un nouveau souffle ; sous l’influence des mouvements
postmodernes et de l’anthropologie culturelle, il souhaitait élargir le concept
d’œuvre musicale autonome au cadre plus vaste du discours sur la musique, en
tenant compte des données des sciences humaines et sociales
contemporaines. La « nouvelle musicologie » doit se
recentrer sur le « sens », expliquant l’investissement subjectif du
chercheur et la nécessaire étude du contexte, au détriment de l’œuvre musicale
elle-même. Cette démarche a permis l’émergence et la reconnaissance des
musiques dites populaires ainsi que la dissolution de l’idée d’art dans la
notion, plus généraliste, de culture. Une vision
« transversale » qui n’est pas sans intérêt.
Patrice Imbaud.
Hector
BERLIOZ : Mémoires, comprenant
ses voyages en Italie, en Allemagne, en Russie et en Angleterre.
Introduction d’Alban Ramaut. Symétrie (www.symetrie.com) & Palazzetto
Bru Zane. Format de poche, 708 p. 14,80 €.
Spécialiste du romantisme musical français,
Alban Ramaut (professeur à l’université Jean-Monnet de Saint-Étienne) nous
propose une relecture de l’intégralité de ces célèbres Mémoires, où il convient néanmoins de faire la part de l’exaltation
propre au cher Hector. Lequel nous prévenait lui-même : « Je ne dirai que ce qu’il me plaira de
dire ; et si le lecteur me refuse son absolution, il faudra qu’il soit
d’une sévérité peu orthodoxe, car je n’avouerai que les péchés véniels. »
L’édition désormais de référence.
André GIDE : Notes sur Chopin. Avant-propos de
Michaël Levinas. NRF-Gallimard. 12 x 18,5 cm,
172 p., ex.mus. 13,50 €.
Parues en 1931 dans La
Revue musicale, ces Notes sur Chopin sont une confidence de l’excellent pianiste que fut l’auteur de Paludes. Ne confiait-il pas, en
1951, à une jeune musicienne : « J’ai
passé avec Chopin plus d’heures que je n’en ai passé avec aucun auteur ».
Lecture originale d’une œuvre, proposant un fructueux rapprochement entre le
compositeur des Mazurkas et le poète
des Fleurs du Mal – tous deux
considérés longtemps comme « malsains ». Une réédition qui
vient à son heure.
Alexis
GALPÉRINE : Édouard Souberbielle.
Un maître de l’orgue. Éditions Delatour (www.editions-delatour.com). 17 x
24 cm, 354 p., ill. n&b. CD inclus. 28 €.
En tant qu’organiste, théoricien du chant grégorien &
professeur, Édouard Souberbielle (1899-1986) eut, de son temps, une
influence considérable. N’aura-t-il pas formé, à l’École
César Franck où il enseignait, des organistes tels que
Michel Chapuis, Francis Chapelet et André Isoir ?
Quelque peu oublié aujourd’hui, il est ici réhabilité par son petit-fils, le
violoniste Alexis Galpérine, lequel nous dépeint toute une société de
musiciens que connut son aïeul : d’Indy, Vierne, Alain, Ravel, Messiaen,
Poulenc, Viñes, Sauguet, Rouault et Léon Bloy dont il fut le gendre.
Aux côtés d’écrits de Souberbielle lui-même, de nombreux témoignages d’anciens
élèves constituent la dernière partie de cette belle biographie.
Jacques BOUCHER
& Odile THIBAULT : Récit au
Grand Orgue, entretiens avec Antoine Reboulot. Éditions de la
Taille (www.delataille.net). 15 x 23 cm, 374 p., ill. n&b.
Non-voyant de naissance, Antoine Reboulot (1914-2002) fut
successivement organiste titulaire de la tribune de Notre-Dame de Versailles,
puis de Saint-Germain-des-Prés à Paris, avant d’enseigner, dès 1967, à la
Faculté de musique de l’Université de Montréal. Récit au Grand Orgue, entretien avec son disciple & ami
Jacques Boucher (www.jacquesboucher.org), retrace l’itinéraire d’un homme
passionné et généreux – enfance relativement difficile, premières émotions
musicales et carrière exceptionnelle. Le grand organiste donne aussi son
sentiment sur les artistes qu’il aura connus, ses maîtres Widor et Vierne, mais
aussi Marchal, Dupré, Caussade et son ami Gaston Litaize.
Pascale ROUET : André Isoir (°1935). Histoire
d’un organiste passionné. Préface de Gilles Cantagrel.
« Organ Prestige », Éditions Delatour (www.editions-delatour.com). 14,5 x 20,5 cm, 210 p.,
ill. n&b. 20 €.
Disciple d’Édouard Souberbielle puis de
Rolande Falcinelli, André Isoir - après avoir obtenu à trois reprises
le Premier Prix du Concours d’improvisation de Haarlem - se spécialisa dans la
« musique ancienne française ». Pascale Rouet, enseignant
elle-même l’orgue (Conservatoire de Charleville-Mézières), nous livre ici la
biographie d’un compositeur-interprète d’une rare profondeur d’inspiration –
mais non moins facétieux à l’occasion (voir, ci-dessous, la couverture du présent
ouvrage). Entretiens, documents, confidences & témoignages, assortis
de discographie, bibliographie & extraits de presse constituent une
précieuse monographie.
Alexander
WERTH : Scandale musical à Moscou,
1948. Traduit & présenté par Nicolas Werth.
« Histoire contemporaine », Tallandier (www.tallandier.com). 13 x 20 cm, 192 p., 15,90 €.
Correspondant de la presse britannique en URSS,
Alexander Werth (1901-1969) fut le témoin attentif de l’offensive
idéologique d’un Jdanov – la Jdanovschina en musique. Période durant laquelle des compositeurs comme Prokofiev
ou Chostakovitch, taxés de « formalisme bourgeois », se virent
contraints de faire officiellement repentance… C’est de cette
« Conférence des compositeurs et des musiciens » (1948) dont
Alexandre Werth se fait ici le chroniqueur scrupuleux – Comédie humaine au pays
d’Ubu-Roi… Nicolas Werth, son fils, a traduit et mit en perspective
cet éclairant document – en étroite relation avec les Mémoires de Chostakovitch.
Claude ABROMONT
& Eugène de MONTALEMBERT : Guide
des formes de la musique occidentale. « Les Indispensables de la
musique », Fayard/Henry Lemoine. 16,5 x 23,5 cm,
240 p., ex. mus. 20,00 €.
Conjuguant éclairages historique, stylistique, esthétique
& expressif, ce Guide donne tout
leur relief aux formes de notre musique occidentale : suite, sonates
baroques et classiques, rondo, rondo-sonate, lied, chansons, contrepoint… sans
oublier de plus récentes formes : à processus, ouvertes, différées…
Le tout illustré de nombreux exemples musicaux.
Laurent GUIRARD
(Sous la direction de) : 50 ans de
psychologie de la musique. L’école de Robert Francès.
« Médecine des arts », Alexitère. 16 x 22 cm,
210 p., tableaux & schémas. 25 €.
Selon Laurent Guirard, maître d’œuvre, le propos de ce
collectif est de mettre en lumière ce qui - eu égard aux conditions notamment
institutionnelles de l’époque - aura permis à Robert Francès de telles avancées
en matière de connaissance sur « La
perception de la musique » (Vrin, 1958). Ce célèbre ouvrage du
« père de la psychologie de la musique française » fait ici l’objet -
sous la plume d’éminents spécialistes - d’une étude pluridisciplinaire
approfondie : À propos de l’acculturation tonale (A. Zenatti), Souvenirs
et réflexions (M. Imberty), Le livre de R. Francès et ses prolongations (E. Bigand),
Électro-encéphalogramme et musique (J. Vion-Dury & M. Besson),
Mémoire des mélodies (W. J. Dowling), Relire Robert Francès
(H. de la Motte-Haber), Du difficile passage de la perception au jugement
esthétique (J.-M. Chouvel), Le livre de R. Francès et ses implications
didactiques (J.-P. Mialaret), Peut-on concilier expérience musicale et
nécessités pédagogiques ? (Laurent Guirard).
Sommaire complet sur : www.medecine-des-arts.com/50-ans-de-psychologie-de-la.html
Marie-Charlette
BENOIT, Marie-Claude FRÉNÉA, Denise GRUNWALD & Charles POLIO : L’éducation artistique de la main, selon l’enseignement
de Marie Jaëll, pianiste et pédagogue. « Pédagogie »,
Symétrie (www.symetrie.com). 21 x 30 cm, 52 p., ill. n&b et
couleurs. 25 €.
« Le premier effort de l’éducation consiste à
apprendre à sentir notre main dont la destination est si supérieure à celle à
laquelle notre inconscience la réduit » estimait Marie Jaëll (L’intelligence et le rythme).
Émerveillée par le jeu de Franz Liszt et l’harmonie entre la pensée et les
mains d’un tel artiste, Marie Jaëll s’est attachée à découvrir le secret
de ce prodigieux toucher. En collaboration avec le docteur
Charles Féré, elle imagina des exercices permettant d’améliorer les
fonctions de la main (affinement de la sensibilité, dissociation des mouvements
des doigts…). Cinq chapitres : Finalité des
exercices / Préparation aux exercices / Éveil de la sensibilité de la
main / Développement de la relation main & sons / Coordination de
la pensée musicale & de la main.
Boris TERK : A
voice is a person. Kathleen Ferrier. Allia (www.alliaeditions.com). 10 x 17 cm, 80 p. 6,10 €.
Bel hommage ici rendu à Kathleen Ferrier, l’une des voix
les plus poignantes qui fût. « Dans sa voix s’entend maintenant
l’absence » écrit Boris Terk à propos de la sublime contralto qui, au
contraire de son répertoire tragique [Chant
de la Terre, Kindertotenlieder…],
était un être profondément joyeux. Apologie érudite qui nous fait, en
outre, pénétrer les arcanes d’une voix prodigieuse, « cette personne à
part entière »…
Yaël
BENZAQUEN : SOS Voix. Guy
Trédaniel (www.editions-tredaniel.com). 15,5 x 22 cm, 256 p., ill. n&b et
couleurs. 20 €.
Le propos de Yaël Benzaquen, professeur de chant, cible
aussi bien les professionnels de la voix que leurs thérapeutes, souhaitant
apporter des solutions à toutes formes de déficience vocale.
« Retrouver, comprendre & maîtriser sa voix en toutes
circonstances » plaide-t-elle. Ouvrage intéressant quant aux
mécanismes d’émission et à l’analyse des comportements ; le plan
proprement musical laisse, en revanche, à désirer. Ainsi – véniel exemple
- l’auteur confond-elle la2 et la3.
Julien DELLI
FIORI : Ascenseur pour le jazz.
Une histoire du jazz. Éditions de La Martinière (www.editionsdelamartiniere.fr). Album relié, 22 x 25,5 cm, 200 p.,
ill. n&b et couleurs. 35 €.
Reprenant l’intitulé de sa célèbre émission sur France
Inter, Julien Delli Fiori dresse ici un portrait de la plupart de ces
artistes qui, depuis plus de quarante ans, auront rythmé sa vie (et la
nôtre) : Fats Waller, John Lee Hooker,
Django Reinhardt, Duke Ellington, Chet Baker, Thelonious Monk,
John Coltrane, Stan Getz, Miles Davis… Dix
parties : New Orleans, Swing, Be bop, Hard bop,
West Coast, Free jazz, Jazz Fusion & Jazz Rock,
Jazz vocal, Jazz & co, Jazz now. Superbe iconographie. En
annexe : Jazz & cinéma, Bibliographie, Festivals…
Francis HOFSTEIN : Muddy Waters. Biographie. « Félin poche »,
Le Félin (www.editionsdufelin.com). 11,5 x 17,5 cm, 142 p. 10,90 €.
À la charnière entre le blues du Sud et celui de Chicago,
le guitariste McKinley
Morganfield, dit Muddy Waters (1915-1983), influa sur
notamment Eric Clapton et les Rolling Stones. C’est le parcours
de cette figure emblématique du blues – aventure exceptionnelle – que le
psychanalyste Francis Hofstein retrace ici. Le guitariste
Rémi Charmasson propose, quant à lui, une analyse attentive de I can’t be satisfied, morceau de
celui qui prônait de « chanter derrière le temps, en retard ».
Nicholas J. GIORDANO, Sr : Physics of the Piano. 2010, Oxford University Press (www.oup.com). En anglais. Relié sous jaquette. 19,5 x
25,5 cm, 170 p. Croquis, illustrations n&b.
£35.00
Pourquoi le piano sonne-t-il comme un piano ?
Quels sont les caractéristiques physiques qui permettent une telle
spécificité ? Le propos est ici de répondre à ces questions.
Bien qu’exigeant un minimum de connaissances en mathématiques & physique,
l’ouvrage s’adresse à quiconque est intéressé par la musique & ses
instruments. 12 chapitres : Introduction / Introduction to waves
& sounds / Why the piano was invented / Making music with a
vibrating string / Hitting strings with hammers / Turning string
vibrations into sound / Connecting the strings to the soundboard /
Evolution of the piano / How we perceived musical tones / The magic
of Steinway / What physics can & cannot teach us about pianos. Glossaire,
références, index.
Thierry
CARPENTIER : Le son à la guitare. « Méthode
en poche, n°55 », Hit Diffusion (www.editions-hit-diffusion.fr). 12 x 21 cm, ill. n&b. 11,93 €.
Nous sont ici données toutes les clés pour faire sonner au
mieux une guitare électrique : ampli, effets, cablage, niveaux, son en
groupe… À l’aide de nombreux schémas & photos explicatifs.
Amanda STHERS : Liberace. Plon (www.plon.fr). 13 x
20 cm, 122 p., 16 €.
Prodigieux virtuose du piano, star américaine des
années 1960, Liberace (1919-1987) était-il fou ? Ami d’Elvis et
de Streisand, il aura fait remodeler le visage de son amant à l’image du sien
propre lorsqu’il était adolescent avant de se séparer de lui, puis de mourir –
parmi les tout premiers - du sida. À travers cinq séances d’une
confession imaginaire, la romancière Amanda Sthers lui donne la parole.
Stéphane BÉCHY (Sous
la direction de) : La musique du
cheval. « Cheval-Chevaux » revue semestrielle n°5, Éditions
du Rocher (www.editionsdurocher.fr). 18 x 24 cm, 214 p., dessins de
Caran d’Ache. 22 €.
Parmi les contributions des dix-huit collaborateurs ici
réunis par Stéphane Béchy, organiste & rédacteur en chef de cette
belle publication, signalons celles de Jean-Louis Gouraud (« Grandes
orgues pour le cheval »), Michaël Levinas (« Chopin et
Géricault »), Claire Veillères (« Le cheval fait
musique » / « Une valse à deux temps »), Patrice Franchet
d’Espèrey (« Dans le silence du manège »), Cesare Fiaschi
(« Traité des embouchures »), Jean-Claude Racinet (« Les trois
temps du galop »), Adamo Walti (« Avant d’être cavalier, j’ai
été cheval ») et…
Stéphane Béchy (« Des pieds et des mains » / « Racinet
musicien »). Sans préjudice de bien d’autres chroniques, nouvelles
ou récits hippiques.
« Que peut
encore l’Art ? » Museum
international, n°244, revue de l’Unesco (Tél. : 01 45 68 55 91. www.unesco.org/culture/museumjournal). 21 x 30 cm, 76 p., ill. n&b.
Il s’agit là des Actes du colloque éponyme organisé, les
25 et 26 juin 2009, par l’Unesco à Paris. Communications regroupées en
deux parties… Crise des valeurs : La quête de la beauté contre l’arrogance de l’art (Masahiro Hamashita), Les
arts : valeur refuge ou accord futur ? (Thierry Dufrêne), Les croque-morts des arts (José Sasportes), Esthétique &
construction d’une éthique planétaire (Rafael Argullol). Art
et résistance : Décoloniser
l’esprit : le travail de l’imagination créatrice (Rex Nettleford), Écrire dans
l’urgence ou le partage inégal du sensible (Tanella Boni), Art & résistance transculturelle (Rachida Triki), De l’autonomie à
l’auto-transcendance de l’art africain contemporain (Adriano Mixinge).
Maryvonne CASSAN
(Sous la direction de) : Histoire
des arts avec le Louvre. Hatier (www.editions-hatier.fr) / Louvre éditions. Reliure souple, 22,5 x
30 cm, 360 p., ill. n&b et couleurs. CD-Rom inclus. 49 €.
Conçu pour l’enseignement de l’Histoire des arts, ce
superbe album apportera au professeur les savoirs nécessaires pour :
commenter des œuvres avec ses élèves/ traiter de notions telles que la beauté,
le corps, la représentation du pouvoir, la place de l’artiste dans la société,
etc./ utiliser les vocabulaires spécifiques/ situer historiquement styles &
artistes/ comprendre les contextes de création & de réception des œuvres…
Double entrée possible : par les thèmes essentiels, par une œuvre &
son analyse. Le CD-Rom propose, quant à lui, 55 œuvres à
vidéoprojeter pour aborder périodes ou courants artistiques. Pour les
seuls arts visuels, un magnifique outil, éminemment pratique.
Pierre
LADONNE : Del Cap de la Roca Negra…
au fil des souvenirs. « Quatre générations de musiciens
d’Auvergne ». Roman autobiographique. Agence des musiques
des territoires d’Auvergne (tél. : 04 73 64 60 00. www.amta.fr). 17 x
24 cm, 224 p., ill. n&b et couleurs, ex. mus.
CD inclus. 25 €.
Troisième du nom, Pierre Ladonne (°1931) relate la vie
artistique de quatre cabrettaires issus du canton de Pierrefort (Cantal), mais
aussi celle de la colonie auvergnate de Paris. Parcours initiatique
nourri des mélodies des meilleurs spécialistes : Antoine Bouscatel,
Victor Allard, René Anglade, Yvonne Franques,
Marguerite Giraud… Trois parties : Les années d’avant-guerre /
Les années d’occupation / Les années d’après-guerre. Ouvrage
judicieusement assortie de 30 partitions des morceaux préférés des
musiciens cités. Fort joyeux et dansants, les 24 morceaux que
comporte le CD sont, pour la plupart, joués à l’accordéon diatonique ou
chromatique et à la cabrette.
« Musique et
écologie », trimestriel L’Écologiste,
n°32 (www.ecologiste.org). 21 x 29,5 cm, 66 p., ill. n&b et
couleurs. 6 €.
Paraphrasant Platon, ne peut-on dire qu’il ne saurait y
avoir d’équilibre écologique sans la musique ? Tel est l’un des
propos de cette livraison de l’édition française de The Ecologist. Principaux articles :
« Quelle est la nature de la musique » (Denys Trussell),
« Qu’est-ce que la musique traditionnelle ? »
(Guillaume Veillet), « Test : savons-nous écouter ? »
(Françoise Lemarchand), « Le paysage sonore »
(Murray Schafer), « La nature selon Bach »
(Armand Farrachi), « L’art de l’improvisation »
(Fabrice Contri), « Qu’est-ce que la musicothérapie ? »
(Édith Lecourt). Une approche assurément originale.
Émilie
SAPIELAK : L’école de la honte.
La bête noire des enfants, l’angoisse des parents, le cauchemar des serviteurs
de l’État. Don Quichotte, éditeur. 14 x 20,5 cm, 286
p., 18 €.
D’une terrifiante lucidité est ce constat, mais aussi
d’une exceptionnelle qualité littéraire. Professeur de français certifié,
néo-titulaire sans poste fixe, l’auteur [notre photo] a enseigné trois ans dans
divers collèges de la banlieue nord-ouest de Paris. D’une noirceur
absolue, l’ouvrage se lit comme un thriller : IUFM cauchemardesque,
impuissance et avilissement de professeurs hagards pris dans une mécanique
tournant à vide, au cœur de la barbarie quotidienne d’enfants totalement
déboussolés entre la violence et la peur. Le tableau ne rend certes pas
compte de ce qu’il en est sur l’ensemble du territoire, mais les situations
décrites et analysées ne sont qu’hélas ! trop crédibles. À lire
absolument !
POUR LES PLUS JEUNES
Henri DÈS (Textes et
musique) : La petite Charlotte.
Illustrations : Séverine Duchesne. Les Éditions des Braques (www.leseditionsdesbraques.com). 1 livre + 1 CD (TT : 57’35).
Album cartonné, 21 x 21 cm, 34 p.,
ill. couleurs. 18 €.
Pour enfants de 3 à 7 ans, une recette (tarte aux poires
& chocolat) et les 14 chansons originales du 2e album
d’Henri Dès (1979) : L’ogre, Le mille-pattes, Le fantôme, T’es pas beau, Le
bout de carton… À regarder, lire, écouter, chanter !
Chante le monde. Voyage
musical autour du monde en 18 chansons et comptines.
1 livre + 1 CD Enfance et musique (www.enfancemusique.com). Distr. Au Merle Moqueur & Harmonia Mundi.
Illustrations : Carine Sanson. Relié. 21,5 x
21,5 cm, 30 p., ill. couleurs. 19,90 €.
Voilà un album qui fera le bonheur de tous ses
lecteurs/auditeurs, de 2 ans… à plus ! Dix-huit titres pour
éveiller aux sonorités et mélodies d’autres cultures - d’Espagne,
Portugal, Roumanie, Pologne, Chine, Haïti, Maroc, Andalousie, Antilles,
Amérique du Nord, Inde, Italie, Sénégal… Et ce, dans cet extrême souci de
qualité graphique & musicale qui fait la marque d’« Enfance et
musique ».
Serge
PROKOFIEV : Pierre et le Loup.
Raconté par François Morel & Olivier Saladin. Orgue de Barbarie :
Pierre Charial. Orchestre de Basse-Normandie,
dir. Dominique Debart. Paysage sonore :
Michel Musseau. 1 livre + 1 CD Enfance et musique (www.enfancemusique.com). Distr. Au Merle Moqueur & Harmonia Mundi.
Illustrations : Pef. Relié. 21,5 x 21,5 cm,
32 p., ill. couleurs. 19,90 €.
Par les merveilleux et hilarants duettistes François Morel
& Olivier Saladin, voici la énième version de cet illustrissime conte
musical. Rien moins qu’orthodoxe, bien sûr… Dans, notamment, les
succulents commentaires off des
deux compères et une orchestration joyeusement iconoclaste (interventions de
Pierre… à l’orgue de Barbarie). Réjouissant en diable !
Dès 3 ans.
Francis Cousté.
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Alexander
AGRICOLA : Missa In myne Zyn. Ricercar (stephanie@outhere.com) :
RIC 306. TT : 59’50.
Alexander
Agricola (ca 1456-1506) - à ne pas
confondre avec Martin Agricola, le musicien humaniste - est engagé à la
cour de Philippe, duc de Bourgogne, fils de Maximilien Ier,
empereur du Saint Empire romain germanique. Sa Missa In myne Zyn repose
sur la mélodie hollandaise éponyme. Elle est structurée en 3 parties
(sans Kyrie), se présentant comme un genre de fantaisie,
avec, non seulement des versions d’Agricola, mais aussi d’anonymes. La
première partie : Ante Missam sur des sources populaires
remplace le Kyrie ; la deuxième : Ad Missam, concerne les Gloria, Credo, Sanctus, Agnus Dei. Enfin, Ad Vesperam comprend
les motets Pater meus agricola est et l’antienne mariale Regina coeli.
La Capilla Flamenca (5 voix, 3 violes de gambe, dir. Dirk Snellings) a signé cet
enregistrement tout en transparence et finesse, sortant des sentiers battus.
Johann Sebastian BACH : Cello Suites. 2CDs Ramée (stephanie@outhere.com) :
RAM 1003. TT : 58’29 + 79’50.
L’instrument,
utilisé au temps de J. S. Bach pour ses Suites pour violoncelle
seul (BWV 1007-1012) composées à Cöthen entre 1717 et 1723, pose
encore une énigme. Peu jouées après la mort du compositeur, c’est surtout
Pablo Casals qui les relança au XXe siècle.
Quoi
qu’il en soit, Dmitry Badiarov, à la fois luthier et interprète, propose une
version avec violoncello da spalla, c’est-à-dire :
violoncelle d’épaule, datant de 2004. Ce choix se justifie par les
sonorités saisissantes et exceptionnelles et par son jeu plus maniable qu’avec
un violoncelle normal. Ces 6 Suites, souvent redoutées par
les interprètes en raison de certaines difficultés (jeu polyphonique), font
l’objet d’un excellent enregistrement. Elles s’imposent par leur
intériorité, leur musicalité et leur expressivité. Les fins connaisseurs
les apprécieront à leur juste valeur.
Ignacio CERVANTES : Danzas para piano. 2CDs + 1DVD Roldan/Colibri : 111. Distr. : CD Diffusion (info@cddiffusion.fr). TT : 154’00.
Ignacio
Cervantes (1847, La Havane/1905, La Havane), enfant prodige puis pianiste
virtuose & compositeur cubain, a largement contribué à la créolisation de
la musique de son pays. Cette réalisation comprend un DVD (avec le
concert du 31 juillet 1997, au Théâtre national de Cuba, pour le 150e anniversaire
de la naissance du musicien), un CD audio et un CD intitulé Partituras.
Il est possible à la fois de voir et d’entendre le jeu et la technique du
pianiste, mais encore de découvrir des partitions, dédicaces, documents,
signatures… Incursion très réussie dans l’univers cubain. Le bilan
est éloquent : 43 Danses tour à tour nostalgiques, énergiques,
associant romantisme et flamenco, toujours bien rythmées. Elles sont
brillamment interprétées par 5 pianistes. Excellent tableau de la
vie musicale à La Havane.
Musique
en la Chapelle d’Henri IV. Eustache Du Caurroy. 2CDs
Triton (triton@disques-triton.com) :
TRI 331167. TT : 49’59 + 34’11.
Les
éditeurs de disques ont actuellement tendance à privilégier les musiques dans
l’entourage des souverains : c’est le cas de la Chapelle d’Henri IV
(1553-1610), en ce quatrième centenaire de la mort du roi de France. Aux
diapasons la 392, la 415 et la 440 et avec
la prononciation gallicane restituée, les Chantres de Saint-Hilaire - chœur de
5 chanteurs solistes avec serpent et basse) fondé en 2000 par Fr.-X. Lacroux
- s’attachent à révéler les Preces Ecclesiasticae d’Eustache
Du Caurroy (1549-1609), mort un an avant Henri IV. Dès les
premières mesures, ils s’imposent par leurs voix prenantes, s’élevant des
profondeurs, chargées d’expressivité et d’intériorité. Le
CD 1 : Pater et Filius et Spiritus sanctus se présente comme
une intense prière en plain-chant, en faux-bourdon (aquitain et gallican), à
plusieurs voix. Le CD 2 : Ave Maria et Conclusio,
comprenant le célèbre Christus vinxit plein d’allant, se termine
par le Te Deum à 6 voix : une réussite du genre.
Terres
d’Espagne. Musique d’orgue dans les royaumes de
Philippe IV. Hortus (editionshortus@wanadoo.fr) : 081. Distr. Codaex. TT : 70’12.
Voici
encore un disque en hommage historique à un souverain : Philippe IV
(1605-1665), dit « Le Grand », roi des Espagnes et des Indes, avec
une sélection de pages interprétées à l’orgue historique de Lorris-en-Gâtinais par
Damien Colcomb, passionné par la facture d’orgues ibérique, élève, entre
autres, d’André Isoir, Francis Chapelet et Freddy Eichelberger. Le
programme illustre les formes espagnoles : Tiento, Canción…
et des musiciens célèbres, tels que F. Correa de Arauxo (1584-1654),
M. R. Coelho (ca 1555-ca 1635), ou moins connus, tels que
P. Cornet (ca 1575-1633) et
A. Van den Kerckhoven (1618-1701). Soit 12 pièces
interprétées en première mondiale avec musicalité, bien structurées et
prouvant une parfaite maîtrise de l’instrument français (contemporain des
œuvres), de l’esthétique typiquement espagnole aux XVIe et XVIIe siècles. Irrésistible.
Rolande
FALCINELLI : Improvisations. Hortus : 079. Distr. Codaex. TT : 73’38.
L’improvisation
à l’orgue est généralement considérée comme une spécialité de l’École
française, comme le prouve ce CD (d’après des enregistrements historiques),
avec des Improvisations de Rolande Falcinelli (1920-2006), élève,
entre autres, de M. Dupré. Les discophiles réentendront des Improvisations
sur les noms de Franz Liszt et de Marcel Dupré (1986 : centenaire
de la mort du premier ; naissance du second) ; sur un thème de
Claude-R. Roland et sur B-A-C-H (1985 : tricentenaire de sa
naissance) ; sur un thème de Maurice Duruflé (1983), entre
autres. Ils apprécieront tout particulièrement celle sur deux thèmes
de Jean-Jacques Werner (1982), d’abord présentés à découvert, puis traités
dans le langage délibérément du XXe siècle. La regrettée
organiste tire le meilleur parti des possibilités de registration (orgues des cathédrales
de Belley, St-Louis de Versailles et de l’église St-Étienne-du-Mont).
Dans ses Improvisations (entre 10’00 et 14’00), elle fait preuve
d’inventivité, spécule sur les contrastes (calme/impétuosité, grave/aigu,
virtuosité/expressivité…) ; l’ensemble est servi par une éblouissante
technique compositionnelle et organistique.
Divna.
L’âme du chant orthodoxe. Jade (jade@milanmusic.fr) : 6997252.
TT : 28’42.
Divna
Ljubojevic et le Chœur Melodi restituent en profondeur « l’âme du chant
orthodoxe » à travers les formes anciennes comme le Kondakion de la
Nativité du Christ - de Romanos le Mélode (VIe siècle), sur
le ton de la narration, mettant en jeu la Vierge, les anges et les bergers — ou
le Polyéléos, psaume (134) de louange conclu par la doxologie.
D’autres pièces arrangées par Divna donnent un exemple de différents
modes : Dieu est avec nous (6e mode) ; Psaume 65 (Prokimenon, 8e mode) ; Chant de communion (Psaume 110,
en 9e mode, d’Isidor Bajic)… L’ensemble se termine
sur une pièce traditionnelle : Toutes les nations, battez des
mains ! Ces chants alternés entre Divna et le Chœur Melodi
font apparaître les caractéristiques mélodiques de cette musique avec ses
secondes augmentées ; ils recréent avec bonheur le calme, la plénitude et
l’intériorité typiques du chant orthodoxe.
Édith
Weber.
« Et la fleur vole ». Airs à danser & airs de cour autour de
1600. Les Musiciens de Saint-Julien, dir. François Lazarevitch.
Annie Dufresne (Dessus). Alpha (www.alpha-prod.com) :
167. TT : 66’07.
Un disque qui s’intéresse au
répertoire musical du début du XVIIe siècle, et tout
particulièrement au répertoire dansé, tant instrumental que vocal. Une belle
interprétation.
Marin MARAIS (1656-1728) : Les
Voix humaines. Deuxième livre (1701). Deuxième partie.
Jean-Louis Charbonnier & Paul Rousseau (basse de viole),
Mauricio Buraglia (théorbe), Pierre Trocelier (clavecin),
Hélène Decoin (violon), Philippe Suzanne (flûte traversière).
2CDs Ligia Digital : Lidi 0301218-10. TT : 61’38 +
61’36.
Un disque qui s’inscrit dans
l’intégrale des pièces de viole de Marin Marais, comprenant deux suites en ré majeur et sol majeur avec, en particulier, la très belle pièce intitulée Les voix humaines, toute d’intériorité et de gravité, hymne à la
voix humaine et à l’instrument qui, à l’époque, s’en approchait le plus, la
viole. La viole, seule, ou associée à d’autres instruments, la musique en
général qui transcende la parole, qui
enhardit, qui bouleverse, charme et aide à vivre ce compositeur admiré de la
cour du Roi Soleil et de l’Europe entière, qui s’interroge sur les
questions fondamentales de la vie, de la mort, du destin. L’essence des
autres pièces est, avant tout, celle des musiques de danse, rythmées et
jubilatoires. Une musique parfaitement interprétée, des danses mais aussi une
méditation qui est un des moments forts de l’œuvre de Marin Marais.
Johann Sebastian BACH
(1685-1750) : Missae Breves
BWV 233 & 236. Ensemble Pygmalion, dir. Raphael Pichon. Alpha (www.alpha-prod.com) : 170. TT : 61’00.
Utilisant le pastiche,
c'est-à-dire réutilisant des œuvres préexistantes pour créer une œuvre
nouvelle, les Missae Breves de
Bach témoignent d’un génie musical affirmé dans l’exercice de refonder un
nouveau chef-d’œuvre à partir d’œuvres anciennes. Ces messes se limitent
à deux mouvements : Kyrie tripartite et Gloria divisé en cinq mouvements
indépendants dont les extrêmes sont confiés au chœur, le reste du texte étant
réparti en trois arias solistes ; elles fascinent par leur équilibre et
leur théâtralité, mêlant cheminement spirituel et virtuosité. Bien joué,
bien chanté, un disque à retenir.
W. A. MOZART : Concerto n°9 « Jeune homme ». Concertos
n°12, 14. Edna Stern (piano). Orchestre d’Auvergne, dir. Arie van
Beek. Zig-Zag Territoires :
ZZT100901. TT : 70’05.
Un dialogue parfaitement clair
et réussi, un climat intimiste, voire chambriste, lié au faible effectif de l’Orchestre
d’Auvergne, voilà pour les points forts de cet enregistrement. En
revanche, cette vision minimaliste entraîne un certain défaut de « cantabile », essentiel chez Mozart,
dû au manque d’ampleur dans le jeu du piano et à une certaine lourdeur dans la
sonorité orchestrale.
Robert SCHUMANN : Klavierwerke & Kammermusik. Gordan Nikolitch & Daishin Kashimoto
(violon), Lise Berthaud (alto), François Salque (violoncelle),
Éric Lesage (piano). Alpha (www.alpha-prod.com) :
166. TT : 57’13.
Pari audacieux et risqué que de
proposer un nouvel enregistrement de ces deux œuvres majeures de musique de
chambre, avec piano, de Robert Schumann (1810-1856) : le célébrissime Quintette op.44 et le Quatuor op.47, mais cette année de
bicentenaire autorise toutes les audaces… d’autant que le pari semble réussi
avec cette remarquable interprétation, respectant parfaitement l’équilibre
entre cordes et piano, ainsi que la cohésion de l’ensemble. Deux œuvres
quasiment jumelles (composées en 1842) au climat différent, véritable concerto
de chambre pour le Quintette, discours plus intimiste pour le Quatuor,
réunissant le piano virtuose et la maitrise des cordes, dans un scintillement
de sons et de couleurs. Certains préfèreront, peut-être, plus de rondeur
dans la sonorité des cordes et regretterons le toucher, parfois un peu brutal
d’Éric Lesage. Un beau disque néanmoins.
Mikhail GLINKA : Orchestral Works. Musica Viva (Moscow
Chamber Orchestra), dir. Alexander Rudin. Fuga Libera :
FUG571. TT :
72’45.
Un disque regroupant une
sélection d’œuvres orchestrales, plus ou moins connues, de Glinka (1804-1857),
associant parfois voix et orchestre : deux ouvertures (œuvres de jeunesse),
des mélodies pour soprano, mezzo ou basse, une symphonie inachevée, trois
scènes dansées prévues pour l’opéra Une
vie pour le Tsar - ensemble de compositions revisitées ou complétées par
Musica Viva, dans une optique chambriste. Une vision nouvelle particulièrement
convaincante, tout en finesse et sensibilité, des voix magnifiques font de ce
disque une indiscutable réussite.
Alexander Rudin ©DR
Itinéraire.
Jacques Boucher, orgue. XXI-21 Productions (www.xxi-21.com) : 21718. TT :
78’19.
Un itinéraire à travers les
différents horizons de la littérature organistique et de la facture
instrumentale qui la porte. Comportant de nombreuses œuvres composées sur
plus de trois siècles (Bonnet, Weckmann, Couperin, Vierne, Widor, Letondal,
Bouchard, Franck, Tournemire, Dupré), jouées avec talent par Jacques Boucher
sur différents « instruments à tuyaux », illustrant la richesse de la
facture d’orgue en terre de Nouvelle-France. Un disque hommage à cet
« instrument qui tutoie Dieu ».
Musique française pour
violon & orgue. Anne Robert, violon. Jacques Boucher,
orgue. XXI-21 Productions (www.xxi-21.com) :
21716. TT : 55’25.
Dialogue entre violon &
orgue autour d’œuvres de : Guilmant, Dubois, Bréville, Donnay, Joubert,
Saint-Saëns, Armingaud, Gounod, Journeau, Boulnois et Reboulot. Des
œuvres profanes et sacrées, certaines contemporaines, une très belle sonorité,
une remarquable interprétation pleine de sensibilité et de virtuosité,
conduisant, ici, à une véritable symbiose musicale, ailleurs à un violent affrontement
des deux instruments. Un disque indispensable.
Le sommeil de l’ange. Musique basque pour txistu & orgue.
Sergio Torices Roldan (txistu), Jesus Martin Moro (orgue). Hortus (www.editionshortus.com) :
077. TT : 59’25.
Un disque très original mêlant
les sonorités de l’orgue Daldosso de l’église d’Urrugne à celles du txistu,
flûte à bec traditionnelle basque, à trois trous, se jouant de la main gauche,
la main droite étant réservée aux percussions. Regroupant des œuvres de
compositeurs basques contemporains et notamment de Gorka Cuesta (°1969)
dont la pièce le Sommeil de l’Ange a
été composée en 2002, entre musique traditionnelle et musique savante,
exprimant intimement l’âme basque, un disque qu’il faut assurément retenir.
Astor PIAZZOLLA : Histoire
du Tango. Marc Grauwels (flûte), Ensemble Astoria,
Christophe Delporte (accordéon & bandonéon). Fuga Libera
(www.fugalibera.com) : FUG608. TT : 55’13.
Œuvre dédiée au flûtiste Marc
Grauwels qui en assura la création, œuvre majeure d’Astor Piazzolla
(1921-1992), emblématique du Tango nuevo,
mêlant avec bonheur les sonorités traditionnelles du tango au swing, aux
phrasés empruntés au jazz et à la musique nouvelle grâce aux réminiscences de
Bartók et de Stravinski. Plus qu’un disque, un climat, une histoire
d’amitié, une danse, un frôlement, une indiscutable réussite.
Patrice Imbaud.
« Parole e Querele d’Amore ».
Madrigali a due voci (XVIIe) de Monteverdi, Merula, Strozzi,
Rognoni, Sances, Valentini, Gagliano, Carissimi.
Ensemble Barcarole : Agnès Mellon (soprano),
Dominique Visse (contre-ténor), Marianne Muller (viole de gambe),
Marco Horvat (lirone), Éric Bellocq (théorbe), Brice Sailly
(orgue & clavecin). Zig-Zag Territoires (www.zigzag-territoires.com) :
ZZT 101001.
Joutes amoureuses,
« tendresse, baisers, désir, jalousie, querelles, taquineries, désespoir
et lamentations », sont le fil conducteur de cet enregistrement qui, grâce
à de remarquables interprètes, magnifie l’éros musical du XVIIe siècle
italien.
André-Modeste GRÉTRY (1741-1813) : Céphale & Procris. Ballet héroïque en 4 actes.
Livret de Jean-François Marmontel. Céphale : Pierre-Yves Pruvot
(baryton) / Procris : Katia Vellétaz (soprano) /
Aurore : Bénédicte Tauran (soprano) / Palès/La Jalousie :
Isabelle Cals (soprano) / Flore : Aurélie Franck (mezzo-soprano) /
L’Amour : Caroline Weynants (soprano). Les Agrémens, Chœur de
chambre de Namur, dir. Guy Van Waas. 2CDs Ricercar (www.ricercar.be) :
RIC 302. TT : 2h29’09.
« Vous êtes musicien et homme d’esprit, Monsieur, la chose est
rare ! », c’est par ces mots que Voltaire accueillit un jour
Grétry. Fort galant et spirituel est, en effet, l’art de ce musicien que
tant aima Louis XV. Recréé en 2009 pour la réouverture de l’Opéra
royal de Versailles, Céphale &
Procris est un ballet où le chant tient la plus grande place. Nulle
réserve quant à la distribution ici réunie : beauté des timbres, diction
parfaite, musicalité…
W. A. MOZART : Concertos
pour piano n°9, 19, 20, 24. Clara Haskil (1895-1960),
piano. 2CDs
« INA, Mémoire vive » (www.ina.fr).
TT : 60’51 + 59’19.
Impériale Clara Haskil !
Voici réunis quatre enregistrements historiques de cette incomparable mozartienne : Concerto n°9, K.271
« Jeunehomme » (1955, Lausanne, dir. Igor Markevitch), Concerto n°19,
K.459 (1956, Besançon, dir. Jerzy Katlewicz), Concerto n°24, K.491 (1956, Paris,
dir. André Cluytens), Concerto n°20,
K.466 (1948, Aix-en-Provence, dir. Ernest Bour).
Déodat de SÉVERAC (1872-1921) : Le Cœur du moulin. Poème lyrique en 2 actes (1908).
Livret de Maurice Magre. Jean-Sébastien Bou (Jacques), Sophie
Marin-Degor (Marie), Pierre-Yves Pruvot (Le meunier), Marie-Thérèse Keller
(La mère). Maîtrise & Chœurs de l’Opéra de Tours, Orchestre
symphonique Région Centre-Tours, dir. Jean-Yves Ossonce. Timpani
(www.timpani-records.com) : 1C1176. TT : 75’30.
Il s’agit là du premier
enregistrement mondial de cet opéra en 2 actes, œuvre d’un compositeur à
propos duquel Debussy écrivit : « Il
fait de la musique qui sent bon, et l’on y respire à plein cœur ».
Jugement confirmé ! Voilà certes un ouvrage qui mériterait d’être
monté sur une grande scène nationale.
Gabriel PIERNÉ (1863-1937) : Œuvres pour piano. Laurent Wagschal, piano. Timpani (www.timpani-records.com) :
1C1178. TT : 61’41.
Gabriel
Pierné est, enfin ! sorti du purgatoire où un certain terrorisme
avant-gardiste – bien heureusement désuet aujourd’hui – l’avait relégué.
Nous permettant de redécouvrir des œuvres souvent d’une grande profondeur,
alliée à un lyrisme parfaitement maîtrisé : Variations en ut mineur op. 42 (1918), Étude de concert op.13 (1887), Trois pièces formant suite
de concert op.40 (1903), Passacaille op.52 (1932). Dans la magnifique interprétation de Laurent Wagschal,
au jeu très intériorisé et doté d’un rare sens du phrasé. La révélation
d’un répertoire et d’un interprète.
Ernest CHAUSSON (1855-1899) : Concert op.21, Chanson perpétuelle op.37, Quatuor op.35. Sandrine Piau (soprano), Régis Pasquier (violon),
Philippe Bianconi (piano), Quatuor Parisii. Saphir (www.saphirproductions.net) :
LVC 1092. TT : 78’26.
Ernest
Chausson ou « l’invention musicale au crépuscule d’une tradition »…
Par de nos plus grands interprètes, voici regroupés le Concert pour piano, violon & quatuor à cordes (dont la célèbre Sicilienne), La chanson perpétuelle (interprétée - avec toute la pureté
vocale et la pudeur requises - par la merveilleuse Sandrine Piau) et le
trop rare Quatuor à cordes en ut mineur (chef-d’œuvre interrompu
par la mort tragique du compositeur, dont pieusement Saint-Saëns acheva le 4e mouvement).
Un indispensable !
Guy SACRE (°1948) : Œuvres
pour piano, vol. 2. Billy Eidi, piano. Timpani
(www.timpani-records.com) : 1C1163. TT : 73’37.
D’une grande délicatesse et
élégance est la musique, éminemment française, de Guy Sacre. À
l’exception du Thème varié (6’34), ce 2e volume de l’œuvre pour piano ne comporte que des
pièces brèves (de 0’58 à 2’41). En cinq cycles : Nouvelles chansons enfantines / Neuf
contes moraux / Soliloques / Petits exercices de la solitude /
Carnaval. Pièces finement ciselées par l’excellent Billy Eidi
(qui avait déjà enregistré le précédent volume : 1C1026).
Éric
LEBRUN (°1967) : Vingt Mystères du
Rosaire, pour violon, violoncelle, harpe & grand orgue, op.10
(2010). 2CDs Bayard Musique (www.bayardmusique.com).
Voilà un répertoire qui permettra - n’en doutons pas
- de relever le niveau si souvent consternant des musiques programmées dans nos
édifices cultuels. Quatre parties composent cette superbe fresque : Cinq mystères joyeux / Cinq mystères lumineux / Cinq mystères douloureux / Cinq mystères glorieux. Interprètes :
Andréa Garnier, Isabelle Lesage (violon), Clara Izambert
(harpe), Éric Lebrun, Marie-Ange Leurent, Lucie Flesch,
Yannick Merlin, Béatrice Piertot (orgue), Philippe Bary
(violoncelle). Chacune des quatre parties étant précédée d’une antienne
grégorienne chantée par Isabelle Frémeau (soprano).
« Bohemia ». Josef SUK
(1874-1935) : Quatre Pièces pour
violon & piano op.17. Leoš JANÁČEK (1854-1928) : Dumka ; Sonate pour piano & violon. Bohuslav MARTINŮ
(1890-1959) : Sonate n°3 pour
piano & violon H.303. Milena DOLINOVA (ca 1856-1891) & Krystof MARATKA (°1972) : Czardas III. Marianne Piketty, violon. Dana Ciocarlie,
piano. Integral Classic (www.integralclassic.com) : INT 221.173. TT :
71’21.
Inspirées de chants traditionnels, les pièces de Suk
et la Dumka de Janáček sont une parfaite
initiation aux couleurs de l’âme slave. Rayonnante joie de vivre, avec
quelques échos de jazz, la 3e Sonate de Martinů est l’un de ses chefs-d’œuvre. La Sonate de Janáček est l’expression
sauvage et douloureuse d’un génie solitaire. La transcription par Krystof Maratka
de la Czardas de Milena Dolinova
est ouverture à la musique de l’un des plus brillants compositeurs tchèques
d’aujourd’hui. Par deux virtuoses particulièrement concernées, un disque
enthousiasmant.
Perles oubliées de la flûte. Œuvres
de Mel Bonis, Max Meyer-Olbersleben, John Francis Barnett & Edwin
York-Bowen. Michel Moragues, flûte. Kyoko Nojima, piano. Saphir (www.saphirproductions.net) :
LVC 1112. TT : 74’55.
Élève de Rampal, le flûtiste Michel Moragues a fondé,
avec ses frères, le Quintette Moragues. Il interprète ici, avec le
talent qu’on lui connaît, un ensemble de pièces qui ne manqueront pas
d’enrichir le répertoire, déjà fort étendu, de son instrument : Sonate de Mel Bonis, Fantaisie-Sonate op.17 de Max
Meyer-Olbersleben, Grand Sonata op.41
de John Francis Barnett et Sonata op.120
d’Edwin York-Bowen.
Franz
& Karl DOPPLER : Musique pour
deux flûtes & piano, vol. 1. Claudi Arimany & Shigenori Kudo
(flûtes), Alan Branch (piano). Saphir (www.saphirproductions.net) :
LVC 1119. TT : 73’33.
Les huit morceaux ici enregistrés furent écrits entre
1852 et 1860, à l’occasion de tournées des frères Doppler. De ces
compositeurs, fort célèbres en leur temps, ont été ici enregistrés : Duettino sur des motifs hongrois op.36, Andante & rondo op.25, Fantaisie sur des motifs hongrois op.35, Concert-paraphrase op.18, Souvenir de Prague op.24, Valse di bravura op.33, Rigoletto-Fantasie (d’après Verdi)
et Souvenir à Mme Adelina Patti op.42
(d’après Bellini).
« Unlimited ! »
Avec Éric Aubier (trompette) & Thierry Escaich (orgue). Coffret
de 2CDs Indesens (www.indesens.fr) :
INDE025. Distr. Codaex (CD physique) & Believe
(digital). TT : 56’31 + 55’28.
Le 1er CD est consacré à quelques
« tubes » indémodables : Trumpet Volontary (Jeremiah Clarke), Ave Maria (Bach/Gounod), Ave Verum (Mozart), Agnus Dei (Bizet),
extraits de Suites, Partita, Cantate et Sonate (J. S. Bach) ainsi que, dans des arrangements de Th. Escaich, Amazing Grace, Nobody knows et un Christmas
Medley. Le 2nd CD comporte des pièces de
compositeurs de notre temps : André Jolivet, Ivan Jevtic,
Nicolas Bacri, Henri Tomasi et… Thierry Escaich. Loin de
cette ridicule superbe que, dans pareils duos, nous auront infligée tant de
trompettistes, Éric Aubier ne fait pas, pour autant, « pavillon bas » !
D’une parfaite musicalité.
Richard WAGNER & Richard STRAUSS. Kirsten
Flagstad, soprano. Orchester der Städtischen Oper Berlin, dir. Georges Sebastian. 2CDs Audite (www.audite.de) : 23.416. TT :
54’38 + 42’17.
Voix grandiose et grandioses visions d’une
frémissante humanité… En 1925, à Berlin, Kirsten Flagstad interprétait, de
Wagner, les Wesendonck-Lieder, trois
extraits de Tristan (dont Isoldes Klage und Liebestod) et le final
du Götterdämmerung (Brünnhildes Schlussgesang), ainsi que, de
Richard Strauss, les 2e, 3e et 4e des Vier letzte Lieder, suivis du monologue
d’Elektra (Orest ! Orest ! O lass deine Augen). Plongées
dans des cratères d’une violence qu’aura seule pu égaler, dans R. Strauss,
une Leontyne Price… Bonheur de retrouver aussi Georges Sebastian,
cet immense chef d’orchestre naturalisé français qu’une honteuse cabale tint si
longtemps éloigné de nos maisons d’opéra.
L’Occidentale
de fanfare : Version Originale.
Le Maxiphone collectif (www.lemaxiphone.com).
TT : 63’58.
N’excluant pas plus le jazz, le rock, le funk que le
reggae, cette peu banale formation de 9 musiciens fonde sa quête d’un tout
nouveau répertoire, inspiré du folklore français, sur la polyvalence
instrumentale de ses membres : Anne Colas (flûtes), Guillaume Schmidt
(saxophones), Fred Pouget (clarinettes), Ronan Legourierec (bombardes
& saxophone baryton), Fidel Fourneyron (trombone & tuba),
Anthony Maselin (cornemuse & uillean pipe), Claude Barrault
(trompette, bugle, saxhorn & cornet), Maurice Fari (percussions) et
Gwen Goulène (bombarde, accordéon, flûte, percussions, harpe). Quatorze titres,
dans de savoureux arrangements signés Fred Pouget, Gwen Goulène,
Ronan Legourierec ou Gilles Chabenat.
Collectif
RUKA : Ceci n’est pas une fanfare. Jazz Bond Association (www.jazzbondassociation.info) : JBR 9. TT :
36’06.
Joyeux collages sonores « gagueusement » assumés ! Sous huit titres : Ainsi naissent les hommes / Interdit aux tartes, même tenues en laisse / No entiendo nada / Rüka baga / Ceci n’est pas une fanfare / Arrête ton pipeau / Sous
le manteau / Baroco loco.
Quatre énergumènes menant la danse : Marc Béhin (guitares, ukulélé,
gongs, cloches), Eduardo Palacio (percussion, batterie, appeaux), Yvan Picault
(saxophone, clarinette basse, sifflets) et Olivier Wiesner
(guitare préparée, basse).
Francis Gérimont.
Olivier GREIF : Concerto « Durch Adams Fall ». Sonate
de Requiem. Henri Demarquette
(violoncelle). Giovanni Bellucci (piano). Orchestre national de France, dir. Jean-Claude
Casadesus. Accord : 480 3761.
Le lecteur connaît assez les
options esthétiques de la signataire de ces lignes pour ne point s’étonner de
l’agacement éprouvé à l’écoute d’un langage qui abuse du collage et de schèmes simplistes.
Cet agacement se heurte à la conscience – soyons honnêtes jusqu’au bout – d’éprouver
une empathie sincère pour un auteur déchiré par les tragédies de l’histoire,
lequel endossa lesdites tragédies au point de s’abîmer dans une errance
claustrale de l’esprit (que l’on nous pardonne l’oxymore, mais on sait comment
Olivier Greif disparut de la scène musicale), puis de revenir à son art en
y jetant le cri de toutes les douleurs humaines… jusqu’à la mort.
Tout le disque est porté par le
chant, au galbe absolument parfait, de l’archet d’Henri Demarquette ;
son émotion est communicative, jamais « surjouée », toujours modulée
par un pur vibrato qui caresse l’attention de l’auditeur. La Sonate de Requiem lui ouvre le champ
d’un chaleureux compagnonnage avec Giovanni Bellucci. Que
Jean-Claude Casadesus nous excuse, mais pour lui décerner d’aussi laudatives
mentions, faudrait-il encore qu’il ait quelque chose à faire, et l’on touche là
une faiblesse d’Olivier Greif, à savoir une inexpérience dans le champ de
l’orchestration dont il prenait peut-être la mesure quand, avec lucidité, il
disait à la fin de sa vie : « Je crois que je commence à être un vrai
compositeur ». En effet, son trop long retrait du monde et sa mort
précoce (après un si bref retour à la vie musicale) l’auront privé d’un
élargissement de son savoir compositionnel qui aurait étayé la portée de son
inspiration ; nous voici à jamais orphelins d’une écriture à laquelle
manquèrent les outils dont se serait assurément servi, pour mieux sculpter son
message bouleversant, cet esprit tourmenté par les plus hauts mystères.
Marc MONNET (°1947) : Bosse, crâne rasé, nez crochu, pour
deux pianos, ensemble & transformations en temps réel (2000) (a). Imaginary Travel, pour piano & électronique (1996) (b). Épaule cousue, bouche ouverte, cœur fendu, pour violon
solo, ensemble & transformations en temps réel (2008) (c). (a) Géraldine Dutroncy & Dimitri Vassilakis
(pianos), Ensemble Court-Circuit, dir. Pierre-André Valade, Alexis Baskind
& Gilbert Nouno (informatique musicale Ircam). (b) François-Frédéric
Guy (piano) & Thierry Coduys (informatique musicale). (c) Tedi
Papavrami (violon), Daniel Gloger (contre-ténor), Ensemble Court-Circuit,
dir. Pierre-André Valade & Thierry Coduys (informatique musicale).
2CDs Zig-Zag Territoires (www.zigzag-territoires.com) :
ZZT 100403.
Les titres fantaisistes de Marc
Monnet répercutent l’esprit de dérision qu’il a glané lors de ses années auprès
de Mauricio Kagel, mais quand on franchit ce pas déconcertant, il vaut de
ne s’attacher qu’à la musique. Comment ne pas disperser l’écoute quand se
juxtaposent ou se télescopent des atmosphères tellement antagonistes ?
Par un sens des enchaînements littéralement cinématographique, voire cinétique.
Dans Bosse, crâne rasé, nez crochu, une virtuosité exubérante succède à des gouttes d’atmosphère
intimement posées, un relent de bal américain s’interpose entre de mystérieuses
touches de transformation électronique de l’émission sonore ; louons une
nouvelle fois l’osmose des étonnants duettistes que nous avions admirés au
Festival Messiaen, Géraldine Dutroncy & Dimitri Vassilakis,
et leur empire sur le jaillissement des timbres de leurs claviers, la
distillation de l’émotion poétique et le déploiement de la matière sonore.
Épaule cousue,
bouche ouverte, cœur fendu nous enveloppe de couleurs sombres ouvrant sur des
paysages profonds où l’électronique trace des échappées fantastiques autour du
violon puissant de Tedi Papavrami engagé dans de véritables cadences concertantes. La présence sonore de ces captations est
exceptionnelle. Il faut dire que, pour l’enregistrement des deux œuvres
avec ensemble, Marc Monnet s’est adjoint un preneur de son de l’Ircam,
Frédéric Prin, et un directeur artistique de luxe : le compositeur
Philippe Hurel, co-fondateur de Court-Circuit (dont les musiciens se
montrent au mieux de leur forme). Et, comme par hasard, il en ressort une
prise de son magnifiquement fidèle, judicieusement dosée avec l’électronique
(aux interventions pourtant très subtiles), donc guidée par l’oreille d’un vrai
musicien. Les deux ouvrages des années 2000 témoignent d’une considérable
évolution du compositeur, qui nous séduit assurément.
La pièce de 1996, Imaginary
Travel, pour bénéficier du prestigieux concours de François-Frédéric Guy et
montrer des essais électroniques savoureux, n’en restait pas moins tributaire
des « tics » d’une époque déjà révolue à sa date de
composition ; le résultat n’aboutit pas à une œuvre « composée »,
mais à une accumulation d’expérimentations. Le voyage imaginaire de Marc Monnet a donc franchi de nouvelles
étapes ces dernières années, qui le propulsent vers des horizons aux
perspectives élargies.
Camille SAINT-SAËNS : Symphonie
n°3, Concerto pour piano n°4. Les Siècles, dir. François-Xavier
Roth, avec Daniel Roth (à l’orgue de Saint-Sulpice),
Jean-François Heisser (piano Érard de 1874). Musicales Actes Sud :
ASM 04 (distr. Harmonia Mundi).
Nous nous sommes déjà exprimés (Lettre d’information de juin 2010)
sur les réserves que nous inspire la musique du XIXe siècle
jouée « sur instruments d’époque »… et sur l’adhésion que nous
inspire l’incontestable talent de François-Xavier Roth. Témoignages
appréciables de concerts, ces captations associent deux partitions en ut mineur de Saint-Saëns. Dès
les premières mesures de la 3e Symphonie,
une prenante atmosphère s’immisce et, de chaleureux essors en nerveuses
exhortations, on se laisse convaincre par une interprétation dont les
intentions expressives touchent juste. L’acoustique de l’église de
Saint-Sulpice enrobe le son de l’orchestre et pallie les restrictions
d’effectif, mais on entend à peine le piano – même à 4 mains au plus fort
de l’action. Avant que ne résonne le tutti – qui s’impose par l’arithmétique du nombre –, ceux qui ont intimement connu le
chef-d’œuvre de Cavaillé-Coll au temps de Marcel Dupré (au temps où il
sonnait si majestueux, incomparablement clair et ample à la fois) ne peuvent
que s’émouvoir de l’entendre sonner « petit ». Raillons au
passage la convention qui consiste à déranger les « stars » des
organistes pour plaquer quelques accords qu’un étudiant de conservatoire ferait
aussi bien. Car il ne s’agit en rien d’une symphonie concertante !
Rappelons-le avec force, cette symphonie est anglaise (Saint-Saëns, concertiste, fit de nombreuses tournées en
Grande-Bretagne, et l’op.78 lui fut commandé par la London Philharmonic Society
qui en assura la création) : elle comporte un orgue car il était « normal »,
en Angleterre, d’intégrer l’orgue à l’orchestre, l’instrument à tuyaux se
trouvant « normalement » sur les plateaux de toutes les salles de
concert ; on trouve l’orgue dans l’effectif de nombreuses partitions
symphoniques anglaises du temps (Charles Villiers Stanford, Gustav Holst,
avaient d’ailleurs reçu une formation d’organiste dans leur cursus
« normal » d’études), et c’est avouer la grande misère de la France
en matière d’orgues de concert que d’aller jusqu’à souligner cette
particularité – qui n’en est une qu’à l’intérieur de nos frontières – en l’adjoignant
au titre ! Or la partition, dédiée à la mémoire de Franz Liszt,
s’intitule 3e Symphonie
en ut mineur, point à la ligne.
Les concertos pour piano
comptent parmi les chefs-d’œuvre de l’immense pianiste que fut Saint-Saëns, et
le caractère des thèmes du 4e (notamment le premier, avec son
insistance sur la quarte augmentée de l’appoggiature) justifie la tendresse que
lui porte Jean-François Heisser. L’intelligence des deux interprètes met
en valeur tous les caractères que la mobilité de la composition fait défiler.
Alors, que penser du piano Érard de 1874 par lequel le soliste répond aux
instruments « d’époque » de l’orchestre ? Le grand
pianisme de Saint-Saëns se situe dans la filiation de celui de Liszt, c’est
dire que ces virtuoses-compositeurs ont stimulé l’évolution du piano moderne
vers plus de brillance et de sécurité d’intonation, qualités que l’on nous
permettra de préférer à la voix vacillante de l’aïeul. Le piano Érard,
tout comme l’orchestre, s’avère à cours de réserve pour monter l’effervescence
de l’Allegro final.
Benjamin DALE : Sonate en ré mineur. William HURLSTONE : Sonate en fa mineur. Mark Bebbington, piano. Somm :
CD 097 (distr. Codaex).
Voici deux pièces rares pour
compléter la découverte de la musique anglaise à l’époque où elle conquérait à
peine son autonomie par rapport à l’influence post-romantique du continent.
La « première mondiale » au disque de la Sonate (1894) de Hurlstone attire l’attention sur ce talentueux
camarade d’Arnold Bax et York Bowen, victime de son asthme chronique
à l’âge de 30 ans. Les séductions romantiques s’y parent
d’évolutions du langage qui auraient probablement porté des fruits délectables,
le compositeur eût-il vécu. En revanche, la Sonate (1902-1905) de Benjamin Dale, malgré l’intérêt de sa
conception architecturale enchâssant diverses formes l’une dans l’autre,
s’avère trop longue (48 minutes !), d’autant que le jeu de Mark Bebbington,
élégant mais pas assez coloré dans l’extension de la palette dynamique, ne
soutient guère l’intérêt. D’un point de vue technique, on s’étonnera
d’une restitution… bizarre des résonances du piano (mauvais usage de la
réverbération artificielle ?).
William WALTON : Symphonies
n°1 et 2. Orchestre national de Lille, dir. Owain Arwel
Hughes. Bis : SACD-1646 (distr. Codaex).
L’implication d’un orchestre
français dans un enregistrement de musique anglaise est suffisamment rare pour
être soulignée. Le chef gallois Owain Arwel Hughes donne une image au
dynamisme presque « américain » de ces deux symphonies dont il
privilégie le brio et l’alacrité, mais sans réussir à vaincre l’acidité qui
entache le jeu des cordes et des bois lillois, privant cette version pleine
d’impact de concurrencer d’antérieures réalisations dues aux grands orchestres
anglais.
Sylviane Falcinelli.
Niccolò PAGANINI : 24 Caprices pour violon seul.
Julia Fischer, violon. Universal/Decca : 478 2274.
TT : 79'42.
La jeune violoniste Julia
Fischer, déjà figure notable de la profession, s'attaque aux fameux Caprices de Paganini. Pour le côté
virtuose de ces pièces ? « Précisément parce qu'elles ne le sont
pas » réplique-t-elle. Et pour dissiper les malentendus associés au
qualificatif de musique diabolique, colporté avec la vigueur du dogme ou
illustré par ce portrait tourmenté que fit Delacroix du
compositeur-interprète. L'art violonistique porté à sa quintessence
plutôt. Il faut se rappeler qu'il s'agissait dans l'esprit de son auteur
d'exercices de travail, non censés être joués en concert. Et pourtant,
entendue dans sa continuité, une certaine logique se dégage de cette
somme : une suite de pièces d'un seul tenant ou figurant quelque scène contrastée
en plusieurs séquences, voire en la forme d'un thème et variations.
Au-delà des difficultés techniques amoncelées à l'envi, Julia Fischer fait
montre d'une belle autorité, d'une sûre maîtrise de l'intensité et des
couleurs. On est séduit par la sonorité charnue, le sens de la
déclamation faite de sensibilité, l'étonnante fluidité du discours.
Quelques choix personnels s'avèrent judicieux, comme le fait de jouer le 6e Caprice avec la
sourdine, ce qui introduit comme un halo de mystère et un agréable répit au milieu
de mille courses échevelées. Surtout, elle ne cherche pas à solliciter le
texte pour l'effet en soi. À cet égard les fins de morceaux restent d'une
remarquable discrétion. Une prise de son naturelle fait le reste.
Maurice RAVEL : Concerto « pour la main gauche » pour piano et orchestre en ré majeur. Concerto en sol majeur
pour piano et orchestre. Miroirs. Pierre-Laurent Aimard,
piano. The Cleveland Orchestra,
dir. Pierre Boulez. Universal/DG : 477.
TT : 70'32.
Voilà un bien beau disque de piano,
et généreux ! Avec les deux concertos pour piano, composés simultanément,
Ravel livre son dernier message. Si l’on a pu dire que les pièces forment
un couple, chacune développe une atmosphère bien spécifique : enjoué,
insouciant, insolite avec ses traits jazzy, mais aussi lyrique quoique sans
effusion, pour ce qui est du Concerto
en sol ; dramatique, presque tragique, en ce qui concerne celui
conçu « pour la main gauche » où « tout est tension » selon
Boulez. Pierre-Laurent Aimard les aborde sans a priori, concerné
plus par le phénomène acoustique et la perfection formelle que par la
virtuosité et la pure brillance pianistique. La rythmique est implacable
dans le Concerto en ré où cette
main unique qui balaie le clavier de gauche à droite donne l'impression qu'en
réalité les deux mains sont à l'œuvre. C'est de précision incisive qu'il
faut parler à propos de l’œuvre-sœur où domine l'esprit de divertissement avec
de pittoresques clins d'œil. Dans l'un et l'autre cas, le tissu
orchestral peaufiné par Boulez est pure splendeur : rythmique qui, pour
être instable, reste lumineuse, formidable impact des tuttis, absolue
transparence du discours. Miroirs forme un complément
naturel. Dans ces pièces pour piano seul, d'une ingéniosité rare, Ravel
semble s'inspirer du chatoiement de l'orchestre. Aimard pare son
interprétation d'une élégance toute française. On y admire, comme dans
les pièces concertantes, le souci d'allègement de la texture par des attaques
claires et franches, l'objectivité qui tourne le dos à quelque impressionnisme
à la manière d'un Debussy ; car pour reprendre le mot de Cortot, « là
où Debussy suggère, Ravel élucide et précise ». Mais aussi les
harmonies puissamment suggestives (Une barque sur l'océan),
insaisissables (Noctuelles) ou encore presque réalistes par une écriture
« en pointe sèche » (Alborada del gracioso). Il en
révèle surtout l'étonnante modernité.
Richard WAGNER : Parsifal, festival scénique sacré en
trois actes. Livret du compositeur. Gary Lehman, Violeta Urmana,
René Pape, Evgeny Nikitin, Nicolai Putilin, Alexei Tanovitski.
Chœurs et Orchestre du Théâtre Mariinsky, dir. Valery Gergiev. 4 SACDs
Mariinsky : MAR0508. TT : 258'35.
Il est, décidément, peu de
domaines que Valery Gergiev n'aborde. Sa passion pour la musique de
Wagner ne date pas d'hier. On se souvient d'une exécution mémorable de Parsifal précisément, à Salzbourg, il y a bientôt dix ans. Aujourd'hui, à la
tête de son orchestre, il revient à l'ultime chef-d'œuvre du maître de
Bayreuth, après avoir fréquenté le Ring, le Vaisseau ou Tristan.
Fruit d'exécutions de concert, le résultat est convaincant. Gergiev
privilégie un discours hiératique, ménageant de suggestifs silences, aux Ier et IIIe actes, quoique le début de ce dernier arbore une
lenteur à la limite de la surcharge. Le second, abordé avec vivacité,
prend une tonalité plus théâtrale qu'accentue l'excitation d'un brelan de
filles-fleurs menées tambour battant et non sans une pointe d'acidité vocale,
d'un curieux effet ici. Partout ressort la clarté de l'orchestration, son
authenticité, ses sombres couleurs, comme le sens de la construction.
L'orchestre du Théâtre Mariinsky fait montre d'une qualité instrumentale
remarquable, dans l'articulation notamment, nette et précise. Il n'est
pas de pupitres qui ne méritent des éloges. Cette exécution est adornée
par une distribution de haut niveau. Le Gurnemanz de René Pape la
domine, de son riche timbre de basse chantante capable de merveilleux
pianissimos. Le ton de conversation adopté dans le grand récit du I,
comme lors de l'échange au III avec Parsifal apporte au personnage une
vibrante humanité et une expression dépourvue d'emphase. Evgeny Nikitin,
Amfortas, est plus en retrait : le portrait reste dépourvu de l'ultime
émotion qui rend ce roi déchu si bouleversant dans sa souffrance, et la voix a
tendance à se durcir lorsque sollicitée dans le registre aigu.
Violeta Urmana, Kundry, offre de la femme séductrice et pécheresse un
intéressant portrait, quoique, là aussi, gênée par les passages exposés.
Gary Lehman assure le rôle-titre de sa voix barytonnante et de modeste
calibre. La composition manque cependant de charisme. La partie
chorale est irréprochable et l'effet d'étagement sonore entre ses diverses
composantes, chœurs d'hommes, de femmes, d'enfants, est parfaitement
jaugé. Là comme ailleurs, la prise de son achève un bel équilibre
orchestre-voix.
« ¡México! », chansons
mexicaines. Rolando Villazón, ténor. Simon Bolivar soloists and guests. Universal/DG :
477 8769. TT : 65'48.
Rolando Villazón aime
chanter. Comme tout citoyen mexicain. Il se fait plaisir en
proposant un bouquet de chansons de son pays qui, assure-t-il, « ont une
valeur artistique qui va bien au-delà du divertissement ». Son
enthousiasme est intarissable et cela se ressent. À mi-chemin entre le
chant populaire et l'air classique, empruntant à la danse par leurs mouvements
chaloupés et autres rythmes latino, ce sont des musiques brillantes. Leur
originalité s'enrichit de la sonorité d'instruments à percussion typiques comme
les maracas, ou à corde, tel le cuatro, cette singulière guitare vénézuélienne
à quatre cordes. Les arrangements ont été préparés avec soin. Le
ténor dit avoir préféré « un petit ensemble de chambre à des arrangements
de type hollywoodien pour orchestre symphonique ». Fort à propos,
pour restituer à ces chansons leur caractère intime. Enregistré en mars
dernier, après quelque mois d'abstinence, le disque met en avant une belle
condition vocale. On a infiniment de plaisir à retrouver le legato de ce
timbre ensoleillé. La langue espagnole en devient un régal. Aigus
lumineux, pianissimos susurrés, notes tenues, fins en falsetto ou en note
diminuée, tout est fait pour laisser s'épanouir le charme de cette musique un
brin sensuelle, attachante dans sa simplicité, et permettre de « faire
ressortir son caractère joyeux », quel que soit le sentiment exprimé.
DVD
Charles GOUNOD : Mireille. Opéra en cinq actes
& sept tableaux. Livret de Michel Carré, d'après le poème Mirèio de Frédéric Mistral. Inva Mula, Charles Castronovo,
Franck Ferrari, Alain Vernhes, Sylvie Brunet, Anne-Catherine
Gillet, Sébastien Droy, Nicolas Cavailler. Chœur et Orchestre
de l'Opéra national de Paris, dir. Marc Minkowski. Mise en
scène : Nicolas Joel. 2DVDs Fra Musica : FRA002. TT :
2h32'.
Saisie en direct à l'Opéra
Garnier, lors de l'inauguration de la saison 2009/2010, Mireille n'aura
pas tardé à nous venir en DVD. Si le tragique émerge vite dans cet opéra,
l'action n'y progresse que lentement, sans imprévu. Elle se concentre sur
l'atmosphère poétique et la trajectoire d'une insouciante jeune fille qui,
confrontée au drame de la jalousie amoureuse, connaîtra une sorte d'assomption
mystique. La mise en scène de Nicolas Joel se plaît à illustrer une
atmosphère, celle d'une Provence gorgée de soleil, et à tracer des portraits
pourvus d'émotion et de simplicité. La captation filmée ne cherche pas à
se départir d'une certaine neutralité. Elle saisit au premier degré une
direction d'acteurs qui se veut objective, presque convenue ; ce qui peut
montrer ses limites. Ainsi du personnage d'Ourrias, le prétendant
malheureux, dont le rictus de dépit s'étale bien généreusement. Les tons
mordorés de frondaisons de plusieurs des tableaux séduisent, comme les costumes
d'une belle couleur locale provençale. Mais le tableau du Rhône et son
atmosphère fantastique donnent peu de choses à voir, comme celui du désert de
la Crau, écrasé d'un soleil aveuglant. Reste que la caméra se plaît alors
à détailler le calvaire de Mireille en de magnifiques plans rapprochés, mettant
en évidence l'engagement de l'interprète dont la naïveté touchante a laissé
place à une déchirante détresse. Tout comme la jeunesse et la passion
contrariée de Vincent sont ailleurs finement évoquées. L'exécution
musicale est remarquable : la direction flamboyante de Marc Minkowski
nous régale de la richesse mélodique que Gounod a accumulée, dont l’ensemble
des protagonistes se font une fête.
Georges BIZET : Carmen. Drame lyrique en trois
actes. Livret d’Henri Meilhac & Ludovic Halévy, d'après la
nouvelle de Prosper Mérimée. Elīna Garanča,
Roberto Alagna, Barbara Frittoli, Teddy Tahu Rhodes, Keith Miller. The Metropolitan Orchestra, Chorus
and Ballet, dir. Yannick Nézet-Séguin. Mise en scène :
Richard Eyre. 2DVDs Universal/DG : 073 4581.
TT : 156'.
La production de Carmen du
Met donne à voir le grand spectacle comme on l'aime à New York dans des
décors grandioses et une mise en scène démonstrative. Transposé dans les
années 30, le plus réussi est sans conteste le premier acte qui grâce à un
décor évolutif, saisit ses divers climats, qui de la place grouillante de
Séville, qui de la caserne et de sa soldatesque nonchalante. Le deuxième
est attrayant, quoique encombré d'une effervescence hystérique lors de l'entrée
d'Escamillo dont l'air fameux frôle la parodie à force de mimiques
ampoulées. Les choses tournent court au troisième qui se complaît dans
quelque poncif décoratif de paysage montagneux. Le dernier connaît une
franche animation avec défilés hauts en couleurs où ne manquent ni les picadors
ni le pauvre curé. L'extrême mobilité de la caméra et la variété des
angles de vue (dont une captation frontale, comme du premier rang d'orchestre)
suit habilement personnages et ensembles. On se souviendra de quelques
belles images (le visage de Carmen durant l'air de José, le duo final).
La haute définition apporte une indéniable relief. Dommage qu'on ait
choisi la version avec les récitatifs de Guiraud dont l'impact dramatique est
bien mince. La distribution est dominée par la Carmen d’Elīna Garanča,
irrésistible, sans pathos inutile, magistralement chantée. Le
Don José de Roberto Alagna a, certes, encore à dire, mais n'a plus la
brillance d'hier ; ce qui le conduit à prendre des risques tel ce falsetto
concluant l’air de la fleur. La bonne surprise vient de la Micaéla de
Barbara Frittoti, d'une belle ligne vocale. La déception, de l'Escamillo,
desservi par un physique impossible de géant bellâtre et un chant passé en
force. Yannick Nézet-Séguin tire de superbes sonorités de l'orchestre du
Met, même s'il favorise des tempos rapides, voire martelés (l'air du toréador)
et a tendance à appuyer sur l'effet.
Jean-Pierre Robert.
« Chorus », la première émission rock d’Antoine de
Caunes. Réalisation : Claude Ventura. Coffret de 3DVDs
Ina éditions (www.ina.fr). Livret
de 24 pages (Interview d’Yves Bigot / Entretien avec Antoine
de Caunes / Le petit dictionnaire du rock).
Diffusée de septembre 1978 à juin
1981, « Chorus » c’était, sur le service public, 37’00 de musique live, chaque semaine. Une
programmation qui rend compte de l’incroyable foisonnement du rock à cette
époque charnière. En trois séquences : Playlist (sélection à voir et écouter), Big Live (performances les plus mythiques), Live Express (meilleurs live de « Chorus »). DVD 1 : The Clash sur la scène du Palace +
Magma, Telephone, The Cure, Siouxsie & The Banshees, Ramones,
Stray Cats. DVD 2 : ZZ Top au Pavillon
Baltard + Trust, The Jam, The Stranglers, The Undertones,
Madness, Tom Waits, Garland Jeffreys, Tom Petty. DVD 3 : The Police
au Théâtre de l’Empire + Jacques Higelin, Peter Gabriel,
Dire Straits, The Pretenders, Captain Beefheart, Elvis Costello.
À l’Ina, mille grâces !
Francis Gérimont.
Haut
Musique(s)
Par Hervé Guilleminot
Gallimard Jeunesse
Collection : Tothème
Thèmes : Musique – Instruments – Société – Jeune - Concert
96 pages
13,90 €
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incite le lecteur à réfléchir de façon ludique. Des textes concis et
accessibles offrent des repères précis. La mise en scène est dynamique et
aiguise la curiosité en mettant les informations en perspective.
Qui sont les leaders du rock’n’roll,
du blues, du psychédélisme, du reggae ou de l’électro ? Quel est
l’album incontournable d’Elvis Presley, de Prince, de Madonna ou de
Mickael Jackson ? Quel support a entraîné le plus de changement dans
les habitudes d’écoute de la musique parmi le vinyle, la K7, le CD et le
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entrées, pénétrez dans l’univers de la musique, vivez tous les grands concerts,
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passionné de rock en tout genre, a écrit de nombreuses biographies de stars du
rock telles que Kurt Cobain, les Beatles, les Rolling Stones, les
Doors, U2…
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Tremblements de tête
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Tiré du dernier spectacle
d’Hervé Suhubiette, Tremblements de tête est un étonnant livre-disque où règne un joyeux désordre, fait de rêveries,
fanfares et inventions sonores.
Le CD démarre sur deux chansons : Bonjour ! et Pour entrer dans ma tête qui donnent le
ton. Hervé Suhubiette nous convie à un véritable voyage
introspectif. Tour à tour en colère, amoureux, mélancolique et joyeux,
l’artiste nous fait partager ses pensées, humeurs et coups de gueule, sans
jamais oublier son public : les enfants.
Les thèmes correspondent aux multiples
questions des enfants : le deuil, la complexité de l’état amoureux, la
capacité à rêver ou encore le désir d’être un autre.
Au son du piano et de l’accordéon,
entre fanfare et mélodies plus douces, ses chansons pêchues et touchantes sont
ponctuées de bruitages : klaxons, sonnettes, tic tac de l’horloge et
autres bizarreries. Hervé Suhubiette fait partie de cette nouvelle scène
de la chanson, originale et créative, qui n’est pas sans rappeler l’énergie
d’Higelin.
Le livre-disque est illustré
avec douceur, à l’aquarelle, par Anouck Boisrobert, nous entraînant dans son
univers onirique - puissant et mélancolique.
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