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Supplément Bac 2011
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septembre-octobre 2010
n° 567
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mai-juin 2010
n° 566
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Sommaire :
1. Editorial : Célébrations
2. Informations générales
3. Varia
4. Manifestations et concerts
5. Echos du festival de Bayreuth 2010
6. Echos de touches estivales
7. Recensions de spectacles et concerts
8. L'édition musicale
9. Bibliographie
10. CDs et DVDs
11. La vie de L’éducation musicale
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Célébrations
« On ne sait jamais ce que
le passé nous réserve. »
(Alexandre Breffort)
Dans un monde en constante
accélération où le flot des événements n’a de cesse de précipiter dans l’oubli
les vagues précédentes, battre le rappel de la mémoire est un indéniable devoir
civique. Cependant qu’étaient seuls jadis commémorés les événements
religieux - auxquels on adjoignit plus tard les hauts faits politiques ou
militaires -, il n’est guère aujourd’hui de célébration plus capitale que
celle des grands millésimes de notre culture.
On peut certes, en des domaines
voisins, déplorer des excès : est-il, par exemple, journée de l’année qui
ne soit dédiée à quelque soi-disant noble cause - journée de ceci ou bien de
cela ?... Quant aux grands anniversaires - à condition de ne pas
donner dans le culte béat du patrimoine [trop ordinaire prétexte à colloques ou
rétrospectives mercantiles] -, ils permettent de (re)découvrir quelques-unes
des plus hautes créations de l’esprit humain, rassemblements festifs autour de
chefs-d’œuvre dont peut s’enorgueillir l’humanité tout entière.
Le bicentenaire, en 2010, de la
naissance de Chopin et de Schumann – même si la mémoire de ce dernier a été
quelque peu occultée en France par celle du Polonais - méritait d’être
universellement salué… C’est à ces deux compositeurs que nous consacrons le
présent dossier.
Francis B. Cousté.
Haut
BOEN spécial n°7 du 8 juillet 2010. Programmes des concours
externes & internes de l’agrégation et du Capes, session 2011.
Renseignements : www.education.gouv.fr/pid24222/special-n-7-du-8-juillet-2010.html
Le Bulletin officiel de l’Éducation nationale est
librement consultable sur :
www.education.gouv.fr/pid285/le-bulletin-officiel.html
« Doctorales
2010 » de l’Observatoire musical français : « Encourager
les jeunes doctorants à l’expression orale », par Danièle Pistone.
Écouter : www.canalacademie.com/ida5894-Les-Doctorales-de-l-Observatoire.html
Institut
de France ©DR
Réseau Varèse. Créé à Rome en 1999, ce réseau réunit 23 partenaires de 16 pays
européens. En
2010-2011
, il
soutient divers programmes consacrés à : John Cage, Iannis Xenakis,
Alberto Posadas, Rebecca Saunders, François Sarhan, Jonathan Harvey, György
Kurtág, Gérard Pesson, Michaël Jarrell, John Butcher, Beat Furrer. Renseignements : www.reseau-varese.com
Réseau
Varèse ©DR
« Création
musicale et jardins », tel est le thème de la Journée d’étude qui se déroulera, le 23
septembre 2010, de 10h00 à 16h30, en l’auditorium du Pavillon du lac, Parc de
Bercy, Paris. De la commande à la
création (coordination : Sophie Barbaux) / Expériences sensorielles (coordination : Patrick
Schneider).
Renseignements : Centre de documentation de la musique
contemporaine (CDMC) – 16, place de la Fontaine-aux-Lions, Paris XIXe.
Tél. : 01 47 15 49 86. www.cdmc.asso.fr & www.musiquecontemporaine.fr
Parc de Bercy ©DR
Mission :
Transmettre ! Parallèlement à sa vocation première de
recherche et création, l’Ircam s’engage à faire partager à tous les publics ses
savoir-faire, technologies et productions artistiques.
Renseignements :
01 44
78 48 43
. www.ircam.fr/transmission.html
« Les vacances
de monsieur Haydn », festival de musique de chambre, se déroulera
à La Roche-Posay (Vienne), du 17 au 19 septembre 2010. Pour sa 6e édition,
ce festival s’invite à la cour d’Espagne. Autour de Cassadò, Boccherini, Turina,
Granados, Albéniz, Falla, Alphonse X de Castille, Palomo, Sarasate, Ibarrondo,
Lazkano… mais aussi de Bach, Haydn, Brahms, Brunetti, Golijov, Chausson, Bizet,
Delplace, etc. Avec, notamment, la mezzo-soprano Nora Gubisch, le baryton
Atsushi Sakaï, Henri Demarquette, Jérôme Pernoo, le quatuor Cambini...
Renseignements :
05 49 90 79 43
. www.lesvacancesdemonsieurhaydn.com
Musica, « Festival international des musiques d’aujourd’hui », se
déroulera à Strasbourg, du 21 septembre au
9
octobre 2010
.
Pour sa 28e édition, Musica ne propose pas moins de
40 manifestations, 113 œuvres de 65 compositeurs – dont
37 créations & premières françaises.
Renseignements :
03 88 23
46 46
. www.festival-musica.org
Selon la
Sacem : « Pourquoi la scène ne sauvera pas les
auteurs-compositeurs. » Renseignements : www.sacem.fr/cms/home/newsletter
Le « Forum
européen de la jeunesse pour la musique » se
tiendra à Turin (Italie), du vendredi 15 au dimanche 17 octobre 2010.
Renseignements : www.emc-imc.org/working-group-youth/access
Le colloque
« Gilles Deleuze, les enjeux d’une pensée-musique » se déroulera, le 16 novembre
2010, de 10h00 à 19h15, au CDMC. Dans le cadre du cycle Deleuze et la musique, un séminaire nomade.
Coordination : Jean-Marc Chouvel, Pascale Criton & Anne
Sauvagnargues.
Renseignements : CDMC – 16,
place de la Fontaine-aux-Lions, Paris XIXe. Tél. : 01 47
15 49 86. www.cdmc.asso.fr & www.musiquecontemporaine.fr
Gilles Deleuze ©DR
Robin Gibb [notre
photo], membres
des Bee Gees, a été reconduit à la tête de la Confédération internationale
des sociétés d’auteurs-compositeurs (Cisac), laquelle regroupe
225 sociétés dans 118 pays. Le peintre français Hervé di Rosa
[cf. ci-dessous, Amoureux & mariachis,
2002] en devient vice-président.
©DR
L’Opéra national de
Paris & France Télévisions ont signé un accord de partenariat qui, durant la saison
2010-2011, permettra la diffusion des opéras Les noces de Figaro (Mozart), Jules
César (Haendel), Francesca da Rimini (Zandonai) et des ballets Caligula (Nicolas
Le Riche), Coppélia (Patrice
Bart), Les Enfants du Paradis (José
Martinez). Sont prévues dix-huit captations sur une période de 3 ans.
Renseignements : www.francetelevisions.fr & www.operadeparis.fr
Prix Observatoire
musical français (OMF)-Canal Académie. Une mention spéciale du jury des « Doctorales Musique-Musicologie »
(organisées par le BJC-OMF) a été décernée à :
- Charles
Arden (Paris VIII), Vers une
critique musicale créatrice
- Liouba
Bouscant (Lille III-Montréal), Charles
Koechlin, musicien de la Troisième République : un exemple
d’intellectualité musicale en France dans la première moitié du XXe siècle
- Étienne
Kippelen (Aix-Marseille I), La
dimension mélodique dans la musique instrumentale après 1945 :
résistances, ruptures et résurgences
- Julie
Mansion-Vaquié (Paris IV-JCMP), Le
passage sur scène, vers une recréation musicale ? L’exemple du
groupe Noir Désir
- Cyril
Pallaud (Paris IV-Bordeaux III), Orgues et société en Alsace au XIXe siècle
- Brice
Tissier (Paris IV-MINT/Montréal), Un
état des lieux des sources manuscrites pour les premières œuvres de Pierre
Boulez
Renseignements : www.bjc-omf.paris-sorbonne.fr
Institut de France. Le « Grand Prix 2010 de
Composition musicale » de la Fondation Simone & Cino del Duca,
d’un montant de 50 000 €, a été attribué à Thierry Pécou [notre
photo]. Cette fondation a, en outre, attribué des Prix d’encouragement,
d’un montant de 12 500 € chacun, à Magali Léger (soprano colorature),
Hélène Schmitt (violoniste), Bertrand Chamayou (pianiste) et Gilles Durot
(percussionniste).
Renseignements : www.academie-des-beaux-arts.fr
©DR
Le Conseil supérieur
de l’audiovisuel a réalisé une étude sur les nouveaux modes de consommation de la musique &
la nature de l’offre musicale sur les diverses antennes. Devant l’érosion
de l’audience des radios dites musicales, le CSA tente de concilier trois objectifs :
Garantir une exposition satisfaisante de la musique sur les médias
traditionnels / Veiller à l’équilibre économique des éditeurs de chaînes
dans un contexte publicitaire dégradé / Réaffirmer le rôle essentiel du
service public dans l’exposition de la musique.
Renseignements : www.csa.fr
Lauréats des « Victoires du Jazz 2010 » : Ballaké Sissoko & Vincent
Segal, pour leur album Chamber Music (« Meilleur album
international de production française »).
Renseignements : www.noformat.net/ballake+sissoko+%26amp%3b+vincent+segal-chamber+music-medias.html
« Une musique
française après 1945 ? », tel est l’intitulé du colloque qui se déroulera, du 3 au
5 mars 2011, au CNSMD de Lyon. Offres de communication à soumettre avant
le 15 septembre 2010.
Renseignements : www.cnsmd-lyon.fr/e.php?lsd=10x363x&cc=1126&tc=1
CNSMDL Médiathèque Nadia-Boulanger
Hommages au professeur franco-vietnamien Tran Van Khe.
Renseignements : http://english.vietnamnet.vn/interviews/2005/08/476208
http://english.vietnamnet.vn/Entertainment/201007/Documentary-released-to-congratulate-Prof-Khe%E2%80%99s-longevity-921919
©Phuong Nam Films
Selon l’ayatollah Ali Khameni, chef suprême de la République
islamique d’Iran [notre photo], « la musique et incompatible avec les
valeurs de la république islamique et ne doit être ni pratiquée ni enseignée ».
Renseignements : www.guardian.co.uk/world/2010/aug/02/iran-supreme-leader-music-islam
©DR
« The Effects of Jazz Music on People » : Musique classique & jazz
seraient bénéfiques pour la santé !
Renseignements : www.ehow.com/list_6819653_effects-jazz-music-people.html
©DR
***
Haut
Avant que
de mourir : Quarante choses à faire ! (or Keith Jarreth kills you…).
Renseignements : http://jazztimes.com/sections/tangents/articles/26311-the-jazz-bucket-list
Voitures
& chansons ! Grande
& petite remises sur : http://hacquard.onlc.fr/11-voiture---chanson.html
©DR
« Giant
steps ! » John Coltrane
à son meilleur (+ partition) :
www.youtube.com/watch?v=2kotK9FNEYU&feature=player_embedded#
©DR
Le Prix
Barbara, créé par
Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture – sur les instances de Mme Christine
Lagarde, ministre de l’Économie – a été attribué, le 21 juin 2010, à la
guatémalto-lyonnaise Carmen Maria Vega,
saluant ainsi une « artiste pleine de caractère et un talent
insolent ». Le jury de cette 1re édition était
composé de : Camille Bazbaz, Marie-Paule Belle, Gérard Daguerre, Gérard
Depardieu, Liane Foly, Richard Galliano, Emily Loiseau, Guesch Patti, Martin
Pénet et Alexandre Tharaud.
©Didier Plowy-MCC
Chœur à Sceaux : Koïtcho Atanassov [notre photo],
chef du chœur orthodoxe bulgare « Saint-Jean-de-Rila » (domicilié à
Sceaux, Hauts-de-Seine) vient de se voir condamné - pour nuisances sonores -
par la Cour d’appel de Versailles, à… 30 500 € d’amende.
Renseignements :
01 47 02 62 95
. atanassov@wanadoo.fr
©DR
Unesco : « El tango, patrimonio cultural de la humanidad… »
Conseil
d’administration de la Sacem 2010-2011 :
Bureau. Président : Claude Lemesle, auteur /
Vice-président : Jean-Pierre Spièro,
auteur-réalisateur / Vice-président : Nelly Quérol,
éditeur / Vice-président : Alain Chamfort,
compositeur / Trésorier : Patrick Lemaître,
compositeur / Trésorier adjoint : Alain Goraguer,
compositeur / Secrétaire général : Arlette Tabart, auteur / Secrétaire général
adjoint : Christian de Ronseray,
éditeur.
Administrateurs. Gilles Amado,
auteur-réalisateur / Jean-Pierre Bourtayre,
compositeur / Thierry Communal, éditeur / Jean Fauque, auteur / Christian
Gaubert, compositeur / Pierre Grillet, auteur / Caroline Molko, éditeur / Laurent Petitgirard, compositeur / Jean-Max
Rivière, auteur / Jean-Marie Salhani,
éditeur / David Séchan,
éditeur / Richard Seff,
auteur.
Biographies disponibles sur :
http://www.sacem.fr/cms/home/la-sacem/conseil_administration_2010_2011
©Lionel Pagès
Vidéos
de concerts en libre accès, sur : www.iconcerts.fr
Sur Facebook, 11 300 000 fans s’étaient, en juillet
2010, déclarés amis de Lady Gaga.
©DR
Musique
& sexe pair : « Étre compositeur, c’est
un métier. Pour le désigner, le neutre devrait exister en français comme
il existe en anglais et en allemand, par exemple. En allemand, on
dit : das Komposer. Se
poser la question dessert les femmes plus qu’autre chose. » (…)
« Quand je suis sollicitée pour
valoriser la condition féminine, je refuse tout net. » (…) « Selon moi, il n’y a aucun rapport entre le
genre et la musique. » [Édith Canat de Chizy, compositeur].
« Pourquoi les
grandes chefs d’orchestre internationales ne viennent-elles jamais à Paris, en
particulier pour diriger les orchestres institutionnels ? Qui, par
exemple, connaît Xian Zhang, Simone Young, Julia Jones,
etc. ? » (…) « Pourquoi
les établissements publics musicaux ou autres scènes nationales ne sont que
très rarement dirigés par des femmes ? » [Laurence Equilbey, chef
d’orchestre].
©DR
« Dans l’intimité des divas » : à Moulins (Allier), exposition - jusqu’au
31 décembre 2010
-d’une centaine de costumes portés par les plus
grandes interprètes de la scène française & internationale, de la fin du
XIXe siècle à nos jours : chanteuses d’opéra, actrices, meneuses
de revue, stars de la chanson…
Renseignements : Centre
national du costume de scène - Quartier Villars, route de Montilly,
03000
Moulins. Tél. :
04 70 20
76 20
. www.cncs.fr
Comment
s’en lasser ?
En seulement quelques jours, la britannique Susan Boyle [notre photo] est
passée de la plus parfaite obscurité à une gloire planétaire. Grâce à la
vidéo ci-dessous (déjà visionnée plus de 380 millions de fois) :
www.youtube.com/watch?v=9lp0IWv8QZY&feature=player_embedded
©Rex Features
Alzheimer… « À tous les stades de la maladie, la musique est mieux mémorisée que le
langage. Et c’est surtout extraordinaire chez les patients les plus
altérés. […] La musique est un
média très riche qui sollicite de nombreuses zones perceptives et motrices.
[…] Ce sont les mêmes régions du cerveau, l’amygdale notamment, qui s’activent au plaisir du chocolat, de
l’acte sexuel ou de la musique » (Hervé Platel, neuropsychologue,
Université de Caen).
Palmarès
2009 de la Sacem : www.sacem.fr/cms/home/la-sacem/palmares-espace-presse
Sacem ©Jean-François Laurent
***
Haut
« Ivresses : Musiques entre Ciel et
Terre », tel
est l’intitulé du Festival d’Île-de-France qui se déroulera - sur quelque
trente sites - du 5 septembre au 10 octobre 2010. Concerts, visites,
rencontres musicales, ateliers & masterclasses, sensibilisation scolaire…
Renseignements : 01 58 71 01 01. www.festival-idf.fr
« Jazz is not dead, it just smells funny » [Frank Zappa]. Jazz à la Villette, du 31 août au 12 septembre 2010.
Renseignements : 01
40 03 75 75. www.cite-musique.fr/minisites/1009_jazz_villette/programme.aspx
Théâtre impérial de
Compiègne : « Trois siècles de musique de chasse »,
le vendredi 10 septembre 2010, à 20h30. Œuvres de Vivaldi,
J. S. Bach, Rameau, Couperin, Weber, Schubert, Schumann, Brahms &
extraits de la Messe de Saint-Hubert.
Renseignements : 03 44
40 01 00. www.musiqueauriad.org
« Les Journées
romantiques » (dir. David Sekig & Jeff Cohen) organisent, du 8 au 16 septembre
2010, leur 7e édition : « Autour de Schumann et Chopin ». Péniche Anako, amarrée
face au 61, quai de la Seine, Paris XIXe.
Renseignements : 01 48 97 35 78. www.journees-romantiques.org
« Méditerranée(s) », tel est l’intitulé de la 31e édition du Festival d’Ambronay qui se déroulera du 10 septembre au 3 octobre
2010.
Renseignements : place de l’Abbaye,
01500 Ambronay. Tél. : 04 74 38 74 04. www.ambronay.org
©DR
Concerts mensuels
gratuits au Grand Foyer du Théâtre du Châtelet : Le
samedi 25 septembre 2010, à 19h30, soirée « Grands Solistes de l'Opéra de Paris Bastille ». Œuvres de : Beethoven, Bottesini,
Kreisler, Manoury, Paganini, Schumann… Une belle
équipe pour une belle soirée : Pierre Lénert,
alto, Frédéric Laroque, violon, Éric Lacrouts,
violon, Cyril Lacrouts, violoncelle, de l'Orchestre
de l'Opéra national de Paris et leurs invités : Jeff Cohen, piano - Ryoko Hisayama, piano - le
Quatuor Psophos & Pauline Lazayres,
contrebasse - Laurène Durantel, contrebasse,
& son quatuor à cordes : Anne-Lise Durantel,
violon 1, Gersende Mondani,
violon 2, Clémence Ralincourt, violoncelle
(membres du Quatuor Adélys) et Sylvain Durantel, alto - Étienne Durantel,
contrebasse & Julien Dassié, piano.
Renseignements : Anne-Sophie Ascher, tél. : 02 47 95 83 60. as.ascher@hotmail.fr
©Éric
Lefeuvre
25e édition du Festival Baroque de Pontoise : « Voyage
entre l’Orient et l’Occident » tous les week-ends, du 17 septembre au
24 octobre 2010. Musiques de l’Europe chrétienne, de l’Italie médiévale,
et traditions orientales côtoieront celles des Indes, de l’Asie et les rythmes
de l’Afrique. Au programme :
le violiste Jordi Savall & son ensemble Hespèrion XXI, les
clavecinistes Gustav Leonhardt et Céline Frisch, les Musiciens de Saint-Julien
dirigés par le flûtiste François Lazarévitch, Jean-Marc Aymes & le
Concerto Soave, le trio arménien Oshakan ou encore le
Paris-Istanbul-Shanghai dirigé par le percussionniste Joël Grare.
Renseignements : 7, place du Petit-Martroy, 95300 Pontoise. Tél. : 01 34 35 18
71. www.festivalbaroque-pontoise.fr
©DR
« Les grandes
voix » (septembre-décembre 2010). Au Théâtre des Champs-Élysées, à la Salle Pleyel ou
à l’Olympia : Désirée Rancatore (13/09), Joyce DiDonato (22/09), Elina
Garanča (05/10), Jonas Kaufmann (14/10), Max Emanuel Cencic (21/10), Goran
Bregovic (30/10), Bryn Terfel (05/11), Rolando Villazón (08/11 et 12/11),
Jessye Norman (19/11), Anna Caterina Antonacci & Sara Mingardo (30/11),
Philippe Jaroussky & Andreas Scholl (11/12), Patricia Petibon
(13/12).
Renseignements : www.lesgrandesvoix.fr
Abbaye de Royaumont
(Val d’Oise). Le
dimanche 26 septembre, à 17h00 : La
Damoiselle élue (Debussy), Ma Mère
l’Oye (Ravel), Pelléas et Mélisande (Fauré), 2e Concerto pour
piano (Th. Dubois). Avec Natalie Dessay (soprano), Isabelle
Druet (mezzo-soprano), Vanessa Wagner (piano). Chœur « Les Cris de
Paris », orchestre « Les Siècles », dir. François-Xavier
Roth.
Renseignements : 01 30 35 59 00. www.royaumont.com
©Michel Chassat
Opéra royal du Château
de Versailles, saison 2011 : Rinaldo de Haendel
(11 et 12 janvier), Orphée aux Enfers d’Offenbach (23, 25 et 26 janvier), Le
Couronnement de Poppée de Monteverdi (4, 5 et 6 février), Montezuma de Graun (10 et 11 février), King Arthur de Purcell (2, 3, 5 et 6
mars), Didon et Énée de Purcell (18,
19 et 20 mars), Le Médecin malgré lui de
Gounod (29 et 30 avril), Jules César de Haendel (19, 20 et 22 mai), Atys de
Lully (14, 15 et 17 juillet). Sans préjudice de nombreux concerts &
spectacles de ballet…
Renseignements : 01 30 83 74
44. www.chateauversailles-spectacles.fr
Opéra de Tours,
saison 2010-2011. Sont successivement programmés : Fidelio (Beethoven), La Veuve
joyeuse (Lehár), Don Pasquale (Donizetti), Le Nozze di Figaro (Mozart), Faust (Gounod), Simon Boccanegra (Verdi). Nombreux
récitals, concerts symphoniques & spectacles Jeune Public.
Renseignements : 02 47 60 20 00. www.operadetours.fr
©DR
Orchestre national
du Capitole de Toulouse, saison 2010-2011. Abonnements A, B, C, D /
Concerts du dimanche / Concerts Jeune Public / Concerts Hors les
murs…
Renseignements : 05 61 63 13 13. www.onct.mairie-toulouse.fr
« Le
Convenienze ed Inconvenienze teatrali », making of de l’opéra de Gaetano Donizetti (1797-1848), sera donné au Théâtre d’Arras (les
2 et 3 octobre 2010), au Grand Théâtre de Reims (les 7 et 8 décembre 2010), au
Théâtre Monsigny de Boulogne-sur-Mer (le 28 janvier 2011).
Renseignements : 06 84 09 50 61. www.laclefdeschants.com
©DR
Présence d’Elsa
Barraine. À l’occasion du 100e anniversaire de la
naissance de la compositrice (1910-1999), l’Association Femmes & Musique
organise un concert-hommage, le 15 octobre 2010, à 20h00, en l’Auditorium
de la Sacem. Programme : Paul Dukas : Variations,
interlude et finale sur un thème de Rameau (piano) / Elsa
Barraine : Thème et variations (piano), Suite juive (violon
& piano), Deux mélodies (baryton & piano), Hommage à Paul
Dukas (piano) / Simone Féjard : Mélodies (baryton &
piano) / Graciane Finzi : Et si tout recommençait… (violon
& piano). Interprètes : Odette Chaynes, Geneviève Ibanez,
Graciane Finzi (piano), Jean-Jacques David (baryton), Alexis Galpérine
(violon).
Renseignements : 01 47 63 48 80. www.annuaire-au-feminin.net/concertsfemmesetmusique.html ou : pierrette.david075@orange.fr
Elsa Barraine, 1940 ©DR
L’Institut
finlandais à Paris. Le samedi 16 octobre (à partir de
18 heures) : Bal dînatoire autour du Tango finlandais (entrée :
25 €). Avec le concours de Kirsi Ranto & Risto Nevala, détenteurs
du titre de « Reine et Roi du tango », des lauréats du concours de
chant Tangojuniori et de personnalités du monde du tango de Seinäjoki (cité où,
en 2011, se déroulera la « Cumbre Mundial del Tango »).
Renseignements : 60, rue
des Écoles, Paris Ve. Tél. : 01 40 51 89 09. www.institut-finlandais.asso.fr / www.cumbredeltango.com
©DR
Un hommage au
compositeur Jean-Marc Déhan sera organisé, le lundi 29 novembre 2010, à 20h30, en la Salle Cortot
(78, rue Cardinet, Paris XVIIe). Au programme : Duos pour clarinette & hautbois / Scherzino pour flûte & harpe / Mélodies. En création : Grande fantaisie en fa# mineur pour piano / Introduction et allegro pour piano & orchestre.
Renseignements : « Les Amis de Jean-Marc Dehan » - 22, avenue Duval-le-Camus, 92210
Saint-Cloud. Tél. : 01 47 32 34 65. francoise.chapdaniel@actimum.com
Jean-Marc Dehan ©DR
Centenaire de la
mort de Pauline Viardot. Parmi les nombreuses manifestations à la mémoire de cette grande
artiste, est programmé « Les
triomphes de Pauline », concert littéraire. Le 1er octobre,
à 20h45, au Théâtre du Grenier (7, rue du Général-Leclerc, 78380 Bougival.
Tél. : 01 39 69 03 03. service.culturel@ville-bougival.fr).
Le 10 octobre, à 15h00, en la salle de spectacle de l’hôpital
Bretonneau (23, rue Joseph de Maistre, Paris XVIIIe.
Tél. : 01 53 11 18 05. wunverein@gmail.com).
Le 14 octobre, à 20h00, en la Salle Rossini (6, rue Drouot, Paris IXe.
Tél. : 09 54 86 82 15. wunverein@gmail.com).
Avec Michèle Friang (historienne), Alexandra Turyanska (mezzo-soprano) et
l’ensemble Sérénade, dir. Clément Mao-Takacs. Le 23 octobre, de
9h00 à 18h00 : Colloque « Pauline,
une voix féminine dans l’Europe des arts », au Conservatoire
international (8, rue Alfred-de-Vigny, Paris VIIIe. Tél. :
01 44 23 97 74. mfriang@yahoo.fr).
©DR
L’exposition sonore
« Archipel » se tiendra, du 15 septembre au 1er novembre 2010, en
la Bibliothèque publique d’information (BPI) du Centre Pompidou, à Paris.
Autour des « concepts » de : Bonjour, Silence, Bruit, Recyclage, Temps, Micro/Macro, Aléas, Corps… Œuvres de : Cage,
Oosterlynck, Merzbow, Schwitters, Minton, Blonk…
Renseignements : rue
Saint-Martin, Paris IVe. Tél. : 01 44 78 40
20. www.bpi.fr
©DR
Concerts
éducatifs. Cité de la musique : « Les
Ballets russes » (samedi 2 octobre, 11h00), « Tambours sabar du
Sénégal » (vendredi 22 octobre, 14h30 / samedi 23 octobre, 11h00), « La Cinquième de Beethoven » (samedi 11 décembre, 11h00). Salle
Pleyel : « Les Ballets russes » (vendredi 8 octobre, 15h00),
« La Pathétique de Tchaïkovski » (jeudi 16 décembre,
14h30).
Renseignements : www.citedelamusique.fr & www.sallepleyel.fr ou : enseignants@cite-musique.fr
Cité de
la musique ©DR
Auditorium du
Louvre.
Saison 2010-2011 : Concerts & Musique filmée.
Renseignements : www.louvre.fr/llv/auditorium/alaune.jsp
Francis B. Cousté.
Haut
Plus que jamais la
scène de Bayreuth demeure un lieu d'expérimentation et les idées les plus
hardies y ont cours. Certes, en leur temps, les mises en scène de Wieland
Wagner faisaient figure de modernisme insolent tandis que le Ring du
centenaire conçu par Patrice Chéreau provoquait quelque émoi. Mais on ne
tarda pas à reconnaître leurs immenses mérites dont celui de fleurer le vrai
théâtre. Puis les chefs de file du Regie Theater - Kupfer, Flimm,
Guth, Marthaler, Schlingensief et autres Herheim - ont apporté leur lot de
nouveauté. Qu'en est-il aujourd'hui ? L'avant garde s'y donne
libre cours et la mise en scène devient un sujet de pure spéculation. Si
le théâtre est un miroir de la société, le matérialisme de notre époque a-t-il
besoin d'y être si étroitement représenté ? En tout cas, toute
innovation ne vaut pas en tant que telle et en vient ici à buter sur le point
essentiel de la cohérence.
Comment
être trahi par les siens : Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg.
Reprenant le
flambeau familial, l'actuelle codirectrice du festival, Katharina Wagner met en
scène Die Meistersinger von Nürnberg. La bronca qui salue son
apparition au rideau final en dit long sur le sentiment d'irritation, pour ne
pas dire d'exaspération, ressenti devant sa lecture de la pièce : une
vision mue par la volonté de faire autre chose et de ne respecter aucun des
jeux de scène minutieusement indiqués par l'auteur. À la place, on
assiste à un empilement d'effets plus curieux les uns que les autres. Le
jeune Walther von Stolzing, tignasse punk et veste de cuir, devenu artiste
peintre, est une sorte d'enfant terrible, façon sale gosse qui casse tout et
passe le plus clair de son temps à barbouiller tout ce qui lui tombe sous la
main. Hans Sachs n'a plus de cordonnier que l'idée, et vaquant pieds nus
(aux actes I et II), confie ses pensées poétiques à sa petite machine à
écrire. L'inénarrable sérénade de Beckmesser du IIe acte
sera ponctuée de frappes rageuses sur le clavier tandis qu'à chaque faute, des
espadrilles blanches tombent des cintres comme à Gravelotte. Le divin
quintette est prétexte à un double tableau de famille présentant deux couples
avec leur progéniture, David-Magdalena et Stolzing-Eva. Le concours ayant
pour prix la belle Eva est non pas un morceau de chant mais la confection d'un
tableau de théâtre, et après la remise du prix (un gigantesque chèque apporté
par deux beautés au sourire coincé comme dans un jeu télévisé), Walther et Eva
désertent la scène pour n'y plus reparaître. Autant dire qu'est éludé
l'ultime trait qui voit Eva couronner Sachs.
©Bayreuther Festspiele GmbH/Enrico
Nawrath
Pour quel message,
en fait ? Un penchant plus que paternel de Sachs pour la jeune Eva,
pourquoi pas. La lutte entre modernisme et archaïsme, bien sûr, à l'aune
de la juxtaposition au Ier acte de célèbres tableaux de Dürer et
de prototypes picturaux avant-gardistes. Reste que tout est passé au
crible d'une analyse critique systématique. Ainsi de l'allure étriquée
des Maîtres-chanteurs, empesés dans leurs rites, voire leurs rituels (ils
baisent jalousement leur petit livre jaune renfermant les règles du bien
écrire). De plus, cette lecture iconoclaste ne va pas sans contradiction.
Car s'il endosse, au IIIe acte, costume et cravate, de même
qu'il consent à se chausser, le bon Sachs sera comme déifié au final, statufié
dans un rayon de lumière, le reste de la scène plongé dans l'obscurité.
Le chantre de la liberté dans l'Art, rattrapé par le conservatisme, vit une
quasi-canonisation. Et c'est le rigide Beckmesser qui, jetant aux orties
des principes surannés, arborant désormais tee-shirt et mèche au vent, passe
pour avoir compris les enjeux de cette lutte artistique. Le comble est
que la pièce en devient longue et bavarde. Outre une absence cruelle de
climat poétique, plus d'une scène paraît laborieuse (ainsi des explications de
David au I) ou au contraire vide de sens (le court dialogue entre Pogner
et Eva au début du II). Une continuelle agitation règne
paradoxalement alentour, et pas seulement lors de l'émeute qui clôt ce même
acte. Cette vision volontiers provocatrice, trop dispersée, sous-tend une
volonté de réécrire une autre dramaturgie et ôter toute emphase poétique au
discours. Ce qui peut aller jusqu'au contresens : ainsi le célèbre
chœur « Wach auf » qui salue l'entrée de Sachs est
entonné en coulisses, ce qui est proprement inconcevable ; tout comme la
tirade de celui-ci, qui lui fait suite, est délivrée hors la présence du
peuple...
©Bayreuther Festspiele GmbH/Enrico
Nawrath
Vocalement, le
compte n'y est pas non plus : outre un Pogner très insuffisant, Artur
Korn, et une Eva bien fade, Michaela Kaune, le Sachs de James Rutherford, s’il
possède un beau métal de baryton-basse, est indolent et manque totalement de
charisme ; peu aidé, il est vrai, par une régie qui bride toute émotion.
Il souffre sans doute plus que tout autre du manque de carrure assigné aux
personnages. Quelques individualités intéressantes (un Beckmesser, Adrian
Eröd, dégagé de son habituel côté ridicule et sot, et plutôt bien chanté, un
Kothner, Markus Eiche, à la voix de stentor, et un Walther, Klaus Florian Vogt,
qui malgré un timbre ingrat, sait se ménager pour triompher avec panache du
chant de concours) ne parviennent pas à distinguer une distribution somme toute
bien banale en un tel lieu. La direction de Sebastian Weigle manque elle
aussi de lustre. Elle semble même atteinte par la vraie/fausse agitation
qui règne sur le plateau. Quelques belles nuances ne parviennent pas à
racheter une lecture à la limite du routinier ni à arracher aux chœurs des
accents de vraie bravoure.
©Bayreuther Festspiele GmbH/Enrico
Nawrath
L'opéra
des (petits) rats : Lohengrin.
Le metteur en
scène Hans Neuenfels n'en est pas à son coup d'essai. On se souvient, la
dernière année de l'ère Mortier à Salzbourg, d'une Fledermaus décoiffante
qui visait à régler quelque compte avec une fraction du public jugée trop bien
pensante. Pour ses débuts sur la Colline verte, il s'attaque au
plus tragique peut-être des opéras de Wagner, qu'il voit comme « une
musique conceptuelle ». La solitude existentielle de Lohengrin que seul le pouvoir de l'amour peut délivrer est, il est vrai, une thématique
porteuse. Au-delà du drame personnel de celui qui est seul à détenir le
secret de ce qu'il y a lieu de croire, la dramaturgie donne à voir la quête de
plusieurs vérités, l'ultime en étant celle de la révélation de l'origine du
Chevalier au cygne. Bien que se défendant de voir dans la question
interdite quelque chose de stupide, Neuenfels l'interprète dans sa
radicalité : les personnages ne rôdent-ils pas autour de la question
interdite « comme des souris ou des rats entourant un morceau de
lard ». De là procède sans doute l'idée d'habiller les membres du
chœur en... rats blancs et noirs. Car, explique-t-il, ces animaux
prolixes mais fort intelligents sont prêts, tout comme la masse du peuple de
Brabant, à accepter chaque proposition nouvelle avec fébrilité. Sorte
d'espace schématique sans repère figuratif, le plateau figure un lieu d'expérimentation
irradié d'une lumière d'un blanc aveuglant, presque clinique, où l'on devise
sur une sorte d'utopie, celle de l'identité. Reste que la métaphore de
l'homme métamorphosé en rat et du rat transformé en humain (à la faveur de
séances de déshabillage, les choristes troquent leurs hardes de muridés pour
arborer des habits jaunes d'or ou une livrée frappée du ' L '
magique) emporte son lot d'irrépressible pessimisme. Neuenfels professe
que, l'après 2001 oblige, on ne saurait échapper à « des images de peur et
de menace ». Mais la métaphore ne trouve-elle pas sa limite dans son
propre excès ? À cet égard, l'apparition finale de Gottfried, le
frère d'Elsa, tel un fœtus se dégageant peu à peu de sa coquille, et arrachant
le cordon ombilical dont il jette des bribes parmi le chœur terrassé, franchit
la limite du supportable. Même si le spectacle est réalisé avec un grand
luxe technique et revêt une plasticité certaine, on ne peut réfréner là encore
une certaine gêne.
©Bayreuther Festspiele GmbH/Enrico
Nawrath
Non que la
direction d'acteurs ne réserve quelques moments intenses. Ainsi du combat
que se livrent, dans une épaisse pénombre Lohengrin et Telramund : du face
à face serré entre Elsa et Ortrude, lesquelles poursuivent cette confrontation
inégale tels deux cygnes, l'un blanc, l'autre noir, lors du chœur des
noces ; ou encore du duo d'amour du III, qui tourne court, ou comment
le doute agit et finit par détruire deux êtres que, sans doute, tout sépare.
Comme est intéressante l'idée de faire de Heinrich l'Oiseleur un pauvre hère,
dépassé par les évènements, errant tel une figure de roi shakespearien. Mais
il y a du manichéen dans le changement de climat qui, à la dernière scène,
substitue le noir au blanc : Lohengrin, vaincu parce que la question lui a
été posée par Elsa, a délaissé sa tunique blanche immaculée pour apparaître
vêtu de noir lors du récit du Graal.
©Bayreuther Festspiele GmbH/Enrico
Nawrath
L'interprétation
musicale est cette fois de premier plan et l'on ressent enfin le frisson des
grandes soirées comme sait en offrir Bayreuth dans son acoustique magique.
La révélation en est le jeune chef letton Andris Nelsons, 32 ans, et déjà une
enviable réputation de fin musicien. Sa lecture est d'une remarquable
lisibilité. La présence sonore est étonnante, que soulignent l'élan,
l'enthousiasme du récit, comme la science innée des volumes et la magnificence
des nuances. Cela rejaillit sur le traitement des chœurs, quasiment
transfigurés par rapport à ce qu'ils étaient la veille dans Les Maîtres Chanteurs.
La distribution est sans faille. Pour ses débuts attendus à Bayreuth
Jonas Kaufmann offre une interprétation de Lohengrin d'un suprême raffinement,
misant avant tout sur le lyrisme du rôle qu'il dote de merveilleux pianissimos,
et maniant avec doigté les passages de force. Le timbre est idéal,
flexible dans le registre de tête comme affirmé dans le medium que corse une
couleur barytonnante. Excellent acteur, le ténor munichois défend avec
une passion toute intérieure l'énigmatique Chevalier au cygne. Son Elsa,
Annette Dasch, délaissant le répertoire baroque et mozartien, pénètre avec
bonheur dans l'univers wagnérien. Elle y apporte la beauté sans candeur
d'un soprano clair et une solide présence dramatique. Georg Zeppenfeld
prête au roi Heinrich un solide métier d'acteur et de basse chantante, tout
comme le héraut de Samuel Youn dépasse le rang de rôle secondaire. Les
deux personnages diaboliques, s'ils paraissent un doigt en dessous, sont loin
de démériter : l'Ortrude de Evelyn Herlitzius de sa voix gutturale lancée
à pleine puissance se tire fort bien des imprécations de cette cousine de Lady
Macbeth, et le Telramund de Hans-Joachim Ketelsen est proprement sinistre sans
sombrer dans la caricature. Une soirée mémorable donc, à plus d'un titre.
©Bayreuther Festspiele GmbH/Enrico
Nawrath
Jean-Pierre Robert.
Haut
Des scènes du bord de
Seine...
Pour clore la saison pianistique
du Théâtre des Bouffes-du-Nord (7 juin 2010), Jean-François Heisser nous donnait un programme comme on les aime, c'est-à-dire hors des sentiers
battus. Poursuivant le lancement de sa nouvelle version discographique d'Iberia (Actes Sud), il jouait le Deuxième cahier du cycle d'Albéniz, autre
crête s'inscrivant après deux sommets rarement gravis, auxquels il demeure
fidèle. Les trois quarts d'heure de la Sonate de Paul Dukas (que
Jean-François Heisser enregistra dès 1988) peuvent à la longue paraître
massifs, sauf à voir dessinés selon une pureté et une clarté toutes "classiques"
– comme ce soir-là – les lignes et les volumes d'une architecture sculptée avec
gravité. Ainsi conduit, le parcours du moindre élément devenait d'une
lisibilité saisissant l'auditeur sans risque qu'il s'égare. Par sa vaste
pièce Veränderungen, Philippe Manoury rendait un hommage fantasmé au
Beethoven des Variations Diabelli dont il reprenait le titre réel,
mais sans sacrifier à la mode du "collage" : les récentes
compositions pianistiques de Manoury apposent leur empreinte dans le répertoire
par une puissance d'appropriation instrumentale, une vigueur profondément
pensée du discours, et le montrent libéré du concept de dispersion du son, des
traces de pointillisme – séquelles du sérialisme – auxquelles il avait sacrifié
au temps lointain de Cryptophonos (écrit pour Claude Helffer), encore
trop tributaire de Boulez et de Stockhausen. Depuis, La ville (créée par Jean-François Heisser en 2002) et Veränderungen s'érigent en
monuments dont l'ordonnance marmoréenne animée de fières lancées embrasse d'un
tracé unificateur les acquis du siècle et l'exploration des richesses
vibratoires du piano.
Jean-François Heisser ©DR
Quelques jours auparavant, François-Frédéric Guy mettait un point final (4 juin 2010) au cycle
donné en concert pour faire écho à son intégrale discographique des Concertos
de Beethoven avec l'Orchestre philharmonique de Radio France dirigé par Philippe
Jordan. Son interprétation souveraine, la fusion des intentions avec
le chef démontraient tout ce qu'apportent à la fréquentation des chefs-d'œuvre
les plus courus une longue familiarité, un persévérant chemin de réflexion.
Le galbe des éléments mélodiques portait loin dans la perception sensible de
l'auditeur, et l'artiste jouait d'un art des résonances prolongées, comme pour
rendre plus suspensives certaines interrogations (métaphysiques) du message
beethovenien. L'autre œuvre au programme, Le Château de Barbe-Bleue de Bartók, mettait en valeur le tempérament de chef lyrique du nouveau
directeur musical de l'Opéra de Paris, ainsi que la chaleur généreuse qu'il a
su tirer de l'Orchestre philharmonique de Radio France, d'une richesse d'étoffe
décidément malléable à toutes les plastiques. Une génération de plus a
passé, et pour avoir entendu Le Château de Barbe-Bleue (1911)
décennie après décennie, sous des directions le tirant vers une musique
"contemporaine" qu'il n'était déjà plus, on constate combien un
interprète de 36 ans en dégage tout naturellement l'expression (et non
plus seulement l'expressionnisme) post-romantique, l'inscrivant à une place
soudain évidente dans la continuité du répertoire dramatique. Il
bénéficiait d'une distribution de rêve, le tempérament de feu de la grande
wagnérienne Petra Lang et la projection du timbre de Peter Fried –
tous deux attentifs à une diction claire – donnant une présence intense aux
deux seuls personnages du drame.
François-Frédéric Guy ©DR
...aux scènes
festivalières
Lors de la 46e édition
des Fêtes musicales à la Grange de Meslay, un moment de magie
flottait sous les historiques charpentes de bois. Jean-Claude
Pennetier (25 juin 2010) concentrait son programme sur deux immenses
Sonates de Schubert. La Sonate en sol majeur D. 894
naissait d'un murmure venu d'au-delà du temporel, d'au-delà de l'incarnation
instrumentale, d'au-delà même de la musique, tant l'immatérialité d'un son mû
par la seule intériorité de la confidence se diffusait en direction du public.
Par un toucher en intimité avec le clavier, le pianiste réussissait à ne pas
dévier de l'homogénéité induite par sa vision méditative, quelque rehaut
qu'appellent des climats contrastés – contrastés mais pas en contradiction –,
pensés plutôt comme des lumières diverses traversant le filtrage de ce halo
méditatif, non comme de classiques effets de juxtaposition formelle. Ainsi,
l'articulation plus marquée du jeu dans la Sonate en la majeur D. 959 intervenait pour mettre en scène une dynamique dramatique ou des
pointes d'esprit plus optimistes, non pour rompre l'atmosphère étendue sur
l'ensemble du concert.
Fallait-il que Jean-Claude
Pennetier soit inspiré pour commander une telle communion spirituelle
par-dessus deux compositions-fleuves aux matériaux désarmants de simplicité,
chronologiquement proches et répondant à certains schémas formels communs, sans
que jamais l'auditoire ne "décroche" ! En bis, le deuxième Impromptu de l'op. 142 prolongeait encore le temps introspectif de
l'ineffable. À l'issue du concert, plusieurs auditeurs avouaient qu'à
leurs oreilles, Schubert ne se révélait dans son essence poétique qu'interprété
par Radu Lupu et par Jean-Claude Pennetier. Comment ne les rejoindrait-on
pas dans cette opinion !
Les absents pourront se consoler
en écoutant les mêmes sonates gravées peu auparavant pour Mirare (MIR 119,
2CDs), mais les miracles ne se produisant qu’une fois, et l’artiste sachant que
tout le contexte (exécution, réception) entourant un disque n’est pas du même
ordre que le concert, son interprétation adopte une autre optique : les
contrastes de dynamique s’y montrent plus accusés, les contours plus incisifs,
les virages modulants et les piliers harmoniques s’affirment avec plus
d’obstination, les humeurs primesautières (Scherzo de la D. 959)
sont plus débridées. De toute manière, la prise de son un peu “crue”
faillirait à restituer l’essence de spiritualité qui émane d’un concert de
Jean-Claude Pennetier, et c’est là un problème que les équipes techniques doivent
travailler sans relâche : comment faire oublier le filtre de
l’appareillage électronique ?...
Jean-Claude Pennetier ©DR
Deux jours plus tard, un autre
moment nous touchait par des sortilèges bien différents. Pour avoir repéré
le jeu dense et ardent du jeune pianiste espagnol Luis Fernando Pérez dès
son premier disque en 2004 (chez Verso), nous ne pouvons que soutenir René
Martin dans sa volonté de l'imposer en France. Le programme du 27 juin
permettait de mesurer combien l'art de Pérez a développé une véritable science
de l'émission sonore : dès le début de la 1re Ballade de Chopin, il installait une onde troublante en laissant vibrer les harmoniques
par des pédales longues. D'un Espagnol à l'autre, on pensait à Ricardo
Viñes qui avait révolutionné l'art de la pédalisation au début du XXe siècle.
Le travail du son, chez Luis Fernando Pérez, tire sa coloration originale d'un
subtil dosage entre la pédalisation (donc l'anticipation et le prolongement de
la mise en résonance) et la distance d'où vient l'approche (donc le poids) du
doigt sur la touche; de cette équation naît un éventail très étudié de nuances
dans la douceur et, soudain, quand se déchaînent les orages, la nervosité de la
passion fuse « comme si la vie en dépendait », selon la formule consacrée !
Cet art lui permet de mettre en relief les successions brèves d'humeurs, qu'il
s'agisse du 3e Scherzo de Chopin (joué après 3 Nocturnes),
des peintures de Granados (Valses poéticos, Goyescas, El Pelele),
ou encore de El Puerto (extrait d'Iberia) d'Albéniz donné en
bis. L'invention suggestive, les touches de couleur jetées sur la toile
(...enfin, sur le clavier !) participent au premier chef de la restitution
des scènes pittoresques voulues par Granados, et l'on se réjouit que Luis
Fernando Pérez développe un véritable projet (discographique, éditorial) autour
de ce compositeur; nous en reparlerons.
Pour l'heure, on a senti une
pointe de désarroi à lire certaines critiques accueillant son dernier
disque : c'est qu'en effet, prendrait-on en dictée son interprétation des Nocturnes de Chopin (vol. 1, chez Mirare : MIR 111), l'on reconstituerait
minutieusement l'édition critique la plus fidèle aux sources originelles (manuscrits
et premières éditions), "nettoyée" de tout le pathos artificiel que
des strates de lectures accumulées ont plaqué sur ces expressions intimes.
Cela signifie que la fourchette de nuances offerte à l'interprète est
extrêmement contenue dans les registres doux, les expansions hors de ce champ
étant très fugaces. Le pianiste n'a donc d'autre recours que de
travailler dans la délicatesse, ce qui aurait appelé – exprimons là un vrai
regret face à la réalisation technique de ce disque – une captation
microphonique plus à même de restituer la chair du son “vivant” qui palpite
sous les doigts de l’artiste. Luis Fernando Pérez appartient à une jeune
génération qui a appris le discernement quant aux investigations philologiques
préliminaires au travail sur le moyen de mettre en coïncidence sa plastique
sonore et la fidélité aux intentions écrites du compositeur. En entendant
les grondements anxieux des chromatismes crescendo du Nocturne en ut mineur op. 48 n°1, que l'on ne croit pas qu'il se "lâche"
enfin : ce sont bien les seuls moments où Chopin autorise de telles
flambées orageuses, et l'uniformité de nuance mezza voce réclamée pour
le Lento initial est un redoutable défi que le pianiste espagnol
"tient" sans faiblir.
Le piano s’exposait sous une autre
dimension à Cordes-sur-Ciel, où Michaël Levinas était l’invité du 39e Festival Musique sur Ciel. Sous la direction d’Yves Petit de
Voize, ces deux semaines cernées de pierres historiques au cœur de la bastide
médiévale font la part belle à la musique contemporaine et s’ouvrent sans cesse
à des renouvellements originaux de répertoire. Cette année, le jeune
ensemble Le Balcon assumait toute la programmation :
instrumentistes performants assistés d’une équipe technique, ces musiciens, à
peine sortis des conservatoires et venus de pays parfois lointains, pensent la
musique selon un pli de l’époque, c’est-à-dire au filtre d’un artefact sonore
préparé par les moyens microphoniques. Niant de ce fait la relation
impérissable entre le jeu de l’artiste et l’acoustique qui le porte, négligeant
la qualité d’harmoniques émises par l’émission réelle d’un instrument
ainsi que le travail de contrôle et de modelé qu’elle induit de la part de
l’interprète, ces musiciens ont pris le parti de “sonoriser” toutes leurs
prestations, d’où un malaise indéniable en entendant une re-production d’un son par définition dé-naturé. Autant une telle intervention
de la technique joue pleinement son rôle dans une partition qui inclut
l’électronique et la réflexion sur la transformation du son, comme le Concerto
pour un piano espace n°2 de Levinas, autant on frise la caricature lorsque
les micros accrochés au pavillon de chaque instrument à vent répercutent dans
les haut-parleurs les cliquetis de clés de la clarinette et du cor de basset,
solistes des Konzertstücke op. 113 et 114 de Mendelssohn !
Sans parler d’une soprano transformée en épigone de Mylène Farmer, avec son
micro accroché au crâne et lui barrant la joue, pour chanter la Romance d’Ariel de Debussy dans une église de petite dimension ! Il n’en reste pas
moins que le Kazakh Askar Ishangaliyev témoigne d’une maîtrise phénoménale pour
tirer un déchaînement demeurant humain du si périlleux Kottos pour
violoncelle de Xenakis, et que la nouvelle version du Concerto de
Michaël Levinas, œuvre d’une profonde force intérieure dans la grande arche que
décrit sa trajectoire, reçut ce soir-là une interprétation de haut vol.
Le compositeur – qui laissait ici le clavier à Alphonse Cemin – exposait en une
brillantissime conférence les circonstances et les concepts qui guidèrent sa
conception de l’espace instrumental revisité : la caisse de résonance y
est pensée selon l’écoute spectrale de la diffusion sonore (les exemples donnés
au piano par Michaël Levinas dénotaient sa manière d’écouter, en jouant, la
diffusion des gouttelettes du nimbe harmonique), et le prisme de l’auteur
d’aujourd’hui transforme le souvenir historique de la gerbe d’harmoniques du
clavecin ou de la réverbération enrobant le son organistique, mais exalte aussi
dans le trille des vertus vibratiles de mise en mouvement du flottement de
l’air ou du souffle humain (20 juillet 2010).
Cordes-sur-Ciel ©Sylviane Falcinelli
Nous transportant d’un bond vers
la route des vins d’Alsace, nous allions fêter à Rouffach le 15e anniversaire
du Festival Musicalta : son directeur artistique, le
violoniste Francis Duroy, tient beaucoup au large éventail de
répertoires présenté à chaque concert, et cette ouverture d’esprit, ce
pluralisme esthétique, nous attiraient en ces lieux. Chaque programme
invite à écouter une pièce contemporaine au sein d’œuvres “classiques”, ce qui
est la seule manière valide de faire vivre la musique d’aujourd’hui, et d’en
finir avec deux tendances déplorables : d’un côté la paresse des concerts
aux programmes “bateau” ne s’éloignant pas des “classiques favoris”, de l’autre
la “ghettoïsation” de la musique contemporaine dans des concerts spécialisés
(donc repliés en vase clos sur un public déjà tout acquis). Un
compositeur vivant sait que sa seule victoire sera d’entrer au répertoire, et
que sa valeur survive parmi les Beethoven, Brahms, Debussy et autres voisinant
normalement au sein d’un programme. Le test peut être mortel, ou
révélateur, mais il est la seule projection vers la postérité que puisse
entrevoir un créateur encore de ce monde.
Entrebâillant cette fenêtre, Jean-Frédéric
Neuburger saisissait l’occasion de se présenter sous ses deux facettes,
l’interprète puissamment original que l’on sait, et le compositeur en essor
(25 juillet 2010). Première constatation, la cohérence entre la
recherche de sonorités du compositeur et de l’interprète confirme qu’une
authentique individualité créatrice est à l’œuvre. Une technique
extrêmement personnelle devient le levier de ces idiosyncrasies : en règle
générale, on nous sait pourtant adeptes d’une approche du clavier très en
contact avec les touches qui, depuis Arturo Benedetti Michelangeli jusqu’à
Jean-Claude Pennetier ou Michaël Levinas, permet de moduler une magie
pénétrante du son. Or le type d’attaques cultivé par Neuburger, très
articulé au niveau des phalanges, le poignet bas, s’assimilerait en apparence à
la technique d’une certaine école française du passé, laquelle “cassait” le
son. Mais Neuburger dépasse ces périls par un traitement sculptant le
granit d’une sonorité au volume impressionnant : à l’intérieur de ce
volume, il se sert de ses attaques articulées ou percussives pour propulser
l’énergie rythmique, la taille des reliefs, les dessins qu’il veut découper par
rapport à la structure globale ; les arêtes vives se détachent parmi les
ombres tourmentées. Ainsi une pensée analytique de compositeur
gouverne-t-elle la relecture d’un interprète qui révèle (au sens
photographique) les semences de modernité décelables chez les grands
classiques. Peut lui chaut un Mozart emperruqué dans son XVIIIe siècle : jamais on n’avait entendu le Salzbourgeois aussi déraciné de son
biotope que lors de cette Sonate en la mineur K. 310 ;
jouant du contraste avec un deuxième thème – dans le premier mouvement – nimbé
de mystère, notre jeune pianiste transporte Wolfgang dans une atmosphère borderline.
L’acuité du compositeur n’enferme pas ses interprétations dans un quelconque
intellectualisme : la passion est toujours prête à jaillir du cratère, des
orages sourdent de ses graves imposants (Sonate “funèbre” de Chopin, Hammerklavier de Beethoven). Il y avait ainsi, dans la monumentale Sonate opus 106 (qu’il a récemment gravée chez Mirare : MIR080, avec DVD),
des passages qu’il nous semblait entendre pour la première fois. Ces
arêtes vives, ces contrastes mis en scène, on les retrouve dans les Trois chants
de Maldoror composés par Jean-Frédéric Neuburger : aux extrêmes
de la poésie de Lautréamont répondent les éclats jaillis des extrêmes du piano,
depuis une ivresse obsessionnelle d’aigus percutés jusqu’à de grondantes
menaces des graves, d’où s’évadent les effluves de cordes jouées à l’intérieur
du piano ; le son est constitutif de la structure, ici, même si subsistent
encore quelques traces d’influences péri-bouleziennes que le jeune
compositeur devra évacuer, ce qu’il ne nie pas.
Un tout autre parcours nous attendait
le lendemain en compagnie d’Anne Gastinel et de Claire Désert.
L’évolution de la violoncelliste ne cesse d’aller dans le sens d’un
approfondissement de la pensée expressive et d’un épanouissement de la force de
communication : là où – confessons-le - elle nous laissait parfois sur le
seuil il y a quelques années, malgré toutes les vertus de perfection technique
de son jeu, elle rayonne de chaleur vivante et d’engagement maîtrisé.
Beethoven, Chopin, Schumann chantaient à son programme, mais la Sonate op. 65 de Benjamin Britten en représentait l’acmé, splendidement gouvernée
à travers ses difficiles juxtapositions de climats, vécue comme une confession profondément émouvante que l’on n’avait jamais entendue à ce point évidente.
Il y a une lumière dans le son de Claire Désert (laquelle s’aventurait pour la
première fois – avec ô combien de bonheur ! – dans cette partition), qui brosse
un champ de plein air en heureuse complémentarité avec le timbre chaud d’Anne
Gastinel dont les inclusions dans le paysage ainsi éclairé n’en ressortent que
plus éloquentes : on pense à certaines toiles de Corot en écoutant le jeu
des réfractions dans le pianisme de Claire Désert.
On sait Anne Gastinel fidèle à
Éric Tanguy, mais le compositeur inquiétait ces dernières années par un
appauvrissement de son expression tendant à la stérilité. On le retrouve
dans Évocation, libéré, et n’ayant d’autre souci que de laisser chanter
son intimité avec un lyrisme qui séduit l’auditoire, à travers des polymorphismes
habilement masqués.
Anne Gastinel en répétition ©Sylviane Falcinelli
Puisque la jeunesse est l’objet
des préoccupations de Francis Duroy, professeur au CRR de Lyon, une Académie de
trois semaines, adjacente au Festival proprement dit, forme des dizaines
d’élèves sous la houlette de maîtres reconnus dans toutes les disciplines,
composition comprise. De surcroît, des manifestations de musique de
chambre parrainées par la Spedidam mettaient cette année en lumière de
brillants jeunes solistes ayant à cœur de faire redécouvrir des pages peu
fréquentées. On remarquait particulièrement le violoncelliste Damien
Ventula, qui s’est déjà gagné l’estime de compositeurs dont il ne craint
pas de servir les partitions exigeantes, et le clarinettiste Julien Hervé,
en poste à l’Orchestre philharmonique de Rotterdam et à l’orchestre “Les
Siècles”. Tous deux, en compagnie du pianiste italien Giulio Biddau, nous
donnaient diverses pièces d’Alexandre Tcherepnine et de Stravinsky (après un
remarquable Trio op. 114 de Brahms avec le pianiste Emmanuel
Christien), tandis que Charlotte Juillard et Pauline Fritsch
s’aventuraient dans la rare Sonate pour deux violons de Prokofiev
(26 juillet).
Julien Hervé, Emmanuel Christien
& Damien Ventula ©Sylviane Falcinelli
Autour de Pierre Boulez.
Au chapitre « cette jeune
génération qui vous pousse », nous ne cessons, cette année, de nous
épuiser à suivre les suractifs – et toujours stimulants – Jean Guillou
(80 ans depuis le printemps dernier) et Pierre Boulez (85 ans depuis
le même printemps). Bien des manifestations de musique contemporaine ont
offert une tribune à ce dernier, qui n’a rien perdu de sa verve : ainsi de
la journée consacrée par le CDMC au Centre Acanthes (23 juin 2010), ainsi
du Festival Messiaen de la Meije.
Dans les
colonnes de L’éducation musicale, nous publierons à la fin de l’année un
entretien avec Pierre Boulez réalisé à la Meije, augmenté de propos révélateurs
qu’il tint lors de la journée Acanthes : un intermède fort divertissant y
fut d’ailleurs offert par la projection d’un extrait du film d’Olivier Mille
sur les cours de direction d’orchestre que le maître donna à la Chartreuse de
Villeneuve-lez-Avignon en 1988 ; un humour si percutant (mais toujours
bienveillant, néanmoins) colorait son sens pédagogique que le principal intéressé
riait lui-même de se revoir en action. Au fil de ce colloque qui retraçait,
autour de Claude Samuel, 33 années de travail avec des compositeurs
représentatifs d’une certaine “avant-garde” et fédérés sous l’égide d’Acanthes,
un autre versant pédagogique fut traité, et nous retiendrons les réponses
éclairantes de deux intervenants. La composition s’enseigne-t-elle ?
« Non, répond Philippe Manoury.
Ce qui m’a formé, c’est l’analyse, et les répétitions d’orchestre. On
apprend en faisant » ;
professeur de composition lui-même (à l’Université de San Diego), il en
tient pour la brièveté de rencontres provocantes, qu’il juge plus vivifiantes
que de prendre racine auprès d’un professeur dont, à la longue, on connaîtra
d’avance les réactions, ce qui fait que la relation maître-élève deviendra un
jeu de l’esprit où l’élève rusera en sachant comment présenter ses idées au
maître ; et il ajoute, désabusé : « Faire école, c’est créer des
épigones ». Il décèle les arrière-pensées des élèves, en repérant
les influences sous lesquelles s’inscrivent ceux-ci : « Toi, tu veux
être joué dans les festivals allemands », dira-t-il à un jeune qui s’avère
fasciné par la négation de la hauteur de son chez Lachenmann, « Toi, tu
veux être joué par les orchestres américains », dira-t-il à un tempérament
plus consensuel, « car les choix esthétiques des jeunes compositeurs sont
conditionnés aussi par ce
critère » !
Pierre Boulez et Philippe Manoury ©Acanthes/Éric de Gélis
Betsy Jolas, qui fut professeur d’analyse
puis de composition au CNSM de Paris, soulignait combien l’enseignement
d’analyse de Messiaen menait à la composition, et acquiesçait à la formulation
de Laurent Feneyrou : « Une analyse créatrice ». Puis elle
conclut – ce que notre expérience personnelle corrobore pleinement !
- : « Prendre un verre avec un compositeur, c’est déjà apprendre
quelque chose sur le fonctionnement de cet animal si particulier qu’est un
compositeur. C’est par la fréquentation dans la vie de tous les jours, et
pas seulement dans le cadre d’un cours magistral, que l’on apprend quelque
chose sur cet animal-là ».
Postludes
à cette journée de tables rondes, le Magazine de Lionel Esparza (en direct sur France Musique) puis un concert vespéral nous
procuraient une évasion loin de tout soupçon d’intellectualisme : l’humour
y avait sa place, humour décalé des Recettes cannibales (sur des textes
de Roland Topor) ainsi que de la salade ravelo-debussyste cuisinées par
Vincent Bouchot et servies bien assaisonnées par la désopilante Donatienne Michel-Dansac escortée de
son partenaire de comédie autant que pianiste accompagnateur Vincent Leterme ; humour satirique
de Paul Hindemith, irrésistible caricaturiste et fameux quartettiste lui-même,
croquant L’Ouverture du « Vaisseau fantôme » telle que
déchiffrée à 7 heures du matin par un mauvais orchestre de station
thermale près de la source (le titre le plus long de l’histoire de la
musique !), où toutes les fausses notes et les dérapages non contrôlés
sont écrits pour un quatuor à cordes qui ne doit pas perdre son entrain contre
vents et marées (le Quatuor Diotima y excella) ! Le versant plus sérieux de cette programmation
affichait deux dominantes : l’élégance du flûtiste Mario Caroli jouant Ivan Fedele précédait une formidable
révélation pianistique dans le paysage des interprètes de Messiaen ; issue
de l’enseignement de Roger Muraro et précocément imprégnée de cette musique, Marie Vermeulin,
pour France Musique, choisissait d’interpréter, parmi les Petites Esquisses
d'oiseaux (1985), Le Rouge-gorge et Le Merle noir, puis, au
concert du soir, Regard de l'Esprit de joie, extrait des Vingt
Regards sur l'Enfant Jésus. Immédiatement nous frappait son sens des
couleurs, des gerbes de lumière, et l’étoffe charnue de sa sonorité ; se
jetant avec une exubérance cosmique dans la danse aussi sensuelle que mystique
de l’Esprit de joie, elle entrait en communion avec la palette de
Messiaen, et on lui prédit un riche cheminement au service de ce compositeur
tant elle semble s’épanouir dans la plénitude luxuriante de son idiome.
Marie Vermeulin répétant dans
l’église de La Grave ©Sylviane Falcinelli
Nous
retrouvions Marie Vermeulin au Festival Messiaen de la Meije (31 juillet-8 août 2010), mais sous d’autres atours esthétiques,
puisque le Festival, cette année, rendait hommage à l’enfant terrible issu de
l’enseignement du maître disparu : « Messiaen/Boulez : une
filiation fertile ». Lors d’une journée de colloque où il répondait
encore aux questions de Claude Samuel, Pierre Boulez balayait les attendus de
ce sous-titre : la musique de Messiaen repose sur trois piliers, la foi
catholique, les oiseaux et la synesthésie, résumait-il, avant de se reconnaître
fort étranger à ces trois préoccupations ; la suite du dialogue devait
d’ailleurs révéler qu’il ne comprenait rien à l’orgue non plus, toutes choses
qui ne le prédisposent guère à entrer dans une généalogie de Messiaen, mais ne
retirent rien à l’admiration sincère et motivée du turbulent disciple envers le
maître toujours retrouvé. De cette journée fort contrastée où l’on déplora
l’absence de mise en perspective et de notables erreurs musicologiques dans les
communications du matin, on retiendra, parmi les contributions de l’après-midi,
le tableau historique dressé par Nigel Simeone (“La vie musicale à Paris de
1944 à 1954”), et surtout la très objective étude sur le Domaine musical, conduite avec clarté et sagacité par Jésus Aguila,
auteur d’un livre de référence sur le sujet (Fayard). Regrettons que le
musicologue canadien Jonathan Goldman, doté d’un réel esprit de synthèse et
auteur d’un récent livre sur Pierre Boulez (Cambridge University Press) où se
développe son point de vue analytique, ait vu son temps de parole quelque peu
sacrifié par les retards accumulés.
Pierre Boulez, Claude Samuel et
Jésus Aguila ©Sylviane Falcinelli
Que retenir, donc, du panorama musical parcourant l’essentiel de
la musique pianistique et chambriste de Pierre
Boulez ? Tout d’abord, au niveau de l’interprétation (donc de la
réception qui s’ensuit par les auditeurs), il s’avère déterminant et –
pour le coup – « fertile » d’entendre des œuvres qui opposèrent
à une assimilation naturelle le barrage de leur nouveauté et de leur difficulté
textuelle, s’inscrire au répertoire de jeunes artistes pour lesquels ce langage
est entré dans les mœurs, en quelque sorte. Cinquante, voire soixante ans
ont passé depuis la création des pièces de Boulez qui firent choc en leur
temps, ne l’oublions pas ; or, nous écoutions, lors de ce Festival, des
interprètes qui pourraient être les enfants et les petits-enfants du
compositeur. L’aridité des premiers pionniers est ainsi dépassée par une
lecture plus “libérée”, plus souplement éloquente, dégageant, au même titre que
pour des auteurs du passé, un angle de communication, un investissement
poétique qui réajustent ces (ex-) audaces au sein de programmes “pluralistes”.
Du point de vue de l’œuvre complète du compositeur, retenons que les
pièces de la période la plus “radicale” (Sonates n°2 et 3 pour piano, Structures pour deux pianos, second livre) sonnent aujourd’hui terriblement datées : si Pierre Boulez s’en
était tenu à cette écriture volontairement tendue vers la perte des repères, il
ne s’inscrirait dans l’histoire que comme le provocateur ayant mis à mal la
nécessaire relation entre la manifestation créatrice et sa réception par la
sensibilité de l’auditeur. Mais il demeurera un grand compositeur
précisément parce que son parcours ultérieur a dépassé cette recherche et
libéré l’épanouissement d’une envergure poétique qui parle à la sensibilité.
Pour preuve, l’ovation du public accueillant Dialogue de l’ombre double (pour clarinette et son “double”
spatialisé sur bande magnétique, 1985), interprété par Jérôme Comte, qui, aux antipodes d’une esthétique antérieure
de la dispersion du matériau sonore cassant toute continuité expressive, n’est,
à tout prendre, qu’une immense arche mélodique (un accomplissement pas si
simple à réussir !).
Pierre Boulez, 2010 ©Sylviane Falcinelli
De puissants tempéraments de pianistes se partageaient l’affiche. Marie Vermeulin intervenait
dans trois concerts, cheminant avec Messiaen au gré de partitions situées “à la
marge” (les Préludes de jeunesse, la Pièce pour piano & quatuor à cordes)
et conquérant les cœurs par ses interprétations de Boulez : sa
participation au grand concert monographique enchanta par un parcours poétique
couvrant l’ensemble de la carrière du compositeur, depuis la Première Sonate de 1946, jouée avec
d’infinies subtilités dans le toucher et la mise en relation des composants du
discours, jusqu’à Une page d’éphéméride,
joyau de sensibilité datant de 2005, en passant par la dense virtuosité d’Incises (1994-95).
Programmé avec ses collègues de l’Ensemble InterContemporain dans
les deux concerts de Briançon, Dimitri Vassilakis intervint de surcroît à deux reprises en “sauveur” du Festival (Roger Muraro
avait joué ce rôle, il y a quelques années !) ; c’est vers lui qu’on
se tourna pour suppléer à la défaillance des duettistes hongrois pressentis
pour un téméraire couplage : Structures, Deuxième Livre de Boulez et Visions
de l’Amen de Messiaen. Si le pianiste grec assuma courageusement les
deux œuvres, il dut aller chercher jusqu’en Afrique du Sud une partenaire pour
les Structures, Jill Richards, et convainquit une Française, Géraldine Dutroncy, de monter avec
lui en un mois et demi les Visions de
l’Amen ! Le résultat fut époustouflant. Que Vassilakis ait
dans les doigts tout Boulez, on le savait déjà. Mais la “prise de rôle”
(diraient les gens de théâtre) dans Messiaen dépassa tout ce qu’on pouvait
espérer : se jetant avec un impétueux engagement dans cet immense
chef-d’œuvre, Dimitri Vassilakis et Géraldine Dutroncy en donnèrent la plus
impressionnante interprétation que l’on ait jamais entendue, sculptant
d’insoupçonnés reliefs de modernité dans une partition qui, du coup, paraissait
plus que jamais aux avant-postes de la célébration d’une apothéose du son
pianistique. La jeune femme projette un son immense, aux dimensions d’arc-en-ciel cosmique qu’appelle la
sensualité de Messiaen. Quant à Dimitri Vassilakis, il serait temps de
consacrer la reconnaissance de son âme profonde de musicien ; au même
titre que ses prédécesseurs à l’EIC, Pierre-Laurent Aimard ou Florent Boffard,
il peut prétendre à une carrière “de répertoire” aux vastes horizons, et pas
seulement de spécialiste de la musique contemporaine. D’ailleurs, on peut
actuellement l’entendre au disque dans une entreprise originale, les grands
cycles de Bach (Clavier bien tempéré, Variations Goldberg, 3CDs Quantum :
QM 7039, QM 7043, QM 7053-3) présentés sur les trois instruments
à clavier(s) – orgue, clavecin, piano –, et la vie de ses phrasés, la sincérité
émue de ses intentions expressives, la délicatesse de ses éclairages
surclassent si bien ses partenaires que, captivés par lui, on se prend à ne
plus reconnaître l’universalité de Bach que dans le versant pianistique de
l’entreprise, ce qui est – historiquement – un comble !
Dimitri Vassilakis,
2010 ©Sylviane Falcinelli
À l’issue de la journée briançonnaise, Pierre Boulez montait enfin sur scène pour diriger Le Marteau sans maître, avec une
agogique plus souple que par le passé, un art de laisser le temps au temps, qui
conviait à un regard apaisé sur l’œuvre.
Auparavant, Dimitri Vassilakis avait joué diverses pages de
Messiaen et Boulez, parmi lesquelles les Notations,
vivantes comme une succession de Caractères,
depuis l’extrême de l’âpreté jusqu’à l’aérienne rêverie. Mais, de
nouveau, on l’avait appelé au secours pour combler un vide laissé béant par la
défection d’un clarinettiste, et il avait remonté en quelques heures la Klavierstück n°5 de
Stockhausen !
Sous les voûtes romanes de La Grave, Wilhem Latchoumia déployait sa non conventionnelle
présence dans un programme parcourant des mondes sonores fort différents :
le Prélude posthume de Messiaen
ouvrait comme un grand portique sur des paysages plus ciselés dus à la plume de
Debussy (la version à deux mains des Six Épigraphes
antiques). La concomitance de la Troisième Sonate de Boulez (au parcours “ouvert”, déterminé par l’interprète) et du Merle de Roche de Messiaen
ressortait par des angles inopinés et des saillies décochées d’un trait de
fauve. Ce sont d’ailleurs des rugissements sortis des entrailles de la
terre que l’on entendit jaillir des clusters, dans Archipel 4 d’André Boucourechliev, conduits avec d’habiles
reptations qui réussissaient à rendre vivant un type d’émission sonore dont ne
ressort généralement que la dimension écrasante (au sens littéral !) et
inertement massive ; cet Archipel explosa en une véritable éruption volcanique, déluge de feu qui marquera nos
mémoires. Que donner en bis après cela ? Wilhem Latchoumia eut
alors l’idée de se tourner vers Henry Cowell (le “père” américain du cluster et
du jeu harp-like dans les cordes du
piano) : l’auteur de The Tides of
Manaunaun (1912), de The Lilt of the
Reel (1928), des Tales of our
Countryside (1939) a su constamment mêler ballades ou danses folkloriques
aux sons nouveaux qu’il faisait émettre au piano, et l’impression produite par
quelques minutes de musique d’un auteur – hélas – inconnu du public présent fut
telle, ce soir-là, que Wilhem Latchoumia aura plus fait pour exciter la
curiosité et le désir de découvrir ce compositeur américain que toutes les
croisades didactiques auxquelles on aime s’adonner ! Qu’il en soit
remercié.
Wilhem Latchoumia
répétant Boucourechliev ©Sylviane Falcinelli
La déception venait en revanche de Paavali Jumppanen qui
massacrait les pièces ultimes de Liszt par une brutalité hors de propos, et
trahissait un manque de préparation dans la Hammerklavier (ce monument que nous venions d’entendre par Jean-Frédéric
Neuburger !) : toucher inégal dans les passages piano, absence de réflexion sur la pédalisation, “pépins” de tous
ordres… Des qualités de raffinement qui nous avaient séduits dans son
disque DGG des Sonates de Boulez, il
ne restait, à l’écoute de la Deuxième donnée ce soir-là, que frappe anguleuse et agressive.
Les cordistes, eux
aussi, montaient à l’assaut de sommets redoutables : le trio David Grimal, Tomoko Akasaka, Henri Demarquette sut endosser les brefs changements d’humeur des croquis de Kurtág (Signes, Jeux et Messages/ Jelek, Játékok és üzenetek vonósokra) et
mettre une fougue peu commune à défendre le peu avenant Trio op.45 de Schoenberg. Lise Berthaud affrontait le défi d’un récital pour alto solo,
offrant sa généreuse sonorité et son puissant lyrisme aux climats intimes de
Kurtág (Jelek/Signes) et à Ligeti (la
redoutable Sonate, sommet de
virtuosité musicalement transcendée, carrefour de toutes les performances
techniques). Quant au Quatuor Parisii,
invité en raison de sa persévérante résurrection du Livre pour Quatuor de Boulez, il entrecoupait les parties de cet
austère recueil d’intermèdes empruntés à Webern (les Six Bagatelles op.9, qu’il interpréta avec une diaphane
poésie) et à Mantovani (mais Les Fées se signalent surtout par un usage puéril de la théorie des “matériaux
neutres”).
La programmation s’ouvrant aux actuelles générations créatrices,
l’ensemble Court-Circuit, fondé par Philippe Hurel, donnait un concert
réunissant des compositeurs que dirigea dans un passé récent Pierre Boulez.
Certains étaient représentés par des pièces de musique de chambre : Impulse 2, à l’écriture ciselée, de
Luca Francesconi, ou le plus sombre Michigan Trio de Philippe Manoury ; les délicates miniatures de l’opus 7 de Webern précédaient
malencontreusement la Danse aveugle de Hanspeter Kyburz, où l’aveuglement est à mettre au compte d’un
compositeur qui ne sait pas élaguer parmi ses coutumières lourdeurs ni biffer
les redites d’une forme qui s’empêtre dans ses redondances. Si l’on
considère que le seul gage de postérité d’un compositeur est de manifester une
identité stylistique que l’on reconnaîtra toujours au premier coup d’oreille,
alors éclatait singulièrement la prévalence de Philippe Hurel, tant la partition de Figures libres porte sa signature par quelque paramètre qu’on
la prenne. Le haut degré d’élaboration de son écriture est propulsé par
une explosive vitalité que servait avec énergie et précision rythmique le
nouveau chef de l’ensemble, Jean Deroyer.
Philippe Hurel, 2010 ©Sylviane Falcinelli
Le Festival s’implique dans des commandes à des compositeurs, et
si la pièce pour violon du Japonais Dai Fujikura ne restera pas dans les
mémoires, on découvrait en revanche avec bonheur une création de Frédéric Durieux, The possibilities – to Howard Barker (pour
octuor de violoncelles), première étape d’un projet de vaste envergure ;
« cacher l’art par l’art même », telle est la réussite à laquelle
parvient Frédéric Durieux puisque l’ardent dramatisme et les gestes de repli
intérieur masquent par la force de communication expressive une écriture
limpide que nul détail inutile ne vient polluer. Marc Coppey, pour cette œuvre, s’entourait d’un groupe de
jeunes violoncellistes qu’il mettait aussi à contribution pour Messagesquisse de Boulez et Korot de Berio.
Frédéric Durieux, 2010 ©Sylviane Falcinelli
Avec le
succès de cette 13e édition, se pose le problème de l’avenir du
Festival : il reçoit de très grands interprètes, invite des compositeurs
majeurs, et pourrait accueillir un plus vaste auditoire si la jauge des nefs en
offrait la possibilité. Voilà qui appellerait maintenant une ambition
supérieure pour surmonter deux handicaps : l’incertain amateurisme de
l’équipe gérant ce festival, et l’exiguïté des lieux de concert. Certes,
l’église de La Grave, par son architecture romane et son acoustique
exceptionnelle, offre un cadre inspirant qui aide à supporter l’invraisemblable
inconfort de ses bancs à peine dégrossis par la serpe de bûcherons médiévaux,
mais elle est remplie comme une boîte de sardines lorsque 300 personnes
s’y entassent. Deux autres églises, isolées vers les sommets, sont encore
bien plus petites (…et inconfortables), et l’église désaffectée des Cordeliers
de Briançon s’avère un long boyau inadapté à la diffusion du son musical.
L’espoir vient de la nouvelle salle du Dôme à Monêtier-les-Bains qui – remplie
– passa victorieusement le test du concert monographique Boulez avec
électronique, et présente une jauge (et des sièges !) nettement plus à la
hauteur de la situation, même si lui fait défaut l’atmosphère chaleureuse des
vieilles pierres.
Un public de fidèles, venu de loin, se montre très réceptif à la
musique contemporaine, et même demandeur : une auditrice émettait le vœu
que le responsable du Festival invite, lors d’une prochaine édition, le
compositeur anglais Jonathan Harvey. D’un saut de mémoire, elle nous
ramenait à Paris, à ce concert du Festival Agora de l’Ircam (12 juin 2010,
Maison de la Radio), dont la vedette devait être Tristan Murail, avec au
programme la création française d’une œuvre qui, au final, décevait car trop
roborative : Les Sept Paroles,
pour (trop) grand orchestre, (trop) grand chœur, sorte de (trop) long oratorio
avec une électronique (trop) superfétatoire. À excéder son champ d’action
privilégié, le (co-)géniteur du spectralisme a échoué, et l’intérêt des
auditeurs se déportait vers Speakings de Jonathan Harvey, composition toute en finesse où les solistes de l’Orchestre
philharmonique de Radio France dirigés par Pascal Rophé brillèrent, relayés par
une électronique très travaillée qui, inspirée par le concept bouddhiste du
langage originel, analysait les formes spectrales de phonèmes renvoyant à la
transfiguration d’une découverte de la parole. Ce soir-là, Jonathan
Harvey confirmait que, sans bruit, il s’est imposé comme l’un des créateurs les
plus imaginatifs de la scène instrumentalo-électro-acoustique.
Sylviane Falcinelli.
Une rareté : Der ferne Klang à l'Opernhaus de Zurich.
Franz SCHREKER : Der ferne
Klang. Opéra en quatre actes. Livret du compositeur.
Juliane Banse, Roberto Saccà, Oliver Widmer, Valery Murga. Orchestre et
chœurs de l'Opernhaus de Zurich, dir. Ingo Metzmacher. Mise en
scène : Jans-Daniel Herzog.
Alors que l'opéra domine le répertoire du début du
XXe siècle, Franz Schreker rencontre
le succès en 1912 avec Der ferne Klang (Le son lointain). Il
sera alors autant joué que Richard Strauss. Manifeste artistique d'un musicien qui se proclame « un esthète du
son » ; le
drame de l'artiste en quête
d'absolu en est le thème : Fritz est un jeune compositeur taraudé par l'appel du son idéal, rencontré en songe, tel celui de
la harpe. S'il le trouve finalement, de
longues années plus tard, dans l'écriture de son opéra, intitulé « La
harpe », c'est au prix du sacrifice de son amour pour Grete qui confrontée
au tourment
intérieur, aura entre-temps
songé au suicide, puis sombré dans la prostitution. Modulant en des climats
grandioses, la musique sait aussi être coulée scintillante. Louangée de son temps, avant de
subir l'opprobre de « musique dégénérée », elle libère de fascinants
paysages expressionnistes, notamment dans ses pages purement symphoniques d'une
grande audace d'écriture polytonale. Ce que la direction nuancée de Ingo Metzmacher souligne avec
subtilité. Car il y a dans cette musique
quelque chose de foisonnant, qui l'apparente au Jugendstil en peinture.
©Suzanne Schwiertz
La production de l'Opernhaus de Zurich, transposant l'action dans
les années 1950, focalise sur la dimension utopique d'un rêve impossible et
ménage de forts contrastes, côtoyant le vérisme de scènes de genre (un tableau
expressionniste dans un bordel vénitien sur un air tzigane) ou misant sur
quelque approche psychanalytique, du rêve au traumatisme de l'espoir perdu (le
monologue de Grete, dite scène de la forêt, présenté ici comme un psychodrame
intérieur). D'une formidable présence, la
généreuse distribution - une trentaine de personnages - sertit deux magistrales
compositions : Roberto Saccà, glorieux ténor, et Juliane Banse, soprano intense, apportent au
récitatif dramatique de Schreker une rare intensité, notamment dans le duo
final, alors que le héros expire de bonheur, tel Tristan, dans les bras de
l'aimée. Encore un spectacle parfaitement
abouti à porter au crédit d'une maison dont la patiente exploration de tous les
arcanes du répertoire lyrique est au cœur du projet artistique.
©Suzanne Schwiertz
La Donna del Lago à l'Opéra Garnier.
Gioacchino ROSSINI : La Dame du lac. Melodramma en deux actes. Livret
d'Andrea Leone Tottola, d'après le poème de Walter Scott The Lady of the Lake. Joyce
DiDonato, Juan Diego Florez, Simon Orfila, Colin Lee, Daniela Barcellona, Diana
Axentii. Orchestre
et choeurs de l'Opéra national de Paris, dir. Roberto Abbado. Mise en scène :
Lluis Pasqual.
Dans ses Notes d'un dilettante, Stendhal écrit à propos de La Dame du lac : « La musique de cet opéra est plutôt épique que
dramatique ; elle produit souvent l'effet d'une romance, mais elle n'émeut guère ».
Cette assertion vaut à propos de l'entrée de l'opéra au répertoire du Palais
Garnier. Créé en 1819, il appartient à la
période napolitaine
du Cygne de Pesaro. Il développe une musique souvent brillante et délicatement descriptive
(effets de cor dans le lointain, de banda pour nouer les dialogues guerriers,
mais aussi sonorités aériennes de la harpe). Tout cela ouvre la voie à la veine romantique. Le sujet est chevaleresque sur
fond de luttes entre factions rebelles, puisque le roi Jacques V d'Écosse, frappé par la beauté d'une mystérieuse
jeune fille méditant au bord d'un lac, renoncera à la conquérir pour lui donner
la main de celui qui l'aime. L'opéra vaut pour ses ensembles, fort développés, et quelques numéros
saisissants de bel canto. Tel le terzetto du second acte
qui unit deux ténors di grazia à l'héroïne, morceau d'une rare bravoure. De même, le rôle assigné à
l'ensemble choral
est-il fort développé.
©OnP/Agathe Poupeney
La couleur locale qui baigne la
pièce est quelque peu absente de la conception scénique de Luis Pasqual. Il lui préfère une présentation
au classicisme empesé, symbolisée par une colonnade sévère en hémicycle qui se
fait et se défait au fil de l'action, alors que des apparitions du dessous -
qui d'un rocher, qui d'une lyre, ou encore d'une sellette - sont d'une bien
grande banalité. Les brumes écossaises des bords
du Loch Katrine, célébrées par Walter Scott, sont éludées ou reléguées dans un arrière-plan peu évocateur. La direction d'acteurs est
réduite à sa plus simple expression, basée sur une gestuelle convenue. Quelque mouvements
chorégraphiques aussi bizarres qu'impromptus n'arrivent pas à l'animer ; de même que les prosaïques
entrées et sorties du chœur en habits et robes du soir. On est bien près du concert en costumes.
©OnP/Agathe Poupeney
Si la soirée reste gravée dans la mémoire, c'est au
plateau vocal qu'elle le doit. Car
il est étincelant.
À commencer par les
deux ténors. On sait que Juan Diego Florez est
chez lui dans la belle faconde rossinienne. On vérifie encore une fois avec délectation une ligne de chant d'une
grande distinction comme la pureté d'aigus lancés avec aplomb. Presque aussi exemplaire est la prestation
de Colin Lee, un « second ténor » qui ne pâlit pas auprès de son
illustre confrère. Simon Orfila prête sa belle voix
de basse chantante à la figure du père gardien de la morale. Daniela Barcellona offre un
timbre de mezzo dramatique d'un riche métal, tandis que Joyce DiDonato confirme, s'il en était besoin, son affinité
avec le répertoire belcantiste
et plus précisément celui défendu par Isabella Colbran, créatrice du rôle
d'Elena. Le rondo final, florilège de
colorature et de chant orné, est mené avec un goût sûr et un brio remarquable. Le chef l'adorne de pianissimos
merveilleux ; enfin, car sa direction ne brille pas jusque là par sa subtilité. Grandiose conclusion d'une
soirée aux sentiments mêlés.
Un grand moment de
chant : Le Couronnement de Poppée à Pleyel.
Claudio MONTEVERDI : L'Incoronazione di Poppea. Opéra en trois actes. Livret de Giovanni Francesco
Busenello. Danielle de Niese, Philippe
Jaroussky, Anita Bonitatibus, Max Emmanuel Cencic, Antonio Abete, Robert Burt,
Claire Debono, Ana Quintans, José Lemos, Mathias Vidal, Suzana Ograjensek. Les Arts Florissants, dir.
William Christie.
Dans la foulée de représentations
scéniques au Teatro Real de Madrid, William Christie et consorts auront procuré
un moment de bonheur musical d'une formidable intensité dans leur version de
concert du Couronnement
de Poppée. En fait, une exécution « semi staged » avec mouvements empruntés
à la mise en scène madrilène. On en
aurait presque souhaité que les interprètes soient en costumes. Le dernier opéra de Monteverdi
reste énigmatique en ce que sa partie purement instrumentale nous est parvenue
incomplète. Les
notations a minima laissent grande latitude à
l'interprète. L'essentiel est confié à la basse
continue, la formation plus complète n'intervenant que pour les ritournelles. Mais que de musique originale
alors, d'évocation presque réaliste par moment (les interventions de la
nourrice), allant jusqu'à la dissonance ou l'effet harmonique détonant. Christie aborde la partition avec
un effectif orchestral réduit, ce qui laisse au chant sa place prépondérante. Il la pare de nuances extrêmes,
jusqu'au ppp. Le public visiblement sous le charme, est d'une rare
discrétion, ce qui ajoute à l'effet de magie. Et quel triomphe vocal, jusque dans les rôles
épisodiques. Abordant celui de Néron, Philippe
Jaroussky déploie la merveilleuse voix de sopraniste qu'on lui connaît. Les passages lyriques de passion
amoureuse le trouvent à son meilleur, tandis que le cynisme du personnage passe au second
plan ; ce qui
n'étonnera pas de la part d'un artiste encore jeune qui ne cherche pas à forcer
sa nature. La Poppée de Danielle de Niese
est un parangon de séduction calculée et de chant immaculé, et il est difficile de ne pas succomber à pareil
enjôlement. Le duo final a quelque chose
d'envoûtant dans son climat extatique, comme détaché de toute contingence
matérielle. La douleur intense d'Ottavia
trouve en Anita Bonitatibus
l'interprète quasi idéale : ampleur de la voix, grandiose présence. Et on admire la retenue du Sénèque d’Antonio Abete, non seulement lors
de la scène de l'adieu, mais aussi durant la terrible confrontation avec Néron,
le philosophe restant de marbre alors que le tyran s'agite autour de lui comme un insecte désordonné. Un brelan de contre-ténors, de sopranos et de basses,
tous aussi convaincants les uns que les autres, complètent une distribution on ne saurait plus somptueuse.
William Christie ©Fred Toulet/Salle Pleyel
Pelléas et Mélisande de retour à l'Opéra Comique.
Claude DEBUSSY : Pelléas et Mélisande. Drame lyrique en cinq actes. Livret du compositeur d'après la
pièce de Maurice Maeterlinck. Karen Vourc'h, Phillip Addis, Marc Barrard, Nathalie
Stutzmann, Markus Hollop, Dima Bawad. Accentus. Orchestre Révolutionnaire & Romantique, dir. John Eliot
Gardiner.
Mise en scène : Stéphane Braunschweig.
Ce qui frappe dans la nouvelle
présentation de Pelléas
et Mélisande à
l'Opéra Comique, c'est l'immédiateté du flux
sonore en parfaite adéquation avec le gabarit de la salle, celle-là même où
l'œuvre fut créée.
La quasi-transparence
exigée par John Eliot Gardiner, comme le débit souvent lent qu'il lui imprime,
s'accommodent plutôt bien des instruments anciens de son orchestre. Celui-ci est comme allégé pour,
selon le chef anglais, « garder sa pureté à chaque timbre ». Le résultat est fascinant. Ainsi les vents retrouvent-ils leur vraie place, se
dégageant de la texture des cordes sans qu'en souffre l'équilibre d'ensemble. Délaissant l'ondoiement pseudo
impressionniste, la lecture se veut objective et économe. Même souci dans le chant qui
privilégie une déclamation proche du parlé, soutenant a minima la mélodie pour magnifier le naturel de la prosodie debussyste. Ce que la distribution, d'une
grande homogénéité,
achève avec bonheur ; hormis un Arkel monochrome et bataillant avec la justesse. Elle est marquée au coin de la
jeunesse. Admirable, la Mélisande de Karen
Vourc'h épouse le personnage avec une touchante simplicité. Le Pelléas de Philipp Addis, secret et tendre, maîtrise avec doigté une ligne de
chant qu'on sait délicate. Marc
Barrard, qui évite tout écart mélodramatique, propose un Golaud d'une criante
vérité, alors que le ton mat de la voix accentue le caractère poignant d'un
parcours proche d'une descente aux enfers. Sans doute, le fait de confier Yniod à une
soprano, et non à un jeune garçon, sacrifie-t-il la vraisemblance sur l'autel
de l'exigence musicale, et on eut aimé plus de gaucherie
gamine lors du terrible
échange entre père et fils.
©Elisabeth Carecchio
La mise en scène privilégie une
expression dramatique épurée, presque minimaliste. Les échanges resteront pudiques,
en particulier entre les deux jeunes gens. Rarement a-t-on perçu une telle volonté de se défaire d'un jeu
« opératique » convenu. Les personnages se vivent de l'intérieur. Profil d'adolescent étrangement
détaché, presque timide, Pelléas ne se livrera que lors de l'ultime rencontre. Golaud, loin du cliché du mari
soupçonneux, est un homme rongé par l'interrogation sur son existence. Dans un univers presque figé,
peuplé d'êtres qui subissent plus qu'ils n'agissent, Mélisande est la seule à
apporter un rayon de lumière, sinon de vie. Braunschweig dit avoir voulu évoquer un vécu de rêves d'enfance et
d'innocence. Ce qui se confirme surtout chez
Mélisande, alors que la dramaturgie souligne
une sorte de tragique quotidien. Reste que l'approche se veut un peu trop clinique, oscillant entre univers confiné de persiennes
closes et scénographie stylisée à la Wieland Wagner, peuplée de quelques
accessoires anecdotiques (un encombrant phare ou un lit blanc d'hôpital) et
qu'enrichissent de superbes éclairages. Elle élude l'ultime émotion qui émane de la pièce à l'heure de
passages cruciaux, telles la sortie des souterrains ou la mort de Mélisande.
©Elisabeth Carecchio
Échos du Festival d'Aix-en-Provence
Christoph Willibald GLUCK : Alceste.
Tragédie lyrique en trois actes. Livret de Ranieri de' Calzabigi.
Version française de 1776. Véronique Gens, Joseph Kaiser, Andrew
Schroeder, Thomas Oliemans, Marianne Folkestad Jahren, Bo Kristian Jensen, Joao
Fernandes. English Voices, Freiburger Barockorchester, dir. Ivor
Bolton. Mise en scène : Christof Loy.
Est-il plus sublime preuve d'amour
que celle d'offrir sa propre vie pour sauver son époux de la mort, comme le
fait Alceste ? Dans son adaptation pour la scène française de
la version italienne créée en 1767, Gluck resserre l'action et privilégie
l'austérité musicale. Est ici magnifiée cette rigoureuse déclamation
française, exemple achevé de la révolution opérée par le musicien dans le
domaine de l'opera seria. Prétextant la nécessité de rapprocher de nous
les deux héros, et singulièrement cette reine magnifique, le metteur en scène
Christof Loy conçoit une dramaturgie qui s'éloigne de l'Antique et se réapproprie
l'action. Celle-ci se jouera dans un lieu impersonnel qui, selon lui, a à
voir avec « une esthétique nordique dépouillée » et « suscite
des associations avec une église protestante » (le grand prêtre est un
pasteur aux humeurs presque violentes) : une sorte de couloir blanc
s'ouvrant sur une chambre ou un salon. N'était un savant éclairage la
métamorphosant imperceptiblement, cette vision ascétique ne va pas sans
monotonie. Le chœur du peuple de Thessalie, figure centrale de la pièce, est
un groupe d'enfants gauches et dissipés qui se lamentent de la mort proche du
père ou se réjouissent généreusement à l'annonce de son retour à la vie.
Pour saisissantes qu'elles soient, les évolutions millimétrées de chaque
individualité du groupe engendrent des clichés et on se lasse vite des postures
de ces grands gamins timides ou effrontés, bardés de leurs jouets et autres
peluches. Les morceaux dansés, qu'ils miment aux lieu et place de
danseurs, cèdent souvent à l'imagerie gratuite. Quelque événement vient-il
à gêner et ne pouvoir être casé dans une histoire réécrite, on le traite par la
dérision : ainsi de l'intervention d'Hercule, deus ex machina, conçue ici
telle l'arrivée inopinée de quelque oncle d'Amérique avec sa besace emplie de
cadeaux, promptement reléguée au magasin des accessoires. Plus pessimiste
qu'heureux, le dénouement se soldera dans les ténèbres où s'enfoncent peu à peu
tous les protagonistes. L'hymne à l'amour, la force de la vie nouvelle
triomphant du sacrifice en paraissent comme rapetissés.
©Pascal Victor/Artcomart
On gardera volontiers en mémoire
l'étonnante prestation des choristes des English Voices dont le chant ne se
ressent pas de la sollicitation permanente que leur impose la régie. Et
une grandiose incarnation de l'héroïne, malgré le parti de démythification
adopté : Véronique Gens assimile le dépouillement de la tragédie lyrique
et cette grande simplicité n'en est pas moins intense. La chanteuse ne le
cède en rien à l'actrice : la coulée lyrique, même si quelque peu exposée
dans le registre grave, est vibrante et ardente. On mesure combien un air
comme « Divinités du Styx » préfigure par sa force intérieure ce que
sera chez Beethoven le grand air de Léonore. Joseph Kaiser, Admète, fait
lui aussi montre d'expressivité dans la déclamation et d'une efficace
plasticité vocale. Bien qu'en phase avec la régie, le reste de la
distribution ne brille pas vocalement. Les sonorités lumineuses et
transparentes des instruments anciens du Freiburger Barockorchester révèlent la
finesse de l'orchestration de Gluck, sous la direction adroite de Ivor Bolton,
même si un peu corsetée dans le débit et prosaïque dans l'expression.
©Pascal Victor/Artcomart
Igor STRAVINSKY : Le
Rossignol, conte lyrique en trois actes, et autres fables (Livret du
compositeur & de Stephan Mitousov, d'après Hans Christian Andersen). Renard,
histoire burlesque chantée et jouée (Texte du compositeur d'après des contes
populaires russes). Ragtime. Trois pièces pour clarinette
seule. Pribaoutki. Berceuse du chat. Deux
poèmes de Constantin Balmont. Quatre chants paysans russes.
Olga Peretyatko, Elena Semenova, Svetlana Shilova, Edgaras Montvidas, Ilya
Bannik, Nabil Suliman, Yuri Vorobiev. Jean-Michel Bartelli. Chœurs
de l'Opéra national de Lyon, Orchestre de l'Opéra national de Lyon, dir.
Kazushi Ono. Mise en scène : Robert Lepage.
Si Le Rossignol est
rarement monté, il le doit à sa brièveté. En moins d'une heure et trois
micro-actes, Stravinsky brosse la fable morale de l'Empereur de Chine qui
côtoie la mort pour avoir confondu le naturel du chant du Rossignol avec la
froide mécanique d'un automate offert par son collègue du Japon.
S'apercevant de sa méprise, il réhabilite l'oiseau qui lui promet de revenir
chanter toutes les nuits. Le canadien Robert Lepage, chantre de
l'imagerie onirique (La Damnation de Faust à l'Opéra Bastille, The
Rake's Progress à Lyon et à la Scala), sait comme peu construire un univers
féerique. Pour ce faire, il convoque plusieurs techniques, peu usitées à
l'opéra : les marionnettes d'eau vietnamiennes, les ombres chinoises, le
théâtre d'ombres balinais. Le résultat est fascinant. La fosse
d'orchestre devient un bassin empli d'eau, reléguant les musiciens sur le
plateau, séparés qu'ils sont des chanteurs par une sorte de guirlande formée
par le chœur. Les solistes évoluent dans un monde de fantaisie aquatique,
chacun maniant sa marionnette, sorte de prolongement de soi-même. La
magie du double qui confond les différences d'échelle fait passer de l'un à
l'autre dans une démarche on ne peut plus spontanée. « Seigneur
comme c'est beau ! » s'exclame le pêcheur à l'écoute du chant de
l'oiseau. Cela vaut pour l'ensemble de cette féerie raffinée. L'œil
est enchanté par la magnificence des costumes chamarrés et des éclairages
changeants qui sculptent de délicates scénettes,
tel le combat de minuscules dragons marins ou l'oiseau virevoltant au bout
d'une longue perche. L'exotisme se conjugue au rêve. L'oreille ne
l'est pas moins par un cast d'une belle tenue, dominé par les sûres vocalises
d’Olga Peretyatko, une voix de soprano colorature digne sans doute de son
illustre devancière Jenny Lind, « le rossignol du Nord », pour
laquelle Andersen avait écrit le conte, et un orchestre étincelant.
©Élisabeth Carecchio
La première partie du spectacle
met en perspective ce conte avec un collage de petites pièces peu connues
appartenant à la même période russe du compositeur et empruntant à la veine
animalière. Elle s'ouvre par un ragtime endiablé et doit ses
enchaînements aux Trois pièces pour clarinette seule. Les courtes
fables sont joliment racontées par un suggestif jeu d'ombres chinoises.
Le clou en est la pochade que constitue Renard, transfigurée par la
régie de Lepage. Tout y est d'une extrême efficacité dans son apparente simplicité,
à l'aune des courses-poursuites tragi-comiques
d'un coq orgueilleux et du malin goupil. Mêlant malicieusement envers du
décor et action figurée par le théâtre d'ombres, dès lors que les mimes
officient au-devant de la scène ou qu'un écran à mi-hauteur laisse apparaître
les acrobates, la réalité et la fiction s'entremêlent en pure poésie. Là
encore la rareté fantasque du monde sonore concocté par Stravinsky dans sa
première manière ne saurait avoir meilleurs avocats que Kazushi Ono et
l'Orchestre de l'Opéra de Lyon. À noter que ce spectacle d'une
inventivité jubilatoire sera repris à Lyon durant l'automne ; une occasion
à ne pas manquer.
©Élisabeth Carecchio
Jean-Pierre Robert.
Dmitri Yanov-Yanovsky : de la petite forme au grand
concerto
Jusqu’à présent, le compositeur Dmitri Yanov-Yanovsky – né
en 1963 à Tachkent, alors capitale de la République socialiste soviétique
d’Ouzbékistan – avait principalement composé des formes volontairement
concises, aussi bien dans la durée que dans l’instrumentarium. Reflet, sans doute, d’une personnalité
encline à la méditation et à ne poser les notes sur le papier qu’après mûre
réflexion. Son éditeur, Le Chant du Monde, a pensé qu’il était temps pour
Dmitri de travailler sur une échelle plus vaste. Aussi lui a-t-il passé commande
d’un Concerto pour violoncelle destiné à Yo-Yo Ma et l’Orchestre de
Chicago. L’œuvre a été créée les 13, 14 et 15 mai 2010 au Chicago
Symphony Center - interprétée, bien sûr, par l’Orchestre de Chicago et Yo-Yo
Ma, son dédicataire, placés sous la direction de Carlos Miguel Prieto. Alors
que venaient à peine de s'éteindre les dernières notes de l’œuvre, les
spectateurs se sont spontanément levés pour applaudir - durant quelque
10 minutes - compositeur, soliste et chef d’orchestre. Un succès
considérable pour la première œuvre symphonique d’un compositeur qui appartient
autant à l’Est qu’à l’Ouest.
Yo-Yo Ma, Dmitri Yanov-Yanovski & Carlos Miguel Prieto ©DR
Pascal Ianco.
La Chambre aux images
Une fois encore, le conteur
Clément Riot fait entrer son public dans un univers magique, riche de
symbolisme. Ici, c’est le mythe de Tristan et Iseult que le comédien a
revisité dans un spectacle pour conteur, flûtes à bec, viole de gambe &
petites percussions. Ce spectacle intègre des versions antérieures du
mythe enrichies d’emprunts et d’allusions (Mille et une Nuits, Contes de Grimm…), révélant les multiples facettes du psychisme et des valeurs
humaines. Tristan rejoue sa propre histoire autour d’un grand échiquier
en verre. D’emblée, le spectateur est plongé dans une temporalité
différente, onirique, au service de l’émotion et du questionnement
intime. Tristan se remémore sa vie, la recompose dans un récit aux
couleurs étranges où musique et voix nous font partager des émotions universelles.
©DR
Le récit est soutenu et prolongé
par une musique originale de Bruno Giner, évoquant musiques médiévale,
traditionnelle & contemporaine dans un style très personnel. Flûtes à
bec (ténor et basse) et viole de gambe évoluent en effets parfois surprenants
pour des instruments généralement assignés au répertoire de la musique
ancienne. Les petites percussions maniées par Clément Riot & Fanette
Estrade apportent au récit une atmosphère envoûtante, dépaysante, donnant au
conte une dimension encore plus interrogatrice.
Conteur et musiciens sont
totalement investis dans le spectacle. La voix délicate et bien posée de
Clément Riot fait couler le texte dans une fluidité entraînant l’auditeur dans
le sillage du mythe. Fanette Estrade, pieds nus, évoque une flûtiste
orientale enveloppée dans une aura sonore aux résonances magiques.
Christian Sala, à la viole de gambe, se montre tour à tour rude ou enchanteur,
toujours dans une aisance remarquable.
La Chambre aux images est un spectacle total, adapté à
toutes les générations, qui tient le spectateur en haleine jusqu’à la fin…
inhabituelle, il faut le dire ! Chacun y trouvera quelque chose à
puiser car la magie du conte transcende le temps et l’espace, ouvre aux
dimensions secrètes de l’esprit et du cœur.
Un jeu de parties fixes et mobiles
permet - dans l’esprit des musiques et contes traditionnels - de proposer
plusieurs durées, variantes et versions. Ce spectacle est généralement
proposé en version complète (2h20) ou en version courte (1h15). Il est
destiné tant à un milieu scolaire qu’à des festivals ou différentes
manifestations.
Renseignements : 04 68 51 78 34. www.clement-riot.com ou : contact@clement-riot.com
©DR
Gérard Moindrot.
Les Contes d’Hoffmann, à l’Opéra Bastille :
une reprise réussie. Opéra fantastique en un prologue, trois actes et un
épilogue (1881) de Jacques OFFENBACH (1819-1880) sur un livret de Jules Barbier
d’après le drame de Jules Barbier et Michel Carré. Orchestre et chœur de l’Opéra
National de Paris, dir. Jésus Lopez-Cobos. Mise en scène : Robert Carsen.
Laura Aikin (Olympia), Inva Mula (Antonia), Béatrice Uria-Monzon (Giulietta),
Ekatarina Gubanova (La Muse /Nicklausse), Giuseppe Filianoti, Franck
Ferrari (Lindorf/Coppelius/Dr Miracle/Dapertutto), Alain Vernhes (Luther,
Crespel).
Les Contes d’Hoffmann occupent une place particulière
dans l’œuvre d’Offenbach. Œuvre inachevée (les deux derniers actes,
Giulietta et Stella, n’auraient pas été achevés à la mort du compositeur),
ambiguë, oscillant entre gaîté et désespoir, incertaine dans sa forme puisque
chaque nouvelle représentation doit choisir entre les différentes versions,
dans le but de maintenir la cohérence dramatique et musicale de l’opéra,
considérée par certains comme une réhabilitation du compositeur dont la vie
apparaît en filigrane dans le livret, considérée par d’autres comme un
aboutissement par la présence de nombreux passages musicaux empruntés à
d’autres œuvres d’Offenbach, Les Contes d’Hoffmann ont pour sujet trois
époques de la vie amoureuse d’un homme (amour juvénile pour Olympia, amour
adulte et tragique pour Antonia, amour vénal pour Giulietta), amours
contrariées par le diable dans ses incarnations fantastiques.
©OnP/Frédérique Toulet
Si le prologue s’inspire de Faust,
les autres actes pastichent l’opéra-bouffe, l’opéra fantastique et l’opéra
romantique, et le génie d’Offenbach consiste à triompher sur tous les tableaux,
celui de l’ironie, comme celui de la passion sincère. Cette production,
reprise de celle de 2000, affichait une superbe distribution dominée par
Giuseppe Filianoti, Hoffmann parfaitement crédible tant vocalement que
scéniquement, avec un très beau timbre, une bonne diction, des aigus sans
dureté, auquel s’associaient la magnifique et irrésistible Olympia de Laura
Aikin, ainsi que la superbe et émouvante Antonia d’Inva Mula. Béatrice
Uria-Monzon au vibrato très marqué, à la diction déplorable et
incompréhensible, semblait une erreur de casting. Franck Ferrari,
inconstant, donnait le meilleur dans le second acte mais le scintillement de
ses diamants du troisième acte manquait particulièrement d’éclat. La mise
en scène de Carsen se révélait toujours aussi efficace et ingénieuse, en
utilisant intelligemment toutes les possibilités scéniques de la mise en
situation du théâtre dans le théâtre avec des effets originaux et une belle
scénographie. Une reprise réussie.
©OnP/Frédérique Toulet
La Walkyrie à l’Opéra
Bastille : quel dommage ! Première journée, en trois actes, du festival
scénique : l’Anneau du Nibelung (1870). Musique et livret de
Richard WAGNER (1813-1883). Orchestre de l’Opéra national de Paris, dir.
Philippe Jordan. Mise en scène : Günter Krämer. Robert Dean Smith
(Siegmund), Ricarda Merbeth (Sieglinde), Katarina Dalayman (Brünnhilde), Thomas
Johannes Mayer (Wotan), Günther Groissböck (Hunding), Yvonne Naef (Fricka),
Silvia Hablowetz (Waltraute).
Dommage, dommage, que cette
sublime musique, superbement dirigée par Philippe Jordan et magnifiquement
chantée par l’ensemble de la distribution, ait été gâchée par la mise en scène
calamiteuse et inutilement provocatrice de Günter Krämer ! Tout
avait pourtant parfaitement commencé, un orchestre enthousiaste en totale
symbiose avec le chef, une direction d’orchestre élégante, à l’écoute attentive
des chanteurs, un choix de tempi judicieux, une sonorité pleine de nuances et
de couleurs, un magnifique duo chargé d’émotion au premier acte, entre un
Robert Dean Smith au timbre onctueux et la talentueuse Ricarda Merbeth, nous
rappelant par la voix et le physique la grande Astrid Varnay. La qualité
musicale et vocale se confirmait lors des deuxième et troisième actes avec une
distribution homogène regroupant les meilleurs chanteurs wagnériens du moment,
Katarina Dalayman, habituée du rôle, campait une Brünnhilde puissante et
humaine, Thomas Johannes Mayer donnait figure à un Wotan convaincant et
émouvant, notamment lors de ses adieux magnifiquement interprétés ; Yvonne
Naef, comme à son habitude, incarnait une Fricka pleine de morgue et
d’autorité.
© OnP/ Charles Duprat
Hélas, la mise en scène jusque là
assez sobre, peu dérangeante et sans grand intérêt, sombrait dans l’horreur
absolue dès le lever de rideau du troisième acte, étalant des corps d’hommes nus
enchevêtrés en amas, un charnier sur scène du plus mauvais goût, dans une
ambiance d’institut médico-légal (tables métalliques alignées supportant les
corps nus des guerriers morts au combat, lavés par des Walkyries en blouse
blanche !), sous des éclairages criards, des costumes hideux et une
Brünnhilde endormie dans une image finale de fin du monde. Au-delà de la
violence et de la crudité des images, on regrettera surtout l’absence de
finalité de cette mise en scène qui n’apporte aucun éclairage nouveau ou
original. Dommage, dommage ! Nous attendions mieux après le
succès, mérité, de L’Or du Rhin. Le public ne s’y est pas trompé
faisant une juste ovation aux musiciens et chanteurs, mais raccompagnant Günter
Krämer, vers les coulisses, sous les huées, elles aussi bien méritées.
©OnP/Elisa Haberer
Patrice Imbaud.
CANTIQUES
Roger PARMENTIER : Chantons
de nouveaux cantiques… Édition entièrement refondue & complétée. L’Harmattan
(5-7, rue de l’École-Polytechnique,
75005
Paris, diffusion.harmattan@wanadoo.fr),
2010. 116 p., 12,50 €.
L’auteur propose des cantiques
« dépoussiérés » et exprimés dans le langage de notre temps. Il
apporte ainsi un complément au corpus hymnologique reposant sur des mélodies
très familières (notamment psaumes, chorals…). Ces chants nouveaux
s’inspirent soit de sources bibliques, soit de problèmes d’actualité. Il
est toutefois regrettable qu’au moins 3 strophes ne figurent pas sous
l’harmonisation reproduite à partir de recueils existants et parfois dotée de
paroles fort éloignées de l’original, ce qui va à l’encontre du processus
d’associations d’idées mélodiques. Malgré ces réserves d’ordre pratique,
ce recueil rendra service aux officiants, organistes, chefs de chœur et
chanteurs.
Édith Weber.
PIANO
Franz LISZT : Bénédiction
de Dieu dans la solitude. Urtext. G. Henle Verlag (www.henle.de) : HN 984.
8,50 €.
Datée de 1853, cette pièce en
trois parties appartient au cycle des Harmonies poétiques et religieuses,
inspiré du recueil de poèmes éponyme d’Alphonse de Lamartine (1830) ; elle
est la plus importante du cycle. En exergue de la partition, est donnée la
première strophe du poème : « D’où me vient, ô mon Dieu !
cette paix qui m’inonde ? […] Un nouvel homme en moi renaît et
recommence. ». Les indications de doigtés sont celles du
compositeur. Une œuvre majeure bien trop rarement interprétée.
CHŒUR &
ORCHESTRE
Les Éditions du Centre de musique baroque de Versailles
(tél. : 01 39 20 78 18. www.cmbv.fr) poursuivent leur louable
politique de publication du grand répertoire d’Ancien Régime.
André CAMPRA
(1660-1744) :
In convertendo (1703), psaume 125, motet à grand
chœur & symphonie. Introduction : Jean Duron. Conducteur :
CAH-14. 19 x 24 cm, 31 p. 16,50 €. Sont
sollicités 5 chanteurs solistes et un chœur à 5 parties « à la
française ». L’orchestre comprend les bois, 5 parties de violon
& basse continue.
In convertendo Dominus (1726), psaume 125.
Introduction : Jean Duron. Conducteur : CAH-212.
19 x 24 cm, 28 p. 16,00 €. Profondément remaniée, cette
version fut celle utilisée à la Chapelle royale de Versailles. Elle
nécessite 4 chanteurs solistes et un chœur à 5 parties « à la
française ». L’orchestre est composé d’un ensemble à 4 parties
de violon, bois & basse continue.
Confitebor tibi Domine (ca 1722),
psaume 110. Introduction : Louis Castelain.
Conducteur : CAH-214. 22,5 x 31 cm, 51 p.,
17,20 €. Ce grand motet fait intervenir 4 chanteurs solistes,
un chœur à 5 parties « à la française » et un orchestre de cordes à
4 parties, avec bois & basse continue.
CHANT
Didier GROJSMAN
& Michel ÉDELIN : Vocalises
avant de bien chanter. Van de Velde (www.van-de-velde.fr),
« Pratiques vocales ». 19,5 x 26 cm, 68 p., ex. mus.,
1 CD (42 plages. Textes, musiques & arrangements : Michel
Édelin. TT : 64’29).
Est-il meilleur orfèvre en la matière que Didier Grojsman,
fondateur et animateur du célèbre Centre d’éveil artistique d’Aulnay-sous-Bois (www.lecrea.fr) ?
S’adressant à tout responsable d’ensemble vocal (en écoles élémentaires,
collèges, écoles de musique ou structures associatives), ce précieux vade-mecum
propose 21 séquences et leur exploitation - sous forme de fiches élaborées
autour de 3 pôles principaux : « mise en chœur » /
travail corporel / réveil vocal & dynamique. Chaque vocalise
occupe deux plages du CD (interprétation par le Petit Chœur du Créa avec
accompagnement instrumental + play-back avec les seuls instruments).
Une publication qui témoigne - si besoin était - qu’un tel travail peut se révéler
à la fois technique, musical et… ludique.
QUINTETTE À CORDES
Éric PÉNICAUD (°1952) : Le nuage d’inconnaissance.
Niveau 4. Éditions d’Oz : DZ 1405.
À tout le moins peu banale est cette alliance d’une
guitare & d’un quatuor à cordes pour une œuvre résolument contemporaine - composée
pendant l’une des nombreuses croisières du musicien. Merveilleux nuage se
construisant par touches additionnelles où les musiciens semblent se chercher
avant de se rejoindre : il ne s’agit nullement, en effet, d’une œuvre
concertante (tournes calculées afin qu’il n’y ait que trois pupitres : violons /
guitare : alto & violoncelle). Consulter : www.productionsdoz.com/doz/DZ
1405.html
Patrick GUILLEM & Jean-Christophe HOARAU : Guitarama /
Jazz Story. Hors série 1 : 14 standards de
jazz. Hit Diffusion (www.editions-hit-diffusion.fr).
Avec CD (morceaux + playback).
Dans cet album fort intelligemment conçu, chaque standard apparaît
sous trois fomes : arrangement pour guitare seule avec partition sur
portées & tablatures / thème seul sur portées & tablatures /
grille d’accords. Pour quatorze grands standards : Summertime (G. Gershwin), Manha de Carnaval (L. Bonfa), Blue Monk (Th. Monk), Daphné (Dj. Reinhardt), Les Feuilles mortes (J. Kosma), Nuages (Dj. Reinhardt), It’s a Raggy Waltz (D. Brubeck), Stomping at the Savoy (E. Sampson), So What (M. Davis), Lil’Darlin’ (C. Basie), Tears (Dj. Reinhardt), Lullaby of Birdland (G. Shearing), Satin Doll (D. Ellington), On Green Dolphin
Street (Br. Kaper).
Le CD permet de s’entraîner avec un véritable ensemble de jazz.
Francis Cousté.
PIANO
Les éditions Bärenreiter nous offrent en quatre volumes Urtext les dernières œuvres pour piano de Johannes Brahms :
Fantasien op.116 :
BA 9628, Drei Intermezzi op.117 :
BA 9629, Klavierstücke op.118 :
BA 9630 et Klavierstücke op.119 :
BA 9631.
Ces quatre volumes ont été édités et doigtés par Christian
Köhn. Cette nouvelle édition correspond aux exigences d’une édition
critique, qui se manifestent à la fois par l’examen des sources et par leur
présentation dans une préface très étoffée. Mais elle est en même temps une véritable mine pour l’interprétation en
raison de la présentation de la musique de piano de Brahms, et spécialement de
ces pièces, dans la préface qui se trouve dans chacun des volumes. Ces
œuvres, composées pendant les dernières années de la vie de Brahms, sont comme
la quintessence de son écriture pour le piano.
Krishna LEVY : Les Notes de 7 lieux. 7 pièces
originales pour piano. Van de Velde : VV288.
Voici sept petites pièces assez faciles écrite dans un
langage totalement atonal et plein de charme, jouant sur les timbres et les
résonances. Voilà de quoi initier les jeunes pianistes à un monde souvent
ignoré d’eux.
Patrick
MANCONE : Pièces bucoliques pour
piano. Combre : C06643.
Trois pièces : 1. Les éphémères 2. Digitales 3. Essaimage dont on peut
imaginer aisément l’illustration. Chacune de ces pièces fait appel à une
qualité particulière de jeu pianistique, mais toujours au service d’une musique
délicate et expressive. Ces morceaux sont destinées à la 3e année de
IIe cycle.
René MAILLARD : Toccata pour piano.
Delatour : DLT1825.
Voici une vraie toccata à l’ancienne, au moins pour la
forme, car elle est bien de notre temps, autant pour la facture harmonique que
par le rythme à 7/8 qui sous-tend toute l’œuvre. Cette pièce difficile,
véritable morceau de bravoure, est en même temps une très belle musique,
scintillante et joyeuse.
GUITARE
Olivier MAYRAN DE
CHAMISSO : La guitare espace-temps.
16 compositions originales pour guitare dans des styles variés. 1 vol.
1 CD. Combre : C06600.
Ces seize miniatures, abordables dès la fin du premier
cycle, sont autant d’évocations de différentes régions ou pays et de
différentes époques. Même si l’élève ne joue pas toutes les pièces, il
pourra, grâce au CD, faire un voyage profitable dans l’histoire de la musique
et des styles musicaux. Et gageons que beaucoup auront à cœur d’au moins
déchiffrer jusqu’au bout ce délicieux recueil.
ALTO
Charlotte
LAPEYRE : Les Animaux malades de
l’alto. 20 pièces pour alto & piano, pour le 1er cycle,
en 4 volumes. Volume 2. Combre : C06672
Ces charmantes petites histoires d’animaux constituent,
sans en avoir l’air, une véritable progression technique (mesures binaires et
ternaires, sauts de cordes, etc.). Mais la musique est toujours présente
et bien jolie.
CONTREBASSE
Jean-Loup
DEHANT : Bass and Play. Voyage
en duos & trios faciles pour contrebasses. 1 vol.
1 CD. Combre : C06636.
Ces voyages dans les divers styles et pays sont
remarquablement présentés. Le CD ne se limite pas à l’écoute des pièces :
c’est un véritable instrument de travail commençant tout simplement par
l’accord de l’instrument, opération indispensable mais pas toujours
suffisamment pratiquée… Les musiques, caractéristiques, sont fort agréables et
s’adressent à des instrumentistes de premier cycle.
CLARINETTE
Philippe
CHAMOUARD : Nocturnal pour clarinette
en sib ou en la & piano. Combre : 06651.
Auteur d’un doctorat sur l’orchestration des symphonies de
Mahler, Philippe Chamouard utilise un langage original, plein d’humanité et de
lyrisme. La pièce peut se décliner en version courte (cinq minutes) ou en
version sonate (onze minutes).
Émile LELOUCH : Hanoukkah pour clarinette &
piano. Combre : C0667
Ce titre qui évoque la fête juive de la lumière est illustré
par une musique tout à fait adaptée, pleine de ce charme qu’on connait à la
musique hébraïque. Alliant danse et chant mélancolique, cette œuvre de
niveau de fin de 2e cycle est fort intéressante à tous points de
vue.
Kumiko TANAKA : Carte postale du Japon pour
clarinette sib & piano. Lafitan
P.L.2028.
Cette charmante pièce de niveau élémentaire est très loin
de l’exotisme, mais au contraire, crée une très jolie ambiance un peu
nostalgique. Cette évocation est pleine d’une grande délicatesse, en un mot
d’une belle musique.
SAXOPHONE
Jean-Luc
LEPAGE : Bahamas pour saxophone mib ou sib & piano. Combre : C06604.
Deux pièces nous sont proposées : 1. Comme la vague… 2. Dansez maintenant ! La
première est doucement bercée par des harmonies délicates. L’autre, syncopée,
évoque un rythme sud-américain. Le tout est très agréablement composé et d’un
intérêt musical certain, ce qui n’étonnera pas de la part de ce compositeur et
instrumentiste belge.
Alain MARGONI : Huit duos progressifs pour saxophones
identiques. Un duo pour
saxophones alto. « Jeux d’ensemble », Combre : C06673.
Cette collection fort intéressante permet de faire jouer
ensemble les élèves d’une même classe d’instruments, ici les saxophones.
La difficulté des pièces est progressive, allant de la deuxième à la sixième
année d’instrument. Ce recueil constitue un excellent outil pour le
professeur.
Alexandre
CARLIN : Dans les bois pour
saxophone alto mib & piano.
Lafitan : P.L.2033.
Quoi de plus agréable, pour un débutant, qu’une promenade
dans les bois ? Cette jolie pièce mettra en valeur l’expressivité et le
sens du phrasé du jeune instrumentiste.
Laurent
DESFORGES : Charango pour
saxophone alto mib & piano.
Lafitan : P.L.2070.
Cette pièce de niveau élémentaire bénéficie d’une présentation
par le compositeur lui-même. Nous apprenons ainsi que le charango est une
sorte de petite guitare bolivienne. Trois parties : une première
assez nostalgique, une deuxième plus lente utilisant les couleurs modales et
enfin une dernière plus enjouée et légère, construite sur des rythmes espagnols
et sud-américains.
Gilles MARTIN : Un sax à Paris pour saxophone alto mib & piano. Lafitan :
P.L.2038.
Également de niveau élémentaire, cette pièce nous entraine
de bar en bar dans un Paris dansant à des rythmes divers mais endiablés dans
une structure qui n’est pas sans rappeler le quadrille d’antan. Ce sera
un moment fort agréable pour les deux musiciens. Ajoutons que la partie
de piano pourra être tenue par un pianiste de même niveau. Un sax à Paris,
c’est tout un poème…
Jean-Louis
PETIT : Nu-pieds pour saxophone alto mib &
piano. Lafitan : P.L.2072.
De niveau préparatoire, cette pièce à l’atmosphère parfois
un peu inquiétante invite à une bien agréable déambulation parmi des harmonies
changeantes. L’opposition binaire/ternaire entre les deux instrumentistes
renforce encore cette atmosphère. Voilà une pièce qui ne devrait pas laisser
indifférent.
André TELMAN : Dans la nébulosité des bois pour
quintette de saxophones. Lafitan : P.L.1961.
Conçue pour trois saxophones alto, un saxophone ténor et
un baryton, cette œuvre, d’un niveau à la charnière du premier cycle et du
second cycle, est axée sur des accords complexes et des dissonances, ainsi que
sur une alternance entre tempi rapides et lents. Tout cela ne manque pas
de charme…
TROMPETTE
André GUIGOU : Château de sable pour trompette sib ou ut ou cornet & piano. Lafitan : P.L.1964.
On peut imaginer la construction de ce château de sable,
les difficultés puis le triomphe final suggéré par l’indication
« fièrement » ! Il s’agit d’une pièce pour débutant mais
qui comporte déjà un dialogue avec le partenaire pianiste. Ce sera un
agréable moment pour deux jeunes interprètes.
Claude-Henry
JOUBERT : Sérénade à cheval pour
trompette ou cornet en sib avec
accompagnement de piano. Fin du premier cycle. Lafitan :
P.L.1976.
On ne présente pas Claude-Henry Joubert et son humour
ravageur. Mine de rien, à travers cette chevauchée destinée à délivrer
une jeune fille prisonnière du chef indien, trompette & piano sont invités
au dialogue et à l’improvisation. La collection « Sérénade »
est en effet consacrée à des pièces faisant appel à une écriture contemporaine
et à quelques essais d’improvisation simple. On ne peut résister au
plaisir de citer les trois solutions proposées par l’auteur pour terminer
l’œuvre : « Jouer très joliment, avec beaucoup d’expression
amoureuse : - la tonique si la jeune fille épouse le chef indien ; -
la médiante, si la jeune fille épouse le capitaine de cavalerie ; - la dominante,
si la jeune fille retourne au conservatoire en classe de trompette. »
OPÉRA
ROSSINI : Il barbiere di Siviglia (Almaviva o sia
L’inutile precauzione), édité par Patricia B. Brauner. Urtext.
Bärenreiter. Conducteur « de poche » : TP 411.
Réduction chant et piano : BA 10506b.
Ces deux volumes ne constituent qu’une partie de cette
monumentale édition de l’opéra le plus célèbre de Rossini. Nous ne pouvons que
conseiller de se rendre sur le site www.baerenreiter.com pour en connaître
le détail. La préface, légèrement différente selon le contenu des
volumes, comporte tous les éléments historiques et critiques souhaitables.
La réduction pour piano, tout à fait remarquable, comporte toutes les indications
que peut désirer un pianiste qui fait travailler les chanteurs en vue de
l’exécution avec orchestre. J’ai déjà écrit « monumental »,
mais c’est vraiment le mot qui convient pour cette édition exhaustive qui
comblera tous ceux qui voudront analyser et monter cet opéra emblématique de
Rossini.
MUSIQUE DE CHAMBRE
Guy PRINTEMPS : Ocre rouge pour marimba, violoncelle
& piano. Combre : C06645.
Cette œuvre est fidèle à l’esthétique de Guy Printemps.
L’émotion sortie d’une modalité qui ne récuse pas toute tonalité est bien
présente dans cette pièce originale.
Jacques HOTTETERRE
(1684-1762) : Duo. Transcription
pour alto & violoncelle de Marie-Claire Méreaux. Lafitan :
P.L.2023.
Ce duo est un véritable duo : violoncelle & alto
jouent en contrepoint d’un bout à l’autre. Le plaisir est le même pour
les deux instrumentistes. Voilà donc une pièce d’un intérêt certain à la fois
pour initier les élèves à la musique de chambre et surtout leur en faire
découvrir le charme et le profit.
Claude DEBUSSY : Quatuor pour 2 violons, alto &
violoncelle op.10. Urtext. Édité par Douglas Woodfull-Harris.
Bärenreiter : BA 9414 (parties séparées) ; TP 414
(partition de poche).
Précisons tout de suite que, comme pour tous les musiciens
français qu’elles publient, les éditions Bärenreiter offrent aux lecteurs
français une traduction française de l’ensemble de la préface et des notes.
La préface se trouve dans la partition de poche. Elle comporte à la fois
l’arrière plan historique de l’œuvre, l’histoire de sa création et de ses
premières exécutions, l’historique de la publication et une partie consacrée à
l’esthétique et aux traditions de l’interprétation. On y trouve aussi, en
appendice, un copieux « critical
commentary », malheureusement non traduit en français…
Raphaël FUMET : Quintette à vent pour flûte,
hautbois, clarinette, cor & basson. 1 vol. 1 CD.
Delatour : DLT0631.
Quelle excellente idée ont les éditions Delatour de
remettre au jour les œuvres de ce compositeur trop ignoré. Fils du
compositeur Dynam-Victor Fumet, frère de l’écrivain Stanislas Fumet, Raphaël
Fumet, élève de Vincent d’Indy, utilise un langage musical original, loin de
toutes les modes, mais totalement exempt d’académisme. Un premier
mouvement, Le souffle sur les eaux, tantôt
méditatif et frémissant, tantôt animé et tempétueux, évoque évidemment la
création du monde tandis qu’une Tarentelle endiablée semble nous entraîner joyeusement vers les cimes… Une œuvre
à découvrir de toute urgence. De plus, la partition complète (avec
parties séparées) contient une très belle interprétation de l’œuvre par les
solistes de l’Orchestre national de France. Un régal !
Daniel Blackstone.
***
Gérard
DENIZEAU & Danièle PISTONE (dir.) : La musique au temps des arts. PUPS (pups@paris-sorbonne.fr),
« Musique / Écritures », 2010. 274 p.
25 €.
En 1989, le professeur Michèle Barbe a créé en
Sorbonne l’équipe de recherche « Musique et Arts plastiques ».
Ces mélanges - après 37 ans d’enseignement et la publication de nombreux
actes de colloques - regroupent 16 contributions de ses collègues,
disciples et amis, français et étrangers, autour des thématiques de son équipe
toujours soucieuse de relancer le dialogue entre les arts, associant
plasticiens et compositeurs, œuvres picturales et musicales, musique et
architecture, temps et rythme, sans négliger les divers contextes historiques.
Les PUPS ont réalisé un très beau volume abondamment illustré et très bien
présenté, et les deux directeurs proposent ainsi un vibrant hommage
comparatiste, grâce à ces témoignages intradisciplinaires et toujours ouverts.
Selon leur formule éprouvée : 1BD +
2CDs, les éditions BDMusic (bdmusic@bdmusic.fr / distr.
Harmonia Mundi) poursuivent
leurs publications : Mozart, Saint-Saëns, Ravel, Stravinsky.
Pablo CORREA : Mozart. 32 p. 2CDs. TT : 79’43 + 77’25.
Pablo Correa a signé
les dessins très révélateurs, placés sous la devise : « Musique
ensorsèle [sic] moi toi qui ne me
quittes pas… ». Au cours des illustrations, défilent Mozart et son
père, le pape Clément XIV, sans oublier les intrigues, mais, bien que
victime, il « continue à composer parce que cela me fatigue moins que de
me reposer »… jusqu’à la dernière Messe (Vienne, 1791). Après un aperçu biographique aux titres évocateurs de
Chr. Menesson, loin des légendes de l’époque romantique, place à la
musique, avec des interprétations légendaires : Cl. Haskil, D. Oistrakh,
A. Grumiaux, W. Primrose… (mono, stéréo). CD 1 :
Musique symphonique (Symphonie n°40,
en sol mineur, K 550 ; Concerto pour piano n°27, en sib majeur, K. 595 ; Concerto pour violon n°3, en sol majeur, K. 216). CD 2 :
Musique de chambre (Quatuor n°15 en ré mineur, K. 421 ; Sonate pour violon et piano, en sib majeur, K. 454 ; Quintette en sol mineur, K. 516).
Claire
BRAUD : Saint-Saëns. 32 p.
2CDs. TT : 73’47 + 73’43.
Dans un autre style, Cl. Braud présente
une BD traitant d’une tranche de la vie de Camille Saint-Saëns (1835-1924),
avec des commentaires truculents, fantaisistes et fantasmagoriques autour du
bestiaire et de l’exposition du Grand Palais consacrée au Japon.
Fr. Hudry résume sa vie jalonnée par ses œuvres, et le présente comme un
créateur aux intérêts multiples, d’une exceptionnelle longévité créatrice.
Place à la musique avec les œuvres les plus marquantes. CD 1 : Symphonie n°3, en ut mineur, op. 78 « avec orgue », Le Carnaval des animaux… CD 2 : Concerto pour piano n°4, en ut mineur, op. 44 et musique de
chambre...
Michel
CONVERSIN : Ravel. 31 p.
2CDs. TT : 77’58 + 77’57.
M. Conversin nous convie à une promenade
en forêt avec Ravel (1875-1937), dans son cadre de vie, évoquant ses sources
d’inspiration. Le lecteur assiste ainsi à la genèse du célèbre Boléro (créé à l’Opéra, le 20 novembre
1928), à l’intransigeance du maître, à l’interprétation catastrophique de sa Pavane (et sa réplique :
« Chère amie, c’est l’infante qui est défunte… pas la Pavane »), jusqu’à l’accident en taxi de 1932, et sa mort, le
28 décembre 1937, alors qu’il avait « encore tellement de musique dans la
tête ». Suit le texte de Fr. Hudry qui rappelle ses
origines basques, ses influences, ses voyages ; le présente comme un
« maître de l’orchestre » cultivant « exotisme et
nostalgie » et animé par « la rage d’un novateur ». Place
à la musique, avec des interprétations légendaires de ses œuvres les plus
marquantes dirigées par M. Rosenthal, Ch. Munch, E. Ansermet et
interprétées, entre autres, par D. Wayenberg, A. Rubinstein,
Vl. Perlemuter, G. Souzay, R. Casadesus…
Antonio LAPONE & Fausto
VITALIANO : Stravinsky. 31 p. 2CDs. TT : 78’50 + 73’58.
Sur le scénario de F. Vitaliano, A. Lapone,
graphiste et illustrateur, présente une bande dessinée avec de nombreuses mises
en situation replaçant Igor Stravinsky (1882-1971) au milieu de ses activités
et des critiques des mélomanes. À 23 ans, il insiste pour que le
maître Rimsky-Korsakov l’accepte comme élève de composition. Peu à peu,
son talent se fait connaître ; certains l’accueillent avec délire,
d’autres font la moue. Son inspiration du folklore russe se précise.
Après la désastreuse première du Sacre du
printemps, le public se rend compte de la grandeur de l’œuvre. Ayant
séjourné en Suisse et en France, le compositeur deviendra citoyen des
États-Unis. Fr. Hudry retrace son itinéraire dans la vieille Russie,
puis sa gloire à Paris, sans oublier ses attaches suisses et sa collaboration
avec F. Ramuz (dont la célèbre Histoire
du soldat créée par E. Ansermet). Celui qui a affirmé :
« Nous avons un devoir envers la musique, c’est de l’inventer » a
bien rempli son contrat. Place à la musique, avec des interprétations
légendaires. CD 1 : L’Oiseau
de feu, suite d’orchestre (version 1945), qu’il a dirigé en 1946, Petrouchka… CD 2 : Le Sacre du printemps (1913)… terminant
avec le Canticum sacrum ad honorem Sancti
Marci nominis (1956) qu’il a dirigé en 1957.
______________
Véronique
Alexandre JOURNEAU (dir.) : Musique
et effet de vie. « L’univers esthétique », L’Harmattan (diffusion.harmattan@wanadoo.fr).
227 p. 21,50 €.
La musicologie - au départ discipline proche
des Sciences humaines et des Sciences exactes - connaît depuis plusieurs
décennies des extensions insoupçonnées vers les Sciences cognitives et vers des
approches innovantes. C’est le cas de « l’application de la théorie
générale de l’effet de vie comme
invariant universel à la musique » lancée par Marc-Mathieu Münch (Professeur
émérite de Littérature générale et comparée). Cette nouvelle théorie,
d’inspiration littéraire, est tout aussi valable pour l’œuvre d’art et la
musique en particulier. Préfacé par Danièle Pistone, ce volume de la collection : L’univers esthétique étudie les
réactions psychiques au contact des œuvres, met l’accent sur la « pensée
créative », « l’émotion esthétique », la comparaison
intraculturelle et la correspondance entre les arts. Il résulte d’une
rencontre en janvier 2009, à la Sorbonne, avec M.-M. Münch et des participants
internationaux, et a donné lieu à de nombreux échanges desquels il ressort que
« La théorie de l’effet de vie définirait donc la qualité, voire la
perfection d’une œuvre d’art. Elle ne serait pas seulement dans l’harmonie,
l’équilibre, le nombre d’or (…), la fantaisie ou ailleurs…, mais
essentiellement dans la plénitude de l’esprit récepteur prévue par un esprit
créateur ».
Jean
JAMIN & Patrick WILLIAMS : Une
anthropologie du jazz. CNRS Éditions (frederic.foucaud@cnrseditions.fr),
2010. 382 p. 29 €.
Depuis quelques décennies, l’enseignement du
jazz a fait son entrée dans le cursus universitaire. Cette publication en
langue française émanant de deux ethnologues sera donc très appréciée, car elle
représente « une histoire revisitée grâce à l’anthropologie : le
jazz, fait social et culturel, permet de comprendre le regard que des
communautés portent sur elles-mêmes, les jeux de la parole et de la création,
les rituels et les codes qui définissent à la fois une appartenance et une
manière de vivre et de sentir. » Le jazz occupe une place importante
dans l’histoire noire américaine. Il évoque la ségrégation, mais aussi
« les aspirations d’une société multiculturelle en pleine
évolution », comme le prouve la complexité de ce vaste répertoire.
Georges MIGOT. Catalogue de
l’exposition du Musée historique & de la médiathèque de Haguenau.
Signalons la donation des archives
de Georges Migot (1891-1976) - compositeur, peintre, graveur, homme de lettres
et poète - à la ville de Haguenau et le fascicule élaboré, à cette occasion,
par Emmanuel Honegger, président des Amis de l’œuvre et de la pensée de
G. Migot, fils du regretté professeur Marc Honegger, ardent défenseur du
musicien. Cet événement a donné lieu à une exposition au Musée historique
et à la Médiathèque de Haguenau (15 mai-6 juin 2010). Cette publication,
concernant l’exposition au Musée historique de Haguenau, révèle « plus
d’un demi-siècle de la vie culturelle française ».
Édith Weber.
Michel MEYER : Lou Andreas von Salomé, la femme océan.
Éditions du Rocher, « Un nouveau regard ». 325 p.
20,90 €.
Une biographie très romancée d’une des plus célèbres
séductrices de son temps - entière dans sa scandaleuse liberté d’être.
Égérie de Nietzsche, amoureuse passionnée de Rilke, disciple fidèle de Freud,
aristocrate russo-germanique, volontiers provocatrice et intrigante, témoin de
son temps (Belle Époque, guerres et révolutions, naissance de la psychanalyse),
Lou Salomé (1861-1937) fut incontestablement une personnalité d’exception,
difficilement cernable, préfigurant l’émergence d’une nouvelle image de la
femme. Publié à l’occasion du 150e anniversaire de sa
naissance, cet ouvrage relève plus de la littérature de divertissement que de
la recherche historique.
Patrice Imbaud.
Charles
BURNEY : Voyage musical dans
l’Europe des Lumières. Texte traduit, présenté & annoté par
Michel Noiray. Flammarion, « Harmoniques ». 15,5 x
24 cm, 524 p., cahier d’ill. n&b, ex. mus.
30 €.
Sous un même titre, sont ici réunis deux ouvrages parus à
Londres en 1771 et 1773 : L’état
présent de la musique en France & en Italie et L’état présent de la musique en Allemagne, aux Pays-Bas & dans les
Provinces-Unies. Où, inlassablement, Burney relate ses expériences
d’auditeur et de spectateur, non sans la souriante pédagogie d’un homme nourri
de l’esprit encyclopédiste – à qui Diderot, lui-même, écrivit :
« J’ai voyagé avec vous, et c’est voyager en bonne compagnie ».
Kaléidoscope de mille composantes anecdotiques, certes hétérogènes -
allant du plain-chant aux quatuors de Haydn, des carillons flamands à l’Iphigénie de Gluck… Charles Burney n’eut-il pas l’heur de rencontrer - entre
autres - Grétry, Voltaire, Galuppi, Rousseau, Gluck, Métastase,
C. P. E. Bach…
James R. ANTHONY : La musique en France à l’époque baroque,
de Beaujoyeulx à Rameau. Traduit de l’anglais par Béatrice
Vierne. Flammarion, « Harmoniques ». 15,5 x
24 cm, 576 p., ill. n&b, ex. mus. 39 €.
Pour sa deuxième édition française, ce grand classique a
été revu et complété par Vincent Giroud (nombreux ajouts, mise à jour
bibliographique). Toute l’histoire musicale du Grand Siècle est ici
retracée de manière vivante. En cinq parties : La musique de
théâtre (du ballet de cour à l’opéra-comique) ; La musique
religieuse (de Du Caurroy à Du Mont, de Delalande à Charpentier) / La
musique pour luth, guitare et clavier (clavecin & orgue) / La
musique pour ensemble instrumental et pour soliste (sonate & suite pour
instruments solistes) / La musique de chambre vocale (air de cour
et « cantate françoise »). En guise d’épilogue :
« Réflexion sur l’interprétation de la musique baroque française ».
Anne QUÉRUEL : François
Lay, dit Laÿs. La vie tourmentée d’un Gascon à l’Opéra de Paris
(1758-1831). La Louve éditions (www.lalouve-editions.fr),
« Biographie ». 14 x 22 cm, 176 p.
20 €.
Né le 14 février 1758, à La Barthe-de-Neste
(Hautes-Pyrénées), le baryton François Laÿs entrait, dès 1779, à l’Opéra de
Paris. Où, jusqu’en 1826, il tint brillamment tous les premiers
rôles. L’un des chanteurs préférés de Marie-Antoinette, qui le fit nommer
soliste au Concert de la Reine, il n’en traversa pas moins, sans encombre, la
Révolution et l’Empire - Napoléon le nommant, à son tour, Premier chanteur de
la Chapelle impériale. Mais les rancunes de la Restauration le
contraignirent à s’exiler à Ingrandes (Maine-et-Loire), où il mourut, en 1831, dans
un relatif dénuement. Ouvrage remarquablement circonstancié.
Hector
BERLIOZ : Mémoires. Michel
Austin, éditeur. Éditions du Sandre (www.editionsdusandre.com),
distr. L’Harmattan. 16 x 24 cm, 534 p. 36 €.
S’il est lecture galvanisante, c’est bien celle des Mémoires d’Hector Berlioz -
« comprenant ses voyages en Italie, Allemagne, Russie & Angleterre,
1803-1865 ». La typographie de l’édition de 1870 a été respectée.
Texte assorti de trois pénétrantes études : « L’enfant, Prospero
& l’éternité », par Christian Wasselin ; « À propos de la
véracité des Mémoires », par
Pierre-René Serna ; « À propos d’une édition des Mémoires d’Hector Berlioz », par Peter Bloom. Mémorable !
Viviane NIAUX (Sous la direction de) : George
Onslow (1784-1853), un « romantique » entre France et Allemagne.
Préface de René Koering. Symétrie & Palazzetto Bru Zane. (www.symetrie.com), « Perpetuum mobile,
2010 ». 17 x 24 cm, 408 p., album d’illustrations
couleurs, ex. mus. 75 €.
« M. Onslow est une des plus belles gloires
musicales de la France » considérait Hector Berlioz. Associant
musicologie, analyse musicale & histoire de l’art, le présent ouvrage vient
à son heure. En trois grandes parties : « De la France vers
l’Allemagne » / « Du pupitre… » / « …à la
scène ». Outre les textes de synthèse, des études mettent en lumière
quelques œuvres par trop ignorées - telles que la Toccata pour piano,
les sonates pour piano à quatre mains, la cantate Caïn maudit ou La
Mort d’Abel, l’opéra Guise ou Les États de Blois… Une juste
réhabilitation.
Judith KUHN : Shostakovitch
in Dialogue. Form, Imagery and Ideas in Quartets 1-7. En anglais. Ashgate (www.ashgate.com/music).
Relié toile sous jaquette. 16 x 24 cm, 300 p.,
ex. mus. £60.00
Aucune étude approfondie des quatuors de Chostakovitch
n’avait été, jusqu’à présent, publiée. Enseignant à l’Université du
Wisconsin-Milwaukee (États-Unis), la musicologue fait le départ entre les
lectures politiques d’un corpus dont chaque camp (soviétique ou occidental)
tirait les œuvres à soi, mais aussi autobiographiques ou philosophiques (thèmes
de la guerre, de la mort, de l’amour, des conflits du bien & du mal, de la
place de l’artiste dans la société…). Quels caractères musicaux permirent
de telles interprétations ?... Judith Kuhn situe les 7 quatuors
dans leurs contextes historique et biographique – accordant une attention
particulière aux questions culturelles débattues lors de leur composition, notamment
quant à leurs formes architecturales et harmoniques. Utilisant les outils
de la Sonata Theory, l’auteur se penche ensuite sur chaque œuvre,
mettant en lumière ses caractères signifiants pour les auditeurs du XXIe siècle.
Brynjulf STIGE, Gary ANSDELL, Cochavit ELEFANT &
Mercédès PAVLICEVIC : Where Music
Helps : Community music therapy in action and reflection. En
anglais. Ashgate « Popular and Folk Music Series » (www.ashgate.com/music). 15,5 x 23,5 cm, 350 p., ill. n&b. £20.00
Sont ici réunies les conclusions d’une étude
internationale sur la musicothérapie, mettant en lumière son action - notamment
sociale - dans huit contextes différents. L’étude s’est, en effet, intéressée
à des individus, groupes ou communautés de tous âges & ethnies, vivant en
Angleterre, Israël, Norvège et Afrique du Sud. Sans réduire la musique –
à quelque genre qu’elle appartienne - à une fonction symbolique d’états
psychologiques, de simple stimulus ou de reflet de contenus socio-culturels…
Jean-Paul LEVET : Talkin’ That Talk. Préface de Michel
Fabre. Postface d’Alain Gerber. Outre Mesure (www.outre-mesure.net).
20,5 x 24 cm, 456 p., bibliographie, index thématique.
26 €.
Décrypter la singularité des vocabulaires du blues, du
jazz et du rap, tel est le propos de cette nouvelle édition (entièrement revue,
corrigée & augmentée) d’un ouvrage dont la première édition fit
événement. Lexique couvrant quelque 5 000 termes ou expressions
relevant de jargons spécifiques, mais aussi encyclopédie documentant une
culture naguère opprimée, désormais dominante…
Yannick SÉITÉ : Le jazz, à la lettre. PUF (www.puf.com), « Les
Littéraires ». 13,5 x 20 cm, 350 p., 25 €.
« Selon
l’angle sous lequel on la considère, la rencontre du jazz et de la littérature
est tout à la fois nécessaire et sans nécessité, anecdotique ou fondamentale ».
Un bilan fort érudit. Où l’on croise personnages célèbres ou
inconnus : Michel Leiris & Vance Lowry, René Crevel & Eugen
McCown, Cocteau & Dan Parrish, Maurice Sachs & Snakehips, Céline,
Armstrong, Perec, Mac Orlan, Whiteman, Vilar, Soupault, Reverdy, Bechet,
Parker, Aragon… Au fil de quatre grandes parties : Le jazz comme modèle (Ce que le jazz pense de la littérature /
Portrait de l’écrivain en jazzman), Phonographe-Typographe (Cocteau / Reverdy), Le vent mystérieux (Automatisme et improviste / L’éros
surréaliste et le jazz / Leiris comme synthèse), Lectures d’Ellington (Un si suave tonnerre / Turcaret / Le
son du sens).
Tempo Flûte n°2, juin-novembre
2010, revue de l’Association d’histoire de la flûte française (tél. : 01
30 27 48 80. www.tempoflute.com).
21 x 30 cm, 64 p., ill. n&b et couleurs.
Au sommaire de la 2e livraison de cette belle
revue, nous trouvons : un entretien avec Frédéric Chatoux, flûte solo de
l’Orchestre de l’Opéra de Paris ; la présentation par Jean-Louis Gand de
sa nouvelle Sonate pour flûte & piano (créée en juin 2010) ; une relecture par Philippe Allain-Dupré des Sonates de Bach ; la présentation
par Ursula Pesek – à l’occasion de leur publication chez Ricordi - des Sonates pour flûte d’Eugène Walckiers
(1793-1866) ; deux témoignages sur les activités, en 1940, de Philippe Gaubert
et René Le Roy ; une description de la flûte-canne de Taffanel ; la
présentation des flûtes méridionales du musée Lascaris de Nice ; une étude
sur le chevalier Rebsomen, officier de Napoléon et flûtiste manchot. Bibliographie,
discographie.
Carl-Johan
FORSS : La réparation du piano.
Traduit de l’allemand par Marc Valdeyron. « Papier à musique »,
L’Entretemps (www.editions-entretemps.com).
17 x 24 cm, 530 p., ill. n&b et couleurs. 80 €.
Le manuel le plus complet qui soit sur tous les aspects de
la réparation du « monstre aux dents d’ivoire ». Comment
restaurer une table d’harmonie, démonter des chevilles, augmenter ou réduire la
charge des cordes… L’ouvrage fournit certes des bases théoriques mais il
permettra aussi au lecteur - grâce à moult exercices, conseils pratiques &
illustrations – leur mise en œuvre.
Jean-Philippe de TONNAC : Bob Marley. Gallimard,
« Folio biographies ». Format de poche. 360 p.,
cahier de photos n&b et couleurs. 8,20 €.
« Pape du reggae », Bob Marley (1945-1981), né
d’une mère jamaïcaine et d’un père d’origine anglaise, demeure l’idole de toute
une jeunesse. De par la virulente contestation sociale de chansons telles
que Get up Stand up ou No Woman no Cry… mais aussi de par le
panafricanisme qu’il promouvait…
Shan SA : La
cithare nue, roman. Albin Michel (www.albin-michel.fr). 15 x
22 cm, 326 p. 20 €.
Déferlant dès l’an 400 sur
l’Empire de Chine, des tribus nomades contraignirent les Chinois à se réfugier
au sud du fleuve Yangzi. Avant qu’elles ne se sinisent - permettant qu’en
589, Yang Qian réunisse les deux rives du fleuve. Extraordinaire est ce
récit faisant le lien, par-delà les siècles, entre une jeune cithariste issue
d’une famille d’immémoriale lignée, les Hautes Portes – dont la vie connut les
plus sombres et les plus glorieux avatars – et un jeune luthier qui, d’un bois
rarissime ayant servi de couvercle au sarcophage de la cithariste, façonne un
prodigieux instrument. Cithare comme symbole de la place majeure
qu’occupait la musique dans ces civilisations d’un prodigieux raffinement, mais
aussi d’une rare sauvagerie. Admirable est le style de cette romancière
chinoise (écrivant directement en français). N’a-t-elle pas déjà publiée
une dizaine de fictions dont plusieurs ont connu le plus vif succès (notamment La
joueuse de go, Goncourt 2001 des lycéens)…
Violaine
SCHWARTZ : La tête en arrière, roman. P.O.L. (www.pol-editeur.com). 14 x 20,5 cm, 186 p. 15 €.
Cet étrange roman nous accroche
au fil de la pensée - de plus en plus obsessive et délirante - d’une cantatrice
sans emploi, vivant dans un pavillon délabré de la proche banlieue parisienne :
univers où se mêlent problèmes de garderie, de factures, de fuites d’eau, de
vocalises – elle prépare une audition de La Voix humaine - et de soupçons
paranoïaques quant aux activités de son locataire, un policier gabonais
stagiaire. Une progression névrotique à laquelle on ne peut guère se
soustraire… Fascinant !
Sylvie
SANTINI : Le roman de Biarritz et du Pays basque. Éditions du
Rocher (www.editionsdurocher.fr).
15 x 24 cm, 174 p., 2 cahiers de photos n&b et
couleurs, 17,90 €.
Sous la plume particulièrement avisée
de Sylvie Santini, grand reporter à Paris Match, ce « roman » de
la mythique station du gotha international et des artistes, mais aussi de son
merveilleux arrière-pays, est d’un constant bonheur de feuillettement.
Épopée d’un peuple aux origines pour le moins obscures – mais assurément « né
quelque part »… Cité où, de 1921 à 1924, résida Stravinsky, où il
revint en 1932 diriger au casino un concert auquel assista probablement
Prokofiev (venu en voisin de Ciboure) et où, le 13 janvier 2010, lors du dîner
de gala donné par la comtesse Tolstoï en l’Hôtel du Palais (ex-villa de
l’impératrice Eugénie), l’une des trois grandes tables portait le nom du
compositeur. Cité qui aura su préserver ses fastes d’antan mais aussi s’ouvrir
aux mondes du golf et surtout du surf - dont elle est désormais l’une des
capitales mondiales. Dans « Plaisir des mets » (non indifférent
chapitre conclusif de l’ouvrage), sont données recettes et adresses des
meilleures tables.
POUR LES PLUS JEUNES
Romain DIDIER
(Compositeur), Pascal MATHIEU (Auteur) : Pinocchio court toujours, livre + CD (TT : 80’00).
Éveil & découvertes (www.eveiletdecouvertes.fr).
Chœurs « Tous en scène », « Curva Via » & des enfants
du Conservatoire de Courbevoie ; Ensemble orchestral des Hauts-de-Seine,
dir. Laurent Brack. Album cartonné, 25 x 34 cm,
36 p., ill. couleurs. 19,95 €.
Au-delà d’un simple conte musical (d’après Carlo Collodi),
cette œuvre tous publics réunit une exceptionnelle palette d’artistes :
Pierre Perret (Gepetto), Enzo Enzo (La Fée Bleue), Kent (Le Renard),
Sanseverino (Le Grillon), Jean Guidoni (Le Chat), Néry (Lucciniolo),
Mathias Malzieu (Le Thon), Pascal Mathieu (Le Garçon), Émile Allain
(Pinocchio) et… Romain Didier (Mangefeu). Musiques souvent mélancoliques,
superbement orchestrées, aux riches et savantes modulations. On peut
toutefois se demander si – de par son raffinement musical même – ce superbe
album ne cible pas davantage des parents nostalgiques que leurs enfants…
Francis B. Cousté.
***
Haut
« Rééditions
Brigitte Engerer » : SCHUMANN : Sonate n°2, Variations Abegg,
Scènes d’enfants, Bunte Blätter [1979] ; Carnaval op. 9,
Carnaval de Vienne [1983]. CHOPIN : Sonate n°3, Nocturnes en ut mineur et en ut# mineur, Trois Écossaises, Variations sur un air
national allemand, Valses n° 15, 16, 17 [1981]. TCHAÏKOVSKY : Les Saisons, Dumka, Humoresque, Nocturne, Chant sans parole, Valse
sentimentale [1982]. SCHUBERT : Impromptus D. 899,
Klavierstücke D. 946, Mélodie hongroise [1983]. SCHUBERT/LISZT : 4 transcriptions de lieder [1984]. Universal/Decca :
480 3681 (2CDs), 480 3474, 480 3478, 480 3475.
Universal ayant supprimé le label Philips, c’est sous une
improbable dénomination Universal/Decca que la firme ressort son back
catalogue (oh, l’affreux jargon !). Mais, à l’heure où Brigitte
Engerer voit enfin transférés en CD quelques anciens 33 tours gravés pour
Philips, et même un tout premier Schumann enregistré en Russie à 26 ans,
comment tolérer que la réalisation technique soit si peu à la hauteur d’une
telle artiste ! On regrettera une certaine disparité de prises de
son qui affecte particulièrement le volume Tchaïkovsky et le second Schumann
(pédale una corda dans un bocal, forte métalliques) : rien
n’a été fait pour corriger des défauts que les logiciels d’aujourd’hui
permettent de compenser quelque peu. On a même droit à un montage mal
raccordé dans le Scherzino du Carnaval de Vienne ! Quel
dommage, alors que le kaléidoscope d’humeurs schumanniennes virevolte avec
fougue ! Même la vertigineuse Sonate
n° 2 du disque russe aurait gagné à voir “enrobées” les duretés de son
transfert sur CD. Le volume Chopin vaut par une distanciation de bon aloi
qui évite les pièges d’un romantisme surfait, mais comment la firme
discographique a-t-elle pu laisser passer des problèmes de gravure, et des
“coups de potentiomètre” conduisant certaines nuances au bord de
l’extinction ?! Sans parler des fins de disques sans “ambiance”
sonore, nous laissant entendre le zouiiip d’achèvement de lecture aussitôt la dernière note échappée (les CDs sont
pourtant peu remplis) ! Seuls les Schubert, bien enregistrés par
Henk Jansen, nous laissent goûter en paix toute l’élégance poétique de la jeune
pianiste. Parmi les récents disques de Brigitte Engerer, écoutez les Concertos
n° 2 et 5 de Saint-Saëns (Mirare : MIR079), peut-être l’un des plus
fidèles à son ample sonorité, pour vous remettre les oreilles en place.
Henri DUPARC : Les 16 mélodies. Nora
Gubisch (mezzo-soprano), Alain Altinoglu (piano). Cascavelle : VEL 3150.
Que voilà un admirable disque ! À la musique de
Duparc, qui ne saurait souffrir un quelconque infléchissement vers un ton de
mignardise ou de mièvrerie, correspondent idéalement la voix charnelle et le
timbre mordoré de Nora Gubisch (qualités qui en font l'inégalable Carmen de
notre époque), ainsi que le piano touché en authentique musicien par Alain
Altinoglu. Les deux artistes vivent une heureuse osmose artistique depuis
longtemps, et cette homogénéité rejaillit sur l'émotion intensément concentrée
de Soupir, Extase, ou sur le Lamento aux insolites
juxtapositions harmoniques. Certaines mélodies sont de véritables scènes
dramatiques (La Vague et la Cloche, L'Invitation au voyage, Testament,
Le Manoir de Rosemonde) : Nora Gubisch y engage ses puissants moyens
de cantatrice lyrique au grave capiteux et à l'aigu radieux, mais aussi une
profonde intelligence des textes poétiques. Sur un autre versant, elle
sait "habiter" le majestueux hiératisme de La Vie antérieure.
On saluera les éclairages inédits apportés par la notice de Nina Gubisch Viñes,
petite-nièce du légendaire pianiste Ricardo Viñes et mère de Nora Gubisch, et
ce, à l'heure où d'importantes parutions vont rendre hommage au fameux
interprète des plus grands compositeurs du début du XXe siècle.
Edvard GRIEG : Les 3 Sonates pour violon et piano. Alexandra Soumm (violon), David Kadouch (piano). Claves :
50-1002.
Le pianiste avait 24 ans, la violoniste 20 ans, et déjà
des carrières bien remplies, quand ils enregistraient ces trois œuvres si
directes, si séduisantes, si pleines de sève populaire et de sentiment.
On ne s'étonnera donc pas d'en entendre une conception lumineuse, juvénile, qui
en charmera plus d'un. Pourtant, même en ne s'apesantissant pas sur
l'archet passagèrement instable d'Alexandra Soumm, il manque encore aux deux
jeunes et valeureux artistes le souffle, l'étoffe grâce auxquels nombre de
devanciers ont fait vibrer les tréfonds dramatiques et le lyrisme mélancolique
de ces sonates. David Kadouch, l'année précédente, nous avait plus
convaincus dans de savoureux Préludes de Chostakovitch, gravés à
l'eau-forte (Transart "live" aux Flâneries musicales de Reims).
« In Memoriam Nadia Boulanger » : œuvres de Nadia et Lili Boulanger, Gabriel Fauré, Jacques Ibert, Jean Françaix, Virgil
Thomson, Aaron Copland, Noël Lee, David Conte. Carolyn Shuster
Fournier à l’orgue Cavaillé-Coll de Saint-Antoine-des-Quinze-Vingts (avec
Magali Léger pour les Pie Jesu de Fauré et de Lili Boulanger).
Ligia Digital : 0109206-09.
L’organiste et musicologue américaine Carolyn Shuster
Fournier, installée à Paris, œuvre activement comme “pont” entre les cultures
de nos deux rives (www.shusterfournier.com).
Pour être engagés dans le même sens, nous ne pouvons que soutenir toute
initiative contribuant à mieux diffuser la musique des États-Unis : à
parler franchement, celle-ci fournit même les plages les plus
intéressantes du disque ! Une pièce en justifierait à elle
seule l’acquisition : Mosaïques de Noël Lee ; le célèbre
pianiste-compositeur pratique, on le sait, un dodécaphonisme libre,
harmonieusement intégré ici à une écriture organistique fluide et personnelle,
à une conduite ductile des lignes et des climats. La pièce installe
heureusement dans ce programme une modernité dégagée des pesanteurs
contextuelles (liturgiques, trop souvent !) qui handicapent l’évolution de
l’instrument, et on souhaiterait l’entendre plus souvent au répertoire des
organistes ! On découvrira avec curiosité le traitement dépouillé
que le jeune Virgil Thomson, adepte de la ligne pure, réservait à un thème
grégorien (Pastorale on a Christmas Plainsong, 1922). Pour que les
sinuosités et surprises modulantes de Lili Boulanger nous séduisent, encore
eût-il fallu que Magali Léger accordât ses cordes vocales au diapason de
l’orgue et que la prise de son ne la projetât point à un artificiel premier
plan ! Mais ne boudons pas notre plaisir d’entendre des pages si
rarement exhumées, et présentées en détail par un texte pertinent de Carolyn
Shuster Fournier.
Sylviane Falcinelli.
Johann Heinrich SCHMELZER : La Margarita.
Musica per la Corte di Vienna e Praga. Arcana (stephanie@outhere.com) : A339.
TT : 69’58.
Sous-titré : « Musique pour les cours de Vienne
et de Prague », ce disque comporte un choix de ballets et de sonates.
Il est placé sous le signe de Marguerite Thérèse d¹Autriche qui a inspiré de
nombreux musiciens (d’où les pièces intitulées La Margarita), comme
J. H. Schmelzer (ca 1623-1680), violoniste, compositeur
autrichien et vice-maître de chapelle de l’Empereur Leopold Ier,
ayant séjourné à Vienne et Prague. Ces musiques, tour à tour festives,
bien enlevées, rythmées, brillantes, ou expressives et méditatives (Lamento sur
la mort de Ferdinand III), sont complétées par des ballets, des danses (Allemande,
Sarabande, Canaries), auxquelles Lorenz Duftschmid à la tête de l¹Armonico
Tributo Austria confère relief, éclat et musicalité.
Johann
Sebastian BACH : Die Kunst der Fuge, BWV 1080. 2CDs Ricercar
(stephanie@outhere-music.com) :
RIC 303. TT : 53’58 + 41’20.
L¹Art de la fugue a fait l’objet de nombreuses éditions et versions.
Bernard Foccroulle, spécialiste de Jean-Sébastien Bach, propose son ordre
cohérent des pièces (différent de celui de Bach), et précise : « Je
ne pense pas avoir trahi la pensée de Bach en répartissant les pièces en trois
groupes » : contrepoint à sujet unique ; canons et fugues en
miroir ; contrepoint à plusieurs sujets. Il fait preuve d’un excellent
sens du contrepoint le plus subtil, mis en valeur grâce aux nombreuses possibilités
de registration de l’orgue de la facture D. Thomas à l’Église réformée du
Bouclier, à Strasbourg, datant de 2007. L¹organiste belge - dont la
réputation internationale n¹est plus à faire – s’impose par sa version
magistrale, transparente et bien structurée de ce monumental chef-d’œuvre.
Felix MENDELSSOHN : 6 Sonates pour orgue op. 65 & Lieder sacrés. 2CDs Sonare Resonare : SR 1090 302.
TT : 55’45 + 41’47.
Les disques de l¹organiste Dominique Ritter ont le mérite
de présenter, pour les Sonates I, III et VI reposant sur un cantus firmus,
d’abord la source vocale, avec le concours de la remarquable soprano Agnieszka Budzinska-Bennett :
les mélomanes peuvent ainsi mémoriser la mélodie du choral harmonisé dont le
texte (allemand & français) figure dans le livret. Pour sa
registration, il tire le meilleur parti de l’orgue Stiehr-Mockers (1853, revu
par E. Muhleisen et A. Kern) de l’église Saint-Afre de Riedisheim.
Il s’impose par la sûreté de son jeu. La dernière partie comporte des
chants spirituels moins connus que ses Psaumes : Entsagung (Renoncement)
repose sur le poème de l’historien Johann Gustav Droysen (1808-1884), prière
très expressive et chargée d’expression ; Tröstung (Consolation)
reprend le texte du philologue A. H. Hoffmann von Fallersleben
(1798-1874), évoquant l’espérance, la splendeur de la nature ; des
extraits de l’oratorio Paulus. L’ensemble baigne dans un romantisme
contenu.
Jean-Paul DESSY : Prophètes. Le Chant du
Monde (jjouvanceau@chantdumonde.com / pianco@chantdumonde.com) :
LDC 278 1153. TT : 53’40.
Jean-Paul Dessy (°1963), compositeur belge, chef d’orchestre,
directeur artistique de l’ensemble Musiques nouvelles, s’impose tout particulièrement
comme violoncelliste, « colporteur affamé de silence et de recueillement »,
un peu à la manière d’un prophète. Cette inclination transparaît aussi
dans ses compositions : Sophonie (1998), évoquant la sagesse et la
lumière « dont le son est l’émanation » ; Baruch (1998) ; Amos (2006) combinant ascèse, jouissance esthétique ; Non multa sed multum et Exodus illustrant les multiples
possibilités expressives du violoncelle et du langage musical d’aujourd’hui,
non sans rappeler, par moments, les Suites pour violoncelle seul de
J. S. Bach. Le compositeur vise à « susciter un signe audible
de l’inaudible » : contrat rempli.
Dimitri YANOV-YANOVSKY : Les
trois Concertos pour claviers. Le Chant du Monde :
LDC 278 1152. TT : 56’36.
Spécialiste de la musique russe et
de la musique actuelle, Le Chant du Monde révèle Les trois Concertos pour
claviers de Dimitri Yanov-Yanovsky (°1963), compositeur ouzbèque ouvert sur
le monde, ayant d’abord été influencé par l’esthétique de l’Europe de l’Est
(A. Schnittke, A. Pärt, W. Lutoslawski…), dont il réalise avec
bonheur la synthèse. Son Concerto pour orgue, interprété avec
relief par Éric Lebrun, reste assez traditionnel. Celui pour clavecin,
plus percutant, met en œuvre des ressources insoupçonnées de cet instrument,
parfaitement maîtrisées par Céline Frisch. Enfin, dans le Concerto
pour piano, à la fois très rythmé et incisif, Jay Gottlieb s’impose par sa
précision d’attaque et son jeu perlé. Ces trois solistes virtuoses
bénéficient du concours de l’ensemble Musiques nouvelles qui, sous la direction
de J.-P. Dessy, se jouent de toutes les difficultés techniques. Ce CD
est tout à l’honneur de la collection « Musique aujourd’hui ».
Samuel SCHEIDT : Sacrae Cantiones. Ricercar (stephanie@outhere-music.com) : RIC 301.
TT : 61’11.
S. Scheidt (1587-1654) a commencé sa carrière
d’organiste à l’église Saint Moritz à Halle. À Amsterdam,
pendant 3 ans, il est l’élève de Sweelinck. En 1609, nommé organiste et
compositeur à la Cour de Halle, M. Praetorius, maître de chapelle, lui
demande de le remplacer pendant son absence ; il rencontre également H. Schütz.
Vers 1620, il est maître de chapelle à la cour de Halle, où il publiera ses Sacrae Cantiones à 8 voix. Ce CD
regroupe 19 pièces, dont 2 bilingues : Surrexit
Christus hodie / Heute ist
Christus auferstanden (Résurrection) et Puer
natus in Bethlehem / Ein Kind geboren zu Bethlehem (Nativité). À
noter : la déploration si poignante et riche en émotion : Ist nicht Ephraim mein teurer Sohn ? et
le Notre Père : Vater unser im Himmelreich…, insistante
invocation en 9 versets selon la paraphrase de M. Luther, et
plusieurs chants de louange. Les influences de M. Praetorius, mais
aussi des techniques madrigalesques italiennes sont décelables. Grâce à
L. Meunier, à la tête de son excellent ensemble Vox luminis, cette
réalisation s’impose par la souplesse, le fondu des voix, l’excellente diction,
la précision des entrées successives, la maîtrise de l’écho, mais aussi par son
élan et sa plénitude vocale.
Francesco
DURANTE, Leonardo LEO & Nicola Antonio PORPORA : A voi ritorno. Fuga
Libera (stephanie@outhere-music.com) :
FUG 570. TT : 73’08.
Des Cantates et Concerts de trois compositeurs
italiens contemporains : Fr. Durante (1684-1755), L. Leo
(1694-1744) et N. A. Porpora (1686-1768) sont recréés par l’ensemble
Insieme Strumentale di Roma, placés sous la direction de G. Sasso
(violon). Le premier Concert de
Durante pour archets & continuo, baignant dans l’atmosphère baroque,
s’inspire des formes classiques, reposant sur une solide carrure rythmique et
spéculant sur les contrastes de mouvements. La cantate Voda dal Piano al Monte, de L. Leo,
pour voix seule, archets & continuo, met en valeur les talents de la soprano
Raffaella Milanesi. Pour la même formation, N. A. Porpora a mis
en musique la cantate Il Ritiro pour voix seule, archets & continuo, dans laquelle, après la Sinfonia, récitatifs et arias alternent
sur les thèmes de l’Amour tyran et la volonté de s’en dégager pour vivre
« pauvre mais tranquille ». Le CD s’achève aux accents du Concerto en ré majeur pour 4 violons & continuo de L. Leo, dont l’Allegro, bien enlevé, est rempli d’une
allégresse irrésistible.
Nicolaus KRAFT : Cello Concertos op.4, n°2 & op.5, n°3. Radioservis : CR0493.2. CD Diffusion (info@cddiffusion.fr).
TT : 50’53.
Grâce à CD Diffusion, ce premier
enregistrement mondial est désormais accessible. Hynek Farkac - à la tête
du Plzen Radio Symphony Orchestra - et Jiri Hosek, l’excellent violoncelle
solo, permettent de découvrir Nicolaus Kraft (1778-1853), violoncelliste et
compositeur tchèque, membre de l’orchestre du prince J. Lobkowitz et du Quatuor
Schuppanzigh, puis au service du roi de Wurtemberg. Auteur de quatuors,
concertos et nombreuses pièces de salon, sa musique sans ambages se situe dans
le sillage de Mozart (facture mélodique) et de Beethoven (écriture). Le Concerto pour violoncelle & orchestre,
en ré majeur, op.4, n°2 (1813) totalise 3 mouvements : Allegro (très développé), Adagio (très expressif), Rondo-Moderato (plein d’allant). Celui en la mineur, op.5, n°3
(1819) comporte aussi 3 mouvements : Allegro (entre autres, énergique), Larghetto (gracieux) contrastant
avec le Rondo-Allegretto (bien
enlevé). À découvrir
impérativement.
Der Thomanerchor und die Universität St. Pauli
Leipzig. Rondeau (mail@rondeau.de) : ROP4032.
TT : 74’53.
En 1545, M. Luther a consacré l’église
St Paul comme église de l’Université et, les cultes officiels y auront
lieu, dès 1710. Sous ses voûtes, ont résonné, en 1727 : l’Ode funèbre
composée par Bach pour la princesse et reine Chr. Eberhardine et, en 1729,
son motet si prenant : Der Geist
hilft unser Schwachheit auf. En 1837, l’oratorio Paulus de F. Mendelssohn
y a été créé. Les deux œuvres citées de J. S. Bach encadrent le
reste du programme, comprenant le Psaume 43 : Richte mich, Gott, op.78/2 (1844) de
F. Mendelssohn ; la cantate-choral : O wie selig seid ihr doch, ihr Frommen de M. Reger
(1873-1916), directeur de la musique à cette université (1907-1908). Plus
proches de nous, figurent le motet Wahrlich,
ich sage euch de H. W. Zimmermann (°1930), créé le 15 juin 2009 à
St Thomas pour les 600 ans de la Faculté de théologie de Leipzig, et
la pièce : Die Reden Gottes (2007)
de D. Terzakis (°1938), entre autres, professeur de composition au
Conservatoire de Leipzig). Magnifique témoignage de créations
multiséculaires à Leipzig, par des cantors et musiciens, dû au Kantor
G. Chr. Biller, à la tête du Thomanerchor et de l’Orchestre du
Gewandhaus.
Philippe
MAZÉ : Requiem UT 772.
CD hors commerce (philippemaze@yahoo.fr).
TT : 40’36.
Vingt ans après la catastrophe, Philippe Mazé,
compositeur & chef de chœur, a dédié son Requiem UT 772 aux familles des victimes de l’attentat du 19
septembre 1989 sur le vol UT 772. Il en propose 3 niveaux de
lecture : « lecture analytique qui révèle la logique du
travail de l’auteur ; lecture spirituelle, ouverte à ceux qui
acceptent le message contenu dans les textes mis en musique ; lecture émotionnelle,
accessible à tous ceux qui veulent bien écouter ». Le compositeur
spécule sur les symbolismes et figuralismes, par exemple : « au
nombre des 170 victimes correspond celui des mesures des trois premières
parties. Chaque mesure est dédiée à une victime personnellement ».
Il sait écrire pour les voix ; son langage est d’un modernisme contenu,
avec des lignes mélodiques parfois un peu tourmentées, voix à découvert, chants
et contrechants (Kyrie), exploitation
de tous les registres... Les mélomanes seront sensibles à l’expressivité
du Pie Jesu, au caractère
inicisif du Libera me, l’In Paradisum plus consonant, avec quelques dissonances expressives. Avec une rare
pénétration psychologique, Denis Rouger, les solistes et l’Ensemble vocal de
l’église de la Madeleine (Paris), accompagnés à l’orgue par Michel Geoffroy,
procurent aux discophiles et aux familles endeuillées un intense moment
d’émotion et de fidélité à la mémoire des disparus.
Girolamo
FRESCOBALDI : Il Regno d’Amore.
Ricercar (stephanie@outhere-music.com) :
RIC 300. TT : 61’03.
L’ensemble belge Clematis comprenant 6
interprètes dirigés par L. Garcia-Alarçon a pour objectif « de
travailler le répertoire méconnu du XVIIe siècle. » (italien,
allemand, français). Son 4e CD, consacré à G. Frescobaldi
(1583-1643), totalise 18 pièces vocales ou pour divers instruments.
La voix lumineuse et ciselée de la soprano M. Flores restitue ces
miniatures avec infiniment de distinction et de souplesse ; elle est
accompagnée avec précision par des instruments anciens. Les pages
instrumentales sont représentées, entre autres, par une Toccata (clavecin, violon & basse continue), une Passacaille (violon, clavecin), la Frescobalda - « épouse, amante,
fille » ? - (harpe, théorbe) sur un « thème ingénu » et des
variations élégantes, parfois vives. L’ensemble se termine par l’Aria di passacaglia « Cosi mi desprezzate » vocale et
instrumentale : un modèle du genre qui comblera fins mélomanes et
discophiles.
Konge af Danmark. L’Europe musicale à la
cour de Christian IV. Alpha (stephanie@outhere-music.com) :
163. TT : 68’30.
Pendant les affres de la guerre de Trente Ans
(1618-1648), Christian IV, roi de Danemark, a accueilli de nombreux
musiciens, dont H. Schütz (deux séjours). Ce disque permet de
découvrir des compositeurs allemands : S. Scheidt, J. Schop,
J. Vierdanck… ; anglais : T. Hume, Th. Simpson,
Th. Robinson… ; danois : N. Gistou, M. Borchgrevinck…
L’ensemble Les Witches a « pour mission de diffuser auprès d'un public large et à travers
des concerts conviviaux - voire festifs - les musiques du XVIIe siècle ».
Il collabore avec l’organiste français Fr. Eichelberger
qui, à l’orgue historique de Frederiksborg, interprète des danses du XVIIe siècle,
entre autres, le Notre Père de
J. Lorenz sur la paraphrase allemande de M. Luther : Vater unser im Himmelreich. Ces
20 pièces sont révélatrices des goûts musicaux en Europe du Nord.
Réalisation historique : incontournable.
Caroline
BOISSIER-BUTINI. Œuvres. VDE-Gallo (La Cure, rue du
Four 2, CH-1410 Denezy. info@vdegallo.ch) :
1277. TT : 74’18.
Dans sa thèse sur Caroline Boissier-Butini
(Genève, 1786-Genève, 1836), compositeur et pianiste, Irène Minder-Jeanneret
rappelle que sa production comprend au moins 6 Concerti et 3 Sonates pour piano et de
nombreuses œuvres de musique de chambre pour formations mixtes. Le CD
s’ouvre sur le Concerto
en sol majeur n°6, pour piano, flûte obligée &
cordes, intitulé : « La Suisse », de caractère populaire
selon la tendance de l’époque (thème du Ranz
des vaches), avec des modulations audacieuses, des rythmes recherchés.
Elle y met en valeur les sonorités de la flûte et du piano.
L’imprégnation helvétique se remarque également dans la Pièce pour l’orgue avec la célèbre Chanson de l’escalade : Cé
qu’è lainô (Genève étant alors à nouveau suisse). Après la Sonate pour piano n°1, faisant appel à
la virtuosité et aux effets de résonance, l’enregistrement s’achève avec le
brillant Divertissement avec rondo alla polacca pour piano, clarinette & basson. Tous les interprètes unissent
leurs efforts pour mieux révéler ces œuvres entre classicisme haydnien
& mozartien et pré-romantisme beethovénien.
Felix MENDELSSOHN : The 3 Violin Sonatas. VDE-Gallo (La Cure, rue du Four 2, CH-1410 Denezy. info@vdegallo.ch) :
CD 1296. TT : 62’27.
F. Mendelssohn - dont le bicentenaire de
la naissance a été célébré en 2009 - est davantage connu par ses Symphonies et ses Sonates pour orgue que par sa musique de chambre. Les 3 Sonates sont enregistrées à partir de la
nouvelle édition du texte original (Urtext,
Bärenreiter 2009). La plus ancienne, en
fa majeur, composée en 1820 - Mendelssohn n’a que 11 ans - et
structurée en 3 mouvements (vif-lent-vif), est enlevée avec clarté et
précision par Thomas Wicky-Stamm (violon) et Carlo Levi Minzi (piano). La Sonate en fa mineur (1823) est de caractère plus grave mais aussi passionné et
dramatique. Enfin, l’autre Sonate
en fa majeur, de 1838/39), pleine
de grâce et enjouée, commençant par un Adagio-Allegro
moderato, suivi d’un Poco Adagio,
se termine par un Allegro agitato.
Les deux interprètes s’imposent par l’équilibre entre le violon et le piano,
leur technique et leur musicalité.
Klaus
HUBER : L’œuvre pour violoncelle. Aeon
(stephanie@outhere-music.com) :
AECD 1089. TT : 61’36.
Klaus Huber, né à Berne en 1924, élève de
W. Burkhard et B. Blacher (composition) et de S. Geyer (violon),
a été professeur aux conservatoires de Zurich et de Lucerne ainsi qu’à
l’Académie de musique de Bâle et à la Musikhochschule de Fribourg-en-Brisgau
(où il succède à W. Fortner jusqu’en 1990)... De réputation
internationale, sa musique, pleine de délicatesse, spécule sur l’intensité, les
durées, la couleur, un peu à la manière d’A. Webern. Ce disque
comprend 4 œuvres pour violoncelle en première audition : Ein Hauch von Unzeit VIII (1972) ; Rauhe Pinselspitze (1992) - dans laquelle il associe des percussions coréennes - ; …ruhe sanft… (in memoriam John Cage) (1992), pour 4 violoncelle & voix ; Partita (1954), pour violoncelle & clavecin. Ces pages,
magistralement interprétées, révèlent la palette expressive et les spéculations
rythmiques mettant en valeur les silences, l’originalité de la pensée musicale
si raffinée du compositeur suisse.
Philippe
HERSANT : Musiques à un, deux ou
trois. Triton (triton@disques-triton.com) :
TRI 331152. TT : 65’08.
Philippe Hersant - né en 1948 à Rome, élève
d’André Jolivet, boursier
de la Casa de Velázquez et de la Villa Médicis, producteur
à France Musique - est titulaire de nombreux Prix nationaux et internationaux.
Compositeur, il s’est imposé dans la musique contemporaine. Ce CD
regroupe 18 pièces brèves - dont certaines en première mondiale -, pour violon, violoncelle, piano, alto, basson, clarinette,
accordéon. Loin du dodécaphonisme, le compositeur a forgé un style
personnel en tenant compte des dernières recherches compositionnelles de notre
temps, dans le sillage du postmodernisme de la fin du XXe siècle.
Neuf interprètes tirent le meilleur profit de ces pages tour à tour lyriques,
tourmentées, méditatives, très expressives, énigmatiques, bien rythmées, rêveuses
ou énergiques. Cette mini-anthologie originale est une réussite du genre,
tant par son contenu que par son interprétation.
Philippe
HERSANT : Musiques pour cordes.
Triton (triton@disques-triton.com)
TRI 331146. TT : 57’15.
Dans le sillage du précédent CD, les éditions
Triton viennent d’enregistrer une autre sélection de musiques pour violoncelle
seul, violoncelle & harpe, violon, deux violons et également
violoncelle principal & 6 violoncelles. Ph. Hersant (°1948)
y propose ainsi 25 pièces aux titres classiques : 22 Caprices, un Choral, une Sonate et In nomine. Il réussit avec beaucoup
d’aisance à négocier la virtuosité, le dynamisme, mais aussi la ligne mélodique
particulièrement expressive voire tendue. Grâce à de remarquables
interprètes, ces deux disques offrent un excellent aperçu de son esthétique à
la charnière entre le XXe siècle finissant et le début du XXIe.
Ils ont leur place dans toute discothèque contemporaine.
Paradis des Celtes. An aval hag ar
c’halis. Jade (jade@milanmusic.fr) :
699 7082-3
. TT : 63’48.
Le Chœur d’hommes de Bretagne (Mouezh Paotred Breizh), dirigé par
Jean-Marie Airault, s’attache à défendre le riche patrimoine breton,
d’inspiration catholique, à mi-chemin entre tradition et modernité. Les
chanteurs sont accompagnés par des instruments traditionnels : harpe
celtique, cornemuse irlandaise, mais aussi orgue et piano. Ces
« Champions 2008 » du chant choral breton s’expriment en breton,
généralement à quatre voix. Une récitante lit des textes également en
français. Par leurs interprétations ferventes, ils rendent hommage aux
poètes, aux conteurs et à l’histoire locale. Parmi les thèmes,
figurent : le Paradis (Kantik ar
Baradoz), l’Église, Marie, la prière, les légendes… : bel exemple
associant pratique religieuse et folklore.
Édith
Weber.
Igor STRAVINSKY : Œdipus
Rex. Opéra-oratorio en deux actes. Livret de Jean Cocteau, d'après la pièce de Sophocle Œdipe le tyran. Noces, cantate dansée, sur des textes traditionnels russes. Sergei Semishkur, Ekaterina Semenchuk, Evgeny
Nikitin, Mlada Khudoley, Olga Savova, Alexander Timchenko, Andrei Serov. Gérard Depardieu, narrateur. Orchestre & chœurs du Théâtre Mariinski, dir. Valery Gergiev. Mariinski : MAR 0510. TT : 74'09.
Œdipus
Rex (1927) ouvre la période néoclassique de Stravinsky. Œuvre hybride, entre opéra, de par son argument
dramatique, et oratorio, eu égard à son atmosphère statique, elle mélange les
modes vocaux, des maîtres anciens à Verdi, et côtoie le pompiérisme. Surtout, le chant en latin accentue un aspect rituel. Le style y est déclamatoire et la progression se fait souvent en forme
de marche, ponctuée par de grands clusters d'orchestre. Valery Gergiev joue le jeu de la convention, mais aussi la force
vitale première, au-delà de toute aridité. L'exécution est parée de belles voix russes dont le timbre glorieux de
baryton-basse de Evgeny Nikitin. La
pièce est pourvue d'un récitant, une trouvaille de Cocteau, que le musicien
récusera plus tard comme étant « d'un snobisme insupportable ». Gérard Depardieu, qui se fait ces temps une spécialité des rôles de
narrateur dans le répertoire classique, joue la corde soft,
voire émouvante. Avec Noces, curieusement sous titrées « cantate dansée », nous voici transportés
quelques années plus tôt durant la seconde période russe
du compositeur (1923). La forme utilisée est inédite puisqu'elle exige quatre pianos, un chœur & un petit ensemble instrumental. Une écriture dépouillée, se réclamant d'une pulsation obsessionnelle,
sur des thèmes d'inspiration populaire, narre les rites d'un mariage russe en
quatre scènes s'enchaînant de manière implacable. L'expression vocale est hachée sur des rythmes décalés, et manie le
chant-parlé que renforcent le jeu percussif des pianos comme les ostinatos
d'orchestre plaqués çà et là. Là
encore Gergiev emporte ses troupes du Mariinski dans un tourbillon d'une
singulière force primitive.
George GERSHWIN : Rhapsody
in blue (Version
originale pour jazz-band, orchestration de Ferde Grofé, 1924). Concerto en fa (version pour jazz-band, arrangement de Ferde Grofé, 1928). Variations sur I got rythm. Jean-Yves Thibaudet, piano. Baltimore Symphony Orchestra, dir. Marin Alsop. Universal/Decca : 478 2189. TT : 57'24.
On connaît les deux chefs-d'œuvre de Gershwin que sont la Rhapsody in blue et le Concerto
pour piano dans
leur version symphonique pour grand orchestre. Le présent disque en propose les versions originales pour jazz-band,
orchestrées par le compositeur Ferde Grofé qui fit beaucoup pour populariser la musique de son confrère. C'est une révélation. Les deux pièces, qui se situent à la frontière du classique et du jazz
(le fameux glissando de la clarinette qui ouvre la Rhapsody en est un signe audacieux), en ressortent vivifiées. La rhapsodie retrouve une vigueur nouvelle, apte à souligner ses
déhanchements caractéristiques. Et
surtout, des couleurs magnifiques à travers ses solos irrésistibles, comme ceux
de la trompette bouchée ou des percussions. Il
en va de même du concerto qui prend une allure incandescente. Les ruptures caractéristiques qui le parcourent sertissent une partie
de clavier tout sauf sage. Le
jeu flamboyant de Jean-Yves Thibaudet y est pour beaucoup, car le pianiste qui
est visiblement en empathie avec cette
musique, lui donne ce vrai ton jazzy qui
peut prendre l'allure d'une improvisation (cadence médiane de la Rhapsody) ou
d'une ballade aux climats choisis (deuxième mouvement du Concerto). Sa
manière percussive met largement l'accent sur le rythme de swing. Marin Alsop, « une » chef qui fréquente régulièrement les
musiques américaines, façonne son orchestre de manière à le faire sonner tel un
ensemble de jazz, sans pour autant étouffer la part de lyrisme qui habite telle
ou telle page.
Le CD est complété par les « Variations pour piano sur I got
rythm » qui montrent, s'il en était besoin, les talents d'orchestrateur
de son auteur.
« An
Evening of Song 1985 ».
Joseph HAYDN : Cantate Arianna a Naxos. Modest MOUSSORGKY : Enfantines. Gabriel FAURÉ : Quatre mélodies. Ottorino RESPIGHI : Trois chansons. Francesco Ernani BRAGA : 6 Cançaoes Nordestinas. Gioacchino ROSSINI : « Di tanti palpiti », extrait de Tancredi. Teresa
Berganza, mezzo-soprano. Juan-Antonio
Alvarez Parejo, piano. Hänssler Classic : 93.705. TT : 63'40.
Voici un programme typique de ceux qu'aimait donner Teresa Berganza,
capté ici au festival de Schwetzingen, 1985. Elle y manie quatre langues, autres que son espagnol natal, et entraîne ses auditeurs dans des mondes divers, mais
toujours habités. Et quelle joie de retrouver ce timbre
reconnaissable entre tous, cette manière aristocratique de chanter, en même temps si prompte à se couler dans de petites histoires. La
grande scène dramatique que constitue la cantate Ariane à Naxos de Haydn où se déploient les affeti, de l'abandon à la fièvre tragique, est rendue peut-être encore plus
poignante par le seul accompagnement du piano. Si les mélodies de Fauré, abordées avec une grande économie de moyens,
ne parviennent pas à totalement convaincre, c'est nul doute à cause des tempos
décalés adoptés par le pianiste. Les
miniatures savoureuses que sont les Enfantines de
Moussorgky trouvent Berganza au meilleur, maniant cet humour espiègle ou cette
vraie fausse ingénuité qu'elle savait distiller comme personne. On retrouve cette veine dans les courtes pièces du brésilien Braga où
bondissent les rythmes de samba et filent les belles berceuses. En bis, la Berganza offre un air de Rossini, tiré de Tancrède, la
meilleure des cartes de visite sans doute, tant timbre et style y paraissent
indissociables de l'art de
cette grande dame du chant.
Gustav MAHLER : Lieder und Gesänge aus der Jugendzeit (sélection). Rückert Lieder (deux Lieder). Lieder eines fahrenden Gesellen. Des Knaben Wunderhorn (sept Lieder). Dietrich Fischer-Dieskau, baryton. Daniel Barenboim, piano. Enregistrement public à Berlin, 1971. Audite : 95.634. TT : 60'52.
Autre témoignage d'une immense voix, celle de Dietrich Fischer-Dieskau, dont on fête le 75e anniversaire. Le grand baryton allemand s'est illustré dans tout le répertoire et
peu de compositeurs auront échappé à son appétit de vulgarisation. Les pièces vocales de Mahler, il les inscrivait sans relâche à ses concerts, souvent avec orchestre ; plus rarement peut-être en récital. Des pièces comme Les Chants du compagnon errant ou Le
Cor merveilleux de l'enfant acquièrent une intimité bienfaisante dans leur version pour piano. Les sentiments tour à tour exprimés, de l'abandon à la peur panique,
en acquièrent un relief inattendu. Les
lieder du temps de jeunesse ne souffrent pas la comparaison avec l'orchestre
car ils ont été écrits pour l'accompagnement de piano. Dans ce récital, capté en concert à Berlin à l'automne 1971, DFD, alors
au sommet de ses moyens, déploie son art souverain du phrasé, de la nuance
infinie, du forte impérieux au ppp comme murmuré, grâce à une fabuleuse maîtrise du souffle. Les mots comme caressés, ces effets de voix « ténorisante »,
ces inflexions d'une douceur infinie sont la marque de ce génial conteur. On sait qu'il choisissait avec le plus grand soin ses partenaires. Ici, Daniel Barenboim lui procure un soutien généreux, et la sonorité
chaude du piano en vient à prendre par moment une tonalité quasi orchestrale.
Jean-Pierre Robert.
Johann Christian BACH : Sonates pour clavier op. 5 et 17. Émile
Naoumoff, piano. Coffret de 3CDs Saphir Productions : LVC 1098.
TT : 73’53 + 44’55 + 48’45.
Un coffret consacré aux sonates pour clavier de
Jean-Chrétien Bach (1735-1782), dernier des onze enfants du Cantor : trois
CDs comprenant les cinq Sonates de l’opus 5 (1768) sur le premier disque,
et les six Sonates de l’opus 17 (1774), réparties sur les deuxième (n°1,
2, 3) et troisième (n°4, 5, 6). Une bonne occasion de découvrir ces
sonates qui inspirèrent largement Mozart, notamment pour son Concerto pour piano K.107. Rappelons
qu’ils eurent l’heur de jouer ensemble en 1764 à Londres, Mozart était alors âgé
de 8 ans, et qu’ils gardèrent pendant des années des rapports d’amitié et
de fraternité maçonnique. Ces sonates permettent d’apprécier toute
l’évolution musicale du fils Bach, du baroque au classicisme, par la légèreté,
la grâce et le panache de ces œuvres qui en firent un maître du style
galant. Remarquable interprétation d’Émile Naoumoff, claire et élégante.
Frédéric CHOPIN : Impromptus et Rondeaux. Marie-Catherine Girod, piano. Saphir
Productions : LVC 1120. TT : 69’00.
S’inscrivant dans le cadre des publications du
bicentenaire de la naissance de Frédéric Chopin (1810-1849), cet enregistrement
de 1994 nous propose des œuvres de jeunesse, peu jouées, comme les Variations brillantes sur le rondeau
« Je vends des scapulaires », tiré de l’opéra Ludovic de
Ferdinand Hérold, Souvenir de Paganini,
les Trois Écossaises op.72,
la Tarentelle op.43, trois Rondeaux et quatre Impromptus. Un disque qui laisse sa part au rêve, à une douce
mélancolie, dans une interprétation brillante et sensible de M.-C. Girod.
Marc-Antoine
CHARPENTIER : O Maria !
Psaumes & Motets. Ensemble Correspondances, dir. Sébastien Daucé.
Zig-Zag Territoires (www.zigzag-territoires.com) : ZZT100601. TT : 63’33.
Un disque consacré aux psaumes et motets composés par
Marc-Antoine Charpentier (1643-1704) dans les années 1680, alors qu’il était au
service de Marie de Lorraine, duchesse de Guise. Compositeur original du
Grand Siècle, marqué par l’influence italienne, il nous donne ici à entendre
nombre de ses plus belles pièces, parfaitement interprétées musicalement et
vocalement par l’ensemble Correspondances sous la direction avisée de Sébastien
Daucé - résultat d’un travail collectif autour du son et des couleurs.
Une réussite, plus qu’un disque, une prière…
Johann
ROSENMÜLLER : Beatus Vir ? Gli Incogniti : Amandine Beyer (violon & direction), Raquel Andueza
(soprano), Wolf Matthias Friedrich (basse). Zig-Zag Territoires (www.zigzag-territoires.com) :
ZZT100801. TT : 65’40.
Un disque qui permet de découvrir Johann Rosenmüller
(1619-1684), ce compositeur allemand de Leipzig, contraint à l’exil, professeur
à l’Ospedale della Pieta de Venise avant Vivaldi, « sublime et inconnu »,
pourtant essentiel dans l’évolution de la cantate d’église avant Bach. Un
enregistrement qui regroupe sonates et motets, très peu joués voire inédits,
mettant en avant la complémentarité des instruments et de la voix, si caractéristique
de la musique du XVIIe siècle. Une interprétation remarquable,
tant vocale qu’instrumentale respectant parfaitement « l’idéal
d’expression », une belle prise de son et une question
existentielle : Beatus Vir ? À écouter pour tenter
d’y répondre…
Jean-Philippe RAMEAU : Pièces de clavecin en
concerts. Ensemble Masques, dir. Olivier Fortin. Atma
Classique : ACD2 2624. TT : 64’45.
Des pièces de clavecin qui ont une curieuse physionomie
car le clavecin n’assume pas ici un rôle d’accompagnement ; il est « obligé »,
préfigurant ce que sera le trio pour piano, violon & violoncelle de
l’époque classique. Répondant aux souhaits de Jean-Philippe Rameau
(1683-1764), les instrumentistes jouent ensemble, plutôt bien, s’écoutant
mutuellement. Publiées en 1741, ces pièces proposent des portraits, des
caractères ou des danses, regroupées en « concert », insistant encore
sur leur caractère concertant. Pour amateurs de musique baroque et
d’instruments anciens.
Domenico SCARLATTI : Sonates. Mathieu Dupouy,
clavecin. Label-Hérisson : LH04. TT : 64’33.
Un disque consacré aux sonates pour clavecin de Domenico
Scarlatti (1685-1757), parfaitement interprétées par Mathieu Dupouy, sur un
clavecin napolitain anonyme de 1710, ayant la particularité de posséder un
registre de boyau dit « tiorbino » qui, associé aux cordes de
métal, permet d’élargir les sonorités de l’instrument. Dédiées au roi du
Portugal Joao V, ces sonates furent copiées et regroupées en recueils à
l’intention de sa fille, Maria Barbara de Braganza, lorsqu’elle épousa le roi
d’Espagne, Fernando VI. Œuvres de la maturité, mêlant inspirations
populaires espagnoles, esprit de danse, elles furent publiées en 1738.
Caractéristiques du style scarlattien, faisant fi de toutes les règles de
composition, ne reconnaissant que la beauté de l’écoute, elles nous livrent,
probablement, la part la plus intime du compositeur.
Edvard GRIEG : Les
trois sonates pour violon et piano. Christophe Boulier (violon). Tomohiro Hatta,
Philippa Neuteboom, Zachary Deak (piano). Promusica
Association artistique : CD P1004. TT : 65’18.
Enregistré lors d’une session de l’Académie de Jeunes
solistes, ce disque nous propose une très belle interprétation de l’intégrale
des sonates de Grieg (1843-1907) tout en finesse et sensibilité dans un
émouvant dialogue entre violon et piano. Près de vingt ans séparent la
sonate n°1 (1865), naïve et inspirée, la sonate n°2 (1867), plus populaire et
nationaliste, de la sonate n°3 (1887), sans doute la plus réussie, plus ouverte
d’esprit, chargée d’émotion. Une évolution du compositeur norvégien
parfaitement rendue par le climat créé par les interprètes. Un beau
disque.
Patrice Imbaud.
Peter Ilyich
TCHAIKOVSKY (1840-1893) : Concerto
pour violon, op.35. Sérénade
mélancolique, op.26. Valse-Scherzo,
op.34. Souvenir d’un lieu cher,
op.42, pour violon & piano. Julia Fischer, violon. Orchestre
national de Russie, dir. Yakov Kreizberg. Piano : Yakov
Kreizberg. Super-audio CD Pentatone Classics (www.pentatonemusic.com) :
PTC 5186 095. TT : 68’25.
Servie par une technique hallucinante - sans cependant la
moindre volonté démonstrative -, Julia Fischer interprète ici celui que les
Russes considèrent [mais est-ce vraiment à tort ?] comme leur plus grand
musicien. De ces pages illustres, Julia Fischer nous semble, - d’intense
concentration & parfaite objectivité - l’interprète idéale. Totale
est la dévotion du chef à sa soliste. Éblouissant !
Édith Allouard.
Josquin DESPREZ (ca 1450-1521) : Messes de
l’Homme armé. Ensemble Métamorphoses. Calliope (www.calliope.tm.fr) :
CAL 9441. TT : 66’11.
Sur le timbre fameux de L’Homme armé (qui inspira
aussi bien Dufay qu’Ockeghem, Morales ou Palestrina), Josquin Desprez composa
deux messes : Super voces musicales et Sexti toni, ici réunies.
En ces magnifiques édifices polyphoniques conçus pour la chapelle papale -
d’une complexité ornementale que l’on ne retrouvera que deux siècles plus tard chez
Jean-Sébastien Bach –, Josquin traite le timbre tantôt à la manière d’un cantus
firmus, tantôt en imitations canoniques, tantôt combiné à la paraphrase du
plain-chant, voire en rétrogradation. Dirigé par l’excellent Maurice
Bourbon, l’ensemble Métamorphoses (2 contre-ténors, 2 ténors,
2 barytons et 3 basses) est d’une rare homogénéité et clarté.
Henry PURCELL (1659-1695) : Dido and Aeneas. La Nouvelle Ménestrandie & Cappella Mediterranea,
dir. Leonardo
García Alarcón. Ambronay (www.ambronay.org) : AMY022. Distr.
Harmonia Mundi. TT : 52’55.
Pour pareil chef-d’œuvre, le
chef argentin Leonardo García Alarcón a réuni quelques-uns des plus brillants (jeunes)
spécialistes du Baroque : Solenn’ Lavanant Linke (Didon), Alejandro
Meerapfel (Énée), Yeree Suh (Belinda), Fabián Schofrin (la Sorcière)… Interprétation
tout en humour, suavité et profonde émotion. Comme chez Lully – dont
Purcell s’inspire à l’évidence – l’instrumentarium a été élargi aux instruments
à vent. D’une
pierre blanche…
Abbaye d’Ambronay ©DR
Jean-Baptiste LULLY : Atys. Tragédie en musique, en un prologue & cinq actes (1676).
Livret de Philippe Quinault. La Simphonie du Marais, dir. Hugo
Reyne. 3CDs Musiques à la Chabotterie : 605008. Distr. Codaex.
TT : 2h47’.
C’est à l’écoute d’une version
rajeunie de cet opéra mythique que nous convie Hugo Reyne, à la tête de son excellente
« Simphonie du Marais », tous artistes spécialisés dans Lully
(10 albums déjà dédiés à ce compositeur). Où, au plus près du texte
original, sont évités tous maniérismes et surabondances d’ornements,
privilégiant une prononciation « naturelle ». Livret historique
de 120 pages (avec reportage photo dévoilant les coulisses de la
production). Un « must » !
Wolfgang Amadeus
MOZART : Concertos pour cor. Lowell
Greer, cor naturel. Philharmonia Baroque Orchestra, dir. Nicholas
McGegan. Classical Express (www.classicalexpress.com) : HCX 3957012. Distr. Harmonia
Mundi. TT : 61’26.
Ici joués (comme il se devrait toujours) sur
« Cor-solo », instrument le plus proche de celui utilisé pour la courre
(dite « trompe de chasse »), ces concertos sonnent avec tout le
« fruité » requis et, dans les mouvements lents, « avec autant de perfection que la voix la
plus douce, la plus originale et la mieux appropriée » (Mozart).
Outre les Concertos K 412, 417,
447 et 495, l’excellent Lowell Greer joue les Rondeaux K 371 et 514.
« Via Crucis ». Rappresentazione
della gloriosa Passione di Cristo. Nuria Rial (soprano), Philippe
Jarroussky (contreténor). Ensemble L’Arpeggiata, dir. Christina
Pluhar. Coffret Virgin Classics (www.virginclassics.com) :
607107.03. CD (TT : 70’35) + DVD (TT : 63’00).
Dans cet extraordinaire récital, Christina Pluhar, ses
musiciens & solistes expriment la piété baroque des compositeurs Biber,
Merula, Sances, Rossi, Monteverdi, Legrenzi, Ferrari, Allegri… aussi bien que celle
de nombreux anonymes. Ainsi la maestra nous entraîne-t-elle - avec la complicité de Philippe Jaroussky & Nuria
Rial, mais aussi de la chanteuse folklorique Lucilla Galeazzi & du quatuor
vocal corse Barbara Furtuna - sur un exaltant Chemin de croix. Pour les
10 ans de L’Arpeggiata, nous est en outre offert – inappréciable bonus -,
un DVD réunissant seize des plus notables prestations de l’Ensemble, de 2004 à
2009, dans les plus sublimes cadres qui se puissent imaginer. Miraculeux !
Ludwig van BEETHOVEN : Sérénade pour flûte violon & alto op.25 ; Duo pour alto & violoncelle WoO 32 ; Notturno pour alto & piano op.42. Pierre Lénert (alto), Patrick
Gallois (flûte), Jeff Cohen (piano), Frédéric Laroque (violon), Cyril Lacrouts
(violoncelle). Intégral Classic (www.integralclassic.com) :
INT 221 141. TT : 66’02.
Tous
super-solistes de l’Orchestre de l’Opéra de Paris-Bastille, les musiciens ici
réunis autour de l’altiste Pierre Lénert [notre photo] interprètent, avec toute
la brillance souhaitable, des œuvres du jeune Beethoven. Quinze pièces
relativement brèves, volontiers virtuoses, où l’alto se taille – pour une fois
– la meilleure part. Notons que le Notturno est ici joué dans un arrangement
signé William Primrose.
©DR
Du « plus grand baryton du siècle », la firme Audite (www.audite.de) a regroupé quelques-unes des plus mémorables
interprétations :
Gustav MAHLER : Lieder. D. Fischer-Dieskau
(baryton), Daniel Barenboim (piano). Live in Berlin, 1971.
Audite : 95.634. TT : 60’52. Lieder und Gesänge der Jugendzeit ; Rückert Lieder ; Lieder
eines fahrenden Gesellen ; Lieder
und Gesänge aus der Jugendzeit ; Der
Knaben Wunderhorn.
Johannes BRAHMS : Lieder. D. Fischer-Dieskau
(baryton), Tamás Vásáry (piano). Live in Berlin, 1972.
Audite : 95.635. TT : 66’26. Vingt-trois Lieder.
Robert SCHUMANN, Ludwig van BEETHOVEN & Gustav
MAHLER : Lieder.
D. Fischer-Dieskau (baryton), Julia Varady (soprano), Cord Garben &
Hertha Klust (piano). Berlin, 1951, 1953, 1977. Audite : 95.636. TT :
57’22. R. Schumann : 12 Duette.
L. van Beethoven : 6 Lieder
von Gellert. G. Mahler : 3 Knaben Wunderhorn.
Max REGER, Heinrich
SUTERMEISTER & Paul HINDEMITH : Lieder. D. Fischer-Dieskau
(baryton), Ulrich Bremsteller (orgue), Aribert Reimann (piano). Berlin,
1972, 1979, 1989. Audite : 95.637. TT : 63’45.
M. Reger : 8 Lieder.
H. Sutermeister : Der 70 und 86
Psalm. P. Hindemith : 10 Lieder.
_________________________
Camille SAINT-SAËNS
(1835-1921) : Les 5 concertos pour
piano. Anna Malikova, piano. WDR Sinfonieorchester Köln,
dir. Thomas Sanderling. 2CDs Audite (www.audite.de) :
91.650. TT : 79’17 + 60’59.
Écrits en moins de 40 ans, ces cinq concertos furent, pour
le compositeur, terrains d’expérimentation. D’une écriture toute
classique, mais vivifiée de puissants élans romantiques, ils trouvèrent –
curieusement - beaucoup plus d’écho à l’étranger que dans notre pays. La
pianiste russe Anna Malikova interprète tout cela avec une fougue et un
enthousiasme communicatifs, servie par la qualité sonore qu’autorise la
technique Hybrid Multichannel (SACD).
Johannes BRAHMS
(1833-1897) : Les trois Sonates pour
piano & violon op.78, 100 et 108. Geneviève Laurenceau,
violon. Johan Farjot, piano. Zig-Zag Territoires (www.zigzag-territoires.com) :
100 802.
Geneviève Laurenceau, brillante super-soliste de l’Orchestre
du Capitole de Toulouse (jouant un Stradivarius de 1682), et l’universel Johan
Farjot (n’est-il pas co-fondateur, avec Geneviève Laurenceau, Antoine Pierlot
& Arnaud Thorette, de l’ensemble chambriste Contraste, et ne dirige-t-il
pas Chœur & Orchestre de Paris-Sorbonne ?), interprètent, avec tout le
juvénile élan souhaitable, ces trois Sonates -
tour à tour pensives, inquiètes ou vibrant d’une intense passion.
Florence DELAAGE joue le piano d’Alfred Cortot.
2CDs Indesens : INDEO20. Distr. Musicware (www.musicware.fr). TT :
76’55 + 71’30.
« Si j’avais eu une
fille, c’eût été Florence Delaage ». Ce propos d’Alfred Cortot [que
nous rappelle Stéphane Blet dans sa belle préface à ce double CD] dit assez
l’affection qui unissait le grand pianiste à sa disciple préférée. CD1 : Impromptus, Fantaisie-Impromptu, Valses (Chopin), Scènes
d’enfants (Schumann), Impromptus (Schubert). CD2 : Fantaisie chromatique et fugue en ré mineur (Bach), Rêve
d’amour (Liszt), Pièces pour le piano (Wagner), Transcriptions
d’œuvres de Wagner (Liszt), Imprompu n°3 (Fauré), Pavane, Jeux d’eaux (Ravel), Reflets dans l’eau, Feux d’artifice (Debussy). Précieux témoignage du piano français à son zénith…
BEETHOVEN : Sonates
n°9 et 15. LISZT : 2e et 12e Rhapsodies
hongroises. Paloma Kouider, piano. Lyrinx (www.lyrinx.com) : LYR 271.
Grâce à sa collection
« Talents », la firme Lyrinx met en lumière de nouvelles
personnalités. Disciple de Claude Helffer, mais aussi brillante khâgneuse
à Louis-le-Grand, Paloma Kouider fait ici preuve d’une technique sans faille, non
moins que d’une sensibilité qui - gageons-le - ne manquera pas d’être, à
l’avenir, mieux maîtrisée.
©DR
Francis POULENC
(1899-1963) : Intégrale de la
musique de chambre avec vents. Solistes de l’Orchestre de
Paris. Claire Désert & Emmanuel Strosser (piano). 2CDs Indesens
(www.indesens.fr) : INDE 013.
TT : 55’24 + 50’00.
Nous savions la prédilection de Poulenc pour les
instruments à vent, notamment dans sa musique de chambre (où seulement deux
œuvres font appel aux cordes, contre neuf aux cuivres & bois). Le premier
CD est consacré à des œuvres de jeunesse : Un joueur de flûte berce les ruines, pour flûte seule (inédit), Sonate pour clarinette & basson (1922), Sonate pour deux clarinettes (1918), Trio pour piano, hautbois &
basson (1926), Sonate pour cor,
trompette & trombone (1922), Sextuor
pour piano, flûte, hautbois, clarinette, basson & cor (1932). Le second
CD, aux œuvres de la maturité : Sonate
pour clarinette & piano (1962), Sonate
pour flûte & piano (1957), Sonate
pour hautbois & piano (1962), Élégie
pour cor & piano (1957). Un corpus étincelant d’humour mais
aussi, bien souvent, d’une rare émotion…
Le hautbois au salon romantique. Laurent Hacquard
(hautbois), Laure Cambau (piano), Isabelle Marie (harpe), Raymond Gratien
(guitare). Hybrid’Music (www.hybridmucsic.com) :
H1819. TT : 61’43.
Membres de l’ensemble Architecture & musique (www.architecmusique.com), les quatre
artistes ici réunis interprètent des pièces peu rebattues de Robert Schumann (Trois
romances, op.94), Stanislas Verroust (Fantaisie / Capriccio),
Charles-Marie Widor (Pavane), Napoléon Coste (Consolation /
Rondo montagnard), Gabriel Verdalle (Méditation), Mauro Giuliani (Andante),
Charles Oberthur (Prière) et Johann Kalliwoda (Morceau de salon).
Plus d’une centaine d’opus jalonnent la carrière
météorique d’Olivier GREIF (1950-2000). Pour le 10e anniversaire de la disparition brutale de ce créateur d’une incomparable
puissance visionnaire, est édité ou réédité l’essentiel de l’œuvre - par
son principal éditeur, Triton (www.disques-triton.com) aussi bien que dans
la collection « Mémoire vive » de l’Ina (www.ina.fr). Voir aussi le
site des « Amis d’Olivier Greif » : www.oliviergreif.com
©Yannick Coupannec
Olivier GREIF : Requiem (1999) pour double chœur mixte
a cappella. BBC Singers, dir. John Poole. À cet
enregistrement sont joints Lettre à
Olivier, lue par Mildred Clary, et Portraits 1,
4 et 8, enregistrés au piano par le compositeur, en mars 2000. Triton :
TRI 331150. TT : 54’53.
Olivier GREIF : Lettres de Westerbork (1993) pour
voix de femme & 2 violons, avec Doris Lamprecht (mezzo-soprano), Alexis
Galpérine & Éric Crambes (violons). Chants de l’âme (1996) pour voix de femme & piano,
avec Jennifer Smith (soprano), Olivier Greif (piano). Triton :
TRI 331101. TT : 61’02.
Olivier GREIF : The Meeting of the Waters, intégrale
de l’œuvre pour violon & piano. Sonates
n°1 et 2 (1967), Adagio (1976), Trois pièces de concours (1977, 1978,
1977), Variations on Peter Philips « Galliarda Dolorosa » (1977), Sonate n°3 « The Meeting of the Waters » (1976). Avec Stéphanie
Moraly (violon), Romain David (piano). Triton :
TRI 331165. TT : 79’21.
Olivier GREIF [Hommage
à] : Sonate
de Requiem (1993), avec Christoph Henkel (violoncelle), Olivier Greif
(piano). Trois chansons apocryphes (1998), avec Marie Devellereau
(soprano), Olivier Greif (piano). Le Tombeau de Ravel (1975), avec
Olivier Greif & Henri Barda (piano à 4 mains). « Todesfuge »
(1998), quatuor à cordes et voix, avec Stephan Genz (baryton) & le
Quatuor Sine Nomine. Triton : TRI 331119. TT :
75’31.
Olivier GREIF : Trio pour violon, violoncelle & piano (1998). Dimitri CHOSTAKOVITCH : 2e trio pour
violon, violoncelle & piano (1944). Avec Jan Orawiec
(violon), Dimitri Maslennikov (violoncelle) & Jonathan Benichou
(piano). Triton : TRI 331128. TT : 53’31.
Olivier GREIF : Sonate « Les Plaisirs de Chérence » (1997). Sonate de guerre (1975), avec Pascal Amoyel (piano). Pascal
AMOYEL : Sadhana - in memoriam Olivier Greif (2009), avec Emmanuelle Bertrand (violoncelle / voix). 1CD +
1DVD Triton : TRI 331160. DVD incluant : Interview
d’Olivier Greif & Pascal Amoyel (autour de la Sonate de guerre, 1999) ; Interview de Pascal Amoyel &
Emmanuelle Bertrand (autour des Plaisirs
de Chérence et de Sadhana, 2009).
Olivier GREIF : Le Rêve du monde.
« Olivier Greif joue Olivier Greif ». 2CDs « Ina, mémoire
vive ». CD 1 : Sonate
de guerre (1975) / Sonate n°2
pour violon & piano (1967) / Petite
cantate de chambre (1977) / Suite
pour piano (1961), Wiener Konzert (1974). CD 2 : Le
Rêve du monde (1993) / Bomben
auf Engelland (1976) / The
Meeting of the Waters (1993) / Hommage
à Paul Bowles (1994) / Les
Trottoirs de Paris (1996). Avec Olivier Greif & Henri Barda
(pianos), Devy Erlih & Gottfried Schneider (violons), Evelyn Brunner, Nell
Froger, Jo-Ann Pickens & Catherine Dubosc (sopranos), Howard Haskin &
Jean-Paul Fouchécourt (ténors), Ryo Noda (saxophone). TT :
79’10 + 76’37.
______________
Young Polish Composers Paying Homage to Fryderyk
Chopin
Wojciech Ziemowit
ZYCH : Œuvres pour orchestre.
Michal Górcyński, clarinette basse. The Orchestra of the Podlasie
Opera & Philharmonic in Biatystok, dir. Przemyslaw Fiugajski. Dux
Recording Producers (www.dux.pl) :
DUX 0722. TT : 72’09.
Du compositeur polonais Wojciech Ziemowit Zych (°1976),
trois œuvres pour orchestre ont été ici réunies : Symphony n°1 (2002) ; Concerto
for Bass Clarinet & Orchestra (2003) ; Starring of the Will (2006). Mosaïques sonores composées de
puissantes et brèves séquences atonales, faisant surtout appel aux vents & percussions.
L’un des compositeurs les plus originaux de sa génération.
Weronika RATUSIŃSKA : Œuvres pour orchestre. Tomasz
Strahl, violoncelle. The Silesian Philharmonic Symphony Orchestra, dir. Miroslav
Jacek Blaszczyk. Dux Recording Producers (www.dux.pl) :
DUX 0723. TT : 70’55.
Au programme : Concerto
pour violoncelle (2008) ; Sinfonietta,
pour orchestre à cordes (2009) ; Gasherbrum,
pour petit orchestre symphonique (1997) ; Divertimento per archi (1998) ; Symphonie, pour grand orchestre (2008). Œuvres néo-modales, particulièrement
mélodiques, ne laissant pas d’évoquer Louis Andriessen, John Adams, voire Steve
Reich.
_____________________
Terres arc-en-ciel. Ensemble
Archimusic, dir. Jean-Rémy Guédon (www.archimusic.com).
Le Triton (www.letriton.com), distr.
Musea.
Combinant les caractères d’un quartette de jazz à ceux
d’un quatuor classique, l’octette Archimusic (saxophone, trompette,
clarinettes, basson, hautbois, contrebasse, batterie) s’est enrichi, au cours
de sa tournée franco-africaine (2007-2010), des talents de Maître Aba (arc
sonore), de Mama Draba (chanteuse malienne) et de Germaine Ololo (rituel des
Mboshi du Congo)… Aussi est-ce à une manière de carnet de voyage que nous
convie cet étonnant CD où - parmi des contes & récits glanés à Montreuil,
Pointe-Noire, Coutances, Yaoundé…- le balafon guide nos pas « dans les
lacets de l’altérité ». Un passionnant kaléidoscope.
Pekka TUPPURAINEN
Quintet : Röd / Blå. 2CDs Aeon (www.aeon.fr) : AECD 1091. TT : 1h59’54.
Interprétées par un quintette
composé de Magnus Broo (trompette, percussion), Mikko Innanen (saxs), Joonas
Riippa (percussion, flûte à bec, harmonica, cris d’animaux), Aki Rissanen
(piano, piano préparé, dictaphone, percussion) et Pekka Tuppurainen
(électronique, guitare & basse électriques, violon, radio, bruits, chants
d’oiseaux, percussion), ces musiques utilisent tous les moyens du jazz, de la
musique contemporaine et de l’électroacoustique. Avec quelques titres
empruntés à David Bowie et Brian Eno. Étonnamment imaginatif !
POUR LES PLUS JEUNES
Victorie Music & son Club-Tralalère (www.club-tralalere.com) poursuivent avec bonheur leur croisade en faveur d’un répertoire de
qualité pour enfants… de tous âges ! Ainsi de :
Chansons Choux de Jessica. Vol. 4 : « Alphabébé », composé de 15
comptines-chansons originales. Vol 5 : « Berceuses
câlines », pour conduire bébé au pays des rêves bleus. L’un et
l’autre album interprétés par Jessica.
Macheur de mots par Steve Waring : 14 chansons où - sur le thème de la bouche, du
plaisir de manger & celui de parler - les mots sont rois.
Mes petits moments par Alain Schneider. Lequel, non sans humour et tendresse, croque tous
les instants de la journée d’un petit n’enfant, du lever au coucher en passant
par le goûter, le brossage des dents, les calins…
À tout bout de chants par « Les Voisins du dessus ». Créé en 1994, ce groupe - dix-neuf
joyeux lurons dirigés par Jean-Marie Leau (www.lesvoisinsdudessus.com) -
interprète onze délicieuses chansons composées par Madeleine Marchant, sur des
textes d’Agnès Desarthe.
Bonjour les mamans par Dominique Dimey. Bien connu est le répertoire dédié aux mamans par
Dominique Dimey. Voici réunis seize de ses plus jolis fleurons, sur des
musiques & orchestrations de Pierre Bluteau. Ravissant… à
l’ordinaire !
Francis Gérimont.
DVD
Gioacchino ROSSINI : Il
Barbiere di Siviglia. Joyce
DiDonato, Juan-Diego Flórez,
Pietro Spagnoli, Allesandro Corbelli, Ferruccio Furlanetto, Jennifer
Rhys-Davies.
Chorus & Orchestra of the Royal Opera, dir. Antonio Pappano. Mise
en scène : Patrice Caurier & Moshe Leiser. 2DVDs Virgin Classic : 694581 9 4. TT : 176'00.
Pour les amateurs de belles voix, le DVD du Barbier de
Séville, filmé au Royal Opera est incontournable : un Basilio immense,
plus vrai que nature, un Bartolo qui connaît son buffo sur le bout des doigts,
un Figaro brûlant les planches et d'une insolente faconde, une Rosina, parangon
de style virtuose et d'intelligence théâtrale, et surtout un Almaviva de rêve
dont le suprême art belcantiste comme le confondant naturel transfigurent les
arias et leurs généreuses colorature. Pas un qui n'arrache l'admiration.
Et de plus tous jouent collectif ! Ajoutez un orchestre conduit al
dente, enrichi d'infinies nuances dynamiques, et débordant de gaîté :
voilà de quoi satisfaire les plus blasés. La mise en scène n'est pas en reste
qui livre une vision sobrement modernisée de jeux de scène attendus, le ressort
bouffe restant redoutablement efficace. D'une stylisation amusante, avec
juste ce qu'il faut de charge, elle révèle habilement les arrière-plans d'une
action mélodramatique frôlant le tragique. Le décor en forme de boîte de
Pandore laisse émerger des figures délicieusement excentriques. Et quel
festival de couleurs : costumes on ne peut plus bariolés (Figaro en
salopette de jean, Almaviva équipé en rouge vif), environnement joliment
colorié, métamorphosé par des effets de lumière géométriques. Tout cela
crève l'écran qui détaille chaque trait ironique avec gourmandise. Quant
au fait que la rouée Rosina évolue en fauteuil roulant, suite à une chute - ce
que Rossini n'avait pas prévu, non plus que les régisseurs d'ailleurs - cela
n'affecte que peu la fluidité du spectacle.
Jean-Pierre Robert.
Igor STRAVINSKY
(1882-1971) : Petrushka, Bolshoi
Ballet Production. Le Sacre du
printemps, Moscow Classical Ballet. 2010. Video Artists
International (www.vaimusic.com) :
4516. TT : 76’00.
Dans la chorégraphie originelle de Michel Fokine - décors
& costumes de Benois reconstitués -, le Bolshoi nous propose Petrushka (représentation publique,
1992), avec les danseurs Irek Mukhamedov, Ludmila Semenyaka, Vyacheslav Elagin
et Yuri Vetrov. Document quasi historique, avec la fameuse troupe à son
meilleur. Mais le plus extraordinaire est sans conteste le film tourné en
1990, pour la Télévision russe, du Sacre
du printemps, produit par le Ballet classique de Moscou, sur de tout
nouveaux scénario et chorégraphie signés Natali Kasatkina & Vladimir
Vasilev, avec les admirables danseurs Ilgiz Galimullin, Valeria Tsoi, Vera
Timashova et Sergei Vanaev. Extraordinaire fluidité et cohérence du corps
de ballet dans des postures et mouvements à tout le moins peu académiques – seraient-ils
de tradition avant-gardiste, faisant ici quelque peu pâlir le grand Maurice Béjart
de 1970… Splendeur des décors et des costumes aux teintes volontiers
pastel. Excellence du montage cinématographique.
Édith Allouard.
***
Haut
Monsieur Chopin ou le voyage de la note bleue.
Livre-disque.
Auteur : Carl Norac. Illustrations :
Delphine Jacquot. Pianiste : Shani Diluka.
Récitant : Jacques Bonnaffé.
48 p. 23,50 €. Didier Jeunesse (en librairie le 5 octobre
2010).
Pour célébrer l’année Chopin, un livre-disque exceptionnel
autour de son enfance ! Un savoureux mélange entre le jeu aérien de
Shani Diluka, le texte poétique de Carl Norac raconté par Jacques Bonnaffé,
sublimé par les illustrations somptueuses de Delphine Jacquot.
Carl Norac redonne vie à la
correspondance de Chopin avec son ami d’enfance Titus. Celui-ci
redécouvre un jour les lettres que lui écrivait Frédéric Chopin, enfant.
Des lettres pleines d’humour et de tendresse lui confiant ses amours, ses
peurs, sa passion pour la musique et sa quête de la note bleue…
Jacques Bonnaffé prête sa voix
chaude et enveloppante à ces deux personnages, amis pour la vie. Il met
en valeur, comme personne, la qualité poétique d’un texte qui fait des emprunts
aux véritables lettres du compositeur.
Parmi les pièces musicales qui accompagnent le récit, on
retrouve les plus appréciées, les plus connues, mais aussi des trésors choisis
par la jeune pianiste Shani Diluka. Un jeu
aérien, une grâce constante, une volupté que sauront apprécier les mélomanes
comme les amateurs !
Spectaculaire
« La fête des
sorties culturelles ». Samedi 25 et dimanche
26 septembre 2010
(10h-19h). Port de la Gare, Paris XIIIe (M° ligne 6,
station « Quai de la Gare » / M° ligne 14 et RER C, station
« Bibliothèque François Mitterrand ». Accès libre.
Spectaculaire, c’est un concept unique :
découvrir en un seul lieu, sur les quais de la Seine, toute la saison
culturelle parisienne & francilienne le temps d’un week-end.
Théâtre, danse, musique, cirque, arts de la rue, toutes
les disciplines se déploient pendant deux jours pour séduire adultes et
enfants. Entièrement gratuit, ce projet prend sa source dans l’esprit d’Alban Sauvanet et de Pauline Gouzenne,
fondateurs de l’ancien magazine Zurban.
Au cœur du nouveau quartier Paris-Rive-Gauche, les visiteurs
déambulent, entre une architecture moderne d’avant-garde et les péniches
amarrées Port de la Gare & Port de Tolbiac. Le long de la Seine, de
multiples scènes et espaces d’accueil permettent au public de découvrir de
manière vivante et ludique la saison à venir.
Découvrez tout le programme avec les différents spectacles
et autres concerts sur le site : www.spectaculaire.com
Laëtitia Girard.
S’ouvrant sur un éditorial de l’Inspecteur général de
l’Éducation nationale, M. Vincent Maestracci, orientant de façon concise
l’élève dans son travail, le supplément Baccalauréat 2011 de L’éducation musicale est d’une rare densité :
pas moins de 148 pages d’analyses et références.
Indispensable
aux professeurs d’Éducation musicale et aux élèves de Terminale qui préparent
l’épreuve de spécialité « série L » ou l’épreuve facultative
« Toutes séries générales et technologiques du baccalauréat », cette
publication réunit les connaissances culturelles et techniques nécessaires à
une préparation réussie.
À commander aux Éditions Beauchesne : 7, cité du
Cardinal-Lemoine, 75005 Paris.
Tél : 01 53 10 08 18.
Fax : 01 53 10 85 19. s.desmoulins@leducation-musicale.com
***
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