Vous avez dit
« musique » ? Incroyable dérive de sens d’un mot qui ne
désigne plus aujourd’hui que ce qui se vend sous ce nom… Honteuse trivialisation d’un art majeur, favorisée par tout un
peuple de mercantis assisté d’analphabètes prétendument spécialistes…
Quand l’art vise à se confondre avec le monde ne devient-il pas superflu ?
Où l’on voit des programmes
scolaires aborder d’emblée le transgressif – partagés entre excès et défaut
d’ambition. Tant humiliants seraient, nous dit-on, les chefs-d’œuvre,
mais lucide notre belle jeunesse !
Où l’on voit tel Inspecteur
pédagogique régional ridiculement ferrailler, dans la presse nationale, contre
de flageolantes flûtes à bec. Cependant que toute une profession semble
atteinte de poltronite aiguë – même si, en privé, les
langues se délient…
Certes, de nombreuses voix
s’élèvent pour exiger un salutaire coup de balai. Mais ne serait-ce pas
là échange de transats sur le pont du Titanic ?
Formons plutôt des vœux pour qu’un
miracle se produise, et qu’enfin reprennent leurs esprits nos joyeux
prescripteurs !
BOEN n°31 du 31 juillet 2008, p.1565. Éducation
artistique et culturelle. Une épreuve obligatoire sera créée au
diplôme national du brevet, à compter de la session 2010, visant à sanctionner
les connaissances et les compétences acquises dans le domaine de l’histoire des
arts.
Le Bulletin
officiel de l’Éducation nationale est librement consultable
sur :
L’APEMu, Association
des professeurs d’Éducation musicale, tiendra son congrès biennal, du samedi 25
au lundi 27 octobre 2008, à Nancy [notre photo]. Thème du congrès : Place
de l’Éducation musicale dans le développement sensoriel et cognitif. Les
trois conférences prévues [« Apprendre » / « La
construction de compétences » / « Musique et handicap
mental »] seront suivies d’ateliers. Renseignements :http://apemu.free.fr
Alexandre
Loukachenko, Président
de la République de Biélorussie [ci-dessous auprès de son ami Mahmoud
Ahmadinejad], a annoncé, le 11 juin dernier : « À compter de la
rentrée 2008, la durée de la scolarité obligatoire sera ramenée de douze à onze
ans ». L’économie ainsi réalisée sera de quelque 90 milliards
d’euros. Musique & arts plastiques ne seront plus enseignés qu’à l’école
primaire.
Conseil d’administration
de la Sacem (exercice 2008-2009).Président :
Laurent Petitgirard. Vice-présidents :
Jean-Claude Petit, Arlette Tabart, Halit Uman. Trésorier : Christian Gaubert. Trésorier adjoint : Alain Goraguer. Secrétaire général : Sylvain Lebel. Secrétaire général adjoint : Jean-Marie Moreau. Administrateurs : Guy Boyer, Alain
Chamfort, Jean Fauque, Nicolas Galibert, Rémy Grumbach, François Leduc.
L’Observatoire des
politiques culturelles (OPC) a demandé à Pascale Chaumet de
conduire une étude sur « La politique de soutien des régions en faveur
du spectacle vivant ». L’objectif de ce repérage consiste à
dresser un état des lieux et une typologie des divers modes d’intervention afin
d’identifier des similitudes ou des spécificités régionales. Renseignements : 04 76
44 33 26. www.observatoire-culture.net
Autre conférence
remarquable… « Comment
notre cerveau reconnaît-il les mélodies ? », par le psychoacousticien Stephen
McAdams [notre photo] : www.canalacademie.com/article3108.html
Les 3es Journées de la profession se tiendront, au CNSMD de Paris, les 11 et 12 septembre 2008.
Dialogue avec des professionnels de tous les métiers de la musique. Invité
d’honneur : Pierre Boulez [notre photo]. Ateliers : Statut
du musicien / Construire un projet artistique & culturel /
Construire un projet d’édition / Réussir une audition d’orchestre /
Quelles disciplines pour les métiers théoriques ? / Filières de
l’enseignement / Assurer sa promotion dans le cadre des nouveaux
médias. Renseignements : journeesdelaprofession@cnsmdp.fr
Pour les plus
jeunes. Découverte
des mille et un métiers de la musique sur : www.promusicfrance.com
Plateforme de
téléchargement de musique classique : www.musiclassics.fr Enregistrements commentés par:
Alain Cochard, Jean-Charles Hoffelé, Frédéric Lodéon et Jean-Marie Piel.
La Tribune
internationale des compositeurs vient d’attribuer, le 14 juin 2008 à Dublin, le prix de
la catégorie « Œuvre la plus marquante de l’année » à L’Heure bleue de la japonaise Misato
Mochizuki (°1969) [notre photo], et celui de la catégorie « Compositeurs
de moins de 30 ans » au français Florent Motsch (°1980) pour Mémoire du vent. Ces deux œuvres
dans l’interprétation, en création mondiale, de l’Orchestre philharmonique de
Radio France… La prochaine édition de la TIC sera accueillie par Radio
France, à Paris, du 8 au 12 juin 2009. Renseignements :http://www.mca.org.au/mwn_bulletin_f.php
Au Conservatoire
national supérieur musique & danse de Lyon [notre photo] est programmé, du 18 novembre au 5
décembre 2008 : Olivier Messiaen/Jean-Louis
Florentz, partage d’exotisme. Renseignements : 04 72 19 26
61. www.cnsmd-lyon.fr
Un Concours
international de basson se déroulera à Paris/Ville-d’Avray, les 14
et 15 mars 2009. Œuvres de J. Bodin de Boismortier, M. Glinka,
R. Boutry, R.-J. Parisot, H. Dutilleux et
J.-L. Petit. Partitions disponibles aux éditions Armiane
(Tél. : 01 39 49 00 19. armiane@online.fr). Renseignements : 08 77
11 14 57. jlpetit@jeanlouispetit.com
7th International Congress of Voice
Teachers.Sous le haut marrainage de Natalie Dessay, ce Congrès
tiendra ses assises à Paris, Théâtre des Folies-Bergère, du 15 au 19 juillet
2009. Thème : Le chant
passé et présent : innovation et tradition (Questions pédagogiques /
Questions scientifiques / Autour du répertoire vocal français /
Autour du répertoire vocal international / L’enseignement du chant dans le
monde). Renseignements : ICVT 2009, Emmanuelle Viau.
Tél. : 01 53 85 82 72. www.icvt2009.com
International
Songwriting Competition. Date limite des envois : 15 octobre 2008. Renseignements : 1307 Eastland Avenue, Nashville, TN 37206. www.songwritingcompetition.com
Europa Cantat. À ce méga-festival qui se déroulera à Utrecht (Pays-Bas)
du 17 au 26 juillet 2009, peuvent participer chœurs ou chanteurs
individuels. Date limite d’inscription : 1er novembre
2008. Renseignements :www.ecu2009.nl
Verbatim : « Ne montrez pas le
revers de l’exergue à ceux qui n’ont pas vu la médaille. » (Joseph
Joubert)
Stravinsky : The Rite of Spring :www.keepingscore.org/flash/stravinsky/index.html Audition, film, lecture de la partition, historique, un prodigieux outil
d’analyse. Direction d’orchestre : Michael Tilson Thomas [notre
photo].
Semper vivat ! « The Avant Garde Project »(www.avantgardeproject.org) nous offre,
en téléchargement gratuit, plus d’une centaine d’enregistrements de musique
contemporaine inédits. Pièces de Stockhausen, John Cale, Takemitsu [notre
photo], Parmegiani...
1 000 trillions
d’opérations/seconde,
telle est la vitesse atteinte par le nouveau Roadrunner d’IBM, calculateur à ce jour le plus rapide au monde.
Il utiliserait les mêmes microprocesseurs que la PlayStation 3 de
Sony.
Le pianiste Lang
Lang lance, chez
Adidas, un modèle de chaussures à son logo :
De quelques sigles & acronymes usités dans
l’industrie du disque : AEG (Allgemeine
Elektrizitäts-Gesellschaft), AOL (America Online), ARC (American Record
Corporation), BMG (Bertelsmann Music Group), CBS (Columbia Broadcasting
System), ECM (Edition of Contemporary Music), EMI (Electric Musical
Industries), IFPI (International Federation of the Phonographic Industry), MCA
(Music Corporation of America), MGM (Metro-Goldwin-Mayer Inc.), RCA (Radio
Corporation of America), SNEP (Syndicat national de l’industrie
phonographique), WEA (Warner-Elektra-Atlantic).
Respect du patrimoine : Les Locriens étaient si attachés
à leurs vieilles lois qu’à en croire Démosthène, le citoyen qui voulait
proposer une disposition nouvelle se présentait à l’assemblée la corde au
cou. Si sa proposition passait, il avait la vie sauve ; si elle
était rejetée, on l’étranglait sur l’heure.
Verbatim :« Le
professeur doit se situer à l’arrière-garde de l’avant-garde » (Roland
Barthes).
Les Éditions du Centre de musique baroque de Versailles poursuivent leur noble croisade patrimoniale.
Récentes publications : Henry Du Mont : Motets à II, III & IV
parties (1681), Marc-Antoine Charpentier : Motets pour chœur,
vol. 8. François Colin de Blamont : 3 volumes de Motets.
Nicolas Bernier : Cum Invocarem. Michel Pignolet de
Montéclair : Motets manuscrits. François Dieupart : Concerto
a due cori. Renseignements : Hôtel des Menus
Plaisirs – 22, avenue de Paris, 78000 Versailles. Tél. : 01 39 20 78
18. http://editions.cmbv.fr
La 22e édition de la revue « Piano » vient de paraître. Renseignements : 01 56 77 04 00. www.la-lettre-du-musicien.com
« Divers Cité du Jazz », ville numérique du patrimoine
Jazz, est assurément un concept original ! À visiter
sur :www.diverscitedujazz.fr
Verbatim : « L’art trouve en l’éducation & en ses
diverses institutions son double traditionnellement détesté. » (Rainer
Ganahl, néodadaïste)
Gender
studies... Call for piano music by lesbian composers. Renseignements :Jamie Crofts. www.soundkiosk.com
Verbatim : « Dans le monde actuel, la musique s’est imposée un
peu partout, à tout moment de la vie courante, dans les restaurants, les
avions. Nous vivons dans une grande cacophonie. Or cette
omniprésence de la musique constitue le plus violent obstacle à son intégration
véritable dans notre société. Entendre Brahms en concert ou dans un
ascenseur, est-ce la même chose ? Bien sûr que non ! La musique
requiert le silence et une concentration totale de la part de l’auditeur.
Elle n’a rien à voir avec la consommation passive que nous proposent la muzak
et le marketing. Employer Mozartdans une publicité n’est pas
une solution à la crise de la musique classique. L’accessibilité ne passe
pas par le populisme, mais par un intérêt et une connaissance accrue, cultivée
dès l’enfance. L’erreur la plus répandue de nos jours est de croire que l’art
est une simple affaire de sensibilité. Mais, sans éducation, on écoute la
musique, les sons, sans pouvoir les analyser. Incomprise, la musique ne
peut atteindre l’âme » (Daniel Barenboim, in L’Express du 7 août
2008).
La 5e édition des « Journées romantiques » se déroulera, du 9 au 17 septembre
2008, sur la péniche Planète Anako,
amarrée face au 73, quai de la Seine, Paris XIXe. Invité
d’honneur : le baryton François Le Roux [notre photo]. Renseignements : 01 48 97 35 78. www.journees-romantiques.org
À l’Institut du
monde arabe (IMA), une exposition-spectacle est consacrée, jusqu’au 2 novembre 2008, à Oum Kalsoum.
Quatre stations : l’Égyptienne, le Talent, l’Engagement, l’Héritage. Renseignements :www.imarabe.org
Septembre en musique
à l’Auditorium du Louvre. Mercredi 17, à 20h : Sextuor de l’Orchestre philharmonique de Berlin (Sextuors op.18 et 36 de Brahms, sextuor extrait de Capriccio de R. Strauss). Jeudi 18, à 12h30 :
Hahn-Bin, violon, et John Blacklow, piano (Sonate
K. 454 de Mozart, Sonate en sol majeur de Ravel, Subito de Lutoslawski, Tzigane de Ravel). Jeudi 25, à 12h30 : Quatuor Doric (Quatuor Hob.III.67 de Haydn, Quatuor op.51 n°1 de Brahms). Dans
l’attente du cycle « Le Louvre invite Pierre Boulez » (6 novembre-2
décembre 2008). Renseignements : 01 40 20 55
55. www.louvre.fr ou auditorium@louvre.fr
« Musica », Festival international des
musiques d’aujourd’hui, programme à Strasbourg, du 20 septembre au 4 octobre
2008, un hommage à Karlheinz Stockhausen [notre photo]. Renseignements :www.festival-musica.org
Ramesh Meena [notre photo],
chanteur khayâl et joueur d’harmonium de l’Inde du Nord, se produira, le
vendredi 26 septembre, en l’auditorium du Musée Guimet [notre photo]. Il
sera accompagné par Koshal Kumar Panwar (tabla) et Megha Jagawat
(tampura). Le chanteur improvise des mélodies sur les syllabes de base de
son chant ou sur le nom des notes (svara) de la gamme (sa, re, ga, ma, pa,
dha, ni, sa). Renseignements : 6,
place d’Iéna, Paris XVIe. Tél. : 01 40 73 88 18. www.guimet.fr
La 4e édition des « Automnales du château de Compiègne » [notre photo] propose des concerts
de musique de chambre, les 27 septembre, 18 octobre, 15 novembre et 6 décembre
2008. Invitée d’honneur : Dame Felicity Lott. Renseignements : place du Général-de-Gaulle, 60200 Compiègne. Tél. : 03 44 38 47
00. www.musee-chateau-compiegne.fr
« Les vacances
de Monsieur Haydn », festival de musique de chambre, se déroulera les 12, 13 et
14 septembre, à La Roche-Posay (Vienne) : 8 concerts in, 100 concerts off. Renseignements : 05 49 19 13 00. www.lesvacancesdemonsieurhaydn.com
Le Festi’Val de
Marne se déroulera
du 2 au 19 octobre 2008. Au cours de cette 22e édition sont
proposés : « Les premiers pas »,
interprétation de 3 morceaux par de jeunes artistes (avant la première partie
de chaque concert) / « 30 ans
déjà », hommages à Jacques Brel et au mouvement punk / « Les refrains des gamins »,
programmation Jeune public / « Journée
des initiatives musicales indépendantes ». Renseignements : 01
45 15 07 07. www.festivaldemarne.org
Saison 2008-2009 à Radio
France : Concerts de l’Orchestre national de France, de l’Orchestre philharmonique, du
Chœur et de la Maîtrise de Radio France. Renseignements : 01
56 40 15 16. www.concerts.radiofrance.fr
Musique à « L’Archipel » : Pianos /
Jazz & musiques improvisées / Musique du monde / Chanson &
pop / Musique & cinéma. Renseignements :17, bd de
Strasbourg, Paris Xe. Tél. : 01 48 00 04 20. www.larchipel.net
Association « Femmes et Musique ». Concert de rentrée le 10 octobre
2008, à 20h, salle Rossini (Paris IXe). Invitée
d’honneur : Édith Lejet [notre photo]. Au programme : Mélodies de Simone Féjard, Eaux-fortes d’Édith Lejet, Passacaille de Florentine
Mulsant, Thème, variation et allegro fugato de Suzanne Joly, Sept
miniatures de Peï-Ju Dordain. Renseignements : 01
47 63 48 80. germainafem@aol.com
Le cycle « Les
grandes voix » se déroulera en 2008-2009, à Paris, au Théâtre des Champs-Élysées (15, avenue
Montaigne, VIIIe) ou à la Salle Pleyel (252, fg Saint-Honoré, VIIIe). Renseignements : www.lesgrandesvoix.fr
Nikolaï
MIASKOVSKY : Sonate n°1, op. 6 pour piano. Les Éditions du Chant
du Monde (31/33, rue Vandrezanne, 75013 Paris. cdm@chantdumonde.com) : PN 4496.
50 p. 22,50 €.
Spécialisées dans le répertoire russe, les
Éditions du Chant du Monde viennent de publier la Sonate n°1, op. 6 pour
piano de Nikolaï Miaskovsky (1881-1950). Composée entre 1907 et 1910,
elle comprend 4 mouvements : Moderato assai ed espressivo, Allegro
affanato (s’enchaînant au premier mouvement), Largo espressivo (avec
un thème particulièrement chantant), Non allegro (avec des triolets
pesants et des accords plaqués très marqués). D’un mouvement à l’autre,
la difficulté de lecture se corse. Les indications dynamiques sont très
précises. Cette sonate exige de l’interprète, tour à tour, expressivité,
ferveur, passion, agitation. Le compositeur spécule sur les brusques
contrastes de nuances et de tempi. À mettre entre les larges mains de
pianistes chevronnés ayant le sens du rythme, une technique à toute épreuve
(jeu perlé, traits en doubles croches, octaves parallèles).
Bruno SCHWEYER : Tourbillons, pour
piano à deux & quatre mains. Les Éditions du Chant du Monde : AJ
4522. 39 p. 27,50 €.
Bruno Schweyer (musique) & Cécile Dalnoky
(illustrations) ont signé un recueil Tourbillons de musique absolument
désopilant, avec une excellente visée pédagogique. Les titres sont éloquents : Le hoquet du chat… et toux et tousse ; Les étoiles sont les yeux
de la nuit ; Yeux de poupée à quatre yeux ; La danse de
Gorssapoulet sans armure à quatre paluches ; Le vélo qui grince à
quatre pinces… : autant de pages qui raviront les pianistes en herbe,
soutenus par un interprète faisant preuve d’une certaine technique. Sens
du rythme : indispensable. À regarder avec délice et à jouer sans
modération.
Édith Weber
PIANO
Catherine
VICKERS : Die Hörende Hand (« La main qui écoute »). Volumes 1, 2, 3. Schott (www.schott-music.com) : ED 20174
+ ED 20184 + ED 20435.
En se fondant sur l’harmonie de Messiaen, le 1er volume de cet ensemble d’exercices pour le piano contemporain propose gammes,
intervalles et complexes de sons. Le 2e volume présente des
exercices plus avancés, axés sur la dynamique, les forces de frappe et les
effets spéciaux. Le 3e volume est consacré à des études
rythmiques et à l’assimilation des exemples choisis dans un répertoire fort
diversifié. Un corpus sans précédent. Textes en allemand, anglais,
français.
PARTITION D’ORCHESTRE
Edward ELGAR (1857-1934) : Pomp and Circumstance. Military Marches nos 1-5 for orchestra. Préface en anglais, allemand, français. Eulenburg :
8078.
« Pride, pomp
and circumstance of glorious war ! », telles sont les paroles de
l’Othello de Shakespeare qui
inspirèrent à Elgar ses cinq « Military Marches » op. 39, son œuvre sans
doute la plus universellement connue. La première d’entre elles ne
fut-elle pas notamment exécutée lors de la cérémonie du couronnement
d’Edouard VII ? Assortie (à la demande du futur monarque) d’un texte
complémentaire : « Land of Hope
and Glory ! »… Et ne clôt-elle pas, chaque année, l’ultime
nuit des Proms ?... En moyen format (19 x 26,5 cm), magnifique
réalisation éditoriale des éditions Eulenburg.
Francis Cousté
FORMATION MUSICALE
Bernard FORT,
Philippe GONIN & Patrick KERSALE : Les
oiseaux et la musique. Thèm’Axe 1. Livre + 2 CDs : 1040.
DVD complémentaire : 7350. Éditions musicales Lugdivine (B.P. 9025
Lyon Cedex 09 www.lugdivine.com).
C’est la première fois que nous rendons compte de
parutions de cette jeune maison d’édition et de diffusion d’ouvrages de
pédagogie musicale. On ne peut qu’inciter à visiter à leur site.
L’ouvrage présenté se compose d’un livre de quatre-vingt-dix pages fournissant
les explications de contenu et de mise en œuvre des deux CDs et du DVD qui
l’accompagnent. Le volume comporte une introduction sur les oiseaux, des
commentaires d’œuvres de musiques « savantes » : de Jannequin à
Messiaen et Bernard Fort, une présentation de pièces de musique
traditionnelles, des suggestions de mise en pratique. Les CDs comportent
l’intégralité des exemples musicaux, des versions destinées à la pratique
instrumentale ou vocale ainsi que des play-back ; ils comportent une
partie CDRom, sous forme de fichiers PDF, ainsi que des fichiers Midi. Il
est difficile de décrire la richesse d’une telle production. Elle
s’inscrit dans l’optique qui consiste à donner au professeur le maximum
d’outils de qualité pour enrichir son cours. Bien loin de se substituer à lui
ou de prétendre lui donner un cours « clés en main », cette
collection requiert, au contraire, un savoir-faire pédagogique sans lequel
aucun véritable enseignement n’est possible. Un DVD portant le même nom,
réalisé par Patrick Kersalé, est également disponible sous le n°7350.
Qu’il s’agisse de l’oiseau dans la musique savante ou des instruments sonores
aviformes et de la composition à partir des oiseaux, tout est passé en
revue. L’ensemble des séquences représente une heure quarante-cinq de
vidéos du plus grand intérêt. Il est indispensable de découvrir cette
remarquable collection dont nous aurons l’occasion de reparler.
Voici pour la fin du primaire et le collège ou pour les
écoles de musique un outil de formation musicale tout à fait intéressant.
Basé sur l’apprentissage rythmique et la polyrythmie, il aboutit, par la
pratique de rythmes simples notés de façon traditionnelle et leur
superposition, à des compositions musicales élaborées débouchant également sur
la pratique vocale mélodique. Conçu comme un instrument au service de
l’enseignant, il permet des mises en œuvre aussi nombreuses que variées. Mais
attention, il ne s’agit pas de faire n’importe quoi ! Les auteurs
insistent sur deux critères essentiels : rigueur & précision dans
l’exécution, choix d’outils sonores appropriés. D’où des conseils extrêmement
précis concernant la mise en œuvre et le choix des instruments, tout en
laissant le champ libre à l’utilisation des « moyens du bord » à
laquelle sont souvent confrontés les pédagogues !
Claude L’ÉPINGLE : OdiJazz. Audition active avec percussions.
1 vol. +1 CD. Fuzeau : 9749.
Ce cahier, destiné en premier lieu au collège, mais qui
pourra être également utilisé dans les classes de formation musicale, aborde le
répertoire du jazz classique avec trois œuvres respectivement de Claude Luter,
Django Reinhardt et Count Basie. Chacune de ces trois œuvres est
exploitée rythmiquement dans ses diverses composantes. Il s’agit donc d’une
écoute « active » avec participation par l’exécution de sections
rythmiques. Cet ouvrage est à la portée des pédagogues non spécialisés en
musique : il comporte toutes les explications nécessaires et utilise les
codages traditionnels mais de façon très simple. Le CD est très détaillé
et contient tout ce qui est nécessaire à la mise en pratique, en commençant,
bien entendu, par la version originale de chacune des œuvres. Les
partitions de la troisième partie du cahier sont disponibles en PDF imprimables
sur le CD « Extra ». Grâce à ce volume, une classe tout entière
divisée en « pupitres » peut ainsi s’initier aux joies – et aux
servitudes – de la musique d’ensemble.
François
MORGENTHALER : La musique a la
couleur de l’eau. Vol. 1 et 2. Fuzeau : 7716, 7717.
Chaque volume contient sept
« textes-partitions » qui sont avant tout des guides pour la
création. Voici quelques exemples tirés de ces fascicules : Pluie fine pour lames métalliques (type
« métallophones »), Splash ! pour voix mixtes, Vagues à la surface
de la mer pour bâtons de pluie, boîtes en carton, cymbale, gongs plats…
Ces textes-partitions ont été expérimentés de la grande section de Maternelle
au CM2. Ils sont un bon complément à l’éveil musical.
PIANO
Dominique LE GUERN
& Bruno GARLEJ : Bach au XXIe siècle. « Jean-Sébastien et ses fils ». Carnet
de voyage pianistique pour les petits et les grands. Textes originaux
annotés par les auteurs. 1 vol. + 1 CD. Hit-Diffusion.
Nous retrouvons dans ce volume les mêmes qualités que dans
un précédent volume de la même collection consacré à Chopin. Une
introduction historique passionnante, des « mises en perspective »
des vingt-huit œuvres présentées, un CD pour écouter, s’inspirer, interpréter…
On peut être surpris par le caractère distant du CD. Mais à la réflexion, il
donne au contraire à l’élève une grande liberté qui lui permet de s’approprier
chacune de ces œuvres qui vont du très facile à des pièces qui demandent déjà
une sérieuse maîtrise de l’instrument. Des petites pièces copiées par
Jean-Sébastien pour Anna Magdalena aux Inventions et au Concerto BWV 972, en passant
par des pièces des fils, voici de quoi découvrir la « galaxie »
Bach ! On ne peut donc que recommander chaudement ce recueil.
Stéphane BLET : Cadences pour les Concertos pour piano K
466 et 467 de Mozart. Combre : C06563.
Que dire, sinon qu’on peut faire confiance à Stéphane Blet
pour le goût très sûr qui a présidé à la composition de ces cadences, notamment
celles du Concerto en ré mineur. Il y a, bien sûr, pour
chaque concerto, les cadences des premier et troisième mouvements.
Espérons qu’elles seront adoptées par de nombreux solistes…
HARPE CELTIQUE
Carmen
EHINGER : Chansons et danses
traditionnelles de Bretagne, d’Angleterre et d’Écosse pour harpe celtique.
Billaudot : G7704B.
De degré facile, ces pièces fort agréablement arrangées
conviennent parfaitement à l’instrument. Ce sera l’occasion pour le jeune
harpiste de découvrir ces mélodies traditionnelles qui font partie du
patrimoine.
HARMONICA
Sébastien
CHARLIER : Découvrir et apprendre
l’harmonica. « Méthode en poche »,
n°51. Hit-Diffusion.
Dans notre chronique de février dernier, nous avons rendu
compte de la méthode complète réalisée par le même auteur. Cette méthode
de poche n’est pas une version au rabais mais une approche tout aussi sérieuse
de l’instrument. Elle va évidemment moins loin mais comporte à la fois la
facture de l’instrument, les notions de solfège indispensable, la tablature, la
respiration, le rythme, la technique des altérations (n’oublions pas que nous
sommes sur un instrument diatonique), et des morceaux. Bien sûr, il y manque le
CD… mais c’est une incitation à acheter la méthode complète !
PERCUSSIONS
Julien PONDÉ : Percus Sons pour percussions & piano.
Pierre Lafitan : P.L.1444.
Ces trois courtes pièces sont écrites pour différentes
percussions : la première pour trois timbales, la deuxième pour xylophone
et la troisième pour caisse claire, cymbales, tom basse et temple blocks. Tim timbales utilise les timbales
comme un véritable instrument mélodique dans un chant plein de
mélancolie. Xylo taf est une
sorte de ballade, tandis que Tricot tik justifie
bien son nom dans un allegro entraînant et joyeux.
De moyenne difficulté pour la première à difficile pour la
seconde, ces deux pièces pour quatre timbales exploitent les diverses
possibilités de l’instrument. Elles comportent toutes les indications
nécessaires pour l’exécution. Mais elles sont aussi fort intéressantes par leur
qualité musicale : la réputation d’instrumentiste, de compositeur et de
pédagogue de leur auteur n’est plus à faire !
MUSIQUE DE CHAMBRE
Bertold BREIG : Irish, 9 arrangements pour divers
instruments. Conducteur & matériel en do et sib.
« Combocom », Bärenreiter : BA 7670.
Ces arrangements de traditionnels irlandais ont été écrits
pour piano & un à trois instruments mélodiques dont une basse (violoncelle,
par exemple). La partie de piano peut d’ailleurs être adaptée à d’autres
instruments polyphoniques. Ces arrangements très bien écrits feront la joie des
ensembles souvent hétéroclites de nos écoles de musique ou tout simplement de
musiciens ayant envie de se faire plaisir. À chacun ensuite d’adapter le
matériel fourni aux situations particulières. Bien sûr, on peut
« doubler » les différents pupitres et exécuter ces arrangements avec
de petits orchestres.
George A. SPECKERT : Tango pour cordes. Conducteur &
matériel. Bärenreiter : BA 9415.
Précisons tout de suite que le titre est employé au sens
générique et que le recueil comporte en fait six tangos. Bien qu’écrites
pour quatuor ou orchestre à cordes, l’auteur souligne que d’autres instruments,
comme l’accordéon, sont les bienvenus. Mais telles quelles, ou dans une
instrumentation enrichie, elles fourniront aux jeunes de quoi découvrir
agréablement un genre musical bien vivant.
Graciane
FINZI : Impression Tango pour violon ou alto ou violoncelle
& piano ou accordéon. Billaudot : G7611B.
Classée « degré difficile », cette pièce n’est
évidemment pas, contrairement à l’œuvre précédente, un tango
traditionnel. C’en est une évocation tout à fait réussie qui trouvera
facilement sa place dans un concert.
CHŒURS D’ENFANTS
Betsy JOLAS : Chanter ensemble pour chœur d’enfants à 2 ou trois
voix. Combre : C06586.
Que voilà de bien charmants arrangements sur des chansons
populaires ! Mais laissons la parole à Betsy Jolas : « C’était
il y a bien longtemps… près de cinquante ans déjà ! Je dirigeais
alors, à Saint-Denis, une sympathique mais bien turbulente chorale d’enfants
des écoles. C’est à leur intention que j’ai réalisé ces arrangements.
Pour leur donner le goût de chanter ensemble et donc d’apprendre à faire
attention et, bien sûr, à s’écouter. D’où ces parties intérieures
soigneusement dessinées auxquelles, en répétition, chaque enfant pourra
s’intéresser, même et surtout, lorsque sa propre partie ne chante
pas ! » Que dire de plus sinon que ces huit chants font en plus
partie d’une culture musicale dont on souhaiterait qu’elle ne se perde pas…
OPERA
Adolphe ADAM : Le Toréador ou l’Accord parfait. Opéra bouffon en deux actes.
Partition chant & piano. Bärenreiter : BA8701a.
Publiée d’après le Urtext de l’édition « L’opéra
français » par Karl-Heinz Müller, cette partition chant & piano
contient l’intégralité du livret en édition bilingue. On retrouvera avec
plaisir cette partition allègre et pétillante d’un auteur tout à fait
intéressant, aujourd’hui bien oublié, sauf en ce qui concerne son ballet Giselle et son célèbre Noël. On ne peut que remercier les
éditions Bärenreiter de nous restituer ainsi les richesses de notre propre
patrimoine. La préface de Paul Prévost resitue l’œuvre dans son époque où elle
connut un large succès puisque, créée en 1849, la pièce fut donnée sans interruption
jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale.
Découvrez la splendide revue Prétentaine : (cliquer sur l'image pour voir le sommaire)
Christian GOUBAULT : Richard Strauss.
« Horizons », Bleu nuit éditeur. 176 p., 20 €.
De Christian Goubault, maître ès humanités dont
les travaux (presse musicale, aube du XXe siècle, Debussy, Ravel,
etc.) font autorité depuis longtemps, il était plaisant de guetter l’apport à
la musicologie straussienne. À quoi tient cette nouvelle réussite,
totale, sinon à l’heureuse conjonction, chez lui, de trois qualités qui
constituent en quelque sorte sa « marque de fabrique » :
exigence analytique, culture encyclopédique, subtilité d’écriture ? Pas un
chapitre de cet ouvrage qui, mêlant les données biographiques aux réflexions
esthétiques, ne donne au lecteur le sentiment de se familiariser avec le
compositeur le plus complexe de son siècle. Passant de « la pointe
de la modernité » à « la bulle sécuritaire », pour user de
l’étonnante métaphore proposée par son exégète, Strauss effectue, de la
création d’Elektra (1909) à celle du Chevalier à la rose (1911), un bond de
comète dont on serait bien en peine de trouver l’équivalent au XXe siècle. Source, à son endroit, de ce déplorable sentiment de suspicion
dont toutes les conséquences ne sont pas dissipées. Nul n’était mieux
qualifié que Christian Goubault, admirateur passionné de la modernité debussyste
et ravélienne, pour nous conduire à repenser cette musique frappée du sceau de
la mélancolie militante, à tendre l’oreille à ces échos paradoxaux d’une
vigueur nostalgique et d’un passéisme innovant par lesquels le « tragique
de l’existence se transmue en espoir de renaissance ». Par ailleurs,
pour qui connaît l’ami Goubault, nulle surprise quant à l’absolue pertinence
des exemples musicaux et des illustrations ou quant à la précision scientifique
de l’appareil documentaire (tableau synoptique, bibliographie, discographie,
index). Si longtemps après sa mort, il nous plaît d’imaginer l’âme
du grand compositeur apaisée : en France aussi, il a désormais trouvé le
biographe que méritait son singulier génie.
Brigitte FRANÇOIS-SAPPEY & Éric LE
BRUN : Alexandre P. F. Boëly. « Horizons »,Bleu
nuit éditeur, 176 p., 20 €.
L’agréable, avec Brigitte François-Sappey,
c’est sa foncière inaptitude à la médiocrité. Pour avoir déjà salué ses
contributions magistrales à une connaissance renouvelée du génie de Schumann ou
de Mendelssohn, de la nature du lied ou de la mélodie, de l’art sonore repensé
à l’échelle européenne ou au filtre de la sensibilité féminine, il ne nous
avait pas échappé que la traque de l’inédit formait l’axe essentiel de sa
réflexion. Ainsi de ses travaux antérieurs sur le « petit maître »
Alexandre Pierre François Boëly (1758-1858), sa vie, son œuvre (Hymnes et antiennes pour orgue, Trios, op. 5…). Sollicitant
tous les formants épistémologiques de l’histoire, notre érudite et sensible
investigatrice fait surgir, dans cet ouvrage écrit en collaboration étroite
avec Éric Lebrun (dont le Buxtehude -
dans la même collection - a provoqué un engouement unanime), la figure
paradoxale d’un glorieux inconnu, musicien dont l’oubli ne justifie aucune
réhabilitation tant sa réputation reste intacte auprès des praticiens et des
amateurs de l’orgue et du piano. Situant sa trame biographique dans le
cadre historique de son temps, débusquant dans son écriture les affinités avec
divers miroirs de l’âme allemande (de Bach à Schumann), Brigitte
François-Sappey conduit ainsi son lecteur à rejeter, à partir de Boëly, les
commodités ressassées et les complaisances coupables qui fondent le principe
d’actualité créatrice. Perruque ou Jeune-France, Boëly ?
« Bach revenu dans ce bas monde » autant que « chevalier de la
confrérie des beethovéniens français », n’aurait-il été que l’humble
contemporain du volcanique Berlioz dont certaines œuvres, qu’il ne connaissait
peut-être pas (la Sérénade agreste,
notamment), semblent pourtant l’avoir influencé !? La grande démonstration
de ce bel ouvrage, agrémenté d’une iconographie aussi séduisante qu’originale
et d’un riche corpus d’exemples musicaux, c’est qu’il n’est d’autre réponse à
cette question que celle du compositeur lui-même (occasion de rappeler la
parution de son intégrale pour orgue par Éric Lebrun et Marie-Ange Leurent - 2008, coffret de 8 disques ASIN : B000WGV0AG).
Gérard Denizeau
Cahiers
Rémois de Musicologie, n°5, décembre 2007. Société
champenoise de musicologie (crm@univ-reims.fr). 201 p. 14 €.
Les Instituts de musicologie tendent de plus
en plus à publier leur propre revue. Dans les Cahiers Rémois, sous la
direction de Marc Rigaudière, les thèmes variés gravitent autour du théâtre
lyrique national espagnol, du transfert poïétique dans les œuvres musicales et
architecturales de Iannis Xenakis (avec de nombreux diagrammes, exemples
musicaux, graphiques, schémas). Trois articles consacrés à « la vie
musicale à Reims au XVIIIe siècle » feront, à partir de
nombreux documents d’archives, découvrir la lutherie en Champagne
(corporations, ateliers,) grâce aux recherches de Florence Doé de Maindreville
et de ses étudiants de mastère. Divers aspects de la musique religieuse à
Reims au XVIIIe siècle évoquent la maîtrise de la cathédrale dès le
XIIIe siècle (recrutement, fonctions) ; pour le XVIIIe siècle, l’accent est mis sur Henri Hardouin, personnage central, excellent
pédagogue et compositeur reconnu au Concert spirituel et dont le regretté
Jean-Luc Gester avait transcrit des œuvres. La vie culturelle
« publique » connaît un essor au XVIIIe siècle, et
notamment, dès 1749, grâce au « Concert de Reims » (ou Académie de
Musique) et, dès 1754, au Théâtre. L’ensemble est étayé de nombreux
documents (chronologies, gravures, extraits de comptes, annonces de spectacles,
programmes, plans…) et accompagné d’orientations bibliographiques raisonnées.
Fl. Doé de Maindreville évoque une importante figure rémoise : Pierre Marc
(1738-1806) et révèle sa Deuxième Sonate pour violon et basse continue.
Ce volume illustre la vitalité de la vie musicale en Champagne.
Laure GAUTHIER &
Mélanie TRAVERSIER (dir.) :Mélodies urbaines. La musique dans les villes d’Europe (XVIe-XIXe siècles). Presses de l’Université Paris-Sorbonne, « Musiques
Écritures », série Études. 360 p., 32 €.
Ce livre projette un autre éclairage méthodologique sur la
musicologie, tout en soulignant son aspect pluridisciplinaire ou
intradisciplinaire. Il tente de « répondre à une double
question : en quoi l’espace musical infléchit-il le développement de
l’espace urbain et, à rebours, en quoi les espaces urbains, notamment politique
et confessionnel, influent-ils sur l’espace musical ? » Au départ :
l’histoire musicale européenne, envisagée dans la longue durée, du XVIe à la fin du XIXe siècle. Dans la Préface, J.-P. Bartoli
définit ainsi le musicologue : historien, anthropologue, philosophe,
sémioticien ou sociologue se penchant sur la musique, sachant lire et analyser
les partitions. Il part du point de vue que la musique « a partie
liée avec le pouvoir et la politique urbaine », sans oublier les pouvoirs
religieux et séculiers. L’objectif consiste donc à « croiser les
traditions et les regards disciplinaires » et à dégager « les
influences et les incidences réciproques entre fait urbain et fait
musical ». Sans perdre de vue l’évolution des formes musicales ou
quelques réflexions philosophiques, ces diverses études - en tenant compte de la
topographie des lieux (églises, salons, salles, théâtres) -abordent l’influence
que l’histoire urbaine exerce sur l’environnement sonore. Cette
publication en deux parties – « Espace privé, espace public » et
« Ville réelle, ville imaginée » - offre une large typologie et
brosse un tableau des liens entre l’histoire d’une ville et un événement
musical. La finalité ne consiste pas à analyser des œuvres, elle se situe
au niveau de l’histoire des idées et des sensibilités, la musique et les villes
n’étant qu’un prétexte. La démarche méthodologique assez neuve privilégie
la pluridisciplinarité ou même l’intradisciplinarité. Grâce à Laure Gauthier, Mélanie Traversier et aux PUPS, la
présentation est excellente, et l’approche illustre des nouvelles tendances
actuelles de la musicologie.
Jean-Jacques
NATTIEZ :Profession musicologue. Les Presses de
l’Université de Montréal (www.pum.umontreal.ca),
75 p., 9 €.
Jean-Jacques Nattiez dresse le bilan actuel du
métier de musicologue, partant du point de vue que, pour de nombreuses
personnes de nos jours, la musique représente les musiques de variété, la
musique populaire, la chanson, la musique de danse, les musiques allant du pop
et rock jusqu’au zouk. Le musicologue doit aborder tous les domaines et
toute forme de musique, autrement dit, il insiste sur « le fait musical total »
(selon Jean Molino), sans oublier l’acoustique. Le musicologue analyste aborde la structure des œuvres et leurs
caractéristiques stylistiques. Le
musicologue historien étudie les divers contextes,
historique, culturel, social. Mais le public est avide de biographies.
La sociologie et l’anthropologie de la musique, soit l’étude de « la
musique dans la culture », soit l’étude de « la musique comme culture »,
constituent l’une des dernières composantes de la discipline à côté des
stratégies compositionnelles, créatrices, interprétatrices et perceptives.
Sur le métier plane donc la pluralité avec, en plus, l’esthétique et le fait
que la musicologie soit aussi une « discipline appliquée ». Après
avoir traité « l’enquête ethnomusicologique comme expérience humaine et
exploration de l’inconnu », l’auteur précise,
d’une part, qu’il « considère la profession d’ethnomusicologue
comme la plus difficile de toutes celles que la musicologie conduit à exercer »
(p. 67) et, d’autre part, « La profession de musicologue » comme
étant « difficile parce qu’elle fait appel à un grand nombre de
compétences diverses » (p. 71).
Didier RIMAUD :Anges et grillons.
Chants et poèmes,I.Éditions du Cerf(29, bd de La
Tour-Maubourg, Paris VIIe.laurence.vandame@editionsducerf.fr).
209 p. 20 €.
Ces poèmes et chants du regretté Didier Rimaud
(1922-2003), regroupés sous le titre : Anges et grillons, sont
destinés à la liturgie chrétienne et s’apparentent aux genres des hymnes et des
litanies. En fait, par leur inspiration poétique, la musique de la langue, leur
envolée lyrique et leurs assonances, ils n’attendent que des musiciens pour en
augmenter encore la portée. Certaines strophes ne sont pas sans rappeler
certaines techniques poétiques de Walt Whitman dans ses Leaves of grass (Feuillets d’herbe) avec le procédé répétitif. À plus d’un titre,
ces pages denses, lourdes de sens, appellent un support musical : de quoi
tenter les compositeurs, les musiciens d’Église et les autres, à la suite de
Marcel Godard ou de Jacques Berthier.
Herbert von Karajan est l’un des chefs les plus
médiatiques du XXe siècle. Personnage admiré et critiqué, il
est aussi l’un des hommes les plus photographiés au monde. Clym - écrivain,
critique, président de l’Académie du disque lyrique, mais aussi caricaturiste -
est, depuis fort longtemps, entré dans l’univers et les confidences du maestro,
ce qui lui permet de brosser un tableau de l’homme. Les « Dates-repères »
évoquent sa naissance à Salzbourg en 1908, sa formation musicale en Autriche,
dans l’entourage de B. Paumgartner. En 1933 - année fatidique pour
l’Allemagne -, il se produit au Festival de Salzbourg, à la tête de l’Orchestre
philharmonique de Vienne. Il adhère alors au Parti national socialiste.
Dès 1938, les portes lui sont largement ouvertes à Aix-la-Chapelle, Vienne
mais, en 1947, il sera interdit d’estrade, puis il reprendra ses activités de
chef d’orchestre à Vienne, Londres, Bayreuth, avant de succéder à W.
Furtwängler à la tête de la célèbre Philharmonie de Berlin ; plus tard, il
remplacera Karl Böhm comme chef de l’Opéra de Vienne ; en 1969, après Ch.
Munch, il sera conseiller musical de l’Orchestre de Paris. Le lancement
du CD lui ouvrira une carrière discographique exceptionnelle. Âgé de 80 ans, il
donne son dernier et inoubliable concert à Paris, et meurt en 1989. Ces
« Confidences » très présentes, en un style enlevé, de lecture
facile, truffées d’anecdotes authentiques, livrent des souvenirs pris sur le
vif, éclairant les « multiples facettes » de ce chef exceptionnel,
situé dans son environnement. Le CD historique inclus reproduit une version
mono de la Première Symphonie de Brahms, par l’Orchestre du
Concertgebouw d’Amsterdam, réalisée en 1943. Huit minutes d’entretiens
(1980) et des photographies inédites augmentent encore l’intérêt de l’ouvrage.
Simha AROM : La boîte à outils d’un
ethnomusicologue. Textes réunis et présentés par Nathalie Fernando.
Presses de l’Université de Montréal (www.pum.umontreal.ca),
421 p. 36 €.
En ce début du XXIe siècle, en
France et à l’étranger, l’ethnomusicologie tend à repenser, à préciser et à
actualiser ses méthodes. Simha Arom, ethnomusicologue, anthropologue,
muséographe, venant de la République Centrafricaine, a travaillé en Sorbonne,
sous la direction du Professeur Jacques Chailley, avant d’assumer une brillante
carrière au CNRS. Auteur de nombreux ouvrages et disques de musiques
traditionnelles et d’articles spécialisés et pédagogue avisé, il livre aux
ethnomusicologues ses réflexions, ses méthodes résultant de plus de quarante
ans d’expérience et de recherches « sur le terrain ». Dans le
sillage de Constantin Brailoiu et Gilbert Rouget, S. Arom, éminent membre
fondateur de la Société française d’Ethnomusicologie, fait preuve de qualités
incontournables : oreille à toute épreuve et perception du rythme
sous-tendues par une vive curiosité intellectuelle et un sens relationnel aigu
sur lesquels se greffe la passion du métier et de l’investigation scientifique.
Cet ouvrage présente un panorama éloquent de sa méthodologie, ses analyses
ethnomusicologiques ne perdant jamais de vue les divers contextes. Modèle
du genre, cette publication venant s’ajouter à ses nombreux écrits depuis 1970,
offre une excellente initiation à cette nouvelle discipline de la musicologie
qui, dans les années 1950, en était encore à la recherche de ses méthodes
d’approche et d’investigation, et souligne le chemin parcouru depuis une
cinquantaine d’années. De nombreux graphiques, courbes, exemples musicaux,
figures, tableaux, une bibliographie très étoffée, ainsi qu’un glossaire
particulièrement utile - à la fois géographique, technique, concernant les
musiques africaines et leurs nombreuses caractéristiques - complètent
avantageusement l’ensemble. Cette étude, si bien élaborée par Nathalie
Fernando, concerne l’homme, les réflexions interdisciplinaires, les outils
méthodologiques (notamment la technique de la collecte) et, d’une manière
générale, les méthodes expérimentales novatrices de Simha Arom, spécialiste incontesté
des musiques traditionnelles de République Centrafricaine, du Bénin, du
Cameroun, du Niger, mais aussi de la Grèce et d’Israël. Indispensable aux
chercheurs, anthropologues et ethnomusicologues.
Édith Weber
William CART : Wagner et Liszt d’après leur correspondance. « Pan », Stalker. 160 p. 10 €.
Ce petit volume centenaire, édité tel quel et très daté,
ne devrait intéresser que les historiens de la musicologie. Préférez la
correspondance Liszt/Wagner (Gallimard).
Nicolas DARBON : Wolfgang Rihm et la Nouvelle Simplicité. La capture des forces I. Préface de Béatrice
Ramaut-Chevassus. « Musique de notre temps », Millénaire III
(http://millenaire.site.voila.fr).
Ex. mus., ill. n&b. Trad. (par C. Godebert) du « Manifeste de la
Nouvelle Simplicité » (1979). Catalogues des œuvres, bibliographie,
index. 336 p., 29 €.
Au milieu des années 70, un groupe de jeunes compositeurs
allemands, souvent élèves de Ligeti, a secoué le monde de la musique
contemporaine en prônant une « remusicalisation » censée mette à fin
à « l’aliénation » de l’abstraction sérielle, « Apollon en
papier mâché » (formule de von Dadelsen)1. Pourtant la
nécessité de tuer le Père ne les a pas jetés dans les bras du « Dionysos
en plastique » de la restauration tonale. Partis sur les chemins de
leur propre liberté, ils ont élaboré des langages originaux dont Nicolas Darbon
met en évidence la commune « pulsion expressionniste » comme les
rapports subtils à l’histoire de la musique, la « simplicité » visant
plus le contact direct à la musique que l’écriture. Parmi ces ennemis de
l’a priori domine la figure puissante de Rihm, créateur prolifique soumis
aux « diktats de sa
fantaisie ». Solidement documenté et problématisé, le présent volume
est le premier panneau d’un diptyque mettant en regard Nouvelle Simplicité et
Nouvelle Complexité (autour de B. Ferneyhough), l’aspect théorique de cette
confrontation se trouvant dressé dans le passionnant Musica Multiplex ici recensé (www.leducation-musicale.com/newsletters/breves1007.htm).
Espérons qu’il contribuera aussi à une meilleure diffusion, de ce côté-ci du
Rhin, des œuvres de Trojahn, von Bose et les autres.
1. Mais l’épouvantail sériel est toujours aussi flou…
Nous avons reçu trois monographies de la collection « Paroles»
chez MF (www.editions-mf.com).
Glossaires, catalogues, index. Bibliographies, discographies (sauf
Lenot). 10 € chaque.
George BENJAMIN : Les règles du jeu. Entretiens
avec Éric Denut. 160 p. Hélène CAO : Thomas Adès le voyageur. Devenir compositeur. Être musicien.
148 p. Jacques LENOT : Utopies et allégories. Entretiens
avec Franck Langlois. 160 p.
3 compositeurs contemporains de 3 générations dont 2
anglais, témoignage de l’excellence nouvelle de la création musicale outre-Manche.
Et de quoi mesurer encore l’éclatement stylistique de la création savante.
Quel écart entre, d’une part, la rigueur librement sérielle du prolifique Lenot
(français né en 1945), dont l’inquiétude se nourrit de Rilke et Hölderlin, et,
d’autre part, la séduction postmoderne d’Adès (né en 1971), musicien surdoué, attaché
aux formes et genres anciens ! Le volume sur Benjamin (né en 1960)
est celui qui semble aller le plus loin dans l’exploration de la technique
musicale et des stratégies d’une invention qui, entre absence et excès de
système, travaille une voie exigeante, fertile en œuvres insolites et
somptueuses (par exemple Sudden time,
1993). Au-delà des différences et préférences, ces univers musicaux
singuliers s’avèrent bien plus excitants et nécessaires que les rengaines des
patrimoines aseptisés. Merci à MF de mieux nous les faire connaître.
James GAVIN : La longue nuit de Chet Baker. Joëlle
Losfeld/Denoël. Trad. (américain) de Fr. Médioni et A. Tubiana.
480 p., photos n&b. Bibliographie, discographie, index. 29
€.
Vingt ans après sa mort, Chet Baker (1929-1988) fascine
toujours, tant pour son art de trompettiste west
coast au son direct et lyrique et de crooner romantique à la voix
idéalement douce, que pour sa vie de beau gosse adulé plongeant toujours plus
profond dans l’enfer des drogues. Dans l’excellente et minutieuse
biographie de J. Gavin, l’instinctif et (parfois) génial jazzman au charisme
irrésistible apparaît en fuite de lui-même, amant ou ami manipulateur et
violent, vrai sale type surtout concerné par sa prochaine dose et les moyens de
se la procurer. À compléter par le vibrant documentaire Let’s get lost (B. Weber, 1988)
ressorti en salles cet été.
Nicolas BÉNARD : La culture hard rock. Histoire, pratiques et imaginaires. Dilecta (www.editions-dilecta.com).
156 p., photos couleurs. 18 €.
Plus concerné par l’accessoire que par la musique, cet
opuscule vous permettra néanmoins de ne plus confondre bêtement black metal et death metal. Peut-être.
Pierre ACHARD : Les derniers jours du rock n’roll. « Sources », Grasset. 512 p., 21,90 €.
Soit, de Buddy Holly à Kurt Cobain, le rock à travers les
biographies romanesques de stars déchues et/ou mortes prématurément. Ici,
plus que de raison, on « tient le ciel dans sa main » ou « on
grimpe inlassablement à des montagnes dont on retombe aussitôt ».
Suivant l’humeur ou le paragraphe, on trouvera ce lyrisme inspiré ou ridicule
mais on ne pourra lui reprocher l’amour de la musique qui l’anime. Bien
plus approximatif malgré tout qu’un couplet de Morrison ou qu’un riff
d’Hendrix.
Paul Gontcharoff
Geneviève BAILLY : Ravel
à Lyons-la-Forêt. Freylin
(33, rue de Bretagne, Paris IIIe. www.editionsfreylin.com). 89 p., ill. n&b. 10 €.
Geneviève Bailly nous propose ici une courte biographie de
Maurice Ravel (1875-1937) essentiellement centrée sur les séjours multiples que
le compositeur effectua à Lyons-la-Forêt. Entre les années 1917 et 1922,
c’est un Ravel sombre, solitaire et angoissé, marqué par la grande guerre et la
mort de sa mère qui cherchera à Lyons, auprès de sa marraine de guerre, Mme
Dreyfus, le réconfort et le renouveau de l’inspiration créatrice des années
d’avant-guerre. Ravel, dandy excentrique, bohême et noctambule, a laissé
place à un Ravel blessé et angoissé qui appréhende de se retrouver seul dans
l’appartement maternel. Il part le 20 juin 1917 pour un long séjour à
Lyons où il terminera la composition du Tombeau
de Couperin, hommage posthume à ses amis disparus au combat. Éprouvé
et solitaire, Ravel découvre le cadre bourgeois et campagnard du Frêne, grande
maison du XVIIIe siècle, dans le style « Deauville » très
en vogue à l’époque et du « studio » attenant. Seule la
composition musicale semble l’extraire de sa profonde mélancolie. Replié
sur lui-même, il n’appartient plus à son époque, il cherche le silence et ne
veut entendre que les mélodies de la nature, la nature consolatrice, pour y
puiser sa pensée créatrice. Après le succès retrouvé, l’achat de la
maison de Montfort-l’Amaury, Ravel retournera à Lyons, en 1922, pour échapper
une fois encore à la solitude et orchestrer les Tableaux d’une exposition de Moussorgski, à la demande de Serge
Koussevitzky. Les séjours du compositeur s’achèvent avec l’été
1922. Deux ans plus tard, la famille Dreyfus se sépare du Frêne et de ses
dépendances. Une période douloureuse de la vie de Ravel s’achève ici, à
laquelle succéderont la tournée triomphale aux États-Unis, les derniers grands
succès (Concerti pour piano et Boléro, notamment) qui assureront au
compositeur une reconnaissance mondiale, avant sa mort en 1937, des suites
d’une intervention neurochirurgicale. Ce petit livre, richement illustré,
nous fait revivre une période méconnue de la vie de Ravel. Avec une
vision intimiste, Geneviève Bailly nous entraine avec bonheur à l’écoute d’un
homme et d’une œuvre marqués par l’empreinte indélébile et secrète de
Lyons-la-Forêt.
Ernest CŒURDEROY : De
la corrida.
« Carnets », éditions de L’Herne (22, rue Mazarine, Paris VIe.
Tél. : 01 46 33 03 00). 58 p. 9,50 €.
La corrida considérée comme une cérémonie barbare et
archaïque par certains ou comme la représentation du combat mythique de l’homme
face à son destin pour d’autres, le lecteur était en droit d’attendre un autre
argumentaire que ce pâle réquisitoire de la part du « gitano du socialisme » Ernest Cœurderoy, médecin et militant
anarchiste (1825-1862). Cet essai, écrit en exil (Madrid 1853), fait fi
de toute interprétation technique, esthétique, philosophique, poétique,
symbolique et psychanalytique de la corrida à pied. L’auteur nous dresse
un inventaire de tous les clichés éculés des opposants de la tauromachie, où
dominent la caricature, les arguments socio-politico-historiques de bazar,
volontiers moralisateurs et outranciers. Non, la corrida n’est pas la
guerre ni le support des totalitarismes, et la « mise à mort » du taureau
n’appelle pas plus le sang dans la cité qu’elle ne nous incite à devenir
végétarien ! Nous avons appris à nous méfier de ceux qui préfèrent
la bête à l’homme… Cœurderoy n’entame pas notre conviction que la corrida
est assurément autre chose, il convient d’y rechercher une face cachée où
coexistent l’érotisme et la mort. Il suffit de regarder les gravures de
Goya, les toiles de Picasso, de lire les textes de Bataille, Cocteau,
Hemingway, les poèmes de Char, Desnos, Eluard, Garcia Lorca, Rilke et bien
d’autres… La corrida a au moins cette vertu de nous faire oublier ce
livre, avant de l’avoir lu.
Joannah
PINXTEREN : La Havane et l’âme danzón.
Voyage autour d’une danse. Éditions namuroises. 156 p.
23 €.
Joannah Pinxteren, ethno-chorégraphe, nous propose ici un
très beau livre, un voyage autour du Danzón. Plus qu’une danse, c’est
toute une âme (celle d’un peuple et de sa ville), toute une manière de vivre, empreinte
de poésie, de mélancolie, de charme suranné, de courtoisie et de respect pour
l’autre. Le Danzón est issu de la contredanse française, elle-même venue
de la country-dance anglaise implantée à la fin du XVIIe siècle à la
cour de Louis XIV. Après avoir subi de nombreuses influences, espagnoles,
caraïbéennes, africaines, la contradanza se mua en danza où les couples se
tenaient par la main ; puis, le 10 janvier 1879, le Danzón naquit sous les
doigts d’un jeune musicien mulâtre, Miguel Failde dans le beau salon Liceo de
Matanzas. Comment les Cubains, ces félins de la danse (salsa, son et
rumba) pouvaient-ils aimer cette danse d’origine européenne et aristocratique,
pleine de retenue où les ondulations des hanches sont proscrites ?
« À cause de l’élégance ! Et celle des femmes avec leur
éventail !... Avant les hommes portaient des chaussures à deux
couleurs pour bien signifier… ». Dans cet ouvrage à la fois carnet
de voyage et étude anthropologique, J.Pinxteren insiste sur le rôle social de
la danse, le « danser-ensemble ». Cet art éphémère, le seul où l’on
s’invite, révèle une fabuleuse mémoire du monde, répétition des pas pour
provoquer le retour cyclique des ancêtres, de la vie, de la mort ; la
danse se moque du temps et le Danzón affirme le devenir-vieux des couples où
l’érotisme est l’approbation de la vie, jusque dans la mort.
Patrice Imbaud
Jacques VIRET : Musique baroque.
« B.A.-BA », éditions Pardès (BP 11, 77880 Grez-sur-Loing.
Tél. : 01 64 45 67 23). 14 x 21 cm, 128 p., ill. n&b,
12 €.
Déjà auteur, dans la même collection, de précieux
compendiums consacrés au Chant grégorien, à la Musique médiévale,
à Wagner et à la Musicothérapie, le professeur de musicologie à
l’Université de Strasbourg nous propose, cette fois Musique baroque - en
trois parties : « La musique baroque en son temps » (l’esthétique
musicale baroque / Venise, émergence du dialogue musical / une
musique parlante / les instruments et leur répertoire / musiques
vocales), « Postérité de la musique baroque » et « La musique
baroque de A à Z : petit dictionnaire ». Bibliographie, discographie,
filmographie.
Ludovic TOURNÈS : Du phonographe au MP3, XIXe-XXIe siècle. Une histoire de la musique enregistrée.
« Mémoires/Culture », Autrement (www.autrement.com).
15 x 23 cm, 164 p., ill. n&b, 17 €.
Aborder l’histoire sous l’angle des pratiques et des objets
culturels, tel est le propos de cette collection. Où l’on assiste à la
naissance d’une musicologie de la chose enregistrée. Cet ouvrage fait, en
effet, un historique des techniques (depuis le cylindre jusqu’au MP3), de
l’industrie du disque, des bouleversements que l’apparition de l’enregistrement
sonore a provoqué chez les musiciens, aussi bien qu’auprès des divers publics
dont les modes d’écoute ont considérablement évolué (depuis le phonographe à
pavillon jusqu’au baladeur numérique). Une mutation historique loin
d’être achevée : recomposition permanente des groupes multimédias,
harcelés dans le cadre d’un métissage planétaire par l’émergence d’indépendants
aux dents longues. Ludovic Tournès distingue cinq étapes : Le temps
des pionniers (avant 1914) / L’âge de la maturité (1914-1945) / Les
Trente Glorieuses du microsillon (1945-1982) / Un nouveau monde sonore /
L’ère numérique et la révolution Internet (de 1982 à nos jours).
David BELL
& Barbara M. KENNEDY (Edited by) : The Cybercultures Reader (second edition). Routledge (www.routledge.co.uk).
17,5 x 24,5 cm, 800 p., ill. n&b. £22.99 (29,54 €).
En un même fort volume sont ici réunis quelque cinquante
écrits majeurs récemment publiés autour de la cyberculture. Après une
introduction générale, chaque section est également introduite - situant les
diverses contributions dans leurs contextes théorique et technologique. Neuf
sections : Approching
cybercultures/ Popular cybercultures/ Cybercommunities/ Cyberidentities/
Cyberfeminisms/ Cyberbodies/ Cyberlife/ Cyberpolitics/ Beyond cybercultures.
Que l’on s’en réjouisse ou le déplore, la cyberculture a gagné toutes les
disciplines académiques (biotechnologie, nanotechnologie, bioesthétique, nano-logique…)
aussi bien que les domaines artistiques. Riche de perspectives d’avenir,
un miroir pour notre temps.
Sylvie SIERRA MARKIEWICZ (Sous la direction de) : Guide
pratique de l’enseignement artistique. Publication du Centre
national de la fonction publique territoriale (tél. : 01 55 27 44 00. www.cnfpt.fr). 20 x 27 cm,
102 p., 14 €.
Destiné aux candidats aux concours des enseignements
artistiques de la fonction publique territoriale, cet ouvrage fournit d’utiles
outils de préparation (approches législative, réglementaire, théorique, méthodologique,
bibliographique, témoignages du terrain…). Neuf chapitres :
Décentralisation des politiques culturelles en France/ Politique nationale de
l’enseignement musical/ Point de vue sur l’enseignement de la musique/
Politique nationale de l’enseignement chorégraphique/ Enseigner la danse/
Professeur d’art dramatique : témoignage/ Politique nationale de
l’enseignement des arts plastiques/ Enseigner dans les écoles d’art/ Fonction
publique territoriale & concours de l’enseignement artistique.
Michèle FRIANG : Pauline Viardot au miroir de sa
correspondance, biographie. Préface de Philippe Olivier.
« Points d’orgue », Hermann Musique (www.editions-hermann.fr).
14 x 21 cm, 288 p., dessins par Pauline Viardot, 25 €.
Constituée d’éléments recueillis aux meilleures sources
(riche correspondance « chorale » de Pauline et de ses proches),
cette biographie de la plus célèbre cantatrice du XIXe siècle – également
compositrice, organiste, pianiste et pédagogue – se lit avec un constant
bonheur. Voyageuse dans l’âme, Pauline Viardot correspondit assidûment avec
tous ceux qui comptaient alors dans le monde artistique - notamment George
Sand, Clara Schumann, Liszt, Chopin, Wagner, Delacroix, Gounod, Massenet, Ary
Scheffer, Saint-Saëns et, bien sûr, son voisin de la Villa des Frênes à
Bougival, Ivan Tourgueniev, pour lequel elle fut, sans doute, plus qu’une égérie.
Parmi les annexes de son ouvrage, l’historienne Michèle Friang a inclus un tableau
chronologique présentant, en regard : Vie privée/ L’artiste lyrique/ Les
prises de rôle/ La compositrice & l’enseignante. Préface
remarquablement synthétique de Philippe Olivier.
Serge DIAGHILEV : Mémoires. Préface
et dossier de Guillaume de Sardes. Traduit du russe par Mireille Tansman-Zanuttini
& Guillaume de Sardes. « Danse », Hermann (6, rue de la
Sorbonne, Paris Ve. Tél. : 01 45 57 45 40. www.editions-hermann.fr).
14 x 21 cm, 128 p., ill. n&b, 16,50 €.
Opportune publication l’année même où « Paris et la
musique à l’époque des Ballets russes » est inscrit au programme de l’agrégation.
D’autant que l’ouvrage est introduit & présenté par Guillaume de Sardes, éminent
historien de la période, à qui nous devions déjà, dans la même collection, un
remarquable Nijinsky, sa vie, son geste,
sa pensée. Au fil de mille réjouissantes anecdotes, nous croisons personnalités
de la cour de Russie (le tsar Alexandre III, boyards et grands-ducs, les
Pouchkine…), de « la société des snobs » du tout-Paris, mais aussi
Aristide Briand et nombre de compositeurs : Massenet, Stravinsky, Tchaïkovski,
Rimsky-Korsakov, ou vedettes du chant : Tamagno, Chaliapine… Mais ce
sont les évocations de l’étincelante jeunesse russe du futur imprésario qui constituent
le cœur de l’ouvrage. Où l’on trouve in
fine une étonnante « Apologie de l’avant-garde » (1921), projet
de lettre ouverte à la presse londonienne après l’échec du ballet Chout (« le Bouffon ») de
Prokofiev et Larionov. Outre les indispensables notice, chronologie &
orientation bibliographique, sont proposés, en annexe, deux « portraits de
Diaghilev », l’un signé Paul Morand, l’autre Raymond Brussel, alors célèbre
critique musical au Figaro.
Leonard COHEN : Le Livre du Désir (Book of Longing). Traduit par
Jean-Dominique Brierre & Jacques Vassal. Le Cherche-Midi (www.cherche-midi.com). 14 x
22 cm, 252 p., ill. n&b, 18 €.
Poète universel est assurément le folksinger montréalais.
Plus de 200 textes en vers et en prose (illustrés de plusieurs centaines de
dessins) témoignent ici de son ouverture au monde contemporain, mais aussi
d’explorations spirituelles : « Ne
déchiffrez pas ces cris qui sont miens. Ils sont le chemin, non le
signal ». Pages toutes d’humanité, de sensuelle gravité, d’autodérision
parfois : « Je peux me retenir
un sacré bout de temps ; je ne parle pas avant que les eaux débordent de
leurs berges et fassent céder les digues. C’est ainsi que j’ai pu
retarder ce livre bien au-delà de la fin du XXe siècle ».
Hugues BARRIÈRE & Mikaël OLLIVIER : Bruce
Frederick Springsteen. Préface d’Antoine de Caunes. Le
Castor Astral (tél. : 01 48 40 14 95. www.castorastral.com). 15 x
23 cm, 432 p., ill. n&b, 24 €.
Chantre de la classe ouvrière, porte-parole des anonymes
et des laissés-pour-compte, Bruce Springsteen (°1949) est, en quelque sorte,
l’honneur du rock étasunien. Réalisée par deux de ses inconditionnels (qui
auront assisté à quelque 120 de ses concerts), cette biographie retrace son
parcours depuis les rues du New-Jersey, jusqu’à la gloire éclatante de celui
que chacun nomme le « Boss ». Singulièrement depuis la sortie
de Born to run (1975), suivi du raz-de-marée de Born in the USA (1984), puis de Magic (2007), son 27e album.
Jean-Maxime LÉVÊQUE : Édouard Desplechin, le décorateur
du Grand Opéra à la française (1802-1871). « Univers
musical », L’Harmattan. 190 p., ill. n&b + cahier de 34
maquettes & esquisses de décors. 19 €.
Sous la plume alerte de l’arrière-petit-fils du décorateur
des opéras de Meyerbeer, Verdi, Gounod, Donizetti… mais aussi du Tannhaüser de Wagner [ci-dessous,
esquisse de décor pour l’acte II], revit toute une brillante société, en
France et en Europe (à Dresde, notamment). Tenu en haute estime par
l’élite de son temps – citons Théophile Gautier et Wagner – Édouard Desplechin
mérite assurément d’être redécouvert. En témoignent les magnifiques
planches, souvent en couleurs, qui illustrent cet hommage.
Pauline ADENOT : Les musiciens d’orchestre symphonique.
De la vocation au désenchantement. « Univers musical »,
L’Harmattan. 16 x 24 cm, 384 p., 34 €.
Eu égard à ce qu’ils attendaient de leur métier, général
est le désenchantement des musiciens du rang - quant aux rapports avec leurs collègues,
les chefs d’orchestre, l’administration et quant au regard que la société porte
sur eux… Trois parties composent ce fort volume : Formation des
instrumentistes / Vie d’orchestre / Un statut ambivalent. L’ouvrage
n’en est pas moins dédié… « aux
musiciens enchanteurs ».
Jérôme BODON-CLAIR : Le langage de Steve Reich.
L’exemple de Music for 18 musicians(1976). « Univers musical »,
L’Harmattan. 138 p., ex. mus. 13,50 €.
Partition incluse, cette étude minutieuse d’une œuvre emblématique
du courant minimaliste américain fera référence. Elle se divise en deux
parties : Éléments de langage utilisés dans Music for 18 musicians (préoccupation première : la gestion du
temps / travail ethnomusicologique préalable à la composition) et
Nouveautés de langage dans Music for 18
musicians (forme, effectif, harmonie et timbre). Importantes annexes.
Anik LESURE & Claude SAMUEL : Olivier
Messiaen, le livre du centenaire. « Perpetuum mobile »,
Symétrie (tél. : 04 78 29 52 14. www.symetrie.com).
Fort volume relié, 21 x 27,5 cm, 294 p., ill. n&b et
couleurs, 1CD. 29 €.
Avec la collaboration d’auteurs aussi prestigieux que
Pierre-Laurent Aimard, Philippe Albèra, Gilbert Amy, Pierre Boulez, Myung-Whun
Chung, Michel Fano, Peter Hill, Betsy Jolas, Olivier Latry, François-Bernard
Mâche, Loïc Mallié et Gianfranco Vinay, voilà le grand et juste hommage
bibliographique qui devait être rendu au compositeur de Saint-François
d’Assise. Après une introduction par Claude Samuel, délégué général
de l’Association Messiaen 2008 (www.messiaen2008.com),
sont évoqués : « Messiaen, un héritage assumé ? » (Amy),
« L’orgue, instrument de la foi » (Latry, Mallié), « Une sorte
de principe d’incertitude » (Boulez), « Messiaen et l’opéra »
(Fano), « Le rythme repensé » (Albèra), « Éphémérides »
(Samuel), « Les couleurs des sons » (Vinay), « Des chemins de
traverse » (Samuel), « Messiaen ornithologue » (Mâche),
« L’effet Messiaen » (Jolas). Avec des évocations personnelles
par Cécile Sauvage, Pierre Messiaen, Yvonne Loriod, P. Hill,
P. L. Aimard, M. W. Chung. L’ouvrage se clôt sur le
Discours de réception d’Olivier Messiaen à l’Institut de France (hommage à Jean
Lurçat, 15 mai 1968), la liste des honneurs qui lui furent internationalement rendus,
les catalogues d’œuvres et les références bibliographiques. Le CD inclus
nous fait entendre la parole et la musique du compositeur.
Siglind BRUHN : Les visions d’Olivier Messiaen.
« Sémiotique & philosophie de la musique », L’Harmattan.
348 p., tableaux, ill. n&b, ex. mus., 30 €.
Siglind Bruhn s’attache à montrer comment la foi profonde de
Messiaen se traduit dans son langage musical – autour notamment de deux œuvres
instrumentales : Visions de l’Amen pour 2 pianos (1943) et Vingt Regards sur
l’Enfant-Jésus pour piano (1944). À l’analyse détaillée du matériau
thématique, de la structure et de la fonction de chaque mouvement dans l’ensemble
du cycle, est liée une interprétation des images et des textes utilisés par le
compositeur. Trois parties : Vision religieuse / Septuple Amen du rapport entre Dieu et ses
créatures / Contemplations de l’Enfant à Bethléem, une symphonie
pluridimensionnelle.
L’Orgue, bulletin des « Amis de
l’Orgue », n°280 (2007-IV). L’orgue de la Chapelle royale de
Versailles : à la recherche d’une composition perdue.
Éditions Symétrie (tél. : 04 78 29 52 14. www.symetrie.com). 17 x 24 cm,
128 p., fac-similés, cahier de photos couleurs, 20 €.
Marina Tchebourkina s’est ici fixé pour tâche de dévoiler
le visage et la composition d’un instrument que construisirent, en 1709-1710,
pour la cinquième Chapelle de Versailles, Robert Clicquot et Julien
Tribuot. D’après le seul document à nous être parvenu : Le Marché ancien de l’Orgue de la Chapelle
Du Chasteau De Versailles… Magnifique cahier de photos couleurs.
Cette livraison comporte, en outre, diverses chroniques d’actualité signées
François Sabatier, directeur du Bulletin.
« Circuit, musiques contemporaines »,
vol. 18, n°2. Postiches et mélanges. Presses
de l’Université de Montréal (www.revuecircuit.ca).
21 x 23 cm, 128 p., ex. mus., ill. n&b. 28 $ CA.
Après « De la contemporanéité de l’arrangement »,
introduction signée Jonathan Goldman (rédacteur en chef de cette superbe publication),
Serge Lacasse propose : « La musique pop incestueuse : une
introduction à la transphonographie » (pratiques de l’emprunt, de la
transformation, de l’adaptation, du remixage, de la citation, du pastiche, de
la parodie, de la reprise…), suivi par John Oswald : « Le
plunderphonique ou le piratage audio comme prérogative compositionnelle » (évolution
de la notion de droits d’auteur) et Dániel Péter Biró : « Remembering
and Forgetting : Lizkor VeLishkoach*
for String Quartet, after Schubert » (*pièce conçue pour être jouée à la
suite du Quatuor en sol majeur D.887). Noémie Pascal
s’interroge sur les Companion Pieces (conçues pour être interprétées aux côtés d’une autre œuvre), cependant que
Michel Gonneville analyse Le projet
Mozart, œuvre composée par Jean Lesage autour du 2e mouvement de
la Sonate K.330 pour piano en do majeur. Non sans les rubriques
habituelles…
Serge AIROLDI & Juan José TÉLLEZ RUBIO : Arte
Flamenco [regards croisés]. Gaïa éditions (Tél. : 05 58 97
73 26. www.gaia-editions.com).
24 x 26 cm, 192 p., photos n&b et couleurs. 28 €.
Voilà 20 ans qu’était créé à Mont-de-Marsan « Arte
flamenco », festival auquel ce magnifique album (richement illustré de
plus d’une centaine de photos) rend un juste hommage. Regards croisés de
deux aficionados : Serge Airoldi, journaliste à Sud-Ouest et Juan José
Téllez Rubio, essayiste andalou. Après une première partie retraçant les
grands moments du festival, une notice est consacrée aux danseurs, cantaores et guitarristas qui se produisent chaque année, en juillet, dans la
cité landaise. Textes en français et en espagnol.
Florent MAZZOLENI : L’épopée de la musique africaine.
Rythmes d’Afrique atlantique. Hors Collection (www.horscollection.com). 19 x
26 cm, 160 p., ill. couleurs. 24,90 €.
Avec le concours des plus emblématiques musiciens de
l’Afrique occidentale : Youssou N’Dour, Cesaria Evora, Fela, Alpha Blondy,
Salif Keita… cet album, superbement illustré de documents iconographiques rares
ou inédits (photos, pochettes de disques), rend compte des profondes mutations
sociales et musicales qu’entraîna une urbanisation galopante : adoption de
cuivres et d’instruments amplifiés, rythmes nouveaux influencés par les
musiques caribéennes, la pop, la soul, le rock, le funk… En dix chapitres, sont
successivement visités : Ghana, Guinée, Mali, Sénégal & Gambie, Côte
d’Ivoire, Bénin, Nigeria, Cameroun, Congo et enfin Angola, Guinée-Bissau &
Cap-Vert. Discographie et bibliographie.
Alain GERBER : L’étrange destin
de George General Grice Jr., dit Gigi Gryce. « Birdland »,
Rouge profond (www.rougeprofond.net).
Diff. : Harmonia Mundi. 15,5 x 21,5 cm, 160 p.,
16 €.
George General Grice Jr., dit Gigi Gryce,
dit Basheer Qusim, est décédé d’une crise cardiaque, en 1983, à l’âge de 57 ans.
De la plume acérée, mais toujours élégamment pertinente, du célèbre critique de
jazz Alain Gerber, voici la pseudo-autobiographie de l’un des jazzmen
(saxophoniste alto & compositeur) les plus injustement méconnus. Bien
que faisant déjà l’admiration de ses pairs – Th. Monk, Ch. Parker, D. Gillespie,
M. Roach, S. Getz… - n’avait-il pas souhaité se parfaire auprès de
Nadia Boulanger et d’Arthur Honegger ? Une indispensable réhabilitation.
Être rock. « 113
mantras pour le rocker moderne recueillis par Philippe Manœuvre au cours de
l’âge d’or, illustrés par Thierry Guitard ». Tana éditions
(tél. : 01 44 16 92 38. www.tana.fr).
13 x 21 cm, 72 p. 9,90 €.
De Bob Dylan (« J’ai pas besoin de
M’sieur Météo pour savoir d’où vient le vent » à Joey Starr (« Les
gonzesses, c’est pas une science exacte »), via John Lennon (« Qu’importe
ce qui t’aide à passer la nuit, du moment que tu passes la nuit »),
Keith Richards (« Who the fuck is Mick Jagger ? ») ou
Jimi Hendrix (« Excusez-moi, j’embrasse le ciel »), la plupart
des grands rockers nous donnent leur « sentiment » sur le business,
le sexe, la drogue, le rock. Remarquable conception graphique.
Emmanuel CHIRACHE & Aurélien NOYER : Covers. Une histoire de la reprise dans le rock.
« Formes », Le mot et le reste (tél. : 04 91 73 41 88. www.atheles.org/lemotetlereste).
14,8 cm x 21 cm,
208 p., ill. n&b, 20 €.
Dans le jargon des musiciens
d’outre-Atlantique, cover désigne la reprise – relecture,
réinterprétation - d’un thème connu. Elvis Presley, Bob Dylan, les Beatles,
les Stones n’ont-ils pas ainsi commencé ? Corédacteurs en chef du
webzine Inside-Rock (www.inside-rock.fr),
Emmanuel Chirache & Aurélien Noyer ont ici recensé et analysé les plus
emblématiques covers du rock et de la pop. En sept
chapitres : « Musiques noires, musiques blanches », « De
l’imitation à la création », « La méthode du discours »,
« Les érudits du rock », « La construction de soi »,
« Le mélange des genres », « This is just a tribute ».
Christian SCHLATTER : Diabolo
Rock. Chroniques des années 60. Slatkine (www.slatkine.com). Distr. Dilisco (BP 102, 94208 Ivry/Seine). 17,5 x
17,5 cm, 208 p., ill. n&b, 22 €.
Les éditions Slatkine, décidément, se
dévergondent ! Avec ce florilège de savoureuses anecdotes réunies par
Christian Schlatter [notre photo], ancien batteur du groupe helvète « Les
Aiglons » (www.voxinox.ch), les fans
des sixties trouveront certes matière à nostalgie… En cinq parties : « Pour
commencer… » (généralités sur le rock), « La fabrique des
sixties » (médias, idoles et instruments), « Maîtres et
pionniers » (Chuck Berry, Shadows, Stones, Beatles, Deep Purple, Johnny,
Henry Cording…), « Étoiles filantes » (venues notamment du Golf
Drouot) et « L’Helvétie rock’n’roll ».
Quentin DEBRAY : Le Moment magique. Roman.
Éditions du Rocher (www.editionsdurocher.fr).
13,5 x 20,5 cm, 130 p., 15 €.
Au printemps 1949, Miles Davis découvre Paris. Il a
23 ans ; il est immédiatement séduit par le climat d’effervescence
intellectuelle et artistique qui règne dans la capitale récemment libérée -
notamment à Saint-Germain-des Prés où il rencontre Gréco qui sera son cicerone,
sa muse, son amante. Où l’on croise aussi, rue Saint-Benoît, Jean-Paul
Sartre et Boris Vian, Picasso et Kosma, Bechet et Kenny Clarke… Éminent
professeur de psychiatrie, Quentin Debray connaît fort bien le jazz et restitue
avec bonheur tout un monde qu’il n’aura certes connu que par ouï-dire, mais
dont il est, à l’évidence, épris.
Joy H. CALICO : Brecht at the Opera. « California
Studies in 20th Century Music, 9 », University of California
Press (www.ucpress.edu). 304 p,
relié, ill. n&b et couleurs, 18 ex. mus. $45.00, £26.95.
Ambigus furent toujours les liens qu’entretint
Bertolt Brecht avec l’opéra. Ardent défenseur du genre dans sa jeunesse,
il le dénonça plus tard comme décadent et inadapté aux temps modernes.
Même s’il ne cessa d’écrire des livrets à vocation sociale pour des musiciens
tels que Kurt Weill, Paul Hindemith, Hanns Eisler et Paul Dessau - visant à
mettre en œuvre la notion de Gestus,
qu’il considérait comme l’essence même du théâtre lyrique et dramatique.
François PERRIER : La
Chaussée d’Antin. 2 vol : Œuvre psychanalytique I et
II. Nouvelle édition revue & augmentée par Jacques Sédat. « Bibliothèque Idées »,
Albin Michel. 14,5 x 22,5 cm, 650 p. + 558 p.,
35 € +30 €.
Psychiatre et psychanalyste, François
Perrier (1922-1990) fut également un fervent mélomane (pour payer ses études de
médecine, il improvisait au piano et chantait dans les cafés parisiens ;
il composa même des chansons). Au chapitre « Musique déjouée »
(repris d’un article publié, en 1972, dans la revue Musique en jeu), n’écrit-il pas : « La musique est à la psychanalyse ce que l’amour est à la vérité :
deux amantes inséparables pour l’amoureux, mais dans l’utopie de leur impossible
rencontre »… Et le titre de la présente somme n’est-il pas
emprunté à la célèbre rengaine : « Je suis la
Seine jusqu’à la morgue ; et ne trouvant plus mon chemin, je demande à
un joueur d’orgue s’il connaît la Chaussée d’Antin » ? Dans le tome I, sont regroupés
des textes sur l’amour, le corporel, l’analytique, le trans-subjectal.
Dans le tome II, des textes sur la formation & l’éthique du
psychanalyste, l’hystérie, la psychose, la perversion. Ni logicien, ni
archéologue du savoir, l’improvisateur François Perrier [au centre, sur notre
photo, entre Jacques Lacan et Serge Leclaire] disait qu’il faut « oser ne pas savoir ce que l’on cherche ».
Francis Cousté
POUR LES PLUS JEUNES
À l’écoute de l’imaginaire !« Trombones »,
Grasset-Jeunesse (www.grasset-jeunesse.com).
28 p., CD inclus. 18,50 €.
La collection Trombones chez Grasset-Jeunesse offre une large palette de contes plus amusants les uns
que les autres et procure à l’enfant un véritable voyage dans
l’imaginaire. Grasset-Jeunesse s’efforce de trouver des histoires à lire,
à écouter et à chanter. Ajoutée à la musique, la typographie irrégulière mimant
les différents sentiments des personnages confère à ces contes une vivacité
étonnante ! Ces livres-CDs décapent l’esprit des plus jeunes.
À découvrir au plus vite ! Pour de plus amples informations, cliquer
sur le site.
Wolfgang Amadeus MOZART : Les Noces de Figaro. Présentation :
Timothée de Fombelle. Illustrations :
Olivier Balez. Récitant : Laurent
Stocker. « Grand Répertoire », Gallimard Jeunesse
Musique. 63 p., CD inclus, 21 €.
Une véritable immersion dans le monde enchanté de Mozart
où la musique insiste sur les traits comiques et émouvants de l’ouvrage. À
mettre entre toutes les mains : petits et grands se réjouiront d’écouter
cet opéra déclinant toutes les sensations de l’état amoureux. À noter
qu’à la fin, un livret astucieux en italien et en français, correspondant aux
extraits présentés sur le disque, permet de s’exercer à chanter avec le
piano. Un petit exercice final donne à ce livre toute sa force.
Cette belle idée de livre-CD incitera l’enfant à découvrir d’autres œuvres de
Mozart ! Réel tremplin vers la connaissance !
Claude DEBUSSY : En blanc et
noir ; Lindaraja ; Prélude à l'après-midi d'un faune (transcr. Debussy) ; Ibéria (transcr. André Caplet) ; Nocturnes (transcr.
Maurice Ravel). Duo Benzakoun (à deux
pianos). Intégral : INT 221 162. TT : 70’42.
Le Duo Benzakoun s’impose depuis des années comme l’un des
meilleurs du monde; son disque Poulenc, exceptionnel de dynamisme et de relief
expressif, demeure un sommet de la discographie. Aujourd'hui les mêmes
qualités savent se draper sur les galbes d'une esthétique bien
différente ; il serait d’ailleurs erroné de croire que la fougue soit
étrangère au monde debussyste : « avec emportement », précise le
premier mouvement de En blanc et noir, joué ici de manière
saisissante. L’élégance et le sens du timbre de nos duettistes parcourent
toutes les époques du compositeur; leur sonorité allie une richesse charnue à
la clarté nécessaire pour dessiner les plans orchestraux des
transcriptions. Grâce notamment à leur sens du rebond rythmique, tout
frémit d'une vie sensuelle : il s'agit bien « d’en rythmer l’intense
palpitation », pour reprendre une expression de Debussy à propos de
l’atmosphère de ses Nocturnes.
Franz SCHUBERT : Sonate en sol majeur D.894 ; Sonate en la mineur D.537. Helmut
LACHENMANN : Fünf Variationen über ein Thema von
Franz Schubert ; Guero. Herbert Schuch (piano). Oehms :
OC 593 (distrib. Codaex). TT : 74’49.
Aux premières secondes du disque, on entend bien du
Schubert (la Danse
allemande en ut#
mineur), mais très vite la virtuosité cravachante dispensée par un Lachenmann
de 21 ans y introduit quelques aspérités ; le compositeur allemand à ses
débuts, non encore radicalisé dans le courant bruitiste (Guero n’est plus que bruitisme,
hélas !), ne s'interdisait pas quelques attendrissements sur son
modèle ! Quant à l’étude d’accents et de pianissimi que constitue la dernière
variation, elle est admirablement dosée par Herbert Schuch (°1979) que
ce disque désigne à notre attention. Dans son Schubert, travaillé avec
Brendel, on sent quelque peu l’influence du maître, mais Herbert Schuch imprime sa personnalité, faite d’élan juvénile,
par un son diaphane, translucide. Il en résulte des couleurs plus
matinales que vespérales (écoutez la D.894). Le fier caractère du premier
mouvement de la D.537 n'empêche pas les ombres de venir cerner telle
modulation, ni la fraîcheur d'apporter quelque insouciance. En deux mots,
un interprète attachant.
Fr. CHOPIN : Ballade en fa mineur ; Nocturnes op.48 n°1 et 2. A. BERG : Sonate op.1. A. WEBERN :Variations op.27. M. TROJAHN : Préludes n°5 et 6. A. GINASTERA : Sonate n°2. Clemens Berg (piano). Oehms : OC 721 (distrib. Codaex). TT : 71’09.
Le label bavarois met un point d'honneur à révéler de
talentueux jeunes pianistes. Le récital de « début » de Clemens
Berg (°1987) s’ouvre par l’incontournable Chopin, mais pour vite obliquer vers
le répertoire moderne. Y a-t-il d'ailleurs un si grand fossé dans le
programme ? Certes non, si l’on écoute avec quelle justesse analytique le
jeune artiste de Rostock met en lumière la fluidité des enchaînements modulants
si modernes de la Ballade
en fa mineur. On est séduit par ce beau
son lumineux qui, en revanche, se retourne contre l’interprète dans la Sonate de son homonyme autrichien, où
l’on attendrait un climat plus sombre nous plongeant dans les tourments
inquiétants de la Vienne décadente de 1908. Sa lecture manque ici de
densité, alors qu'il apporte toute la délicatesse et la palette de contrastes
requises aux Variations de Webern qu’il dit
affectionner. Les Préludes de Manfred Trojahn (°1949) se revendiquent ouvertement de l’héritage
debussyste, montrant ainsi une autre facette du toucher raffiné de Clemens
Berg, attentif à la contemplation des résonances avant de débrider son
dynamisme juvénile dans le martellato des mouvements extrêmes de la Sonate de Ginastera. Un pianiste à suivre.
Songs by
Great Conductors : Lieder de Hans von Bülow, Bruno Walter, Clemens
Krauss. Petra Lang (soprano), Michael
Volle (baryton), Adrian Baianu (piano). Oehms : OC 808 (distrib.
Codaex). TT : 58’29.
Les plus illustres chefs d’orchestre cachaient souvent des
vocations plus ou moins réprimées de compositeurs (Furtwängler, Klemperer, De
Sabata souffrirent même d’être plus considérés comme interprètes que comme
créateurs). Trois talentueux artistes nous proposent ici un programme
fort attrayant. Les Lieder de Hans von Bülow se distinguent par leur
commentaire pianistique au cheminement harmonique parfois inattendu. Plus
épigonaux, ceux de Bruno Walter trahissent dans leur écriture vocale
l’influence de son maître à penser Gustav Mahler, mais ils réussissent à créer
des atmosphères émouvantes. Le langage le plus original surgit de la
plume de Clemens Krauss : l’élégance viennoise le dispute aux mirages
d’harmonies capiteuses empruntant de mystérieux détours loin des enchaînements
conventionnels ; ces huit Lieder sur des poèmes de Rilke témoignent d’une
pensée bien plus avancée que les Lieder de son ami Richard Strauss, pourtant
fécond dans le genre. Une vraie découverte.
Richard
WAGNER : Tristan
und Isolde,The Duets Scenes.
Deborah Polaski (Isolde), Johan Botha (Tristan). Wiener Singverein, RSO
Wien, dir. Bertrand de Billy.
Oehms : OC 626 (SACD. Distrib. Codaex). TT : 76’27.
Le drame de Wagner, à notre époque, est que l’âge d'or du
chant wagnérien semble révolu alors que ne manquent pas les valeureux chefs
capables de cerner la complexité des architectures du Maître de Bayreuth et de
leur donner une lisibilité sans pareille. Que l’on puisse considérer
Deborah Polaski comme une grande wagnérienne montre bien vers quelle décadence
nous avons plongés ! Quant à la couleur et au « format »
vocal de Johan Botha, ils sont plus idoines au répertoire italien qu'à Wagner,
également pratiqués. Pour tout arranger, il se met même à chanter faux
dans un moment essentiel de l’Acte II (« O sink hernieder, Nacht der
Liebe ») ; et pour mieux l’épauler (!), sa partenaire se met aussi à
détonner dans ses aigus. Résignons-nous à ce couple en nous disant que, de nos
jours, on entend souvent pire, mais que, à l'époque des Kirsten Flagstad,
Astrid Varnay, Birgit Nilsson, Lauritz Melchior, Max Lorenz, Hans Beirer (et la
liste n'est pas close !), on entendait toujours mieux. En revanche,
la direction de Bertrand de Billy est tout simplement admirable. Ses
phrasés galbent l’entrelacs des leitmotive, créent l’attente de la portée expressive d’une intention
en devenir (écoutez l’introduction à la Scène 5 de l’Acte I),
dessinent la clarté polyphonique sans rien sacrifier de la densité du
message. L’orchestre de la Radio viennoise, sous son directorat, retrouve
ses plus glorieuses heures ; les cuivres se fondent idéalement avec les
cordes, et les bois jouent un rôle de premier plan dans le tracé des contours
thématiques, en un dosage parfait. C'est là le deuxième disque d'extraits
d'un enregistrement de l'ORF (après le « Highlights »
OC 602). Si le label Oehms nous donnait la totalité de l’ouvrage, on
tiendrait une grande intégrale, du point de vue orchestral.
Paul DUKAS : Ariane et
Barbe-Bleue. Deborah Polaski (Ariane), Jane
Henschel (la Nourrice), Ruxandra Donose (Sélysette), Chœur philharmonique
slovaque, RSO Wien, dir. Bertrand de Billy. Oehms : OC 915
(2CDs, distrib. Codaex). TT : 116’15.
On peut s’étonner que le chef-d’œuvre de Paul Dukas soit
aussi négligé des scènes lyriques ; le compositeur y réussit pourtant
l’harmonieuse synthèse entre Wagner et Debussy, sans se laisser étouffer ni par
l’un ni par l’autre, ce qui, en 1907, s’avérait un exploit digne d’être
souligné. La wagnérienne équipe Polaski/de Billy s’attaque à cet ouvrage
symboliste (le texte est de Maurice Maeterlinck) de la féminité à la conquête
de sa liberté, où le redoutable mâle n’émet que huit répliques, en une scène de
moins de deux minutes. On devra encore supporter les carences du chant
actuel, Deborah Polaski et Ruxandra Donose faisant assaut de vibrato et de
justesse mal assurés (on aura noté que l’auteur emploie ici une élégante
périphrase pour dire que ces dames chantent faux à faire pleuvoir pendant un an !),
mais on endurera ce mal pour jouir de la somptueuse interprétation orchestrale
de Bertrand de Billy et de son orchestre viennois. Leur rondeur
wagnérienne se marie au raffinement des cataractes de couleurs déversées par
Dukas, le flux de la « mélodie continue » serpente des ténébreuses
opacités à la lumière aveuglante, et l’on admirera particulièrement la conduite
dramatique qui mène des scènes d’action de l’Acte III à la compassion sur
laquelle s’éteint l’opéra. Cette version de concert donnée à la Wiener Konzerthaus
restitue aux Français un pan de leur histoire lyrique.
Sylviane Falcinelli
Alexandre P.F. BOËLY : Pange Lingua. Intégrale des œuvres pour orgue. Première
mondiale. Marie-Ange Leurent & Éric Lebrun. Maîtrise de garçons
de Colmar, dir. Arlette Steyer. Coffrets de 8 CDs :
« Élévation », Bayard Musique. TT : 66’33, 70’05, 70’05,
60’58, 73’03, 60’49, 66’36, 69’38.
Après l’intégrale des œuvres d’orgue de Buxtehude (Grand
Prix de l’Académie Charles-Cros en 2006), dont nous avons rendu compte dans les
nos 539/540 de L’E.M.,
Marie-Ange Leurent et Éric Lebrun nous proposent une autre intégrale
d’importance, celle de l’organiste français Alexandre Pierre-François Boëly
(1785-1858). Exécutée sur 9 instruments différents situés au quatre coins
de la France, et dont les caractéristiques sont recensées dans l’excellent
livret qui accompagne le coffret, cette intégrale comporte 205 pièces
d’orgue ; la maîtrise de garçons de Colmar, dirigée par Arlette Steyer, et
Sébastien Mercet à l’ophicléide se joignent parfois à l’orgue et dialoguent
avec lui. Héritier d’une famille de musiciens et de chantres de la
Chapelle royale de Versailles, Alexandre Boëly, né juste avant la chute de la
royauté, réalise le trait d’union entre l’Ancien Régime et le Romantisme naissant,
tout en révélant aux Français par ses nombreuses interprétations à l’orgue de
Saint-Gervais, puis de Saint-Germain l’Auxerrois, l’art de Jean-Sébastien
Bach. L’anthologie ici présentée s’ouvre sur des pièces dialoguant avec
la maîtrisen suivant le déroulement de l’année liturgique. Viennent ensuite des
pièces pour l’Office divin (Offertoires, Kyrie…) comportant de
nombreuses fugues, fantaisies ou préludes où l’influence de Bach est
manifeste. À la force et la grandeur de certaines pages s’opposent
parfois des œuvres moins pompeuses, plus méditatives ou légères, reflétant la
mode du temps. Ce monumental panorama qui s’achève, en ultime hommage à
J.-S. Bach, par le dernier contrepoint de l’Art de la Fugue, à quatre
mains, terminé par Boëly, comporte encore des versets de Magnificat et 3 messes
où alternent l’orgue et la maîtrise en faux-bourdon parisien, soutenu par
l’ophicléide, comme autrefois. C’est dans ce même esprit de tradition que
Boëly écrivit la charmante messe « Extraite de plusieurs auteurs
anciens », en hommage à J.-S. Bach, au Padre Martini, à Haendel, à
Louis et François Couperin. Nous ne pouvons que souligner ici la qualité
des interprétations de la Maîtrise de Colmar et de leur chef Arlette Steyer,
ainsi que de Sébastien Mercet à l’ophicléide, dont l’usage était alors répandu
à l’église. Mais nous saluerons surtout le talent sans faille et la
virtuosité de Marie-Ange Leurent et d’Éric Lebrun, tout en restant confondus
devant la somme de travail fourni pour mener à bien une aussi magistrale
réalisation qui, grâce à eux, en ces dix heures de musique, nous permet de
découvrir ou de mieux connaître l’œuvre et la personnalité du premier grand
organiste français. Mention spéciale à la qualité du livret explicatif
clair, dense et parfaitement documenté.
La Missa Tournai (1349) est conservée à la
bibliothèque de la cathédrale de cette ville (cote A 27), d’où son titre
conforme à l’usage consistant à désigner des messes, notamment au XIVe siècle,
par leur lieu de conservation. Destinée à une grande solennité, elle
comprend les parties habituelles : Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus, Agnus Dei, auxquelles sont ajoutées cinq autres pièces
conservées ailleurs. Elle se situe stylistiquement dans une période de
transition, sans renier des éléments antérieurs, dans le sillage de l’Ars
antiqua : notation franconienne, bilinguisme : motet en latin et
d’inspiration religeuse ; triplum en dialecte du nord de la France et
d’inspiration profane. Toutefois, le rythme plus élaboré et des hoquets
dans l’Amen se réclament de l’Ars Nova, dans la mouvance du
Traité éponyme (ca 1320) de Philippe
de Vitry. Laurence Brisset, à la tête de l’ensemble De Caelis (cinq voix féminines), redonne vie à cette Messe et à quelques pièces
traitant « la très grande souffrance de l’amour », jalousie, la
« dame jolie »… Mais l’intérêt de cette réalisation réside surtout
dans l’interprétation de la Messe de Tournai qui peut symboliser le
répertoire en usage à la Chapelle papale, lorsque les papes étaient accueillis
en Avignon (1309-1405). Ce disque s’impose par ses critères
d’interprétation et en tant que témoignage religieux et historique.
Lambert de SAYVE : Messe pour le Sacre de
l’empereur Matthias. Ricercar : RIC 266.
Lambert de Sayve (1549-1614), vraisemblablement originaire
de cette localité (près de Liège), a peut-être été chantre à la cathédrale
Saint-Lambert. Il passe sa vie à Vienne, au service des Habsbourg. Né à Vienne (Autriche), le 24 février 1557, et mort dans
cette ville, le 20 mars 1619, l’empereur Matthias
Ier est le cinquième fils de Maximilien II et de Marie d’Espagne, empereur
du Saint-Empire et roi de Bohême, de la maison de Habsbourg (roi de Hongrie
sous le nom de Matthias II). Selon le musicologue belge
Jérôme Lejeune, cetteMesse exploite « plusieurs
sources musicales » : c’est ainsi que l’ordinaire provient de la Missasuper Dominus regnavi (16 voix, 4 chœurs) de L. de Sayve.
Jean Tubéry, à la tête de La Fenice et du Chœur de chambre de Namur, a
réussi à conférer à chaque chœur sa couleur particulière, certaines parties
étant confiées à des instruments (cornets) - c’est le cas du Da pacem -,
alors que le propre est chanté en plain-chant. Cet office reconstitué est
aussi un témoignage historique reflétant les fastes d’un sacre impérial.
Jean-Sébastien BACH : Œuvres de
jeunesse. Andreas Staier, clavecin. Harmonia Mundi (33, rue
Vandrezanne, 75013 Paris. mbenoit@harmoniamundi.com) :HMC901960.
TT : 65’47.
Le claveciniste attitré de
l’ensemble Musica Antiqua de Cologne, Andreas
Staier, révèle des œuvres de jeunesse de Jean-Sébastien Bach : trois Toccata,
neuf Partita sur le choral luthérien bien connu : O Gott, du
frommer Gott (Ô Dieu pieux), dans lequel le cantus firmus circule
librement d’une voix à l’autre. Cette Partita est perçue
différemment au clavecin. Le Caprice sur le départ de son frère bien
aimé, BWV 992, est - fait rare dans sa production - un exemple de musique à
programme avant la lettre, évoquant le lamento des amis, le cor de postillon et
la fugue. A. Staier a retenu, pour cet enregistrement, un clavecin
A. Sidey (d’après H. A. Hass, Hambourg, 1734) n’ayant pas
appartenu au Cantor de Leipzig. Certes, la musique de ce dernier est
perçue autrement, mais ces pages énergiques, méditatives, bien construites, non
dénuées de charme, sonnent avec une autre sonorité, et ne déplairont pas aux
clavecinistes et aux amis de Jean-Sébastien Bach.
Antonio José Carlos Seixas (1704-1742), organiste à la
cathédrale de Coimbra, puis à la Chapelle royale, est un compositeur
didactique, l’un des plus grands compositeurs portugais dont l’œuvre fait
preuve d’une grande originalité. Dans les années 1930, le musicologue
Macario Santiago Kastner a attiré l’attention sur lui et sur son œuvre destinée
au clavecin et à l’orgue. Le Professeur Gerhard Doderer définit la notion
de sonate à l’époque en cause. Cremilde Rosado Fernandes se produit sur
un pianoforte B.Cristofori/G.Ferrini datant de 1730, dont l’esthétique convient
parfaitement à ce répertoire. Sa musicalité à toute épreuve, son jeu précis, sa
remarquable technique et ses attaques énergiques lui permettent de mieux faire
connaître la figure de proue de la musique portugaise qu’est José Carlos
Seixas. Son œuvre particulièrement attachante se devait d’être révélée au
grand public, et cette excellente réalisation est tout à l’honneur de ce grand
musicien portugais auquel la claveciniste hors pair réserve un sort royal.
Naissance de Lourdes. Jade (43, rue de Rennes,
75006 Paris. jade@milanmusic.fr) :
699660-2.
L’abbé René Laurentin, exploitant de solides sources
d’archives, retrace les débuts de Lourdes, et évoque « cette joyeuse
complicité qui unit Bernadette Soubirous à celle qui lui apparut sous l’image
d’une déconcertante jeunesse ». En effet, c’est le 25 mars 1858 que
Bernadette est poussée vers une grotte où la Dame est apparue et s’est révélée
à elle. Elle relate alors cette apparition à son curé et, depuis lors,
Lourdes est devenue le célèbre lieu de pèlerinage que l’on sait. Le
récit, tour à tour narratif ou descriptif, est entrecoupé de musiques de
circonstance : extraits d’Ave Maria, de Magnificat interprétés par l’Ensemble vocal Philippe Caillard (disque remastérisé),
permettant de situer et de réaliser l’ampleur de l’engouement pour ce célèbre
lieu de pèlerinage.
Édith Weber
Raymond Trouard
(°1916). Une vie pour le piano. 11 CDs Sony Classical : 318462 (vol.1,
vol.2).
Hommage peu banal à une vie honnêtement consacrée au piano et à son
enseignement, ce coffret réunit - en rien moins que 11 CDs - l’essentiel
des interprétations par Raymond Trouard [notre photo] d’œuvres de Chopin,
Liszt, Beethoven, Schubert, Grieg, Tchaïkovski, Saint-Saëns... La notice y
incluse comporte un mémorable entretien avec Frédéric Gaussen - certes fort éclairant
sur la psychologie de l’artiste, mais faisant surtout revivre tout un âge d’or,
rue de Madrid.
Franz
SCHUBERT : Quatuors à cordes, vol. 1 : Quatuor en mib
majeur, D 87 ; Quatuor à cordes en ré mineur,
D 810, « La jeune fille et la mort ». Mandelring
Quartett. Audite : 92.507 SACD. TT : 69’42.
Dans une interprétation d’un poignant dramatisme - admirable Mandelring
Quartett ! [notre photo] -, compensé par une prise de son d’une parfaite
luminosité, sont ici regroupées l’une des premières et l’une des dernières œuvres chambristes de
Schubert. Où - déjà dans celle composée à 16 ans (D 87, op. posth.
125, n°1), encore fort mozartienne, transparaît « le génie de laisser les
choses suivre leur propre cours » (selon Schumann) - sans autre souci
compositionnel.
Alexandre SCRIABINE
(1872-1915) : Les dix sonates pour piano. Vladimir Stoupel,
piano. 3CDs Audite : 21.402. TT : 67’12 + 57’45 +
43’45.
Rares sont les pianistes à avoir osé programmer - au concert -
l’intégralité d’un répertoire aussi singulier. Lequel nécessite – outre
des doigts d’acier – de pouvoir totalement s’immerger dans un univers d’une prodigieuse
complexité intellectuelle et émotionnelle… Naturalisé français en 1985,
le pianiste & chef d’orchestre russe Vladimir Stoupel est certes à la
hauteur d’une telle gageure. Le corpus discographique désormais de
référence.
Dans sa collection
« Deutschlandradio Kultur », la firme allemande Audite (www.audite.de) nous livrequelques trésors jusqu’à présent conservés
sur bandes dans des archives de stations de radio. Où l’on découvre aussi
les merveilles que peut faire aujourd’hui la remastérisation. Regrettons
toutefois que les excellentes notices ne soient encore rédigées qu’en allemand
& en anglais.
Hugo WOLF : Mörike Lieder. Dietrich
Fischer-Dieskau, baryton. Hertha Klust, Rudolf Wille (piano). Enregistré à Berlin (1949, 1951, 1955).
Audite : 95.599. TT : 53’42. Hugo WOLF : Goethe-Lieder. Spanisches Liederbuch (extraits). Dietrich Fischer-Dieskau,
baryton. Hertha Klust, Rudolf Wille (piano). Enregistré à Berlin
(1948, 1949, 1953). Audite :
95.600. TT : 53’46. Dans sa juvénile splendeur vocale, comment ne pas saluer, une nouvelle
fois, le plus grand interprète de lieder du XXe siècle ! Avec
un exceptionnel rendu du grain de la voix…
Giuseppe
VERDI : Messa da Requiem. H.Zadek, M.Klose, H.Rosvaenge,
B.Christoff. Wiener
Philharmoniker, Singverein der Gesellschaft der Musikfreunde Wien, dir. Herbert
von Karajan. Live 1949, Salzburger
Festspiele. 2CDs Audite : 23.415. TT : 51’08 + 40’04. S’il est une chose que savait
admirablement servir Karajan, c’est bien la théâtralité ! Il est
ici, d’évidence, à son affaire, d’autant plus que solistes, chœurs et orchestre
qui l’entourent étaient alors probablement les meilleurs.
Piotr Ilitch TCHAÏKOVSKI : 2e Concerto pour piano. Franz LISZT : 1er Concerto pour piano. Shura Cherkassky, piano.
RIAS-Symphonie-Orchester, dir. Ferenc Fricsay. Berlin, 1951-1952. Audite :
95.499. TT : 53’53. Qualifié un peu rapidement de « dernier tsar de l’âge d’or du
piano », le grand Shura Cherkassky ((1909-1995), dans un répertoire où
tant de pianistes font assaut de virtuosité, prend ici, bien au contraire, des tempi modérés. Et la musique y trouve naturellement son compte… Idéalement
attentif et discret se montre Ferenc Fricsay (1914-1963).
L’hypersensibilité du pianiste convient certes admirablement à l’interprétation
de ces tendres confidences. Quoique l’incessant rubato et un sort fait à
chaque note puissent parfois indisposer.
Édith CANAT DE
CHIZY (°1950) : Livre d’Heures. Chœur Britten, ensemble Les
Temps modernes, dir. Nicole Corti. Loïc Mallié à l’orgue Saint-Pothin de
Lyon. Hortus : 051. TT : 54’48.
Inspiré des enluminures des Très riches heures du duc de Berry, le
présent Livre d’Heures, pour chœur de femmes, ensemble instrumental
(10 exécutants) & solistes (2 soprani, 2 alti), créé en 1984
dans le cadre du Festival d’Art sacré de la Ville de Paris, illustre admirablement
quatre offices du « temps ordinaire » : Matines (7 heures),
Laudes (midi), Vêpres (17 heures) et Complies (21 heures).
Atmosphères transparentes et mystérieuses, que l’on retrouve dans Messe
brève de l’Ascension pour ensemble vocal (12 voix), œuvre créée en
1996 lors de l’inauguration de la cathédrale d’Évry, aussi bien que dans Véga (2000), pièce pour orgue inspirée du poème À Henry Purcell (1981) de
Philippe Jaccottet. Dans des interprétations intensément recueillies, voilà
l’enregistrement - indispensable à votre discothèque - d’œuvres de l’un des
compositeurs majeurs de notre temps. Album assorti d’improvisations par
Loïc Mallié, titulaire de l’orgue Kern de Saint-Pothin à Lyon.
Remarquable notice signée Sylviane Falcinelli.
Promenade. Vincent Lucas (flûte), Emmanuel Strosser (piano). Indesens Records (www.indesens.fr) : INDE009. TT : 70’55.
Voici, magistralement interprété par la 1re flûte solo de
l’Orchestre de Paris et un pianiste justement réputé pour ses qualités chambristes,
un ensemble de pièces pour flûte & piano signées des plus grands
compositeurs français du premier XXe siècle, âge d’or de la flûte :
Fauré (Fantaisie op.79), Debussy (Syrinx ; Prélude à
l’après-midi d’un faune, transcription de G. Samazeuilh), Widor (Suite
op.34), Poulenc (Sonate), Gaubert (Fantaisie), Messiaen (Le
merle noir), Jolivet (Chant de Linos). Friandise !
Francis
POULENC : Aubade, Trio, Sextuor, Suite française. Quintette à
vent Moraguès. Emmanuel Strosser, piano. Saphir Productions (www.larchipel.net) :
LVC 1068. TT : 61’49.
Trois secondes ne suffisent-elles pas pour reconnaître, en toute œuvre,
la patte du merveilleux Francis Poulenc - le plus justement célébré, désormais,
compositeur des Six ? N’en puissent mais nos égrotants de l’avant-garde...
Bonheur de retrouver ici, dans une même étincelante interprétation : Trio (1926) pour hautbois, basson et piano, Sextuor (1932) pour piano, flûte,
hautbois, clarinette, cor et basson, Aubade (1929), concert
chorégraphique pour piano et 18 instruments, et la Suite française (1940), hommage à Claude Gervaise – ces deux dernières œuvres dans une
transcription de Ohtaki Katsuhisa.
Le grand chef italien, dont on
fête le 75e anniversaire, nous offre un bien beau présent avec un
bouquet de symphonies de Mozart. L'attrait de ces interprétations
nouvelles, on le doit à la présence d'une formation ad hoc de jeunes musiciens,
l’Orchestra Mozart, lointaine émanation de l'Accademia filarmonica di Bologna,
qui déjà au XVIIIe siècle jouissait d'une grande notoriété et
comptait le compositeur de Salzbourg parmi ses élèves. Avec ces
talentueux interprètes, que leur jeunesse libère de tout préjugé, Abbado fait
des merveilles. Modèle de naturel dans le phrasé, le discours est d'une
vitalité confondante avec des contrastes dynamiques saisissants en clair-obscur
jusqu'à d'évanescents ppp, paré qu'il est d'une articulation énergique à
la fois empreinte de souplesse. Le son allégé d'une formation peu
importante en nombre évite toute impression de lourdeur. Et quel esprit dans
l'habile juxtaposition des styles dont ces pièces sont l'expression : la
danse, le théâtre, l'opéra bien sûr ; des climats si divers aussi qu'elles
traduisent. Si le choix de certains tempos surprend, ce qui renvoie à
l'épineuse question du juste tempo, la cohérence d'ensemble donne raison au
chef qui souligne combien l'interprétation mozartienne a évolué. Du très beau
travail d'orchestre.
Wolfgang Amadeus MOZART : Concertos pour violon et orchestre, Symphonie
concertante pour violon et alto, KV364. Giuliano Carmignola, violon ; Danusha
Waskiewicz, alto. Orchestra Mozart, dir. Claudio Abbado. 2CDs
Universal Archiv : 477 7371. TT : 57'36 + 71'45.
Doublé gagnant avec une autre
intégrale mozartienne : les concertos pour violon et orchestre - une
première au disque pour Claudio Abbado - se voient pareillement dotés d'une
exécution énergique toute de fraîcheur et d'infinie délicatesse. Le jeu
apollinien de Giuliano Carmignola, venu du baroque, le travail sur les accents,
les tempos imaginatifs, souvent incisifs, impriment à ces pièces attachantes
une réelle spontanéité. Le soliste ne recherche pas l'effet, pas plus
qu'il ne verse dans la manière trop facilement galante. De même se
refuse-t-il à tout usage excessif du vibrato et à tirer les derniers concertos
vers la manière romantique. L'admirable 3e Concerto est un
miracle d'aisance expressive et de poésie. Le 5e est plein
d'esprit et regorge de fièvre au presto final très rythmé. On retrouve le
vrai caractère de ces pièces, proches de la sérénade, foisonnant d'idées
mélodiques simples où tendresse et gravité se partagent l'inspiration.
Toute aussi réussie est la symphonie concertante pour violon et alto (jouée ici
par le premier pupitre de l'orchestre) où Mozart a mis tant de lui-même dans
l'expression de la douleur mais aussi de l'ardeur volontaire.
Ludwig van BEETHOVEN : Sonates pour piano n°28 op. 101 et n°29 op. 106 « Hammerklavier ».Mitsuko
Uchida, piano. Universal Philips : 475 8662. TT :
68'51.
La pianiste Mitsuko Uchida
s'attaque à la monumentale sonate op. 106. Issue de la crise
personnelle que vécut Beethoven dans les années 1815-1817, des doutes qui
l'assaillaient alors sur ses capacités de compositeur, l'architecture en est
telle, sans parler de sa durée inhabituelle, qu'on a pu dire qu'elle « fait
éclater tous les cadres de la sonate » (Massin). De fait, sa
richesse d'écriture la rapproche d'un parcours symphonique. Elle exige
beaucoup de l'interprète, auquel le compositeur prédisait bien du labeur.
Certes, il y faut une belle endurance et un flair certain pour démêler
l'écheveau d'un discours souvent ardu, à la limite de l'abstrait, et ménager
les changements incessants de climats et de tempos. La pianiste japonaise
possède ces qualités, comme la formidable vigueur dans le jeu dont elle couvre
sans effort le vaste spectre. Ainsi de l'allegro initial, depuis le début
en fanfare jusqu'au cantabile doux et expressif, en passant par toute une
palette de nuances et une succession de ruptures digne des épisodes d'un
combat. Le scherzo renchérit prestissime. Le vaste adagio – placé
ainsi par Beethoven curieusement en troisième position – est une immense
méditation aux atmosphères contrastées, tour à tour mélancolique, tragique,
d'une exceptionnelle gravité, alors que le discours s'apesantit dans le
registre grave de l'instrument. Le final fugué à trois voix est exécuté
avec une extrême rigueur. Voici une interprétation intensément pensée, captée
au demeurant avec un relief saisissant. La sonate op. 101 qui
l'accompagne est une égale réussite. Elle évolue dans le registre du
rêve, comme l'affirme l'indication du premier mouvement « avec le
sentiment le plus intime ». L'émotion recueillie, l'extrême concentration,
les contrastes sont encore la marque d'une interprétation de haut vol.
Franz SCHUBERT : Quartettsatz D.703, Quintette pour deux violoncelles D.956. Artemis Quartet,
Truls Mørk,
violoncelle. Virgin : 502113 2 6. TT : 62'50.
Le Quintette pour deux violoncelles est un des sommets absolus de la
musique de chambre. Parce que Schubert y parle à l'âme. Le jeune Quatuor
Artemis et le celliste norvégien Truls Mørk s'y frottent.
Déjà ! Car une légère déception nous envahit. Non que la perfection
instrumentale ne soit pas au rendez vous, non plus que soit en question la
greffe du cinquième interprète. La clarté du phrasé, coutumière à cette
formation, est elle aussi bien présente. Le problème est ailleurs ;
comme relevé lors de leur récent concert parisien, quoique à un moindre degré
ici. C'est le travail sur les accents qui pose question, et partant, le
climat d'ensemble, tendu à l'extrême. Le choix d'une manière libre qui
cherche à éviter tout lyrisme débordant, pour louable qu'il soit, montre ses
limites dans l'allegro initial pris d'une manière trop allante pour laisser le
discours respirer suffisamment. La démarche s'en ressent encore plus à
l'adagio qui manque d'introspection et élude la gravité abyssale que Schubert a
placée au cœur de son oeuvre, comme si le temps s'élargissait. Les deux
derniers mouvements sont plus en phase, le scherzo bondissant, admirablement
articulé, avec, au trio médian, un bel effet de ralentissement, apte à exprimer
toute la douleur de ce qui est comme un chant funèbre. Le final, avec ses
oppositions d'intensité a de l'allure de par une maîtrise technique admirable.
Le Quartettsatz, mouvement de quatuor
demeuré inachevé, se voit offrir une exécution très charpentée, la tension atteignant
presque la violence.
Cielo e Mar : arias de Amilcare Ponchielli,
Francesco Cilea, Saverio Mercadante, Arrigo Boïto, Giuseppe Petri, Antonio
Carlos Gomes, Gaetano Donizetti, Giuseppe Verdi. Rolando Villazón, ténor.
Orchestra sinfonica di Milano Giuseppe Verdi, dir. Daniele Callegari. Universal
DG : 477 7224. TT : 56'41.
Pour son premier récital solo
sous étiquette jaune, le ténor Rolando Villazón n'a pas choisi la carte de la
facilité, abordant des compositeurs peu connus, tels Mercadante, Pietri ou le
brésilien Gomes, et des pièces oubliées d'autres plus reconnus, tel Donizetti
avec son Poliuto, immortalisé au féminin par Maria Callas ; en tout
cas des rôles qu'il n'a pas encore porté à la scène – et qu'il devrait, à cet
égard, laisser de côté pour certains. Le climat d'ensemble de ce
programme peu commun, qu'il présente comme « un collier de perles
oubliées », se situe dans le registre dramatique. Le parcours
stylistique ne laisse pas d'être étonnant puisqu'il embrasse aussi bien le bel
canto de Donizetti, l'écriture parée d'émotion à fleur de peau chez Boïto ou
Ponchielli, le langage vériste même de Cilea. Grand communicateur,
Villazón sait créer le frisson par un engagement de tous les instants. On
admire la ligne de chant toujours superbement conduite et les aigus puissants
et bien timbrés. Lui chez qui la motivation se mesure au défi, déborde
allégrement son domaine d'élection, le répertoire de ténor lyrique, pour des
postures plus exposées. À cet égard, c'est peut-être dans Verdi que la
voix semble trouver son élan le plus naturel : l'air de Gabriele Adorno extrait
de Simone Boccanegra, très
dramatisé ; la cavatine de Rodolfo, tirée de Luisa Miller, plus encore, où la voix bandée comme un arc reste
toujours expressive. Si le récital se donne peu de moments de répit, à
l'aune d'un interprète qui se vit constamment chauffé à blanc, le résultat vocal
a un indéniable panache.
Jean-Pierre Robert
Actualité de Jean GUILLOU :
Quatre nouveaux disques
R. SCHUMANN : Six Pièces en forme de canon op.56, Quatre Esquissesop.58, Six Fugues sur B.A.C.H. op.60 (adaptation à l’orgue par Jean
Guillou, éd. Schott). J. BRAHMS : Préludes et
Fugues en la mineur et en sol mineur. Orgue du Conservatoire de
Naples. Philips : 480 0988. TT : 72’10.
Fr. LISZT : Orpheus, Prometheus (transcriptions de Jean
Guillou) ; Fantaisie et Fugue sur B.A.C.H. (version syncrétique de Jean
Guillou), Fantaisie et Fugue sur "Ad Nos ad salutarem undam". Orgue du Conservatoire de Naples.
Philips : 480 0989. TT : 66’59.
J. GUILLOU : Le voyage à Naples. Six grandes improvisations. Orgue du Conservatoire de Naples.
Philips : 480 0987. TT : 67’18.
Jean GUILLOU joue GUILLOU et
improvise : Scènes d’enfant (a) ; Säya (b) ; Improvisation sur O crux ave spes
unica et Regina caeli (b) ; Quatre
Improvisations données lors de messes à Saint-Eustache (c).(a) Grote
Kerk, Breda, 8.1979. (b) Concert à St.Vincenz, Menden, 29.4.2007. (c) Orgue Van den Heuvel,
Saint-Eustache, Paris, 2007-2008. CD Augure (www.augure-autourdejeanguillou.org) : 0802. TT : 73’10.
Comment
respecter une partition musicale, sans pour autant la momifier sous un baume
musicologique ? À cette question, Jean Guillou apporte depuis longtemps
une réponse, la sienne, la seule : en la créant, n’obéissant qu’au seul impératif qui vaille, la vie qui
s’exprime en elle, à travers elle. Les nouveaux disques que cet artiste a
enregistrés pour Philips viennent confirmer aujourd’hui la justesse de sa
position. Ils en témoignent d’autant mieux qu’ils ont été enregistrés sur
un orgue méconnu, imaginé par Jean Guillou lui-même : celui du
Conservatoire S. Pietro a Majella de Naples, que l’on entend ici dans une
prise de son exemplaire signée Jean-Claude Bénézech. De la vie qui
irrigue les interprétations de Guillou, le disque consacré à Liszt est
l’illustration éclatante, et ce à des niveaux différents. On y trouve
d’abord deux poèmes symphoniques initialement confiés à l’orchestre, Prometheus et Orpheus, que Jean Guillou a transcrits pour l’orgue, restituant,
grâce aux rehauts de couleur des belles registrations tout en contrastes, une
palette qui n’a rien à envier aux formations de cordes, de bois et de cuivres
romantiques. Il y a ici une matérialité des sons que Jean Guillou
travaille pour brosser ces vastes fresques mythologiques, et qui prend inévitablement l’auditeur.
Cette sensation se retrouve également dans les autres œuvres interprétées sur
ce disque, ainsi des grouillements telluriques qui précèdent la péroraison de
la Fantaisie et Fugue sur B.A.C.H.
Il s’agit là d’une autre pièce de ce programme monographique, composée à
l’origine pour orgue, réécrite pour le même instrument, transcrite pour piano,
puis pour piano à quatre mains par Liszt en personne. C’est dire que le
compositeur, infatigable transcripteur également de la musique des autres,
n’imaginait pas un instant que ces pages dussent rester figées ! À chaque
fois au contraire, l’instrument auquel il s’adressait lui suggérait des
adaptations, parfois des réécritures, qui, sans changer le caractère de la
partition, l’éclairent d’un jour nouveau. Ce sont ces variations de
lumière que Jean Guillou a cherché à capter dans sa « version
syncrétique », n’hésitant pas à exiger de l’organiste qu’il maîtrise les
figures les plus virtuoses du pianisme lisztien. L’écriture en ressort
plus dramatique que jamais. Mais exacerber ainsi jusqu’aux tensions les
plus cachées des œuvres qu’il joue, Jean Guillou sait aussi le faire sans toucher
à la partition d’origine. À preuve, l’immense architecture de la Fantaisie et Fugue sur le Choral « Ad
nos ad salutarem undam », qui parachève le programme, et dans laquelle
l’amour pour le détail qui guide le choix des registrations souvent complexes
ne fait jamais oublier le vaste dessin qui préside à la structure d’ensemble.
Il faut écouter ces œuvres jouées par un Jean Guillou au sommet de son art.
Aucune précipitation du discours, et pourtant la vie palpite à chaque détour de
phrase et il est des traits qui sont exécutés à une vitesse stupéfiante ;
aucune démonstration gratuite de virtuosité cependant, et pourtant les moyens
de l’organiste semblent illimités. Il déploie l’infaillibilité technique
surhumaine des meilleurs organistes à venir et le sens sûr de la narration, de
la respiration, de l’agogique de celui qui est animé par cette musique-là depuis des siècles. C’est bien
cette intimité depuis toujours cultivée qui fait tout le prix des nouveautés
Philips.
Il n’en
va en effet pas autrement pour le deuxième disque, consacré, à part deux Préludes et Fugues de Brahms, aux œuvres
de Schumann, initialement pensées pour piano-pédalier et ici transposées
(« traduites » écrit l’interprète) à l’orgue. S’il est
évidemment passionnant de comparer les interprétations d’aujourd’hui à celles
que Jean Guillou confia autrefois aux micros de la même société Philips et qui
sont malheureusement délaissées depuis (33 tours 6587 750), les premières
se suffisent cependant amplement à elles-mêmes. Car l’essentiel est ici
encore dans l’appropriation dont ces
œuvres font l’objet, non pas certes au sens d’une dépossession du compositeur
d’origine par un monstre de narcissisme, mais bien à celui d’une volonté de les
rendre propres à l’orgue, de les
offrir à cet instrument pour ainsi servir au mieux la musique qui s’exprime à
travers elles. Alors, les Six
Fugues sur le nom de B.A.C.H. sont implacablement construites, de même que,
avec plus de simplicité cependant, les Six
Pièces en forme de canon ; alors, les caractères des Quatre esquisses gagnent encore en
individualité ; alors, loin de se mettre en avant, le
« traducteur » se fait précisément oublier derrière ces pages qui ne
trahissent plus leur provenance pianistique et qui résonnent comme pour la
première fois, avec une fraîcheur proprement inouïe.
Une
identique fraîcheur parcourt les improvisations du troisième disque, intitulé
« Le voyage à Naples » et enregistré dans la foulée des deux
premiers. C’est sans conteste le disque d’improvisation le plus jeune, le
plus personnel, le plus abouti qui se trouve actuellement sur les étals.
Organisé autour de thèmes de chansons napolitaines, il offre tantôt des
variations aussi solides dans la structure qu’inconstantes dans l’humeur, qui
jamais ne lâchent le thème ni ne le prennent comme prétexte à quelque
divagation hermétique (« I’te vurria vasa’ ! »), tantôt une
déconstruction systématique du thème, pourtant simple et bien connu, menacé de
toutes parts, enserré dès le départ dans des rets harmoniques particulièrement
impressionnants dont il n’aura de cesse d’essayer de triompher tout au long de
la dizaine de minutes que dure l’improvisation, de façon plus ou moins timide
mais néanmoins avec obstination (« Santa Lucia »), pour ne rien dire
de l’élégance fragile confrontée à l’assaut de passions mal éteintes
(« Fenesta che lucive ») ou du triomphalisme claironnant constamment
soumis à des considérations plus subtiles (« Guaglione »). On
connaît en effet la prédilection de Jean Guillou pour les développements
dramaturgiques, où il est moins question d’appliquer une forme prédéfinie à un
discours musical, qui en sortirait nécessairement bridé, que de transformer
celui-ci en déclamation, hypotypose généralisée qui évoque l’agôn des personnages ainsi mis en scène.
L’urgence vitale qui se dégage dès lors des gestes musicaux de Jean Guillou, on
l’éprouve encore – et particulièrement – à l’écoute des deux
improvisations libres qui rythment cet enregistrement, l’une dédiée au
Caravage, l’autre à Gesualdo : impossible, après les avoir entendues, de
douter que le démiurge de Saint-Eustache partage avec ces deux créateurs à
l’audace paroxystique un identique furor.
Ces
élans créateurs, on les retrouve sur un autre disque encore. La triple
livraison de Philips vient en effet interrompre, pour cette maison, un silence
discographique de cinq longues années (le dernier enregistrement de Jean
Guillou paru sous cette marque ayant été consacré à Mozart, en 2003) !
Mais les amateurs avaient heureusement de quoi tromper leur impatience. Non seulement
l’association Argos a-t-elle édité régulièrement, au bénéfice de ses adhérents,
des enregistrements de concerts de Saint-Eustache, mais surtout l’association Augure
a-t-elle pris l’heureuse initiative en 2007 de graver des enregistrements
inédits, réalisés exprès et disponibles pour le public le plus large.
Après un premier disque composé majoritairement d’improvisations datant du
premier trimestre de 2007, on peut aujourd’hui s’en procurer un deuxième, qui
mêle improvisations de 2007-2008 et interprétations de compositions de Jean
Guillou, en l’occurrence Säya ou l’oiseau
bleu, d’un concert donné en Allemagne, à Menden, le 27 avril 2007, et les Scènes d’enfant, jouées en 1979 sur
l’orgue de Breda. Il s’agit là d’œuvres dont le mélomane averti possède
sans doute déjà des versions de référence, données à Saint-Eustache (Philips
456 513-2 / 465 512-2), mais qui reçoivent ici un éclairage nouveau.
Celui-ci est évidemment fonction des orgues utilisées mais, pour être
tributaire des contraintes propres aux esthétiques classiques et néo-baroques,
il n’en impose pas moins sa cohérence. Les hallucinantes Scènes d’enfant, surtout, prouvent ainsi
encore une fois – et on retrouve par là notre propos de départ – qu’à
condition de bien vouloir interpréter la partition musicale, ouvrir la
musique à l’instant où on la joue, le véritable artiste la vivifie,
immanquablement.
Yves Mausen
Franz LACHNER (1803-1890) : Requiem en fa mineur, op. 146. Kammersolisten Augsburg, dir. Hermann Meyer.
Carus n°83.178. TT : 59’15.
Compositeur, chef de chœur et d’orchestre, mais aussi directeur
de l’Opéra de Munich jusqu’en 1864, Franz Lachner est un grand oublié de
l’histoire de la musique. À la suite de la retraite anticipée - après que
Richard Wagner eut imposé Hans von Bülow au poste que Lachner occupait depuis
1836 -, c’est en effet l’intégralité de son œuvre, jugée
« passéiste », qui a été mise sur la touche. Depuis mars 2006
cependant, il semble que la traversée du désert se termine pour ce compositeur
né en Bavière mais formé en Autriche, où il rencontra et apprécia Beethoven et
surtout Schubert dont il fut un ami fidèle : ses compatriotes commencent
en effet à enregistrer ses œuvres maîtresses, dont un étonnant Requiem qui n’a pas fini de faire parler de lui. Écrit en 1856 pour célébrer le
centenaire de la naissance de Mozart, ce Requiem de Lachner est pourtant
bien différent de celui à qui il est dédié – si l’on excepte deux fugues
magistrales (celles du Kyrie et du Quam olim Abrahae) qui sonnent
effectivement comme des hommages à celles de Mozart. Le Dies Irae de Lachner annonce par contre, avec 15 ans d’avance, celui de Verdi.
Quant aux derniers des treize numéros (à partir de l’Hostias inclus),
intimistes car le plus souvent chantés dans la nuance piano et parfois
même a cappella, ils baignent dans un éclairage et un climat harmonique
parfaitement fauréens - alors que Fauré ne devait écrire sa propre Messe
de Requiem que 32 ans plus tard. Toujours respectueux de voix
qu’il ne maltraite jamais, richement mélodique, se prêtant parfaitement à la
réduction voix/orgue - à condition de conserver les timbales, le violon
alto, le hautbois et le violoncelle indispensables à sa couleur d’ensemble - ce Requiem ne tardera sans doute pas à figurer au répertoire de nombreux chœurs
amateurs de bon niveau.
Michèle Lhopiteau
DVD
Emil Gilels, live in theMoscow Conservatory, 1978
(vol.4) joue SCHUMANN, BRAHMS et CHOPIN. Video Artists
International (www.vaimusic.com) :
4469. TT : 90’.
Ce siècle avait 10 ans (1810, année certes faste pour les
amoureux du piano) lorsque naquirent et Schumann et Chopin. Compositeurs
qu’Emil Gilels (1916-1985) interprète ici - encadrant Brahms - avec la puissante
clarté et le refus de tout mièvre alanguissement qui le caractérisaient.
Schumann : Quatre Pièces,
op.32. Brahms : Quatre
Ballades, op.10. Chopin : Sonate
en si mineur, op.58/ Étude en lab, op. posth. / Polonaises, op.40 n°2 et op.53. Dans
le plus parfait respect des textes, une admirable leçon de sobriété.
Francis
Gérimont
Dmitri CHOSTAKOVITCH : Lady Macbeth of Mtsensk. A.M. Wesbroek, Ch. Ventris,
Vl. Vaneev, C. Wilson. Royal Concertgebouw Orchestra, dir.
Mariss Janssons. Régie : Martin Kusej. 2DVDs Opus Arte :
0A 0965 D. TT : 3h56'.
La mise en scène conçue par
Martin Kusej à l'Opéra néerlandais d'Amsterdam pour Lady Macbeth de Mtsensk, l'opéra phare de Chostakovitch, est un
formidable manifeste de théâtre. Loin de tout conformisme, elle projette
la lumière sur la sensualité du personnage de Katerina dont les expressions
sont saisies avec l'incisif du scalpel à travers une suite de magnifiques plans
rapprochés. On en arrive presque à comprendre le désespoir de cette femme
à la fois meurtrière et victime d'un système. Dans un environnement
confiné, pour souligner l'isolement, où dominent grisaille et couleur bleu de
chauffe, les personnages livrent leurs pulsions sans fard et se confrontent à
la violence dans une promiscuité étouffante, à la limite de l'expressionisme.
On est saisi par une déferlante d'images d'un redoutable impact, succession
d'éclats paroxystiques, de débordements à la forte charge érotique. Leur
pouvoir évocateur dérange, mais il mise juste. En fait, c'est la musique
elle-même qui est mise en scène, sa puissance émotionnelle, sa force primaire
et brutale, sa charge caustique. Ce qu'une exécution hors pair démontre à
l'envi. Un spectacle incandescent, dont on ne sort pas indemne - qu'on
pourra voir ausssi la saison prochaine à l'Opéra Bastille.
Jean-Pierre Robert
POUR LES PLUS JEUNES
La musique me fatigue, mais comme ça je veux bien… 2CDs Sony Classical + album
Folio « Luxe, calme & volupté » de Sempé. / Je n’aime pas
le jazz, mais ça j’aime bien ! 2CDs Columbia + album Folio
« Les musiciens » de Sempé.
Rien que des « tubes » ! Ces deux
publications devraient assurément faire un malheur… Ainsi, dans le premier
coffret, trouvons-nous quelques-unes des pièces les plus populaires de
Boccherini, Mozart, Satie, Rodrigo, Barber, Bach, Schubert, Grieg, Sibelius,
Pachelbel, Haendel… mais aussi des improvisations signées T. Thielemans,
S. Getz, M. Jackson, G. Mulligan, N. Hefti, I. Jacquet,
B. Webster… Quant au second coffret, il comporte de célèbres thèmes
interprétés par D. Ellington, D. Brubeck, G. Miller,
M. Davis, S. Rollins, S. Vaughan, C. Parker, C. Baker,
S. Grappelli, T Monk, L. Hampton… Le tout assorti de deux
albums du merveilleux Sempé !
Nocturna, la nuit magique. Une grande aventure au pays des rêves. Production :
Philippe Garell. Réalisation : Adrià Garcia & Victor
Maldonado. Musique : Nicolas Errèra. Avec les voix de Roger
Carel, Jean-Luc Reichmann, Hélène Bizot… France Télévisions Distribution (www.francetv.com) :
757 177. TT : 80’ + suppléments DVD. 17 €.
Sélectionné pour le 64e Festival du Film de
Venise, ce délicieux film d’animation nous conte les aventures nocturnes du
jeune Tim qui, du haut du toit de l’orphelinat qui l’accueille, a vu
disparaître Adhara, sa minuscule étoile. Avec l’aide du Berger des chats
et de sa fidèle ribambelle, il affrontera - pour la retrouver - terreurs
nocturnes et personnages plus ou moins bien intentionnés. La nuit, tout
n’est-il pas possible ? Les suppléments DVD comportent
notamment : « Les coulisses de l’animation » (3 modules
totalisant 22’), où nous est expliqué comment dessiner des personnages, réaliser
des bruitages, construire une bande-son, concevoir affiches & bandes-annonces…
L’association Enfance
et Musique est devenue en 25 ans un label de référence au niveau national,
en ce qui concerne l’éveil culturel et artistique du jeune enfant. Prenez
un combo jazzy, des classiques de la chanson enfantine, agrémentez tout cela
d’un mélange harmonieux de voix d’adultes et d’enfants, vous obtenez la recette
choisie par le groupe Triocéphale pour ce deuxième volume des Chansons d’enfance couleur jazz… Un
habile cocktail de swing et de chansons pour les petits à découvrir en
famille ! Ce CD est fourni avec un livret illustré où figurent les
paroles des chansons ! À noter que certaines chansons sont accompagnées de
versions instrumentales. Est aussi paru Poésique, avec des textes de Jeanne-Marie Pubellier et des musiques
originales d’Alain Paulo où vous rencontrerez de drôles de bêtes, un singe, des
poules, une licorne, des fées et même, au détour d’un buisson, quelques-uns de
nos plus grands poètes comme Paul Verlaine, Charles Baudelaire et Alfred de
Musset. Sur www.enfancemusique.asso.fr vous trouverez toutes leurs parutions de CDs ainsi que des spectacles jeunes
publics ! À découvrir sans attendre !
The Pilgrim’s Progress de Ralph Vaughan Williams (1872-1958)
au Sadler’s Wells Theatre,
Londres
À l’occasion du cinquantième
anniversaire de la mort du compositeur, professeur, hymnologue, écrivain et
chef d’orchestre anglais, Ralph Vaughan Williams - survenue le 26 août 1958 -
le théâtre Sadler’s Wells de Londres [notre
photo] donnait deux représentations de The
Pilgrim’s Progress (« Le Voyage du Pèlerin »), les 20 et 22 juin
derniers. Cette œuvre fondamentale a occupé l’esprit du musicien sa vie
durant. En effet, pour tout Anglais, l’allégorie populaire (1678) de John
Bunyan (1628-1688), rétameur de casseroles et prédicateur puritain éclairé,
constitue une référence essentielle non seulement pour sa dimension spirituelle
mais aussi en tant qu’expression littéraire de premier plan. L’aventure
de « Pèlerin » - « Chrétien » pour le
texte-source - nous captive par l’intelligence psychologique de son
déroulement. L’itinéraire périlleux conduit le lecteur de la City of Destruction jusqu’à la Celestial City, soit de la disharmonie à
l’harmonie, en passant par de nombreux et différenciés obstacles. Le rêve
de son auteur est magnifié, ici, par une musique dont l’inspiration se réfère
constamment à l’harmonieuse synthèse entre le folk song et l’hymn.
D’où une profonde valorisation de la mélodie, élément premier du langage
musical pour Vaughan Williams. Autrement dit, sa partition - qu’il
désigne comme A Morality - forme une
belle et magistrale anthologie de la mélodie à travers sa longue tradition en
Angleterre.
John Bunyan a rédigé son récit alors
qu’il était incarcéré dans la terrible prison de Bedford, ce pour avoir prêché
en tant que Dissenter après le retour
de Charles II Stuart (1630-1685) lors de la Restauration, en 1660.
Il y est resté, une première fois, douze années, entre 1660 et 1672 ;
puis, une deuxième fois, pour une période de six mois, en 1675. Il créera
sa journey à partir de ce moment-là.
Le 24 mai 1904, Ralph Vaughan
Williams, pris par sa collecte de folk
songs, découvre un tune (« mélodie ») dans le Sussex. Il l’adaptera à des paroles
issues de la seconde partie de The
Pilgrim’s Progress de Bunyan, éditée en 1684. Prononcées par Mr. Valiant-for-Truth, elles seront
à la base d’un hymn incorporé, en
1906, dans The English Hymnal.
Le compositeur mettra, de la sorte, en perspective une mélodie populaire et un
texte dont la teneur est également populaire. Il n’aura de cesse de
poursuivre sa tâche, très progressivement, jusqu’en 1949, année où le processus
compositionnel de sa propre version de The
Pilgrim’s Progress sera achevée. Il s’agit d’une adaptation du
texte-source dans laquelle Vaughan Williams a interpolé des passages de la
Bible et quelques vers de sa seconde épouse, Ursula. L’œuvre sera créée,
le 26 avril 1951, au Royal Opera House, Covent Garden.
J’ai eu le grand privilège et la joie
d’assister à la représentation du dimanche 22 juin donnée à la mémoire d’Ursula
Vaughan Williams (1911-2007). Le chef d’orchestre britannique Richard
Hickox était à la tête du Philharmonia
Orchestra et des Philharmonia Voices.
Ces derniers ont été préparés avec conviction par Aidan Oliver. Richard
Hickox a fait passer le message avec humilité et dignité. Le rôle
principal de « Pèlerin » était assuré par le jeune Roderick Williams,
également compositeur. Ce dernier avait déjà participé à l’enregistrement
dirigé par Hickox en 1997. Il y tenait plusieurs rôles contrastés :
le mauvais voisin Obstinate,
« Vigilant » et le premier berger des « Montagnes
Délectables » (Delectable Moutains).
Dimanche, son interprétation du héros - particulièrement juste vocalement,
mélodiquement et dramaturgiquement - a profondément touché le public, attentif
et ému. Je puis en dire autant de toute la distribution, homogène et
intelligente. Toutefois, je souhaite encore citer la basse Matthew Rose
qui a incarné, avec puissance et dignité, le rôle
d’« Évangéliste ». Pour ce qui concerne la mise en scène de
David Edwards, la crainte subsistait jusqu’au dernier moment tant les souvenirs
de la création, en 1951, avaient laissé des traces peu mémorables, eu égard à
une conception erronée de la réalisation scénique. Vaughan Williams était
alors particulièrement insatisfait du travail de Nevill Coghill. À
l’inverse, la production de dimanche était en tous points heureuse par sa
compréhension du sens. Elle n’est point tombée dans la caricature d’une
narration infantilisée. Tout au contraire, le plan symbolique prenait sa
réelle dimension. Ainsi, l’épisode au cours duquel le héros lutte avec le
monstre Apollyon a-t-il été traité avec sobriété (acte II, scène 2).
Et, l’odieuse Vanity Fair (acte III, scène 1), au demeurant si contemporaine, a été l’occasion
d’exprimer une critique dont l’esprit dépasse les notions de temps et d’espace.
Le langage musical de Vaughan
Williams est unique tant sa personnalité, sa capacité imaginative et sa culture
philosophique et religieuse étaient profondément équilibrées. Ses
principaux maîtres - Sir Charles Hubert Hastings Parry (1848-1918) et Sir
Charles Villiers Stanford (1852-1924) - représentants emblématiques de la
musique anglaise, l’ont aidé à forger son caractère spécifique. Ce
faisant, Vaughan Williams a su développer une pensée musicale indépendante des
écoles conventionnelles et officielles. Il a attribué à la collecte du chant
populaire une authenticité scientifique d’une grande qualité
hymnologique. Le tronc de son œuvre est constitué par The Pilgrim’s Progress alors que chacune
de ses autres partitions - instrumentale, vocale - en forment les
branches. L’unité de son discours est étonnante, non point tant par
l’utilisation tissée des différents motifs que par l’intelligence symbolique et
psychologique qui les unit. Sa recherche du « folklore » -
concept d’ailleurs « inventé », en 1846, par l’érudit anglais William
John Thoms (1803-1885) - est proche de celle d’un Janáček (1854-1928) ou
d’un Sibelius (1865-1957). Avec sa mise en musique du récit de Bunyan,
Vaughan Williams prolonge l’esprit des Passions de Bach.
L’exécution musicale de Richard
Hickox a fait sonner The Pilgrim’s
Progress avec intensité et « joie sérieuse », ce que, en
l’occurrence, le compositeur exigeait lorsqu’il se référait explicitement à tel
moment de la Messe en si de Johann
Sebastian Bach et au final de la 9e Symphonie de Beethoven. L’orchestre et le chœur ont, en tous points, rendu justice
à un type d’œuvre dont il est d’ailleurs assez difficile de trouver
l’équivalent. Par le terme de Morality qu’il a choisi, Vaughan Williams pensait aux représentations médiévales des
mystères. En cela, il puisait aux mêmes sources que Bunyan dont les
références revêtaient indéniablement un esprit issu du Moyen Âge. De
plus, le compositeur ne souhaitait pas que l’on prenne son adaptation pour un
« oratorio déguisé » mais bien pour une œuvre à représenter, à
l’instar de l’opéra.
L’accueil réservé à la représentation
du dimanche 22 juin était à la hauteur de cette dernière. J’espère,
sincèrement, qu’une suite sera donnée à cet événement commémoratif. The Pilgrim’s Progress de Vaughan
Williams mérite, sans conteste, de connaître la notoriété de l’allégorie de
Bunyan, aussi lue que la Bible ou Shakespeare, en tous les cas dans le monde
anglo-saxon.
James Lyon
Saison attractive à l’Opernhaus de Zürich
La saison
2008/2009 du très actif Opéra de Zürich
couvre un large spectre, comme de coutume. Si les raretés y
sont moins nombreuses cette année (La
Passion grecque de Martinů, dans
une régie de Nicolas Brieger, et La
Fedelta Premiata de Haydn, dirigée par Adam Fischer), les autres nouvelles productions témoignent du souci de
renouvellement constant du répertoire, avec
une prime au versant italien. Ainsi en est-il de Lucia di Lammermoor, Simon Boccanegra, Tosca (régie de Robert Carsen), Agrippina de Haendel (dirigée par Marc
Minkowki, mise en scène par David Pountney) et l'imperturbable « double bill », Cavalleriarusticana et I Pagliaci. Mais le répertoire
germanique n'est pas en reste puisque Fidelio (dirigé par Bernard Haitink)
côtoie Tristan und Isolde (régie de Claus Guth,
direction de Ingo Metzmacher, avec Nina
Stemme) et The Rake's Progress qui, confié au tandem Harnoncourt-Kusej, fait déjà figure d'événement.
Côté
reprises, on note encore une prépondérance de l'opéra italien, très prisé ici,
avec un fort bataillon de pièces de Verdi
(Rigoletto, Don Carlo – avec
Thomas Hampson en Posa – Aïda, dans la belle mise en scène de Nicolas Joel, Il Trovatore, La Traviata et
l'immanquable Nabucco). Puccini sera représenté par La Bohème, Manon Lescaut et Turandot ; Mozart par Le Nozze
di Figaro, DieZauberflöte et Cosi fan tutte (nouvelle production dirigée
par Franz Welser-Möst). Un événement que le
retour du Ring signé Bob Wilson, qu'on a pu voir à Paris, qui sera
dirigé par Philippe Jordan. Reviendront aussi à l'affiche le fort beau Semele de Haendel (William Christie – Robert Carsen – Cecilia Bartoli), Ariadne auf Naxos (régie de Claus Guth) et Carmen ; sans oublier Maria
Stuarda,L'Italiana in Algeri et Die Fledermaus.
Deux
chefs prestigieux feront leurs débuts
zurichois : Michael Tilson Thomas (Tosca) et Alan
Gilbert (Cav
& Pag, Turandot).
À noter que Marc Minkowski, décidément très demandé
à l'Opernhaus, y dirigera aussi une soirée de ballets sur des musiques de Bach,
dans des chorégraphies nouvelles du maître de céans, Heinz Spoerli.
L’an II de
l’ère Peter de Caluwe, son intendant, au théâtre
bruxellois de La Monnaie se distingue par un panel de spectacles choisis. Il s’ouvrira par une nouvelle production très attendue de Pelléas et Mélisande de Debussy, dans une régie de Pierre Audi et des décors du sculpteur Armich
Kapoor. Marc
Wiggelsworth dirigera une distribution de rêve qui réunira, entre autres,
Sandrine Piau, Stéphane Degout et Dietrich Henschel. Puis Marc Minkowski,
décidément omniprésent, viendra diriger La
Cenerentola de Rossini, une confrontation inattendue (mise en scène de Joan Font). Adam Fischer aura la
belle tâche de révéler le lyrisme puissant de Rusalka, le chef-d'œuvre opératique de Dvorák ; tout comme le régisseur iconoclaste Stephan Herheim dont
on espére une présentation pas trop envahissante. La magnifique production de Mort à Venise de
Britten, coproduite avec l’ENO de Londres (régie de Deborah Warner, décors de Tom Pye et lumières de Jean Kalman) verra de nouveau le jour, avec Ian Bostridge dans le
rôle délicat d'Aschenbach. Un spectacle d'une rare perfection scénique.Le GrandMacabre de
Ligeti, d’après le drame surréaliste de Michel de
Ghelderode, sera pour sa première présentation à La Monnaie, confié à Alex
Ollé. Une œuvre qui plonge dans
l'expressionisme. La saison s'achèvera par Les
Noces de Figaro dont la nouvelle production sera le fait de Christoph Loy.
Côté reprises, on donnera Lucia
di Lammermoor dans la mise en scène de Guy
Joosten, et surtout le dramma per musica La
Calisto de Cavalli, dans la régie désormais mythique de
Herbert Wernicke. Il sera de nouveau dirigé par René Jacobs à la tête de
son Concerto Vocale. Un spectacle, là encore, d'une grande perfection. Le grand chef, cette fois avec le Freiburger
Barockorchester, donnera, en version de concert, Idomeneo de
Mozart. De même
que William Christie et ses Arts Florissants joueront Les Indes Galantes de
Rameau, un répertoire dans lequel ils
excellent.
Le
programme s'enrichit aussi d'une création due au tandem de jeunes musiciens
Kris Defoort – Guy Cassiers, House of the
Sleeping Beauties, d'après le roman Les Belles Endormies de Yasunari Kawabata, Prix
Nobel de littérature, qui mêle chant, dialogues
parlés, mouvements et danse.
Renseignements
et location : La Monnaie - 4, rue Leopold, 1000 Bruxelles. Tél. : 00 32 70 23 39 39. www.lamonnaie.be
Chaque
saison, l’Ensemble orchestral de Paris propose aux jeunes des spectacles
d’éveil musical à vocation pédagogique. Il s’agit d’initier les enfants à
l’écoute de la musique classique, de les familiariser avec les familles
d’instruments et de développer leur sens critique.
La
Clef d’or
La
Belle au bois dormant
Aubert Lemeland
Théâtre 13
Mercredi 18
février 2009, 14h30
Jeudi 5
mars 2009, 10h et 14h30
À partir de
5 ans
La
Sorcière du placard aux balais
Marcel Landowski
Au Cirque
d’Hiver-Bouglione
Mercredi 18
mars 2009, 14h30
Jeudi 19
mars 2009, 10h et 14h30
À partir de
6 ans
Autour des spectacles musicaux
ACTIONS
PÉDAGOGIQUES
L’orchestre
organise une série d’actions pédagogiques autour des spectacles avec :
• des séances d’échange entre les enfants et les artistes à
l’issue des représentations. Pendant une vingtaine de minutes, les enfants
peuvent poser leurs questions aux artistes et exprimer librement leurs
commentaires sur le spectacle ;
• l’intervention des artistes dans les classes pour présenter
leur composition musicale, leur texte ou leur instrument et préparer les élèves
aux représentations (dans la limite des disponibilités).
MATÉRIEL
ET SUPPORTS PÉDAGOGIQUES
Des
dossiers pédagogiques sont réalisés pour chaque spectacle. Ils proposent aux
enseignants des pistes de réflexion pour préparer les élèves. Ces documents
sont disponibles sous format papier et téléchargeables sur l’espace jeune
public du site de l’Ensemble orchestral de Paris (www.jeunepublic-eop.com).
SUIVI
En
retour, les élèves sont invités à faire part de leurs réactions sous forme de
dessins ou de textes à envoyer au service des relations publiques de l’Ensemble
orchestral de Paris. Un questionnaire est transmis aux enseignants afin de
recueillir leurs commentaires et suggestions sur le spectacle et les actions
pédagogiques.
Horizontalement : I.Combattit pour les beaux yeux d’Elsa. II.Titre chez Weber, personnage chez
Britten. Morceau de Machaut. III.Associé à Pasiphaé. Caractères de Noureïev. IV.L’un des
premiers succès de Mozart à l’opéra. V.Souvent très développé chez les artistes. Quotidien fondé par
Gramsci. VI.Compositeur inspiré par l’Espagne et la Norvège. Sinistres
initiales. Dans les tutti. VII.Apprenti pas forcément sorcier. Fixe chez Valéry. VIII.Précède Dominus. Ceinture pour
Madame Butterfly. IX.Dans le yin et le yang. Sentiment
porté par le lamento. X.Le frère de Moïse pour commencer. Celles de jeunesse sont
pardonnables.
Verticalement : 1.Interprète de Kurt Weill (2 mots). 2.Tête du II horizontal. Vichnevskaïa pour Mstislav. 3.Du ternaire
joué en binaire (pluriel). 4.Déclarer à l’envers. Poète latin spécialiste du transformisme. 5.Gendre de Schoenberg. Matière à poissons chez Debussy. 6.Peint par
Moussorgski et Ravel. Possessif pour Purcell et Britten. 7.Note chatouilleuse. 8.Tranche
d’impôt. Moitié de Nigg. Maître de la Création. 9.Fait suite au V vertical dans le
genre opérette. Termine majeur ou mineur. 10.Artistes.
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Solution de la
grille n°3 (juin 2008) :
Horizontalement :
I. GEMINIANI. II. EMI. AS. III.ESTAMPES. IV. NUAGE. OUR. V. ARLESIENNE. VI. LS. GT. ON. VII. EPI. MOON. VIII. AQUARIUM. IX. PIU. LIED. X. ONE. DUETTO.
Le supplément Baccalauréat 2009. Comme chaque année, L’éducation musicale propose le supplément
indispensable aux professeurs d’Éducation musicale et aux élèves
de Terminale qui préparent l’épreuve de spécialité « série
L » ou l’épreuve facultative « Toutes séries générales
et technologiques du baccalauréat ».
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Notre numéro de septembre/octobre est à découvrir sans attendre ! Au sommaire de ce numéro, vous trouverez un dossier spécial consacré aux femmes compositrices avec notamment Lili Boulanger, Cathy Berberian, Isabelle Aboulker, Edith Canat de Chizy et bien d'autres...
Salon de la Musique et du Son
Toute l'équipe de L'éducation musicale vous propose de la retrouver au Salon de la Musique et du Son qui se tiendra, du 12 au 15 septembre 2008, à Paris Expo, Porte de Versailles. Le Salon de la Musique et du Son a pour ambition de rendre la musique accessible à tous et de donner envie au plus grand nombre de la pratiquer. Ainsi, le Parcours Jeunesse permettra de participer à des ateliers de pratique instrumentale, d'assister à la fabrication et la réparation d'instruments, de découvrir l'informatique musicale... Les Orchestres à l'école donneront deux concerts par jour pour inciter les jeunes à "adopter" un instrument.
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