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septembre-octobre 2008
n° 555-556
mai-juin 2008

mai-juin 2008
n° 553-554



BACCALAUREAT 2009
Supplément au n° 555-556



 


Sommaire :

1. L'éditorial de Francis Cousté : "Les horizons funèbres"
2. Informations générales
3. Varia
4. Manifestations et Concerts
5. L'édition musicale
6. Bibliographie
7. CDs et DVDs
8. Europa
9. EOP : Spectacles musicaux pour les jeunes
10. Mots croisés : la grille d'Hélène Jarry
11. La vie de L’éducation musicale


Les horizons funèbres

 

Cassandre n’a pas d’ambition personnelle

 

Vous avez dit « musique » ?  Incroyable dérive de sens d’un mot qui ne désigne plus aujourd’hui que ce qui se vend sous ce nom…  Honteuse trivialisation d’un art majeur, favorisée par tout un peuple de mercantis assisté d’analphabètes prétendument spécialistes…  Quand l’art vise à se confondre avec le monde ne devient-il pas superflu ?

 

Où l’on voit des programmes scolaires aborder d’emblée le transgressif – partagés entre excès et défaut d’ambition.  Tant humiliants seraient, nous dit-on, les chefs-d’œuvre, mais lucide notre belle jeunesse !

 

Où l’on voit tel Inspecteur pédagogique régional ridiculement ferrailler, dans la presse nationale, contre de flageolantes flûtes à bec.  Cependant que toute une profession semble atteinte de poltronite aiguë – même si, en privé, les langues se délient…

 

Certes, de nombreuses voix s’élèvent pour exiger un salutaire coup de balai.  Mais ne serait-ce pas là échange de transats sur le pont du Titanic ?

 

Formons plutôt des vœux pour qu’un miracle se produise, et qu’enfin reprennent leurs esprits nos joyeux prescripteurs !

 

Francis B. Cousté


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BOEN n°31 du 31 juillet 2008, p.1565.  Éducation artistique et culturelle. Une épreuve obligatoire sera créée au diplôme national du brevet, à compter de la session 2010, visant à sanctionner les connaissances et les compétences acquises dans le domaine de l’histoire des arts.

 

Le Bulletin officiel de l’Éducation nationale est librement consultable sur :

www.education.gouv.fr/pid285/le-bulletin-officiel.html

 

L’APEMu, Association des professeurs d’Éducation musicale, tiendra son congrès biennal, du samedi 25 au lundi 27 octobre 2008, à Nancy [notre photo].  Thème du congrès : Place de l’Éducation musicale dans le développement sensoriel et cognitif.  Les trois conférences prévues [« Apprendre » / « La construction de compétences » / « Musique et handicap mental »] seront suivies d’ateliers.  Renseignements : http://apemu.free.fr

 

Alexandre Loukachenko, Président de la République de Biélorussie [ci-dessous auprès de son ami Mahmoud Ahmadinejad], a annoncé, le 11 juin dernier : « À compter de la rentrée 2008, la durée de la scolarité obligatoire sera ramenée de douze à onze ans ».  L’économie ainsi réalisée sera de quelque 90 milliards d’euros.  Musique & arts plastiques ne seront plus enseignés qu’à l’école primaire.

 

Conseil d’administration de la Sacem (exercice 2008-2009).  Président : Laurent Petitgirard.  Vice-présidents : Jean-Claude Petit, Arlette Tabart, Halit Uman.  Trésorier : Christian Gaubert.  Trésorier adjoint : Alain Goraguer.  Secrétaire général : Sylvain Lebel.  Secrétaire général adjoint : Jean-Marie Moreau.  Administrateurs : Guy Boyer, Alain Chamfort, Jean Fauque, Nicolas Galibert, Rémy Grumbach, François Leduc.

 

L’Observatoire des politiques culturelles (OPC) a demandé à Pascale Chaumet de conduire une étude sur « La politique de soutien des régions en faveur du spectacle vivant ».  L’objectif de ce repérage consiste à dresser un état des lieux et une typologie des divers modes d’intervention afin d’identifier des similitudes ou des spécificités régionales.  Renseignements : 04 76 44 33 26. www.observatoire-culture.net

 

Notre éminente collaboratrice, la musicologue Édith Weber recevait, le 23 mai 2008, en l’hôtel de la Fédération protestante de France (47, rue de Clichy, Paris XVIIIe), les insignes de Chevalier de la Légion d’honneur.  En présence, notamment, de Frédéric Billiet, directeur de l’Institut de musicologie, de Jean-Robert Pitte, président à Paris IV-Sorbonne, et du pasteur Werner Burki, aumônier du Groupe protestant des artistes [de gauche à droite sur notre photo.  © Gérard Boniface].

 

Sur Canal Académie… « Olivier Messiaen pédagogue » par le critique musical Claude Samuel : www.canalacademie.com/article3145.html

 

Autre conférence remarquable… « Comment notre cerveau reconnaît-il les mélodies ? », par le psychoacousticien Stephen McAdams [notre photo] : www.canalacademie.com/article3108.html

Stephen McAdams, psychoacousticien

 

Les 3es Journées de la profession se tiendront, au CNSMD de Paris, les 11 et 12 septembre 2008.  Dialogue avec des professionnels de tous les métiers de la musique.  Invité d’honneur : Pierre Boulez [notre photo].  Ateliers : Statut du musicien / Construire un projet artistique & culturel / Construire un projet d’édition / Réussir une audition d’orchestre / Quelles disciplines pour les métiers théoriques ? / Filières de l’enseignement / Assurer sa promotion dans le cadre des nouveaux médias.  Renseignements : journeesdelaprofession@cnsmdp.fr

 

Pour les plus jeunes.  Découverte des mille et un métiers de la musique sur : www.promusicfrance.com

 

Plateforme de téléchargement de musique classique : www.musiclassics.fr Enregistrements commentés par : Alain Cochard, Jean-Charles Hoffelé, Frédéric Lodéon et Jean-Marie Piel.

Musiclassics

 

La Tribune internationale des compositeurs vient d’attribuer, le 14 juin 2008 à Dublin, le prix de la catégorie « Œuvre la plus marquante de l’année » à L’Heure bleue de la japonaise Misato Mochizuki (°1969) [notre photo], et celui de la catégorie « Compositeurs de moins de 30 ans » au français Florent Motsch (°1980) pour Mémoire du vent.  Ces deux œuvres dans l’interprétation, en création mondiale, de l’Orchestre philharmonique de Radio France…  La prochaine édition de la TIC sera accueillie par Radio France, à Paris, du 8 au 12 juin 2009.  Renseignements : http://www.mca.org.au/mwn_bulletin_f.php

spgm/gal/Misato Mochizuki/090.jpg

 

Au Conservatoire national supérieur musique & danse de Lyon [notre photo] est programmé, du 18 novembre au 5 décembre 2008 : Olivier Messiaen/Jean-Louis Florentz, partage d’exotismeRenseignements : 04 72 19 26 61.  www.cnsmd-lyon.fr

 

Un Concours international de basson se déroulera à Paris/Ville-d’Avray, les 14 et 15 mars 2009.  Œuvres de J. Bodin de Boismortier, M. Glinka, R. Boutry, R.-J. Parisot, H. Dutilleux et J.-L. Petit.  Partitions disponibles aux éditions Armiane (Tél. : 01 39 49 00 19.  armiane@online.fr).  Renseignements : 08 77 11 14 57.  jlpetit@jeanlouispetit.com

 

7th International Congress of Voice Teachers.  Sous le haut marrainage de Natalie Dessay, ce Congrès tiendra ses assises à Paris, Théâtre des Folies-Bergère, du 15 au 19 juillet 2009.  Thème : Le chant passé et présent : innovation et tradition (Questions pédagogiques / Questions scientifiques / Autour du répertoire vocal français / Autour du répertoire vocal international / L’enseignement du chant dans le monde).  Renseignements : ICVT 2009, Emmanuelle Viau.  Tél. : 01 53 85 82 72. www.icvt2009.com

 

International Songwriting Competition.  Date limite des envois : 15 octobre 2008.  Renseignements : 1307 Eastland Avenue, Nashville, TN 37206.  www.songwritingcompetition.com

 

Europa Cantat.  À ce méga-festival qui se déroulera à Utrecht (Pays-Bas) du 17 au 26 juillet 2009, peuvent participer chœurs ou chanteurs individuels.  Date limite d’inscription : 1er novembre 2008.  Renseignements : www.ecu2009.nl

 

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Verbatim : « Ne montrez pas le revers de l’exergue à ceux qui n’ont pas vu la médaille. » (Joseph Joubert)

 

Stravinsky : The Rite of Spring : www.keepingscore.org/flash/stravinsky/index.html Audition, film, lecture de la partition, historique, un prodigieux outil d’analyse.  Direction d’orchestre : Michael Tilson Thomas [notre photo].

 

Semper vivat ! « The Avant Garde Project » (www.avantgardeproject.org) nous offre, en téléchargement gratuit, plus d’une centaine d’enregistrements de musique contemporaine inédits.  Pièces de Stockhausen, John Cale, Takemitsu [notre photo], Parmegiani...

 

1 000 trillions d’opérations/seconde, telle est la vitesse atteinte par le nouveau Roadrunner d’IBM, calculateur à ce jour le plus rapide au monde.  Il utiliserait les mêmes microprocesseurs que la PlayStation 3 de Sony.

 

Le pianiste Lang Lang lance, chez Adidas, un modèle de chaussures à son logo :

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De quelques sigles & acronymes usités dans l’industrie du disque : AEG (Allgemeine Elektrizitäts-Gesellschaft), AOL (America Online), ARC (American Record Corporation), BMG (Bertelsmann Music Group), CBS (Columbia Broadcasting System), ECM (Edition of Contemporary Music), EMI (Electric Musical Industries), IFPI (International Federation of the Phonographic Industry), MCA (Music Corporation of America), MGM (Metro-Goldwin-Mayer Inc.), RCA (Radio Corporation of America), SNEP (Syndicat national de l’industrie phonographique), WEA (Warner-Elektra-Atlantic).

 

Respect du patrimoine : Les Locriens étaient si attachés à leurs vieilles lois qu’à en croire Démosthène, le citoyen qui voulait proposer une disposition nouvelle se présentait à l’assemblée la corde au cou.  Si sa proposition passait, il avait la vie sauve ; si elle était rejetée, on l’étranglait sur l’heure.

 

 

Verbatim : « Le professeur doit se situer à l’arrière-garde de l’avant-garde » (Roland Barthes).

 

Les Éditions du Centre de musique baroque de Versailles poursuivent leur noble croisade patrimoniale.  Récentes publications : Henry Du Mont : Motets à II, III & IV parties (1681), Marc-Antoine Charpentier : Motets pour chœur, vol. 8.  François Colin de Blamont : 3 volumes de Motets.  Nicolas Bernier : Cum Invocarem.  Michel Pignolet de Montéclair : Motets manuscrits.  François Dieupart : Concerto a due coriRenseignements : Hôtel des Menus Plaisirs – 22, avenue de Paris, 78000 Versailles.  Tél. : 01 39 20 78 18.  http://editions.cmbv.fr

 

La 22e édition de la revue « Piano » vient de paraître.  Renseignements : 01 56 77 04 00.  www.la-lettre-du-musicien.com

 

« Divers Cité du Jazz », ville numérique du patrimoine Jazz, est assurément un concept original !  À visiter sur : www.diverscitedujazz.fr

 

Verbatim : « L’art trouve en l’éducation & en ses diverses institutions son double traditionnellement détesté. » (Rainer Ganahl, néodadaïste)

  

 

Gender studies... Call for piano music by lesbian composersRenseignements : Jamie Crofts.  www.soundkiosk.com

 

Hallelujah ! The International Music Score Library Project (IMSLP) has reopened : http://imslp.org/wiki/main_page

 

Verbatim : « Dans le monde actuel, la musique s’est imposée un peu partout, à tout moment de la vie courante, dans les restaurants, les avions.  Nous vivons dans une grande cacophonie.  Or cette omniprésence de la musique constitue le plus violent obstacle à son intégration véritable dans notre société.  Entendre Brahms en concert ou dans un ascenseur, est-ce la même chose ? Bien sûr que non !  La musique requiert le silence et une concentration totale de la part de l’auditeur.  Elle n’a rien à voir avec la consommation passive que nous proposent la muzak et le marketing.  Employer Mozart dans une publicité n’est pas une solution à la crise de la musique classique.  L’accessibilité ne passe pas par le populisme, mais par un intérêt et une connaissance accrue, cultivée dès l’enfance.  L’erreur la plus répandue de nos jours est de croire que l’art est une simple affaire de sensibilité.  Mais, sans éducation, on écoute la musique, les sons, sans pouvoir les analyser.  Incomprise, la musique ne peut atteindre l’âme » (Daniel Barenboim, in L’Express du 7 août 2008).

 

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La 5e édition des « Journées romantiques » se déroulera, du 9 au 17 septembre 2008, sur la péniche Planète Anako, amarrée face au 73, quai de la Seine, Paris XIXe.  Invité d’honneur : le baryton François Le Roux [notre photo].  Renseignements : 01 48 97 35 78.  www.journees-romantiques.org

 

À l’Institut du monde arabe (IMA), une exposition-spectacle est consacrée, jusqu’au 2 novembre 2008, à Oum Kalsoum.  Quatre stations : l’Égyptienne, le Talent, l’Engagement, l’Héritage.  Renseignements : www.imarabe.org

oeuvre contemporaine de Jiri Votruba sur Oum Kalsoum

 

Septembre en musique à l’Auditorium du Louvre.  Mercredi 17, à 20h : Sextuor de l’Orchestre philharmonique de Berlin (Sextuors op.18 et 36 de Brahms, sextuor extrait de Capriccio de R. Strauss).  Jeudi 18, à 12h30 : Hahn-Bin, violon, et John Blacklow, piano (Sonate K. 454 de Mozart, Sonate en sol majeur de Ravel, Subito de Lutoslawski, Tzigane de Ravel).  Jeudi 25, à 12h30 : Quatuor Doric (Quatuor Hob.III.67 de Haydn, Quatuor op.51 n°1 de Brahms).  Dans l’attente du cycle « Le Louvre invite Pierre Boulez » (6 novembre-2 décembre 2008).  Renseignements : 01 40 20 55 55. www.louvre.fr ou auditorium@louvre.fr

 

« Musica », Festival international des musiques d’aujourd’hui, programme à Strasbourg, du 20 septembre au 4 octobre 2008, un hommage à Karlheinz Stockhausen [notre photo].  Renseignements : www.festival-musica.org

 

Ramesh Meena [notre photo], chanteur khayâl et joueur d’harmonium de l’Inde du Nord, se produira, le vendredi 26 septembre, en l’auditorium du Musée Guimet [notre photo].  Il sera accompagné par Koshal Kumar Panwar (tabla) et Megha Jagawat (tampura).  Le chanteur improvise des mélodies sur les syllabes de base de son chant ou sur le nom des notes (svara) de la gamme (sa, re, ga, ma, pa, dha, ni, sa).  Renseignements : 6, place d’Iéna, Paris XVIe.  Tél. : 01 40 73 88 18.  www.guimet.fr

          

 

La 4e édition des « Automnales du château de Compiègne » [notre photo] propose des concerts de musique de chambre, les 27 septembre, 18 octobre, 15 novembre et 6 décembre 2008.  Invitée d’honneur : Dame Felicity Lott.  Renseignements : place du Général-de-Gaulle, 60200 Compiègne.  Tél. : 03 44 38 47 00.  www.musee-chateau-compiegne.fr

 

« Les vacances de Monsieur Haydn », festival de musique de chambre, se déroulera les 12, 13 et 14 septembre, à La Roche-Posay (Vienne) : 8 concerts in, 100 concerts offRenseignements : 05 49 19 13 00.  www.lesvacancesdemonsieurhaydn.com

 

Le Festi’Val de Marne se déroulera du 2 au 19 octobre 2008.  Au cours de cette 22e édition sont proposés : « Les premiers pas », interprétation de 3 morceaux par de jeunes artistes (avant la première partie de chaque concert) / « 30 ans déjà », hommages à Jacques Brel et au mouvement punk / « Les refrains des gamins », programmation Jeune public / « Journée des initiatives musicales indépendantes ».  Renseignements : 01 45 15 07 07.  www.festivaldemarne.org

 

Saison 2008-2009 à Radio France : Concerts de l’Orchestre national de France, de l’Orchestre philharmonique, du Chœur et de la Maîtrise de Radio France.  Renseignements : 01 56 40 15 16.  www.concerts.radiofrance.fr

Image:Maison de la Radio Paris.jpg

 

Musique à « L’Archipel » : Pianos / Jazz & musiques improvisées / Musique du monde / Chanson & pop / Musique & cinéma.  Renseignements : 17, bd de Strasbourg, Paris Xe.  Tél. : 01 48 00 04 20.  www.larchipel.net

 

Association « Femmes et Musique ». Concert de rentrée le 10 octobre 2008, à 20h, salle Rossini (Paris IXe).  Invitée d’honneur : Édith Lejet [notre photo].  Au programme : Mélodies de Simone Féjard, Eaux-fortes d’Édith Lejet, Passacaille de Florentine Mulsant, Thème, variation et allegro fugato de Suzanne Joly, Sept miniatures de Peï-Ju Dordain.  Renseignements : 01 47 63 48 80. germainafem@aol.com

 

Le cycle « Les grandes voix » se déroulera en 2008-2009, à Paris, au Théâtre des Champs-Élysées (15, avenue Montaigne, VIIIe) ou à la Salle Pleyel (252, fg Saint-Honoré, VIIIe).  Renseignements : www.lesgrandesvoix.fr

 

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PIANO

Nikolaï MIASKOVSKY : Sonate n°1, op. 6 pour piano.  Les Éditions du Chant du Monde (31/33, rue Vandrezanne, 75013 Paris. cdm@chantdumonde.com) : PN 4496.  50 p.  22,50 €.

Spécialisées dans le répertoire russe, les Éditions du Chant du Monde viennent de publier la Sonate n°1, op. 6 pour piano de Nikolaï Miaskovsky (1881-1950).  Composée entre 1907 et 1910, elle comprend 4 mouvements : Moderato assai ed espressivo, Allegro affanato (s’enchaînant au premier mouvement), Largo espressivo (avec un thème particulièrement chantant), Non allegro (avec des triolets pesants et des accords plaqués très marqués).  D’un mouvement à l’autre, la difficulté de lecture se corse. Les indications dynamiques sont très précises. Cette sonate exige de l’interprète, tour à tour, expressivité, ferveur, passion, agitation.  Le compositeur spécule sur les brusques contrastes de nuances et de tempi.  À mettre entre les larges mains de pianistes chevronnés ayant le sens du rythme, une technique à toute épreuve (jeu perlé, traits en doubles croches, octaves parallèles).

 

Bruno SCHWEYER : Tourbillons, pour piano à deux & quatre mains.  Les Éditions du Chant du Monde : AJ 4522.  39 p.  27,50 €.

Bruno Schweyer (musique) & Cécile Dalnoky (illustrations) ont signé un recueil Tourbillons de musique absolument désopilant, avec une excellente visée pédagogique.  Les titres sont éloquents : Le hoquet du chat… et toux et tousse ; Les étoiles sont les yeux de la nuit ; Yeux de poupée à quatre yeux ; La danse de Gorssapoulet sans armure à quatre paluches ; Le vélo qui grince à quatre pinces… : autant de pages qui raviront les pianistes en herbe, soutenus par un interprète faisant preuve d’une certaine technique.  Sens du rythme : indispensable.  À regarder avec délice et à jouer sans modération.

Édith Weber

 

PIANO

Catherine VICKERS : Die Hörende Hand (« La main qui écoute »).  Volumes 1, 2, 3.  Schott (www.schott-music.com) : ED 20174 + ED 20184 + ED 20435.

En se fondant sur l’harmonie de Messiaen, le 1er volume de cet ensemble d’exercices pour le piano contemporain propose gammes, intervalles et complexes de sons.  Le 2e volume présente des exercices plus avancés, axés sur la dynamique, les forces de frappe et les effets spéciaux.  Le 3e volume est consacré à des études rythmiques et à l’assimilation des exemples choisis dans un répertoire fort diversifié.  Un corpus sans précédent.  Textes en allemand, anglais, français.

SCHOTT DIE HÖRENDE HAND BAND 1

 

PARTITION D’ORCHESTRE

Edward ELGAR (1857-1934) : Pomp and Circumstance.  Military Marches nos 1-5 for orchestra.  Préface en anglais, allemand, français.  Eulenburg : 8078. 

« Pride, pomp and circumstance of glorious war ! », telles sont les paroles de l’Othello de Shakespeare qui inspirèrent à Elgar ses cinq « Military Marches » op. 39, son œuvre sans doute la plus universellement connue.  La première d’entre elles ne fut-elle pas notamment exécutée lors de la cérémonie du couronnement d’Edouard VII ? Assortie (à la demande du futur monarque) d’un texte complémentaire : « Land of Hope and Glory ! »…  Et ne clôt-elle pas, chaque année, l’ultime nuit des Proms ?...  En moyen format (19 x 26,5 cm), magnifique réalisation éditoriale des éditions Eulenburg.

Francis Cousté

 

FORMATION MUSICALE

Bernard FORT, Philippe GONIN & Patrick KERSALE : Les oiseaux et la musique.  Thèm’Axe 1.  Livre + 2 CDs : 1040.  DVD complémentaire : 7350.  Éditions musicales Lugdivine (B.P. 9025 Lyon Cedex 09 www.lugdivine.com).

C’est la première fois que nous rendons compte de parutions de cette jeune maison d’édition et de diffusion d’ouvrages de pédagogie musicale.  On ne peut qu’inciter à visiter à leur site.  L’ouvrage présenté se compose d’un livre de quatre-vingt-dix pages fournissant les explications de contenu et de mise en œuvre des deux CDs et du DVD qui l’accompagnent.  Le volume comporte une introduction sur les oiseaux, des commentaires d’œuvres de musiques « savantes » : de Jannequin à Messiaen et Bernard Fort, une présentation de pièces de musique traditionnelles, des suggestions de mise en pratique.  Les CDs comportent l’intégralité des exemples musicaux, des versions destinées à la pratique instrumentale ou vocale ainsi que des play-back ; ils comportent une partie CDRom, sous forme de fichiers PDF, ainsi que des fichiers Midi.  Il est difficile de décrire la richesse d’une telle production.  Elle s’inscrit dans l’optique qui consiste à donner au professeur le maximum d’outils de qualité pour enrichir son cours. Bien loin de se substituer à lui ou de prétendre lui donner un cours « clés en main », cette collection requiert, au contraire, un savoir-faire pédagogique sans lequel aucun véritable enseignement n’est possible.  Un DVD portant le même nom, réalisé par Patrick Kersalé, est également disponible sous le n°7350.  Qu’il s’agisse de l’oiseau dans la musique savante ou des instruments sonores aviformes et de la composition à partir des oiseaux, tout est passé en revue.  L’ensemble des séquences représente une heure quarante-cinq de vidéos du plus grand intérêt. Il est indispensable de découvrir cette remarquable collection dont nous aurons l’occasion de reparler.

 

Olivier NOCLIN & Serge FOLIE : Lugdirythme 2. Livre + CD. Lugdivine : 1051.

Voici pour la fin du primaire et le collège ou pour les écoles de musique un outil de formation musicale tout à fait intéressant.  Basé sur l’apprentissage rythmique et la polyrythmie, il aboutit, par la pratique de rythmes simples notés de façon traditionnelle et leur superposition, à des compositions musicales élaborées débouchant également sur la pratique vocale mélodique.  Conçu comme un instrument au service de l’enseignant, il permet des mises en œuvre aussi nombreuses que variées. Mais attention, il ne s’agit pas de faire n’importe quoi ! Les auteurs insistent sur deux critères essentiels : rigueur & précision dans l’exécution, choix d’outils sonores appropriés. D’où des conseils extrêmement précis concernant la mise en œuvre et le choix des instruments, tout en laissant le champ libre à l’utilisation des « moyens du bord » à laquelle sont souvent confrontés les pédagogues !

 

Claude L’ÉPINGLE : OdiJazz. Audition active avec percussions. 1 vol. +1 CD.  Fuzeau : 9749.

Ce cahier, destiné en premier lieu au collège, mais qui pourra être également utilisé dans les classes de formation musicale, aborde le répertoire du jazz classique avec trois œuvres respectivement de Claude Luter, Django Reinhardt et Count Basie.  Chacune de ces trois œuvres est exploitée rythmiquement dans ses diverses composantes. Il s’agit donc d’une écoute « active » avec participation par l’exécution de sections rythmiques.  Cet ouvrage est à la portée des pédagogues non spécialisés en musique : il comporte toutes les explications nécessaires et utilise les codages traditionnels mais de façon très simple.  Le CD est très détaillé et contient tout ce qui est nécessaire à la mise en pratique, en commençant, bien entendu, par la version originale de chacune des œuvres.  Les partitions de la troisième partie du cahier sont disponibles en PDF imprimables sur le CD « Extra ». Grâce à ce volume, une classe tout entière divisée en « pupitres » peut ainsi s’initier aux joies – et aux servitudes – de la musique d’ensemble.

 

François MORGENTHALER : La musique a la couleur de l’eau. Vol. 1 et 2. Fuzeau : 7716, 7717.

Chaque volume contient sept « textes-partitions » qui sont avant tout des guides pour la création. Voici quelques exemples tirés de ces fascicules : Pluie fine pour lames métalliques (type « métallophones »), Splash ! pour voix mixtes, Vagues à la surface de la mer pour bâtons de pluie, boîtes en carton, cymbale, gongs plats…  Ces textes-partitions ont été expérimentés de la grande section de Maternelle au CM2. Ils sont un bon complément à l’éveil musical.

 

PIANO

Dominique LE GUERN & Bruno GARLEJ : Bach au XXIe siècle. « Jean-Sébastien et ses fils ».  Carnet de voyage pianistique pour les petits et les grands.  Textes originaux annotés par les auteurs.  1 vol. + 1 CD.  Hit-Diffusion.

Nous retrouvons dans ce volume les mêmes qualités que dans un précédent volume de la même collection consacré à Chopin.  Une introduction historique passionnante, des « mises en perspective » des vingt-huit œuvres présentées, un CD pour écouter, s’inspirer, interpréter… On peut être surpris par le caractère distant du CD. Mais à la réflexion, il donne au contraire à l’élève une grande liberté qui lui permet de s’approprier chacune de ces œuvres qui vont du très facile à des pièces qui demandent déjà une sérieuse maîtrise de l’instrument.  Des petites pièces copiées par Jean-Sébastien pour Anna Magdalena aux Inventions et au Concerto BWV 972, en passant par des pièces des fils, voici de quoi découvrir la « galaxie » Bach ! On ne peut donc que recommander chaudement ce recueil.

 

Stéphane BLET : Cadences pour les Concertos pour piano K 466 et 467 de Mozart. Combre : C06563.

Que dire, sinon qu’on peut faire confiance à Stéphane Blet pour le goût très sûr qui a présidé à la composition de ces cadences, notamment celles du Concerto en mineur.  Il y a, bien sûr, pour chaque concerto, les cadences des premier et troisième mouvements.  Espérons qu’elles seront adoptées par de nombreux solistes…

Stéphane Blet, Wolfgang Amadeus Mozart - Cadences pour les Concertos pour Piano KV466 et KV 467 de Mozart - Cover

 

HARPE CELTIQUE

Carmen EHINGER : Chansons et danses traditionnelles de Bretagne, d’Angleterre et d’Écosse pour harpe celtique.  Billaudot : G7704B.

De degré facile, ces pièces fort agréablement arrangées conviennent parfaitement à l’instrument.  Ce sera l’occasion pour le jeune harpiste de découvrir ces mélodies traditionnelles qui font partie du patrimoine.

 

HARMONICA

Sébastien CHARLIER : Découvrir et apprendre l’harmonica.  « Méthode en poche », n°51.  Hit-Diffusion.

Dans notre chronique de février dernier, nous avons rendu compte de la méthode complète réalisée par le même auteur.  Cette méthode de poche n’est pas une version au rabais mais une approche tout aussi sérieuse de l’instrument.  Elle va évidemment moins loin mais comporte à la fois la facture de l’instrument, les notions de solfège indispensable, la tablature, la respiration, le rythme, la technique des altérations (n’oublions pas que nous sommes sur un instrument diatonique), et des morceaux. Bien sûr, il y manque le CD… mais c’est une incitation à acheter la méthode complète !

 

PERCUSSIONS

Julien PONDÉ : Percus Sons pour percussions & piano.  Pierre Lafitan : P.L.1444.

Ces trois courtes pièces sont écrites pour différentes percussions : la première pour trois timbales, la deuxième pour xylophone et la troisième pour caisse claire, cymbales, tom basse et temple blocks.  Tim timbales utilise les timbales comme un véritable instrument mélodique dans un chant plein de mélancolie.  Xylo taf est une sorte de ballade, tandis que Tricot tik justifie bien son nom dans un allegro entraînant et joyeux.

 

Frédéric MACAREZ : I.T.C.1 & I.T.C.2 pour 4 timbales. Billaudot : G7689B.

De moyenne difficulté pour la première à difficile pour la seconde, ces deux pièces pour quatre timbales exploitent les diverses possibilités de l’instrument.  Elles comportent toutes les indications nécessaires pour l’exécution. Mais elles sont aussi fort intéressantes par leur qualité musicale : la réputation d’instrumentiste, de compositeur et de pédagogue de leur auteur n’est plus à faire !

 

MUSIQUE DE CHAMBRE

Bertold BREIG : Irish, 9 arrangements pour divers instruments.  Conducteur & matériel en do et sib.  « Combocom », Bärenreiter : BA 7670.

Ces arrangements de traditionnels irlandais ont été écrits pour piano & un à trois instruments mélodiques dont une basse (violoncelle, par exemple).  La partie de piano peut d’ailleurs être adaptée à d’autres instruments polyphoniques. Ces arrangements très bien écrits feront la joie des ensembles souvent hétéroclites de nos écoles de musique ou tout simplement de musiciens ayant envie de se faire plaisir.  À chacun ensuite d’adapter le matériel fourni aux situations particulières. Bien sûr, on peut « doubler » les différents pupitres et exécuter ces arrangements avec de petits orchestres.

 

George A. SPECKERT : Tango pour cordes. Conducteur & matériel. Bärenreiter : BA 9415.

Précisons tout de suite que le titre est employé au sens générique et que le recueil comporte en fait six tangos.  Bien qu’écrites pour quatuor ou orchestre à cordes, l’auteur souligne que d’autres instruments, comme l’accordéon, sont les bienvenus. Mais telles quelles, ou dans une instrumentation enrichie, elles fourniront aux jeunes de quoi découvrir agréablement un genre musical bien vivant.

 

Graciane FINZI : Impression Tango pour violon ou alto ou violoncelle & piano ou accordéon.  Billaudot : G7611B.

Classée « degré difficile », cette pièce n’est évidemment pas, contrairement à l’œuvre précédente, un tango traditionnel.  C’en est une évocation tout à fait réussie qui trouvera facilement sa place dans un concert.

Graciane Finzi - Impression Tango - Couverture

 

CHŒURS D’ENFANTS

Betsy JOLAS : Chanter ensemble pour chœur d’enfants à 2 ou trois voix.  Combre : C06586.

Que voilà de bien charmants arrangements sur des chansons populaires ! Mais laissons la parole à Betsy Jolas : « C’était il y a bien longtemps… près de cinquante ans déjà !  Je dirigeais alors, à Saint-Denis, une sympathique mais bien turbulente chorale d’enfants des écoles.  C’est à leur intention que j’ai réalisé ces arrangements. Pour leur donner le goût de chanter ensemble et donc d’apprendre à faire attention et, bien sûr, à s’écouter.  D’où ces parties intérieures soigneusement dessinées auxquelles, en répétition, chaque enfant pourra s’intéresser, même et surtout, lorsque sa propre partie ne chante pas ! »  Que dire de plus sinon que ces huit chants font en plus partie d’une culture musicale dont on souhaiterait qu’elle ne se perde pas…

 

OPERA

Adolphe ADAM : Le Toréador ou l’Accord parfait.  Opéra bouffon en deux actes.  Partition chant & piano. Bärenreiter : BA8701a.

Publiée d’après le Urtext de l’édition « L’opéra français » par Karl-Heinz Müller, cette partition chant & piano contient l’intégralité du livret en édition bilingue.  On retrouvera avec plaisir cette partition allègre et pétillante d’un auteur tout à fait intéressant, aujourd’hui bien oublié, sauf en ce qui concerne son ballet Giselle et son célèbre Noël.  On ne peut que remercier les éditions Bärenreiter de nous restituer ainsi les richesses de notre propre patrimoine. La préface de Paul Prévost resitue l’œuvre dans son époque où elle connut un large succès puisque, créée en 1849, la pièce fut donnée sans interruption jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale.

Daniel Blackstone

 

 



 

Découvrez la splendide revue Prétentaine : (cliquer sur l'image pour voir le sommaire)

 

 

Christian GOUBAULT : Richard Strauss.  « Horizons », Bleu nuit éditeur.  176 p., 20 €.

De Christian Goubault, maître ès humanités dont les travaux (presse musicale, aube du XXe siècle, Debussy, Ravel, etc.) font autorité depuis longtemps, il était plaisant de guetter l’apport à la musicologie straussienne.  À quoi tient cette nouvelle réussite, totale, sinon à l’heureuse conjonction, chez lui, de trois qualités qui constituent en quelque sorte sa « marque de fabrique » : exigence analytique, culture encyclopédique, subtilité d’écriture ? Pas un chapitre de cet ouvrage qui, mêlant les données biographiques aux réflexions esthétiques, ne donne au lecteur le sentiment de se familiariser avec le compositeur le plus complexe de son siècle.  Passant de « la pointe de la modernité » à « la bulle sécuritaire », pour user de l’étonnante métaphore proposée par son exégète, Strauss effectue, de la création d’Elektra (1909) à celle du Chevalier à la rose (1911), un bond de comète dont on serait bien en peine de trouver l’équivalent au XXe siècle.  Source, à son endroit, de ce déplorable sentiment de suspicion dont toutes les conséquences ne sont pas dissipées.  Nul n’était mieux qualifié que Christian Goubault, admirateur passionné de la modernité debussyste et ravélienne, pour nous conduire à repenser cette musique frappée du sceau de la mélancolie militante, à tendre l’oreille à ces échos paradoxaux d’une vigueur nostalgique et d’un passéisme innovant par lesquels le « tragique de l’existence se transmue en espoir de renaissance ».  Par ailleurs, pour qui connaît l’ami Goubault, nulle surprise quant à l’absolue pertinence des exemples musicaux et des illustrations ou quant à la précision scientifique de l’appareil documentaire (tableau synoptique, bibliographie, discographie, index).  Si longtemps après sa mort, il nous plaît d’imaginer l’âme du grand compositeur apaisée : en France aussi, il a désormais trouvé le biographe que méritait son singulier génie.

 

Brigitte FRANÇOIS-SAPPEY & Éric LE BRUN : Alexandre P. F. Boëly.  « Horizons », Bleu nuit éditeur, 176 p., 20 €.

L’agréable, avec Brigitte François-Sappey, c’est sa foncière inaptitude à la médiocrité.  Pour avoir déjà salué ses contributions magistrales à une connaissance renouvelée du génie de Schumann ou de Mendelssohn, de la nature du lied ou de la mélodie, de l’art sonore repensé à l’échelle européenne ou au filtre de la sensibilité féminine, il ne nous avait pas échappé que la traque de l’inédit formait l’axe essentiel de sa réflexion.  Ainsi de ses travaux antérieurs sur le « petit maître » Alexandre Pierre François Boëly (1758-1858), sa vie, son œuvre (Hymnes et antiennes pour orgue, Trios, op. 5…).  Sollicitant tous les formants épistémologiques de l’histoire, notre érudite et sensible investigatrice fait surgir, dans cet ouvrage écrit en collaboration étroite avec Éric Lebrun (dont le Buxtehude - dans la même collection - a provoqué un engouement unanime), la figure paradoxale d’un glorieux inconnu, musicien dont l’oubli ne justifie aucune réhabilitation tant sa réputation reste intacte auprès des praticiens et des amateurs de l’orgue et du piano.  Situant sa trame biographique dans le cadre historique de son temps, débusquant dans son écriture les affinités avec divers miroirs de l’âme allemande (de Bach à Schumann), Brigitte François-Sappey conduit ainsi son lecteur à rejeter, à partir de Boëly, les commodités ressassées et les complaisances coupables qui fondent le principe d’actualité créatrice.  Perruque ou Jeune-France, Boëly ?  « Bach revenu dans ce bas monde » autant que « chevalier de la confrérie des beethovéniens français », n’aurait-il été que l’humble contemporain du volcanique Berlioz dont certaines œuvres, qu’il ne connaissait peut-être pas (la Sérénade agreste, notamment), semblent pourtant l’avoir influencé !? La grande démonstration de ce bel ouvrage, agrémenté d’une iconographie aussi séduisante qu’originale et d’un riche corpus d’exemples musicaux, c’est qu’il n’est d’autre réponse à cette question que celle du compositeur lui-même (occasion de rappeler la parution de son intégrale pour orgue par Éric Lebrun et Marie-Ange Leurent - 2008, coffret de 8 disques ASIN : B000WGV0AG).

Gérard Denizeau

 

Cahiers Rémois de Musicologie, n°5, décembre 2007.  Société champenoise de musicologie (crm@univ-reims.fr).  201 p. 14 €.

Les Instituts de musicologie tendent de plus en plus à publier leur propre revue. Dans les Cahiers Rémois, sous la direction de Marc Rigaudière, les thèmes variés gravitent autour du théâtre lyrique national espagnol, du transfert poïétique dans les œuvres musicales et architecturales de Iannis Xenakis (avec de nombreux diagrammes, exemples musicaux, graphiques, schémas).  Trois articles consacrés à « la vie musicale à Reims au XVIIIe siècle » feront, à partir de nombreux documents d’archives, découvrir la lutherie en Champagne (corporations, ateliers,) grâce aux recherches de Florence Doé de Maindreville et de ses étudiants de mastère.  Divers aspects de la musique religieuse à Reims au XVIIIe siècle évoquent la maîtrise de la cathédrale dès le XIIIe siècle (recrutement, fonctions) ; pour le XVIIIe siècle, l’accent est mis sur Henri Hardouin, personnage central, excellent pédagogue et compositeur reconnu au Concert spirituel et dont le regretté Jean-Luc Gester avait transcrit des œuvres.  La vie culturelle « publique » connaît un essor au XVIIIe siècle, et notamment, dès 1749, grâce au « Concert de Reims » (ou Académie de Musique) et, dès 1754, au Théâtre.  L’ensemble est étayé de nombreux documents (chronologies, gravures, extraits de comptes, annonces de spectacles, programmes, plans…) et accompagné d’orientations bibliographiques raisonnées.  Fl. Doé de Maindreville évoque une importante figure rémoise : Pierre Marc (1738-1806) et révèle sa Deuxième Sonate pour violon et basse continue.  Ce volume illustre la vitalité de la vie musicale en Champagne.

 

Laure GAUTHIER & Mélanie TRAVERSIER (dir.) : Mélodies urbaines. La musique dans les villes d’Europe (XVIe-XIXe siècles)Presses de l’Université Paris-Sorbonne, « Musiques Écritures », série Études.  360 p., 32 €.

Ce livre projette un autre éclairage méthodologique sur la musicologie, tout en soulignant son aspect pluridisciplinaire ou intradisciplinaire.  Il tente de « répondre à une double question : en quoi l’espace musical infléchit-il le développement de l’espace urbain et, à rebours, en quoi les espaces urbains, notamment politique et confessionnel, influent-ils sur l’espace musical ? »  Au départ : l’histoire musicale européenne, envisagée dans la longue durée, du XVIe à la fin du XIXe siècle.  Dans la Préface, J.-P. Bartoli définit ainsi le musicologue : historien, anthropologue, philosophe, sémioticien ou sociologue se penchant sur la musique, sachant lire et analyser les partitions.  Il part du point de vue que la musique « a partie liée avec le pouvoir et la politique urbaine », sans oublier les pouvoirs religieux et séculiers.  L’objectif consiste donc à « croiser les traditions et les regards disciplinaires » et à dégager « les influences et les incidences réciproques entre fait urbain et fait musical ».  Sans perdre de vue l’évolution des formes musicales ou quelques réflexions philosophiques, ces diverses études - en tenant compte de la topographie des lieux (églises, salons, salles, théâtres) -abordent l’influence que l’histoire urbaine exerce sur l’environnement sonore.  Cette publication en deux parties – « Espace privé, espace public » et « Ville réelle, ville imaginée » - offre une large typologie et brosse un tableau des liens entre l’histoire d’une ville et un événement musical.  La finalité ne consiste pas à analyser des œuvres, elle se situe au niveau de l’histoire des idées et des sensibilités, la musique et les villes n’étant qu’un prétexte.  La démarche méthodologique assez neuve privilégie la pluridisciplinarité ou même l’intradisciplinarité.  Grâce à Laure Gauthier, Mélanie Traversier et aux PUPS, la présentation est excellente, et l’approche illustre des nouvelles tendances actuelles de la musicologie.

 

Jean-Jacques NATTIEZ : Profession musicologueLes Presses de l’Université de Montréal (www.pum.umontreal.ca), 75 p., 9 €.

Jean-Jacques Nattiez dresse le bilan actuel du métier de musicologue, partant du point de vue que, pour de nombreuses personnes de nos jours, la musique représente les musiques de variété, la musique populaire, la chanson, la musique de danse, les musiques allant du pop et rock jusqu’au zouk.  Le musicologue doit aborder tous les domaines et toute forme de musique, autrement dit, il insiste sur « le fait musical total » (selon Jean Molino), sans oublier l’acoustique.  Le musicologue analyste aborde la structure des œuvres et leurs caractéristiques stylistiques.  Le musicologue historien étudie les divers contextes, historique, culturel, social.  Mais le public est avide de biographies.  La sociologie et l’anthropologie de la musique, soit l’étude de « la musique dans la culture », soit l’étude de « la musique comme culture », constituent l’une des dernières composantes de la discipline à côté des stratégies compositionnelles, créatrices, interprétatrices et perceptives.  Sur le métier plane donc la pluralité avec, en plus, l’esthétique et le fait que la musicologie soit aussi une « discipline appliquée ». Après avoir traité « l’enquête ethnomusicologique comme expérience humaine et exploration de l’inconnu », l’auteur précise, d’une part, qu’il « considère la profession d’ethnomusicologue comme la plus difficile de toutes celles que la musicologie conduit à exercer » (p. 67) et, d’autre part, « La profession de musicologue » comme étant « difficile parce qu’elle fait appel à un grand nombre de compétences diverses » (p. 71).

 

Didier RIMAUD : Anges et grillons. Chants et poèmes, I. Éditions du Cerf (29, bd de La Tour-Maubourg, Paris VIIe. laurence.vandame@editionsducerf.fr).  209 p. 20 €.

Ces poèmes et chants du regretté Didier Rimaud (1922-2003), regroupés sous le titre : Anges et grillons, sont destinés à la liturgie chrétienne et s’apparentent aux genres des hymnes et des litanies. En fait, par leur inspiration poétique, la musique de la langue, leur envolée lyrique et leurs assonances, ils n’attendent que des musiciens pour en augmenter encore la portée. Certaines strophes ne sont pas sans rappeler certaines techniques poétiques de Walt Whitman dans ses Leaves of grass (Feuillets d’herbe) avec le procédé répétitif.  À plus d’un titre, ces pages denses, lourdes de sens, appellent un support musical : de quoi tenter les compositeurs, les musiciens d’Église et les autres, à la suite de Marcel Godard ou de Jacques Berthier.

CLYM : Karajan Confidences.  Bleu nuit (info@bne.fr), 192 p., 1CD.  24 €.

Herbert von Karajan est l’un des chefs les plus médiatiques du XXe siècle.  Personnage admiré et critiqué, il est aussi l’un des hommes les plus photographiés au monde.  Clym - écrivain, critique, président de l’Académie du disque lyrique, mais aussi caricaturiste - est, depuis fort longtemps, entré dans l’univers et les confidences du maestro, ce qui lui permet de brosser un tableau de l’homme.  Les « Dates-repères » évoquent sa naissance à Salzbourg en 1908, sa formation musicale en Autriche, dans l’entourage de B. Paumgartner.  En 1933 - année fatidique pour l’Allemagne -, il se produit au Festival de Salzbourg, à la tête de l’Orchestre philharmonique de Vienne.  Il adhère alors au Parti national socialiste.  Dès 1938, les portes lui sont largement ouvertes à Aix-la-Chapelle, Vienne mais, en 1947, il sera interdit d’estrade, puis il reprendra ses activités de chef d’orchestre à Vienne, Londres, Bayreuth, avant de succéder à W. Furtwängler à la tête de la célèbre Philharmonie de Berlin ; plus tard, il remplacera Karl Böhm comme chef de l’Opéra de Vienne ; en 1969, après Ch. Munch, il sera conseiller musical de l’Orchestre de Paris.  Le lancement du CD lui ouvrira une carrière discographique exceptionnelle. Âgé de 80 ans, il donne son dernier et inoubliable concert à Paris, et meurt en 1989.  Ces « Confidences » très présentes, en un style enlevé, de lecture facile, truffées d’anecdotes authentiques, livrent des souvenirs pris sur le vif, éclairant les « multiples facettes » de ce chef exceptionnel, situé dans son environnement. Le CD historique inclus reproduit une version mono de la Première Symphonie de Brahms, par l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam, réalisée en 1943.  Huit minutes d’entretiens (1980) et des photographies inédites augmentent encore l’intérêt de l’ouvrage.

 

Simha AROM : La boîte à outils d’un ethnomusicologue. Textes réunis et présentés par Nathalie Fernando. Presses de l’Université de Montréal (www.pum.umontreal.ca), 421 p.  36 €.

En ce début du XXIe siècle, en France et à l’étranger, l’ethnomusicologie tend à repenser, à préciser et à actualiser ses méthodes.  Simha Arom, ethnomusicologue, anthropologue, muséographe, venant de la République Centrafricaine, a travaillé en Sorbonne, sous la direction du Professeur Jacques Chailley, avant d’assumer une brillante carrière au CNRS.  Auteur de nombreux ouvrages et disques de musiques traditionnelles et d’articles spécialisés et pédagogue avisé, il livre aux ethnomusicologues ses réflexions, ses méthodes résultant de plus de quarante ans d’expérience et de recherches « sur le terrain ».  Dans le sillage de Constantin Brailoiu et Gilbert Rouget, S. Arom, éminent membre fondateur de la Société française d’Ethnomusicologie, fait preuve de qualités incontournables : oreille à toute épreuve et perception du rythme sous-tendues par une vive curiosité intellectuelle et un sens relationnel aigu sur lesquels se greffe la passion du métier et de l’investigation scientifique. Cet ouvrage présente un panorama éloquent de sa méthodologie, ses analyses ethnomusicologiques ne perdant jamais de vue les divers contextes.  Modèle du genre, cette publication venant s’ajouter à ses nombreux écrits depuis 1970, offre une excellente initiation à cette nouvelle discipline de la musicologie qui, dans les années 1950, en était encore à la recherche de ses méthodes d’approche et d’investigation, et souligne le chemin parcouru depuis une cinquantaine d’années.  De nombreux graphiques, courbes, exemples musicaux, figures, tableaux, une bibliographie très étoffée, ainsi qu’un glossaire particulièrement utile - à la fois géographique, technique, concernant les musiques africaines et leurs nombreuses caractéristiques - complètent avantageusement l’ensemble.  Cette étude, si bien élaborée par Nathalie Fernando, concerne l’homme, les réflexions interdisciplinaires, les outils méthodologiques (notamment la technique de la collecte) et, d’une manière générale, les méthodes expérimentales novatrices de Simha Arom, spécialiste incontesté des musiques traditionnelles de République Centrafricaine, du Bénin, du Cameroun, du Niger, mais aussi de la Grèce et d’Israël.  Indispensable aux chercheurs, anthropologues et ethnomusicologues.

Édith Weber

 

William CART : Wagner et Liszt d’après leur correspondance. « Pan », Stalker.  160 p. 10 €.

Ce petit volume centenaire, édité tel quel et très daté, ne devrait intéresser que les historiens de la musicologie.  Préférez la correspondance Liszt/Wagner (Gallimard).

 

Nicolas DARBON : Wolfgang Rihm et la Nouvelle Simplicité.  La capture des forces I.  Préface de Béatrice Ramaut-Chevassus.  « Musique de notre temps », Millénaire III (http://millenaire.site.voila.fr).  Ex. mus., ill. n&b.  Trad. (par C. Godebert) du « Manifeste de la Nouvelle Simplicité » (1979).  Catalogues des œuvres, bibliographie, index.  336 p., 29 €.

Au milieu des années 70, un groupe de jeunes compositeurs allemands, souvent élèves de Ligeti, a secoué le monde de la musique contemporaine en prônant une « remusicalisation » censée mette à fin à « l’aliénation » de l’abstraction sérielle, « Apollon en papier mâché » (formule de von Dadelsen)1.  Pourtant la nécessité de tuer le Père ne les a pas jetés dans les bras du « Dionysos en plastique » de la restauration tonale.  Partis sur les chemins de leur propre liberté, ils ont élaboré des langages originaux dont Nicolas Darbon met en évidence la commune « pulsion expressionniste » comme les rapports subtils à l’histoire de la musique, la « simplicité » visant plus le contact direct à la musique que l’écriture.  Parmi ces ennemis de l’a priori domine la figure puissante de Rihm, créateur prolifique soumis aux « diktats de sa fantaisie ».  Solidement documenté et problématisé, le présent volume est le premier panneau d’un diptyque mettant en regard Nouvelle Simplicité et Nouvelle Complexité (autour de B. Ferneyhough), l’aspect théorique de cette confrontation se trouvant dressé dans le passionnant Musica Multiplex ici recensé (www.leducation-musicale.com/newsletters/breves1007.htm).  Espérons qu’il contribuera aussi à une meilleure diffusion, de ce côté-ci du Rhin, des œuvres de Trojahn, von Bose et les autres.

1. Mais l’épouvantail sériel est toujours aussi flou…

 

 

Nous avons reçu trois monographies de la collection « Paroles » chez MF (www.editions-mf.com).  Glossaires, catalogues, index.  Bibliographies, discographies (sauf Lenot).  10 € chaque.

George BENJAMIN : Les règles du jeu. Entretiens avec Éric Denut.  160 p.  Hélène CAO : Thomas Adès le voyageur. Devenir compositeur. Être musicien. 148 p.  Jacques LENOT : Utopies et allégories. Entretiens avec Franck Langlois. 160 p.

3 compositeurs contemporains de 3 générations dont 2 anglais, témoignage de l’excellence nouvelle de la création musicale outre-Manche. Et de quoi mesurer encore l’éclatement stylistique de la création savante.  Quel écart entre, d’une part, la rigueur librement sérielle du prolifique Lenot (français né en 1945), dont l’inquiétude se nourrit de Rilke et Hölderlin, et, d’autre part, la séduction postmoderne d’Adès (né en 1971), musicien surdoué, attaché aux formes et genres anciens !  Le volume sur Benjamin (né en 1960) est celui qui semble aller le plus loin dans l’exploration de la technique musicale et des stratégies d’une invention qui, entre absence et excès de système, travaille une voie exigeante, fertile en œuvres insolites et somptueuses (par exemple Sudden time, 1993).  Au-delà des différences et préférences, ces univers musicaux singuliers s’avèrent bien plus excitants et nécessaires que les rengaines des patrimoines aseptisés.  Merci à MF de mieux nous les faire connaître.

 

James GAVIN : La longue nuit de Chet Baker. Joëlle Losfeld/Denoël. Trad. (américain) de Fr. Médioni et A. Tubiana.  480 p., photos n&b.  Bibliographie, discographie, index.  29 €.

Vingt ans après sa mort, Chet Baker (1929-1988) fascine toujours, tant pour son art de trompettiste west coast au son direct et lyrique et de crooner romantique à la voix idéalement douce, que pour sa vie de beau gosse adulé plongeant toujours plus profond dans l’enfer des drogues.  Dans l’excellente et minutieuse biographie de J. Gavin, l’instinctif et (parfois) génial jazzman au charisme irrésistible apparaît en fuite de lui-même, amant ou ami manipulateur et violent, vrai sale type surtout concerné par sa prochaine dose et les moyens de se la procurer.  À compléter par le vibrant documentaire Let’s get lost (B. Weber, 1988) ressorti en salles cet été.

 

Nicolas BÉNARD : La culture hard rock.  Histoire, pratiques et imaginaires.  Dilecta (www.editions-dilecta.com). 156 p., photos couleurs.  18 €.

Plus concerné par l’accessoire que par la musique, cet opuscule vous permettra néanmoins de ne plus confondre bêtement black metal et death metal.  Peut-être.

 

Pierre ACHARD : Les derniers jours du rock n’roll. « Sources », Grasset.  512 p., 21,90 €.

Soit, de Buddy Holly à Kurt Cobain, le rock à travers les biographies romanesques de stars déchues et/ou mortes prématurément.  Ici, plus que de raison, on « tient le ciel dans sa main » ou « on grimpe inlassablement à des montagnes dont on retombe aussitôt ».  Suivant l’humeur ou le paragraphe, on trouvera ce lyrisme inspiré ou ridicule mais on ne pourra lui reprocher l’amour de la musique qui l’anime.  Bien plus approximatif malgré tout qu’un couplet de Morrison ou qu’un riff d’Hendrix.

Paul Gontcharoff

 

Geneviève BAILLY : Ravel à Lyons-la-Forêt.  Freylin (33, rue de Bretagne, Paris IIIe. www.editionsfreylin.com).  89 p., ill. n&b. 10 €.

Geneviève Bailly nous propose ici une courte biographie de Maurice Ravel (1875-1937) essentiellement centrée sur les séjours multiples que le compositeur effectua à Lyons-la-Forêt.  Entre les années 1917 et 1922, c’est un Ravel sombre, solitaire et angoissé, marqué par la grande guerre et la mort de sa mère qui cherchera à Lyons, auprès de sa marraine de guerre, Mme Dreyfus, le réconfort et le renouveau de l’inspiration créatrice des années d’avant-guerre.  Ravel, dandy excentrique, bohême et noctambule, a laissé place à un Ravel blessé et angoissé qui appréhende de se retrouver seul dans l’appartement maternel.  Il part le 20 juin 1917 pour un long séjour à Lyons où il terminera la composition du Tombeau de Couperin, hommage posthume à ses amis disparus au combat.  Éprouvé et solitaire, Ravel découvre le cadre bourgeois et campagnard du Frêne, grande maison du XVIIIe siècle, dans le style « Deauville » très en vogue à l’époque et du « studio » attenant.  Seule la composition musicale semble l’extraire de sa profonde mélancolie.  Replié sur lui-même, il n’appartient plus à son époque, il cherche le silence et ne veut entendre que les mélodies de la nature, la nature consolatrice, pour y puiser sa pensée créatrice.  Après le succès retrouvé, l’achat de la maison de Montfort-l’Amaury, Ravel retournera à Lyons, en 1922, pour échapper une fois encore à la solitude et orchestrer les Tableaux d’une exposition de Moussorgski, à la demande de Serge Koussevitzky.  Les séjours du compositeur s’achèvent avec l’été 1922.  Deux ans plus tard, la famille Dreyfus se sépare du Frêne et de ses dépendances.  Une période douloureuse de la vie de Ravel s’achève ici, à laquelle succéderont la tournée triomphale aux États-Unis, les derniers grands succès (Concerti pour piano et Boléro, notamment) qui assureront au compositeur une reconnaissance mondiale, avant sa mort en 1937, des suites d’une intervention neurochirurgicale.  Ce petit livre, richement illustré, nous fait revivre une période méconnue de la vie de Ravel.  Avec une vision intimiste, Geneviève Bailly nous entraine avec bonheur à l’écoute d’un homme et d’une œuvre marqués par l’empreinte indélébile et secrète de Lyons-la-Forêt.

 

Ernest CŒURDEROY : De la corrida.  « Carnets », éditions de L’Herne (22, rue Mazarine, Paris VIe.  Tél. : 01 46 33 03 00).  58 p.  9,50 €.

La corrida considérée comme une cérémonie barbare et archaïque par certains ou comme la représentation du combat mythique de l’homme face à son destin pour d’autres, le lecteur était en droit d’attendre un autre argumentaire que ce pâle réquisitoire de la part du « gitano du socialisme » Ernest Cœurderoy, médecin et militant anarchiste (1825-1862).  Cet essai, écrit en exil (Madrid 1853), fait fi de toute interprétation technique, esthétique, philosophique, poétique, symbolique et psychanalytique de la corrida à pied.  L’auteur nous dresse un inventaire de tous les clichés éculés des opposants de la tauromachie, où dominent la caricature, les arguments socio-politico-historiques de bazar, volontiers moralisateurs et outranciers.  Non, la corrida n’est pas la guerre ni le support des totalitarismes, et la « mise à mort » du taureau n’appelle pas plus le sang dans la cité qu’elle ne nous incite à devenir végétarien !  Nous avons appris à nous méfier de ceux qui préfèrent la bête à l’homme…  Cœurderoy n’entame pas notre conviction que la corrida est assurément autre chose, il convient d’y rechercher une face cachée où coexistent l’érotisme et la mort.  Il suffit de regarder les gravures de Goya, les toiles de Picasso, de lire les textes de Bataille, Cocteau, Hemingway, les poèmes de Char, Desnos, Eluard, Garcia Lorca, Rilke et bien d’autres…  La corrida a au moins cette vertu de nous faire oublier ce livre, avant de l’avoir lu.

      

 

Joannah PINXTEREN : La Havane et l’âme danzón. Voyage autour d’une danse.  Éditions namuroises.  156 p.  23 €.

Joannah Pinxteren, ethno-chorégraphe, nous propose ici un très beau livre, un voyage autour du Danzón.  Plus qu’une danse, c’est toute une âme (celle d’un peuple et de sa ville), toute une manière de vivre, empreinte de poésie, de mélancolie, de charme suranné, de courtoisie et de respect pour l’autre.  Le Danzón est issu de la contredanse française, elle-même venue de la country-dance anglaise implantée à la fin du XVIIe siècle à la cour de Louis XIV.  Après avoir subi de nombreuses influences, espagnoles, caraïbéennes, africaines, la contradanza se mua en danza où les couples se tenaient par la main ; puis, le 10 janvier 1879, le Danzón naquit sous les doigts d’un jeune musicien mulâtre, Miguel Failde dans le beau salon Liceo de Matanzas.  Comment les Cubains, ces félins de la danse (salsa, son et rumba) pouvaient-ils aimer cette danse d’origine européenne et aristocratique, pleine de retenue où les ondulations des hanches sont proscrites ?  « À cause de l’élégance ! Et celle des femmes avec leur éventail !...  Avant les hommes portaient des chaussures à deux couleurs pour bien signifier… ».  Dans cet ouvrage à la fois carnet de voyage et étude anthropologique, J.Pinxteren insiste sur le rôle social de la danse, le « danser-ensemble ».  Cet art éphémère, le seul où l’on s’invite, révèle une fabuleuse mémoire du monde, répétition des pas pour provoquer le retour cyclique des ancêtres, de la vie, de la mort ; la danse se moque du temps et le Danzón affirme le devenir-vieux des couples où l’érotisme est l’approbation de la vie, jusque dans la mort.

Patrice Imbaud

 

Jacques VIRET : Musique baroque.  « B.A.-BA », éditions Pardès (BP 11, 77880 Grez-sur-Loing. Tél. : 01 64 45 67 23). 14 x 21 cm, 128 p., ill. n&b, 12 €.

Déjà auteur, dans la même collection, de précieux compendiums consacrés au Chant grégorien, à la Musique médiévale, à Wagner et à la Musicothérapie, le professeur de musicologie à l’Université de Strasbourg nous propose, cette fois Musique baroque - en trois parties : « La musique baroque en son temps » (l’esthétique musicale baroque / Venise, émergence du dialogue musical / une musique parlante / les instruments et leur répertoire / musiques vocales), « Postérité de la musique baroque » et « La musique baroque de A à Z : petit dictionnaire ».  Bibliographie, discographie, filmographie.

 

Ludovic TOURNÈS : Du phonographe au MP3, XIXe-XXIe siècle.  Une histoire de la musique enregistrée.  « Mémoires/Culture », Autrement (www.autrement.com).  15 x 23 cm, 164 p., ill. n&b, 17 €.

Aborder l’histoire sous l’angle des pratiques et des objets culturels, tel est le propos de cette collection.  Où l’on assiste à la naissance d’une musicologie de la chose enregistrée.  Cet ouvrage fait, en effet, un historique des techniques (depuis le cylindre jusqu’au MP3), de l’industrie du disque, des bouleversements que l’apparition de l’enregistrement sonore a provoqué chez les musiciens, aussi bien qu’auprès des divers publics dont les modes d’écoute ont considérablement évolué (depuis le phonographe à pavillon jusqu’au baladeur numérique).  Une mutation historique loin d’être achevée : recomposition permanente des groupes multimédias, harcelés dans le cadre d’un métissage planétaire par l’émergence d’indépendants aux dents longues.  Ludovic Tournès distingue cinq étapes : Le temps des pionniers (avant 1914) / L’âge de la maturité (1914-1945) / Les Trente Glorieuses du microsillon (1945-1982) / Un nouveau monde sonore / L’ère numérique et la révolution Internet (de 1982 à nos jours).

 

David BELL & Barbara M. KENNEDY (Edited by) : The Cybercultures Reader (second edition).  Routledge (www.routledge.co.uk).  17,5 x 24,5 cm, 800 p., ill. n&b.  £22.99 (29,54 €).

En un même fort volume sont ici réunis quelque cinquante écrits majeurs récemment publiés autour de la cyberculture.  Après une introduction générale, chaque section est également introduite - situant les diverses contributions dans leurs contextes théorique et technologique.  Neuf sections : Approching cybercultures/ Popular cybercultures/ Cybercommunities/ Cyberidentities/ Cyberfeminisms/ Cyberbodies/ Cyberlife/ Cyberpolitics/ Beyond cybercultures.  Que l’on s’en réjouisse ou le déplore, la cyberculture a gagné toutes les disciplines académiques (biotechnologie, nanotechnologie, bioesthétique, nano-logique…) aussi bien que les domaines artistiques.  Riche de perspectives d’avenir, un miroir pour notre temps.

The Cybercultures Reader

 

Sylvie SIERRA MARKIEWICZ (Sous la direction de) : Guide pratique de l’enseignement artistique.  Publication du Centre national de la fonction publique territoriale (tél. : 01 55 27 44 00. www.cnfpt.fr).  20 x 27 cm, 102 p., 14 €.

Destiné aux candidats aux concours des enseignements artistiques de la fonction publique territoriale, cet ouvrage fournit d’utiles outils de préparation (approches législative, réglementaire, théorique, méthodologique, bibliographique, témoignages du terrain…).  Neuf chapitres : Décentralisation des politiques culturelles en France/ Politique nationale de l’enseignement musical/ Point de vue sur l’enseignement de la musique/ Politique nationale de l’enseignement chorégraphique/ Enseigner la danse/ Professeur d’art dramatique : témoignage/ Politique nationale de l’enseignement des arts plastiques/ Enseigner dans les écoles d’art/ Fonction publique territoriale & concours de l’enseignement artistique.

 

Michèle FRIANG : Pauline Viardot au miroir de sa correspondance, biographie.  Préface de Philippe Olivier.  « Points d’orgue », Hermann Musique (www.editions-hermann.fr).  14 x 21 cm, 288 p., dessins par Pauline Viardot, 25 €.

Constituée d’éléments recueillis aux meilleures sources (riche correspondance « chorale » de Pauline et de ses proches), cette biographie de la plus célèbre cantatrice du XIXe siècle – également compositrice, organiste, pianiste et pédagogue – se lit avec un constant bonheur.  Voyageuse dans l’âme, Pauline Viardot correspondit assidûment avec tous ceux qui comptaient alors dans le monde artistique - notamment George Sand, Clara Schumann, Liszt, Chopin, Wagner, Delacroix, Gounod, Massenet, Ary Scheffer, Saint-Saëns et, bien sûr, son voisin de la Villa des Frênes à Bougival, Ivan Tourgueniev, pour lequel elle fut, sans doute, plus qu’une égérie.  Parmi les annexes de son ouvrage, l’historienne Michèle Friang a inclus un tableau chronologique présentant, en regard : Vie privée/ L’artiste lyrique/ Les prises de rôle/ La compositrice & l’enseignante.  Préface remarquablement synthétique de Philippe Olivier.

 

Serge DIAGHILEV : Mémoires.  Préface et dossier de Guillaume de Sardes.  Traduit du russe par Mireille Tansman-Zanuttini & Guillaume de Sardes.  « Danse », Hermann (6, rue de la Sorbonne, Paris Ve.  Tél. : 01 45 57 45 40.  www.editions-hermann.fr).  14 x 21 cm, 128 p., ill. n&b, 16,50 €.

Opportune publication l’année même où « Paris et la musique à l’époque des Ballets russes » est inscrit au programme de l’agrégation.  D’autant que l’ouvrage est introduit & présenté par Guillaume de Sardes, éminent historien de la période, à qui nous devions déjà, dans la même collection, un remarquable Nijinsky, sa vie, son geste, sa pensée.  Au fil de mille réjouissantes anecdotes, nous croisons personnalités de la cour de Russie (le tsar Alexandre III, boyards et grands-ducs, les Pouchkine…), de « la société des snobs » du tout-Paris, mais aussi Aristide Briand et nombre de compositeurs : Massenet, Stravinsky, Tchaïkovski, Rimsky-Korsakov, ou vedettes du chant : Tamagno, Chaliapine…  Mais ce sont les évocations de l’étincelante jeunesse russe du futur imprésario qui constituent le cœur de l’ouvrage.  Où l’on trouve in fine une étonnante « Apologie de l’avant-garde » (1921), projet de lettre ouverte à la presse londonienne après l’échec du ballet Chout (« le Bouffon ») de Prokofiev et Larionov.  Outre les indispensables notice, chronologie & orientation bibliographique, sont proposés, en annexe, deux « portraits de Diaghilev », l’un signé Paul Morand, l’autre Raymond Brussel, alors célèbre critique musical au Figaro.

 

Leonard COHEN : Le Livre du Désir (Book of Longing).  Traduit par Jean-Dominique Brierre & Jacques Vassal.  Le Cherche-Midi (www.cherche-midi.com).  14 x 22 cm, 252 p., ill. n&b, 18 €.

Poète universel est assurément le folksinger montréalais.  Plus de 200 textes en vers et en prose (illustrés de plusieurs centaines de dessins) témoignent ici de son ouverture au monde contemporain, mais aussi d’explorations spirituelles : « Ne déchiffrez pas ces cris qui sont miens.  Ils sont le chemin, non le signal ».  Pages toutes d’humanité, de sensuelle gravité, d’autodérision parfois : « Je peux me retenir un sacré bout de temps ; je ne parle pas avant que les eaux débordent de leurs berges et fassent céder les digues.  C’est ainsi que j’ai pu retarder ce livre bien au-delà de la fin du XXe siècle ».

                     Le livre du désir

 

Hugues BARRIÈRE & Mikaël OLLIVIER : Bruce Frederick Springsteen.  Préface d’Antoine de Caunes.  Le Castor Astral (tél. : 01 48 40 14 95. www.castorastral.com).  15 x 23 cm, 432 p., ill. n&b, 24 €.

Chantre de la classe ouvrière, porte-parole des anonymes et des laissés-pour-compte, Bruce Springsteen (°1949) est, en quelque sorte, l’honneur du rock étasunien.  Réalisée par deux de ses inconditionnels (qui auront assisté à quelque 120 de ses concerts), cette biographie retrace son parcours depuis les rues du New-Jersey, jusqu’à la gloire éclatante de celui que chacun nomme le « Boss ».  Singulièrement depuis la sortie de Born to run (1975), suivi du raz-de-marée de Born in the USA (1984), puis de Magic (2007), son 27e album.

 

Jean-Maxime LÉVÊQUE : Édouard Desplechin, le décorateur du Grand Opéra à la française (1802-1871).  « Univers musical », L’Harmattan.  190 p., ill. n&b + cahier de 34 maquettes & esquisses de décors.  19 €.

Sous la plume alerte de l’arrière-petit-fils du décorateur des opéras de Meyerbeer, Verdi, Gounod, Donizetti… mais aussi du Tannhaüser de Wagner [ci-dessous, esquisse de décor pour l’acte II], revit toute une brillante société, en France et en Europe (à Dresde, notamment).  Tenu en haute estime par l’élite de son temps – citons Théophile Gautier et Wagner – Édouard Desplechin mérite assurément d’être redécouvert.  En témoignent les magnifiques planches, souvent en couleurs, qui illustrent cet hommage.

Edouard Despléchin, "Salle des chanteurs dans le château (palais du Lanegrave de Wartburg)", 1873. Esquisse de décor pour l'opéra de Richard Wagner "Tannhaüser", acte II

 

Pauline ADENOT : Les musiciens d’orchestre symphonique.  De la vocation au désenchantement.  « Univers musical », L’Harmattan.  16 x 24 cm, 384 p., 34 €.

Eu égard à ce qu’ils attendaient de leur métier, général est le désenchantement des musiciens du rang - quant aux rapports avec leurs collègues, les chefs d’orchestre, l’administration et quant au regard que la société porte sur eux…  Trois parties composent ce fort volume : Formation des instrumentistes / Vie d’orchestre / Un statut ambivalent.  L’ouvrage n’en est pas moins dédié… « aux musiciens enchanteurs ».

Les musiciens d'orchestre symphonique

 

Jérôme BODON-CLAIR : Le langage de Steve Reich.  L’exemple de Music for 18 musicians (1976).  « Univers musical », L’Harmattan.  138 p., ex. mus.  13,50 €.

Partition incluse, cette étude minutieuse d’une œuvre emblématique du courant minimaliste américain fera référence.  Elle se divise en deux parties : Éléments de langage utilisés dans Music for 18 musicians (préoccupation première : la gestion du temps / travail ethnomusicologique préalable à la composition) et Nouveautés de langage dans Music for 18 musicians (forme, effectif, harmonie et timbre).  Importantes annexes.

   

 

Anik LESURE & Claude SAMUEL : Olivier Messiaen, le livre du centenaire.  « Perpetuum mobile », Symétrie (tél. : 04 78 29 52 14. www.symetrie.com).  Fort volume relié, 21 x 27,5 cm, 294 p., ill. n&b et couleurs, 1CD.  29 €.

Avec la collaboration d’auteurs aussi prestigieux que Pierre-Laurent Aimard, Philippe Albèra, Gilbert Amy, Pierre Boulez, Myung-Whun Chung, Michel Fano, Peter Hill, Betsy Jolas, Olivier Latry, François-Bernard Mâche, Loïc Mallié et Gianfranco Vinay, voilà le grand et juste hommage bibliographique qui devait être rendu au compositeur de Saint-François d’Assise.  Après une introduction par Claude Samuel, délégué général de l’Association Messiaen 2008 (www.messiaen2008.com), sont évoqués : « Messiaen, un héritage assumé ? » (Amy), « L’orgue, instrument de la foi » (Latry, Mallié), « Une sorte de principe d’incertitude » (Boulez), « Messiaen et l’opéra » (Fano), « Le rythme repensé » (Albèra), « Éphémérides » (Samuel), « Les couleurs des sons » (Vinay), « Des chemins de traverse » (Samuel), « Messiaen ornithologue » (Mâche), « L’effet Messiaen » (Jolas).  Avec des évocations personnelles par Cécile Sauvage, Pierre Messiaen, Yvonne Loriod, P. Hill, P. L. Aimard, M. W. Chung.  L’ouvrage se clôt sur le Discours de réception d’Olivier Messiaen à l’Institut de France (hommage à Jean Lurçat, 15 mai 1968), la liste des honneurs qui lui furent internationalement rendus, les catalogues d’œuvres et les références bibliographiques.  Le CD inclus nous fait entendre la parole et la musique du compositeur.

 

Siglind BRUHN : Les visions d’Olivier Messiaen.  « Sémiotique & philosophie de la musique », L’Harmattan.  348 p., tableaux, ill. n&b, ex. mus., 30 €.

Siglind Bruhn s’attache à montrer comment la foi profonde de Messiaen se traduit dans son langage musical – autour notamment de deux œuvres instrumentales : Visions de l’Amen pour 2 pianos (1943) et Vingt Regards sur l’Enfant-Jésus pour piano (1944).  À l’analyse détaillée du matériau thématique, de la structure et de la fonction de chaque mouvement dans l’ensemble du cycle, est liée une interprétation des images et des textes utilisés par le compositeur.  Trois parties : Vision religieuse / Septuple Amen du rapport entre Dieu et ses créatures / Contemplations de l’Enfant à Bethléem, une symphonie pluridimensionnelle.

 

L’Orgue, bulletin des « Amis de l’Orgue », n°280 (2007-IV).  L’orgue de la Chapelle royale de Versailles : à la recherche d’une composition perdue.  Éditions Symétrie (tél. : 04 78 29 52 14.  www.symetrie.com). 17 x 24 cm, 128 p., fac-similés, cahier de photos couleurs, 20 €.

Marina Tchebourkina s’est ici fixé pour tâche de dévoiler le visage et la composition d’un instrument que construisirent, en 1709-1710, pour la cinquième Chapelle de Versailles, Robert Clicquot et Julien Tribuot.  D’après le seul document à nous être parvenu : Le Marché ancien de l’Orgue de la Chapelle Du Chasteau De Versailles… Magnifique cahier de photos couleurs.  Cette livraison comporte, en outre, diverses chroniques d’actualité signées François Sabatier, directeur du Bulletin.

« Circuit, musiques contemporaines », vol. 18, n°2.  Postiches et mélanges.  Presses de l’Université de Montréal (www.revuecircuit.ca).  21 x 23 cm, 128 p., ex. mus., ill. n&b. 28 $ CA.

Après « De la contemporanéité de l’arrangement », introduction signée Jonathan Goldman (rédacteur en chef de cette superbe publication), Serge Lacasse propose : « La musique pop incestueuse : une introduction à la transphonographie » (pratiques de l’emprunt, de la transformation, de l’adaptation, du remixage, de la citation, du pastiche, de la parodie, de la reprise…), suivi par John Oswald : « Le plunderphonique ou le piratage audio comme prérogative compositionnelle » (évolution de la notion de droits d’auteur) et Dániel Péter Biró : « Remembering and Forgetting : Lizkor VeLishkoach* for String Quartet, after Schubert » (*pièce conçue pour être jouée à la suite du Quatuor en sol majeur D.887).  Noémie Pascal s’interroge sur les Companion Pieces (conçues pour être interprétées aux côtés d’une autre œuvre), cependant que Michel Gonneville analyse Le projet Mozart, œuvre composée par Jean Lesage autour du 2e mouvement de la Sonate K.330 pour piano en do majeur.  Non sans les rubriques habituelles…

 

Serge AIROLDI & Juan José TÉLLEZ RUBIO : Arte Flamenco [regards croisés].  Gaïa éditions (Tél. : 05 58 97 73 26. www.gaia-editions.com).  24 x 26 cm, 192 p., photos n&b et couleurs. 28 €.

Voilà 20 ans qu’était créé à Mont-de-Marsan « Arte flamenco », festival auquel ce magnifique album (richement illustré de plus d’une centaine de photos) rend un juste hommage.  Regards croisés de deux aficionados : Serge Airoldi, journaliste à Sud-Ouest et Juan José Téllez Rubio, essayiste andalou.  Après une première partie retraçant les grands moments du festival, une notice est consacrée aux danseurs, cantaores et guitarristas qui se produisent chaque année, en juillet, dans la cité landaise.  Textes en français et en espagnol.

 

Florent MAZZOLENI : L’épopée de la musique africaine.  Rythmes d’Afrique atlantique.  Hors Collection (www.horscollection.com).  19 x 26 cm, 160 p., ill. couleurs.  24,90 €.

Avec le concours des plus emblématiques musiciens de l’Afrique occidentale : Youssou N’Dour, Cesaria Evora, Fela, Alpha Blondy, Salif Keita… cet album, superbement illustré de documents iconographiques rares ou inédits (photos, pochettes de disques), rend compte des profondes mutations sociales et musicales qu’entraîna une urbanisation galopante : adoption de cuivres et d’instruments amplifiés, rythmes nouveaux influencés par les musiques caribéennes, la pop, la soul, le rock, le funk… En dix chapitres, sont successivement visités : Ghana, Guinée, Mali, Sénégal & Gambie, Côte d’Ivoire, Bénin, Nigeria, Cameroun, Congo et enfin Angola, Guinée-Bissau & Cap-Vert.  Discographie et bibliographie.

 

Alain GERBER : L’étrange destin de George General Grice Jr., dit Gigi Gryce.  « Birdland », Rouge profond (www.rougeprofond.net).  Diff. : Harmonia Mundi.  15,5 x 21,5 cm, 160 p., 16 €.

George General Grice Jr., dit Gigi Gryce, dit Basheer Qusim, est décédé d’une crise cardiaque, en 1983, à l’âge de 57 ans.  De la plume acérée, mais toujours élégamment pertinente, du célèbre critique de jazz Alain Gerber, voici la pseudo-autobiographie de l’un des jazzmen (saxophoniste alto & compositeur) les plus injustement méconnus.  Bien que faisant déjà l’admiration de ses pairs – Th. Monk, Ch. Parker, D. Gillespie, M. Roach, S. Getz… - n’avait-il pas souhaité se parfaire auprès de Nadia Boulanger et d’Arthur Honegger ?  Une indispensable réhabilitation.

 

Être rock.  « 113 mantras pour le rocker moderne recueillis par Philippe Manœuvre au cours de l’âge d’or, illustrés par Thierry Guitard ».  Tana éditions (tél. : 01 44 16 92 38. www.tana.fr).  13 x 21 cm, 72 p.  9,90 €.

De Bob Dylan (« J’ai pas besoin de M’sieur Météo pour savoir d’où vient le vent » à Joey Starr (« Les gonzesses, c’est pas une science exacte »), via John Lennon (« Qu’importe ce qui t’aide à passer la nuit, du moment que tu passes la nuit »), Keith Richards (« Who the fuck is Mick Jagger ? ») ou Jimi Hendrix (« Excusez-moi, j’embrasse le ciel »), la plupart des grands rockers nous donnent leur « sentiment » sur le business, le sexe, la drogue, le rock.  Remarquable conception graphique.

        

 

Emmanuel CHIRACHE & Aurélien NOYER : Covers. Une histoire de la reprise dans le rock.  « Formes », Le mot et le reste (tél. : 04 91 73 41 88. www.atheles.org/lemotetlereste).  14,8 cm x 21 cm, 208 p., ill. n&b, 20 €.

Dans le jargon des musiciens d’outre-Atlantique, cover désigne la reprise – relecture, réinterprétation - d’un thème connu.  Elvis Presley, Bob Dylan, les Beatles, les Stones n’ont-ils pas ainsi commencé ?  Corédacteurs en chef du webzine Inside-Rock (www.inside-rock.fr), Emmanuel Chirache & Aurélien Noyer ont ici recensé et analysé les plus emblématiques covers du rock et de la pop.  En sept chapitres : « Musiques noires, musiques blanches », « De l’imitation à la création », « La méthode du discours », « Les érudits du rock », « La construction de soi », « Le mélange des genres », « This is just a tribute ».

 

Christian SCHLATTER : Diabolo Rock.  Chroniques des années 60.  Slatkine (www.slatkine.com).  Distr. Dilisco (BP 102, 94208 Ivry/Seine).  17,5 x 17,5 cm, 208 p., ill. n&b, 22 €.

Les éditions Slatkine, décidément, se dévergondent ! Avec ce florilège de savoureuses anecdotes réunies par Christian Schlatter [notre photo], ancien batteur du groupe helvète « Les Aiglons » (www.voxinox.ch), les fans des sixties trouveront certes matière à nostalgie… En cinq parties : « Pour commencer… » (généralités sur le rock), « La fabrique des sixties » (médias, idoles et instruments), « Maîtres et pionniers » (Chuck Berry, Shadows, Stones, Beatles, Deep Purple, Johnny, Henry Cording…), « Étoiles filantes » (venues notamment du Golf Drouot) et « L’Helvétie rock’n’roll ».

 

              

 

 

Quentin DEBRAY : Le Moment magique. Roman.  Éditions du Rocher (www.editionsdurocher.fr).  13,5 x 20,5 cm, 130 p., 15 €.

Au printemps 1949, Miles Davis découvre Paris.  Il a 23 ans ; il est immédiatement séduit par le climat d’effervescence intellectuelle et artistique qui règne dans la capitale récemment libérée - notamment à Saint-Germain-des Prés où il rencontre Gréco qui sera son cicerone, sa muse, son amante.  Où l’on croise aussi, rue Saint-Benoît, Jean-Paul Sartre et Boris Vian, Picasso et Kosma, Bechet et Kenny Clarke…  Éminent professeur de psychiatrie, Quentin Debray connaît fort bien le jazz et restitue avec bonheur tout un monde qu’il n’aura certes connu que par ouï-dire, mais dont il est, à l’évidence, épris.

 

Joy H. CALICO : Brecht at the Opera.  « California Studies in 20th Century Music, 9 », University of California Press (www.ucpress.edu).  304 p, relié, ill. n&b et couleurs, 18 ex. mus.  $45.00, £26.95.

Ambigus furent toujours les liens qu’entretint Bertolt Brecht avec l’opéra.  Ardent défenseur du genre dans sa jeunesse, il le dénonça plus tard comme décadent et inadapté aux temps modernes.  Même s’il ne cessa d’écrire des livrets à vocation sociale pour des musiciens tels que Kurt Weill, Paul Hindemith, Hanns Eisler et Paul Dessau - visant à mettre en œuvre la notion de Gestus, qu’il considérait comme l’essence même du théâtre lyrique et dramatique.

 

François PERRIER : La Chaussée d’Antin.  2 vol : Œuvre psychanalytique I et II.  Nouvelle édition revue & augmentée par Jacques Sédat.  « Bibliothèque Idées », Albin Michel.  14,5 x 22,5 cm, 650 p. + 558 p., 35 € +30 €.

Psychiatre et psychanalyste, François Perrier (1922-1990) fut également un fervent mélomane (pour payer ses études de médecine, il improvisait au piano et chantait dans les cafés parisiens ; il composa même des chansons).  Au chapitre « Musique déjouée » (repris d’un article publié, en 1972, dans la revue Musique en jeu), n’écrit-il pas : « La musique est à la psychanalyse ce que l’amour est à la vérité : deux amantes inséparables pour l’amoureux, mais dans l’utopie de leur impossible rencontre »…  Et le titre de la présente somme n’est-il pas emprunté à la célèbre rengaine : « Je suis la Seine jusqu’à la morgue ; et ne trouvant plus mon chemin, je demande à un joueur d’orgue s’il connaît la Chaussée d’Antin » Dans le tome I, sont regroupés des textes sur l’amour, le corporel, l’analytique, le trans-subjectal.  Dans le tome II, des textes sur la formation & l’éthique du psychanalyste, l’hystérie, la psychose, la perversion.  Ni logicien, ni archéologue du savoir, l’improvisateur François Perrier [au centre, sur notre photo, entre Jacques Lacan et Serge Leclaire] disait qu’il faut « oser ne pas savoir ce que l’on cherche ».

Francis Cousté

 

 

POUR LES PLUS JEUNES

 

À l’écoute de l’imaginaire ! « Trombones », Grasset-Jeunesse (www.grasset-jeunesse.com).  28 p., CD inclus. 18,50 €.

La collection Trombones chez Grasset-Jeunesse offre une large palette de contes plus amusants les uns que les autres et procure à l’enfant un véritable voyage dans l’imaginaire.  Grasset-Jeunesse s’efforce de trouver des histoires à lire, à écouter et à chanter.  Ajoutée à la musique, la typographie irrégulière mimant les différents sentiments des personnages confère à ces contes une vivacité étonnante !  Ces livres-CDs décapent l’esprit des plus jeunes.  À découvrir au plus vite !  Pour de plus amples informations, cliquer sur le site.

 

 

Wolfgang Amadeus MOZART : Les Noces de FigaroPrésentation : Timothée de Fombelle.  Illustrations : Olivier Balez.  Récitant : Laurent Stocker.  « Grand Répertoire », Gallimard Jeunesse Musique.  63 p., CD inclus, 21 €.

Une véritable immersion dans le monde enchanté de Mozart où la musique insiste sur les traits comiques et émouvants de l’ouvrage. À mettre entre toutes les mains : petits et grands se réjouiront d’écouter cet opéra déclinant toutes les sensations de l’état amoureux.  À noter qu’à la fin, un livret astucieux en italien et en français, correspondant aux extraits présentés sur le disque, permet de s’exercer à chanter avec le piano.  Un petit exercice final donne à ce livre toute sa force.  Cette belle idée de livre-CD incitera l’enfant à découvrir d’autres œuvres de Mozart ! Réel tremplin vers la connaissance !

 

Laëtitia Girard

 

 

 

 

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Haut

Claude DEBUSSY : En blanc et noir ; Lindaraja ; Prélude à l'après-midi d'un faune (transcr. Debussy) ; Ibéria (transcr. André Caplet) ; Nocturnes (transcr. Maurice Ravel).  Duo Benzakoun (à deux pianos).  Intégral : INT 221 162.  TT : 70’42.

Le Duo Benzakoun s’impose depuis des années comme l’un des meilleurs du monde; son disque Poulenc, exceptionnel de dynamisme et de relief expressif, demeure un sommet de la discographie.  Aujourd'hui les mêmes qualités savent se draper sur les galbes d'une esthétique bien différente ; il serait d’ailleurs erroné de croire que la fougue soit étrangère au monde debussyste : « avec emportement », précise le premier mouvement de En blanc et noir, joué ici de manière saisissante.  L’élégance et le sens du timbre de nos duettistes parcourent toutes les époques du compositeur; leur sonorité allie une richesse charnue à la clarté nécessaire pour dessiner les plans orchestraux des transcriptions.  Grâce notamment à leur sens du rebond rythmique, tout frémit d'une vie sensuelle : il s'agit bien « d’en rythmer l’intense palpitation », pour reprendre une expression de Debussy à propos de l’atmosphère de ses Nocturnes.

 

 

Franz SCHUBERT : Sonate en sol majeur D.894 ; Sonate en la mineur D.537.  Helmut LACHENMANN : Fünf Variationen über ein Thema von Franz Schubert ; Guero.  Herbert Schuch (piano).  Oehms : OC 593 (distrib. Codaex).  TT : 74’49.

Aux premières secondes du disque, on entend bien du Schubert (la Danse allemande en ut# mineur), mais très vite la virtuosité cravachante dispensée par un Lachenmann de 21 ans y introduit quelques aspérités ; le compositeur allemand à ses débuts, non encore radicalisé dans le courant bruitiste (Guero n’est plus que bruitisme, hélas !), ne s'interdisait pas quelques attendrissements sur son modèle !  Quant à l’étude d’accents et de pianissimi que constitue la dernière variation, elle est admirablement dosée par Herbert Schuch (°1979) que ce disque désigne à notre attention.  Dans son Schubert, travaillé avec Brendel, on sent quelque peu l’influence du maître, mais Herbert Schuch imprime sa personnalité, faite d’élan juvénile, par un son diaphane, translucide.  Il en résulte des couleurs plus matinales que vespérales (écoutez la D.894).  Le fier caractère du premier mouvement de la D.537 n'empêche pas les ombres de venir cerner telle modulation, ni la fraîcheur d'apporter quelque insouciance.  En deux mots, un interprète attachant.

 

 

Fr. CHOPIN : Ballade en fa mineur ; Nocturnes op.48 n°1 et 2A. BERG : Sonate op.1A. WEBERN : Variations op.27M. TROJAHN : Préludes n°5 et 6A. GINASTERA : Sonate n°2.  Clemens Berg (piano).  Oehms : OC 721 (distrib. Codaex).  TT : 71’09.

Le label bavarois met un point d'honneur à révéler de talentueux jeunes pianistes.  Le récital de « début » de Clemens Berg (°1987) s’ouvre par l’incontournable Chopin, mais pour vite obliquer vers le répertoire moderne. Y a-t-il d'ailleurs un si grand fossé dans le programme ? Certes non, si l’on écoute avec quelle justesse analytique le jeune artiste de Rostock met en lumière la fluidité des enchaînements modulants si modernes de la Ballade en fa mineur.  On est séduit par ce beau son lumineux qui, en revanche, se retourne contre l’interprète dans la Sonate de son homonyme autrichien, où l’on attendrait un climat plus sombre nous plongeant dans les tourments inquiétants de la Vienne décadente de 1908.  Sa lecture manque ici de densité, alors qu'il apporte toute la délicatesse et la palette de contrastes requises aux Variations de Webern qu’il dit affectionner.  Les Préludes de Manfred Trojahn (°1949) se revendiquent ouvertement de l’héritage debussyste, montrant ainsi une autre facette du toucher raffiné de Clemens Berg, attentif à la contemplation des résonances avant de débrider son dynamisme juvénile dans le martellato des mouvements extrêmes de la Sonate de Ginastera.  Un pianiste à suivre.

 

 

Songs by Great Conductors : Lieder de Hans von Bülow, Bruno Walter, Clemens Krauss.  Petra Lang (soprano), Michael Volle (baryton), Adrian Baianu (piano).  Oehms : OC 808 (distrib. Codaex).  TT : 58’29.

Les plus illustres chefs d’orchestre cachaient souvent des vocations plus ou moins réprimées de compositeurs (Furtwängler, Klemperer, De Sabata souffrirent même d’être plus considérés comme interprètes que comme créateurs).  Trois talentueux artistes nous proposent ici un programme fort attrayant.  Les Lieder de Hans von Bülow se distinguent par leur commentaire pianistique au cheminement harmonique parfois inattendu.  Plus épigonaux, ceux de Bruno Walter trahissent dans leur écriture vocale l’influence de son maître à penser Gustav Mahler, mais ils réussissent à créer des atmosphères émouvantes.  Le langage le plus original surgit de la plume de Clemens Krauss : l’élégance viennoise le dispute aux mirages d’harmonies capiteuses empruntant de mystérieux détours loin des enchaînements conventionnels ; ces huit Lieder sur des poèmes de Rilke témoignent d’une pensée bien plus avancée que les Lieder de son ami Richard Strauss, pourtant fécond dans le genre.  Une vraie découverte.

 

 

Richard WAGNER : Tristan und Isolde, The Duets Scenes.  Deborah Polaski (Isolde), Johan Botha (Tristan).  Wiener Singverein, RSO Wien, dir. Bertrand de Billy.  Oehms : OC 626 (SACD.  Distrib. Codaex).  TT : 76’27.

Le drame de Wagner, à notre époque, est que l’âge d'or du chant wagnérien semble révolu alors que ne manquent pas les valeureux chefs capables de cerner la complexité des architectures du Maître de Bayreuth et de leur donner une lisibilité sans pareille.  Que l’on puisse considérer Deborah Polaski comme une grande wagnérienne montre bien vers quelle décadence nous avons plongés !  Quant à la couleur et au « format » vocal de Johan Botha, ils sont plus idoines au répertoire italien qu'à Wagner, également pratiqués.  Pour tout arranger, il se met même à chanter faux dans un moment essentiel de l’Acte II (« O sink hernieder, Nacht der Liebe ») ; et pour mieux l’épauler (!), sa partenaire se met aussi à détonner dans ses aigus. Résignons-nous à ce couple en nous disant que, de nos jours, on entend souvent pire, mais que, à l'époque des Kirsten Flagstad, Astrid Varnay, Birgit Nilsson, Lauritz Melchior, Max Lorenz, Hans Beirer (et la liste n'est pas close !), on entendait toujours mieux.  En revanche, la direction de Bertrand de Billy est tout simplement admirable.  Ses phrasés galbent l’entrelacs des leitmotive, créent l’attente de la portée expressive d’une intention en devenir (écoutez l’introduction à la Scène 5 de l’Acte I), dessinent la clarté polyphonique sans rien sacrifier de la densité du message.  L’orchestre de la Radio viennoise, sous son directorat, retrouve ses plus glorieuses heures ; les cuivres se fondent idéalement avec les cordes, et les bois jouent un rôle de premier plan dans le tracé des contours thématiques, en un dosage parfait.  C'est là le deuxième disque d'extraits d'un enregistrement de l'ORF (après le « Highlights » OC 602).  Si le label Oehms nous donnait la totalité de l’ouvrage, on tiendrait une grande intégrale, du point de vue orchestral.

 

 

Paul DUKAS : Ariane et Barbe-Bleue.  Deborah Polaski (Ariane), Jane Henschel (la Nourrice), Ruxandra Donose (Sélysette), Chœur philharmonique slovaque, RSO Wien, dir. Bertrand de Billy.  Oehms : OC 915 (2CDs, distrib. Codaex).  TT : 116’15.

On peut s’étonner que le chef-d’œuvre de Paul Dukas soit aussi négligé des scènes lyriques ; le compositeur y réussit pourtant l’harmonieuse synthèse entre Wagner et Debussy, sans se laisser étouffer ni par l’un ni par l’autre, ce qui, en 1907, s’avérait un exploit digne d’être souligné.  La wagnérienne équipe Polaski/de Billy s’attaque à cet ouvrage symboliste (le texte est de Maurice Maeterlinck) de la féminité à la conquête de sa liberté, où le redoutable mâle n’émet que huit répliques, en une scène de moins de deux minutes.  On devra encore supporter les carences du chant actuel, Deborah Polaski et Ruxandra Donose faisant assaut de vibrato et de justesse mal assurés (on aura noté que l’auteur emploie ici une élégante périphrase pour dire que ces dames chantent faux à faire pleuvoir pendant un an !), mais on endurera ce mal pour jouir de la somptueuse interprétation orchestrale de Bertrand de Billy et de son orchestre viennois.  Leur rondeur wagnérienne se marie au raffinement des cataractes de couleurs déversées par Dukas, le flux de la « mélodie continue » serpente des ténébreuses opacités à la lumière aveuglante, et l’on admirera particulièrement la conduite dramatique qui mène des scènes d’action de l’Acte III à la compassion sur laquelle s’éteint l’opéra.  Cette version de concert donnée à la Wiener Konzerthaus restitue aux Français un pan de leur histoire lyrique.

 

Sylviane Falcinelli

 

Alexandre P.F. BOËLY : Pange LinguaIntégrale des œuvres pour orgue.  Première mondiale.  Marie-Ange Leurent & Éric Lebrun.  Maîtrise de garçons de Colmar, dir. Arlette Steyer.  Coffrets de 8 CDs : « Élévation », Bayard Musique.  TT : 66’33, 70’05, 70’05, 60’58, 73’03, 60’49, 66’36, 69’38.

Après l’intégrale des œuvres d’orgue de Buxtehude (Grand Prix de l’Académie Charles-Cros en 2006), dont nous avons rendu compte dans les nos 539/540 de L’E.M., Marie-Ange Leurent et Éric Lebrun nous proposent une autre intégrale d’importance, celle de l’organiste français Alexandre Pierre-François Boëly (1785-1858).  Exécutée sur 9 instruments différents situés au quatre coins de la France, et dont les caractéristiques sont recensées dans l’excellent livret qui accompagne le coffret, cette intégrale comporte 205 pièces d’orgue ; la maîtrise de garçons de Colmar, dirigée par Arlette Steyer, et Sébastien Mercet à l’ophicléide se joignent parfois à l’orgue et dialoguent avec lui.  Héritier d’une famille de musiciens et de chantres de la Chapelle royale de Versailles, Alexandre Boëly, né juste avant la chute de la royauté, réalise le trait d’union entre l’Ancien Régime et le Romantisme naissant, tout en révélant aux Français par ses nombreuses interprétations à l’orgue de Saint-Gervais, puis de Saint-Germain l’Auxerrois, l’art de Jean-Sébastien Bach.  L’anthologie ici présentée s’ouvre sur des pièces dialoguant avec la maîtrisen suivant le déroulement de l’année liturgique. Viennent ensuite des pièces pour l’Office divin (Offertoires, Kyrie…) comportant de nombreuses fugues, fantaisies ou préludes où l’influence de Bach est manifeste.  À la force et la grandeur de certaines pages s’opposent parfois des œuvres moins pompeuses, plus méditatives ou légères, reflétant la mode du temps.  Ce monumental panorama qui s’achève, en ultime hommage à J.-S. Bach, par le dernier contrepoint de l’Art de la Fugue, à quatre mains, terminé par Boëly, comporte encore des versets de Magnificat et 3 messes où alternent l’orgue et la maîtrise en faux-bourdon parisien, soutenu par l’ophicléide, comme autrefois.  C’est dans ce même esprit de tradition que Boëly écrivit la charmante messe « Extraite de plusieurs auteurs anciens », en hommage à J.-S. Bach, au Padre Martini, à Haendel, à Louis et François Couperin.  Nous ne pouvons que souligner ici la qualité des interprétations de la Maîtrise de Colmar et de leur chef Arlette Steyer, ainsi que de Sébastien Mercet à l’ophicléide, dont l’usage était alors répandu à l’église.  Mais nous saluerons surtout le talent sans faille et la virtuosité de Marie-Ange Leurent et d’Éric Lebrun, tout en restant confondus devant la somme de travail fourni pour mener à bien une aussi magistrale réalisation qui, grâce à eux, en ces dix heures de musique, nous permet de découvrir ou de mieux connaître l’œuvre et la personnalité du premier grand organiste français.  Mention spéciale à la qualité du livret explicatif clair, dense et parfaitement documenté.

 

Francine Maillard

 

Missa Tournai.  Ricercar (stephanie.flament@alpha-prod.com) : RIC 265.

La Missa Tournai (1349) est conservée à la bibliothèque de la cathédrale de cette ville (cote A 27), d’où son titre conforme à l’usage consistant à désigner des messes, notamment au XIVe siècle, par leur lieu de conservation.  Destinée à une grande solennité, elle comprend les parties habituelles : Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus, Agnus Dei, auxquelles sont ajoutées cinq autres pièces conservées ailleurs.  Elle se situe stylistiquement dans une période de transition, sans renier des éléments antérieurs, dans le sillage de l’Ars antiqua : notation franconienne, bilinguisme : motet en latin et d’inspiration religeuse ; triplum en dialecte du nord de la France et d’inspiration profane.  Toutefois, le rythme plus élaboré et des hoquets dans l’Amen se réclament de l’Ars Nova, dans la mouvance du Traité éponyme (ca 1320) de Philippe de Vitry.  Laurence Brisset, à la tête de l’ensemble De Caelis (cinq voix féminines), redonne vie à cette Messe et à quelques pièces traitant « la très grande souffrance de l’amour », jalousie, la « dame jolie »… Mais l’intérêt de cette réalisation réside surtout dans l’interprétation de la Messe de Tournai qui peut symboliser le répertoire en usage à la Chapelle papale, lorsque les papes étaient accueillis en Avignon (1309-1405).  Ce disque s’impose par ses critères d’interprétation et en tant que témoignage religieux et historique.

 

 

Lambert de SAYVE : Messe pour le Sacre de l’empereur Matthias.  Ricercar : RIC 266.

Lambert de Sayve (1549-1614), vraisemblablement originaire de cette localité (près de Liège), a peut-être été chantre à la cathédrale Saint-Lambert. Il passe sa vie à Vienne, au service des Habsbourg.  Né à Vienne (Autriche), le 24 février 1557, et mort dans cette ville, le 20 mars 1619, l’empereur Matthias Ier est le cinquième fils de Maximilien II et de Marie d’Espagne, empereur du Saint-Empire et roi de Bohême, de la maison de Habsbourg (roi de Hongrie sous le nom de Matthias II).  Selon le musicologue belge Jérôme Lejeune, cette Messe exploite « plusieurs sources musicales » : c’est ainsi que l’ordinaire provient de la Missa super Dominus regnavi (16 voix, 4 chœurs) de L. de Sayve.  Jean Tubéry, à la tête de La Fenice et du Chœur de chambre de Namur, a réussi à conférer à chaque chœur sa couleur particulière, certaines parties étant confiées à des instruments (cornets) - c’est le cas du Da pacem -, alors que le propre est chanté en plain-chant.  Cet office reconstitué est aussi un témoignage historique reflétant les fastes d’un sacre impérial.

 

 

Jean-Sébastien BACH : Œuvres de jeunesse.  Andreas Staier, clavecin.  Harmonia Mundi (33, rue Vandrezanne, 75013 Paris. mbenoit@harmoniamundi.com) : HMC901960.  TT : 65’47.

Le claveciniste attitré de l’ensemble Musica Antiqua de Cologne, Andreas Staier, révèle des œuvres de jeunesse de Jean-Sébastien Bach : trois Toccata, neuf Partita sur le choral luthérien bien connu : O Gott, du frommer Gott (Ô Dieu pieux), dans lequel le cantus firmus circule librement d’une voix à l’autre.  Cette Partita est perçue différemment au clavecin.  Le Caprice sur le départ de son frère bien aimé, BWV 992, est - fait rare dans sa production - un exemple de musique à programme avant la lettre, évoquant le lamento des amis, le cor de postillon et la fugue.  A. Staier a retenu, pour cet enregistrement, un clavecin A. Sidey (d’après H. A. Hass, Hambourg, 1734) n’ayant pas appartenu au Cantor de Leipzig.  Certes, la musique de ce dernier est perçue autrement, mais ces pages énergiques, méditatives, bien construites, non dénuées de charme, sonnent avec une autre sonorité, et ne déplairont pas aux clavecinistes et aux amis de Jean-Sébastien Bach.

 

 

Carlos SEIXAS : Sonatas.  Numérica (gdoderer@mail.telepac.pt) : Num 1176.  TT : 61’.

Antonio José Carlos Seixas (1704-1742), organiste à la cathédrale de Coimbra, puis à la Chapelle royale, est un compositeur didactique, l’un des plus grands compositeurs portugais dont l’œuvre fait preuve d’une grande originalité.  Dans les années 1930, le musicologue Macario Santiago Kastner a attiré l’attention sur lui et sur son œuvre destinée au clavecin et à l’orgue.  Le Professeur Gerhard Doderer définit la notion de sonate à l’époque en cause. Cremilde Rosado Fernandes se produit sur un pianoforte B.Cristofori/G.Ferrini datant de 1730, dont l’esthétique convient parfaitement à ce répertoire. Sa musicalité à toute épreuve, son jeu précis, sa remarquable technique et ses attaques énergiques lui permettent de mieux faire connaître la figure de proue de la musique portugaise qu’est José Carlos Seixas.  Son œuvre particulièrement attachante se devait d’être révélée au grand public, et cette excellente réalisation est tout à l’honneur de ce grand musicien portugais auquel la claveciniste hors pair réserve un sort royal.

 

 

Naissance de Lourdes.  Jade (43, rue de Rennes, 75006 Paris. jade@milanmusic.fr) : 699660-2.

L’abbé René Laurentin, exploitant de solides sources d’archives, retrace les débuts de Lourdes, et évoque « cette joyeuse complicité qui unit Bernadette Soubirous à celle qui lui apparut sous l’image d’une déconcertante jeunesse ».  En effet, c’est le 25 mars 1858 que Bernadette est poussée vers une grotte où la Dame est apparue et s’est révélée à elle.  Elle relate alors cette apparition à son curé et, depuis lors, Lourdes est devenue le célèbre lieu de pèlerinage que l’on sait.  Le récit, tour à tour narratif ou descriptif, est entrecoupé de musiques de circonstance : extraits d’Ave Maria, de Magnificat interprétés par l’Ensemble vocal Philippe Caillard (disque remastérisé), permettant de situer et de réaliser l’ampleur de l’engouement pour ce célèbre lieu de pèlerinage.

 

Édith Weber

 

Raymond Trouard (°1916). Une vie pour le piano11 CDs Sony Classical : 318462 (vol.1, vol.2).

Hommage peu banal à une vie honnêtement consacrée au piano et à son enseignement, ce coffret réunit - en rien moins que 11 CDs - l’essentiel des interprétations par Raymond Trouard [notre photo] d’œuvres de Chopin, Liszt, Beethoven, Schubert, Grieg, Tchaïkovski, Saint-Saëns...  La notice y incluse comporte un mémorable entretien avec Frédéric Gaussen - certes fort éclairant sur la psychologie de l’artiste, mais faisant surtout revivre tout un âge d’or, rue de Madrid.

 

 

Franz SCHUBERT : Quatuors à cordes, vol. 1 : Quatuor en mib majeur, D 87 ; Quatuor à cordes en mineur, D 810, « La jeune fille et la mort ».  Mandelring Quartett.  Audite : 92.507 SACD.  TT : 69’42.

Dans une interprétation d’un poignant dramatisme - admirable Mandelring Quartett ! [notre photo] -, compensé par une prise de son d’une parfaite luminosité, sont ici regroupées l’une des premières et l’une des dernières œuvres chambristes de Schubert.  Où - déjà dans celle composée à 16 ans (D 87, op. posth. 125, n°1), encore fort mozartienne, transparaît « le génie de laisser les choses suivre leur propre cours » (selon Schumann) - sans autre souci compositionnel.

 

 

Alexandre SCRIABINE (1872-1915) : Les dix sonates pour piano.  Vladimir Stoupel, piano.  3CDs Audite : 21.402.  TT : 67’12 + 57’45 + 43’45. 

Rares sont les pianistes à avoir osé programmer - au concert - l’intégralité d’un répertoire aussi singulier.  Lequel nécessite – outre des doigts d’acier – de pouvoir totalement s’immerger dans un univers d’une prodigieuse complexité intellectuelle et émotionnelle…  Naturalisé français en 1985, le pianiste & chef d’orchestre russe Vladimir Stoupel est certes à la hauteur d’une telle gageure.  Le corpus discographique désormais de référence.

 

Dans sa collection « Deutschlandradio Kultur », la firme allemande Audite (www.audite.de) nous livre  quelques trésors jusqu’à présent conservés sur bandes dans des archives de stations de radio.  Où l’on découvre aussi les merveilles que peut faire aujourd’hui la remastérisation.  Regrettons toutefois que les excellentes notices ne soient encore rédigées qu’en allemand & en anglais.

Hugo WOLF : Mörike Lieder.  Dietrich Fischer-Dieskau, baryton.  Hertha Klust, Rudolf Wille (piano).  Enregistré à Berlin (1949, 1951, 1955).  Audite : 95.599.  TT : 53’42.  Hugo WOLF : Goethe-LiederSpanisches Liederbuch (extraits).  Dietrich Fischer-Dieskau, baryton.  Hertha Klust, Rudolf Wille (piano).  Enregistré à Berlin (1948, 1949, 1953).  Audite : 95.600.  TT : 53’46.  Dans sa juvénile splendeur vocale, comment ne pas saluer, une nouvelle fois, le plus grand interprète de lieder du XXe siècle ! Avec un exceptionnel rendu du grain de la voix…

 

   

 

Giuseppe VERDI : Messa da Requiem.  H.Zadek, M.Klose, H.Rosvaenge, B.Christoff.  Wiener Philharmoniker, Singverein der Gesellschaft der Musikfreunde Wien, dir. Herbert von Karajan.  Live 1949, Salzburger Festspiele.  2CDs Audite : 23.415.  TT : 51’08 + 40’04.  S’il est une chose que savait admirablement servir Karajan, c’est bien la théâtralité !  Il est ici, d’évidence, à son affaire, d’autant plus que solistes, chœurs et orchestre qui l’entourent étaient alors probablement les meilleurs.

 

 

Piotr Ilitch TCHAÏKOVSKI : 2e Concerto pour piano.  Franz LISZT : 1er Concerto pour piano.  Shura Cherkassky, piano.  RIAS-Symphonie-Orchester, dir. Ferenc Fricsay.  Berlin, 1951-1952.  Audite : 95.499.  TT : 53’53.  Qualifié un peu rapidement de « dernier tsar de l’âge d’or du piano », le grand Shura Cherkassky ((1909-1995), dans un répertoire où tant de pianistes font assaut de virtuosité, prend ici, bien au contraire, des tempi modérés.  Et la musique y trouve naturellement son compte…  Idéalement attentif et discret se montre Ferenc Fricsay (1914-1963).

 

 

Frédéric CHOPIN : Dix-neuf Nocturnes.  Stéphane Blet, piano.  2CDs Saphir (www.saphirproductions.net) :LVC 1072.  TT : 55’49 + 59’13.

L’hypersensibilité du pianiste convient certes admirablement à l’interprétation de ces tendres confidences.  Quoique l’incessant rubato et un sort fait à chaque note puissent parfois indisposer.

 

 

Édith CANAT DE CHIZY (°1950) : Livre d’Heures.  Chœur Britten, ensemble Les Temps modernes, dir. Nicole Corti.  Loïc Mallié à l’orgue Saint-Pothin de Lyon.  Hortus : 051.  TT : 54’48.

Inspiré des enluminures des Très riches heures du duc de Berry, le présent Livre d’Heures, pour chœur de femmes, ensemble instrumental (10 exécutants) & solistes (2 soprani, 2 alti), créé en 1984 dans le cadre du Festival d’Art sacré de la Ville de Paris, illustre admirablement quatre offices du « temps ordinaire » : Matines (7 heures), Laudes (midi), Vêpres (17 heures) et Complies (21 heures).  Atmosphères transparentes et mystérieuses, que l’on retrouve dans Messe brève de l’Ascension pour ensemble vocal (12 voix), œuvre créée en 1996 lors de l’inauguration de la cathédrale d’Évry, aussi bien que dans Véga (2000), pièce pour orgue inspirée du poème À Henry Purcell (1981) de Philippe Jaccottet.  Dans des interprétations intensément recueillies, voilà l’enregistrement - indispensable à votre discothèque - d’œuvres de l’un des compositeurs majeurs de notre temps.  Album assorti d’improvisations par Loïc Mallié, titulaire de l’orgue Kern de Saint-Pothin à Lyon.  Remarquable notice signée Sylviane Falcinelli.

 

Livre d'heures, TEMPS MODERNES (ENSEMBLE DES)

 

Promenade.  Vincent Lucas (flûte), Emmanuel Strosser (piano).  Indesens Records (www.indesens.fr) : INDE009.  TT : 70’55.

Voici, magistralement interprété par la 1re flûte solo de l’Orchestre de Paris et un pianiste justement réputé pour ses qualités chambristes, un ensemble de pièces pour flûte & piano signées des plus grands compositeurs français du premier XXe siècle, âge d’or de la flûte : Fauré (Fantaisie op.79), Debussy (Syrinx ; Prélude à l’après-midi d’un faune, transcription de G. Samazeuilh), Widor (Suite op.34), Poulenc (Sonate), Gaubert (Fantaisie), Messiaen (Le merle noir), Jolivet (Chant de Linos).  Friandise !

 

 

Francis POULENC : Aubade, Trio, Sextuor, Suite française.  Quintette à vent Moraguès.  Emmanuel Strosser, piano.  Saphir Productions (www.larchipel.net) : LVC 1068.  TT : 61’49.

Trois secondes ne suffisent-elles pas pour reconnaître, en toute œuvre, la patte du merveilleux Francis Poulenc - le plus justement célébré, désormais, compositeur des Six ?  N’en puissent mais nos égrotants de l’avant-garde...  Bonheur de retrouver ici, dans une même étincelante interprétation : Trio (1926) pour hautbois, basson et piano, Sextuor (1932) pour piano, flûte, hautbois, clarinette, cor et basson, Aubade (1929), concert chorégraphique pour piano et 18 instruments, et la Suite française (1940), hommage à Claude Gervaise – ces deux dernières œuvres dans une transcription de Ohtaki Katsuhisa.

 

Francis Gérimont

 

Wolfgang Amadeus MOZART : Symphonies n° 29, 33, 35 « Haffner », 38 « Prague », 41 « Jupiter ».  Orchestra Mozart, dir. Claudio Abbado.  2CDs Universal Archiv : 477 7598. TT : 72'54 + 74'12.

Le grand chef italien, dont on fête le 75e anniversaire, nous offre un bien beau présent avec un bouquet de symphonies de Mozart.  L'attrait de ces interprétations nouvelles, on le doit à la présence d'une formation ad hoc de jeunes musiciens, l’Orchestra Mozart, lointaine émanation de l'Accademia filarmonica di Bologna, qui déjà au XVIIIe siècle jouissait d'une grande notoriété et comptait le compositeur de Salzbourg parmi ses élèves.  Avec ces talentueux interprètes, que leur jeunesse libère de tout préjugé, Abbado fait des merveilles.  Modèle de naturel dans le phrasé, le discours est d'une vitalité confondante avec des contrastes dynamiques saisissants en clair-obscur jusqu'à d'évanescents ppp, paré qu'il est d'une articulation énergique à la fois empreinte de souplesse.  Le son allégé d'une formation peu importante en nombre évite toute impression de lourdeur. Et quel esprit dans l'habile juxtaposition des styles dont ces pièces sont l'expression : la danse, le théâtre, l'opéra bien sûr ; des climats si divers aussi qu'elles traduisent.  Si le choix de certains tempos surprend, ce qui renvoie à l'épineuse question du juste tempo, la cohérence d'ensemble donne raison au chef qui souligne combien l'interprétation mozartienne a évolué. Du très beau travail d'orchestre.

 

 

Wolfgang Amadeus MOZART : Concertos pour violon et orchestre, Symphonie concertante pour violon et alto, KV364Giuliano Carmignola, violon ; Danusha Waskiewicz, alto.  Orchestra Mozart, dir. Claudio Abbado.  2CDs Universal Archiv : 477 7371. TT : 57'36 + 71'45.

Doublé gagnant avec une autre intégrale mozartienne : les concertos pour violon et orchestre - une première au disque pour Claudio Abbado - se voient pareillement dotés d'une exécution énergique toute de fraîcheur et d'infinie délicatesse.  Le jeu apollinien de Giuliano Carmignola, venu du baroque, le travail sur les accents, les tempos imaginatifs, souvent incisifs, impriment à ces pièces attachantes une réelle spontanéité.  Le soliste ne recherche pas l'effet, pas plus qu'il ne verse dans la manière trop facilement galante.  De même se refuse-t-il à tout usage excessif du vibrato et à tirer les derniers concertos vers la manière romantique.  L'admirable 3e Concerto est un miracle d'aisance expressive et de poésie.  Le 5e est plein d'esprit et regorge de fièvre au presto final très rythmé.  On retrouve le vrai caractère de ces pièces, proches de la sérénade, foisonnant d'idées mélodiques simples où tendresse et gravité se partagent l'inspiration.  Toute aussi réussie est la symphonie concertante pour violon et alto (jouée ici par le premier pupitre de l'orchestre) où Mozart a mis tant de lui-même dans l'expression de la douleur mais aussi de l'ardeur volontaire.

 

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Ludwig van BEETHOVEN : Sonates pour piano n°28 op. 101 et n°29 op. 106 « Hammerklavier ».  Mitsuko Uchida, piano.  Universal Philips : 475 8662.  TT : 68'51.

La pianiste Mitsuko Uchida s'attaque à la monumentale sonate op. 106.  Issue de la crise personnelle que vécut Beethoven dans les années 1815-1817, des doutes qui l'assaillaient alors sur ses capacités de compositeur, l'architecture en est telle, sans parler de sa durée inhabituelle, qu'on a pu dire qu'elle « fait éclater tous les cadres de la sonate » (Massin).  De fait, sa richesse d'écriture la rapproche d'un parcours symphonique.  Elle exige beaucoup de l'interprète, auquel le compositeur prédisait bien du labeur.  Certes, il y faut une belle endurance et un flair certain pour démêler l'écheveau d'un discours souvent ardu, à la limite de l'abstrait, et ménager les changements incessants de climats et de tempos.  La pianiste japonaise possède ces qualités, comme la formidable vigueur dans le jeu dont elle couvre sans effort le vaste spectre.  Ainsi de l'allegro initial, depuis le début en fanfare jusqu'au cantabile doux et expressif, en passant par toute une palette de nuances et une succession de ruptures digne des épisodes d'un combat.  Le scherzo renchérit prestissime.  Le vaste adagio – placé ainsi par Beethoven curieusement en troisième position – est une immense méditation aux atmosphères contrastées, tour à tour mélancolique, tragique, d'une exceptionnelle gravité, alors que le discours s'apesantit dans le registre grave de l'instrument.  Le final fugué à trois voix est exécuté avec une extrême rigueur.  Voici une interprétation intensément pensée, captée au demeurant avec un relief saisissant.  La sonate op. 101 qui l'accompagne est une égale réussite.  Elle évolue dans le registre du rêve, comme l'affirme l'indication du premier mouvement « avec le sentiment le plus intime ». L'émotion recueillie, l'extrême concentration, les contrastes sont encore la marque d'une interprétation de haut vol.

 

 

Franz SCHUBERT : Quartettsatz D.703, Quintette pour deux violoncelles D.956.  Artemis Quartet, Truls Mørk, violoncelle.  Virgin : 502113 2 6. TT : 62'50.

Le Quintette pour deux violoncelles est un des sommets absolus de la musique de chambre. Parce que Schubert y parle à l'âme.  Le jeune Quatuor Artemis et le celliste norvégien Truls Mørk s'y frottent.  Déjà ! Car une légère déception nous envahit.  Non que la perfection instrumentale ne soit pas au rendez vous, non plus que soit en question la greffe du cinquième interprète.  La clarté du phrasé, coutumière à cette formation, est elle aussi bien présente.  Le problème est ailleurs ; comme relevé lors de leur récent concert parisien, quoique à un moindre degré ici.  C'est le travail sur les accents qui pose question, et partant, le climat d'ensemble, tendu à l'extrême.  Le choix d'une manière libre qui cherche à éviter tout lyrisme débordant, pour louable qu'il soit, montre ses limites dans l'allegro initial pris d'une manière trop allante pour laisser le discours respirer suffisamment.  La démarche s'en ressent encore plus à l'adagio qui manque d'introspection et élude la gravité abyssale que Schubert a placée au cœur de son oeuvre, comme si le temps s'élargissait.  Les deux derniers mouvements sont plus en phase, le scherzo bondissant, admirablement articulé, avec, au trio médian, un bel effet de ralentissement, apte à exprimer toute la douleur de ce qui est comme un chant funèbre.  Le final, avec ses oppositions d'intensité a de l'allure de par une maîtrise technique admirable. Le Quartettsatz, mouvement de quatuor demeuré inachevé, se voit offrir une exécution très charpentée, la tension atteignant presque la violence.

 

 

Cielo e Mar : arias de Amilcare Ponchielli, Francesco Cilea, Saverio Mercadante, Arrigo Boïto, Giuseppe Petri, Antonio Carlos Gomes, Gaetano Donizetti, Giuseppe Verdi. Rolando Villazón, ténor.  Orchestra sinfonica di Milano Giuseppe Verdi, dir. Daniele Callegari.  Universal DG : 477 7224. TT : 56'41.

Pour son premier récital solo sous étiquette jaune, le ténor Rolando Villazón n'a pas choisi la carte de la facilité, abordant des compositeurs peu connus, tels Mercadante, Pietri ou le brésilien Gomes, et des pièces oubliées d'autres plus reconnus, tel Donizetti avec son Poliuto, immortalisé au féminin par Maria Callas ; en tout cas des rôles qu'il n'a pas encore porté à la scène – et qu'il devrait, à cet égard, laisser de côté pour certains.  Le climat d'ensemble de ce programme peu commun, qu'il présente comme « un collier de perles oubliées », se situe dans le registre dramatique.  Le parcours stylistique ne laisse pas d'être étonnant puisqu'il embrasse aussi bien le bel canto de Donizetti, l'écriture parée d'émotion à fleur de peau chez Boïto ou Ponchielli, le langage vériste même de Cilea.  Grand communicateur, Villazón sait créer le frisson par un engagement de tous les instants.  On admire la ligne de chant toujours superbement conduite et les aigus puissants et bien timbrés.  Lui chez qui la motivation se mesure au défi, déborde allégrement son domaine d'élection, le répertoire de ténor lyrique, pour des postures plus exposées.  À cet égard, c'est peut-être dans Verdi que la voix semble trouver son élan le plus naturel : l'air de Gabriele Adorno extrait de Simone Boccanegra, très dramatisé ; la cavatine de Rodolfo, tirée de Luisa Miller, plus encore, où la voix bandée comme un arc reste toujours expressive.  Si le récital se donne peu de moments de répit, à l'aune d'un interprète qui se vit constamment chauffé à blanc, le résultat vocal a un indéniable panache.

 

Jean-Pierre Robert

 

Actualité de Jean GUILLOU : Quatre nouveaux disques

R. SCHUMANN : Six Pièces en forme de canon op.56, Quatre Esquisses op.58, Six Fugues sur B.A.C.H. op.60 (adaptation à l’orgue par Jean Guillou, éd. Schott).  J. BRAHMS : Préludes et Fugues en la mineur et en sol mineurOrgue du Conservatoire de Naples.  Philips : 480 0988.  TT : 72’10.

Fr. LISZT : Orpheus, Prometheus (transcriptions de Jean Guillou) ; Fantaisie et Fugue sur B.A.C.H. (version syncrétique de Jean Guillou), Fantaisie et Fugue sur "Ad Nos ad salutarem undam"Orgue du Conservatoire de Naples. Philips : 480 0989.  TT : 66’59.

J. GUILLOU : Le voyage à Naples.  Six grandes improvisations.  Orgue du Conservatoire de Naples.  Philips : 480 0987.  TT : 67’18.

Jean GUILLOU joue GUILLOU et improvise : Scènes d’enfant (a) ; Säya (b) ; Improvisation sur O crux ave spes unica et Regina caeli (b) ; Quatre Improvisations données lors de messes à Saint-Eustache (c).  (a) Grote Kerk, Breda, 8.1979.  (b) Concert à St.Vincenz, Menden, 29.4.2007.  (c) Orgue Van den Heuvel, Saint-Eustache, Paris, 2007-2008.  CD Augure (www.augure-autourdejeanguillou.org) : 0802.  TT : 73’10.

 

Comment respecter une partition musicale, sans pour autant la momifier sous un baume musicologique ? À cette question, Jean Guillou apporte depuis longtemps une réponse, la sienne, la seule : en la créant, n’obéissant qu’au seul impératif qui vaille, la vie qui s’exprime en elle, à travers elle.  Les nouveaux disques que cet artiste a enregistrés pour Philips viennent confirmer aujourd’hui la justesse de sa position.  Ils en témoignent d’autant mieux qu’ils ont été enregistrés sur un orgue méconnu, imaginé par Jean Guillou lui-même : celui du Conservatoire S. Pietro a Majella de Naples, que l’on entend ici dans une prise de son exemplaire signée Jean-Claude Bénézech.  De la vie qui irrigue les interprétations de Guillou, le disque consacré à Liszt est l’illustration éclatante, et ce à des niveaux différents.  On y trouve d’abord deux poèmes symphoniques initialement confiés à l’orchestre, Prometheus et Orpheus, que Jean Guillou a transcrits pour l’orgue, restituant, grâce aux rehauts de couleur des belles registrations tout en contrastes, une palette qui n’a rien à envier aux formations de cordes, de bois et de cuivres romantiques.  Il y a ici une matérialité des sons que Jean Guillou travaille pour brosser ces vastes fresques mythologiques, et qui prend inévitablement l’auditeur.  Cette sensation se retrouve également dans les autres œuvres interprétées sur ce disque, ainsi des grouillements telluriques qui précèdent la péroraison de la Fantaisie et Fugue sur B.A.C.H.  Il s’agit là d’une autre pièce de ce programme monographique, composée à l’origine pour orgue, réécrite pour le même instrument, transcrite pour piano, puis pour piano à quatre mains par Liszt en personne.  C’est dire que le compositeur, infatigable transcripteur également de la musique des autres, n’imaginait pas un instant que ces pages dussent rester figées ! À chaque fois au contraire, l’instrument auquel il s’adressait lui suggérait des adaptations, parfois des réécritures, qui, sans changer le caractère de la partition, l’éclairent d’un jour nouveau.  Ce sont ces variations de lumière que Jean Guillou a cherché à capter dans sa « version syncrétique », n’hésitant pas à exiger de l’organiste qu’il maîtrise les figures les plus virtuoses du pianisme lisztien.  L’écriture en ressort plus dramatique que jamais.  Mais exacerber ainsi jusqu’aux tensions les plus cachées des œuvres qu’il joue, Jean Guillou sait aussi le faire sans toucher à la partition d’origine.  À preuve, l’immense architecture de la Fantaisie et Fugue sur le Choral « Ad nos ad salutarem undam », qui parachève le programme, et dans laquelle l’amour pour le détail qui guide le choix des registrations souvent complexes ne fait jamais oublier le vaste dessin qui préside à la structure d’ensemble.  Il faut écouter ces œuvres jouées par un Jean Guillou au sommet de son art.  Aucune précipitation du discours, et pourtant la vie palpite à chaque détour de phrase et il est des traits qui sont exécutés à une vitesse stupéfiante ; aucune démonstration gratuite de virtuosité cependant, et pourtant les moyens de l’organiste semblent illimités.  Il déploie l’infaillibilité technique surhumaine des meilleurs organistes à venir et le sens sûr de la narration, de la respiration, de l’agogique de celui qui est animé par cette musique-là depuis des siècles.  C’est bien cette intimité depuis toujours cultivée qui fait tout le prix des nouveautés Philips. 

 

 

Il n’en va en effet pas autrement pour le deuxième disque, consacré, à part deux Préludes et Fugues de Brahms, aux œuvres de Schumann, initialement pensées pour piano-pédalier et ici transposées (« traduites » écrit l’interprète) à l’orgue.  S’il est évidemment passionnant de comparer les interprétations d’aujourd’hui à celles que Jean Guillou confia autrefois aux micros de la même société Philips et qui sont malheureusement délaissées depuis (33 tours 6587 750), les premières se suffisent cependant amplement à elles-mêmes.  Car l’essentiel est ici encore dans l’appropriation dont ces œuvres font l’objet, non pas certes au sens d’une dépossession du compositeur d’origine par un monstre de narcissisme, mais bien à celui d’une volonté de les rendre propres à l’orgue, de les offrir à cet instrument pour ainsi servir au mieux la musique qui s’exprime à travers elles.  Alors, les Six Fugues sur le nom de B.A.C.H. sont implacablement construites, de même que, avec plus de simplicité cependant, les Six Pièces en forme de canon ; alors, les caractères des Quatre esquisses gagnent encore en individualité ; alors, loin de se mettre en avant, le « traducteur » se fait précisément oublier derrière ces pages qui ne trahissent plus leur provenance pianistique et qui résonnent comme pour la première fois, avec une fraîcheur proprement inouïe.

 

 

Une identique fraîcheur parcourt les improvisations du troisième disque, intitulé « Le voyage à Naples » et enregistré dans la foulée des deux premiers.  C’est sans conteste le disque d’improvisation le plus jeune, le plus personnel, le plus abouti qui se trouve actuellement sur les étals.  Organisé autour de thèmes de chansons napolitaines, il offre tantôt des variations aussi solides dans la structure qu’inconstantes dans l’humeur, qui jamais ne lâchent le thème ni ne le prennent comme prétexte à quelque divagation hermétique (« I’te vurria vasa’ ! »), tantôt une déconstruction systématique du thème, pourtant simple et bien connu, menacé de toutes parts, enserré dès le départ dans des rets harmoniques particulièrement impressionnants dont il n’aura de cesse d’essayer de triompher tout au long de la dizaine de minutes que dure l’improvisation, de façon plus ou moins timide mais néanmoins avec obstination (« Santa Lucia »), pour ne rien dire de l’élégance fragile confrontée à l’assaut de passions mal éteintes (« Fenesta che lucive ») ou du triomphalisme claironnant constamment soumis à des considérations plus subtiles (« Guaglione »).  On connaît en effet la prédilection de Jean Guillou pour les développements dramaturgiques, où il est moins question d’appliquer une forme prédéfinie à un discours musical, qui en sortirait nécessairement bridé, que de transformer celui-ci en déclamation, hypotypose généralisée qui évoque l’agôn des personnages ainsi mis en scène.  L’urgence vitale qui se dégage dès lors des gestes musicaux de Jean Guillou, on l’éprouve encore – et particulièrement – à l’écoute des deux improvisations libres qui rythment cet enregistrement, l’une dédiée au Caravage, l’autre à Gesualdo : impossible, après les avoir entendues, de douter que le démiurge de Saint-Eustache partage avec ces deux créateurs à l’audace paroxystique un identique furor.

 

 

Ces élans créateurs, on les retrouve sur un autre disque encore.  La triple livraison de Philips vient en effet interrompre, pour cette maison, un silence discographique de cinq longues années (le dernier enregistrement de Jean Guillou paru sous cette marque ayant été consacré à Mozart, en 2003) ! Mais les amateurs avaient heureusement de quoi tromper leur impatience. Non seulement l’association Argos a-t-elle édité régulièrement, au bénéfice de ses adhérents, des enregistrements de concerts de Saint-Eustache, mais surtout l’association Augure a-t-elle pris l’heureuse initiative en 2007 de graver des enregistrements inédits, réalisés exprès et disponibles pour le public le plus large.  Après un premier disque composé majoritairement d’improvisations datant du premier trimestre de 2007, on peut aujourd’hui s’en procurer un deuxième, qui mêle improvisations de 2007-2008 et interprétations de compositions de Jean Guillou, en l’occurrence Säya ou l’oiseau bleu, d’un concert donné en Allemagne, à Menden, le 27 avril 2007, et les Scènes d’enfant, jouées en 1979 sur l’orgue de Breda.  Il s’agit là d’œuvres dont le mélomane averti possède sans doute déjà des versions de référence, données à Saint-Eustache (Philips 456 513-2 / 465 512-2), mais qui reçoivent ici un éclairage nouveau.  Celui-ci est évidemment fonction des orgues utilisées mais, pour être tributaire des contraintes propres aux esthétiques classiques et néo-baroques, il n’en impose pas moins sa cohérence.  Les hallucinantes Scènes d’enfant, surtout, prouvent ainsi encore une fois – et on retrouve par là notre propos de départ – qu’à condition de bien vouloir interpréter la partition musicale, ouvrir la musique à l’instant où on la joue, le véritable artiste la vivifie, immanquablement.

 

 

Yves Mausen

 

Franz LACHNER (1803-1890) : Requiem en fa mineur, op. 146.  Kammersolisten Augsburg, dir. Hermann Meyer.  Carus n°83.178.  TT : 59’15.

Compositeur, chef de chœur et d’orchestre, mais aussi directeur de l’Opéra de Munich jusqu’en 1864, Franz Lachner est un grand oublié de l’histoire de la musique.  À la suite de la retraite anticipée - après que Richard Wagner eut imposé Hans von Bülow au poste que Lachner occupait depuis 1836 -, c’est en effet l’intégralité de son œuvre, jugée « passéiste », qui a été mise sur la touche.  Depuis mars 2006 cependant, il semble que la traversée du désert se termine pour ce compositeur né en Bavière mais formé en Autriche, où il rencontra et apprécia Beethoven et surtout Schubert dont il fut un ami fidèle : ses compatriotes commencent en effet à enregistrer ses œuvres maîtresses, dont un étonnant Requiem qui n’a pas fini de faire parler de lui.  Écrit en 1856 pour célébrer le centenaire de la naissance de Mozart, ce Requiem de Lachner est pourtant bien différent de celui à qui il est dédié – si l’on excepte deux fugues magistrales (celles du Kyrie et du Quam olim Abrahae) qui sonnent effectivement comme des hommages à celles de Mozart.  Le Dies Irae de Lachner annonce par contre, avec 15 ans d’avance, celui de Verdi.  Quant aux derniers des treize numéros (à partir de l’Hostias inclus), intimistes car le plus souvent chantés dans la nuance piano et parfois même a cappella, ils baignent dans un éclairage et un climat harmonique parfaitement fauréens  - alors que Fauré ne devait écrire sa propre Messe de Requiem que 32 ans plus tard.  Toujours respectueux de voix qu’il ne maltraite jamais, richement mélodique, se prêtant parfaitement à la réduction voix/orgue - à condition de conserver les timbales, le violon alto, le hautbois et le violoncelle indispensables à sa couleur d’ensemble - ce Requiem ne tardera sans doute pas à figurer au répertoire de nombreux chœurs amateurs de bon niveau.

 

Michèle Lhopiteau

 

DVD

Emil Gilels, live in theMoscow Conservatory, 1978 (vol.4) joue SCHUMANN, BRAHMS et CHOPIN.  Video Artists International (www.vaimusic.com) : 4469.  TT : 90’.

Ce siècle avait 10 ans (1810, année certes faste pour les amoureux du piano) lorsque naquirent et Schumann et Chopin.  Compositeurs qu’Emil Gilels (1916-1985) interprète ici - encadrant Brahms - avec la puissante clarté et le refus de tout mièvre alanguissement qui le caractérisaient.  Schumann : Quatre Pièces, op.32.  Brahms : Quatre Ballades, op.10.  Chopin : Sonate en si mineur, op.58 / Étude en lab, op. posth. / Polonaises, op.40 n°2 et op.53.  Dans le plus parfait respect des textes, une admirable leçon de sobriété.

 

Francis Gérimont

 

Dmitri CHOSTAKOVITCH : Lady Macbeth of Mtsensk.  A.M. Wesbroek, Ch. Ventris, Vl. Vaneev, C. Wilson.  Royal Concertgebouw Orchestra, dir. Mariss Janssons.  Régie : Martin Kusej.  2DVDs Opus Arte : 0A 0965 D. TT : 3h56'.

La mise en scène conçue par Martin Kusej à l'Opéra néerlandais d'Amsterdam pour Lady Macbeth de Mtsensk, l'opéra phare de Chostakovitch, est un formidable manifeste de théâtre.  Loin de tout conformisme, elle projette la lumière sur la sensualité du personnage de Katerina dont les expressions sont saisies avec l'incisif du scalpel à travers une suite de magnifiques plans rapprochés.  On en arrive presque à comprendre le désespoir de cette femme à la fois meurtrière et victime d'un système.  Dans un environnement confiné, pour souligner l'isolement, où dominent grisaille et couleur bleu de chauffe, les personnages livrent leurs pulsions sans fard et se confrontent à la violence dans une promiscuité étouffante, à la limite de l'expressionisme.  On est saisi par une déferlante d'images d'un redoutable impact, succession d'éclats paroxystiques, de débordements à la forte charge érotique.  Leur pouvoir évocateur dérange, mais il mise juste.  En fait, c'est la musique elle-même qui est mise en scène, sa puissance émotionnelle, sa force primaire et brutale, sa charge caustique.  Ce qu'une exécution hors pair démontre à l'envi.  Un spectacle incandescent, dont on ne sort pas indemne - qu'on pourra voir ausssi la saison prochaine à l'Opéra Bastille.

 

Jean-Pierre Robert

 

POUR LES PLUS JEUNES

La musique me fatigue, mais comme ça je veux bien…  2CDs Sony Classical + album Folio « Luxe, calme & volupté » de Sempé. / Je n’aime pas le jazz, mais ça j’aime bien !  2CDs Columbia + album Folio « Les musiciens » de Sempé.

Rien que des « tubes » !  Ces deux publications devraient assurément faire un malheur… Ainsi, dans le premier coffret, trouvons-nous quelques-unes des pièces les plus populaires de Boccherini, Mozart, Satie, Rodrigo, Barber, Bach, Schubert, Grieg, Sibelius, Pachelbel, Haendel… mais aussi des improvisations signées T. Thielemans, S. Getz, M. Jackson, G. Mulligan, N. Hefti, I. Jacquet, B. Webster…  Quant au second coffret, il comporte de célèbres thèmes interprétés par D. Ellington, D. Brubeck, G. Miller, M. Davis, S. Rollins, S. Vaughan, C. Parker, C. Baker, S. Grappelli, T Monk, L. Hampton…  Le tout assorti de deux albums du merveilleux Sempé !

 

                

 

Nocturna, la nuit magique. Une grande aventure au pays des rêves.  Production : Philippe Garell.  Réalisation : Adrià Garcia & Victor Maldonado.  Musique : Nicolas Errèra.  Avec les voix de Roger Carel, Jean-Luc Reichmann, Hélène Bizot… France Télévisions Distribution (www.francetv.com) : 757 177.  TT : 80’ + suppléments DVD.  17 €.

Sélectionné pour le 64e Festival du Film de Venise, ce délicieux film d’animation nous conte les aventures nocturnes du jeune Tim qui, du haut du toit de l’orphelinat qui l’accueille, a vu disparaître Adhara, sa minuscule étoile.  Avec l’aide du Berger des chats et de sa fidèle ribambelle, il affrontera - pour la retrouver - terreurs nocturnes et personnages plus ou moins bien intentionnés.  La nuit, tout n’est-il pas possible ?  Les suppléments DVD comportent notamment : « Les coulisses de l’animation » (3 modules totalisant 22’), où nous est expliqué comment dessiner des personnages, réaliser des bruitages, construire une bande-son, concevoir affiches & bandes-annonces…

 

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Francis Gérimont

 

Chansons d’enfance couleur jazz, vol.2.  Enfance et Musique (www.enfancemusique.asso.fr).

L’association Enfance et Musique est devenue en 25 ans un label de référence au niveau national, en ce qui concerne l’éveil culturel et artistique du jeune enfant.  Prenez un combo jazzy, des classiques de la chanson enfantine, agrémentez tout cela d’un mélange harmonieux de voix d’adultes et d’enfants, vous obtenez la recette choisie par le groupe Triocéphale pour ce deuxième volume des Chansons d’enfance couleur jazz…  Un habile cocktail de swing et de chansons pour les petits à découvrir en famille !  Ce CD est fourni avec un livret illustré où figurent les paroles des chansons ! À noter que certaines chansons sont accompagnées de versions instrumentales.  Est aussi paru Poésique, avec des textes de Jeanne-Marie Pubellier et des musiques originales d’Alain Paulo où vous rencontrerez de drôles de bêtes, un singe, des poules, une licorne, des fées et même, au détour d’un buisson, quelques-uns de nos plus grands poètes comme Paul Verlaine, Charles Baudelaire et Alfred de Musset.  Sur www.enfancemusique.asso.fr vous trouverez toutes leurs parutions de CDs ainsi que des spectacles jeunes publics ! À découvrir sans attendre !

 

Laëtitia Girard

 

 

 


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The Pilgrim’s Progress de Ralph Vaughan Williams (1872-1958)

au Sadler’s Wells Theatre, Londres

 

À l’occasion du cinquantième anniversaire de la mort du compositeur, professeur, hymnologue, écrivain et chef d’orchestre anglais, Ralph Vaughan Williams - survenue le 26 août 1958 - le théâtre Sadler’s Wells de Londres [notre photo] donnait deux représentations de The Pilgrim’s Progress (« Le Voyage du Pèlerin »), les 20 et 22 juin derniers.  Cette œuvre fondamentale a occupé l’esprit du musicien sa vie durant.  En effet, pour tout Anglais, l’allégorie populaire (1678) de John Bunyan (1628-1688), rétameur de casseroles et prédicateur puritain éclairé, constitue une référence essentielle non seulement pour sa dimension spirituelle mais aussi en tant qu’expression littéraire de premier plan.  L’aventure de « Pèlerin » - « Chrétien » pour le texte-source - nous captive par l’intelligence psychologique de son déroulement.  L’itinéraire périlleux conduit le lecteur de la City of Destruction jusqu’à la Celestial City, soit de la disharmonie à l’harmonie, en passant par de nombreux et différenciés obstacles.  Le rêve de son auteur est magnifié, ici, par une musique dont l’inspiration se réfère constamment à l’harmonieuse synthèse entre le folk song et l’hymn.  D’où une profonde valorisation de la mélodie, élément premier du langage musical pour Vaughan Williams.  Autrement dit, sa partition - qu’il désigne comme A Morality - forme une belle et magistrale anthologie de la mélodie à travers sa longue tradition en Angleterre.

John Bunyan a rédigé son récit alors qu’il était incarcéré dans la terrible prison de Bedford, ce pour avoir prêché en tant que Dissenter après le retour de Charles II Stuart (1630-1685) lors de la Restauration, en 1660.  Il y est resté, une première fois, douze années, entre 1660 et 1672 ; puis, une deuxième fois, pour une période de six mois, en 1675.  Il créera sa journey à partir de ce moment-là.

Le 24 mai 1904, Ralph Vaughan Williams, pris par sa collecte de folk songs, découvre un tune (« mélodie ») dans le Sussex.  Il l’adaptera à des paroles issues de la seconde partie de The Pilgrim’s Progress de Bunyan, éditée en 1684.  Prononcées par Mr. Valiant-for-Truth, elles seront à la base d’un hymn incorporé, en 1906, dans The English Hymnal.  Le compositeur mettra, de la sorte, en perspective une mélodie populaire et un texte dont la teneur est également populaire.  Il n’aura de cesse de poursuivre sa tâche, très progressivement, jusqu’en 1949, année où le processus compositionnel de sa propre version de The Pilgrim’s Progress sera achevée.  Il s’agit d’une adaptation du texte-source dans laquelle Vaughan Williams a interpolé des passages de la Bible et quelques vers de sa seconde épouse, Ursula.  L’œuvre sera créée, le 26 avril 1951, au Royal Opera House, Covent Garden.

J’ai eu le grand privilège et la joie d’assister à la représentation du dimanche 22 juin donnée à la mémoire d’Ursula Vaughan Williams (1911-2007).  Le chef d’orchestre britannique Richard Hickox était à la tête du Philharmonia Orchestra et des Philharmonia Voices.  Ces derniers ont été préparés avec conviction par Aidan Oliver.  Richard Hickox a fait passer le message avec humilité et dignité.  Le rôle principal de « Pèlerin » était assuré par le jeune Roderick Williams, également compositeur.  Ce dernier avait déjà participé à l’enregistrement dirigé par Hickox en 1997.  Il y tenait plusieurs rôles contrastés : le mauvais voisin Obstinate, « Vigilant » et le premier berger des « Montagnes Délectables » (Delectable Moutains).  Dimanche, son interprétation du héros - particulièrement juste vocalement, mélodiquement et dramaturgiquement - a profondément touché le public, attentif et ému.  Je puis en dire autant de toute la distribution, homogène et intelligente.  Toutefois, je souhaite encore citer la basse Matthew Rose qui a incarné, avec puissance et dignité, le rôle d’« Évangéliste ».  Pour ce qui concerne la mise en scène de David Edwards, la crainte subsistait jusqu’au dernier moment tant les souvenirs de la création, en 1951, avaient laissé des traces peu mémorables, eu égard à une conception erronée de la réalisation scénique.  Vaughan Williams était alors particulièrement insatisfait du travail de Nevill Coghill.  À l’inverse, la production de dimanche était en tous points heureuse par sa compréhension du sens.  Elle n’est point tombée dans la caricature d’une narration infantilisée.  Tout au contraire, le plan symbolique prenait sa réelle dimension.  Ainsi, l’épisode au cours duquel le héros lutte avec le monstre Apollyon a-t-il été traité avec sobriété (acte II, scène 2). Et, l’odieuse Vanity Fair (acte III, scène 1), au demeurant si contemporaine, a été l’occasion d’exprimer une critique dont l’esprit dépasse les notions de temps et d’espace.

Le langage musical de Vaughan Williams est unique tant sa personnalité, sa capacité imaginative et sa culture philosophique et religieuse étaient profondément équilibrées.  Ses principaux maîtres - Sir Charles Hubert Hastings Parry (1848-1918) et Sir Charles Villiers Stanford (1852-1924) - représentants emblématiques de la musique anglaise, l’ont aidé à forger son caractère spécifique.  Ce faisant, Vaughan Williams a su développer une pensée musicale indépendante des écoles conventionnelles et officielles.  Il a attribué à la collecte du chant populaire une authenticité scientifique d’une grande qualité hymnologique.  Le tronc de son œuvre est constitué par The Pilgrim’s Progress alors que chacune de ses autres partitions - instrumentale, vocale - en forment les branches.  L’unité de son discours est étonnante, non point tant par l’utilisation tissée des différents motifs que par l’intelligence symbolique et psychologique qui les unit.  Sa recherche du « folklore » - concept d’ailleurs « inventé », en 1846, par l’érudit anglais William John Thoms (1803-1885) - est proche de celle d’un Janáček (1854-1928) ou d’un Sibelius (1865-1957).  Avec sa mise en musique du récit de Bunyan, Vaughan Williams prolonge l’esprit des Passions de Bach.

L’exécution musicale de Richard Hickox a fait sonner The Pilgrim’s Progress avec intensité et « joie sérieuse », ce que, en l’occurrence, le compositeur exigeait lorsqu’il se référait explicitement à tel moment de la Messe en si de Johann Sebastian Bach et au final de la 9e Symphonie de Beethoven.  L’orchestre et le chœur ont, en tous points, rendu justice à un type d’œuvre dont il est d’ailleurs assez difficile de trouver l’équivalent.  Par le terme de Morality qu’il a choisi, Vaughan Williams pensait aux représentations médiévales des mystères.  En cela, il puisait aux mêmes sources que Bunyan dont les références revêtaient indéniablement un esprit issu du Moyen Âge.  De plus, le compositeur ne souhaitait pas que l’on prenne son adaptation pour un « oratorio déguisé » mais bien pour une œuvre à représenter, à l’instar de l’opéra.

L’accueil réservé à la représentation du dimanche 22 juin était à la hauteur de cette dernière. J’espère, sincèrement, qu’une suite sera donnée à cet événement commémoratif.  The Pilgrim’s Progress de Vaughan Williams mérite, sans conteste, de connaître la notoriété de l’allégorie de Bunyan, aussi lue que la Bible ou Shakespeare, en tous les cas dans le monde anglo-saxon.

          

 

James Lyon

 

Saison attractive à l’Opernhaus de Zürich

 

La saison 2008/2009 du très actif Opéra de Zürich couvre un large spectre, comme de coutume.  Si les raretés y sont moins nombreuses cette année (La Passion grecque de Martinů, dans une régie de Nicolas Brieger, et La Fedelta Premiata de Haydn, dirigée par Adam Fischer), les autres nouvelles productions témoignent du souci de renouvellement constant du répertoire, avec une prime au versant italien. Ainsi en est-il de Lucia di Lammermoor, Simon Boccanegra, Tosca (régie de Robert Carsen), Agrippina de Haendel (dirigée par Marc Minkowki, mise en scène par David Pountney) et l'imperturbable « double bill », Cavalleria rusticana et I PagliaciMais le répertoire germanique n'est pas en reste puisque Fidelio (dirigé par Bernard Haitink) côtoie Tristan und Isolde (régie de Claus Guth, direction de Ingo Metzmacher, avec Nina Stemme) et The Rake's Progress qui, confié au tandem Harnoncourt-Kusej, fait déjà figure d'événement.

Côté reprises, on note encore une prépondérance de l'opéra italien, très prisé ici, avec un fort bataillon de pièces de Verdi (Rigoletto, Don Carlo – avec Thomas Hampson en Posa – Aïda, dans la belle mise en scène de Nicolas Joel, Il Trovatore, La Traviata et l'immanquable Nabucco).  Puccini sera représenté par La Bohème, Manon Lescaut et Turandot ; Mozart par Le Nozze di Figaro, Die Zauberflöte et Cosi fan tutte (nouvelle production dirigée par Franz Welser-Möst).  Un événement que le retour du Ring signé Bob Wilson, qu'on a pu voir à Paris, qui sera dirigé par Philippe Jordan.  Reviendront aussi à l'affiche le fort beau Semele de Haendel (William Christie – Robert Carsen – Cecilia Bartoli), Ariadne auf Naxos (régie de Claus Guth) et Carmen ; sans oublier Maria Stuarda, L'Italiana in Algeri et Die Fledermaus.

Deux chefs prestigieux feront leurs débuts zurichois : Michael Tilson Thomas (Tosca) et Alan Gilbert (Cav & Pag, Turandot).  À noter que Marc Minkowski, décidément très demandé à l'Opernhaus, y dirigera aussi une soirée de ballets sur des musiques de Bach, dans des chorégraphies nouvelles du maître de céans, Heinz Spoerli.

Renseignements et location : Opernhaus Zürich AG, Billettkasse, Falkenstrasse 1, CH-8008 Zürich.  Tél. : 00 41 44 268 66 66.  http//ticketbestellung@opernhaus.ch ou www.opernhaus.ch

 

 

Une saison diversifiée à La Monnaie

 

L’an II de l’ère Peter de Caluwe, son intendant, au théâtre bruxellois de La Monnaie se distingue par un panel de spectacles choisis.  Il s’ouvrira par une nouvelle production très attendue de Pelléas et Mélisande de Debussy, dans une régie de Pierre Audi et des décors du sculpteur Armich Kapoor.  Marc Wiggelsworth dirigera une distribution de rêve qui réunira, entre autres, Sandrine Piau, Stéphane Degout et Dietrich Henschel.  Puis Marc Minkowski, décidément omniprésent, viendra diriger La Cenerentola de Rossini, une confrontation inattendue (mise en scène de Joan Font).  Adam Fischer aura la belle tâche de révéler le lyrisme puissant de Rusalka, le chef-d'œuvre opératique de Dvorák ; tout comme le régisseur iconoclaste Stephan Herheim dont on espére une présentation pas trop envahissante.  La magnifique production de Mort à Venise de Britten, coproduite avec l’ENO de Londres (régie de Deborah Warner, décors de Tom Pye et lumières de Jean Kalman) verra de nouveau le jour, avec Ian Bostridge dans le rôle délicat d'Aschenbach.  Un spectacle d'une rare perfection scénique.  Le Grand Macabre de Ligeti, d’après le drame surréaliste de Michel de Ghelderode, sera pour sa première présentation à La Monnaie, confié à Alex Ollé.  Une œuvre qui plonge dans l'expressionisme. La saison s'achèvera par Les Noces de Figaro dont la nouvelle production sera le fait de Christoph Loy.

Côté reprises, on donnera Lucia di Lammermoor dans la mise en scène de Guy Joosten, et surtout le dramma per musica La Calisto de Cavalli, dans la régie désormais mythique de Herbert Wernicke.  Il sera de nouveau dirigé par René Jacobs à la tête de son Concerto Vocale.  Un spectacle, là encore, d'une grande perfection.  Le grand chef, cette fois avec le Freiburger Barockorchester, donnera, en version de concert, Idomeneo de Mozart.  De même que William Christie et ses Arts Florissants joueront Les Indes Galantes de Rameau, un répertoire dans lequel ils excellent.

Le programme s'enrichit aussi d'une création due au tandem de jeunes musiciens Kris Defoort – Guy Cassiers, House of the Sleeping Beauties, d'après le roman Les Belles Endormies de Yasunari Kawabata, Prix Nobel de littérature, qui mêle chant, dialogues parlés, mouvements et danse.

Renseignements et location : La Monnaie - 4, rue Leopold, 1000 Bruxelles.  Tél. : 00 32 70 23 39 39.  www.lamonnaie.be

saison2008-2009

Jean-Pierre Robert

 


 


Écoles primaires

Collèges

Chaque saison, l’Ensemble orchestral de Paris propose aux jeunes des spectacles d’éveil musical à vocation pédagogique. Il s’agit d’initier les enfants à l’écoute de la musique classique, de les familiariser avec les familles d’instruments et de développer leur sens critique.

 

La Clef d’or

La Belle au bois dormant

Aubert Lemeland

Théâtre 13

Mercredi 18 février 2009, 14h30

Jeudi 5 mars 2009, 10h et 14h30

À partir de 5 ans

 

La Sorcière du placard aux balais

Marcel Landowski

Au Cirque d’Hiver-Bouglione

Mercredi 18 mars 2009, 14h30

Jeudi 19 mars 2009, 10h et 14h30

À partir de 6 ans

 

Autour des spectacles musicaux

ACTIONS PÉDAGOGIQUES

L’orchestre organise une série d’actions pédagogiques autour des spectacles avec :

des séances d’échange entre les enfants et les artistes à l’issue des représentations. Pendant une vingtaine de minutes, les enfants peuvent poser leurs questions aux artistes et exprimer librement leurs commentaires sur le spectacle ;

l’intervention des artistes dans les classes pour présenter leur composition musicale, leur texte ou leur instrument et préparer les élèves aux représentations (dans la limite des disponibilités).

MATÉRIEL ET SUPPORTS PÉDAGOGIQUES

Des dossiers pédagogiques sont réalisés pour chaque spectacle. Ils proposent aux enseignants des pistes de réflexion pour préparer les élèves. Ces documents sont disponibles sous format papier et téléchargeables sur l’espace jeune public du site de l’Ensemble orchestral de Paris (www.jeunepublic-eop.com).

SUIVI

En retour, les élèves sont invités à faire part de leurs réactions sous forme de dessins ou de textes à envoyer au service des relations publiques de l’Ensemble orchestral de Paris. Un questionnaire est transmis aux enseignants afin de recueillir leurs commentaires et suggestions sur le spectacle et les actions pédagogiques.

 

Tarif réduit (jusqu’à 14 ans inclus) : 5 €

Tarif plein : 9€

 

Renseignements et réservations

Service Jeune public

Émilie Tachdjian

01 41 05 72 51

www.jeunepublic-eop.com

www.ensemble-orchestral-paris.com

 

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Horizontalement : I. Combattit pour les beaux yeux d’Elsa. II. Titre chez Weber, personnage chez Britten. Morceau de Machaut. III. Associé à Pasiphaé. Caractères de Noureïev. IV. L’un des premiers succès de Mozart à l’opéra. V. Souvent très développé chez les artistes. Quotidien fondé par Gramsci. VI. Compositeur inspiré par l’Espagne et la Norvège. Sinistres initiales. Dans les tutti. VII. Apprenti pas forcément sorcier. Fixe chez Valéry. VIII. Précède Dominus. Ceinture pour Madame Butterfly. IX. Dans le yin et le yang. Sentiment porté par le lamento. X. Le frère de Moïse pour commencer. Celles de jeunesse sont pardonnables.

 

Verticalement : 1. Interprète de Kurt Weill (2 mots). 2. Tête du II horizontal. Vichnevskaïa pour Mstislav. 3. Du ternaire joué en binaire (pluriel). 4. Déclarer à l’envers. Poète latin spécialiste du transformisme. 5. Gendre de Schoenberg. Matière à poissons chez Debussy. 6. Peint par Moussorgski et Ravel. Possessif pour Purcell et Britten. 7. Note chatouilleuse. 8. Tranche d’impôt. Moitié de Nigg. Maître de la Création. 9. Fait suite au V vertical dans le genre opérette. Termine majeur ou mineur. 10. Artistes.

 

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Solution de la grille n°3 (juin 2008) :

 

Horizontalement : I. GEMINIANI. II. EMI. AS. III. ESTAMPES. IV. NUAGE. OUR. V. ARLESIENNE. VI. LS. GT. ON. VII. EPI. MOON. VIII. AQUARIUM. IX. PIU. LIED. X. ONE. DUETTO.

 

Verticalement : 1. GRENADE. PO. 2. SUR. PAIN. 3. METALLIQUE. 4. IMAGES. 5. NIMES. MAND. 6. IGOR. 7. AME. ETOILE. 8. SON. NUIT. 9. IA. UNO. MET. 10. SIRENE. DO.

 

 

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Le supplément Baccalauréat 2009. Comme chaque année, L’éducation musicale propose le supplément indispensable aux professeurs d’Éducation musicale et aux élèves de Terminale qui préparent l’épreuve de spécialité « série L » ou l’épreuve facultative « Toutes séries générales et technologiques du baccalauréat ».

Le supplément Baccalauréat 2009 réunit les connaissances culturelles et techniques nécessaires à une préparation réussie de l’épreuve ; il ouvre également sur tous les univers sonores qui nous entourent.

Il peut être commandé aux éditions Beauchesne : 7, cité du Cardinal-Lemoine, 75005 Paris.
Tél : 01 53 10 08 18. Fax : 01 53 10 85 19. heuresdefrance@wanadoo.fr


 

 

 

Notre numéro de septembre/octobre est à découvrir sans attendre ! Au sommaire de ce numéro, vous trouverez un dossier spécial consacré aux femmes compositrices avec notamment Lili Boulanger, Cathy Berberian, Isabelle Aboulker, Edith Canat de Chizy et bien d'autres...

 

Salon de la Musique et du Son

 

Toute l'équipe de L'éducation musicale vous propose de la retrouver au Salon de la Musique et du Son qui se tiendra, du 12 au 15 septembre 2008, à Paris Expo, Porte de Versailles. Le Salon de la Musique et du Son a pour ambition de rendre la musique accessible à tous et de donner envie au plus grand nombre de la pratiquer. Ainsi, le Parcours Jeunesse permettra de participer à des ateliers de pratique instrumentale, d'assister à la fabrication et la réparation d'instruments, de découvrir l'informatique musicale... Les Orchestres à l'école donneront deux concerts par jour pour inciter les jeunes à "adopter" un instrument.

 

Passer une publicité. Si vous souhaitez promouvoir votre activité, votre programme éditorial ou votre saison musicale dans L’éducation musicale, dans notre Lettre d’information ou sur notre site Internet, n’hésitez pas à me contacter au 01 53 10 08 18 pour connaître les tarifs publicitaires.





 

Laëtitia Girard