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mai-juin 2010
n° 566



mars-avril 2010
n° 565



janvier-février 2010
n° 564


Sommaire :

1. Editorial
2. Sommaire du N°566
3. Informations générales
4. Varia
5. Manifestations et concerts
6. Recensions de spectacles lyriques et concerts
7. Echos des touches blanches et noires
8. Sensibilisation des jeunes à l'art lyrique
9. Le tsunami des berceuses germaniques
10. L'édition musicale

11. Bibliographie
12. CDs et DVDs

13. La vie de L’éducation musicale


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« C’est ça la musique qu’écoutait Mamie

avant qu’elle soit morte ? »

 

« Certes, mon doux fils, mais avant que de flétrir le passéisme élitaire de ton aïeule, veuille bien considérer que la malheureuse vivait dans un temps où André Rieu n’avait point encore entrepris, auprès de nos populations incultes, sa sainte croisade !

 

« Temps obscurs, où la mezzo Anne-Sofie von Otter ne s’était point encore produite aux côtés d’Elvis Costello, où l’accordéoniste Richard Galliano ignorait tout des Suites de Bach, où Roberto Alagna n’était pas né à Luis Mariano, où Sting ne vocalisait pas sur Dowland et Purcell, où Renée Fleming ne s’éclatait pas dans la pop-rock...  Temps pré-modernes en vérité, limbes de la culture où aucun de ces charmants accouplements n’était même envisageable…

 

« Est-il désormais plus noble mission que d’accueillir toutes les cultures du monde, que de crossovériser tous horizons ?  Dans la radieuse perspective d’accoucher d’un monde enfin décloisonné, solidaire, fraternel, libre de tous apartheids, de tous ostracismes culturels…  Où les vaches, elles-mêmes, n’auront plus à être gardées !...  Où se tairont enfin tous ces prophètes de malheur - venimeuses et tristes figures - qui, tel un Milan Kundera, n’ont de cesse d’insinuer que “l’air du temps, c’est le destin des feuilles mortes”… »

 

Francis B. Cousté.

 

 


Kaija Saariaho ou les espaces prolongés (entretien)

Sylviane Falcinelli

 

Le Festival de Salzbourg, une institution protéiforme

Jean-Pierre Robert

 

***

 

Dossier : « Olivier Messiaen »

 

Quatuor pour la fin du Temps (analyse)

Gérard Moindrot

 

Gagaku, un faisceau d’influences (analyse)

Patrick Revol

 

L’influence d’Olivier Messiaen dans l’œuvre

pour accordéon d’Alain A. Abbott

Jérôme Carayol

 

Roger Muraro en résonance avec Olivier Messiaen (entretien)

Sylviane Falcinelli

 

Olivier Messiaen et Jean Dewasne

Gérard Denizeau

 

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Recensions

 

La grille d’Hélène Jarry

 

 


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BOEN n°19 du 13 mai 2010.  Baccalauréat technologique – techniques de la musique et de la danse.  Liste des morceaux imposés pour l’épreuve d’exécution instrumentale ou d’électroacoustique, session 2010.

Renseignements : www.education.gouv.fr/cid51574/mene1009016n.html

 

Le Bulletin officiel de l’Éducation nationale est librement consultable sur :

www.education.gouv.fr/pid285/le-bulletin-officiel.html

 

Le compositeur hollandais Louis Andriessen (°1939) vient d’être honoré du titre de « Musical America’s Composer of the year 2010 ».

Renseignements : www.musicalamerica.com/features/?fid=158&fyear=2010

 

©Musical America

 

La seconde « Conférence mondiale sur l’Éducation artistique » a réuni à Séoul, du 25 au 28 mai 2010, d’éminents experts, chercheurs, praticiens et éducateurs du monde entier.  Dans le droit fil de la première édition de 2006, à Lisbonne, cette seconde réunion internationale a mis l’accent sur le rôle important de l’éducation artistique à l’intérieur & à l’extérieur de l’école et promu son importance auprès de la communauté internationale.

  Renseignements : http://portal.unesco.org ou : www.mcst.go.kr/english/index.jsp

 

 

Le Mois Molière à Versailles (du 1er au 30 juin 2010) : Sur quelque quarante lieux, cette prestigieuse manifestation de théâtre & musique fêtera son XVe anniversaire. 
Renseignements :
01 30 21 51 39.  www.moismoliere.com/index-1.php

 

 

Au Palais de la Découverte :  Le vendredi 11 juin 2010, de 15h à 17h30, Patrick Saint-Jean, (enseignant-chercheur à l'ENS Cachan, ancien collaborateur de Iannis Xenakis) & Denis Dufour (compositeur, professeur de composition au CRR de Paris) donneront une conférence sur Musique & nouvelles technologies.  Réservation obligatoire.

Exposé des motifs : « On assiste à une démocratisation de l'accès aux musiques informatiques ou musiques par ordinateur, aujourd'hui musiques digitales et numériques.  Des logiciels spécialisés ajoutent à la partition classique les interfaces graphiques interactives et diagrammatiques, et la visualisation scientifique (signal audio, spectre sonore).  On peut même concevoir des spectacles musicaux et chorégraphiques interactifs, des musiques numériques orchestrales ou acousmatiques en réseau avec le pure data, les serveurs de données et l'Internet.  Les instruments, outils et logiciels de travail d'aujourd'hui permettent toutes sortes d'effets sonores et visuels.  On atteint un pluri-média d'entrée-sortie (audio, Midi, commande numérique), un multi-média d'expression (images, sons, textes, animations) et surtout un uni-média d'analyse de traitement et de synthèse de l'information. »

Renseignements : avenue Franklin Delano Roosevelt, Paris VIIIe.  Tél. : 01 56 43 20 20.
  www.palais-decouverte.fr/index.php?id=1894#c5026

 

…en 1937

 

Pour le 10e anniversaire de la disparition d’Olivier Greif (1950-2000), nombreux sont en cours les hommages rendus à cet artiste visionnaire trop tôt disparu : 6 parutions de disques, plus de 35 concerts, nombreuses émissions radiophoniques et, surtout, sortie du film documentaire « Nuits, Démêlées » que lui a consacré Anne Bramard-Blagny.  Ce magnifique film était donné en avant-première, le lundi 10 mai 2010, au grand auditorium Debussy-Ravel de la Sacem.  Projection suivie d’un concert, au cours duquel furent interprétées, par le pianiste Pascal Amoyel, la sonate Les Plaisirs de Chérence et, par la violoncelliste & vocaliste Emmanuelle Bertrand, Sadhana [In memoriam Olivier Greif], une création de Pascal Amoyel.  Un admirable hommage.

  Renseignements : www.oliviergreif.com

 

…au Vésinet, ca 1978

 

« L’opéra pour enfants », tel est le thème de la 3e Journée d’étude du groupe Opefra qui se déroulera le samedi 12 juin 2010, de 10h à 18h, en la Salle des colloques de la Cité de la musique, à Paris.  Avec la participation de : Isabelle Aboulker, Cécile Auzolle, Leyli Daryoush, Anne-Claire Di Meglio, Coralie Fayolle, Graciane Finzi, Nathalie Guilbaud, Agnès de Jacquelot, Lucie Kayas, Christine Lehen, Antoine Macarez, Jérôme Pillement et Theresa Schmitz. 
Renseignements : 221, avenue Jean-Jaurès, Paris XIXewww.cdmc.asso.fr/fr/lieu/cite_musique_paris / cecile.auzolle@univ-poitiers.fr ou : ac.di-meglio@orange.fr

 

 

La grande pianiste et pédagogue Yvonne Loriod, veuve du compositeur Olivier Messiaen (1908-1992), est décédée, à l’âge de 86 ans, le lundi 17 mai 2010, en la Maison de retraite des Petites sœurs des pauvres, à Saint-Denis (Région parisienne).

 

Yvonne Loriod & Olivier Messiaen, 1977 ©DR

 

Théâtre du Capitole.  La saison 2010-2011 comportera 119 levers de rideau : 59 représentations d’opéra, 29 de ballet, nombreux récitals et concerts.  Opéras : La Bohème (Puccini), Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny (Kurt Weill), L’homme de la Mancha (Mitch Leigh), Les fiançailles au couvent (Prokofiev), Medea (Dusapin), L’Aire du dire (Jodlowski), Le Barbier de Séville (Rossini), Oberon (Weber), Belshazzar (Haendel), Così fan tutte (Mozart).  Ballets : Alice au pays des merveilles (Glazounov), L’Oiseau de feu & Le sacre du printemps (Stravinski), Duato (Mendelssohn), Les trois mousquetaires (Verdi), Coppélia (Delibes), La Sylphide (Løvenskjold).  Renseignements : 05 61 63 13 13 www.theatre-du-capitole.fr

 

 

Sur Canal Académie : « Chopin vu par Chopin ».  Ses amours & sa relation avec les autres musiciens.  Jean-Pierre Grivois nous entretient de la vie du compositeur au travers de sa correspondance.  À écouter sur : www.canalacademie.com/emissions/carr661.mp3

 

 

« Fête de la musique » : Sa 29e édition se tiendra le 21 juin 2010. 
Renseignements : www.fetedelamusique.culture.fr mais aussi sur
Facebook, Twitter ou FlickR

 

 

L’exposition sonore « Radical Jewish Culture » se tient, jusqu’au 18 juillet 2010, au Musée d’art & d’histoire du judaïsme (MAHJ).  Elle revient notamment sur le mouvement musical new-yorkais fédéré, dans les années 1980, par le compositeur & saxophoniste John Zorn [notre photo], réunissant des artistes issus de l’underground américain (free-jazz, punk, rock progressif, musique contemporaine…).  Avec notamment David Krakauer, Marc Ribot, Anthony Coleman, Frank London, Ben Goldberg, etc. 

Renseignements : MAHJ – 71, rue du Temple, Paris IIIe.  Tél. : 01 53 01 86 48.  www.mahj.org

 

   

« Échos intimes », tel est le titre distinctif de la saison 2010-2011 de l’Ensemble Contrechamps.  Au cours de laquelle seront particulièrement honorés : Hugues Dufourt & Gérard Grisey, Brice Pauset, Philippe Leroux, Franck Bedrossian, Harrison Birtwistle, Evan Gardner & Oscar Bianchi, William Blank & Pierre Boulez, Stefano Gervasoni, George Benjamin, Jonathan Harvey… 
Renseignements : 8, rue de la Coulouvrenière, CH1204 Genève.  Tél. :
+41 (0)22 329 24 00 www.contrechamps.ch

 

 

André Petit [notre photo] vient de disparaître à l’âge de 80 ans.  Éminent clarinettiste, il fut président de la Confédération musicale de France de 1983 à 1991, puis de la Fédération musicale de Basse-Normandie de 1986 à 2007.  Il était, jusqu’à ces jours-ci, président des Carrefours de la musique, organisme indépendant dont la création a été souhaitée et encouragée par la Direction de la Musique, rassemblant - dans un esprit de concertation, de réflexion et d'échanges - des acteurs de la vie musicale française d'aujourd'hui (Rencontres sur « Musique & enseignement », « Musique dans les liturgies », « Regards de la presse sur l’évolution de la musique », etc.).  Dans sa bonne ville de Lisieux, André Petit fut directeur de l’École de musique (aujourd’hui Conservatoire à rayonnement départemental) et chef de la Chorale de la cathédrale Saint-Pierre (devenue Ensemble vocal Gabriel-Fauré), de 1959 à 1987.  Il fonda l’Orchestre symphonique de Lisieux.

©DR

 

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Quand Saint-Saëns composait, en 1908, la première musique de film… « Autour de L’assassinat du duc de Guise », entretien avec le musicologue Jérôme Rossi.

À écouter sur : www.canalacademie.com/ida3141-Quand-Saint-Saens-compose-la.html

 

 

Les ventes mondiales de musique enregistrée, en baisse de 7,2 % en 2009.  Tel est le chiffre communiqué le 28 avril 2010 par l’International Federation of the Phonographic Industry (IFPI).  Important recul, notamment aux USA et au Japon.  Sont toutefois en légère progression la Corée du Sud, la Suède et le Royaume-Uni.  La part du marché numérique étant de 25,3 %...

 

©DR

 

Autour d’Aspects de Chopin, ouvrage d’Alfred Cortot : le peintre Jean Cortot [notre photo], fils du célèbre pianiste, nous entretient de l’influence de Frédéric Chopin sur l’œuvre de son père. 
À écouter sur : www.canalacademie.com/emissions/carr675.mp3

 

Arrivée sous la Coupole ©DR

 

Déjà justiciable d’un ASBO [Anti-Social Behavior Order], un fan de country music à moitié sourd, l’excellent Michael O’Rourke, 51 ans [notre photo], vient de s’entendre (!) intimer l’ordre, par un tribunal écossais, de s’équiper d’un iPod.  À défaut de quoi, il serait emprisonné… (« Buy an iPod or it’s jail ! »).

 

©DR

 

Le colloque « Jeunes sous influence » [Musique & manipulation] se déroulera le samedi 12 juin 2010, de 10h00 à 19h30, en l’hôtel Mercure de Nevers.  Avec, notamment : Alain Busschaert (musicologue), Michel Poulaert (psychologue des médias), Ingrid Lecointe & Étienne Bacquet (experts au sein de l’association AJ).  Entrée libre
Renseignements :
06 64 12 87 24.

 

©Ville de Nevers

 

L’Orchestre de Chambre de Lausanne, dir. Christian Zacharias, vient d’établir le programme de sa saison 2010-2011
Renseignements : rue Saint-Laurent 19, CH-1003 Lausanne.  Tél. :
021 345 00 20 www.ocl.ch

 

© OCL

 

Dans les écoles américaines : « midi, l’heure du crime ! »… Selon une enquête du NCIS (Bureau d’investigation sur la criminalité aux USA), les heures les plus redoutables seraient celles du déjeuner et du début d’après-midi : 36% des violences et 41% des vols se produiraient entre 12h et 15h.

 

       

 

Sir Elton John a été interdit de concert en Égypte, le 18 mai dernier, au motif qu’il aurait déclaré que Jésus était gay
Renseignements : www.freemuse.org/sw37763.asp

 

 

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Du violoniste & compositeur Lucien Durosoir (1878-1955), seront donnés, à l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet, le 7 juin 2010, à 20h00 : Jouvence et Quintette par l’Ensemble Calliopée.  Au même programme, œuvres de : Claude Debussy/Arnold Schönberg, Thierry Pécou & Maurice Ravel. 
Renseignements :
01 53 05 19 19.  www.megep.net

 

 

« Scarlatti goes electro », spectacle Jeune public (à partir de 8 ans).  Durée : 60’00.  Amphithéâtre de la Cité de la musique, les mercredi 9 juin (15h) et jeudi 10 juin (10h & 14h30).  Avec Arnaud De Pasquale (clavecin) & Antoine Souchav (synthétiseur, sampleur, ordinateur). 
Renseignements :
221, avenue Jean-Jaurès, Paris XIXe.  Tél. : 01 44 84 44 84.
  www.citedelamusique.fr/pdf/dossier_sjp/sjp17_scarlatti.pdf

 

           

 

Sainte-Chapelle de Paris.  Concert-lecture : « Naissance des Préludes de Chopin à Majorque », le mercredi 9 juin 2010, à 20h00.  Ziad Kreidy [notre photo] interprètera – sur piano à queue Pleyel de 1848 – des œuvres de Bach, Chopin & Nietzsche.  Récitante : Claire Prévost. 
Renseignements : 01 73 70 38 41.  www.ziadkreidy.com

 

©DR

 

« Lille Piano[s] Festival » se déroulera les 11, 12 et 13 juin 2010.  Avec pas moins de 25 pianistes internationaux : Denis Kozhukhin, Igor Tchetuev, Konstantin Lifschitz, Jean-Philippe Collard, Nikolaï Lugansky, Paul Badura-Skoda, Alexei Lubimov, Aldo Ciccolini, etc.  Orchestre national de Lille, dir. Jean-Claude Casadesus & Paul Mann.  Ensemble Musiques nouvelles, dir.  Jean-Paul Dessy.  Jazzmen invités : Zool Fleischer & Andy Emler, Simon Nabatov, John Taylor, Maurice Vander Trio. 
Renseignements :
03 20 12 82 40.  www.lillepianosfestival.fr

 

 

À Dunkerque, les « Classes Orchestre à horaires aménagés » (Coham) se produiront auprès de leur parrain, l’Orchestre de l’Armée de l’Air, le samedi 12 juin 2010, en la salle du Kursaal de cette cité. 
Renseignements :
03 28 65 05 20.  www.oxygen-rp.com

 

©DR

 

Institut du monde arabe.  « Le luth dans tous ses états », tel est le thème du 11e Festival de musique de l’IMA qui se déroulera du 10 au 19 juin 2010. 
Renseignements :
1, rue des Fossés-Saint-Bernard, Paris Ve.  Tél. : 01 40 51 38 38.  www.imarabe.org

 

    

                                    Nassima ©DR

 

« Profs en c(h)œur », ensemble vocal des professeurs d’Éducation musicale de l’académie de Paris, dir. Thibault Lam Quang, se produira, le 17 juin 2010 à 20h45, en l’église luthérienne Saint-Marcel (24, rue Pierre-Nicole, Paris Ve).  Au programme : musique française de la Renaissance, œuvres de Francis Poulenc, plus deux créations d’Annick Chartreux [notre photo], sur des poèmes de François Villon : Épître à mes amis et La ballade des pendus (pour soliste, chœur mixte, chœur parlé, trois cors & trois percussions).  Entrée libre.

 

 

2010 Grafenegg Musik-Sommer se déroulera, auprès du célèbre château, du 17 juin au 14 août.  Préludant ainsi au Musik-Festival qui, lui, se déroulera du 19 août au 12 septembre. 
Renseignements : +44 20 7700 5959.  www.grafenegg.at/programme/festival

 

©Peter Rigaud

 

Théâtre musical : Le Père, musique de Michael Jarrell [notre photo], d’après la pièce de Heiner Müller, mise en scène d’André Wilms, sera donné – dans le cadre du festival Agora de l’Ircam – à l’Athénée/Théâtre Louis-Jouvet, les 17, 18 et 19 juin 2010.  Avec le comédien Gilles Privat, les chanteuses Susanne Leitz-Lorey (soprano), Truike van der Poel (mezzo), Raminta Babickaite (contralto) & Les Percussions de Strasbourg. 
Renseignements :
square de l’Opéra/Louis-Jouvet, Paris IXe.  Tél. : 01 53 05 19 19.  www.athenee-theatre.com

 

Michael Jarrell

©C.Daguet

 

Les « Fêtes musicales à la Grange de Meslay » proposent cette année, du 18 au 27 juin, un programme d’une exceptionnelle richesse. 
Renseignements : 02 47 21 65 08.  www.fetesmusicales.com

 

 

L’Orchestre national des Pays de la Loire, dir. John Axelrod, se produira à Dunkerque, le samedi 19 juin 2010.  Ce concert sera donné en plein air, au pied de la flotte du « Record SNSM » (Société nationale des sauveteurs en mer).  Programme : Ouverture de Rousslan et Lioudmila (Glinka), Casse-Noisette (Tchaïkovski).  Avec le concours du « Big Band Bleu Citron » qui interprètera Suite pour jazz-band d’après Casse-Noisette (Duke Ellington). 
Renseignements : 02 97 63 08 81.  www.milletunevagues-news.com/774 ou : www.recordsnsm.com

©DR

 

Le 27e Festival « Chopin à Paris » se déroulera en l’Orangerie du Parc de Bagatelle (Bois de Boulogne), du 20 juin au 14 juillet 2010.  Double hommage à Frédéric Chopin & Robert Schumann, à l’occasion du bicentenaire de leur naissance. 
Renseignements : Société Chopin à Paris – 23, avenue Foch, Paris XVIe.  Tél. : 01 45 00 22 19.  www.frederic-chopin.com

 

 

L’association « Femmes & musique » donnera, le lundi 21 juin 2010 [Fête de la musique], à 20h30, en l’église Saint-Roch, un concert d’œuvres des compositrices : Claude Arrieu, Elsa Barraine, Lili Boulanger, Édith Canat de Chizy, Ginette Keller, Annie Labussière, Édith Lejet… mais aussi des compositeurs : Clément Janequin, Roland de Lassus, Felix Mendelssohn, Astor Piazzolla…  Avec le concours d’Odile Bourin (violoncelle), Louise Jallu (bandonéon), Françoise Levéchin (orgue), Patricia Nagle (flûte), Catherine Pardo (soprano), du trio à vents « Sora » et de la chorale « Pro Homine », dir. Marie-Christine Pannetier. 
Renseignements : 24, rue Saint-Roch, Paris Ier.  Tél. : 06 89 83 44 20.

 

©DR

 

« Take a Bow ! », Salle Pleyel.  Le mercredi 23 juin 2010, à 18h00, le London Symphony Orchestra, dir. Sir John Eliot Gardiner, présentera le travail qu’il a mené avec de jeunes amateurs de tous niveaux (élèves d’établissements scolaires, d’associations & de conservatoires d’Île-de-France).  Programme : The Gypsy’ Violin (Jeff Moore), extraits de Water Music (Haendel), Symphonie de chambre n°2 (Chostakovitch), Danse de nuit (Pascal Zavaro), extraits de Dardanus (Rameau). 
Renseignements :
252, fg Saint-Honoré, Paris VIIIe.  Tél. : 01 42 56 13 13.  http://sallepleyel.fr

 

©DR

 

« Les Francofolies de La Rochelle » se dérouleront, cette année, du 13 au 17 juillet. 
Renseignements :
05 46 28 28 28.  www.francofolies.fr

 

 

 

« Musique & nature en Bauges ».  La 12e édition de ce festival de musique classique se déroulera du 17 juillet au 22 août 2010, sous le parrainage de Philippe Binder, directeur musical de l’Orchestre de Cannes.  Se produiront plus de 200 musiciens, parmi les plus réputés – avec, notamment, une semaine orchestrale animée par les 55 musiciens du Cheltenham Symphony Orchestra, formation en résidence lors du festival. 
Renseignements : 04 79 54 84 28.  www.musiqueetnature.fr

 

 

La 37e édition de l’« Académie-Festival des Arcs » se déroulera à Bourg-Saint-Maurice (Savoie), du 18 juillet au 2 août 2010.  En résidence, la compositrice finlandaise Kaija Saariaho [notre photo]. 
Renseignements : 04 79 07 12 57.  www.festivaldesarcs.com

 

         

                           ©Priska Ketterer

 

« Ligeriana Musicale 2010 »  « Amour et passion à Montsoreau », les 16, 23 et 29 juillet, 3 et 13 août (20h30) : Passion espagnole / Le triomphe du concerto / La voix & les cuivres / À l’orée du romantisme / Starmania et les plus grands succès québécois. 
Renseignements :
02 47 95 83 60. http://ville-montsoreau.fr

 

Montsoreau ©DR

 

« Musiques à la Chabotterie », 14e Festival de musique baroque (dir. Hugo Reyne), programme, du 21 juillet au 12 août 2010 : Emmanuelle Guigues & Bruno Procopio (musique de chambre), Gustav Leonhardt (clavecin), Concerto Soave & Maria Christina Kiehr (art lyrique), Capriccio Stravagante (orchestre), Concert de l’Hostel Dieu (musique religieuse), Aeolus (instruments à vent), La Simphonie du Marais (opéra), etc.  Dans, notamment : Les Nations de Couperin (21 juillet), Le Triomphe de la Folie de Campra (23 juillet) et Sancho Pança de Philidor (11 et 12 août). 
Renseignements : 02 51 43 31 01.  www.chabotterie.vendee.fr

 

 

Le « Festival Pablo Casals » célèbrera à Prades, en l’abbaye Saint-Michel de Cuxa [notre photo], du 26 juillet au 13 août 2010, ses 60 ans de musique de chambre (1950-2010). 
Renseignements : 04 68 96 33 07.  www.prades-festival-casals.com

 

               

 

La 14e édition du festival « Labeaume en musiques » se déroulera du 22 juillet au 20 août 2010.  Se produiront notamment : Jean-François Heisser, l’Orchestre de la Nouvelle Europe, Dana Ciocarle, David Guerrier, la Cappella Mediterranea, le Trio Wanderer, le Clemencic Consort, l’Ensemble Dhoad, le Richard Galliano Sextet, l’Ensemble Canticum Novum…
Renseignements :
Draille des Écoliers, 07120 Labeaume.  Tél. : 04 75 39 79 86.  www.labeaume-festival.org

 

Labeaume ©DR

 

« Miroirs du temps », tel est l’intitulé du 21e Festival international de musique de Dinard qui se déroulera du 4 au 18 août 2010.  Sous la direction artistique du pianiste coréen Kun Woo Paik [notre photo].
  Renseignements : www.festival-music-dinard.com

 

                

                                      ©DR

 

« Sinfonia en Périgord » fêtera ses 20 ans, du 24 au 29 août 2010.  Douze concerts à Périgueux et sur les plus beaux sites de la Dordogne - avec notamment : Le Concert spirituel (dir. Hervé Niquet), La Fenice & le Chœur Arsys Bourgogne (dir. Jean Tubery), le Collegium Vocale 1704 (dir. Vaclav Luck), Célune Frisch et les ensembles Doulce Mémoire, La Venexiana, Barcarolle…  Renseignements : 12, cours Fénelon, 24000 Périgueux.  Tél. : 05 53 08 69 81.  www.sinfonia-en-perigord.com

44e Festival de La Chaise-Dieu (18-29 août 2010).  Avec plus de 60 concerts autour de la musique sacrée, cette prestigieuse manifestation rassemblera, sur 13 sites, plus de mille artistes européens pour interpréter le grand répertoire : Messe en si mineur et Magnificat (Bach), Vespro della beata Vergine (Monteverdi), Ein deutsche Requiem (Brahms), Stabat Mater (Dvořák)… mais aussi des chefs-d’œuvre à découvrir : Missae Dei Filii ; Litaniae omnium sanctorum (Zelenka), Motets italiens (Giorgi)… 
Renseignements :
04 71 00 01 16.  www.chaise-dieu.com

 

 

Le festival « Musique en Côte basque » fêtera, cette année, son 50e anniversaire.  Sous le parrainage du grand pianiste Aldo Ciccolini, nous seront proposés, du 29 août au 10 septembre 2010, onze concerts qui réuniront - à Anglet, Ascain, Bayonne, Biarritz, Ciboure, Saint-Jean-de-Luz et Urrugne – des artistes de renom. 
Renseignements :
05 59 51 19 95.  www.musiquecotebasque.fr

 

 

Festival d’Île-de-France (5 septembre-10 octobre 2010) :  Ivresses… Musiques entre Ciel et Terre L’avant-programme est établi. 
Renseignements :
01 58 71 01 01 (à partir du 14 juin).  www.festival-idf.fr

 

 

En 2010-2011, l’Orchestre national de Lille, dir. Jean-Claude Casadesus, fêtera son 35e anniversaire.  Programme d’ores et déjà disponible. 
Renseignements :
ONL – 30, place Mendès-France, 59000 Lille.  Tél. : 03 20 12 82 40.  www.onlille.com

 

©DR

 

Francis Cousté.

 

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Musique en Sorbonne.

Dans le cadre du Grand Amphithéâtre de la Sorbonne, le concert du 27 mai 2010 a été dominé par le Psaume XIII (1855) de Franz Liszt.  À ce nom se rattache surtout le rayonnement d’une œuvre pianistique et orchestrale ; on connaît moins les pages magnifiques dont il a enrichi le domaine religieux.  Ce psaume révèle, dans un lyrisme éloquent, l’expression du mysticisme qui imprègne le style et le langage, tant dans ses partitions profanes instrumentales que dans ses poèmes symphoniques.  On sait gré à Johan Farjot d’avoir transmis le sens profond de cette grandiose partition et d’avoir dirigé, et insufflé avec la même prodigieuse énergie, le Psalmus Hungaricus (1923) de Zoltan Kodáky.

 

Johann Farjot ©DR

 

Dans ces deux œuvres, la voix fort belle et expressive du ténor coréen Ook Chung et le Chœur de Paris-Sorbonne, perfectionné par la méticuleuse maîtrise et la musicalité de Denis Rouger, ont hautement contribué à la réussite d’un concert qui avait débuté avec deux courtes pièces de Mozart, interprétées à la flûte par Hélène Boulègue, lauréate du concours « Jeunes Solistes de la Sorbonne », en 2009.

 

Ook Chung ©DR

Pierrette Mari.

 

Au Théâtre des Champs-Élysées.

Francesco CAVALLI (1602-1676) : La Calisto, drama per musica en trois actes (1651).  Livret de Giovanni Faustini, d’après Les Métamorphoses d’Ovide.  Les Talens Lyriques, dir. Christophe Rousset.  Mise en scène : Macha Makeïeff.  Sophie Karthäuser (Calisto), Lawrence Zazzo (Endimione), Giovanni Battista Parodi (Jupiter), Véronique Gens (Junon), Marie-Claude Chappuis (Diane), Milena Storti (Lymphée), Cyril Auvity (Pan), Mario Cassi (Mercure), Sabina Puertolas (Satyre), Graeme Broadbent (Sylvano).

 

Sophie Karthäuser ©DR

 

Il convient de rendre hommage à la direction du Théâtre des Champs-Élysées d’avoir programmé cet opéra - peu connu et surtout peu joué - de Francesco Cavalli, puisqu’il s’agit de sa création à Paris.  Ouvrage historiquement important, La Calisto marque le début de la révolution opératique vénitienne où l’art lyrique évolue vers le théâtre public, avec des moyens désormais limités, comme en témoigne l’effectif réduit de l’orchestre.  La Calisto est particulièrement emblématique de cette mutation.  Comme de règle dans la production vénitienne, le livret mêle les dieux et les hommes, avec un équilibre certain entre récitatifs et airs chantés.  Inspiré des Métamorphoses d’Ovide, le livret fournit la possibilité d’une parfaite comédie lyrico-sexuelle offrant une foule de possibilités comiques au metteur en scène imaginatif.  Cela ne fut, hélas, pas le cas, tant la mise en scène de Macha Makeïeff nous a paru ennuyeuse, sans originalité, rendant mal, à la fois, la violence du désir et la subtilité de l’évitement dans l’amour éthéré avec, de plus, une scénographie assez laide, voire indigente, malgré les éclairages réussis de Dominique Bruguière.  Musicalement, la cohésion et l’équilibre entre l’orchestre et les chanteurs furent de mise, avec un chef très à l’écoute.  Vocalement, la distribution est de qualité relativement homogène.  Notons la remarquable interprétation, tant scénique que vocale, de Sophie Karthäuser qui confirme son succès de l’an dernier à Bruxelles, dans ce rôle.

 

 

Aux côtés du non moins remarquable Lawrence Zazzo, Véronique Gens campe une Junon passionnée et jalouse parfaitement crédible, Giovanni Battista Parodi, en imitant Diane, fait des prouesses « vocales » assez comiques, lors des passages en voix de tête, Milena Storti, Sabina Puertolas et Marie-Claude Chappuis sont également convaincantes.  Bref, une qualité vocale et musicale qui nous fait amèrement regretter l’indigence de la mise en scène.

 

Salle Pleyel.

Pittsburg Symphony Orchestra, dir. Manfred Honeck.  Anne-Sophie Mutter, violon.

L’Orchestre de Pittsburg et son chef titulaire, Manfred Honeck, étaient de passage à Paris, Salle Pleyel, à l’occasion de leur tournée européenne, en compagnie de la célébrissime Anne-Sophie Mutter, dans un programme associant le Concerto pour violon de Brahms et la 5e Symphonie de Chostakovitch.  Anne Sophie Mutter nous gratifia d’une interprétation musicalement impeccable du Concerto de Brahms (composé en 1878 et créé à Leipzig, en janvier 1879, par le violoniste Joseph Joachim, sous la direction du compositeur).  Une interprétation à la hauteur du dédicataire concernant la virtuosité, la sonorité, mais une lecture un peu maniérée, frisant parfois le mauvais goût.  Une ovation de la salle et, en bis, la Chaconne de Bach qui réussit, enfin ! à faire passer l’émotion.

Mais l’essentiel restait à venir : une magnifique et intelligente interprétation de la 5e Symphonie de Chostakovitch, composée en 1937, créée la même année à Saint-Pétersbourg sous la direction du grand Mvravinski.  Symphonie ambiguë, entre repentance et provocation, humour et angoisse, rire grotesque et langue de bois, résonnant comme une énigme, aux accents mahlériens, parfaitement menée de bout en bout par Manfred Honeck [notre photo], qui sut - par sa direction précise, le choix judicieux des tempi, la netteté des articulations et la beauté du phrasé - rendre toutes les couleurs d’une œuvre, en même temps que la magnifique sonorité de sa phalange, tant au niveau des cordes, d’une sublime beauté, qu’au niveau des vents et percussions particulièrement sollicités, pour notre plus grand bonheur.  Trois bis généreux confirmèrent tout le plaisir de jouer de cette formation et d’un chef plein d’allant.  Public ravi, grand succès.

 

©Jason Cohn

Patrice Imbaud.

 

Événement à La Scala : Quand le ténor Placido Domingo se fait baryton.

Giuseppe VERDI : Simone Boccanegra.  Mélodrame en un prologue & trois actes.  Livret de Francesco Maria Piave.  Placido Domingo, Ferruccio Furlanetto, Anja Harteros, Fabio Sartori, Massimo Cavalletti.  Orchestra del Teatro Alla Scala, dir. Daniel.Barenboim.  Mise en scène : Federico Tiezzi.

Le célébrissime ténor Placido Domingo qu'aucun challenge n'arrête, a décidé d'ajouter à son immense répertoire Simon Boccanegra, rôle écrit pour une voix de baryton.  Mais Verdi n'a-t-il pas porté l'accent sur la partie héroïque de cette tessiture, ce que le timbre mordoré de l'interprète en son glorieux automne permet de couvrir avec emphase.  Et puis est-il personnage plus passionnant que cet ex-corsaire devenu doge, aux prises avec les factions rivales dans une Gênes vouée aux luttes fratricides, et caractérisé par une déclamation lyrique somptueuse !  Sous les ors de La Scala, Placido Domingo, dans une forme insolente, lui prête des accents majestueux et un formidable relief.  On ira jusqu'à percevoir des intonations dignes de la stature d'Otello dans le vaste ensemble qui clôt le tableau du conseil, d'appel à la paix puis de malédiction lancée à l'endroit du traître Paolo.  Au point que l'interprète semble driver une mise en scène pseudo-historiciste qui ne brille pas par son inventivité.  Mais peut-être la star de la soirée a-t-elle préféré une régie sage à quelque réinterprétation moderne du substrat politique irriguant l'intrigue.

 

©Marco Brescia/La Scala

 

Une décoration plus clinquante qu'évocatrice des embruns marins qui baignent la pièce ne rachète pas une direction d'acteurs convenue.  On est loin de la puissante vision imaginée par Giorgio Strehler naguère sur ce même plateau.  Qu'importe ! le spectacle vaut avant tout par son volet musical. Et là la réussite est quasi totale.  Car, outre le grandiose ténorissime Doge, on y apprécie la basse moelleuse de Ferruccio Furlanetto, noble Fiesco, la sûre vocalité verdienne de l'Amélia de Anja Harteros ou la vilénie assumée d'un Paolo remarquable, Iago avant la lettre, Massimo Cavaletti.  L'Orchestre de La Scala qui connaît mieux que tout autre son Verdi, livre une interprétation incandescente sous la baguette fièvreuse de Daniel Barenboim, aussi à l'aise que dans l'idiome wagnérien.  Sonorités envoûtantes, lyrisme éperdu ponctué d'accents dramatiques d'une rare intensité, voilà bien une lecture engagée qui prend au cœur et au corps.

 

©Marco Brescia/La Scala

 

Lulu à La Scala.

Alban BERG : Lulu.  Opéra en trois actes (IIIe acte dans la version de Friedrich Cehra).  Laura Aikin, Franz Mazura, Stephen West, Robert Wörle, Thomas Piffka, Natascha Petrinsky, Roman Sadnik.  Orchestra del Teatro alla Scala, dir. Daniele Gatti.  Mise en scène : Peter Stein.

Curieusement, Lulu n'en est, à La Scala, qu'à la troisième production de son histoire.  Avec flair, le « sovrintendente » Stéphane Lissner a choisi de présenter la production conçue par Peter Stein pour l'Opéra de Lyon.  Point de spectaculaire, mais une approche presque intimiste, car Stein travaille sur les volumes aussi bien que sur les caractères.  Au lumineux studio Art Déco du peintre qui croque Lulu, fait écho l'attique grisâtre et rapetissé où elle sombrera sous la lame de Jack l’Éventreur.  Épurée, la mise en scène focalise sur les effets de symétrie et les raccourcis troublants que recèle une pièce parfaitement construite en arche et dont le film - qui retrace l'arrestation, le procès et le temps de la prison - forme la clé de voûte.  Les divers amants de Lulu réapparaissent au IIIe acte comme autant de clients de celle qui désormais est conduite à faire commerce de ses charmes.  Stein les saisit chacun férocement, gravitant autour de cette femme qui, tel un aimant, attire tout mâle alentour.  De ses multiples métamorphoses vestimentaires émane, de la femme en pleine gloire à l'ange déchu, une irrésistible et folle séduction.  Une perversité sournoise aussi dans le détachement qu'elle affiche envers tout événement morbide.  C'est que la dépravation reste plus suggérée que soulignée, comme le chemin de déchéance qui est le sien.  Avec son profil de danseuse, Laura Aikin lui prête des accents d'une rare sincérité ; et d'une grande sûreté vocale, même si conduite à se ménager en raison d'une légère indisposition.  Parmi la galerie des soupirants, on citera un solide Dr Schön, Stephen West, un Alwa impressionnant, Thomas Piffka, une saisissante comtesse Geschwitz, Natascha Petrinsky.  Daniele Gatti galvanise un orchestre d'élite, quoique un brin hyper présent vis à vis des chanteurs.  Mais comment résister à pareil luxe sonore !

 

©Marco Brescia/La Scala

 

Mignon triomphe à l'Opéra Comique.

Ambroise THOMAS : Mignon.  Opéra-comique en trois actes.  Livret de Jules Barbier & Albert Carré d'après Les Années d'apprentissage de Wilhelm Meister de Goethe.  Marie Lenormand, Ismail Jordi, Malia Bendi-Merad, Nicolas Cavallier, Charles Mortagne, Blandine Staskiewicz.  Chœur Accentus.  Orchestre philharmonique de Radio France, dir. François-Xavier Roth.  Mise en scène : Jean-Louis Benoît.

Avec Mignon, Ambroise Thomas aura laissé à l'opéra-comique l'un de ses plus beaux fleurons : un sujet bien ficellé par le tandem Barbier & Carré, une musique où triomphe la belle mélodie.  L'air de l'héroïne « Connais-tu le pays » n'a pas de mal à rester gravé dans la mémoire de par sa souple tournure, et on saisit vite pourquoi les colorature de la piquante Philine ont tant fait pour populariser son auteur auprès d'un public captivé par la prouesse vocale.  Rien d'étonnant à ce que la pièce ait connu le plus durable des succès salle Favart, avant de sombrer dans l'oubli dans les années 1960, « modernité » oblige ; à moins que ce ne soit le déclin de la salle à partir de cette époque.  Il eût été dommage que cette tendre histoire ne vît plus le jour et que nous soyions privés de la finesse du trait dramatique qui touche par sa simplicité.  C'est ce que la nouvelle production de l'Opéra Comique démontre d'évidence, grâce à des gens qui y croient.  François-Xavier Roth, qui dirige face au public, ressuscitant ce rôle de facilitateur entre plateau et fosse qu'avait le chef d'orchestre au XIXe, fignole à l'envi le discours, à la tête d'une formation rompue au lyrique.  On savoure la richesse de l'orchestration, dont se détachent les volutes de la harpe, la vivacité des ensembles habilement agencés, l'ingéniosité des airs où la voix est toujours traitée de manière flatteuse.

 

©E. Carecchio

 

La régie mise sur le ressort éprouvé du théâtre sur le théâtre et le vif des échanges, refusant tout sentimentalisme.  Cela ressortit souvent au premier degré, mais avec adresse et bon goût.  Dans le rôle éponyme, qui vocalement est cousine de la Charlotte de Massenet, Marie Lenormand séduit par un chant accompli, et Ismail Jordi a cette jolie voix de tête qui donne tout son panache à la partie exigeante de Wilhelm Meister, cet anti héros, « amoureux de l'amour ».  Parangon de vocalises pyrotechniques à la française, la Philine de Malia Bendit-Merad possède un ton vif-argent dans le style de Mady Mesplé.  Le chœur Accentus, habitué à l'estrade de concert, n'a pas de mal à se couler dans le moule opératique et sa fraîcheur de jeu comme d'accents comble de bonheur.

 

©E. Carecchio

 

Mazeppa ou Tchaïkovski l'épique à l'Opéra de Lyon.

Piotr Illitch TCHAÏKOVSKI : MazeppaOpéra en trois actes.  Livret du compositeur & de Victor Bourenine d'après Poltava de Pouchkine.  Nikolai Putilin, Anatoli Kotscherga, Olga Guryakova, Marianna Tarasova, Misha Dydik.  Orchestre de l'Opéra de Lyon, dir. Kirill Petrenko.  Mise en scène : Peter Stein.

Moins prisé qu’Eugène Onéguine ou La Dame de Pique - entre lesquels il se situe (1884) - l'opéra Mazeppa partage avec eux de s'inspirer d'une œuvre de Pouchkine.  En l'occurrence, du poème épique Poltava, mettant en scène un personnage historique.  Le vaillant héros romantique Mazeppa, évoqué par Victor Hugo dans ses Orientales, y est représenté comme un chef de guerre vieillissant, en rebellion contre le tsar Pierre le Grand, pour la libération de son Ukraine natale, et animé d'une passion démesurée pour la fille d'un grand propriétaire terrien, Kotchoubeï.  Le tableau de mœurs qui fait le charme d'Onéguine, laisse place à une vaste fresque historique où le thème du fatum est omniprésent.  Tchaïkovski la façonne par une musique au ton plutôt sombre, émaillée d'éléments empruntés au folklore russe.  L'Opéra de Lyon reprend la mise en scène créée en 2006 par Peter Stein.  Ne cherchant pas à éluder la composante conventionnelle, elle la magnifie au contraire et fait du réalisme un atout avec une étonnante économie de moyens : lande cosaque aride baignée de soleil ou enneigée, que deux ou trois tapis d'Orient suffisent à habiter de couleur locale vraie.  Tels des tableaux vivants, les scènes d'ensemble ont un réel impact dans leur simplicité évocatrice.  Stein surtout inculque à ses caractères une force singulière, tel le vieux Kotchoubeï, chef de clan soucieux de ses prérogatives, auquel un solide briscard comme Anatoli Kotscherga apporte une imposante conviction et une voix de stentor.  Mazeppa, personnage ambigu, tourmenté et calculateur, mais aussi capable d'humanité, est, sous les traits de Nikolai Putilin, souvent bouleversant.  D'autant que le registre héroïque du timbre de baryton renforce une présence grandiose.  Olga Guryakova prête à l'infortunée Maria des accents sincères et une ample vocalité dans un rôle exigeant.  L'Orchestre de l'Opéra de Lyon sonne fièrement sous la direction impulsive de Kirill Petrenko qui ne laisse dans l'ombre aucune des aspérités de ces pages colorées où les vents apportent une tonalité tragique, tel l'interlude symphonique animé entre les deuxième et troisième actes évoquant la bataille de Poltava, et galvanise des chœurs qui sont loin d'avoir une fonction secondaire.

 

©Michel Cavalca

 

À La Monnaie : Don Quichotte pour un adieu.

Jules MASSENET : Don QuichotteComédie héroïque en cinq actes.  Livret de Henri Cain d'après Jacques Le Lorrain & Miguel de Cervantès.  José van Dam, Silvia Tro Santafé, Werner Van Mechelen, Julie Mossay, Camille Merckx, Gijs Van der Linden, Vincent Delhoume.  Orchestre symphonique et Chœurs de La Monnaie, dir. Marc Minkowski.  Mise en scène : Laurent Pelly.

Massenet a sous-titré son Don Quichotte : comédie héroïque.  Sans doute la veine héroïque trouve-t-elle son origine dans l'épopée de Cervantès, dont l'opéra s'inspire, de loin d'ailleurs.  L'appelation de comédie est plus paradoxale, car le truculent qui se mélange à l'épique vire plutôt à l'humour, et sombre dans le tragique.  En tout cas, c'est ainsi que le conçoit Laurent Pelly dans sa mise en scène à La Monnaie.  Nul doute aussi que cette production, montée pour marquer les adieux à la scène de sa ville natale de José van Dam, en est influencée dans sa couleur générale.  Une certaine mélancolie s'en dégage, installée dès la première scène où Don Quichotte assiste rêveur à l'animation alentour, plongé dans ses lectures.  Même les moments de franche gaieté paraissent écrêtés au profit du trait distancé.  Y est pour beaucoup l'étonnant décor (Barbara de Limburg) en amoncellement de papier mâché, comme si étaient réunies là toutes les lettres et billets doux empilés au cours d'une vie de fantasmes rimeurs et de doux rèves éveillés.

 

©J. Jacobs

 

L'émotion affleure souvent.  Ainsi lors de la scène des moulins, alors que notre héros charge l'illusion d'une énorme aile tournoyant au premier plan ; plus encore au cours de la traque des bandits où, figé sur sa propre lance, Don Quichotte acquiert à sa juste cause ses poursuivants.  Il y a là quelque vision christique.  Si José van Dam n'a bien sûr plus la vigueur vocale d'antan, le magnétisme dont il habite ce « fou sublime » reste phénoménal et, à l'heure de l'ultime adieu, déchirant.  Alors qu'il faut finir en « héros admirable », une page se tourne.  Et l'on se prend à penser que cette Île des Rêves léguée à l'ami Sancho, c'est celle que le chanteur nous a livrée soir après soir.  À ses côtés, Sancho qui, comme Leporello vis à vis de Don Giovanni, en vient presque à s'identifier à son grand héros, a belle stature.  Marc Minkowski joue à fond les contrastes d'une musique séduisante dans sa verve presque trop énergique et ses climats poétiques on ne peut plus galbés.

 

©J. Jacobs

 

Reprise brillante de Billy Budd à l'Opéra Bastille.

Benjamin BRITTEN : Billy BuddOpéra en deux actes.  Livret d'Edward Morgan Forster & Éric Crozier, d'après la nouvelle d'Herman Melville.  Kim Begley, Lucas Maechem, Gidon Saks, Michael Druiett, Paul Gay, Scott Wilde, Andreas Jäggi, Yuri Kissin, François Piolino, Frank Leguérinel.  Orchestre et choeurs de l'Opéra national de Paris, dir. Jeffrey Tate.  Mise en scène : Francesca Zambello.

Si la vitalité d'une maison d'opéra se mesure à la qualité de ses reprises, assurément celle de l'Opéra de Paris est actuellement exemplaire à en juger par Billy Budd donné à Bastille.  Non seulement la mise en scène de Francesca Zambello (1996) n'a pas pris une ride, mais l'excellence de l'interpétation musicale semble la ragaillardir.  À peu près unique en son genre, pour ne comporter aucun personnage féminin, l'opéra de Britten traite l'histoire d'un jeune marin accusé faussement par Claggart, le maître d'armes d'un navire de Sa Majesté, de vouloir fomenter une mutinerie, et qu'il en vient à tuer dans sa gauche défense.  Il sera jugé et condamné à être pendu devant l'équipage réuni, crucifié sous l'œil du Capitaine Vere qui, pourtant convaincu de sa droiture, ne fera rien pour le sauver.  L'œuvre n'échappe pas à l'ambiguité de ses sous-entendus, notammment de ses implications homosexuelles.  Car si le maître d'armes s'est juré de perdre Billy, c'est que, fasciné par la beauté de celui-ci, il ne peut assumer cette partie inavouée de lui-même.  Mais l'esthète Capitaine Vere n'est-il pas tout autant troublé.  La confrontation manichéenne entre Bien et Mal est transcendée par le drame moral que vit ce troisième personnage, tel qu'exposé dans le prologue et l'épilogue qui encadrent la pièce, elle-même fonctionnant comme un flash-back.  Dans le décor grandiose (Alison Chitty) d'un vaste pont de navire barré d'un mât en forme de croix de Lorraine, où la lumière trace d'envoûtants climats, ou des entrailles de celui-ci, Francesca Zambello sculpte aussi bien l'épique de la fresque (l'attaque d'une frégate française troublée par la brusque tombée de la brume) que la prégnance de l'inexorable tragédie broyant un destin.

 

©Opéra national de Paris/C. Leiber

 

Qu'il s'agisse des chœurs, personnification d'un monde qui se vit clos, ou des figures solistes, chacune magistralement burinée, tout est ici d'une singulière force.  De cet ensemble se dégagent : Lucas Maechem, Billy d'une désarmante et radieuse jeunesse, Gidon Saks, Claggart ou l'homme pervers criant son venin, et Kim Begley, Vere, qui insuffle une touche d'humanité à ce drame de l'extrême.  Jeffrey Tate offre une lecture particulièment accomplie de la partition de Britten : diversité des paysages sonores et de ses résonances, mélange d'agitation et de méditation, de sonorités lugubres ou frénétiques, tout est, sous sa direction, frappé au coin du vrai.

 

©Opéra national de Paris/I. Patrick

Jean-Pierre Robert.

 

 

In memoriam Jean Maillard (1926-1985).

Messe en si mineur de Jean-Sébastien Bach (BWV 232).

Le dimanche 16 mai, il fut donné à une assistance nombreuse, emplissant toute la nef de l'église Saint-Louis de Fontainebleau, d’entendre une interprétation magistrale de la Messe en si mineur de Bach ; l'exécution de ce monumental chef-d’œuvre par l'Ensemble Laudate Dominum de Fontainebleau-Avon, les solistes et l'orchestre sous la direction de leur chef Jean-Jacques Prévost, était, ce jour-là, particulièrement dédiée à la mémoire de Jean Maillard, pour célébrer le 25e anniversaire de sa mort.

Beaucoup de collègues, d’amis, d’anciens élèves se souviennent de cet éminent professeur d’Éducation musicale qui, pendant plus de trente ans, enseigna et fit aimer la musique à des générations d'élèves et d’étudiants, aussi bien dans les deux lycées de la ville, qu'à la Schola Cantorum de Paris, à Paris-IV Censier et Paris-IV Sorbonne.

Beaucoup de musicologues n'ont pas oublié ses travaux d'érudition, axés non seulement sur la lyrique médiévale, objet de sa thèse sur le Lai lyrique en 1963, mais aussi sur bien d'autres sujets, privilégiant le plus souvent la musique et les musiciens français, sans oublier ses recherches sur les traditions populaires, l’hagiographie et l’organologie.

Beaucoup de lecteurs de l’Éducation musicale, enfin, ont encore en mémoire sa fidèle et efficace action en faveur de la revue depuis... 1950 !  Ses pertinentes et nombreuses analyses, le courrier des lecteurs qu'il animait, cherchant toujours à aider ses correspondants, ses critiques de disques et de livres faisaient de lui un collaborateur efficace et apprécié.

Aucun hommage ne pouvait mieux lui être rendu que ce concert d'exception.

Précédé par le choral d'orgue BWV 645 de Bach, exécuté avec clarté et sensibilité par Éric Lebrun, ancien élève de Jean Maillard et organiste de l'église Saint-Antoine des Quinze-Vingts de Paris, le concert se poursuivit avec les vingt-quatre morceaux composant l'intégralité de la Messe en si mineur dont le Cantor de Leipzig avait entrepris la composition dès 1733, mais qu'il paracheva en 1748.

Les quatre-vingt choristes, l’orchestre de vingt instrumentistes auquel s’adjoignait l'orgue d'accompagnement, tenu à la perfection par Pascale Giardina, les cinq chanteurs solistes, sous la baguette nette, claire et sensible de Jean-Jacques Prévost - successeur de Jean Maillard au lycée François Ier - réalisaient une imposante formation, digne du chef-d’œuvre qu’ils recréaient.

L'éloge de l'Ensemble Laudate Dominum n'est plus à faire.  Fondée en 1974, par Jean-Jacques Prévost, au sein de l'Église reformée de Fontainebleau dont il était lui-même l'organiste, cette chorale - dont Jean Maillard avait salué et encouragé les débuts - s'est ensuite ouverte à tous, y accueillant de nombreux élèves et anciens élèves (« Les musiciens de François Ier ») et, s’orientant vers un répertoire de cantates, messes et oratorios.  Depuis plus de trente ans, son répertoire s’enrichit chaque année, allant de Bach à Widor, passant par Vivaldi, Haendel, M.-A. Charpentier, Haydn, Mozart, Dvořák, Fauré, Gounod...

Comme par le passé, nous avons apprécié, ce jour-là, l’exécution d’une partition où les difficultés étaient vaillamment surmontées : netteté des départs, justesse impeccable, en particulier dans les chromatismes du 2nd Kyrie, agilité et précision des vocalises, souvent périlleuses, comme celles du Gratias agimus tibi, expression paisible et sereine de l'Et incarnatus est ou douloureuse du Crucifixus, explosion triomphale enfin du Resurrexit.  Et, de surcroît, malgré l'imposante participation des voix féminines, et en particulier des soprani, l'homogénéité de la masse chorale était presque toujours présente.

Des félicitations sans partage doivent être aussi décernées aux chanteurs solistes, aux voix fraîches et juvéniles des deux soprani, Émilie Rose Bry (ancienne de François Ier) et Dominique McCormick, au timbre chaud et riche de l’alto, Sophia Castiello, au ténor Gil Chazallet, expressif et sensible, à la solide voix de basse d'Olivier Ayault.

Mentionnons aussi les solistes instrumentistes dialoguant, faisant corps avec le chanteur soliste ; citons, par exemple, l’intervention du flûtiste Lisheng Wang, dont la ligne mélodique, grâce à un phrasé délicat, s’intégrait si bien aux deux solistes du Domine Deus, et plus loin, toujours aussi musicalement, au Benedictus du ténor.  Citons encore le merveilleux hautbois d’amour de Pierre Hartzfeld, donnant la réplique à Olivier Ayault dans le Et in spiritus sancto, et surtout, accompagnant la voix chaude et prenante de l’alto Sophia Castiello dans le Qui sedes, un des sommets, à notre sens, de l'ensemble de cette magnifique prestation.  N'oublions pas non plus les trompettes, intervenant avec les chœurs dans le Gloria et dans le Dona nobis pacem, dont les éclats étaient soulignés par la prestigieuse timbale du jeune Florian Bellecourt. Mentionnons encore l'intervention du cor et des bassons, se partageant avec la basse l’air majestueux Quoniam tu solus sanctus.  Mais enfin et surtout, saluons la magnifique intervention du violon solo, Marie-France Varnerot (ancienne élève de Jean et Francine Maillard), faisant assaut de virtuosité avec la soprane, dans l’air Laudamus te.

Comment, enfin, ne pas saluer, en la personne du chef de cet imposant ensemble, Jean-Jacques Prévost, le « maître d’œuvre » qui permit de mener à bien une telle réalisation, résultat de nombreuses heures de travail, de mises au point d’une partition émaillée de difficultés techniques redoutables, même pour des professionnels.  Netteté et précision des départs, tant du chœur que de l'orchestre ; tempos toujours régulièrement respectés, conduisant sans heurt le discours musical, sans en exclure l'expression sensible ; appui sur une impeccable « basse continue » (bravo à la contrebasse et à l'orgue de Pascale Giardina !)… Voilà les qualités qu'il nous fallait souligner.

Le public de ce dimanche 16 mai goûta pleinement ces heures privilégiées et salua par des applaudissements enthousiastes l'accord final de la Messe en si mineur, réclamant un bis qui lui fut donné avec un triomphant et flamboyant Resurrexit.

Signalons que le programme de ce concert avait déjà été donné à l’église Saint-Pierre d'Avon, à l'Oratoire du Louvre, au Temple de l’Étoile et devait l'être ensuite à la collégiale Notre-Dame et Saint-Loup de Montereau.  Souhaitons que l'ensemble Laudate Dominum nous comble à nouveau de concerts comme celui-ci !

 

Francine Maillard.

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Quand l'expérience donne la jeunesse de rebondir

À l'issue du concert donné le 23 avril 2010 à la Salle Pleyel, nous étions plus d'un à penser que le Concerto en sol de Ravel, pourtant mille fois entendu, venait de résonner à nos oreilles sous une lumière nouvelle.  Roger Muraro, avec la naturelle spontanéité qui le caractérise, en offrait une interprétation très personnelle sans pour autant solliciter le texte en quelque aspect que ce soit.  S'y conjuguaient la virtuosité lisztienne – mettant ainsi en évidence les sources multiples auxquelles a puisé Ravel – et une dématérialisation poétique du discours sonore : par-dessus les arêtes vives et les segments colorés dessinés à l'orchestre, le piano de Muraro faisait planer une strate irréelle, semblant vivre son chemin comme en lévitation, que fusent les traits rythmiques ou que chante le deuxième mouvement, que se propage une éblouissante vélocité ou que s'infuse une rêverie nostalgique.  Grâce à ce toucher admirablement maîtrisé, nous flottions dans d'improbables « jardins suspendus » jetant leur poudroiement sur les touches blanches et noires.

 

Roger Muraro ©Bertrand Desprez

 

Ce jeu subtil de strates musicales était parfaitement compris, intégré, par Myung-Whun Chung à la tête d'un Orchestre philharmonique de Radio-France en grande forme, au premier rang duquel on reconnaît l'excellent Svetlin Roussev dont on ne saurait oublier les belles performances de violoniste quand il s'exprime en musique de chambre, par exemple en duo avec la pianiste Elena Rozanova.  L'Orchestre avait tout loisir de jeter ses feux colorés dans le reste du programme, décidément ravélien, avec la Rhapsodie espagnole et la transcription des Tableaux d'une Exposition, ainsi que dans la paradante mais vite oubliable Ouverture pour une Exposition de Jean-Jacques Di Tucci, destinée à l'Exposition universelle de Shanghaï.

Réjouissons-nous que le concert ait été enregistré à des fins discographiques par Universal, tant la précédente version de Roger Muraro était handicapée par le partenariat lénifiant du chef hollandais Hubert Soudant !  Le public de Pleyel ne voulait plus laisser partir le pianiste qui donna, du même Ravel et avec une délicieuse élégance, À la manière de Borodine et À la manière de Chabrier.

Mais quelle absence de contrôle de la programmation dénote l'annonce du même concerto, en la même salle, à quatre jours d'intervalle... hélas sous d'autres doigts !  Il n'y a pas que les voitures de police qui se répandent en carrosseries banalisées, les œuvres musicales s'y exposent aussi... Et l'inusable Concerto en sol fera encore quelques tours de piste la saison prochaine...  Pendant ce temps, d'autres belles partitions concertantes françaises de la même époque (Roussel,Vierne, R. Hahn) sommeillent sur des voies de garage.

 

Fauré connut une période de mise à l'écart, pour ne pas dire de condescendante ignorance, de la part des pianistes les plus en vue ; réjouissons-nous qu'une génération au sommet de son art contribue aujourd'hui à lui restituer son plein rang dans la modernité.  Le récital de Jean-Marc Luisada au Châtelet (25 avril 2010) s'ouvrait audacieusement : ayant choisi de constituer un parcours à travers les Nocturnes de Fauré en première partie, il nous donnait d'entrée de jeu le plus tardif de sa sélection (l'op.104 n°1, de 1913), le plus troublant aussi dans sa manière de brouiller les pistes de l'itinéraire harmonique.  Ainsi éveillait-il nos sens pour affûter notre réception de quelques autres Nocturnes antérieurs, démontrant judicieusement qu'il suffit parfois de peu d'années pour franchir des paliers notables dans l'évolution du langage fauréen.  Une articulation et un phrasé d'anatomiste accusaient les intentions, révélaient les angles cachés de cette introspection musicale.  Qui parlerait encore de désuétude à propos de telles pièces n'aurait rien compris au message fort que véhiculait Jean-Marc Luisada ! 

Si l'on considère que l'intelligence d'un artiste se manifeste aussi en orientant l'attention des auditeurs par de nouvelles mises en situation de pièces fort courues, alors notre artiste a réussi sa démonstration : sa manière de s'engager dans la seconde partie du programme - celle vouée à Chopin - par la Ballade n°2, regardait nettement du côté des penchants mozartiens du compositeur.  L'esprit romantique surgissait plutôt par flambées pianistiques, en s'orientant vers la Ballade n°1 puis l'Andante spianato et Grande Polonaise brillante, mais sans se laisser ravaler à un sentimentalisme « le cœur en écharpe » (pour emprunter l'expression de Ravel), et gardait le cap des pulsions classicisantes revendiquées par Chopin.  Fidèle à ses amours bien connues, Jean-Marc Luisada, le cinéphile passionné, adressait en bis un clin d'œil à Pasolini par le biais d'un morceau de Morricone, puis revenait à ses chères Mazurkas de Chopin, dont il est un apôtre infatigable.  On garde le souvenir vivace de l'intégrale des Mazurkas qu'il avait, dès ses débuts au disque, fait paraître chez Deutsche Grammophon ; pourtant, son questionnement permanent l'a poussé à reprendre ces chefs-d'œuvre concis mais si riches de perspectives futuristes pour une nouvelle gravure RCA.  Nous en reparlerons dans la lettre de rentrée de L’éducation musicale.

 

Jean-Marc Luisada ©DR

 

De Fauré il était encore question grâce à Michaël Levinas : au Musée Marmottan-Monet (le 27 avril 2010), le pianiste-compositeur accompagnait la soprano Magali Léger selon l'attention au son qui le caractérise.  « [Le piano] porte la voix par la résonance et d'une certaine manière la voix est à l'intérieur de l'espace du piano », déclare Michaël Levinas.  Sa défense et illustration de la modernité de Fauré s'appuie sur la définition des « grilles harmoniques » fauréennes au sein d'une hiérarchie acoustique susceptible de rejoindre les préoccupations des musiciens d'aujourd'hui. Il aime citer son maître Olivier Messiaen : « L'œuvre de Fauré participe d'un renversement des priorités.  Il ne s'agit plus de mélodies harmonisées mais de mélodies résultantes des processus harmoniques ».  Cette approche « spectrale » d'un espace acoustique très intime se traduit notamment chez Levinas par une étude subtile des paliers de la pédalisation, tandis que l'art de modeler le son procède par un jeu près du clavier, dans le clavier, les changements d'articulation ayant mission de doser les nuances sans jamais « attaquer » (au sens – hélas – littéral qu'appliquent certains pianistes) les touches.  Au programme, La Bonne Chanson, Les Berceaux, Chanson d'Amour, Clair de Lune, Le Secret, traçaient un parallèle avec le disque enregistré par le duo en 2008 (M&A Classique : M&A JS226).  Les Ariettes oubliées de Claude Debussy et les Chansons grises de Reynaldo Hahn complétaient les paysages psychologiques d'une galerie verlainienne.

 

Michaël Levinas ©Lemoine/C.Daguet

 

Quand l'histoire artistique est revisitée par l'innovation éditoriale

Les éditions Actes Sud innovent en imaginant de beaux objets : des livres-disques où l'art photographique (en noir et blanc) répond à l'art musical, sous la préface d'une plume du monde musical.  Une émouvante soirée privée (10 mai 2010), destinée à lancer la collection sous le signe de son premier volume, ramenait Jean-François Heisser sur les lieux où Blanche Selva, fidèle interprète d'Albéniz, créa l'un des cahiers d'Iberia : le magnifique salon de Winnaretta Singer, princesse de Polignac (l'hôtel particulier est aujourd'hui géré par la Fondation Singer-Polignac).  On sait le lien indéfectible qui unit le pianiste français au répertoire ibérique.  Dans un discours d'une érudition allant à l'essentiel, il fit revivre le contexte des concerts du temps, et donna, sur le beau Steinway de la Fondation, quelques extraits des différents cahiers d'Iberia.  À évoluer en compagnonnage fervent avec ce chef-d'œuvre, Jean-François Heisser a enrichi son interprétation – qui se veut toujours purifiée du pittoresque facile – en laissant plus de temps aux atmosphères pour enrober chaque inflexion chargée d'âme, en approfondissant la résonance que prolonge la pédalisation, en creusant le champ des arrière-plans qui sertissent les lumières dominantes de ces évocations agissantes.

Si l'on compare le présent disque au premier enregistrement (Érato, 1994) qu'avait gravé Jean-François Heisser de ces pages dont il a lui-même assumé une édition d'après les manuscrits (Salabert), on se laisse toucher, dans l'interprétation d'aujourd'hui, par des sonorités plus enveloppantes, des atmosphères plus vibrantes, qui rendent plus pénétrantes les pages chargées d'émotion nostalgique et leur confèrent une intensité intérieure plus humaine.  Les contrepoints rythmiques sont aussi dessinés d'une main plus ferme.  Cette nouvelle approche a bénéficié de la prise de son de René Gambini, grand spécialiste du piano et fondateur du label Lyrinx.  Et l'on savoure en lecteur esthète le bonheur d'être introduit à cet univers par les descriptions, magnifiques de poésie suggestive, que le compositeur Philippe Fénelon (également associé à l'enregistrement sous la fonction de directeur artistique) a tracées de chaque pièce.

 

Jean-François Heisser ©DR

 

À telle musique devaient être couplées des photographies de même exigence : avec une pureté de trait sans faille, les instants dérobés par Isabel Muñoz savent extraire le détail éloquent d'une architecture ou d'un mouvement de danse flamencaOn pourra retrouver Jean-François Heisser au Théâtre des Bouffes-du-Nord le 7 juin prochain, en attendant qu'il offre aux Parisiens l'exploit déjà accompli avec son Orchestre de Poitou-Charentes, à savoir l'intégrale des Concertos pour piano de Beethoven – joués et dirigés du clavier – en une seule journée de concerts (à l'Opéra Comique, le 10 avril 2011).

 

Dans le deuxième volume, les photos de l'Israëlo-Américain Michael Ackerman, par leur traitement du grain et du flou, semblent fixer une vallée de larmes à travers un filtre de fin du monde.  Le cri d'Edvard Munch n'est pas loin de l'une de ces photos.  D'autres suinte une vision transposée des camps de la mort, ce qui les rapproche des drames dont Schoenberg et Webern furent les contemporains.  Le sommet du disque est à chercher sans conteste dans l'intégrale des pièces pour piano de Schönberg : nulle dispersion aride des sons dans le travail du pianiste brésilien Jean Louis Steuerman, mais un poids de méditation accordant à chaque note sa place dans le cheminement expressif de questions mystérieuses, d'allusions humoristiques, d'orages brévissimes, la mélancolie du voyage sans retour venant tempérer un radicalisme vécu avec un fond de nostalgie.  S'y enchaînent, comme une conséquence logique, les Variations op.27 de Webern.  Seule réserve : étendu à la Sonate op.1 de Berg, pourtant d'une autre veine, ce traitement tout en délicatesse lui enlève de son puissant lyrisme.

On sourit en lisant, entre les lignes, le texte introductif de Gérard Condé, tant y transpirent les débats intérieurs vécus par le compositeur-musicologue, d'abord héritier convaincu de l'École de Vienne avant d'opérer un revirement à 180 degrés vers le conservatisme néo-tonal.

Les prochains volumes annoncés par l'éditeur introduiront des compositeurs vivants dans cette précieuse collection, volonté d'un double engagement artistique qui appelle l'adhésion.

 

Jean-Louis Steuerman ©DR

 

Quand les jeunes talents imposent leur maturité de pensée

Et si nous regardions un peu la jeune génération, à présent (même si les artistes précédemment cités brillent par la perpétuelle remise en question de soi-même qui témoigne de la jeunesse d'esprit !).

Arièle Butaux, pour son émission « D'une rive à l'autre » (France Musique), nous conviait le 6 mai 2010 à l'Auditorium du Petit Palais pour une belle opération de métissage culturel à deux pianos en blanc et noir ; mais, touche originale, le jazzman était blanc (Franck Avitabile), tandis que le pianiste « classique » était noir (Wilhem Latchoumia).

Latchoumia s'est très vite imposé par une pratique intensive de la musique contemporaine : on se risque volontiers à prédire qu'il porte en lui la capacité d'en renouveler l'interprétation.  Doté de moyens phénoménaux, il assimile, intègre, revivifie des langages qui, aux yeux des contemporains d'une effervescente éclosion, dérangent par leur impact novateur, mais, entre les mains de la génération puînée, prennent leur place naturelle dans l'histoire.  On regrette, à ce propos, que certains jeunes artistes, privés de la culture et de la clairvoyance nécessaires, se laissent « balader » au gré des modes ambiantes ; or les modes ont pour sort inéluctable de se démoder très vite !  Est-ce l'apprentissage de la musicologie ?  Toujours est-il que Wilhem Latchoumia projette un regard large et pénétrant sur les audaces de la création des ces dernières décennies.  Il les entraîne dans une farandole festive où son intuition métissée convie au premier plan des visages inattendus.  Il n'est que de voir son corps, au piano, s'animer souplement, mû par un rythme chaloupé semblant une résurgence de ses racines caraïbes (donc africaines...).  Sous ses doigts, la Mysterious Adventure pour piano préparé (1945) de John Cage sonne avec une vie évocatrice de percussions africaines et débarrassée de l'aridité intellectuelle inhérente à la pose soi-disant avant-gardiste.  Lorsque le piano redevient libéré de ses clous, gommes et autres accessoires, on goûte le beau son, riche de nuances poétiques, de Wilhem Latchoumia.  Le folklore d'Europe centrale, recueilli par Bartók, trouve des accents communs – les « universaux » de l'inconscient collectif des peuples se reliant dans la chaîne de leur expression séculaire – avec ce qui constitue l'essence la plus profonde du jazz.  En ce sens, un tel programme invite à en méditer quelques enseignements.

 

Wilhem Latchoumia ©DR

 

Au chapitre de l'invention jazzistique, on regrettera que le vocabulaire d'improvisateur de Franck Avitabile soit bien pauvre et privé d'envolée (songeons à la vertigineuse imagination des grands musiciens... noirs du passé !), mais ses pièces écrites pour deux pianos apportaient une note divertissante de bonne venue.

 

Censé représenter une note plus prestigieuse au chapitre de la programmation de Radio France, le concert du 21 mai, au Théâtre des Champs-Élysées, décevait : on attendait beaucoup du  Concerto de Schönberg par David Fray, encore eût-il fallu que le chef et le pianiste regardassent dans la même direction ! Or David Fray – qui se dit « attentif au rapport qui existe entre chaque note », optique semblant si à propos dès lors qu'il s'agit de l'École de Vienne – travaillait dans la ciselure, avec sa coutumière sophistication qui peut même irriter, tandis que Daniele Gatti, à la tête de l'Orchestre national, brossait à gros traits.  La cohérence, déjà si difficile à dessiner dans cette œuvre, restait sur le pas de la porte.  Le reste du programme semait tout autant la perplexité : aucun souffle dans les pages de Wagner que Daniele Gatti faisait marcher d'un pas conventionnel, aucune recherche de palette raffinée dans les Nocturnes de Debussy.  Et l'on ne peut s'empêcher de comparer la trajectoire accomplie par les deux orchestres de Radio France : tandis que le Philharmonique – qui fut, à de lointaines époques, la phalange de second plan – s'est épanoui jusqu'à offrir les splendides couleurs qui lui valent ses succès, le National parcourrait-il le chemin inverse ?  Les scories rendant granuleuse la pâte sonore réveillaient ce soir-là le souvenir d'heures peu gratifiantes.

 

David Fray ©DR

 

Le jeune Toscan Maurizio Baglini se distingue par une recherche de sonorités qui lui dicte un travail original sur l'articulation : à l'heure où les évocations de Blanche Selva se succèdent (lire supra et infra), la manière qu'a Maurizio Baglini de gouverner sa pensée des modes d'attaque n'est pas sans nous remémorer l'observation du geste à laquelle incitait l'illustre disparue.  Trois compositeurs au programme de son récital à la Salle Gaveau (27 mai 2010), trois touchers diversement pesés : après des Scarlatti articulés de très haut venait une Berceuse de Chopin hypnotique, nimbée de ce climat qui la fait encore aujourd'hui considérer comme l'une des pièces les plus « post-modernes » de leur auteur.  La Barcarolle évoluait sur des arrière-plans accumulant les nuages chargés de latences qui devaient éclater dans la 1re Ballade.  Les Mazurkas, en revanche, supportaient moins d'être ramenées à des brumes intimes, privées de leur ossature rythmique (décidément Luisada reste notre référence !). 

 

Maurizio Baglini ©DR

 

Le moment fort de ce récital résidait dans le cycle complet des 12 Études d'exécution transcendante de Liszt où l'interprétation de Baglini faisait lever des étrangetés par la manière d'attirer l'oreille vers des ressorts cachés à l'intérieur de la texture.  Souventes fois, les voix intermédiaires et les ombres des graves capturaient le premier plan, ne concédant guère leur territoire aux effets convenus de main droite bravache.  On retiendra particulièrement un Paysage comme en suspension, une Vision qui jamais ne mérita si bien son titre, hantée d'apparitions hallucinées.  Le triptyque central Vision – Eroica – Wilde Jagd s'imposait d'ailleurs comme la clé de voûte d'une lancée de contrastes, tandis que Feux follets et Ricordanza voltigeaient sur le clavier, avant des Harmonies du soir d'un crépuscule rougeoyant et un Chasse-neige traversé de tempêtes.  Mais nous reviendrons sur cette interprétation puisque la gravure qu'en a réalisée Maurizio Baglini (Decca) parviendra sur le marché français à l'automne.

Sylviane Falcinelli.

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« Un mécène, deux regards » : une expérience réussie, à l'Opéra Comique, de sensibilisation des jeunes au monde du lyrique.

L'Association des Amis et Mécènes de l'Opéra Comique (AMOC) mène depuis 2008, entre autres actions, une opération originale en direction du jeune public.  « Un mécène, deux regards » a pour dessein d'ouvrir les portes de la maison aux jeunes issus d'horizons différents ou souffrant d'exclusion, afin de les familiariser avec un lieu et un genre considérés a priori comme peu accessibles.  Le dispositif, qui met en place une médiation pédagogique et une offre de spectacles, se décline en quatre étapes :

      - une formation des enseignants, puisqu'aussi bien la sensibilisation des accompagnateurs est essentielle.  Des sessions d'information sont organisées sur la programmation et sur les thèmes à développer pédagogiquement.  L'édition de dossiers pédagogiques la complète ;

      - une médiation culturelle personnalisée, revêtant des formes variées et complémentaires : visite de l'Opéra Comique ; ateliers de présentation d'une œuvre (Carmen, par exemple) ou d'un thème (les histoires d'amour à l'opéra et dans la littérature ; le héros d'opéra) ;

      - une offre de places de spectacles durant la saison.  Il faut vaincre les barrières qui entravent l'accès à cette forme de culture, qu'elles soient économiques, sociologiques ou même symboliques.  L'assistance à la représentation est toujours précédée d'une initiation à l'œuvre donnée ;

      - une réalisation annuelle en écho aux expériences partagées au cours de la saison.  Ce peut être la réalisation d'un témoignage plastique ou audiovisuel, ou le montage d'un spectacle vivant.  Ainsi, en juin 2009, un spectacle intitulé « Carmen Jeun's », travail scénique à partir de Carmen, a permis un retour ciblé sur les actions menées durant l'année à partir du chef-d'œuvre de Bizet.

 

Dessin de Sabrina Mamelouk, lycée Évariste-Galois

 

Cette opération s'inscrit dans le tradition d'ouverture de l'Opéra Comique.  On y est ici, à travers le Conseil d'administration et les dirigeants, extrêmement sensibilisé.  Elle illustre, selon Macha Makeieff, « une volonté de travailler ensemble, ce qui est déjà beaucoup ».  Les artistes qui professent les métiers du théâtre lyrique - par nature généreux - n'hésitent pas à venir expliquer ce qu'ils font.  Quelle chance pour les jeunes de voir le chef d'orchestre, personnage un peu mythique et incaccessible, venir à eux pour dialoguer sur ce qui vient de se passer dans la salle.  Dès lors, les premières timidités vaincues, rien d'étonnant à ce que les échanges soient animés.  Et les retours enthousiastes : « l'émotion nous atteint en plein cœur, nous submerge et nous voici catapultés de force en dehors de l'Opéra Comique » (un élève de Seconde, après la représentation de Didon et Énée).

 

Entièrement financée par le mécénat, elle mobilise actuellement une douzaine de partenaires institutionnels ou individuels.  C'est le cas d'associations travaillant dans le domaine de l'insertion des jeunes, tels « Les Petits Riens » (faciliter l'accès à la musique classique), « Réussir aujourd'hui » (sensibilisation d'élèves de 1re et Terminale de Stains et Épinay-sur-Seine), « Œuvres de Secours aux Enfants » (maisons d'enfants), « Cultures du Cœur » (jeunes bénéficiant d'une mesure d'accueil temporaire ou d'une mesure d'assistance judiciaire éducative).  Des établissements scolaires participent aussi activement au programme, tels le lycée Évariste-Galois à Noisy-le-Grand ou le collège Gustave-Romanet dans le XVIIIe arrondissement de Paris.  Enfin des fondations, ainsi celle de la RATP, se sont jointes devenant mécène de projets (un soutien logistique permettant à des jeunes de banlieue de se rendre au théâtre ; ou encore l'édition d'une brochure ludique gratuite présentant l'Opéra Comique).

 

©Amoc/Opéra comique

 

Le programme se veut ambitieux tout en gardant une approche qui soit en rapport avec les proportions de la maison et les caractéristiques de son répertoire.  Durable également car le public à sensibiliser est très vaste et l'expérience prouve un réel investissement des jeunes.  Aussi cherche-t-il à se diversifier et à associer de nouveaux partenaires ; de même qu'à organiser des activités nouvelles, telles des sessions de formation aux métiers du théâtre.  Comme le souligne Marie Delbé, sa responsable, « l'intérêt est que cette action ne se situe pas dans le cadre scolaire, et qu'elle permet le partage d'un moment de plaisir ».  Aussi faut-il trouver le bon médiateur, autrement dit celui qui fasse découvrir et aimer.

 

©Amoc/Opéra Comique

 

Contact : AMOC.  Marie Delbé, déléguée générale, Opéra Comique (5, rue Favart, Paris IIe.  Tél. : 33 (0)1 42 44 45 64 amoc@opera-comique.com).

Jean-Pierre Robert.

 

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Si on chantait ?  Aux yeux des autres Européens, le peuple allemand passe pour un peuple de musiciens et de chanteurs.  Et bien, figurez-vous que ce n’est plus tout à fait vrai : eux aussi otages des jeux vidéo, du Net et de la télévision, les enfants allemands ne chanteraient plus.  C’est en tous cas le constat attristé que font certains musiciens qui, comme la célèbre basse mozartienne Cornelius Hauptmann , ont un beau jour décidé de faire quelque chose.

Le raisonnement de Cornelius a été très simple : pour que les enfants aient envie de chanter, il faut qu’ils chantent dans leurs familles.  Autrement dit, il faut que leurs parents chantent avec eux.  Ayant gardé un souvenir ému des berceuses que lui chantaient ses parents et surtout ses grands-parents, il a compris que c’était de là qu’il fallait partir si on voulait renverser la tendance actuelle.

Usant de sa notoriété, Cornelius a contacté ses collègues chanteurs et a réussi à rassembler 52 artistes qui, tous, ont accepté de participer bénévolement à l’aventure ; avec des pointures comme Peter Schreier et Kurt Moll - membres, comme Cornelius, du « gang des Sarastro et des Tamino ».

Trouver une maison de disque fut plus délicat et, après bien des tergiversations, c’est la maison Carus qui a finalement dit « banco ».

Parallèlement, Cornelius et ses amis ont sélectionné 52 berceuses allemandes, une pour chaque interprète et une pour chaque semaine de l`année, de quoi graver finalement deux CDs de 26 titres chacun.  Les chansons sont exclusivement accompagnées par un piano ou une guitare, les synthétiseurs ayant été soigneusement bannis de cet enregistrement haut de gamme et hyper professionnel réalisé par les techniciens de la radio de Stuttgart, « les enfants méritant ce qui se fait de mieux », pour citer Hauptmann lui-même.  Chaque CD existe en outre dans sa version « karaoké », c'est-à-dire avec l’accompagnement seul, un violon remplaçant la voix pour soutenir et accompagner celle des enfants.

 

Cornelius Hauptmann ©DR

 

Lame de fond : Sortis simultanément il y a sept mois sous les références Carus 83 001 et Carus 83 002, les volumes 1 et 2 des Wiegenlieder [www.wiegenlieder.org] ont eu, aux quatre coins de l’Allemagne, un retentissement énorme, que leurs auteurs n’auraient pu imaginer dans leurs rêves les plus fous.  La plupart des grandes radios allemandes ont d’emblée joué le jeu, et décidé de programmer - toutes les semaines, à la même heure - la même berceuse (intitulée « Berceuse de la semaine ») jusqu’à ce que tous les petits Allemands - et surtout tous leurs parents - sachent la chanter.  Elles sont ensuite passé au titre suivant, la semaine d’après.

Les premiers acheteurs furent bien sûr les grands-parents, désireux de renouer avec leurs petits-enfants un lien peut-être distendu par la vie moderne.  Mais pas seulement : des hôpitaux pour enfants, des crèches, des écoles maternelles font désormais grand usage de ces si belles chansons, fruit du génie populaire, dont beaucoup sont d’auteur inconnu.  Jusqu’aux femmes enceintes qui les écoutent régulièrement pour le plus grand bénéfice de leurs futurs bébés.

 

 

Berceuses contestataires ? Début mai 2010, un très grand nombre de sages-femmes d’Allemagne ont manifesté dans tout le pays pour une amélioration de leurs salaires et de leurs conditions de travail : leur nombre serait insuffisant et leur profession menacée.  Celles de Stuttgart ont demandé à Cornelius, qui vit dans cette ville, de leur donner un petit coup de main : juché sur une scène, en pleine place du marché, la basse mozartienne a donc chanté, accompagné des voix de plusieurs centaines de manifestantes, 5 des berceuses figurant dans les Wiegenlieder.  Tous se sont volontairement et brutalement interrompus au milieu de la cinquième chanson : le scandale que constitua cette berceuse inachevée, tuée en plein élan, étant le symbole de celui qui guette l’Allemagne si elle est un jour privé de ses sages-femmes. Malin, non ?

 

L’intégration en chantant ? Mais il y a plus fort encore : avec les 150 000 euros déjà récoltés grâce à ces deux disques (et aux livrets illustrés qui vont avec) par l’« Organisation pour l’éducation musicale des enfants » qui fait partie de la fondation « Herzenssache » (affaire de cœur), une opération originale s’est mise en place dans le sud de l’Allemagne, près de Ravensburg : des séances de chant choral après la classe, pendant lesquelles des enfants de 2 à 5 ans et leurs mères étudient ces berceuses en allemand.  Le nombre de familles turques est en effet très élevé dans ce coin de l’Allemagne et les mères, très isolées et sortant peu, ne parlent que trop rarement la langue de leur pays d’accueil.  La découverte et l’accès à la langue de Goethe à travers des chansons toutes simples est une voie originale, pour ne pas dire géniale, à laquelle aucun politique n’avait encore pensé et qui est pourtant en train de se réaliser à titre expérimental.  Nul doute que l’expérience sera un succès qui se reproduira ailleurs - la chancelière Angela Merkel en personne ayant fait publiquement connaître, en les patronnant, son engouement pour ces deux disques et, surtout, pour ce qu’ils peuvent apporter à l’ensemble de ses citoyens.

 

Michael Nagy ©DR

 

Ce qui me conduit à parler de notre pays. Les petits Français ne chantent pas plus que les petits Allemands ; leurs parents, à de rares exceptions près, ne leur chantent plus de berceuses et les mères immigrées n’ont pas toutes accès à la langue que parlent désormais leurs enfants.  Et si, chez nous aussi, des artistes généreux (il y en a beaucoup) issus du Classique mais aussi, pourquoi pas, de la variété, se mettaient à enregistrer les fleurons de notre patrimoine musical national ?  Des chansons que tous les enfants, sans exception, apprendraient dès la Maternelle ? L’identité nationale française, dont il n’a été récemment que trop question, c’est aussi les vieilles chansons (« Il pleut bergère », « Sur l’pont de Nantes », « Gentil coquelicot », « Le temps des cerises ») que se sont transmises les générations qui nous ont précédées ; des chansons immortelles, qu’on n’entend pourtant plus guère.

Et si, chez nous aussi, l’intégration des « nouveaux citoyens » passait par elles ?

 

Michèle Lhopiteau-Dorfeuille.

 

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CLAVECIN

Anne CHAPELIN-DUBAR : Les préludes non mesurés de Louis Couperin, vol.1.  « Les Carnets de Sonatine », traité.  ZurfluH (www.zurfluh.com).  20,5 x 29,5 cm, 266 p., ex.mus.  30 €.

Prenant en compte les deux copies anciennes (il n’est ni manuscrit autographe ni publication du vivant du compositeur) & les quatre dernières éditions modernes (Curtis, 1970/ Moroney, 1985/ Tilney, 1991/ Wilson, 2003), sont ici mises en regard - sinon toujours solutionnées - les nombreuses problématiques.  Des plus récentes recherches, l’arrêt sur image.

 

 

VIOLON

Bruno GARLEJ : Violon (volume 1).  « Le temps des études ».  42 études célèbres, à la 1re position.  Hit Diffusion (www.editions-hit-diffusion.fr) : TEV01.  18 €.

La collection « Le temps des études » réunit les pièces les plus souvent travaillées par niveau et par instrument.  La présente anthologie d’études (1re position) permettra aux apprentis violonistes d’avoir accès aux plus grands maîtres de la pédagogie musicale (Paganini, Wolfhart, Campagnoli, Auer, Mazas, L. Mozart, Leonard, Sevcik, Spohr, Dancla…), et d’acquérir ainsi ou d’améliorer leur technique instrumentale.

 

 

ORGUE

Henri CAROL (1910-1984) : Livre de noëls, pour orgue (sans pédale obligée).  Éditions Les Escholiers (tél. : 02 37 90 22 96.  edesco@orange.fr) : ESG-HC2 LN 2010. Format à l’italienne, 20,5 x 29 cm, 90 p.

Pour commémorer le 100e anniversaire de la naissance du chanoine Henri Carol, éminent organiste (il fut, 25 ans durant, maître de chapelle à la cathédrale de Monaco) et compositeur de musique religieuse, l’association « Les Escholiers de sainte Geneviève » publie (à l’initiative de Guy & Isabelle Miaille) ce recueil de noëls de pays, sur lesquels le musicien a écrit de magnifiques (et fort simples) variations.  Un bonheur de déchiffrage – ne serait-ce qu’au piano…

 

Francis Gérimont.

 

FORMATION MUSICALE

Siegfried DRUMM & Jean-François ALEXANDRE : Symphonic FM.  La formation musicale par l’orchestre.  Volume 5.  Livre du professeur.  Combre : C06653.

Nous avons dit dans les recensions précédentes tout le bien que nous pensions de cette entreprise à la fois originale et féconde. Ce cinquième volume développe encore les possibilités grâce à une nouvelle formule du cahier de l’élève, qui comporte ce qui est commun à tous les instruments, plus une partie séparée spécifique pour chaque instrument.  Le répertoire s’étend de Haendel à Scott Joplin en passant par Haydn, Schumann, Bizet, Moussorgsky et Tchaïkovsky.  Rappelons qu’il ne s’agit pas d’un cours de musique d’ensemble mais d’un véritable cours de formation musicale recouvrant tous les aspects de cette formation par la pratique de la musique d’ensemble.  Ce volume s’adresse aux élèves commençant leur sixième année de pratique instrumentale.  La méthode fait également une large part à la création en plus des disciplines traditionnelles de rythme, de lecture, d’intonation, d’écoute… bref de tout ce qui fait une véritable formation musicale.

 

 

PIANO

Laure BORIE : Jazz me boogie.  5 boogies pour piano.  Combre : C06680.

Ces pièces très simples mais aussi très entraînantes peuvent constituer une excellente initiation au rythme ferroviaire et à la grille classique du boogie.  Beaucoup de plaisir en perspective pour les jeunes pianistes.

 

 

Jean KLEEB : Classic goes Jazz.  13 Jazzy Arrangements.  1 vol. 1 CD.  Bärenreiter : BA 8760.

Jacques Loussier ou les Swingle Singers nous ont, de longue date, habitués à ces détournements.  Disons que les arrangements ici proposés sont de grande qualité et ne décevront pas les interprètes.  Du Petit Livre d’Anna Magdalena à Moussorgski en passant par Mozart, Schubert, Chopin et consorts, ce sont les grands « tubes » du jeune pianiste qui sont ici revisités.  Attention, il ne s’agit pas de pièces pour débutants mais pour pianistes aguerris.  On se délectera en écoutant le CD, à la fois interprétation et réinterprétation des pièces écrites.  Cette écoute est indispensable, notamment pour l’interprétation du « ternaire »…

 

 

ORGUE

SWEELINCK : Sämtliche Orgel – und Clavierwerke.  Polyphone Werke (Part 2).  Vol. II.2, édité par Siegbert Rampe.  Urtext.  Bärenreiter : BA 8476.

Au-delà de ce volume passionnant, c’est la publication intégrale de l’œuvre de Sweelinck que nous voudrions ici saluer.  Ce volume contient des œuvres d’authenticité certaine et d’autres qui le sont moins, mais qui ne manquent pas, pour autant, d’intérêt.  On lira avec beaucoup d’intérêt la copieuse préface qui introduit le volume.

 

Guy de LIONCOURT : Petite suite classique, pour orgue.  Adaptation : Germaine Chagnol.  Delatour : DLT 1809.

La collection « Organ Prestige », dans laquelle est publiée cette œuvre, se donne pour but de mettre à la disposition des organistes des œuvres peu connues et souvent inédites du répertoire de l’instrument.  C’est le cas pour cette Petite suite classique, œuvre de jeunesse d’un compositeur élève de Vincent d’Indy.  Écrite primitivement pour piano, elle a été transcrite pour orgue par Germaine Chagnol, son élève à l’École César Franck.  Composée de huit mouvements, elle constitue une parfaite suite de concert.

 

 

GUITARE

Yves CARLIN : 2 danses irlandaises, pour guitare.  Niveau 2e cycle.  Combre : C06679.

Ces deux morceaux invitent réellement à la danse.  Ils sont notés en notation classique et en tablature.  Pièces pleines de charme et de vie.

 

 

Yvon DEMILLAC : Wake up !  12 pièces variées pour guitare.  Combre : C06656.

Également de niveau 2e cycle, ces douze courtes pièces comportent des objectifs techniques bien précis, mais leurs titres évocateurs permettent aux musiciens d’exprimer leur sens musical.  John-Richard Lowry, directeur du Conservatoire d’Angers, n’hésite pas à parler de « petits bijoux musicaux ».  Nous souscrivons volontiers à ce jugement.

 

 

Raphaël FAŸS : Album n°7.  Cinq pièces pour guitare classique.  Transcription : Xavier P. Pernel.  Niveau Moyen 1 & 2.  Combre : C06660.

Disciple de Django Reinhardt, pratiquant jazz manouche, guitare classique et flamenco, Raphaël Faÿs nous offre ici cinq pièces d’une écriture classique pleine de charme et de caractère, cinq petits tableaux à découvrir et à faire partager.

 

 

José SOUC : 14 pièces pour guitare.  Lemoine : 28 769 HL.

Ces pièces originales de styles divers sont de niveau difficile.  Mais elles méritent d’être découvertes et jouées tant leurs qualités musicales sont grandes.

 

 

CONTREBASSE

Piotr TCHAÏKOVSKY : Nocturne op.19 n°4 pour contrebasse & piano.  Transcription : Daniel Marillier.  Réduction piano : Régis Prudhomme.  Delatour : DLT 1757.

Écrite dans une tonalité adaptée au registre de l’instrument, cette transcription fidèle mais assez difficile est présentée avec deux accompagnements de piano, selon que la contrebasse est accordée en ut ou en .

 

 

Max BRUCH : Romance op.85 pour contrebasse & piano.  Transcription : Daniel Marillier.  Réduction piano : Régis Prudhomme.  Delatour : DLT 1758.

Écrite primitivement pour alto, cette Romance dédiée à Maurice Vieux est proposée ici dans une transcription d’après la version orchestrale.  Comme pour la précédente, il y a une double partition de piano, en ut et en .  Assez difficile.

 

 

FLÛTE

Gabriel FUMET : Illustration musicale du Cid de Corneille.  4 mélodies pour flûte seule.  Delatour : DLT 0792.

De niveau facile à moyen, ces courtes mélodies dans le style Renaissance ont été commandées à l’auteur pour l’illustration musicale du Cid.  Remercions les éditions Delatour de nous faire ainsi découvrir la musique de ce flûtiste, héritier de toute une lignée de compositeurs.

 

 

HAUTBOIS

Alexandre CARLIN : De Paris à Saint-Louis pour hautbois en ut & piano.  Lafitan : P.L. 2109.

Comme l’indique le titre, cette pièce nous emmène d’une charmante mélodie à un ragtime endiablé.  Elle donnera beaucoup de plaisir aux hautboïstex de niveau élémentaire.

 

 

Jean-Michel TROTOUX : La voie des dauphins pour hautbois & piano.  Lafitan : P.L. 2055.

De niveau également élémentaire, cette pièce nous conduit de manière élégante et chaloupée (tempo di bossa nova) sur la route des dauphins.  Un thème, une partie de style improvisé (mais entièrement écrite) et une reprise du thème forment un ensemble bien séduisant.

 

 

CLARINETTE

Francis COITEUX : Joyeuse randonnée, pour clarinette en sib & piano.  Lafitan : P.L. 2027.

De niveau préparatoire, cette allègre promenade commence par un joli andantino à 2/4 et se poursuit par un 6/8 bondissant et plein de charme.

 

 

Xavier EECKELOOT : Dulce et Decorum pour clarinette en sib & piano.  Lafitan : P.L. 1953.

Voilà un titre bien sombre que cette citation du poète Horace : « Il est doux et glorieux de mourir pour la patrie… ». Rien de martial, cependant, dans cette pièce à l’allure de marche mélancolique.  Il y a bien cette quarte montante qui introduit beaucoup de phrase et qui n’est pas sans évoquer un autre commencement… Les clarinettistes de niveau préparatoire ne se poseront sans doute pas ces questions et joueront avec plaisir cette pièce pleine de charme.

 

 

André GUIGOU : Au bord du lac pour clarinette sib & piano.  Lafitan : P.L. 2008.

De niveau préparatoire, cette pièce fait dialoguer habilement clarinette & piano dans une charmante déambulation.

 

 

Marie-Luce SCHMITT : Vacances landaises pour clarinette sib & piano.  Lafitan : P.L. 1970.

On s’attendait à une promenade sous les pins, et nous voici plutôt dans l’arène avec les vaches landaises.  Quoi qu’il en soit, cette joyeuse pièce conviendra parfaitement aux débutants par son caractère entraînant et dynamique.

 

 

PERCUSSIONS

Patrick BILLAUDY & Hakim BRAHMI : Le Cajon.  Initiation et perfectionnement.  Fabrication de l’instrument.  1 vol. 1 CD.  Paul Beuscher : PB 1380.

Une introduction précise l’origine et l’évolution de l’instrument.  Ce recueil éminemment pratique permet à la fois de le construire et de s’initier à son jeu.  Le CD joint au recueil contient non seulement les exemples musicaux mais les plans pdf en grand format, rendant la construction particulièrement aisée à toute personne un peu méticuleuse.

 

 

CHANT

Peter WAGNER : Marianische Gesänge II.  Alma Redemptoris Mater – Ave Regina coelorum – Regina coeli – Ave maris stella, pour voix & orgue.  Bärenreiter : BA 9268.

Dans notre Lettre n°34, nous avions annoncé la prochaine parution de ce deuxième volume. C’est chose faite.  On y retrouve toutes les qualités du premier : regroupement de pièces originales d’auteurs du XVIIIe au XXe siècle, avec une nette prépondérance du XIXe.  On y retrouve donc des œuvres de Dvořák, Gounod, Grieg… Ce très intéressant recueil fera le bonheur des chanteurs. Les tessitures sont moyennes. Il s’adresse donc à toutes les voix.

 

 

MUSIQUE CHORALE

Anthony GIRARD : Hesychia pour vibraphone/glockenspiel, piano, tam-tam & chœur d’hommes.

De niveau assez difficile, cette œuvre méditative et incantatoire est inspirée de la méthode « hésychaste », c’est à dire de paix intérieure pratiquée notamment par les moines du mont Athos.  La répétition des mots « Kyrie eleison » (Seigneur, aie pitié) est au cœur de cette spiritualité.  Il s’agit d’une œuvre exigeante et d’une beauté tout autant musicale que spirituelle.

 

 

MUSIQUE DE CHAMBRE

Jean-Maurice MOURAT & Guy COTTIN : Les classiques pour flûte & guitare, vol. B.  Combre : C06648.

Saluons avec plaisir le deuxième volume de cette très intéressante entreprise dont le premier a été recensé dans notre Lettre n°17. Le duo flûte/guitare constitue un ensemble particulièrement agréable.  Les pièces de ce volume sont légèrement plus longues que celles du premier.  Le choix est très éclectique, allant de Vivaldi à Tchaïkovsky en passant par Lully, Haendel, Schumann… Souhaitons que de nouveaux volumes viennent enrichir ce répertoire très prometteur.

 

 

MUSIQUE D’ENSEMBLE

Paul HOORN : Balkan.  13 arrangements pour formations variées.  Matériel en ut, sib et mib.  Collection « Combocom », Bärenreiter : BA 6700.

Partant de la constatation que les Balkans sont au confluent de nombreuses traditions musicales, Paul Hoorn a réuni dans ce volume des arrangements aussi divers qu’intéressants de ces différents courants.  Quelle que soit la formation envisagée, chant & piano, quatuor à cordes, ensemble à vent ou orchestres divers, le matériel fourni permet la réalisation de ces différentes pièces qui font l’objet d’une présentation et de conseils d’exécution.

 

 

Alexandre OUZOUNOF : Jaka, dixtuor pour anches doubles.  Collection « Les bandes de hautbois », Delatour : DLT 1531.

Cette composition originale est écrite pour deux solistes, hautbois & hautbois baryton, soutenus par deux hautbois, deux hautbois d’amour, deux cors anglais & deux bassons.  Créée en février 2003 au Conservatoire Henri Dutilleux de Clamart, sous la direction de Claude Villevieille, elle est assez difficile et utilise les doubles trilles, les doublesharmoniques, les sons multiphoniques, etc.

 

Daniel Blackstone.

 

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Les publics des festivals.  Étude collective sous la direction d'Emmanuel Négrier (CNRS), Aurélien Djakouane (EHESS) & Marie Jourda (CNRS).  Co-édition France Festivals/Réseau en scène Languedoc-Roussillon/Michel de Maule, mars 2010.  150 x 215 cm, 284 p.  20 €.

Une étude statistique très complète a été menée sur tous les critères pouvant définir le profil sociologique, culturel, économique des spectateurs composant l'audience des différents types de festivals (musiques dites « classique », baroque, contemporaine, musiques dites « actuelles », danse), ainsi que leur assiduité, leurs motivations, leur provenance géographique...  Certaines évidences tombent sous le sens : que les personnes dépensant 220 € pour assister aux Chorégies d'Orange soient issues des classes aisées et d'un niveau d'études supérieures, nul n'en doutait.  Pourtant, cette étude fait tomber bien des certitudes dans lesquelles s'enferment les acteurs culturels : par exemple, le public d'un genre est bien moins cloisonné, bien plus poreux que l'on serait porté à le croire ; le taux de renouvellement incite à l'optimisme et ne suit pas des courbes reproduisant rigidement des schémas passés (à ce titre, le potentiel des manifestations de musique contemporaine en direction de nouveaux auditeurs, jeunes et peu élitistes, serait à cultiver avec sagacité) ; la gratuité ne constitue guère un appel incitatif pour les classes défavorisés mais plutôt une « rente de situation » pour des habitués ayant flairé l'« aubaine ».  Et – grave dommage pour l'industrie touristique – les festivals français n'attirent qu'une minime clientèle étrangère ; pis, le public, étudié selon sa provenance locale, départementale, régionale, nationale et au-delà des frontières, s'avère majoritairement « du coin », en tout cas à jet de kilomètres permettant de rentrer à la maison après le spectacle, à moins qu'il ne s'étoffe des personnes invitées en vacances chez des amis (mais point clientes d'hôtel !).  Nous sommes loin du cliché de l'événement culturel institué en carrefour obligé d'une caste cosmopolite venue des capitales.  Et c'est tant mieux si cela permet d'ouvrir à la culture des populations trop longtemps tenues à l'écart...

Parallèlement paraissent les actes du Colloque de Montpellier (12-13 novembre 2009), « Ami public n°1 : l'audience des festivals », co-édités par France Festivals et le magazine La Scène.  À ce colloque participaient Emmanuel Négrier et ses collaborateurs, ce qui nous livre – une fois élagué le bla-bla des propos officiels et convenus – un condensé de l'étude commentée ci-dessus, discuté en direct par quelques dirigeants d'institutions (www.francefestivals.com).

 

 

Jean-Marc WARSZAWSKI et alii : Blanche Selva, naissance d'un piano moderne.  Préface de Gilles Cantagrel.  Actes du colloque de l'association Blanche Selva (18 novembre 2005).  Symétrie (www.symetrie.com).  300 p., ill. n&b.  50 €.

Réunion de contributions diverses, ce volume permet de mieux cerner la vie musicale unissant dans une ferveur mystique les musiciens de la Schola autour du « Maître », Vincent d'Indy.  En étudiant, grâce à la correspondance de l'éminente pianiste Blanche Selva – qui fut une des grandes prêtresses de ce culte – les relations nouées entre l'interprète et les compositeurs Isaac Albéniz, René de Castera, Déodat de Séverac, Albert Roussel, Guy Ropartz, et bien sûr Vincent d'Indy, les auteurs (Jean-Marc Warszawski, Stéphan Etcharry, Rémy Campos, Ludivine Isaffo, Cécile Quesney, Florence Le Doussal, Claude Gay, Damien Top) font revivre un milieu finalement assez clos sur lui-même, émouvant par l'idéalisme et la chaleur amicale qui l'imprègne, mais imperméable à ce qui faisait progresser la musique hors de ce cercle (ce que souligne a contrario l'article de Françoise Thinat).  Delphine Grivel y ajoute un aspect transdisciplinaire par l'étude de l'amitié entre le peintre symboliste Maurice Denis et la pianiste.  L'œuvre pédagogique et théorique de Blanche Selva est immense, et comporte des pages à méditer de nos jours : parmi les contributeurs s'attachant à ce versant, la pianiste Diane Andersen dégage une réflexion d'une salutaire profondeur de pensée, transposable à toute pratique interprétative.  Florence Launay esquisse quelques pistes pour nous donner une idée de l'œuvre de compositrice laissée par Blanche Selva, aujourd'hui complètement oubliée (sans parler de certaines partitions perdues).  Quelques négligences dans l'appareil documentaire seraient à corriger, mais cet ensemble a le mérite de remettre en lumière une personnalité dont l'incessante activité et l'influence rayonnèrent sur la France, la Catalogne, et jusqu'en Tchécoslovaquie.

 

Sylviane Falcinelli.

 

Yves-Michel ERGAL & Michèle FINCK.  Écriture et silence au XXe siècle.  « Configurations littéraires ».  Presses universitaires de Strasbourg (www.pu-strasbourg.com), 2010.  363 p.  28 €.

Cet ouvrage regroupe une série d’articles centrés sur les rapports qu’entretiennent écriture et silence au XXe siècle.  Une problématique qui permet d’envisager les rapports complexes entre le langage au sens large (parole, écriture, musique, voire danse) et les diverses modalités du silence, à travers le roman (Beckett, Quignard, Djebar, roman noir anglo-saxon), le théâtre (Maeterlinck, Rilke, Claudel, Pinter et Bernhard) & la poésie (Bonnefoy, Luzi, Celan).  De ces rapports naît le désir de comprendre l’écriture hors la domination du logos.  Une émancipation du silence à partir de laquelle se déploie une nouvelle approche de l’écriture.  Un livre fondamental et passionnant.

 

Patrice Imbaud.

 

Murielle Lucie CLÉMENT et alii : Les Bienveillantes de Jonathan Littell.  Études réunies.  Openbook Publishers ( www.openbookpublishers.com), 2010.  344 p.  £14.95

Ouvrage collectif - dirigé par notre collaboratrice M. L. Clément, écrit en français et publié par un éditeur académique de Cambridge - qui fait écho au roman de J. Littell, les Bienveillantes, paru en 2006 avec le succès que l’on sait, prix Goncourt et Grand Prix du roman de l’Académie française.  Ce livre se présente comme une sélection d’articles internationaux, pour la plupart universitaires, chacun proposant de mettre en avant une facette et une lecture particulière du roman de Littell.  Différents angles d’approches, sociologiques, culturelles, historiques, poético-rhétoriques, interdisciplinaires, intertextuelles, philosophiques et freudiennes qui viennent enrichir une réflexion menée depuis 2006, date de la parution et de la réception mouvementée du livre de Littell… Toujours pertinents, certains éclairages traduisent l’émoi, l’horreur, le dégoût mais aussi, parfois, l’empathie dangereuse que peut ressentir le lecteur face à un roman axé sur la perversion (l’un de ses leitmotive, de même que les voyages, l’homosexualité…).  Une exégèse - certes ardue, mais fascinante - qui ne manquera pas d’inciter à la lecture des Bienveillantes ceux qui ne l’auraient pas encore lu.

 

Pierre Mary.

 

Alfred GELL : L’art et ses agents, une théorie anthropologique.  Traduit de l’anglais par Sophie & Olivier Renaut.  Introduction de Maurice Bloch.  « Fabula », Les Presses du réel (www.lespressesdureel.com).  14 x 22,5 cm, 356 p., 123 ill. n&b.  26 €.

Dans son ultime livre, le grand anthropologue anglais Alfred Gell (1945-1997) proposait une approche révolutionnaire de l’art : plutôt que de penser l’art en termes de beauté, il s’agit de le penser en termes des agencies (intentionnalités) qui se rencontrent dans l’œuvre – qu’elles soient réelles ou imaginaires.  Notre approche esthétique étant, selon lui, inapplicable aux cultures non occidentales… Aussi, dans la combinatoire propre à l’œuvre d’art distingue-t-il : l’objet lui-même, l’artiste, le destinataire et le réseau (ou Art Nexus, désignant l’ensemble des relations qui font qu’un objet d’art est reconnu comme tel par les différents acteurs sociaux).  Même s’il n’est ici question que d’arts visuels, les liens avec l’art des sons s’imposent naturellement.

 

Alexandre MARAL : La chapelle royale de Versailles sous Louis XIV.  Cérémonial, liturgie et musique.  Préface d’Yves-Marie Bercé.  Seconde édition, revue & mise à jour.  « Études du Centre de musique baroque de Versailles », Mardaga (www.mardaga.be).  17 x 24 cm, 476 p., cahier d’ill. n&b et couleurs.  45,00 €.

Ayant presque exhaustivement étudié les annales des chapelles de Versailles, Alexandre Maral - aujourd’hui conservateur des collections de sculpture au Musée national des châteaux de Versailles & de Trianon – nous propose une vision d’ensemble de tous les aspects de la Chapelle royale, au regard de l’histoire de l’art, de la musicologie, de l’histoire des institutions ou de l’histoire culturelle.  Cette nouvelle édition coïncide avec le tricentenaire de l’achèvement de la chapelle définitive, en 1710.

 

 

Catherine DEUTSCH : Carlo Gesualdo (1566-1613).  « Horizons », Bleu Nuit éditeur (www.bne.fr).  14 x 20 cm, 176 p., ex. musicaux, riche iconographie n&b, 20 €.

Haute en couleurs et sulfureuse aura été la vie du prince Carlo Gesualdo, madrigaliste de génie, mais non moins suspect de crimes, d’amours adultérines et autres « forfaitures ».  Démêler le mythe de la réalité, tel est le but que s’est ici fixé – non sans réussite – Catherine Deutsch – s’attachant aussi à l’analyse d’un langage musical plus que tout autre, en son temps, sophistiqué, d’un lyrisme souvent poignant.  Riches annexes.

 

 

Rémi JACOBS : Heitor Villa-Lobos (1887-1959).  « Horizons », Bleu Nuit éditeur (www.bne.fr).  14 x 20 cm, 176 p., ex. musicaux, riche iconographie n&b, 20 €.

S’il est un illustre compositeur à encore découvrir - en France, tout au moins - c’est bien Villa-Lobos !  Les commémorations du cinquantenaire de sa disparition n’y auront, hélas ! pas changé grand-chose.  Hormis la sempiternelle Bachiana brasileira n°5 (pour soprano & 8 violoncelles), que connaissions-nous de cet immense compositeur brésilien, dit « l’Indien blanc » ?  Alors qu’est partout visité, hors notre pays, son pharamineux catalogue : innombrables pièces pour piano, guitare, violoncelle, concertos, symphonies, quatuors, ballets, ouvrages lyriques… Sa Magdalena, « aventure musicale, en deux actes », vient d’être toutefois donnée – avec succès… - au Théâtre des Champs-Élysées.  Merci à l’éminent musicologue Rémi Jacobs de rendre enfin justice à un grand musicien qui tant aima la France (biographie, présentation d’œuvres significatives).  En utiles annexes : tableau synoptique (mettant en regard vie du compositeur, événements culturels et politiques), bibliographie & discographie sélectives, index nominum.

 

 

Ralph P. LOCKE : Musical Exoticism.  Images and Reflections.  Cambridge University Press (www.cambridge.org).  En anglais.  Relié sous jaquette.  18 x 25,5 cm, 420 p., ex. mus., ill. n&b.  £55.00

Dans cette ambitieuse monographie, Ralph P. Locke, professeur à l’Université de Rochester, parcourt l’immense répertoire des œuvres musicales occidentales évoquant personnages ou pays « exotiques » : une geisha, une caravane moyen-orientale, un violoneux hongrois, Carmen jetant une rose à Don José, Joséphine Baker chantant La Petite Tonkinoise, les mozartiennes turqueries du Rondo alla turca & de L’Enlèvement au sérail, non moins que Les Indes galantes, Les Pêcheurs de perles, Madama Butterfly, Sheherazade, West Side Story… et jusqu’au Marco Polo du compositeur chinois Tan Dun !  Passionnant.

 

 

Sylvia KAHAN : Music’Modern Muse.  A life of Winnaretta Singer, Princesse de Polignac.  University of Rochester Press (www.urpress.com).  En anglais.  Broché, 14,5 x 22 cm, 550 p., 29 photos n&b.  £19.90

Professeur à l’Université de New York, Sylvia Kahan s’est ici penchée sur la fascinante personnalité de la princesse Edmond de Polignac - riche héritière de la firme de machines à coudre Singer - qui fut sans doute, en France, la plus grande mécène du XXe siècle - auprès notamment d’artistes tels que Stravinsky, Proust, Ravel, Cocteau, Colette… Une magnifique biographie, quasiment exhaustive, dont les éditeurs français devraient (!) s’arracher les droits.

 

 

Laure BENAROYA : Winnaretta Singer-Polignac, princesse et mécène.  « Les Carnets de Sonatine », biographie.  ZurfluH (www.zurfluh.com).  14,5 x 20 5 cm, ill. n&b et couleurs.  20 €.

Fille d’Isaac Singer (heureux industriel en machines à coudre), Winnaretta Singer-Polignac fut assurément le mécène le plus éclairé de son temps (1865-1943).  Ne reçut-elle pas en effet, dans son célèbre salon de l’avenue Henri-Martin, tout ce que Paris comptait de musiciens, de peintres et d’écrivains : de Proust et Cocteau à Colette et Anna de Noailles ; de Toulouse-Lautrec à Braque et Chagall ; de Fauré et Ravel à Satie, Poulenc et Stravinski…  D’un flamboyant personnage, la vie fascinante… [Plus que jamais vivace est aujourd’hui la Fondation Singer-Polignac (www.singer-polignac.org).]

 

 

La musique contemporaine d’hier à demain.  Revue Circuit (vol. 20, nos 1-2, 2010).  Les Presses de l’Université de Montréal (www.revuecircuit.ca).  21,5 x 23 cm, 140 p., ex. mus., ill. n&b.  28 $ CA.

Au sommaire de ce numéro double, publié à l’occasion du 20e anniversaire de la revue Circuit : « 20 ans avant, 20 ans après » (Jonathan Goldman), « Hier » (il y a 20, 40, 100 ans, par Jean-Jacques Nattiez, Nicolas Donin & Michel Duchesneau), « Aujourd’hui » (extraits de partitions en création, 2009-2010), « Demain » (enquête sur l’avenir de la musique contemporaine, par vingt contributeurs).  Une magnifique livraison !

 

 

Les éditions Demi Lune (www.editionsdemilune.com) dédient une série de biographies aux plus grandes figures des Musiques du monde (collection « Voix du monde »).  Récentes parutions :

Jonathan GLUSMAN : Ravi Shankar, le maître du sitar.  13,5 x 18 cm, 160 p., ill. n&b, 15 €.

À ce grand « artiste de l’intime & de l’universel » [est-il meilleure définition d’un authentique musicien du monde ?], Jonathan Glusman consacre - après une utile « Introduction à la musique indienne » - une attentive et respectueuse biographie : L’éveil artistique/ L’appel du sitar/ Sur les scènes du monde/ Rencontres/ Entre Orient & Occident/ Traditions et innovations/ Les vies de Ravi Shankar.  En annexe : glossaire, discographie, bibliographie, filmographie, ressources Internet.

 

Florent MAZZOLENI : Salif Keita, la voix du Mandingue.  Préface de Salif Keita.  13,5 x 18 cm, 128 p., ill. n&b.  14 €.

Depuis quelque 40 ans, Salif Keita chante le Mali, mais aussi l’amour et les tribulations d’un quotidien assurément mouvementé.  Découvert en Occident avec l’album Soro (1987), son succès ne s’est plus, depuis lors, démenti.  Éléments relatés : L’enfance mandingue/ Les années Rail Band/ De Bamako à Abidjan/ Mandjou, chant de tout un peuple/ Percée sur la scène internationale/ Les années 1990/ Renouveau acoustique avec Moffou dans les années 2000.  En annexe : glossaire, discographie (vinyles & CDs), bibliographie, filmographie, ressources Internet.

 

          

 

Denis ROULLEAU (Présentation de) : Rock Critics.  Préface de Pierre Lescure.  Don Quichotte-Le Seuil.  Distrib. Gilles Paris (www.gillesparis.com).  14 x 22,5 cm, 500 p., 19,50 €.

Genre littéraire en soi, la critique rock a de fidèles lecteurs.  Nous est ici donnée une sélection de ses meilleures pages (signées Alessandrini, Armanet, Ardisson, Assayas, Bayon, Bigot, Blum, Chalumeau, Dister, Dordor, Eudeline, Garnier, Gorin, Kent, Loupien, Paringaux, Rotcage, Viviant, etc.), parues dans Rock&Folk, Best, Actuel, Libération, Rolling Stone, Les Inrocks… Plumes fulgurantes, métaphysiques, déjantées, littéraires… forment ici un fort joyeux patchwork.

 

 

Patrick WILLIAMS et alii : Les quatre vies posthumes de Django Reinhardt.  Trois fictions et une chronique.  « Eupalinos/ Jazz & musiques improvisées », Parenthèses (www.editionsparentheses.com).  15 x 23 cm, 280 p.  16,00 €.

2010 : centenaire de la naissance de Django (décédé à 43 ans, le 16 mai 1953, d’une congestion cérébrale).  En guise d’hommage, trois écrivains ont successivement imaginé une « vie » du musicien : Sensationnel ! Un concert de Django Reinhardt & Thelonious Monk en duo » (Guy Leclère, journaliste), « A room with a view », 43e étage (James D. Cszernynk, critique littéraire), Sous une pluie de fleurs d’acacia (Bertrand Journens, romancier).  La quatrième « vie » est, quant à elle, la chronique des cinquante-six ans de vie posthume du grand guitariste  : Une postérité à n’en plus finir (Patrick Williams, ethnologue).

 

 

Chantal GROSLÉZIAT : Abécédaire musical.  Les bébés & la musique, 3.  « Mille et un bébés », Érès (www.editions-eres.com).  11,5 x 16 cm, 168 p.  10 €.

Déjà auteur, aux éditions Érès, de Les bébés & la musique et de Bébés, chasseurs de sons, Chantal Grosléziat récidive avec ce charmant Abécédaire musical dans lequel - sans a priori culturel, esthétique ou pédagogique - elle traite de l’éveil à la musique, circonscrivant la grammaire des premières rencontres.  Tout un kaléidoscope de pratiques et de réflexions.

 

Francis Cousté.

 

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Haut

Johann Hermann SCHEIN : Opella Nova.  Fontana d’Israel.  Hortus (editionshortus@wanadoo.fr) : 075.  TT : 66’05.

L’Ensemble vocal Sagittarius, sous la direction si expérimentée de Michel Laplénie, s’est spécialisé - tant pour ses concerts que pour ses enregistrements -, entre autres, dans les œuvres des « 3 S » de la musique allemande : H. Schütz (son « patron »), S. Scheidt et J. H. Schein (1586-1630), prestigieux Cantor à Saint-Thomas de Leipzig. Cette excellente production peut s’honorer d’une présentation du Prof. Dr. Walter Werbeck, président de la Société internationale H. Schütz.  L’enregistrement (17 pièces), judicieusement réalisé selon certaines indications de Schein lui-même, propose une interprétation très fidèle aux intentions de ce dernier.  Reposant sur des textes de J. Agricola, M. Luther ou des extraits vétérotestamentaires, comme le Psaume 126 : Die mit Tränen sähen… (Ceux qui sèment dans les larmes…), ces pages représentent de véritables petits chefs-d’œuvre de symbolisme et d’expressivité.

 

 

Aeterna.  Jade (14, rue Guynemer -75006 Paris. jade@milanmusic.fr ) : 699 676.2.  TT : 63’24.

Nathalie Choquette (soprane québécoise) rend avec le même bonheur le chant grégorien, le répertoire allant de Pergolèse, Bach, Mozart, Fauré, Kedroff… à son compatriote Raynald Arseneault.  Cette mini-anthologie de pages à grand succès, nécessitant infiniment de sensibilité, est interprétée avec intelligence par une voix chaleureuse, lumineuse, exceptionnelle. Chaque auditeur, selon ses affinités, appréciera ce programme comportant 21 œuvres brèves appartenant au répertoire de tous les temps. Confirmation du succès de ce CD : 25 000 exemplaires vendus au Québec. Il reste à souhaiter le même accueil en Europe.

 

 

Alessandro SCARLATTI : Toccate per cembalo. Arcana (stephanie@outhere.com) : A323.  TT : 73’10.

Les œuvres d’Alessandro Scarlatti (père de Domenico), très estimées de leur temps - où pourtant l’intérêt des mélomanes pour le clavecin commençait à décliner - exigent une remarquable technique clavecinistique : doigtés compliqués (notés en symboles, Toccata I) ; multitude des traits interminables en doubles croches alors à la mode).  Dans ce digest de 8 toccatas et 4 fugues qui traduisent l’intention du compositeur misant - comme dans l’art vocal - sur la haute virtuosité, R. Alessandrini fait preuve d’une transparence extrême et brille par la précision de l’attaque, son sens de la structure.

 

 

J. S. BACH : Œuvres pour orgue.  Laurent Jochum à l’orgue de l’abbatiale de Guîtres.  Triton (triton@disques-triton.com) : TRI 331159. TT : 71’28.

Enregistré à l’orgue Beuchet-Debierre (1978, avec grand orgue, écho & pédale) de l’abbatiale Notre-Dame de Guîtres (Gironde), ce programme-type de J. S. Bach, s’ouvre sur le Prélude et fugue en sol majeur et se termine sur la Passacaille et fugue en ut mineur, œuvres redoutables, parfois galvaudées, mais que Laurent Jochum a le mérite de jouer avec des tempi raisonnables, une solide technique et un remarquable sens de la registration et de la construction.  La Fantaisie et fugue en sol mineur constitue la partie centrale, précédée et suivie de Chorals de Leipzig (avec 3 versions sur le cantus firmus : Allein Gott in der Höh sei Ehr) et d’extraits de la troisième partie de la Clavierübung.  L. Jochum tire le meilleur parti des possibilités diversifiées de jeux et de l’acoustique de ce lieu historique.

 

 

Orgues historiques de France, vol. 8.  Orgues L’Épine, Sarlat.  Sinus (Postfach 526, CH-8802 Kilchberg.  sinus-verlag@bluewin.ch) : Sin 3008.  CD Diffusion (31, rue Herzog, F-68920 Wettolsheim.  info@cddiffusion.fr).  TT : 60’ 08.

En 2010, pour le 8e volume de sa collection, l’infatigable Albert Bolliger a sélectionné les Orgues L’Épine (1752, restauré à partir de 1980) de la cathédrale de Sarlat-la-Canéda.  Son programme met en valeur les possibilités de ce remarquable instrument (4 claviers et pédale) accordé en mésotonique et convenant parfaitement à l’interprétation de la musique française des XVIIe et XVIIIe siècles : J.-Fr. Dandrieu, L. Couperin, Fr. d’Agincourt.  Le texte de présentation a le mérite de donner la registration pour chaque œuvre.  L’intérêt est encore rehaussé par des pièces (G. Raison, G. Corrette…) extraites du Manuscript de Limoges (ca 1725) - don du collectionneur Chr. Gauny - conservé à la Bibliothèque municipale ; il contient des œuvres significatives de la pratique liturgique de l’époque.

 

 

Dimitri CHOSTAKOVITCH : Symphonie n°14.  Alpha (stephanie@outhere.com) : 159. TT : 52’21.

À l’apogée de sa carrière, D. Chostakovitch (1906-1975) a dédié à Benjamin Britten une œuvre originale.  En effet, sa Symphonie n°14, op. 135, composée au printemps 1969, associe des textes très prenants, gravitant autour du thème de la mort et faisant fonction de Requiem.  Les poèmes (espagnols, français et allemands), empruntés à F. García Lorca, G. Apollinaire et R. M. Rilke, suscitent émotion, mélancolie et drame.  Laideur et tristesse y côtoient la compassion.  L’atmosphère est assez proche des Kindertotenlieder (G. Mahler).  J. Korpacheva (soprano), P. Migunov (basse), l’Ensemble MusicAeterna et l’Orchestre de chambre de l’Opéra de Novosibirsk - placés sous la direction si expérimentée de T. Currentzis - traduisent les divers degrés de la sensibilité humaine face à la « mort » qui « est grande », et qui « ose pleurer » (Rilke).

 

 

Joyful Listening to the Music of Heinrich Schweizer.  VDE-Gallo (La Cure, rue du Four 2, CH-1410 Denezy.  info@vdegallo.ch. CD 1284.  TT : 70’02.

Les éditions VDE-Gallo, se référant « à un public appréciant la musique du monde classique et les liens entre les éléments occidentaux et orientaux », ont enregistré un programme fondé sur « la joie de l’écoute », comportant de rares associations d’instruments (harpe & quintette à vents ; percussions africaines…) et des titres variés.  Le compositeur suisse Heinrich Schweizer (°1943) manie avec une aisance déconcertante le style populaire mais aussi classique et contemporain, s’inspire des apports africains et chinois.  Cette musique extraordinaire, faite pour plaire, mais très recherchée et raffinée, est entraînante, envoûtante, irrésistible.  À découvrir impérativement.  Tous publics.

 

 

Orgue de Lorris-en-Gâtinais : 500 ans d’histoire.  Triton (triton@disques-triton.com) : TRI 331121.  TT : 66’11.

Enregistré sous la direction de la regrettée Annie Isoir, à l’orgue de Lorris-en-Gâtinais préparé par Yves Koenig, sous le titre : « Musiques d’Europe du XIVe siècle à nos jours », André Isoir - bien connu du grand public - a signé une anthologie de 41 pièces brèves, allant de G. Du Fay et du Strasbourgeois B. Schmid, à J. Alain (Berceuse sur deux notes…) et J. Berthier (Jeu de quartes), représentant les écoles française, italienne, néerlandaise, allemande, anglaise...  Ce cortège de musiciens illustre parfaitement, d’une part, les possibilités de registration de l’instrument historique et, d’autre part, la diversité des œuvres issues de la danse ou des formes typiques : canzon, sonata…  Un modèle du genre.

 

 

Francesco DURANTE : Vespro breve – Miserere.  Tactus : TC 680403.  CD Diffusion (31, rue Herzog, F-68920 Wettolsheim info@cddiffusion.fr).  TT : 60’07.

Précédé par une Sonata d’Ascanio Maione (1570-1627) et entrecoupé par une pièce d’orgue (avec 4 fugues) de G. M. Trabaci (1575-1647), ce CD concerne Francesco Durante (1684-1755) - à peu près contemporain de J. S. Bach - : avec ses Vêpres brèves reposant sur des versets de psaumes, l’Hymne Pange lingua et le Magnificat et son Miserere mei Deus (Ps. 50/51).  L’Ensemble strumentale Sagittario - à ne pas confondre avec Sagittarius dirigé par M. Laplénie…- et l’Ensemble vocale Il Dodicino confèrent luminosité et entrain, ou calme et intériorité à ces pages rarement enregistrées et à redécouvrir.

 

 

Johann Sebastian BACH : Aus der Tiefe.  Ricercar (stephanie@outhere-music.com) : RIC 295. TT : 78’18.

L’objectif comparatif de ce CD retiendra l’attention ; avec plusieurs versions du même texte : Aus der Tiefe(n) rufe ich, Herr, zu dir (Des profondeurs, je crie vers toi… : Ps. 129/130) Tout d’abord : J. S. Bach avec sa cantate éponyme (BWV 131) suivie de trois versions de Thomas Selle (1599-1663), Christoph Bernhardt (1627-1692) et Johann Philipp Förtsch (1652-1732).  Avec Christoph Graupner (1683-1760), le texte est collectif : Aus der Tieffen rufen wir Gott (…nous invoquons…).  Dans sa Cantate-choral, le Cantor de Leipzig intercale des strophes du choral de B. Ringewaldt : Herr Jesu Christ, du höchstes Gut.  Cet enregistrement original se termine sur sa Cantate 82 Ich habe genug.  Grâce aux quatre solistes et au Ricercar Consort, ce disque - tout à l’honneur des 30 ans du label Ricercar - est d’ores et déjà un incontournable.

 

 

Gustave NADAUD : La Bouche & l’Oreille.  Alpha (stephanie@outhere-music.com) : 160.  TT : 74’42.

Gustave Nadaud (1820-1893) - auteur de chansons à succès publiées notamment dans L’Illustration et Le Figaro - met en musique des textes de caractère populaire et drôle, parfois engagés, ayant pour thèmes : le Voleur, la Femme du pompier, le Séducteur, mais aussi le Cigare…, la Bouche & l’Oreille (d’où le titre), les Ruines de Paris, les Noces du Soleil et de la Terre…, révélateurs du XIXe siècle finissant.  Les interprètes - dont A. Marzorati (chant & direction) - s’y donnent à cœur joie…  Et pourquoi pas les auditeurs ?  Détente garantie.

 

 

Pascal Amoyel plays GREIF / Emmanuelle Bertrand plays AMOYEL.  Triton (triton@disques-triton.com) : TRI 331160.  TT : 64’01.  DVD : 43’24.

Geneviève Thiébault, directeur du label Triton, et Pascal Amoyel ont le mérite de promouvoir l’œuvre du regretté Olivier Greif (1950-2000).  Son 8e CD (avec DVD) et les nombreux concerts annoncés rendent enfin l’hommage qui est dû à celui qui, en 1998, a écrit à l’excellent pianiste : « Vous m’avez ému au-delà de ce que vous pouvez imaginer.  Vous vous êtes approprié l’œuvre, c’est-à-dire que vous êtes parvenu à ce que j’entendais, à ce que je voulais, par l’unité qu’apporte l’accession à un état second, intuitif et visionnaire… ».  Qualités confirmées par sa Sonate pour piano n°22 (1997) et sa Sonate de Guerre n°15 (1975), enregistrée sous la direction du compositeur.  En 2009, P. Amoyel a composé Sadhana (In memoriam O. Greif), interprétée avec musicalité par Emmanuelle Bertrand (violoncelle et voix).  Avec le DVD (extraits d’œuvres, interviews), voici donc trois hommages très émouvants à Olivier Greif.

 

Édith Weber.

 

Hector BERLIOZ : Symphonie fantastique.  Les Siècles, dir. François-Xavier Roth.  « Les Siècles Live », Musicales/ Actes Sud. 

Cet enregistrement, réalisé durant le Festival Berlioz de La Côte-Saint-André en août 2009, ouvre une nouvelle série chez Actes Sud, où l'excellent orchestre polymorphe fondé par François-Xavier Roth pourra publier ses meilleurs concerts.  Une telle version sur instruments d'époque doit être envisagée sous l'angle de deux problématiques.  Si l'on s'en tient à l'interprétation des intentions expressives, on ne peut qu'être séduit par la sensibilité qui se dégage des pages rêveuses conduites avec fluidité, et par l'incisivité des moments traités en eaux-fortes à la Jacques Callot.  La cantabilità et les impulsions de la Symphonie fantastique se dégagent avec un naturel sans apprêt de la direction de François-Xavier Roth ; on savait déjà que sa valeur l'inscrit au tout premier rang des meilleurs chefs français, et – considérant le sort fait à ceux-ci en France – l'on serait presque porté à s'étonner que l'on nous concède encore la satisfaction de pouvoir l'écouter sous nos cieux (notamment au Philharmonique de Radio France), même si sa nomination à la tête du prestigieux Orchestre du SWR de Baden-Baden offrira un cadre optimal à son talent reconnu d'avocat de la musique contemporaine.  Mais, pour reprendre le débat sous un angle qui ne tempère en rien l'estime portée audit chef, l'usage d'instruments anciens, associé à l'effectif un peu réduit, limite le spectre dynamique de l'œuvre, donc l'impact dramatique de ses pages les plus saisissantes.  Certes, les solistes des vents sont très performants, et leurs timbres apportent une couleur salutaire, de même que les (vraies) cloches.  Cependant, à part ces touches d'authenticité, il faut bien considérer que le retour aux instruments « d'époque » constitue souvent une trahison – en termes d'histoire, mais oui ! - des compositeurs les plus avant-gardistes de leur temps (or c'était le cas de Berlioz !).  Nous savons (témoignages relatifs à Beethoven, par exemple, du temps où il entendait encore) que les maîtres les plus « anticipateurs » souffraient des limitations des instruments dont ils devaient alors se contenter, instruments guère encore façonnés par leur langage, la prise en compte de l'évolution du langage générant les évolutions ultérieures de la facture !  D'autre part, pour transmettre le message novateur d'une œuvre, il s'agit de recréer sur la réceptivité des auditeurs d'aujourd'hui les mêmes sensations fortes qui frappèrent leurs contemporains.  Ce n'est certes pas en gommant tout ce qui a conditionné l'oreille des générations successives dans des salles modernes, donc en enclenchant la marche arrière et en rétrécissant le champ de perception acoustique, que l'on peut y parvenir et transposer cette réactivité sensorielle à échelle comparable.  Autant les instruments « authentiques » sont indispensables dans la musique des compositeurs soumis aux canons esthétiques de leur temps, ou bien lorsque des timbres à « effets spéciaux » ont disparu, autant ils sont un contresens psychologique dès lors qu'on les ré-applique de force aux quelques compositeurs qui voyaient très loin au-delà de leur terreau natal, et dont l'instrumentarium, prorogé dans la facture actuelle, bénéficie d'une construction évoluée facilitant l'exigence du jeu ou la projection  sonore.

On se réjouit que la collection d'Actes Sud nous donne bientôt à entendre François-Xavier Roth dans un répertoire qu'il fait vivre admirablement, à savoir des créations récentes... sur instruments d'époque (la nôtre), bien entendu !

 

 

Robert SCHUMANN : L'œuvre complète pour piano, vol. 4.  Sonates op.11, op.22, op.14.  Fantaisie op.17.  Francesco Piemontesi.  2CDs Claves : 50-1003/04. 

Il y a bien longtemps qu'un pianiste ne nous avait plus captivé avec les si périlleuses Sonates de Schumann.  Dans le cadre d'une intégrale répartie entre divers artistes, la firme suisse Claves nous donne à entendre un jeune natif de Locarno, âgé de 26 ans à la date de ces enregistrements réalisés en quelques jours dans la fameuse Jesus-Christus-Kirche de Berlin.  Souvenons-nous que les quatre œuvres ici réunies ont été composées par Schumann entre 22 et 26 ans.

Maîtrisant un beau son, Francesco Piemontesi, dans la 1re Sonate, éclaire les dialogues et les échos d'une voix à l'autre, détachant tour à tour les personnages d'un théâtre fantasmé.  On se croirait tantôt dans une joute oratoire, tantôt à l'opéra (recitativo secco du 3e mouvement de l'op.11), tantôt sur une scène chorégraphique.  Jamais ne fait défaut le rebond rythmique donnant une pulsation nerveuse à ces débats avec soi-même.  Seul le finale de l'op.11 faiblit un peu, n'emportant pas comme on l'attendrait – après les trois autres mouvements – la culmination de l'élan général.  Si l'interprétation de la Sonate op.22 ne se distingue pas de manière aussi saillante, la Sonate op.14 (« Concerto sans orchestre ») représente un autre temps fort, même si l'on aurait préféré entendre la structure originelle en 5 mouvements : la version choisie combine la forme ultime en 4 mouvements de 1853 avec l'écriture primitive du mouvement initial (1836).  Le pianiste, évoluant avec une parfaite aisance au fil de cette partition complexe, y fait montre d'une bondissante fièvre juvénile dans les mouvements extrêmes, qui ne contredit pas la maturité imprégnant les moments plus graves.

Dans la Fantaisie op.17, Piemontesi veille à ce que l'aspect déclamatoire ne masque pas les confidences intimes : il en résulte une interprétation originale par la tenue de l'émotion intérieure, là où est souvent mis en avant l'autre versant, celui de la puissante éloquence romantique.  Il n'en amène que mieux la profondeur méditative du dernier mouvement.  Une très belle prise de son complète notre bonheur.

 

 

Pascal DUSAPIN : Sept solos pour orchestre.  Orchestre philharmonique de Liège-Wallonie-Bruxelles, dir. Pascal Rophé.  2CDs Naïve : MO 782180.

Le titre paradoxal (le mot Solo appliqué à de grands effectifs orchestraux) indique que le compositeur a poursuivi une recherche homogène sur des formes qui, s'additionnant, forment une grande arche dont les éléments se chevauchent et s'infiltrent d'une pièce à l'autre.  À dire vrai, les concepts formels décrits par le compositeur à grand renfort de mots latins n'apportent rien de nouveau dans l'histoire de la musique, et – quel que soit le postulat poursuivi – l'important s'avère que le résultat s'entende.  Or, bien que les sept partitions, composées pour ce cycle au gré de commandes internationales, s'étendent sur un horizon allant de 1992 à 2009, aucune évolution ne s'y fait jour, et les oppositions ou « pliages » annoncés (oui, oui, de la composition considérée comme un origami) ne recouvrent qu'un langage engendrant vite la monotonie.  Nulle force de contraste dramaturgique ne relance l'intérêt, et l'écoute continue nous inspire bientôt un profond sentiment d'ennui.  Une question s'insinue alors : Pascal Dusapin n'a-t-il pas trop écrit, lui a-t-il échappé que la vertu de prendre du recul par rapport à soi-même impose de préserver des temps d'intériorité, de remise en question, de réexamen de sa propre exigence ?

 

Sylviane Falcinelli.

 

« Stabat Mater.  Motets to the Virgin Mary ».  Motets de Alessandro GRANDI, Giovanni LEGRENZI, Francesco CAVALLI, Giovanni Antonio RIGATTI, Giovanni Paolo CAPRIOLI, Girolamo FRESCOBALDI, Giovanni Felice SANCES, Govanni Battista BASSANI, Andrea MATTIOLI, Girolamo CASATI, Giovanni Paolo COLONNA.  Philippe Jaroussky, contre-ténor.  Avec Marie-Nicole Lemieux, contralto.  Ensemble Artaserse.  Virgin Classics.  TT : 71'31.

C'est à un émouvant florilège de motets dédiés à la Vierge Marie et un non moins passionnant voyage à travers la musique italienne du seiciento que nous convie Philippe Jaroussky.  Le culte marial a inspiré bien des compositeurs vénitiens et romains, dans le sillage de Monteverdi ou de Palestrina, dont certains nous sont peu familiers, tels Bassani ou Grandi.  Et pourtant, que de richesses dans ces courtes pièces sertissant la voix comme un joyau en des courbes mélodiques qui tirent le religieux souvent vers le profane. Ainsi de ce magnifique Stabat Mater de Sances, exemple parfait du canto ostinato, ou des pièces de Grandi comme le Salve Regina qui fait dialoguer la voix avec les divers instruments.  Jaroussky émeut avant tout par le naturel du discours où rien n'est apprêté, dessinant les divers affetti : la suavité, la douce nostalgie, la douleur contenue, la ferveur contemplative.  La flexibilité de la ligne de chant n'a d'égale que l'articulation rigoureuse sans dureté.  La voix se fond dans l'ensemble instrumental (merveilleux musiciens de Artaserse), évoluant elle-même tel un instrument, d'une infinie ductilité et d'une vraie douceur dans les ornements.  Il émane de ces interprétations une réelle tendresse, apportant à la déclamation une rare plénitude.  Lorsque, l'espace de deux des motets, Jaroussky est rejoint par Marie-Nicole Lemieux, les deux voix s'enlacent comme dans un duo d'opéra ; idéale combinaison de deux timbres rares. Deux pièces purement instrumemtales complètent cette captivante anthologie, dont la belle Sonata prima de Bassani.

 

 

« Rosso : Italian baroque arias ».  Antonio SARTORIO : Giulio Cesare in Egitto ; L'Orfeo.  Allessandro STRADELLA : San Giovanni Battista.  George Frideric HÄNDEL : Alcina ; Rinaldo ; Ariodante.  Alessandro SCARLATTI : Griselda ; Il Sedecia, re di Gerusalemme.  Nicola PORPORA : Lucio Papirio.  Antonio VIVALDI : L'Olimpiade.  Benedetto MARCELLO : AriannaPatricia Petibon, soprano.  Venice Baroque Orchestra, dir. Andrea Marcon.  Universal/DG : 477 8763. TT : 75'23.

L'industrie phonographique privilégie plus que jamais la formule du récital qui permet à telle vedette du chant d'empiler une suite d'airs avantageux.  On ne s'en plaindra pas s'agissant de Patricia Petibon.  Car le talent est plus que vocal et l'interprète qu'on sait brûler les planches - quelquefois un peu trop - caractérise avec bonheur les héroïnes pour la plupart sanguinaires représentées ici.  Elle aborde la variété des affects avec juste ce qu'il faut d'emphase dans l'expression.  Il est rare d'entendre, dans un même récital, les deux rôles de soprano que renferme Alcina : le rôle-titre où affleure le drame de la souffrance, et le mode enjoué de la piquante Morgana.  Quelques autres héroïnes haendéliennes sont au rendez-vous : la poignante Cléopâtre de Jules César, l'émouvante amante désespérée Almirena de Rinaldo. Surtout, quelques raretés viennent enrichir la discographie.  Ainsi des pièces de Sartorio - un bouleversant aria tiré d'un autre Orfeo - ou de Stradella : l'air ensorcelant de Salomé tiré de l'oratorio Saint Jean-BaptistePartout on admire la sûreté des ornementations.  On aime moins quelques interprétations façon chant médiéval, avec interjections à la cantonade ou détimbrage de la voix.  Peut-être ce style fleuri enflammait-il le siècle baroque, par ses effets de surprise.  Reste qu'il ne laisse pas d'étonner aujourd'hui dans Ariodante de Haendel par exemple.  Andrea Marcon et sa quinzaine de musiciens du Venice Baroque Orchestra procurent le plus imaginatif des accompagnements, même si les accents sont parfois sollicités à l'extrême.

 

 

Johann Sebastian BACH : Matthaüs Passion BWV 244.  Johannes Chum, Hanno Müller- Brachman, Christina Landshamer, Marie-Claude Chappuis, Maximilian Schmitt, Thomas Quasthoff, Klaus Häger.  Thomanerchor Leipzig.  Tölzer Knabenchor. Gewandhausorchester, dir. Riccardo Chailly.  2CDs Universal/Decca : 478 2194.  TT : 80'34 + 79'36.

Outre l'orginalité d'avoir été enregistrée dans la ville même de sa création, cette nouvelle version de la Passion selon saint Matthieu se distingue par la valeur de sa partie chorale.  On a, en effet, fait appel à deux chœurs de garçons parmi les plus célèbres d'Allemagne : le Thomanerchor de Leipzig et le Knabenchor de Tölz en Bavière.  Cette donne, issue d'une longue tradition, restitue à la pièce une couleur particulière qui tempère son aspect monumental.  De même a-t-on respecté la disposition en deux orchestres.  Riccardo Chailly, qu'on n’attendait pas dans ce répertoire, trouve le ton juste, de par la vivacité des tempos, dépourvus de rigidité, le sens des porportions et l'intense ferveur de la démarche.  De même qu'on est saisi par le climat intime qui se dégage de l'exécution.  Bien qu'il s'agisse avec le Gewandhaus d'une formation d'instruments modernes, on est séduit par la haute qualité des solistes et leurs sonorités diaprées, aux couleurs comme mordorées.  Loin de tout vedettariat, la ligne des solistes vocaux vaut par sa sobriété.  L'Évangéliste, Johannes Chum, possède ce timbre clair et cette douceur d'élocution qui apportent une extrême sensibilité à l'énonciation du texte biblique, à la fois objective et émue.  Le Jésus de Hanno Müller-Brachamn se distingue par l'aura de ses accents lyriques.  Parmi les solistes des récitatifs accompagnés et des arias, dont la Passion selon saint Matthieu tire son profond climat méditatif, la basse Thomas Quasthoff fait autorité par une grande noblesse de ton.  Les voix de femmes auxquelles est dévolue toute la tendresse de l'humain dans cette proximité de la mort, sont sans doute plus claires que de coutume, mais pas moins convaincantes.  L’alto, Marie-Claude Chappuis, fait montre d'une belle émotion contenue.  Tout comme la soprano, Christina Landshamer, à la présence juvénile.  La prise de son, en concert, livre une acoustique justement aérée, ajoutant au bonheur de cette exécution.

 

 

Ludwig van BEETHOVEN : Quatuors à cordes op.18 n°2, op.59 n°3, op.131, op.132.  Artemis Quartet.  2CDs Virgin Classics : 60710208.  TT : 75'36 + 62'39.

Les Artemis poursuivent leur intégrale des quatuors de Beethoven, selon la formule adoptée pour leurs précédentes parutions, en juxtaposant des opus appartenant aux trois périodes créatrices du génie de Bonn.  Leur manière se vérifie ici encore : une vigueur contrôlée, des couleurs instrumentales contrastées et surtout un choix de tempos souvent très personnel qui, à l'occasion, précipite volontiers le débit.  Dans l'op.18 n°2, où souffle encore l'esprit du classicisme de Mozart et de Haydn, on admire un pétillant scherzo, aux couleurs italianisantes, et un impétueux finale.  De l'op.59 n°3, dernier des trois Quatuors Razumovsky, se distingue un finale fugué joué en un vertigineux presto ; ce qui ajoute à l'effet de surprise.  Les deux morceaux de choix de l'album, on les trouve bien sûr dans les Quatuors op.131 et 132.  Le premier, un chef d'œuvre certes, mais combien déroutant parfois, avec ses sept parties jouées d'un seul tenant, foisonne d'idées et de modes compositionnels.  Il y a quelque secret dans cette enfilade de séquences que les Artemis traitent avec un art consommé de la modulation.  Le formidable élan créateur qui vient à se briser pour renaître plus vif encore, l'opposition de la force éclatante et de la tendresse, car « le cœur conçoit, la raison sculpte » (Romain Rolland) sont là considérables.  Le 15e Quatuor op.132 est sans doute encore plus énigmatique et mystérieux.  On sait qu'il fut interrompu par la maladie.  Son long adagio médian forme une prière d'action de grâce qui adopte la forme d'un choral pétri d'humanité.  Ce que les Artemis traduisent avec emphase au-delà de la seule perfection formelle, avant de conclure sur un allegro appassionato dansant et déclamatoire qui se mue en un presto empli d'une joie irrésistible.

 

 

Bicentenaire Chopin

Frédéric CHOPIN : Ballade n°1 op.23.  Études op.10 n°4 et op.55 n°2.  Mazurkas op.41 n°1 et n°4, op.24 n°2, op.63 n°2, op.33, n°2.  Trois Mazurkas op.59.  Nocturnes op.15 n°2 et op.55 2.  Sonate n°3 op.58.  Martha Argerich, piano.  Universal/DG : 477 7557.  TT : 64'25.

Aussi incroyable que possible, il existait encore des enregistrements non publiés de la grande Martha Argerich, en l'occurrence effectués pour la plupart en 1967, deux ans après sa brillante victoire au Concours Chopin de Varsovie.  La pianiste prodige s'était vue offrir un contrat d'exclusivité par DG, cinq ans plus tôt, de justesse dit-on.  Les présentes exécutions proviennent d'archives de radio.  Leur premier intérêt est de liver quelques inédits dans le repertoire Chopin de l'Argentine, telles la Ballade n°1 (interprétée ici en 1959) ou l'Étude op.10 n°4.  On reste interdit devant le jeu très intuitif de la pianiste à cette époque, qui semble tout oser : une vitalité irrépressible, une absolue liberté de l'expression des climats antagoniques que cèlent le Noctune op.15 n°2.  Ou encore le rubato très personnel qui transforme la 1re Ballade en récit épique ou enveloppe les Mazurkas de climats tour à tour brillants ou d'une profonde délicatesse. Tout aussi fascinant est l'art de narrer et de captiver l'auditeur.  Ainsi de l'exécution (en public) de la Troisième Sonate : un premier mouvement progressant tel un ouragan et malgré tout paré de nuances pudiques, un scherzo comme liquide dans son premier sujet, un largo grandiose dans son introduction pour se métamorphoser en pure émotion poétique, un finale tumultueux, à la rythmique étourdissante.  Ici comme ailleurs, on a affaire à une approche visionnaire, dégagée de toute pesanteur, transcendant les interrogations qui emportent la musique de Chopin.

 

 

Et quelques autres perles pour une discographie chopinienne...

On ne saurait trop recommander encore quelques disques d'exception dont la parution n'a pas attendu 2010 pour parer la discographie de jalons marquants et enrichir l'interprétation chopinienne de fleurons essentiels, sinon défnitifs.  Ainsi en est-il de l'ensemble des Mazurkas par Arthur Rubinstein, assurément l'interprète qui a le plus marqué le sillon du grand polonais et qui s'approche le mieux de cet esprit élusif qui parcourt ces pièces (RCA) ; des quatre Ballades par Krystian Zimerman, autre maître polonais visionnaire, premier prix du concours Chopin de Varsovie (DG) ; des Scherzos par Ivo Pogorelich, visions pas toujours sages, mais animées d'une irrésistible patte (DG) ; des Polonaises par Maurizio Pollini (DG), un des grands disques du virtuose italien, ou encore par Samson François, l'émotion pure à la française, sur les traces de Cortot (EMI).

 

 

On éprouve encore une particulière tendresse pour les Valses telles que jouées dans l'évidence de leur simplicité par Claudio Arrau, ou la poésie même au clavier (Philips) ; comme un indéfectible attachement pour les deux Concertos tels que gravés par Zimerman à la tête d'un orchestre ad hoc, visions d'un confondante musicalité (DG).  Sans oublier les Mélodies, magnifique anthologie s'il en est, distillée par la regrettée Elisabeth Söderström avec la conviction qui était la sienne, accompagnée par Vladimir Ashkenazy, lui-même un grand champion du piano de Chopin (Decca).

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« Bad Boys ».  Arrigo BOITO : Mefistofele.  Amilcare PONCHIELLI : Barnaba (La Gioconda).  Giacomo PUCCINI : Scarpia (Tosca).  Gaetano DONIZETTI : Dulcamara (L'Elisir d'amore). Giuseppe VERDI : Iago (Otello). Carl Maria von WEBER : Kaspar (Der Freischütz).  George GERSHWIN : Sporting Life (Porgy and Bess).  Kurt WEILL : Mackie Messer (Die Dreigroschenoper).  Arthur SULLIVAN : Roderic (Ruddigore).  Stephen SONDHEIM : Sweeney Todd.  Claude-Michel SCHÖNBERG : Javert (Les Misérables).  Gioacchino ROSSINI : Basilio (Il Barbiere di Siviglia).  Ludwig van BEETHOVEN : Pizzaro (Fidelio).  Charles GOUNOD : Méphistophélès (Faust).  Wolfgang Amadeus MOZART : Don Giovanni, Leporello, Il Commendatore.  Bryn Terfel, baryton-basse.  Avec Anne Sofie von Otter, mezzo-soprano.  Swedish Radio Choir.  Swedish Radio Symphony Orchestra, dir. Paul Daniel.  Universal/DG : 4778091.  TT : 58'10.

Voilà un récital en forme de galerie de mauvais garçons, à laquelle le timbre sombre de Bryn Terfel, comme sa posture de grand communicateur, confèrent une indéniable consistance.  Mais un bien curieux assemblage tout de même.  Car qu'a à faire, en pareille occurrence, l'histrion Dulcamara présentant sa liqueur miraculeuse ? De même que la sempiternelle « Calomnie », distillée par le mielleux et bien inoffensif Basilio ?  Sauf à admettre qu'il fallait faire bonne mesure avec ces bons vieux poncifs du répertoire de basse.  Vilénie oblige, on eût préféré quelques morceaux empruntés aux quatre rôles de vilains, précisément, tirés des Contes d'Hoffmann dont, au demeurant, Bryn Terfel est un des grands défenseurs.  Cela dit, son Scarpia, illustré par le « Te Deum » qui clôt le Ier acte de Tosca, est connu pour sa morgue.  Son Iago mérite de l'être, car tout aussi démoniaque à l'heure du fameux « Credo ».  Si son Mefistofele est un brin caricatural, son Barnaba reste justement menaçant.  Il semble que l'idiome allemand lui convienne mieux encore : le vil Kaspar et le diabolique Pizzarro sont là pour le prouver.  En fait, c'est bien dans la comédie américaine que le Gallois est le plus à l'aise.  La chanson de Sporting Life est proprement irrésistible. La voix est glorieuse et le portrait grandiose.  Paul Daniel est lui aussi plus en phase avec ces pages qu'il ne l'est dans le répertoire italien.  Pour ceux qui aiment collectionner les pages sulfureuses du genre lyrique.

 

 

Sergei RACHMANINOV : Symphonie n°2 op.27.  London Symphony Orchestra, dir. Valery Gergiev.  LSO-Live : LSO 0677.  TT : 60'53.

Maître incontesté du piano, Serge Rachmaninov s'est peu intéressé au domaine symphonique.  Cet univers l'inspirait moins que celui du concerto de clavier par exemple.  Après l'échec d'une première tentative (1897), il ne se risquera que prudemment dans la composition d'un second opus qui, à ses dires, aura été « une grande source de tracas ».  Il la créera lui-même en 1908 à Saint-Pétersbourg.  C'est l'exemple du romantisme russe, plus tourné vers un maître comme Tchaïkovski qu'attiré par le modernisme que va incarner Stravinsky.  Des années-lumière semblent séparer ces deux musiciens pourtant contemporains.  Chantre de la musique en soi, c'est-à-dire de la primauté mélodique, Rachmaninov s'appuie sur des mélodies amples et généreuses et des harmonies pleines et rondes.  Cette richesse de texture a pour corollaire un rythme comme élastique.  Après une lente introduction, le premier mouvement, allegro moderato, construit en forme d'arche, est émaillé de sombres sonorités.  Le deuxième alterne une sorte de course épique et des vagues expansives.  Il est brièvement interrompu par un passage en forme de scherzo, vigoureux et incisif.  L'intense lyrisme de l'adagio, qui se déploie aux cordes et est rehaussé par la mélopée de la clarinette, est mélancolique.  Le finale a fière allure, progressant d'abord en forme de marche.  Mais le mode lyrique revient vite en des phrases qui semblent s'enrouler sur elles-mêmes comme dans un ballet de Tchaïkovski.  Un grandiose climat clôt une œuvre, certes un peu longue, mais bien construite.  A la tête de « son » orchestre londonien - un LSO brillant -, Valery Gergiev lui donne un élan certain.

Jean-Pierre Robert.

 

Tobias HUME (ca 1569-1645 ) : The first part of Ayres (1605).  Captaine Humes poeticall musicke (1607).  Éric FISCHER : Topographic Long-Range (2008).  Marianne Muller avec Liam Fennelly & Pau Marcos, violes de gambe.  Zig-Zag Territoires (www.zigzag-territoires.com) : ZZT 100501. 

Sous la direction de la gambiste Marianne Muller, il s’agit là de l’enregistrement d’un corpus de pièces solo ou en consort de l’énigmatique Tobias Hume - auquel Éric Fischer (lui-même violiste, mais aussi saxophoniste de jazz et compositeur) rend ici hommage (1er duo : Rock / « Les Géosophiques », 2e duo / « La clepsydre »).  Voici ce qu’il note, à propos du capitaine Tobias Hume, mercenaire écossais, compositeur dilettante et gambiste virtuose : « Au-delà des bravades de corps de garde et de la mélancolie de bon ton propre à l’époque, il n’y a pas beaucoup d’effort à faire pour entendre [à travers cette musique ] un homme paradoxal, fragile et d’une énigmatique fêlure ».  Un disque hors du commun.

 

 

Arcangelo CORELLI (1653-1713) : Sonate da chiesa, opera terza.  Sonate postume.  Ensemble Aurora, dir. Enrico Gatti.  2CDs Arcana (www.arcana.eu) : A 402.  TT : 133’00.

Cet album comporte les 12 Sonates d’église et 7 Sonates posthumes (WoO, 4 à 10), interprétées par deux violons, orgue positif ou clavecin, violoncelle & chitarrone, incidemment rejoints par une trompette naturelle ; il est assorti d’un livret proposant un extraordinaire dialogue imaginaire tenu, en divers lieux de New York, par deux baroqueux, intitulé « Éloge de la lenteur.  Dialogue atrabilaire » - où est stigmatisé le démon de la vitesse qui a saisi notre malheureuse époque, dégoûtée d’elle-même, obsédée par le désir d’oublier.  Textes en italien, français, allemand et anglais.

Arcangelo CORELLI (1653-1713) : Sonate a violino e violone o cimbalo, opera quinta.  Enrico Gatti (violon), Gaetano Nasillo (violoncelle), Guido Morini (clavecin).  2CDs Arcana (www.arcana.eu) : A 423.  TT : 126’30. 

Dans ce nouveau coffret sont réunies 11 Sonates en trio, plus Follia en mineur.  Derechef signé Enrico Gatti, le livret propose une longue méditation intitulée « De la simplicité inutile et du temps perdu » - autour de la perfection stylistique de ces sonates en trio, manière de « pierre tombale » sur ce que l’on qualifiera plus tard de baroque, mais déjà riche toutefois des idéaux esthétiques de la future Accademia d’Arcadia.

Deux coffrets de prestigieuse référence.

 

        

 

Défense de la basse de viole [contre les entreprises du violon et les prétentions du violoncelle].  Ricercar Consort, dir. Philippe Pierlot (www.ricercarconsort.com).  3CDs Ricercar (www.ricercar.be) : RIC 296.  TT : 3h45’35.

Sous ce titre quelque peu étonnant (emprunté à l’ouvrage publié en 1740, à Amsterdam, d’un juriste nommé Hubert Le Blanc), le présent album de 3 CDs évoque les riches heures de la basse de viole & Monsieur de Sainte-Colombe, non moins que le répertoire qui associa, plus tard, basse de viole, violon & violoncelle.  Sont ainsi proposées des œuvres de : Marin & Roland Marais, Du Buisson, Demachy, Sainte-Colombe (père & fils), Morel, Cappus, Dollé, Caix d’Herlevois, Dornel, Duval, Rebel, Leclerc, Corrette, Bodin de Boismortier, Massé, Barrière, Canavas et anonymes.

 

 

Robert SCHUMANN : Fantaisie en ut majeur, op. 17.  Kreisleriana, op. 16.  Arabesque, op. 18.  Hideyo Harada, piano.  Audite (www.audite.de) : 92.577 SACD.  TT : 78’59. 

À l’occasion du 200e anniversaire de la naissance de Schumann (par trop éclipsé par celui de Chopin), certes bienvenue est cette publication.  Délicatesse et parfaite cohérence des phrasés – même dans les passages les plus passionnés – caractérisent l’interprétation, par la grande musicienne japonaise, de trois œuvres particulièrement emblématiques du pianisme romantique.

 

 

Hugo WOLF (1860-1903) : Möricke-Lieder (1888).  Dietrich Henschel, baryton.  Fritz Schwinghammer, piano.  2CDs Fuga Libera (www.fugalibera.com) : FUG568.  TT : 124’42. 

Davantage que pour tout autre compositeur, l’écoute des lieder d’Hugo Wolf nécessite le suivi du texte – seule la poésie déterminant, pour lui, la forme et l’expression musicales.  La traduction française & anglaise des poèmes d’Eduard Möricke (1804-1875) est ici heureusement donnée en regard des originaux.  Dans ce célèbre cycle (45 lieder), fait merveille la souple voix d’airain du baryton Dietrich Henschel – admirablement sertie par un pianisme raffiné.  L’interprétation désormais de référence.

 

 

Gabriel FAURÉ (1845-1924) : Barcarolles.  Delphine Bardin, piano.  Alpha (www.alpha-prod.com) : 162.  TT : 59’12.

Légèreté du toucher et limpide raffinement dans l’expression – sans nulle évanescence toutefois – distinguent le jeu de Delphine Bardin dans ces treize voluptueuses Barcarolles dont la composition s’échelonna de 1881 à 1921.  Une belle carrière s’ouvre assurément devant cette jeune interprète.

 

 

Dmitry SHOSTAKOVICH (1906-1975) : Les 24 préludes & fugues.  Alexander Melnikov, piano.  2CDs + 1CD/DVD Harmonia Mundi (www.harmoniamundi.com) : HMC 902019.20.  TT : 2h31’15.

Trop longtemps dénigré (non sans arrière-pensées doctrinaires), ce fascinant corpus – de par, notamment, son constant souci d’expérimentation (fugues extraordinairement diversifiées) – a ici trouvé un interprète de rêve.  Riche de citations de Bach, bien sûr, mais aussi de Beethoven, de Prokofiev… et d’auto-citations, l’œuvre fut composée en quelque trois mois – et, ce qui n’est pas indifférent, demeure techniquement accessible à tout « honnête » pianiste.  En bonus, le DVD comporte un dialogue - de parfaite intelligence… - entre Alexander Melnikov et un autre grand claviériste, Andreas Staier.  Si m’en croyez, un « indispensable » !

 

 

Éric PÉNICAUD : Guitare du XXIe siècle.  Quantum (www.quantumclassics.com) : QM 7054.  Distr. Codaex.  TT : 68’37.

Immédiate séduction de musiques sensuelles et poétiques où – comme l’écrit le grand Leo Brouwer dans sa préface enthousiaste à ce scintillant album – « le son crée la forme et non le contraire […] tout vibre et résonne constamment ».  Volontiers polytonale, l’œuvre est d’une grande richesse harmonique…  Pour ce florilège de 13 titres (partitions publiées aux éditions d’Oz, Lemoine, Transatlantiques, Durand, Eschig, Combre, etc.), les plus grands guitaristes entourent le compositeur : Roberto Aussel (Argentine), Fabio Zanon (Brésil), Gaëlle Solal, Olivier Pelmoine & Sara Chenal, Leo Brouwer (Cuba), Roland Dyens, Tania Shagnot, Sébastien Vachez, François Laurent, le Quaternaglia Guitar Quartet (Brésil), Arnaud Dumond.  Avec notamment, interprétées par le duo « Cordes & Âmes » (Maud Laforest & Benjamin Beirs), deux pièces pour violon & guitare : Jubilatio et Stable/Mouvants.

 

 

Filomena MORETTI joue Jeux interdits et autres célèbres « bis » pour la guitare.  Transart (www.cdpresto.com) : TR168.  Distr. Naïve.  TT : 78’37.

Que des « tubes » pour guitare, émaillés de transcriptions de mélodies célèbres signées Bach/Gounod, Schubert, Granados, Albéniz, Monti, Sor.  Ensemble fort agréablement interprété, avec aisance et naturel.  Fussent-ils faciles, ne boudons jamais nos plaisirs !

 

 

Aubert LEMELAND : 6e Symphonie « Les Éléments », op.130.  Time Landscapes, op.153.  Mémorial, op.158.  Concert nocturne, op.137.  Carole Farley, soprano.  Staatsorchester Rheinische Philharmonie, dir. Jose Serebrier.  Skarbo (www.skarbo.fr) : DSK 3104.  Intégral Distribution.  TT : 60’25.

Comme il n’est, hélas ! que trop fréquent, c’est hors nos frontières que sont enregistrées nombre d’œuvres de ces compositeurs français se refusant à toute allégeance envers un terrorisme de chapelle qui, heureusement, fait long feu désormais.  Ainsi d’Aubert Lemeland dont – grâces soient rendues à la courageuse firme Skarbo – sont reprises quelques œuvres majeures – où sensualité, lyrisme et puissance ne sont pas les moindres qualités.  Le Concert nocturne, pièce brève pour harpe & cordes, est ici interprété par Sabine Chefson à la harpe, accompagnée par l’Ensemble instrumental de Grenoble, dir. Marc Tardue.

 

 

Le Sommeil de l’Ange.  Musique basque pour txistu & orgue.  Sergio Torices Roldán, txistu.  Jesús Martín Moro, à l’orgue Jean Daldosso de l’église d’Urrugne.  Hortus (www.editionshortus.com) : 077.  Distr. Codaex.  TT : 59’25.

Flûte basque à trois trous, le txistu se joue de la main gauche, ce qui permet le maniement, par la main droite, d’un petit tambour nommé tamboril, fixé au bras de l’interprète.  Sa sonorité se marie fort plaisamment à celle de l’orgue - ici un tout nouvel instrument spécifiquement conçu pour l’interprétation du répertoire basque des XIXe et XXe siècles, mais aussi des musiques contemporaines.  Sont interprétés, à l’orgue seul, une Marcha religiosa de Luis Urteaga (1882-1960), une Plegaria (prière) de Juan Urteaga (1914-1990), une Improvisación sobre un canto vasco de Eduardo Gorosarri Maiztegui (1889-1947) et Le visage du vent de Gorka Cuesta (°1969).  Avec txistu : trois extraits de la Euskal Suitea (Contrapas, Gavota et Fandango Bolero) de Tomás Garbizu Salaberria (1909-1989), Le Sommeil de l’Ange de Gorka Cuesta (°1969) et Nondik nora de Sabin Salaberri (°1934).  Virtuose du txistu, Sergio Torices Roldán s’intéresse tout autant – comme en témoigne ce CD – au répertoire traditionnel qu’à la création contemporaine.  Jesús Martín Moro a, quant à lui, travaillé avec Xavier Darasse, au CNR de Toulouse ; il est aujourd’hui titulaire de l’orgue de Saint-Jean-de-Luz.  Bien plus qu’une curiosité, ce disque est une révélation !

 

 

Christopher BJURSTRÖM : Carnet de croquis d’un voyageur immobile.  Ensemble de dix musiciens, dir. Christopher Bjurström.  Marmouzic (www.marmouzic.org) : MAR 005. 

D’un extraordinaire dynamisme et variété de couleurs sont ces vingt-et-une musiques « voyageuses » nées de traces et impressions glanées au cours de parcours cinéphiliques parmi des films muets du début du XXe siècle (signés Murnau, Buster Keaton, Douglas Fairbanks, Victor Fleming, Raoul Walsh, Charley Bowers…).  Ici joyeusement interprétées par des musiciens, à l’évidence, passionnés de jazz.

 

Francis Gérimont.

 

Pérégrinations par Fabrice Millischer, trombone/sacqueboute.  PERC-PRO (www.perc-pro.com) : LC 11995 . TT : 58’39.

Un disque original qui nous donne à entendre un jeune et talentueux tromboniste, jouant indifféremment du trombone ou de son ancêtre, la sacqueboute, dans un répertoire éclectique s’étendant du XVIe au XXe siècle (Albrechtsberger, Castérède, Ortiz, Šulek, Kassatti), permettant ainsi de porter un regard nouveau sur l’univers du trombone et d’apprécier tous les charmes d’un instrument plus souvent utilisé en orchestre qu’en soliste.  Alliance de sensibilité et de virtuosité, un disque à écouter assurément.

 

 

Wolfgang Amadeus MOZART : Complete works for string trio.  Trio Fenix.  2CDs Fuga Libera : FUG569.  TT : 85’34.

Un disque qui rassemble l’ensemble des œuvres de Mozart pour trio à cordes, dont le célébrissime Divertimento K 563, composé en 1788 et dédié à son frère en loge Michael Puchberg, ici associé à six Transcriptions de préludes & fugues de J. S. Bach, commande du baron von Swieten.  Concernant le Divertimento, il est certain que cette œuvre constitue l’un des sommets du répertoire pour trio à cordes, comprenant six mouvements, associant noblesse, sérénité et lyrisme, où l’alto trouve l’une de ses plus belles pages (ce pupitre était habituellement tenu par Mozart lui-même).  L’interprétation du trio Fenix est, en tous points, remarquable : modèle de sonorité, d’expressivité, d’équilibre…

 

 

Alegransa.  Isabelle Bonnadier : Chants de troubadours / Grâce & désir.  Troba Vox (www.art-troubadours.com) : TRO 21.  TT : 58’20.

Un disque original, d’une grande qualité musicale, tant instrumentale que vocale.  Un langage d’amour, de grâce et de désir, dans une langue populaire où poésie et musique s’enlacent pour notre plus grand plaisir.

 

 

Naviguer le ciel.  L’Heure incandescente, dir. Geoffroy Dudouit.  Association « Et avec votre esprit »(www.etavecvotreesprit.org) : AM/CD 107/31001.  TT : 69’46.

Association originale entre poésie contemporaine & créations pour chœur de femmes.  Différentes poétesses, différents compositeurs, différentes façons d’envisager le ciel et d’y naviguer.  Un disque assurément différent qui n’est pas exempt de charme.

 

 

DEBUSSY / MOUSSORGSKY : Tableaux.  Juliana Steinbach, piano.  Paraty : 110.111.  TT : 52’29.

Premier disque en solo de la jeune et prometteuse pianiste Juliana Steinbach, dans un programme consacré à Debussy (Estampes, L’Isle joyeuse) et Moussorgsky (Tableaux d’une exposition).  Les Estampes (1903), comprenant trois pièces (Pagodes, Soirée à Grenade, Jardins sous la pluie), et l’Isle joyeuse (1904) marquent le début de la grande période pianistique de Claude Debussy, révélant en profondeur l’importance de son art, par la saveur des rythmes, la nouveauté de la matière sonore et l’expression de l’imaginaire.  Les Tableaux d’une exposition, composés en 1874, à la mémoire du peintre Victor Hartmann, réunissent les thèmes chers au cœur de Moussorgsky (monde de l’enfance, folklore, scènes populaires et fantastiques) et se présentent comme une suite de pièces exprimant les émotions d’un visiteur, le long d’une promenade, face aux différents tableaux de l’exposition.  L’occasion, pour Juliana Steinbach, de faire montre de tout son talent, par la délicatesse de son toucher, la beauté de sa sonorité et l’intelligence de son interprétation.  Pour un début, c’est un coup de maître.

 

Carl NIELSEN, André JOLIVET, Jacques IBERT : Concertos pour flûte.  Soyong Lee, flûte.  Ensemble de Tokyo, dir. Chang-Kook Kim.  Skarbo : DSK3101.  Intégral Distribution.  TT : 55’42.

Un disque qui présente trois des plus grands concerti pour flûte du XXe siècle : celui de Carl Nielsen (1865-1931), composé en 1926, espiègle et souriant, celui d’André Jolivet (1905-1974), composé en 1949, empli de dynamisme et de gravité et celui de Jacques Ibert (1890-1962), composé en 1932, bondissant et ambigu.  Toutes occasions pour la flûtiste coréenne de faire valoir sa sensibilité et sa virtuosité.

 

 

Voce Ventu & Mieko Miyazaki : Tessi Tessi.  Daquí (www.daqui.org) : 332042.  TT : 62’23.

Un disque surprenant qui mêle sonorités du koto (instrument traditionnel japonais à cordes pincées, originaire de Chine) et… polyphonies corses, pour un métissage musical non dénué de charme.

 

Patrice Imbaud.

 

DVD

Christoph Willibald GLUCK : Orpheus und EuryrikeOpéra en deux actes. Chorégraphie de Pina Bausch.  Maria Riccarda Wesseling (mezzo-soprano), Julia Kleiter & Sunhae Im (sopranos).  Yann Bridard, Marie-Agnès Gillot, Miteki Kudo (danseurs).  Ballet de l'Opéra national de Paris.  Balthasar-Neumann Ensemble und Chor, dir. Thomas Hengelbrock.  Filmé à l'Opéra Garnier (février 2008).  Bel Air Classiques : BAC044.  TT : 104'.

Le mythe d'Orphée traité par Gluck dans son éloquente simplicité dramatique, se prête à une mise en scène chorégraphiée.  Pina Bausch en fait un « opéra dansé » introduisant une nouvelle dimension, celle du mouvement corporel qui, mieux que tout autre medium, libère les forces élémentaires traversant l'opéra, donné ici dans sa version allemande.  L'idée est d'en dédoubler les trois personnages, chacun étant confié à un chanteur et à un danseur : au premier revient le récit poétique, au second l'épaisseur du drame.  Tandis que le corps de ballet figure les choristes, eux-même non visibles.  Le film (Vincent Bataillon) réalisé en direct à l'Opéra Garnier, capte l'essence du vocabulaire épuré de la chorégraphe, sur un plateau dépouillé où domine le noir et le banc, par des plans bien différenciés et des images d'une grande beauté plastique.  Les différences de climat sont saisissantes : à l'animation démoniaque du tableau des Enfers, fait suite une vision toute poétique, quoique sombre, de celui des Champs-Élysées.  On admire l'émouvante vision d'Orphée que livre le danseur Yann Bridard comme la prestation émue de sa partenaire de chant, Maria Riccarda Wesseling.  Le duo final, qui conduit Orphée à braver l'interdiction divine de regarder Eurydice, mêle habilement chanteurs et danseurs en un tout fusionnel d'une force peu commune, chant et danse étant désormais indissolublement mêlés.  La direction de Thomas Hengelbrock livre une lecture, elle aussi, intense du chef-d'œuvre de Gluck.

 

 

Vincenzo BELLINI : La SonnambulaOpéra en deux actes.  Livret de Felice Romani.  Natalie Dessay, Juan Diego Flórez, Michele Pertusi, Jennifer Black.  Metropolitan Opera Orchestra, Chorus and Ballet, dir. Evelino Pido.  Mise en scène : Mary Zimmerman.  Filmé au Met de New York, en 2009.  Universal/Decca : 074 3357. TT : 138'.

L'intrigue convenue de La Somnambule de Bellini peut sembler un obstacle à sa représentation scénique.  Qu'à cela ne tienne, il suffit de la transposer pour lui donner quelque épaisseur ! En l'occurrence, durant la répétition d'une troupe d'opéra préparant précisément cette pièce.  L'auteur de la mise en scène justifie son choix par le fait que, pour les somnambules, rêve et réalité se confondent, tout comme il en est des interprètes sur la scène : les uns et les autres évoluent dans un espace imaginaire qui n'est pas loin de l'univers réel.  Cela débute en effet comme les préparatifs d'un spectacle, mais glisse vite et adroitement vers une superposition de deux histoires, la supposée écrite et celle qui se déroule vraiment.  Car bien sûr, le beau ténor s'éprend pour de vrai de l'éblouissante diva.  Leurs amours seront évidemment contrariés par les manigances d'une méchante soprano qui saisit l'aubaine de l'affection d'hypnose dont sa collègue est atteinte.  La production, montée indiscutablement pour mettre en valeur deux stars de la voix, Natalie Dessay et Juan Diego Flórez, fonctionne bien, malgré l'unicité du vaste décor, surtout que restituée par une adroite prise de vues.  Musicalement, le show subjugue car les susdites caressent la mélodie bellinienne comme peu aujourd'hui et savent l'art de tenir la note aiguë qui fait s'embraser la salle.  Mais leur interprétation va au-delà d'une brillante démonstration de vocalité, et c'est tout à l'honneur de la mise en scène que de donner un vrai relief aux duos qui les unissent ou les voient se déchirer.  Evelino Pido les entoure amoureusement et fait sonner l'orchestre new-yorkais avec raffinement.

 

Jean-Pierre Robert.

 

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S’ouvrant sur un éditorial de l’Inspecteur général de l’Éducation nationale, M. Vincent Maestracci, orientant de façon concise l’élève dans son travail, le supplément Baccalauréat 2010 de L’éducation musicale est d’une rare densité : pas moins de 148 pages d’analyses et références.

 

Indispensable aux professeurs d’Éducation musicale et aux élèves de Terminale qui préparent l’épreuve de spécialité « série L » ou l’épreuve facultative « Toutes séries générales et technologiques du baccalauréat », cette publication réunit les connaissances culturelles et techniques nécessaires à une préparation réussie.

 

À commander aux Éditions Beauchesne : 7, cité du Cardinal-Lemoine, 75005 Paris. Tél : 01 53 10 08 18.  Fax : 01 53 10 85 19.  s.desmoulins@leducation-musicale.com

 

 

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  • Robert Schumann & Frédéric Chopin

 

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