www.leducation-musicale.com
Sommaire :
1. L'éditorial de Francis Cousté
: Les raisons de la colère
2. Informations générales
3. Varia
4. Manifestations et Concerts
5. L'édition musicale
6. Bibliographie
7. CDs et DVDs
8. Hier, aujourd'hui, demain ! De quelques productions...
9. A l'école primaire, hélas
!
10. Mots
croisés : la grille d'Hélène Jarry
11. La vie de L’éducation musicale
Les raisons de la colère
Qui ne se souvient des effarantes consignes de notre Président
à Mme Christine Albanel, ministre de la Culture : n’accorder
de subsides qu’aux créations « répondant
aux attentes du public » ? (Lettre de mission du
1er août 2007). Comme si l’État n’avait justement
pas des responsabilités différentes…
Mais voilà que, de proche en proche, le mal court, gagne
tous les domaines - celui de l’éducation, au premier chef.
Ainsi voyons-nous disparaître des lycées nombre d’options (musicales
notamment), au bénéfice – et jusqu’au collège et à l’école - d’un
discours aculturant prémâché. Cependant que, sous l’alibi
d’indéniables contraintes budgétaires, se sera plié au bon vouloir
du prince le fin musicien que nous savons être notre ministre
de l’Éducation nationale.
Arrogante barbarie ! Ultra-poujadisme dont n’aurait
jamais osé rêver le « papetier de Saint-Céré » !
Tout cela dans le cadre d’une pipolade ignominieusement ochlocratique*… Et de nous ressouvenir ici de la judicieuse mise en garde
de Lacan : « Le moyen le plus sûr pour reconnaître une canaille
est son affirmation d’anti-intellectualisme ».
Francis B. Cousté
_________________
*Ochlocratie,
dégénérescence de la démocratie en
règne de la vulgarité.
Haut
BOEN n°17, du 24 avril 2008, p.818 sqq. Saison culturelle européenne. Manifestations proposées à des
publics scolaires, de juillet à décembre 2008.
BOEN n°19, du 8 mai 2008, p.925 sqq.
Développement
de l’éducation artistique & culturelle /
Programmes limitatifs des enseignements artistiques
en classe terminale pour l’année scolaire
2008-2009 & pour la session 2009 du baccalauréat /
Liste des morceaux imposés au baccalauréat
technologique « Techniques de la musique
et de la danse », session 2008.
Le
Bulletin officiel de
l’Éducation nationale est librement
consultable sur :
www.education.gouv.fr/pid285/le-bulletin-officiel.html
Georges-François Hirsch
[notre
photo] a été nommé le 7 mai 2008, en Conseil
des ministres, directeur de la musique, du
théâtre, de la danse et des spectacles au
ministère de la Culture. Après avoir
été codirecteur de l’Opéra national de Paris
et directeur général du Théâtre des Champs-Élysées,
il était, depuis 1966, directeur général de
l’Orchestre de Paris. De cet éminent
homme de métier et de dialogue, nous attendons
beaucoup… Puissions-nous ne pas être
déçus !
Falstaff de Verdi au Théâtre
des Champs-Élysées : Les 19, 23, 25, 29 juin (à 19h30) et le 29 juin (à 17h), cette nouvelle
production verra, à la tête de l’Orchestre
de Paris, les débuts du jeune chef Alain Altinoglu.
Renseignements : 01 49 52 50 50.
Le Festival de Saint-Riquier
propose, du 10 au 19 juillet 2008 : vingt-cinq
concerts, une grand-messe chantée, deux conférences,
une master-class et… un grand bal final.
Avec notamment : Katia & Marielle
Labèque, Max-Emanuel Cencic, Olivier Charlier,
Kenneth Weiss, Christophe Coin, Vadim Repin,
Bernard Soustrot… Renseignements :
03 22 71 82 10. www.festival-de-saint-riquier.fr
« Il Concerto degli Angeli », 1er festival de musique
ancienne, se déroulera à Megève, Pays du Mont-Blanc,
du 15 juillet au 15 août 2008. Concerts,
récitals, master-classes. Avec Bruno
Cocset, violoncelle baroque [notre photo].
Renseignements : www.concerto-angelico.com
Au 38e Festival
interceltique de Lorient (1er-10
août 2008), seront à l’honneur les artistes
gallois. Mais aussi des artistes de
bien d’autres pays - telle la canadienne Loreena
McKennitt [notre photo]. Renseignements : www.festival-interceltique.com
ou : www.wai.org.uk
Au Capitole de Toulouse :
Les
Contes d’Hoffmann de Jacques Offenbach.
Les 12, 19 et 26 juin à 20h / les 15, 22 et 29 juin à 15h.
Mise en scène : Nicolas Joël. Avec
notamment : Samuel Youn, Karine Deshayes,
Giuseppe Sabbatini, Désirée Rancatore, Inva
Mula, Kate Aldrich. Orchestre national
& Chœur du Capitole, dir. Yves Abel.
Renseignements : 05 61 63 13 13. www.theatre-du-capitole.org
La 10e édition
du festival « Musique & Nature en
Bauges » se déroulera du 17 juillet au 22
août 2008. Parmi les artistes invités,
Brigitte Engerer fera l’ouverture dans un
programme Schubert et Schubert/Liszt, puis
reviendra, accompagnée d’Henri Demarquette.
Renaud & Gautier Capuçon interpréteront
des œuvres de Bach, Haendel et Ravel.
Xavier Phillips, Vahan Mardirossian et Karine
Gowers joueront Beethoven. Il y aura
également, l’Orchestre Maestria, l’Ensemble
vocal Chanticleer de San Francisco, Pedro
Estevan, Jordi Savall, et bien d’autres.
Renseignements : 04 79 54 84 28.
www.lesbauges.com
Pédagogie & didactique
de la musique. Ce cours est assuré, en 3e année de licence, dans
les universités de Paris IV-Sorbonne et d’Évry-Val-d’Essonnes
[notre photo]. Découverte et mise en
œuvre de méthodes pédagogiques, stages en
collèges et conservatoires… Renseignements : claire.fijalkow@univ-evry.fr ou
claire.fijalkow@paris4.sorbonne.fr
Effondrement
du marché du disque : Au 1er trimestre 2003, il s’était vendu pour
232 millions d’euros de disques ; au
1er trimestre 2008, pour 100 millions.
La part de marché du répertoire français continue
toutefois de croître : 62 % en 2006,
contre 71 % en 2008.
Le 42e Festival
de musique de La Chaise-Dieu se déroulera du 20 au 31 août 2008. Sur les sites
de La Chaise-Dieu, Le Puy-en-Velay, Brioude,
Ambert et Chamalières-sur-Loire. Renseignements : 04 71 00 01 16.
www.chaise-dieu.com
Au Centre Pompidou :
« Un tango boréal ». Le tango s’est si bien implanté en Finlande qu’il
y est considéré comme danse nationale.
Table ronde le samedi 7 juin, de 19h à 20h30,
à la Bibliothèque Publique d’Information (BPI)
du Centre Pompidou. Avec les historiens
& musicologues : Didier Francfort,
Padilla Alfonso, Esteban Buch et Maarit Niiniluoto.
Puis, de 21h à 23 h : Bal-tango !
Renseignements : 01 44 78 12 33.
www.bpi.fr
***
Haut
La 27e édition de la Fête de la
musique se déroulera, en France, en Europe
et dans le monde, le samedi 21 juin 2008. Se joindront
à la fête, cette année : Erbil (Kurdistan iranien), Sacramento
et Pasadena (Californie) non moins que la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Renseignements : www.fetedelamusique.culture.fr
« Archétypes et mythes dans la musique » par l’académicien François-Bernard
Mâche [notre photo]. Téléchargeable sur : www.canalacademie.com/mythes-et-archetypes-musicaux.html
Un musée pour Woodstock était inauguré, ce
2 juin 2008, à Bethel Woods.
Située à 170 km au nord de New York, cette petite cité
avait accueilli sur sa commune, en août 1969, quelque 450 000
amateurs de rock (sur les 50 000 prévus) venus écouter
Jimi Hendrix, Janis Joplin, Joe Cocker, Santana,
The Who,
Ten Years After…
Renseignements :
www.bethelwoodscenter.org
À la
Lanterne ! De la carpe et du
lapin, qui ne filerait la métaphore ?
La thèse de doctorat de notre collaboratrice
Murielle Lucie
Clément : « Andreï Makine. Présence de l'absence :
une poétique de l'art (photographie, cinéma, musique », publiée en février 2008 par l’Université d’Amsterdam (département
des Lettres et culture françaises), est gratuitement téléchargeable
sur : www.these.muriellelucieclement.com
« Pas même peur ! »
Les firmes Sony/BMG et EMI Music viennent de s’entendre avec
le site d’e-commerce Amazon pour presser tout disque à la demande
- rééditions d’albums épuisés, gravure de titres uniquement
disponibles en téléchargement ou d’exclusivités non encore commercialisées.
Mais qui blâmer ?...
En décembre 1921, à Paris, Jean Wiener [voir ci-dessous son
thème astral] créait - sur les conseils de son ami Darius Milhaud
- le Pierrot lunaire de Schönberg. Lors d’un concert ultérieur, Schönberg
assistait à cette reprise. À l’issue du concert, horrifié,
il vint trouver les musiciens : l’œuvre avait été jouée
sur clarinette en sib, alors qu’elle était écrite pour clarinette
en la. Ce décalage
d’un demi-ton était, bien sûr, passé inaperçu (anecdote rapportée
par Vladimir Cosma à qui Jean Wiener se serait confié).
Le pianiste français
Frédéric Vaysse-Knitter vient de remporter le plus vif succès lors d’une tournée en Amérique
du Sud. Il entreprend, cet été, une tournée française
et européenne. Renseignements :
www.vaysse-knitter.com
Aranéologie :
En hommage au génial compositeur
de Harvest, le biologiste
américain Jason Bond vient de donner le nom de Neil Young à
une araignée du groupe des mygales qu’il a découverte, en 2007,
dans l’État de l’Alabama : Myrmekiaphila neilyoungi…
It’s not only Rock‘n’Roll,
Baby ! Exposition au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, du 17 juin au 14 septembre 2008 (commissaire :
Jérôme Sans). Histoire des musiciens rock venus des arts plastiques :
Yoko Ono, Patti Smith, Lou Reed [notre photo]… mais aussi Chicks
on Speed, Antony Begarty, The Kills, Pete Doherty, Bent van
Looy… Renseignements : BoZarExpo, rue Ravenstein 23, 1000
Bruxelles. www.bozar.be
Haut
Le festival Calliopée
donne carte blanche à Kaija Saariaho (« Je
sens un deuxième cœur », le vendredi 6 juin,
20h) et à Bruno Mantovani (« Aimer,
boire et chanter », le samedi 7 juin, 20h).
Au Centre culturel tchèque [notre photo] : 18,
rue Bonaparte, Paris VIe. Renseignements : 01
53 73 00 22. www.centretcheque.org
À Meudon, en l’Auditorium
Marcel Dupré, sera donné, le samedi 7 juin, à 17h30, un récital d’orgue & piano,
avec Shin-Young Lee, organiste, et Ji-Hyé Lee, pianiste.
Sur l’orgue personnel de Marcel Dupré [voir photos].
Œuvres de J.-S. Bach, Jean Guillou, Charles Tournemire,
Charles-Marie Widor et Marcel Dupré. Renseignements :
40, bd Anatole-France, 92190 Meudon. Tél. :
01 46 26 37 77. www.marceldupre.org
Ciné-concert :
Monte-Cristo. Film muet d’Henri Fescourt (1929).
Musique originale & direction : Marc-Olivier
Dupin. Orchestre national d’Île-de-France.
Théâtre du Châtelet, le samedi 7 juin 2008, à 18h.
Durée du concert : 1re partie
(2h), entracte (1h), 2de partie (1h40).
Renseignements : 01 43 68 76 00.
www.orchestre-ile.com
ou : www.chatelet-theatre.com
« Champs libres
2008 ».
Ce festival, 5e Rendez-vous musical de
l’Ensemble Linea, se déroulera à Strasbourg, du 3
au 20 juin. Sont programmés : Hommage à
Karlheinz Stockhausen [notre photo], Cycle de musique
japonaise, Actualité d’Edgard Varèse, Champs libres…
Renseignements : 03 88 35 44 21.
www.champs-libres.fr
ou www.ensemble-linea.com
« Les chefs-d’œuvre
du cabaret du Chat noir », spectacles de théâtre d’ombres. Auditorium
du musée d’Orsay, les 12 & 13 juin (20h), 15 juin
(15h), 17 juin (12h30), 18 juin (20h). Françoise
Le Golvan, mezzo. Jérôme Corréas, baryton.
Claude Aufaure, récitant. Susan Manoff, piano.
Jean Godemont & Josette Stein, marionnettistes.
Renseignements : M’d’O’
- 62, rue de Lille, Paris VIIe. Tél. :
01 40 49 48 14. http://www.musee-orsay.fr/fr/manifestations/spectacles.html
Le Chœur des Polysons
sera en concert : le dimanche 8 juin, à 14h30, au Théâtre du Châtelet (« Hommage
au compositeur Roger Calmel »), le samedi 21
juin, à 16h, aux Arènes de Montmartre (« Fête
de la musique ») et le dimanche 22 juin, à 17h,
au Temple de l’Étoile (avec l’ensemble « Cordes
mêlées »). Renseignements :
Marc & Élisabeth Trigo. Tél. : 01 43
66 80 84. lespolysons@wanadoo.fr
Dans le cadre du festival
Agora : « Hommage
à Claude Pompidou ». À l’Ircam, le 13 juin 2008, à 20h30 : Pierre Boulez :
Mémoriale (pour
flûte & 8 instruments), Dialogue
de l’ombre double (pour clarinette, clarinette
enregistrée & piano résonant). Philippe
Manoury : Pluton
(pour piano Midi & ordinateur en temps réel).
Ivan Fedele [notre photo] : Richiamo
(pour cuivres, percussion & électronique).
Roque Rivas : Conical intersect (pour fagott & électronique). Vassos Nicolaou :
Orbit (piano
& électronique). Ensemble Intercontemporain,
dir. Pierre Boulez. Renseignements :
01 44 84 44 53. www.ensembleinter.com
« Motus »
au Grand Palais : Le samedi 14 juin, à 19h30, dans le cadre de « Monumenta 2008 »,
quatre compositeurs de musique électroacoustique –
Guy Reibel, Frédéric Kahn, Denis Dufour et Vincent
Laubeuf – illustreront la Promenade du grand sculpteur étasunien
Richard Serra (San Francisco, °1939). À l’Acousmonium
(orchestre de haut-parleurs) : Jonathan Prager.
Renseignements : 01
45 26 18 12. www.monumenta.com
ou www.motus.fr
Jazz animé à l’Opéra
Comique.
Les 11 juin (14h30), 15 juin (16h) et 19 juin (20h) :
« Ciné-concert » autour de dessins animés
américains des années 30 à 60, illustrés par une bande
sonore originale de Frédéric Verrières [notre photo].
Renseignements :
08 25 01 01 23. www.opera-comique.com
Salle Pleyel : Le jeudi 3 juillet, à 20h, le CNSMD
de Paris reçoit l’Orquesta Freixenet del Encuentro
de Música y Academia de Santander, dir.Vladimir Ashkénazy.
Violon : Mayuko Kamio [notre photo]. Au
programme : Concerto
pour violon de Tchaïkovsky, Symphonie
n°1 « Titan » de Mahler. Entrée
libre. Sur
réservation au : 01 40 40 46 47 ou resamusique@cnsmdp.fr
25e Festival
Chopin à Paris : « Chopin en miroir »,
du 15 juin au 14 juillet 2008, à l’Orangerie du Parc
de Bagatelle. Concerts aux chandelles, à
20h45 : François-René Duchâble (17 juin),
Olivier Gardon (19 juin), François-Joël Thiollier
(26 juin), Marc-André Hamelin (2 juillet), Marie-Catherine
Girod (3 juillet), Dominique Merlet (8 juillet), Philippe
Bianconi (10 juillet). Récitals du dimanche,
à 16h30 : Pascal Amoyel (22 juin), Marie-Josèphe
Jude (29 juin), Per Tengstrand (6 juillet), Etsuko
Hirose (13 juillet). Concert de clôture :
Momo Kodama (lundi 14 juillet, à 17h). Renseignements :
Société Chopin, tél. : 01 45 00 22 19.
www.frederic-chopin.com
Francis Cousté
Haut
JAZZ VOCAL
Jérôme DUVIVIER : Jazz vocal. Techniques, interprétation,
improvisation. Préface David Linx.
Outre Mesure (www.outremesure.net).
22 x 30,5 cm, 240 p., ex.mus.,
CD inclus. 34 €.
190 figures musicales (exercices, relevés, exemples, études…)
illustrent cette « méthode » où
sont abordées toutes les facettes du jazz
vocal, en soliste. Sous l’angle « technique »
naturellement (très nombreux exemples &
exercices), mais aussi sous l’angle « poétique »
au travers de réflexions visant à exprimer
l’esprit de ces musiques. Du chanteur
débutant au professionnel ou à l’enseignant
en jazz vocal, chacun trouvera ici matière
à s’exprimer. En témoignent les intitulés
des diverses sections : Rythme/ Harmonie-Mélodie/
Improvisation/ Interprétation/ Jazz &
technique/ La scène/ Enseigner le jazz vocal.
Les riches annexes proposent en outre :
Standards les plus fréquemment chantés, Sélection
de 50 CDs, Généalogie du jazz vocal féminin,
Tableau de transposition des accords, Réponses
aux exercices, Guides mélodiques, Grilles
d’accords des cycles proposés sur le CD, Glossaire.
Une somme sans précédent !
Francis Cousté
INSTRUMENT
MÉLODIQUE & PIANO
Jean-Dominique PASQUET :
Mosaïque pour instrument mélodique et
piano, op. 20, nos 1-6.
Europart-Music (2, place Lambert, 86240 Ligugé.
europart@abbaye-liguge.com).
19 p. + 4 p. par parties séparées. 17 €.
Cette nouvelle publication du compositeur chez
Europart, très bien présentée, frappant par
l’excellente saisie, claire et précise, comprend
le conducteur et les parties séparées pour
les différents instruments mélodiques :
violon, alto, violoncelle, flûte, hautbois,
clarinette. Jean-Dominique Pasquet,
né en 1951, est à la fois professeur, pédagogue
et interprète (disque enregistré en France)
au service de musiques à découvrir, et un
compositeur qui - en France et surtout à l’étranger
- a attiré l’attention d’éditeurs de musique
et de CDs (dans un CD anglais (2008), quatre
de ses œuvres figurent à côté de pages de
Jehan Alain, Jean Langlais et Guy Morançon).
Ce recueil comprend 6 pièces brèves :
Légende, Arabesque, Plainte,
Thème varié, Canzonetta, Final.
Ces titres parlent d’eux-mêmes. Le souci
dominant du compositeur est de faire chanter
les instruments, à l’instar d’O. Messiaen
pour lequel : « Primauté à la mélodie.
Élément le plus noble de la musique, que la
mélodie soit le but principal de nos recherches.
Travaillons toujours mélodiquement… ».
C’est le cas, entre autres, d’Arabesque,
conçue comme une monodie « libre et expressive ».
Sa Plainte est proche de l’esprit français
du XVIIIe siècle, comme les Tombeaux.
Il privilégie les thèmes variés, la diversité
dans le style, l’unité par la mélodie.
Tonalité, modalité, atonalité… peu importe :
priorité à la ligne mélodique, mais aussi
à la liberté d’expression car, au XXIe
siècle, un compositeur peut s’exprimer sans
être taxé de « ringard ».
Cette Mosaïque si attachante présente
également un double intérêt du point artistique
et pédagogique (auditions, examens, concours).
D’emblée, elle s’impose pour ses exceptionnelles
qualités expressives et esthétiques.
Édith Weber
FORMATION MUSICALE
Lauriane GHEDIN :
A vos
marques… prêts ? Dictées !
Dictées musicales pour le 2e cycle.
1 vol. textes, 1 vol. corrigés, 1 CD.
Lemoine : 28407 HL.
Ce volume de dictées est d’abord conçu, même s’il peut être
utilisé en classe avec profit, pour un entraînement
personnel à la maison. On ne peut trop louer
ce genre de réalisation : ce n’est pas
avec un entraînement une ou deux fois par
semaine qu’on forme une oreille ! Dictée
musicale : tous les aspects de la dictée
sont méthodiquement proposés - dictée de rythme,
de notes, d’intervalles, avec de nombreux
instruments. L’indispensable CD joint est
remarquablement réalisé. Présentation à la
fois sobre et agréable, détaillant le travail
pas à pas. Bref, un excellent outil pour la
formation de l’écoute.
JAZZ
Armand REYNAUD & Jérémy BRUN : Michel Petrucciani, the book. Transcriptions et analyses. Lemoine :
28 588 H.L.
J’ai créé cette rubrique pour ce remarquable ouvrage, quasi
inclassable. Fallait-il le mettre dans
« Formation musicale » ? Mais
les pianistes risquaient de ne pas le remarquer.
Dans la rubrique « Piano » ?
Mais tout musicien même non pianiste, peut
faire son miel avec le contenu de cet ouvrage.
Celui-ci est construit en deux parties. La
première regroupe des transcriptions de solos
sur ses compositions, puis sur les grands
standards du répertoire. La deuxième partie
est consacrée à une analyse de son langage
et de son style. Dans une partie annexe, on
trouve des informations biographiques et discographiques.
Il est difficile de donner une idée de la
richesse de ce travail mené par deux auteurs
dont l’enthousiasme n’a d’égal que la rigueur
dans l’analyse et la réflexion sur le style.
Tout musicien de jazz devrait au moins feuilleter
ce recueil pour en découvrir les richesses.
Les analyses, notamment, sont d’une richesse
confondante. Il s’agit vraiment d’un travail
de fond qui mérite qu’on s’y arrête longuement.
CLAVECIN
Jacques CHAMPION de
CHAMBONNIÈRES : Pièces
de clavecin, Second livre 1670. « FacsiMusic », Fuzeau : 50147.
Cette collection a pour but de donner le seul texte musical,
de façon à privilégier la musique et de faire
une édition financièrement accessible.
Les pièces ici présentées, de celui qui est
considéré comme le fondateur de l’école française
de clavecin, sont d’un grand intérêt mais
il faudra quand même de sérieuses connaissances
de l’écriture musicale du temps pour utiliser
ce fac-similé. Saluons cependant la grande
clarté de cette édition qui rendra ce travail
possible moyennant un minimum d’effort.
ORGUE
Yannick MERLIN :
L’orgue
contemporain pour les premières années. 25 compositions inédites. Préface de Marie-Claire Alain. Volume 1. Delatour :
DLT 1099.
« Ce recueil fera la joie des apprentis organistes et
des professeurs qui les guident dans leurs
premiers pas ». C’est ainsi que Marie-Claire
Alain commence sa préface, et comment ne pas
la suivre ! Certes, la fréquentation
des auteurs des siècles passés était ouverte
à nos jeunes interprètes mais rien, à ma connaissance,
ne leur permettait d’aborder un répertoire
contemporain dès le début de leurs études.
Voilà, grâce à ce recueil, cette lacune comblée,
et par des compositeurs chevronnés :
citons seulement Jean-Jacques Werner, Jean
Legoupil, Éric Lebrun, Françoise Levéchin…
Oserai-je dire : j’en passe, et des meilleurs…
Et ce n’est pas ici une formule. Ces pièces
vraiment conçues pour les débutants sont de
vraies œuvres d’une élégante simplicité.
GUITARE
Dominique CHARPAGNE :
Les
techniques du médiator. Delatour :
DLT 1641.
Non, il ne s’agit pas d’un manifeste en faveur de l’emploi
exclusif du médiator. Prenant en compte
le fait que cette technique n’est jamais expliquée
pour elle-même, mais présentée succinctement
à propos de tel ou tel style, l’auteur a voulu
réaliser une méthode expliquant dans le détail
la manière de se servir du médiator dans les
différents styles, du classique au rock en
passant par le blues, le latino, etc.
La réalisation en est remarquable : en
effet, est joint à cette méthode un CD-Rom
comprenant fichiers pdf d’exercices, l’ensemble
des pièces du recueil enregistrées et, surtout,
de petites vidéos détaillant avec précision
la manière de procéder. De plus, l’auteur
n’hésite pas à donner l’adresse de son site
où, dit-il, « il se fera un plaisir de
vous répondre ».
FLÛTE TRAVERSIÈRE
Pascal PROUST :
Sérénade
pastorale pour flûte & piano. Combre :
C06531.
Cette commande du 1er Concours national de flûte
de la Ville du Havre d’avril 2007 n’est évidemment
pas une pièce facile. Mais mettant en
valeur tant la virtuosité que les qualités
expressive des deux interprètes, elle mérite
de devenir bien plus qu’une « pièce de
concours ».
Benoît-Tranquille BERBIGUIER : An Original Cavatina as a trio for three flutes
op. 110. Cavatine
pour 3 flûtes seules, présentation par les
étudiants du Cefedem d’Île-de-France sous
la direction de Jean Saint-Arroman.
Fac-similé. Fuzeau : 50509.
Avec de précieuses indications sur la manière d’ornementer
ce trio, cette édition est la reprise d’une
édition londonienne. Berbiguier, flûtiste
et compositeur français né en 1782 et mort
en 1838, a laissé une abondante production
pour son instrument. Cette cavatine comporte
deux parties, un andantino sostenuto et un
moderato. On en appréciera le caractère à
la fois chantant et enjoué. L’édition, qui
comporte les trois parties séparées, est utilisable
sans difficulté, comme une édition moderne.
Xavier MEDINA-MARTIN :
Shô
pour piccolo & piano. Combre :
C06504.
Cette pièce, commandée à un compositeur espagnol pour le
concours 2007 de l’Ufam, fait appel aux techniques
dites contemporaines de l’instrument. Pièce
difficile certes, mais d’un grand et beau
lyrisme où piano et piccolo dialoguent sans
concession.
ACCORDÉON
Lucien & Richard
GALLIANO : Méthode
complète d’accordéon. Doigtés
piano et boutons. Lemoine. 28 584 H.L.
Cette méthode, qui distille au fur et à mesure les notions
de solfège indispensables pour l’apprentissage,
est fort agréablement présentée. Très progressive,
elle conduit l’élève, à la fois par des exercices
et de petits morceaux, à un niveau qui lui
permettra de tirer un plaisir certain de son
instrument.
Manu MAUGAIN :
Modern music, Latino & Jazz. 1 vol. 1 CD. Lemoine : 28 543
H.L.
Des Feuilles mortes
à London
Rock, voilà douze arrangements présentés
et doigtés par Manu Maugain. Ils ne manquent
pas de charme et sont harmonisés et orchestrés
avec beaucoup de goût, dans un style à la
fois moderne et respectueux des thèmes. Le
CD contient la réalisation complète et le
play-back.
Jean-Jacques WERNER :
Sonatine
pour accordéon à basses chromatiques
(manuel 3). Delatour : DLT0969.
Point de folklore ici, mais une œuvre attachante et assez
poignante comportant un Prologue, un Intermezzo
qui constitue le noyau central, et un court
Postlude virtuose qui clôt cette courte pièce.
Une œuvre à découvrir.
MUSIQUE DE CHAMBRE
Alessandro ROLLA :
Trois
duos concertants pour violon et alto. 4e
livre. c. 1809. Cahier 1 : violon.
Cahier 2 : alto. « FacsiMusic »,
Fuzeau : 50156.
Curieuse histoire que celle de ces duos concertants composés
pour le roi Charles IV d’Espagne à qui
ils sont dédiés par un compositeur italien,
directeur de l’orchestre de la Scala de Milan
et édités à Londres… mais publiés aussi, semble-t-il,
chez Leduc, à Paris, avec une autre dédicace.
Peu importe, il s’agit d’une musique fort
belle où chaque instrument a le caractère
concertant annoncé dans le titre. La
reproduction est impeccable et permet une
exécution aisée.
Ludwig van BEETHOVEN :
Streichquartette
op. 59. Bärenreiter
Urtext. Partition de poche : TP 917.
Commentaire critique : BA 9017.
Parties : BA 9017.
Que dire de cette édition des trois quatuors « Razumovsky »,
sinon qu’elle est monumentale. La partition
de poche (pour grande poche…) contient une
introduction historique sur la composition
de l’œuvre, une préface consacrée aux problèmes
éditoriaux, aux sources et aux différentes
difficultés d’établissement du texte.
Le commentaire critique, publié séparément
en anglais, examine en détail les difficultés
rencontrées, en présentant en même temps quelques
fac-similés du manuscrit pour illustrer le
propos. Enfin, le matériel, particulièrement
agréable à lire, complète ce remarquable ensemble.
Maurice RAVEL :
Quatuor
à cordes édité par Juliette Appold.
Bärenreiter Urtext. Partition de poche :
TP 413. Parties : BA 9413.
C’est un grand plaisir de voir le soin avec lequel cette
édition Urtext du Quatuor
de Ravel a été réalisée. Comme chaque
fois qu’elles publient un compositeur français,
les éditions Bärenreiter ont la courtoisie
de faire une édition trilingue. L’introduction
de Juliette Appold est tout à fait passionnante :
elle reprend la genèse de l’œuvre, celle de
son édition, ainsi que celle des deux enregistrements
faits en présence du compositeur. Elle analyse
avec beaucoup de finesse les différents paramètres
d’interprétation de l’œuvre. Figurent aussi
des notes détaillées sur l’édition proposée.
Quant aux parties séparées, il est inutile
d’en souligner la qualité et la lisibilité…
Ce sera désormais, pour ce quatuor, l’édition
de référence.
Olivier ALAIN :
Dithyrambe.
Op. 18 pour trompette ou flûte &
orgue. Delatour : DLT1458.
Marie-Claire Alain poursuit la publication de l’œuvre trop
méconnue de son frère Olivier dont nous avons
parlé dans nos chroniques de mars et avril
dernier. Plein de vigueur, ce Dithyrambe
est un Allegro maestoso de caractère assez
sombre construit sur un rythme obsédant. Il
a l’avantage de ne pas nécessiter un orgue
imposant puisqu’il se contente des jeux de
fonds de 8 et 4 et, à la pédale, des soubasse
de 16 et flûte de 8. De plus, la partition
ne présente pas de véritable difficulté. Espérons
que cette pièce entrera au répertoire de nombreux
duos.
Jean-Sébastien BACH :
Sonate
en trio n°1. Original pour orgue BWV 525,
pour euphonium ou saxhorn (clé de sol
en sib,
ou clé de fa en ut) & piano ou orgue. Adaptation : Philippe Fritsch.
Billaudot : G 7777 B.
On ne critique pas une sonate en trio de Bach ! Disons
simplement que le texte a été scrupuleusement
respecté. L’interprétation avec orgue, si
l’organiste sait utiliser une registration
adéquate, doit être bien intéressante.
Yumi OTSU : Nocturne pour euphonium ou saxhorn (clé de
sol en sib, ou clé de fa en ut) & piano ou orgue. Adaptation :
Philippe Fritsch. Billaudot : G
7778 B.
Cette pièce est davantage de « degré facile » pour
l’euphonium que pour le piano qui n’est pas
un simple instrument d’accompagnement mais
un partenaire à part entière. Ce Nocturne porte bien son nom, il chatoie
de mille étoiles…
Daniel Blackstone
***
Philippe ROBERT : Musiques expérimentales. Une
anthologie transversale d’enregistrements emblématiques.
Préface de Noël Akchoté. « Formes »,
Le mot et le reste/GRIM (Marseille, www.atheles.org/lemotetlereste).
400 p., ill. n&b, bibliographie, index.
23 €.
En dehors des courants dominants de l’avant-garde savante
occidentale, du jazz ou du rock, quantité d’artistes
élaborent des musiques expérimentales difficiles
à classer et peu diffusées. D’où l’intérêt
de cette anthologie qui nous introduit à l’univers
de 101 musiciens ou collectifs, surtout américains,
japonais et français. Sans exclusive, les
répertoires commentés privilégient l’improvisation,
les technologies électroacoustiques ou une tendance
à la spiritualité. Les notices fourmillent
de références culturelles et soulignent l’importance
de glorieux modèles tels, parmi bien d’autres,
William S. Burroughs, Cage, Fluxus, A. Ayler
ou Sonic Youth. Une lecture stimulante
qui donne, avant tout, envie d’écouter.
Paul Gontcharoff
Jérôme BASTIANELLI : Felix Mendelssohn.
« Classica », Actes Sud. 10 x
19 cm, 150 p. 16 €.
Adulé de son vivant, Felix Mendelssohn connut, après sa mort,
une relative désaffection – « le bel incident
de la musique allemande », disait Nietzsche.
Son génie - à la fois classique & romantique,
conservateur & novateur, miniaturiste &
auteur de grandes fresques - n’est plus aujourd’hui
contesté. Quatre thèmes ont guidé l’auteur
de cette intelligente et sensible biographie :
la Féerie, les Voyages, la Foi, le Bonheur.
À l’ordinaire de tous les volumes de la collection,
celui-ci inclut chronologie, bibliographie et
discographie.
Nikolaï RIMSKI-KORSAKOV : Chronique de ma vie musicale.
Traduit du russe, présenté & annoté par André
Lischke. Fayard. 15 x 23,5 cm,
456 p., ex. mus., 25 €.
Par le plus éminent spécialiste français de la musique russe,
voici l’édition enfin intégrale de ces célèbres
(et tant controversées) chroniques, dans lesquelles
Rimski-Korsakov relate son parcours - depuis ses
premiers souvenirs d’enfance jusqu’à deux ans
avant sa mort (avec un indispensable complément
biographique, septembre 1906-juin 1908).
Où défilent quasiment tous les acteurs de la vie
musicale du temps : le « groupe des
Cinq » bien sûr, mais aussi le critique Stassov,
le chef d’orchestre Napravnik, les frères Anton
et Nikolaï Rubinstein, l’éditeur Belaiev, Tchaïkovski,
Liadov, Glazounov, Scriabine (sa bête noire),
Tchérepnine et bien d’autres. Riche apparat
critique.
Jean-Michel NECTOUX : Gabriel Fauré. Les voix du clair-obscur.
2e édition revue. Fayard.
Relié, couverture souple. 14 x 22 cm,
848 p., ex. mus., cahier d’illustrations
n&b. 34 €.
Singulièrement bienvenue en cette année 2009 où L’horizon chimérique - œuvre emblématique
du « Modern’ Style » fauréen - sera
au programme du baccalauréat (série L), une telle
réédition largement renouvelée de la bible du
fauréisme rendra, n’en doutons pas, de grands
services. Ainsi que le prédisait l’auteur,
en conclusion de son Prélude à la 1re
édition (Flammarion, 1990), la recherche sur le
musicien a notablement progressé. Progrès
déjà mentionnés au fil des traductions de l’ouvrage,
en anglais, japonais, italien et allemand...
Merci aux éditions Fayard d’avoir permis cette
indispensable mise à jour.
Catherine LECHNER-REYDELLET : Messiaen, l’empreinte d’un géant.
Séguier (www.atlantica.fr).
16 x 24 cm, 370 p., ill. n&b.
30 €.
Coordonnée par la pianiste Catherine Lechner-Reydellet, il
s’agit là d’une manière d’hagiographie à plusieurs
voix. Dont celles, notamment, de Louis Thiry,
Raffi Ourgandjian, Loïc Mallié, Olivier Latry,
Yvonne Loriod, Georges Prêtre, Sigune von Osten,
Gaëtan Puaud, Michel Fischer, René de Obaldia,
Claude Samuel, Odette Gartenlaub, Michel Fano,
Jean-Sébastien Béraud, Bruno Ducol, Iradj Sahbaï,
Camille Roy, Adrienne Clostre, Gérard Gastinel,
Jean-Louis Petit… Discographie sélective
par Michel Reydellet.
Mstislav ROSTROPOVITCH (Entretien de Philippe Ungar avec) :
Un silence inspiré. « Le Feu sous la cendre »,
Dilecta (www.editions-dilecta.com).
Couverture à rabats, 11 x 16,5 cm, 48 p.,
photos n&b, CD, 14 €.
Un bref entretien avec le violoncelliste (que l’on peut aussi
écouter dans le mini-CD inclus) est précédé des
témoignages du luthier Étienne Vatelot (complice
du musicien pendant un demi-siècle) et de Nina
Apreleff (son interprète en français). Où
Rostropovitch parle notamment de sa découverte
de la musique, de la mort, mais aussi du silence
qui favorise l’inspiration - lorsqu’un interprète
retrouve « les émotions ressenties par le
compositeur au moment où il écrivait l’œuvre ».
Franck BEDROSSIAN : De l’excès du son. « À
la ligne », 2e2m (Tél. : 01 47 06 17
76. www.ensemble2e2m.com). 11 x
19 cm, 122 p., ex.mus., ill. n&b.
10 €.
Après une « ouverture » signée Pierre Roullier
(directeur artistique de l’Ensemble 2e2m), le
compositeur Franck Bedrossian (°1971) plaide pour
un total
saturé, « nouvel idéal de beauté »,
puis s’entretient avec Omer Corlaix, Raphaël Cendo,
Bastien Gallet. Contributions de Philippe
Leroux (« Ce que Franck Bedrossian n’est
pas… »), Raphaël Cendo (« Les paramètres
de la saturation »), Bastien Gallet (« Franck
Bedrossian et le problème du son-événement »)
et Alexis Galpérine (« Le quatuor de Franck
Bedrossian »). Biographie, catalogue
des œuvres, discographie.
Identités musicales. Cahiers d’ethnomusicologie » n°20.
Infolio (www.adem.ch).
17 x 24 cm, 380 p., ill. n&b.
Outre trois articles généralistes : « Distinction
& identité musicales, une partition concertante »
(Yves Defrance), « Le goût musical, marqueur
d’identité & d’altérité » (Laurent Aubert)
et « La construction paramétrique de l’identité
musicale » (Nathalie Fernando), ce dossier
thématique s’interroge sur les identités musicales
en Éthiopie, Kenya, Mozambique, Vanuatu, Yémen,
Kurdistan, Turquie, Espagne… Un entretien
avec le sino-musicologue François Picard, un in memoriam Laurence Picken, des brèves et des recensions de livres, thèses, CDs
& productions multimédia complètent cette
copieuse livraison.
Jean-Pierre LABARTHE : Un siècle de musique à La Nouvelle-Orléans.
Jazz, soul, bouncy rap… la ville de toutes les
aventures musicales. Scali (www.scali.net).
15 x 24 cm, 224 p., ill. n&b,
24 €.
Le jazz est né à Tremé ou Storyville, quartiers mal famés
de La Nouvelle-Orléans. Mais la Crecent
City (comme l’on disait avant que ne déferlât
l’ouragan Katrina) n’en fut pas moins de toutes
les aventures musicales populaires du XXe
siècle : soul, rock, funk, rap sudiste, etc.
Portraits des créateurs de ce patrimoine.
Riches références discographiques & bibliographiques
(75 pages).
Claude TABARINI : Enveloppes. Écrits sur le
jazz. Éditions Héros-Limite (www.heros-limite.com), Genève. Distrib. :
Les Belles Lettres. 15 x 21 cm,
196 p., ill. n&b, 24 €.
À Claude Tabarini, quelque quatre-vingts musiciens ont inspiré
autant de poèmes en prose – chaque texte étant
illustré d’une pochette de disque. Mais
ne nous y trompons pas : il s’agit là d’un
authentique écrivain, depuis toujours passionné
par le jazz… D’une étonnante diversité stylistique,
ces fragments nous émeuvent souvent, nous séduisent
toujours.
Frédérique BRIARD (Textes et photos de) : Tiken
Jah Fakoly. L’Afrique ne pleure plus, elle
parle. Les Arènes (www.arenes.fr). Album cartonné, 19,5 x
26 cm, 150 p., ill. n&b et couleurs.
20 €.
Quasiment idolâtré par toute une jeunesse africaine et occidentale,
le célèbre chanteur de reggae ivoirien Tiken Jah
Fakoly (www.tikenjah.net) s’est fait le porte-parole
des sans-voix de son continent. Ses thèmes
de prédilection sont l’injustice, la Françafrique,
la corruption, l’excision, les manipulations ethniques…
Spécialiste des musiques africaines, la journaliste
Frédérique Briard suit cet artiste depuis plusieurs
années. Sept parties composent l’ouvrage :
Cours d’histoire/ Âme rebelle/ Porte-parole d’une
Afrique combative/ Journal de la crise ivoirienne/
Philosophie & spiritualité/ Un discours qui
dépasse les frontières de l’Afrique/ Ces leaders
qu’il ne faut pas enterrer. Magnifique iconographie.
Francis Cousté
POUR LES
PLUS JEUNES
Catherine HEYRAUD &
François CLERGIRONNET : Les aventures
d’Oxybul. Un conte musical intergalactique.
Bleu Nuit (2,
route de Planchoury, 37130 Saint-Michel-sur-Loire.
info@bne.fr), 31 p. (+CD encarté). 19,90 €.
Les enseignants ne devront pas passer à côté
du « roman picaresque » de C. Heyraud,
destiné aux enfants à partir de 5 ans, et réalisé
avec le concours de plusieurs écoles et professeurs.
La finalité délibérément pédagogique a été supervisée
par une directrice d’école. Un livret pédagogique
d’accompagnement est mis à la gracieuse disposition
des professeurs (www.guidecd.com/oxybul).
L’histoire, illustrée naïvement par B. Milhiet,
est entrecoupée par la musique originale de Fr.
Clergironnet (jazz, swing, variété, berceuse…).
Des acteurs de premier plan s’investissent et
réussissent à plonger les jeunes auditeurs dans
des atmosphères inouies. Le jeune martien
Oxybul (7 ans) est téléporté sur notre planète.
Tour à tour, il découvre le « moustique qui
aime la musique », l’alimentation (bol de
chocolat, mouton, bonbons…) d’Alex qui est au
CP. Oxybul est intrigué par les enfants :
leur spectacle étrange, leurs combats sans pitié
à la récré et la fessée à la maison. Effrayé,
il disparaît et reste dans un égout, où il rencontre
« le monstre, ventru et poilu », puis
remonte à la surface. Tous sont endormis,
et Oxybul, comme un petit terrien, sur un banc,
rêve à sa petite planète rouge. Il aimerait
retrouver Lucien le martien, « avec ses tentacules
pour ramper ». Téléporté près d’un
marécage, il découvre la faune sauvage, évoquée
par des onomatopées, allitérations fusant de toutes
parts et soutenues par des percussions.
L’éléphant lui raconte l’épopée de la Toumba,
« danse des braves ». Notre jeune
héros passe sa dernière nuit sur Terre en dansant
avec ses amis. En quelques secondes, le
voici à nouveau sur Mars où les vieux sages, en
conseil, l’attendent, le félicitent de son attitude
sur Terre et lui offrent le scooter inter-galactique
qu’il mérite. Une grande fête termine cette
aventure. Oxybul s’est montré digne d’un
Martien.
Édith Weber
Isabelle Aboulker
& Xavier Frehring :
Mon
imagier des instruments, Livre-CD, Gallimard
Jeunesse musique. 36 p. 14 €.
Voici un charmant livre-CD qui présente aux tout-petits
16 instruments de musique. Xavier Frehring, le
créateur de Coco, illustre de façon simple et
colorée les instruments. Isabelle Aboulker,
elle, fait découvrir toute la richesse du piano,
du violon, de la guitare, du saxophone… grâce
à de charmantes mélodies. Un éveil des sens très
réussi !
Michèle Moreau
(récit), Alex Grillo
(musique) & Martine Bourre
(musique) : Lulu, la mouche et l’chat. Les p’tits chanteurs de Barbès
(chœur d’enfants dirigé par Lousie Marty).
Livre-CD. Didier jeunesse.
Un opéra fantaisiste absolument charmant ! L’adorable
Lulu a grandi. Elle est de retour avec une mouche
têtue et un chat câlin. Un frigo, une horloge,
des oiseaux, des voitures l’accompagnent dans
ses pérégrinations. Trois solistes racontent l’histoire
à merveille, une rythmique et des thèmes bien
définis caractérisent chaque personnage. L’auditeur
s’amuse grâce à des effets sonores très étonnants.
Neil Ardley : Les
instruments de musique. « Les
yeux de la découverte », documentaire Gallimard
Jeunesse. 72 p. 14 €.
Les instruments de musique répond à toutes vos
questions sur les sons, le souffle, les différentes
familles d’instruments. Très riche en illustrations,
ce livre révèle aux plus jeunes la complexité
du monde sonore et l’évolution des instruments à travers les âges. Il s’accompagne d’un site Internet
qui propose une galerie de photos libres de droits
et une sélection de plus de 100 sites consacrés
aux instruments
de musique.
Aurélie Clément
***
Haut
Ludwig van BEETHOVEN :
9
Symphonies & Ouvertures.
Anima Eterna, dir. Jos van Immerseel.
6 CD Zig-Zag Territoires : ZZT080402.6.
Maître d’œuvre de cet enregistrement, Jos van Immerseel [notre
photo] décline lui-même les points qui
règlent son engagement esthétique :
respect des partitions, emploi des instruments,
effectif et tempi prescrits, diapason
viennois du temps de Beethoven.
Plus musicologue que musicien, en l’occurrence,
il s’attache à comprendre et à restituer
l’ambiance musicale du siècle beethovénien
et offre ici le résultat de vingt ans
de labeur et de recherche, notamment organologiques.
En ce sens, cet enregistrement constitue
un indiscutable repère pour tous les admirateurs
et amateurs du « grand sourd ».
Le superbe livret joint au coffret participe
de cette méritoire et louable entreprise.
Gérard Denizeau
Paschal de L’ESTOCART : Octonaires et
aultres musicques. Parnassie
Éditions (chemin
de Saint-Martin, quartier Chante-Coucou,
84160 Cucuron. jmi.robert@laposte.net) : PAR 42. TT : 60’07.
P. de L’Estocart (1539/40-apr.1587) a été redécouvert
vers 1950, puis son œuvre a fait l’objet
de publications, restitutions, articles
et disques. L’ensemble éponyme a
le grand mérite de promouvoir les œuvres
de ce musicien de la Réforme. P. Desaux
a restitué des Quatrains de G. Du
Faur - comte de Pibrac (1529-1584), président
du Parlement de Paris sous Henri III
-, dédiés au duc de Lorraine. Ces
pages très intériorisées et méditatives,
« fruits de sa philosophie »,
sont en quelque sorte des mises en garde
moralisantes, allant droit à l’essentiel,
prônant louange, vertu, honnêteté, silence,
paix à respecter. Dans ses Octonaires
truffés de symboles et d’allégories, P.
de L’Estocart privilégie la traduction
figuraliste des images : eau, glace,
rond (symbole du tout parfait)… et des
idées : vanité, inconstance…
L’enregistrement comprend également 4
Psaumes : les Ps. 33 Resveillez-vous
chacun fidèle (Cl. Marot), plus enlevé ;
119 : Bienheureuse est la personne…
(Th. de Bèze) frappant par sa plénitude ;
7 : Mon Dieu, j’ay en toy espérance…
(Marot), très émouvant ; et 47 :
Revenge moy, pren la querelle… (Marot),
très attachant. Ce CD contient,
en outre, 12 Sacrae Cantiones (1582)
restituées par P. Desaux, odes évoquant
la création du monde, la mort et la résurrection
du Christ, vraie « exhortation au
chrétien ». Malgré une pochette
un tantinet lugubre, cette excellente
réalisation très soignée, respectant la
prosodie et la diction d’époque, par des
nuances appropriées, l’homogénéité et
la justesse de l’émission vocale, fait
honneur aux interprètes qui, en toute
fidélité autour de Laurent Bajou, se sont
mis au service de P. de L’Estocart.
Henry MADIN : Les petits motets.
K617 (Le Couvent Haut-Clocher, 57400 Sarrebourg
laurent.blaise@lecouvent.org) :
K617184.
TT : 57’07.
Le « Concert Lorrain » - créé au Festival
international de Sarrebourg - a eu raison
de consacrer un enregistrement à Henry
Madin (1698-1748), musicien né à Verdun,
prêtre puis chanoine, maître de musique
des enfants du chœur de la maîtrise à
Meaux, et contemporain de S. de Brossard.
Il jouissait d’une excellente réputation
au Concert spirituel, puis au service
de Louis XV ; il a aussi éduqué les
pages de la Chapelle royale. Ce
musicien, mort à Versailles, s’est surtout
attaché à la musique religieuse :
grands motets, « mottes [sic] à deux dessus avec simphonie et sans
symphonie » (1740) qui doivent être
chantés aux Saluts par les Cent Filles
de la Miséricorde et aussi par les Dames
religieuses ». Ces 13 pièces,
typiques de la pratique religieuse à l’École
de Versailles au XVIIIe siècle,
sont précédées d’une introduction instrumentale
créant l’atmosphère. Par leurs textes
latins, elles doivent à la fois instruire
et élever les auditeurs. Le dernier
motet est à l’honneur du Roi et de la
Reine. Symphonie (violons, basse
de violon, théorbe), solistes et chœur
alternent. Cet enregistrement comprend
des pages bien connues, telles le Tantum
ergo sacramentum, Domine salvum
fac Regem… Elles bénéficient d’une
version aérée, transparente, d’une parfaite
justesse. Elles sont interprétées
avec grâce, non dénouée de fougue et d’une
certaine virtuosité. D’excellents
solistes sont accompagnés (orgue et clavecin)
et dirigés par Anne-Catherine Bucher.
Incontournable « défense et illustration »
du patrimoine religieux du Grand Siècle.
Ghada SHBEIR : Chants Syriaques. Passion.
Jade (43,
rue de Rennes, Paris VIe jade@milanmusic.fr) :CD 699 655-2.
Ghada Shbeir, chanteuse libanaise, spécialiste de la musique
arabe, diplômée de chant oriental, poursuit
ses recherches au Liban, à l’Université
du Saint-Esprit. Titulaire de nombreuses
récompenses, elle participe à de nombreux
concerts. Elle a enregistré, dans
la chapelle du monastère de Notre-Dame
de Tamiche-Liban, des mélodies reflétant
les traditions et cultures anciennes transmises
oralement, extraites du livre maronite
Al Hash. Ces prières - non
utilisées dans les églises actuelles mais
toujours vivantes dans les monastères
- bénéficient d’une acoustique exceptionnellement
réverbérante. La chanteuse à la
voix très profonde souhaitait que ces
monodies soient davantage diffusées.
Son contrat est rempli, et les auditeurs
pourront suivre la traduction des texte
syriaques, arabes. Ils se familiariseront
facilement avec les inflexions mélodiques
spécifiques et le débit souple, la diction
étant très soignée. Excellent apport
à l’hymnologie syriaque qui ravira les
historiens de la musique orientale et
les mélomanes curieux.
Orgues historiques de Suisse. Vol. 11 (Tessin). Sinus
(sinus-verlag@bluewin.ch) :
6011. TT :
64’38.
Pour mettre ses orgues historiques tessinois en valeur, Albert
Bolliger a sélectionné quatre instruments.
En général, proches de la facture italienne,
ils sont dotés d’un clavier et d’une pédale
assez rudimentaire, à l’ambitus restreint.
Leurs buffets très décorés se rattachent
à l’esthétique de la Renaissance ou de
l’époque baroque, et ne possèdent pas
de tourelles. Le buffet et la façade
de l’orgue de l’église paroissiale Santa
Maria del Sasso remontant à 1640 sont
richement sculptés. L’instrument
daterait de la fin du XVIIIe
siècle, la dernière restauration, de1978.
L’église de Bosco-Gurin bénéficie d’un
instrument « pour l’essentiel en
son état d’origine » (1734-1816),
restauré en 1984. L’orgue de l’église
de Monte Carasso, restauré fin XXe
siècle, est « en l’état originel,
y compris la tuyauterie ».
Celui de la collégiale Bellinzone, à deux
claviers manuels, en tempérament inégal,
remonterait à 1588. A. Bolliger
a sélectionné des pages appropriées de
compositeurs vénitiens : B. Storace,
représenté par son Ballo della Battaglia ;
B. Pasquini, mieux connu, avec des
formes traditionnelles : Toccata,
Sarabande… ou encore A. Banquieri
(mort c. 1634),
G. Paganelli (mort en 1763), V. Bellini
(mort en 1835). Autant de pages
de facture traditionnelle mises en valeur
grâce à A. Bolliger qui tire le meilleur
parti de ces instruments si diversifiés
et aux sonorités si attachantes.
Au total : 26 pièces brèves transportant
les auditeurs dans le contexte sonore
et historique typiquement tessinois.
Chants
sacrés gitans.
Jade : 699 654-2.
Une production originale de plus à l’actif des éditions Jade,
permettant d’initier les discophiles à
la culture musicale gitane et hispano-catalane.
Les « Tekameli » se définissent
eux-mêmes comme des « Gitans de Perpignan »,
ayant de solides pratiques chrétiennes.
Ils livrent leur message par la musique,
tour à tour teintée de mélancolie, de
nostalgie ou de gaîté, sur laquelle plane
une extraordinaire ferveur toujours communicative
et entraînante. Ce florilège traditionnel
a été remanié dans les années 1950, en
assimilant la Rumba catalane, les
rythmes de guitares... Ce programme
comprend un choix de 10 chants sur des
thèmes divers : amour (« tekameli »
signifiant en calo, ancienne langue
des Gitans d’Espagne, « je t’aime »),
conversion, louange, la Nouvelle Jérusalem,
mais aussi joie, fête… Recommandé
à tout amateur avide de curiosité et s’intéressant
aux traditions des Gitans dans le Sud
de notre pays.
Édith Weber
Johannes BRAHMS : Quatuors pour piano, violon, alto & violoncelle op.25 et op. 60. Fauré Quartett. 1CD DG : 476 6323. TT : 72'34.
Les formations de musique de chambre pour piano et trios à cordes sont rares. Aussi le jeune Fauré Quartett a-t-il une place toute désignée pour défendre un répertoire lui-même très
spécifique. Après un premier disque consacré aux quatuors de
Mozart, il aborde Brahms et deux des trois
opus que celui-ci a écrit pour cette formation ; un Brahms immédiatement séduisant et nullement brumeux. L'opus 25,
bien connu, et qui a même été orchestré
par Schoenberg, est d'écriture dense au
premier mouvement, presque symphonique. L'intermezzo
qui suit est aérien, pris dans un tempo
pas brusqué, auquel le trio central apporte
une touche nocturne. Un
chant serein marque l'andante comodo,
alors que des contrastes, ici bien ménagés,
apportent une agréable diversion. Le
rondo alla Zingarese au ton vif, déclamatoire presque, superbement articulé par les interprètes, mène l'œuvre à une glorieuse conclusion. L'op. 60 est de plus vaste envergure, plus rude aussi ; ce qu'expliquent sans doute les circonstances de sa composition : le musicien aux prises avec des sentiments plus
qu'affectueux envers Clara Schumann,
nourrissait alors des pensées suicidaires. Ce qui se ressent dans l'allegro initial, intensément passionné
et empreint de gravité,
et même au scherzo, très libre, dramatique et véhément. Si
l'andante apporte une certaine quiétude,
celle d'un chant mélodique profond, un
chant d'amour à n'en pas douter, le final
retrouve le caractère emporté du début
de la pièce. Les musiciens sont ici, tout comme dans la pièce
précédente, démonstratifs de leurs talents
de phrasé immaculé et de cohésion interne. Le délicat équilibre entre le clavier et les cordes
est justement achevé, parce qu'ils forment
un ensemble rodé et non la réunion de
personnalités assemblées ad hoc. Le
prix de ces exécutions, on le doit d'ailleurs aussi à la qualité du toucher
pianistique.
On pense au Beaux Arts Trio
dont la sonorité se distinguait par la
délicatesse du jeu de son pianiste.
Ildebrando PIZZETTI : Concerto pour piano et orchestre. Rondo Veneziano. Aldo
Ciccolini, piano. Orchestre
national de
Montpellier, dir. Fr. Layer. Accord Universal : 480 0790. TT : 61’27.
Bien qu’au
nom de Pizzetti (1880-1968) soient surtout associés des drames
lyriques inspirés de G. d’Annunzio ou de T.S. Eliot, sa production symphonique est loin d’être négligeable.
Le Concerto pour piano de 1930, sous titré « Chant de la haute saison » est
marqué par une forte inspiration mélodique
tout comme une vraie capacité à créer l’atmosphère de rêve
par l’usage de modes antiques et dont n’est pas absent un certain mysticisme. L’écriture rhapsodique du piano au premier mouvement traduit une grande liberté. L’adagio introduit par le beau
récitatif du piano sur un
ostinato des cordes graves se développe en phrases archaïsantes, tant de la partie soliste que du traitement de l'orchestre. Le rondo final allegro fait contraste, tant il est plein d'entrain, mêlant accents populaires et veine héroïque
dans de fréquents changements de modes
et de tempos. A. Ciccolini défend avec panache une pièce exigeante,
au discours digne de Rachmaninov, par
une interprétation pénétrante. Purement symphonique, le Rondo Veneziano, créé en 1930 par Toscanini, est fort coloré et richement orchestré. D’un seul tenant, l'ouvrage abonde en climats animés
et en tournures originales, telle une
danse stylisée, en forme de forlane, dans sa dernière partie. L’Orchestre national de Montpellier conduit par Fr. Layer, fait montre de ses éminentes qualités dans
ces exécutions captées live lors du festival de Montpellier à l’été 2006.
Laci BOLDEMANN (1921-1969) : Quatre épitaphes. Hans GEFORS (°1952) : Chants de Lydia. Anders HILLBORG (°1954) : « ...lontana in sonno... ». A.S. von Otter, Gothenburg Symphony
Orchestra, dir. Kent Nagano. DG : 00289 477 7439. TT : 62’53.
La grande A.S. von Otter s’assigne un nouveau défi : faire connaître la musique contemporaine vocale
suédoise. Outre les Quatre épitaphes de Laci Boldemann, sorte de cantate décrivant quatre
perspectives différentes sur l'amour et
la mort, qui se signale par la relative
simplicité du discours, la cantatrice
présente les Chants de Lydia de Hans Gefors, cycle de pièces, données enchaînées, chantées tour à
tour en suédois, en allemand, voire en
français (un texte
inspiré du final de Carmen). L’œuvre est
extrêmement exigeante pour la voix qui
doit s'imposer au sein d'un attirail orchestral
souvent éclatant. L'interprète
dédicataire en relève le défi avec brio. La révélation du disque, on la trouve dans la pièce de Anders Hillborg, « ...lontana in sonno... ». Écrite sur des sonnets de Pétrarque, dédiée à l'interprète, il s’agit d' une intense méditation progressant en une lente psalmodie. Alors que la voix ajustée à la sonorité des instruments s’exprime sans vibrato, le spectre
musical est vaste et résonant, comme si
le son émanait d'une cathédrale. Il s’en dégage un sentiment de plénitude presque hypnotique.
FIESTA ! Pièces orchestrales latino-américaines de
A. Ginastera, S. Revueltos, I. Carreno,
A. Estévez, A. Marquez, A. Romero,
E. Castellano et L. Bernstein. Simon Bolivar Youth Orchestra of Venezuela, dir.
Gustavo Dudamel. DG/Universal :
477 7457. TT : 75’57.
Le jeune et bouillonnant chef vénézuélien Gustavo Dudamel a, pour son
troisième disque, choisi un
répertoire dans lequel il n’a sans doute pas de rival : un florilège de pièces latino-américaines
empruntées à son pays natal, mais aussi
à la littérature mexicaine et argentine.
Musiques on ne peut plus typées, à l’orchestration
foisonnante, aux rythmes dévastateurs,
qui peuvent encore se révéler impressionnistes
ou distiller l’élégiaque : en tout
cas, toujours évocatrices de ces contrées
mythiques. Il dispose d'un orchestre
qui est en soi un phénomène : une
immense bande de jeunes, voire très jeunes,
musiciens dont l’ardeur dépasse l’entendement
tant en discipline de jeu qu'en nuances
et couleurs sonores. Le concert,
capté live à
Caracas, n’est que fête de rythmes, déchaînement
de forces brillantes aussi bien que raffinement
et transparence du discours. Notre
maestro sait aussi, comme personne, expliquer
d'une phrase choc le sens des pièces choisies.
De Sensemaya du mexicain Revueltas, il souligne le primitivisme,
« une espèce de Sacre du printemps latin nourri de danses mythologiques des Mayas et
Aztèques ». Dans les variations
Margaritena du vénézuélien Carreno, il dit qu’« on sent la plage, l’air, la
mer ». La suite de danses extraite
du ballet Estancia de l’argentin Ginastera – peut-être le mieux connu des compositeurs réunis
ici – est frappée au coin du chef-d’œuvre
tant en est variée la succession de climats
et irrésitible le final à la rythmique
obsédante. Mambo tiré de West Side Story, hommage de Bernstein à l’exubérance latine, clôt
en fanfare un programme qui ne laisse
pas de marbre devant une telle fête sonore.
Et pareil tour de force.
Jean-Pierre Robert
ABQ / Alban Berg Quartett :
Hommage.
5CD EMI Classics (www.emiclassics.com) :
3 97629 2.
Avec cette compilation, un juste hommage est rendu à l’un
des tout premiers ensembles chambristes
de notre temps. CD 1 (80’01) :
Haydn, Mozart, Hoffstetter, Beethoven.
CD 2 (67’39) : Beethoven,
Mendelssohn. CD 3
(76’10) : Smetana, Janáček,
Bartók. CD 4 (77’30) : Ravel, Berg, Stravinsky, Rihm. CD 5
(74’19) : Schubert, J. Strauss I,
Lanner. Admirable !
Clara SCHUMANN :
Romances,
Variations. Robert SCHUMANN :
Grande
sonate op.11. Pierre-Alain Volondat,
piano. Saphir (www.saphirproductions.net) :
LVC 1085. TT : 77’30.
C’est au moins autant pour la sonate de Robert que pour les
pièces d’une infinie délicatesse de Clara
qu’il faut écouter ce précieux enregistrement.
Ayant lui-même travaillé avec une disciple
(Vera Moore) de l’un des meilleurs élèves
de Clara (Leonard Borwick), Pierre-Alain
Volondat sait admirablement restituer
le cantabile des pièces de la compositrice,
aussi bien que la vigueur rythmique si
caractéristique du style de son époux.
Gabriel FAURÉ :
Quatuor
avec piano op.15 (1879). Ernest
CHAUSSON : Quatuor
avec piano op.30 (1898). Quatuor Gabriel (www.quatuor-gabriel.com). M.A. Recordings, Japan (www.marecordings.com) : MAJ-505. Integral
Distribution.
Bonheur de rédécouvrir dans d’aussi juvéniles et fiévreuses
interprétations ces deux chefs-d’œuvre
de l’Ars gallica – notamment l’insolite
Quatuor de Chausson, que le compositeur
lui-même qualifia de « frôlatre »
(sic). Il s’agit ici d’un enregistrement public réalisé, à Tokyo,
par François Sochard (violon), Marc Desmons
(alto), Renaud Guieu (violoncelle) &
Yoko Kaneko (piano), tous quatre lauréats
du CNSM de Paris.
LISZT, DEBUSSY, RAVEL…
« Entrée des artistes », nouvelle
collection consacrée aux jeunes talents
éclos à l’École Normale de Musique de
Paris, s’ouvre avec le pianiste chinois
Siheng Song (1er Prix Long-Thibaud
2004). Passavant (www.passavantmusic.com) :
PAS 2182.
Pour prodigieuse que soit sa technique, Siheng Song (°1981,
Shangaï) n’en fait jamais état.
Aussi est-ce avec un louable sobriété
qu’il interprète, de Liszt : Après
une lecture de Dante, l’étude n°3
Feux
follets, la transcription de la Mort
d’Isolde / de Debussy :
cinq Préludes /
de Ravel : La
Valse / de Peixun Chen :
La
lune sur le lac / de Luting He :
Le
vacher et sa flûte. L’un des
futurs grands du clavier, assurément !
Paul LADMIRAULT (1877-1944) :
Œuvres
pour chœurs. Ensemble vocal
Mélisme(s), Colette Diard : piano,
dir. Gildas Pungier. Skarbo :
DSK 2084. Integral Distribution.
TT : 75’33.
Sous la direction de Gildas Pungier (également chef de chœur
aux Opéras de Rennes et de Rouen), les
vingt-quatre solistes du magnifique ensemble
vocal professionnel Mélisme(s) s’attachent
à faire revivre la musique chorale de
grands compositeurs bretons, tels Ropartz,
Le Flem ou Ladmirault. De Paul Ladmirault
[notre photo] aujourd’hui, nous découvrons
tout un corpus de vingt-sept chœurs :
dix Chansons
écossaises pour
chœur mixte & piano, sept Chœurs
à voix mixtes a cappella, trois Chœurs pour voix mixtes & piano et sept Chœurs pour voix de femmes. Pièces dans lesquelles le compositeur
fait preuve d’un admirable sens mélodique
et d’une rare virtuosité dans le maniement
des tournures modales aussi bien que des
modulations. Mais ne fut-il pas
l’élève de Fauré ? Voilà, en
tout cas, un répertoire où tout chef de
chœur devrait trouver son miel (www.ladmirault.com). Un enchantement !
François COUPERIN,
Claude DEBUSSY, Olivier MESSIAEN (Pièces
de) : Les Folies françaises. Cédric Pescia, piano. Claves (www.claves.ch) : 50-2719. TT :
77’52.
Ductilité et délicatesse du phrasé caractérisent l’art d’un
artiste franco-suisse dont le pianisme
ne laisse pas d’évoquer – au jeu perlé
près, toutefois – celui de la grande Marcelle
Meyer. Les œuvres interprétées (de
Couperin : Les
Folies Françoises et le IVe
livre de pièces pour clavecin /
de Debussy : 12
Préludes, 2e livre /
de Messiaen : Le Courlis cendré) lui sont chères, à l’évidence.
Notons que, pour l’enregistrement des
pièces de Couperin, le piano a été accordé
selon un tempérament voisin de celui des
clavecins du temps : d’où la « pureté »
de certains accords (inaccessible dans
un tempérament égal) et des possibilités
d’expressivité accrues.
Max BRUCH : Premier Concerto pour violon en sol mineur, op. 26. Niccolò PAGANINI :
Premier
Concerto pour violon en ré
majeur, op. 6. Alexandra Soumm,
violon. Deutsche Staatsphilharmonie
Rheinland-Pfalz, dir. Georg Mark.
Claves (www.claves.ch) : 50-2808. Integral Distribution. TT : 61’43.
Sensibilité frémissante et énergie caractérisent le jeu de
la toute jeune violoniste française Alexandra
Soumm (°1989). S’honorant déjà de
nombreux prix internationaux et de prestations
auprès des plus grandes phalanges, elle
est, dans ces œuvres de haute voltige,
éblouissante. Nous aimerions toutefois
l’entendre dans un répertoire plus contemporain
(elle ne s’est jusqu’à présent hasardée
que dans des œuvres de Glazounov ou de
Barber). Elle joue ici un splendide
Omobomo Stradivarius de 1735.
George ENESCO : Concertstück pour alto & piano. Jean FRANÇAIX : Rhapsodie
pour alto & piano. Darius
MILHAUD : Les quatre visages. 1re
et 2e sonates. Pierre
Lénert, violon alto. Cédric Tiberghien, piano. Integral
Classic (www.integralmusic.fr) : INSO 221.335. TT : 51’26.
De sa belle Rhapsodie
pour alto & ensemble instrumental
(créée à Londres, en 1946, par Pierre
Pasquier sous la direction de Nadia Boulanger),
Jean Françaix fit une version avec piano.
Quant à George Enesco et Darius Milhaud,
condisciples (avec le futur grand altiste
Maurice Vieux) dans la classe d’André
Gedalge, leur œuvre pour instruments à
cordes est bien connue. Darius Milhaud
n’est-il pas, notamment, le compositeur
qui, au XXe siècle, écrivit
le plus pour l’alto ? De ce
dernier, nous avons toutefois découvert
les spirituels Quatre
visages (La Californienne, The Wisconsonian,
La
Bruxelloise et La Parisienne). Trois grands compositeurs
admirablement servis ici par deux jeunes
interprètes, par ailleurs familiers de
la musique de notre temps.
Olivier MESSIAEN (1908-1992) :
Coffret
du centenaire. 6 CD Naïve/Montaigne
(www.naiveclassique.com).
TT : 4h51’07.
Voici enfin la compil’ espérée ! CD 1-2 : La transfiguration de Notre Seigneur Jésus-Christ (7 solistes instrumentaux /
2 chanteurs solistes / Chœur de Bruxelles /
Chœur et orchestre d’Hilversum, dir. Reinbert
de Leeuw. CD 3 : Visions de l’Amen (Maarten Bon & Reinbert de Leeuw, pianos).
CD
4 : Sept Haïkai, Couleurs de la Cité céleste, Un
vitrail et des oiseaux, Oiseaux
exotiques (Yvonne Loriod, piano /
Ensemble Intercontemporain, dir. Pierre
Boulez). CD
5-6 : Des canyons aux étoiles… (solistes instrumentaux /
Asko Ensemble & Schönberg Ensemble,
dir. Reinbert de Leeuw). Un « incontournable »…
Dirigée par Denis Dufour,
la firme Motus (tél. : 01 42 09 88
18. www.motus.fr) diffuse des œuvres classiques ou
inédites du répertoire acousmatique.
Distribution : Abeille Musique.
Voici quelques-unes de ses récentes publications :
Frédéric KAHN (°1966) :
Le
purgatoire des sens. Motus :
M306008. TT : 75’33. Tuilage de paysages vertigineux, crépusculaires,
inquiétants et raffinés : Landschaft (1992), Scivias (2001),
Ces
bouquets d’agonie (1998), L’animal du temps (2000), Sterblich (2003), Machines à remuer les sens (2004), Suite pour glotte (2000), Longueur
d’ondes (2005)… Tels sont les
mondes auxquels nous introduit le musicien
- également compositeur de musiques instrumentales.
Jean-Louis DHERMY (1950) :
Douze
miniatures. Motus : M306010.
TT : 79’05. Outre ces Douze miniatures (2002), nous sont proposés : Division/Développement (1994), La mémoire du son (2001) et Quatre échos du Père Lachaise (2002).
Pièces aux surprenantes profondeurs « harmoniques ».
Denis DUFOUR (°1953) :
Bocalises
(1978). Le lis vert (1983). Motus :
M306011. TT : 74’03.
Dans Bocalises,
on retrouve cette quête d’objets sonores
qui tant préoccupa Pierre Schaeffer &
Pierre Henry : désintégration/réintégration
de sons obtenus grâce à des bocaux de
verre (en 19 séquences). Le
lis vert nous plonge, en revanche,
dans un univers onirique : minuscules
trépidations dont émergent de lentes coulées
mélodiques. Denis Dufour est à l’origine
de structures telles que TM+, Les Temps
modernes, Syntax, et du festival Futura.
Christine GROULT :
Étincelles.
Motus : M306012. TT :
76’25. Ayant fait ses classes au Groupe de recherches musicales
(GRM) de l’Ina, Christine Groult enseigne
aujourd’hui la composition électroacoustique
au conservatoire de Pantin. Sont
ici regroupées six pièces volontiers méditatives,
d’un constant raffinement – notamment
Étincelles « radioactives » (commande
de la Fondation Curie), et jusqu’aux
Frontières de l’autre (projet de rendre
diaphane une « grisaille »).
Alexandre YTERCE (°1959) :
Guerres.
Motus : M306013. TT :
68’50. Dans ces 5 pièces : Les sept paroles en croix (1990), Le cri de Méduse (2004), Guerres (1992-2002), Intensités (1999) et Frises majeures (1994-1999), rythmes et
souffles se mêlent dans une manière de
théâtre sacrificiel qu’aurait pu inspirer
Antonin Artaud.
Thomas ROUSSEL :
Cellar
Door, « opéra en presqu’Un acte »,
sur une installation de Loris Gréaud.
Livret de Raimundas Malašauskas &
Aaron Schuster. Récitant :
Paul Bandey. Marie Devellereau,
soprano. Orchestre philharmonique
de Radio France, dir. Jean Deroyer.
EMI/ La Manufacture du disque. TT :
35’35.
Occupant - durant 3 mois (de février à avril 2008) - la totalité
des 4 000 m² du Palais de Tokyo,
le plasticien français Loris Gréaud (www.yvon-lambert.com)
présentait Cellar
Door, gigantesque organisme généré
par une partition que pilotait, en temps
réel, un ingénieur. Ainsi l’exposition
était-elle elle-même partition, se prêtant
à toutes lectures et réinterprétations
possibles… C’est l’histoire d’un « Studio »,
vaste atelier dispersé dans l’espace et
le temps, davantage « usine rêvante »
(schizophrénies de la soprane & du
récitant - magister ludi) qu’usine à rêves.
Avec l’œuvre de Thomas Roussel (°1979),
nous sommes chez le Ravel de Ma mère l’Oye – somptueuses orchestrations…
– mais parfois aussi chez Bernard Herrmann
ou Lalo Schiffrin (Thomas Roussel n’a-t-il
pas, lui-même, composé de nombreuses musiques
de film ?). Dans le magnifique
coffret relié, il est répondu, blanc sur
noir (en anglais et en français), à toutes
les questions que pose cette étrange création.
Rive droite/Rive
gauche Swing Band meets Daniel Huck. Live in Passavant. Disques Passavant (www.passavantmusic.com) : PAS 2152.
Avec le concours, en guest
star, du saxophoniste Daniel Huck,
cette joyeuse bande de six musiciens parisiens
(Alain Perreau : cornet / Gérard
Chauvin : clarinette & chant /
Yves Autret : trombone / Michel
Crichton : piano / Bernard Brimeur :
contrebasse / Philippe Merville :
percussions) recrée 13 standards, mais
sans nul esprit de revivance folklorique. En témoignent certains de leurs
audacieux enchaînements harmoniques…
Plus que jamais nécessaire, un bain d’optimisme !
Sarah ASSBRING, alias « El Perro del Mar » :
From
the Valley to the Stars. 16 chansons en anglais. Memphis
Industries (www.memphis-industries.com) :
MI 1050682.
Une voix haut perchée, d’une douceur sensuellement dépressive,
dans un répertoire et des arrangements
souvent minimalistes, telle se découvre
à nous Sarah Assbring, chanteuse suédoise
indie pop (avatar musical du rock alternatif). Pour vous faire
une religion : www.elperrodelmar.com
ou http://elpd.blogspot.com
POUR LES PLUS JEUNES
Le Piano pour moi ! 23 pièces sélectionnées & interprétées par Roland Meillier.
Arion : ARN64780.
Professeur de piano au CNR de Saint-Étienne, Roland Meillier
nous offre ici un large éventail de pièces
du niveau requis dans les classes élémentaires
des conservatoires. Œuvres signées
Scarlatti, J.-S. Bach, Mozart, Clementi,
Beethoven, Schumann, Chopin, Debussy,
Fl. Schmitt, Prokofiev, Bartók et Poulenc.
Mais que tout cela est joué de manière
tristement scolaire !
Jacques HAUROGNÉ chante
Francis Lemarque : L’arbre
à musique. Victorie Music/Universal :
301772-8. TT : 38’36.
Au fil de son spectacle L’arbre à musique, le délicieux fantaisiste Jacques Haurogné (www.jacqueshaurogne.com) interprétait
14 chansons (pour la plupart inédites)
de Francis Lemarque - inspirées par les
animaux, les enfants et la nature.
Pour le bonheur de tous, les voici réunies
sur CD.
Steve WARING :
Le retour du matou. 11 chansons originales
+ un traditionnel (« Jean Petit qui
danse »). Victorie Music (www.club-tralalere.com) :
311772-9. Distr. Universal.
TT :77’30.
Au banjo, à la guitare acoustique ou à la guimbarde, entouré
de ses habituels complices (choristes,
ukulélé, percus, basse, mandole, mandoline
et dobro), quelle joie de retrouver -
dans son répertoire jazzy, poétique et
farfelu - l’un des vétérans de la chanson
franco-américaine pour la jeunesse.
D’un charme indémodable ! (cf. :
www.stevewaring.com)
André BORBÉ :
Tous formidables. 11 chansons. Victorie
Music (www.club-tralalere.com) :
301773-0. Distr. Universal.
TT :77’30.
Très belles chansons (d’amour, pour la plupart), musicalement
riches et fort bien orchestrées – dans
l’esprit, notamment, du jazz-rock…
Mais leur foncière mélancolie sera-t-elle
accessible aux très jeunes enfants, public
ciblé ?
Francis Gérimont
Musiques de Ballet pour petites oreilles. Naïve Jeunesse.
Une maman feuillette avec sa fille son album
photo de danseuse étoile. Avec elles,
de Paris à New York, nous découvrons les
arguments du Lac
des cygnes, de Giselle,
de Roméo et Juliette… Nous nous régalons de
passionnantes anecdotes sur l’univers
de la danse et le travail de chorégraphe..
Les plus grands compositeurs de musique
de ballet sont réunis et les extraits
musicaux sont remarquablement choisis.
Un voyage incroyable au milieu de ballerines,
jetés, tutus et costumes féeriques.
Les VOILÀ
VOILÀ.
Allez Hop hop hop ! CD Naïve
Jeunesse.
Ils
se nomment Cédric Levaire et Arno Clerc.
Ensemble, ils font swinguer la chanson
pour les enfants et les amusent avec des
textes plein de malice. Les grands
classiques du conte sont, bien entendu,
au rendez-vous : la petite sœur que
l’on jalouse, le grand méchant loup, et
j’en passe. Ils nous offrent une variété
musicale très riche : guitare sèche
manouche, cuivres façon big band, ambiance
steel drums ou chanson douce. Un
univers aux multiples couleurs et influences.
Aurélie Clément
DVDs
Richard WAGNER : Das Rheingold. Th. Stewart,
Br. Fassbaender, P. Schreier,
Z. Kelemen, J. Altmayer, G. Stolze.
Berliner Philharmoniker, direction & régie : Herbert
von Karajan. DVD DG : 0440
073 4390.
On sait l’attrait
du chef d’orchestre Herbert von Karajan pour la technique visuelle. Du Ring qu’il dirigea
et mit en scène au festival de Pâques
de Salzbourg dans les années 1967-1970,
ne fut filmé, et seulement en 1978, que
L’Or du Rhin, sur une bande sonore enregistrée lors de la reprise
de l’œuvre en 1973. Rare témoignage donc de l’art de
Karajan metteur en scène et de sa conception
à la fois classique et épique du geste
wagnérien. La régie était alors
encore dominée par la manière de Wieland
Wagner à Bayreuth et, tout en voulant
s’en démarquer,
est-il certain que celle du chef autrichien
s’en inspire
largement, quoique avec une recherche
visuelle plus affirmée, due à l’imagerie
suggsestive inspirée des décors de G. Schneider-Siemssen,
l’artisan
de tant de productions du chef à Vienne
puis à Salzbourg. La régie a été
retravaillée en studio pour la vidéo,
et des effets spéciaux ont été rajoutés
afin de s’approcher davantage des volontés de Wagner en matière de réalisme : les
filles du Rhin évoluant de manière lascive
dans les profondeurs du fleuve, l’antre
flamboyant de Nibelheim dont la prise
de vues capte généreusement l’atmosphère
expressionniste. Quoique la direction
d’acteurs
reste sobre, en particulier lors des scènes
mettant en cause les dieux, les moments
dramatiques essentiels sont bien saisis
grâce à des plans rapprochés évocateurs.
Ainsi en est-il de la malédiction de l’or
par Alberich. La distribution est prestigieuse,
comptant parmi les voix les plus marquantes
de l’époque. À cet égard, le Loge de P. Schreier
est une révélation, tant la clarté du chant de ce spécialiste
de Bach et sa fine intelligence de la
scène confèrent au dieu du feu une aura
particulière. Bien sûr, la direction
de Karajan est parée de mille nuances et, en tout
cas, nullement chambriste comme tant de commentateurs ont cru le déceler lors
de la représentation et de la sortie du disque ; ce
qui avait le don d’agacer le maestro.
Gaetano DONIZETTI : La Fille du régiment.
N. Dessay, J.D. Flórez,
A. Corbelli, F. Palmer,
D. French. The
Orchestra of the Royal Opera House, dir.
B. Campanella. Régie : L. Pelly. DVD Virgin : 519 002
9. TT : 132’.
Il aurait été
dommage que La Fille
du régiment, dans
la vision débordante d’imagination de Laurent Pelly,
ne connaisse
pas la large diffusion qu’autorise
le DVD. Peu, comme
ce ludion de la scène lyrique, peuvent parvenir à donner vie
à ce qui n’est somme toute qu’une bluette : l’histoire
convenue de la vivandière dont tout un
régiment – pas moins – est entiché, elle-même
amourachée d’un beau gars tyrolien.
Et voilà qu’héritière d’une riche
famille, on veut la marier, éducation faite,
à un époux de son rang ! On pensait
que cet opéra n’avait
pour lui que l’extrême aisance mélodique inhérente à son auteur
et la myriade de contre-ut dont
il est paré.
Que nenni : le bel
canto nous invite à la vraie fête. Avec
Pelly, c’est une idée à la minute, un clin d’œil par
ci, une pochade par là ; de la
gaieté à revendre et une charge non dissimulée,
mais bien tendre au final. Humoristique
en diable, sans une once de vulgarité, à la frontière
du paroxysme, mais jamais excessif, le
parti pris est vif et léger. Quel
art de traiter les ensembles, de faire
de chaque choriste une individualité,
ce que
la caméra montre à l’envi. Chaque scène apporte son
lot de rebondissements. Et quel coup que
d’avoir
réunis les deux fleurons actuels du bel canto ! La composition
de N. Dessay est un feu d’artifice
permanent, qui sait aussi habilement surprendre. Celle
du ténor J.D. Flórez l’égale en brio vocal ; tout
comme sa verve pataude le dispute à la
piquante allure de la belle. Nos
deux héros sont magnifiquement entourés. Dès
lors ne tient-on pas une perle rare ; ce qui
n’est pas si fréquent dans le registre comique.
Léos JANÁČEK : De la maison des morts. O. Bär,
E. Stoklossa, P. Straka,
J.M. Ainsley,
P. Hoare, G. Grochowski. Arnold
Chamber Chor. Mahler
Chamber Orchestra, dir. P. Boulez. Régie : P. Chéreau.
DVD DG/Universal : 00440 073 4426. TT : 100’.
L’éminente
qualité artistique apportée par l’équipe
réunissant à nouveau Patrice Chéreau et Pierre Boulez à l’ultime opéra
de Janáček a
été salué unanimement. Le DVD restitue et magnifie
encore un spectacle d’une force dramatique inouïe qui prend dès
la première image pour ne plus vous lâcher. L’œuvre
est peut-être
la plus théâtrale de son auteur, directement
calquée sur la nouvelle de Dostoïevsky. Si elle ne traite pas une histoire
linéaire, elle en raconte plusieurs, bâtie
qu’elle
est sur des récits de prisonniers, ces
tranches de vie qui habitent la vie du
camp. La prison est présentée
ici comme un lieu abstrait dont la topographie des hauts murs se
modifie constamment, aux couleurs blafardes, camaïeux de
gris, espace intemporel où se côtoient
toutes sortes d’individus,
où la violence est à fleur de peau, où
tel fait insignifiant déchaîne passions,
luttes de pouvoir, voire jeux banaux faits
de trois fois rien. Les
caractères sont brossés avec acuité, ce
que le film rend encore plus tangible
grâce à des plans saisis latéralement. Et lors
de la pantomime donnée par les prisonniers,
lorsque le théâtre en vient à se faire
sur le théâtre, le jeu prend habilement
un tour outrancier et se mime
à la limite de l’ambigu. La force
de la dramaturgie tient aussi à ce que les personnages
essentiels sont constamment présents, même
s’ils n’interviennent pas directement ; une manière
de croiser le destin d’êtres dissemblables, qu’un fait
saillant peut un instant rapprocher. Les
groupes se font et se défont ainsi dans
un irrésistible
mouvement jusqu’à ce qu’un arrêt sur image fige l’action.
La prise de vues livre des images d’une fascinante
beauté et les interprètes chauffés à blanc
donnent le meilleur, et quelques morceaux
d’anthologie. Si l’on ajoute
que la musique de Janáček est transfigurée par la direction de P. Boulez,
à la tête d’un orchestre dont la valeur n’a pas
attendu le nombre des années, il n’est nul
besoin d’insister plus sur le formidable impact
de cette interprétation.
Jean-Pierre Robert
***
Haut
Viva l’opera ! Le mercredi 16 avril 2008, sous la
brillante direction de Jean-Philippe
Sarcos, les 300 choristes et instrumentistes
de l’Académie de musique (étudiants
des grandes écoles et universités /
www.academie-de-musique.com)
ont offert, au public enthousiaste
du Cirque d’Hiver [notre photo], un
concert exceptionnel, pour l’essentiel
consacré à au théâtre lyrique italien
du XIXe siècle. C’est ainsi
que les pages majeures de Nabucco, La Traviata, Aïda, L’Italienne à Alger, Lucia di
Lammermoor, Norma,
Adriana Lecouvreur, Cavalleria rusticana… ont mis en lumière toutes les facettes expressives
du grand opéra italien, de la passion
furieuse à l’émotion élégiaque, de
la foi patriotique aux délires de
la passion amoureuse. Avec une
primauté toujours explicite pour les
infinies virtualités de la voix humaine,
traitée de façon à mettre aussi bien
en valeur la beauté du timbre que
la virtuosité de la pratique.
De toutes ces pages très connues,
l’impeccable restitution musicale
s’accompagnait en l’occurrence d’un
soin rare apporté à la mise en scène
et aux éclairages, placés sous la
direction accomplie de Pierre Catala.
Gérard Denizeau
***
Le Festival de Radio
France & Montpellier Languedoc-Roussillon.
Pour sa 24e édition, qui
se déroulera du 14 au 31 juillet 2008,
le Festival de Radio France &
Montpellier Languedoc-Roussillon demeure
fidèle à ce qui a fait sa prestigieuse
réputation : associer la réhabilitation
d’œuvres méconnues ou disparues à
l’exécution de chefs-d’œuvre établis,
mais aussi mêler musique classique
et autres types de musiques :
soirées jazz, musique électronique,
musiques du monde.
Pas moins de trois premières mondiales verront le jour cet
été dans la capitale languedocienne :
La Esmeralda de la compositrice
Louise Bertin, sur le seul livret
original de Victor Hugo, tiré de son
roman Notre-Dame
de Paris, Fedra de Ildebrando
Pizzetti sur un livret de Gabriele
d’Annunzio, d'après son propre drame
inspiré de la pièce d’Euripide, et
l’opera seria Salustia de Pergolèse,
le premier opéra qu’il ait composé.
Une nouvelle présentation de King
Arthur de Purcell, revisité par Hervé Niquet,
car basé sur les seuls fragments musicaux,
promet d’être un grand moment, dès
lors que la mise en scène en sera
assurée par le couple Benizio, alias
Shirley et Dino, « ces génies
de l’improbable et farceurs impénitents »
confie le chef d’orchestre enthousiaste.
Côté concerts symphoniques, les diverses
formations de Radio France donneront
à entendre des pièces d’envergure,
tel Le Roi David de Honegger
(Orchestre philharmonique et Chœurs
de Radio France), Pulcinella
de Stravinski et les suites de Roméo
et Juliette de Prokofiev (Orchestre
national, sous la direction de son
nouveau chef, Daniele Gatti).
Tout comme l’Orchestre national de
Montpellier prêtera son concours lors
d'une soirée associant Mozart et Rimski-Korsakov,
Mozart
et Salieri, et d’un concert
vocal réunissant Natalie Dessay et
le ténor Janos Kaufmann dans des duos
d’opéras français et italiens.
Sans oublier les chœurs de la Radio
lettone, des familiers du festival
(Petites messe solennelle de
Rossini, dans sa version pour piano
et harmonium) et l’Orchestre philharmonique
de l’Oural, une formation qui a déjà
à son actif bien des succès.
Les grands interprètes internationaux, que ce soient les
pianistes Aldo Ciccolini et Christian
Zacharias ou les violonistes Vadim
Repin ou Augustin Dumay, côtoieront
les jeunes talents : le quatuor
Psophos, l’orchestre Pelléas, la violoniste
Fanny Clamagirand ou le claveciniste
François Guerrier.
Le dynamisme de la manifestation montpelliéraine se mesure
encore aux multiples autres concerts
essaimant en journée dans la ville,
hors la cité et même en région, mais
aussi à des événements d’importance
comme les masterclasses d’Aldo Ciccolini,
une exposition de stradivarius au
superbe musée Fabre – qui accueille
par ailleurs l'exposition Courbet
- et enfin un nouveau cycle des Rencontres
de Pétrarque de la chaîne France Culture,
autour du thème « La politique,
ennemie du droit ? »
Fidèle à sa politique d'accessibilité
au plus grand nombre, le festival
propose l'entrée gratuite pour ces
dernières manifestations. Renseignements et location : 04
67 02 02 01 (du lundi au vendredi,
de 12h à 18h). billetterie@festivalradiofrancemontpellier.com
ou www.festivalradiofrancemontpellier.com
***
La saison 2008/2009 de l’Opéra-Comique. L’an II du mandat de Jérôme Deschamps
s’annonce encore plus faste que sa
saison inaugurale, avec pas moins
de huit spectacles, dont seulement
une reprise, Zampa de Hérold,
qui sera de nouveau dirigé par William
Christie. Singularité de la
programmation, forgée sur l’histoire
de la maison, l’axe majeur porte sur
le répertoire français. Quatre
opéras seront ainsi présentés, aussi
divers qu'intéressants. Zoroastre
de Rameau sera donné dans la production
du festival de Drottningholm, le Glyndebourne
suédois, due à la régie de Pierre
Audi et à la direction musicale de
Christophe Rousset et de ses fameux
Talens Lyriques. L’opéra-comique
Fra Diavolo de Auber,
sur un livret de Scribe, nous contera
une nouvelle histoire de brigand romantique
dont la séduction musicale devrait
être révélée par le chef Giovanni
Antonini à la tête de son ensemble
Il Giardino Armonico, avec une
mise en scène de J. Deschamps.
Plus près de nous, Le Roi
malgré lui de Chabrier
devrait fort divertir grâce à la régie
de Laurent Pelly. Du moins en
espère-t-on une impression aussi forte
que celle procurée par L’Étoile. Enfin une nouvelle présentation
de Carmen dans le théâtre où
l’œuvre fut créée, promet la sensation,
avec le tandem John Eliot Gardiner
au pupitre et la chorégraphe Sasha
Waltz à la régie. A.-C. Antonacci
livrera à n’en pas douter une vision
racée de la belle gitane. On
donnera en outre, en ouverture de
saison, Didon et Énée
de Purcell (W. Christie-D. Warner),
puis Albert Herring
de Britten, pièce de mœurs inspirée
de la nouvelle de Maupassant Le Rosier de Mme Husson, et la création
parisienne de l’opéra de Peter Eötvös,
Lady Sarashina, dans
la production de l’Opéra de Lyon qui
fit un triomphe. Comme déjà
expérimenté avec bonheur, ces grands
rendez-vous lyriques seront l’occasion
d’y associer des événements collatéraux,
concerts, contes musicaux, spectacles
vidéo, lectures et autres rencontres,
en autant de « Rumeurs ».
Renseignements
et location : 1, place
Boieldieu, Paris IIe.
Tél. : 08 25 01 01 23.
www.opera-comique.com
***
L'Opéra de Nancy dévoile sa saison 2008/2009. Fidèle à sa réputation d’éclectisme
et d’excellence, l’Opéra national
de Lorraine [notre photo] propose
une saison 2008/2009 riche de sept
nouvelles productions scéniques, outre
divers concerts. Une programmation
généreuse qu’autorise un financement
confortable, dont 60 % provient
de la ville - ce qui n'est pas si
commun actuellement. Une saison
placée sous le signe à la fois de
l’Italie, hommage à son directeur
musical, Paolo Olmi, de la musique
de notre temps, du sourire sous toutes
ses formes, même grinçant, enfin de
la découverte de nouveaux sentiers.
De quoi satisfaire un public nancéen
réputé curieux - et tous les autres !
Au désir de renouveau répond la création
mondiale, en ouverture de saison,
de Divorce à l'italienne de
Giorgio Battistelli, d’après le film
culte de Germi, « action musicale
pour le crépuscule de la famille en
23 tableaux », dont tous les
rôles même féminins, à une exception
près, sont attribués à des voix d'homme.
La zarzuela Les neveux du capitaine Grant de Manuel Fernández Caballero,
d’après Jules Verne, rarement jouée,
même en Espagne, sera l’occasion de
se plonger dans les délices de l’univers
particulier de ce genre musical, à
mi-chemin entre opéra et opérette.
Enfin, Le Tribun de Mauricio
Kagel, « dix marches et neuf
contretemps pour manquer la victoire »,
satire politico-musicale, créée en
1979, où le rire se fait féroce, reviendra
sous les feux de la rampe avec l’acteur
Dominique Pinon, suivant en cela la
performance naguère saluée de Richard
Bohringer. Autre curiosité,
dans le domaine baroque cette fois,
Le Messie de Haendel sera présenté
dans une version scénique, vue par
Claus Guth, la direction étant confiée
à J.-Ch. Spinozi qui conduira son
Ensemble Matheus. Un événement
à n’en pas douter. Le grand
répertoire sera italien donc, et représenté
par Rigoletto de Verdi et La
Cenerentola de Rossini, dans de
nouvelles productions dirigées, l’une
et l’autre, par P.Olmi. Idomeneo de Mozart conclura la saison
dans la régie de Y. Kokkos, un
habitué. Renseignements et location :
1, rue Sainte-Catherine, 54000 Nancy.
Tél. : 03 83 85 33 20.
http/opera@opera-national-lorraine.fr
ou www.opera-national-lorraine.fr
Jean-Pierre Robert
***
Au Studio-Théâtre de
la Comédie-Française : Trois
hommes dans un salon.
D’après l’interview de Brel, Brassens
& Ferré,
par François-René Cristiani.
Mise en scène : Anne Kessler.
Avec Grégory Gadebois, Éric Ruf, Laurent
Stocker et Stéphane Varupenne.
À 18h30, jusqu’au 29 juin 2008.
En 1969, un jeune journaliste, François-René Christiani,
réunissait pour une interview unique
trois artisans de la chanson au sommet
de leur art, Jacques Brel, Georges
Brassens et Léo Ferré (photo :
Jean-Pierre Leloir). Anne Kessler,
sociétaire de la Comédie-Française,
nous propose de revivre cette incroyable
rencontre. Le rideau se lève
sur un studio d’enregistrement enfumé.
Guidés par un journaliste un peu maladroit
et sans doute intimidé, les trois
chanteurs abordent des thèmes variés,
parlent de leur métier, de la mort,
des femmes, donnent leur propre définition
de la poésie, de l’anarchie, de la
solitude, dévoilent leur manière de
penser. Le spectateur est immédiatement
séduit par une mise en scène sobre
et réaliste, des acteurs touchants
qui s’effacent au profit de trois
personnalités élégantes, drôles et
quelque peu provocantes, parlant avec
simplicité, profondeur et réserve
de leur vie, de leur art et de leurs
rêves. Une grande réussite.
À voir absolument !
***
La chèvre de M. Seguin, un conte musical d’Olivier Penard. Pour Olivier Penard, jeune compositeur
et enseignant [notre photo] la musique
est indissociable du public et de
la littérature. Il lit et relit
ses classiques. À vingt ans,
alors qu’il débute sa carrière, il
croise la route de Blanquette, la
petite chèvre d’Alphonse Daudet, auteur
qui a inspiré de nombreux compositeurs
avant lui. La
chèvre de M. Seguin est un véritable choc. Olivier
Penard est immédiatement séduit par
la douceur des sons, la force du drame,
la beauté et la musicalité du texte,
sa dramaturgie. Il compose une
œuvre pour quinze musiciens et un
récitant. Durant dix ans, il
transmet son travail et sa passion
lors d’animations scolaires, au collège
ou au conservatoire. Aujourd’hui,
la partition, publiée aux éditions
Jobert, prend vie chez Didier Jeunesse
qui publie le livre-disque et le CD.
Olivier Penard continue de tourner
dans les classes où il aborde la structure
du conte, le travail et les choix
du compositeur.
Avant d’aborder la composition, les enfants réfléchissent
à la construction de La
chèvre de M. Seguin et mettent
en évidence les quatre étapes du récit :
l’introduction qui présente les personnages,
la partie dialoguée entre la chèvre
et M. Seguin, la folle journée
dans la montagne et l’arrivée du loup.
Ils identifient les trois personnages :
la jeune Blanquette, insouciante et
rêvant de liberté ; le touchant
M. Seguin, père protecteur ;
le loup, animal à la symbolique forte.
Ils situent les différents décors :
la ferme et le pré où Blanquette vit
plusieurs mois avec M. Seguin ;
la montagne où la chèvre profite d’une
journée de liberté avant de combattre
le loup une nuit durant. Ils
prennent conscience de l’accélération
dramatique de l’œuvre. Imprégnés des
mots de Daudet, ils ressentent ce
qui a touché Olivier Penard. Celui-ci
leur explique ce qu’il a choisi de
transmettre par la musique.
Il leur parle de ses nombreuses lectures
du texte de Daudet, des différentes
analyses de l’œuvre qu’il a pu lire
et dont il a souhaité s’éloigner pour
laisser s’exprimer sa sensibilité.
Après l’étude du texte de Daudet, vient la découverte du
travail du compositeur. Olivier
Penard parle alors des contraintes
qu’il s’est imposées afin de libérer
son inspiration. Tout comme
dans Pierre et le loup de Sergueï Prokofiev,
il veut faire découvrir les instruments
et, plus particulièrement l’art de
les marier entre eux. Ainsi,
chaque personnage est apparenté à
un timbre et à un groupe de l’orchestre :
le pupitre des bois pour la sautillante
chèvre, le quintette à cordes pour
le mélancolique Seguin, les cuivres
pour le loup. Pour accentuer
l’impact de l’entrée en scène du loup,
le compositeur se passe des cuivres
jusqu’à l’arrivée de ce dernier.
Il a choisi de mettre en musique les
différents cadres de l’action :
la tranquillité de la vie à la ferme
se traduit par une musique de chambre,
l’arrivée dans la montagne, violente
rupture, est mise en valeur par un
déploiement symphonique qui évolue
jusqu’à l’apparition du loup.
Olivier Penard a également souhaité
mettre l’accent sur la seule partie
dialoguée du récit, Blanquette annonce
à M. Seguin qu’elle souhaite
le quitter, par une quasi-absence
de musique. La voix du récitant,
Jacques Bonnaffé, est ici essentielle.
Si le compositeur s’impose des contraintes, il s’octroie
également des libertés. À la
tombée de la nuit, par exemple, il
fait éclater un violent orage qui
n’apparaît pas dans le texte de Daudet.
Mais sa présence sonne si juste que
l’auditeur a l’impression de l’avoir
lu. On peut d’ailleurs demander
aux enfants de décrire cet orage et
d’en définir le sens. Interrogeons-les
aussi sur le combat entre la jeune
et frêle chèvre et l’horrible loup.
Quel est ce combat rituel, cette danse
de la mort ? Est-ce un rite initiatique ?
Qu’a vu le compositeur dans le texte ?
Que nous donne-t-il à entendre ?
Les interprétations des élèves varient
énormément et permettent un débat.
On ne peut aborder La
chèvre de M. Seguin sans s’interroger
sur la fin tragique de Blanquette.
Comment les enfants la perçoivent-ils ?
La mort est une thématique essentielle
du travail de compositeur. En
l’abordant, il souhaite aider les
plus jeunes à se construire, à trouver
des outils pour l’apprivoiser et ne
pas voir en elle que douleur et tristesse.
Il rappelle qu’un compositeur est
responsable de son travail et des
valeurs qu’il transmet.
_____________
La chèvre de M. Seguin. Composition & direction artistique :
Olivier Penard (www.olivierpenard.com).
Récitant :
Jacques Bonnaffé. Direction
musicale : Jean-Michel Despin.
Didier Jeunesse pour le CD & le
livre-disque. Éditions Jobert
pour la partition.
Aurélie Clément
***
En
arrière toute !
Les
enfants des écoles primaires ne sont
pas dans la rue. Quand ils y
seront, en 2015 ou 2020, le mal sera
fait, il sera trop tard : les
lycéens ou étudiants qu’ils seront
devenus n’auront pas eu l’éducation
artistique à laquelle ils avaient
droit et qu’on leur avait promise.
Je dis bien « é-ducation »,
c’est-à-dire conduite à travers un
parcours qui les fasse sortir d’eux-mêmes
en les ouvrant à des pratiques nouvelles
pour eux. En musique comme en
pédagogie, on appelle cela « accompagnement ».
Je n’ai pas dit « instruction
publique », comme au temps de
la première école républicaine, ou
comme les produits de remplacement
proposés aujourd’hui avec l’intronisation
d’une heure d’histoire de l’art (dont
il n’y a pas besoin d’être prophète
pour deviner qu’elle viendra aisément
en remplacement de toute pratique).
Gravissime ?
Oui, car si l’on parle musique, ou
théâtre, ou peinture, il ne suffit
pas de connaître les biographies des
grands compositeurs ou des artistes
de renom, il ne suffit pas d’avoir
vu en reproduction à l’aide d’un vidéo
projecteur quelques tableaux de Paul
Klee ou Van Gogh, il ne suffit pas
d’avoir écouté le Carnaval
des animaux ou Pierre
et le Loup. Depuis longtemps
on sait qu’un enfant apprend les choses
en les expérimentant, qu’il apprend
à parler en parlant, à écrire en faisant
des rédactions, à gérer son patrimoine
de billes ou de bonbons en faisant
de l’arithmétique appliquée.
Faire
de l’histoire de l’art sans passer
aux actes (à savoir chanter, développer
un geste rythmique, tenir un pinceau,
porter haut et fort une parole en
public), c’est raconter les mouvements
de la nage en paroles et en images,
et laissant à d’autres le soin de
les mettre en œuvre dans une piscine.
Repousser après le temps de l’école,
dans les structures associatives (c’est-à-dire
privées), le temps de l’expérimentation,
de la mise en œuvre, c’est sous couvert
de libre choix accepter que seuls
aient accès aux pratiques artistiques
les enfants dont les familles s’en
préoccupent ou ceux qui en ont les
facilités d’accès. C’est revenir
aux années 1970 et antérieures, en
ces époques où il était de bon ton
de dénigrer l’école française par
rapport aux Allemands ou aux Anglais
qui, eux, savaient chanter, parce
qu’ils faisaient cela dès leur plus
jeune âge dans les structures scolaires.
Et
pourtant la France a inventé depuis
25 ans une profession qui a révolutionné
les pratiques musicales à l’école,
en ville comme dans les terres rurales
les plus reculées : le musicien
intervenant à l’école. Celui-ci est
un praticien de la musique dûment
patenté, avec une spécialisation acquise
au bout de deux années complètes de
formation de haut niveau en matière
de pratiques vocales, pratiques collectives,
pédagogie, entraînement à l’innovation,
aptitude au partenariat. Ils
sont environ 4 000 diplômés en
2008, très souvent employés par les
conservatoires et les écoles de musique
qui marquent ainsi, à la demande des
municipalités, un vrai souci pour
l’éducation de tous à travers l’enseignement
général. Dans un rapport largement
diffusé émanant d’un inspecteur général
de l’Éducation nationale, l’auteur
préconise que les familles puissent,
pour l’éducation artistique, s’adjoindre
les services d’un précepteur qui serait
payé selon les modalités en vigueur
avec le CESU. De qui se moque-t-on ?Bien
sûr, les responsables de l’Éducation
nationale, dans leur réflexe endémique
de corporatisme, continuent à dire
qu’il n’y a pas besoin de ces professionnels.
Le bulletin officiel de leur organisme
les ignore majestueusement :
la musique à l’école primaire est
faite par les instituteurs.
Sauf que cette fanfaronnade ne tient
pas un instant : il n’y a pratiquement
plus de formation musicale dans les
IUFM pour les futurs professeurs d’école.
Si l’enseignant n’a pas bénéficié,
par chance familiale ou volonté personnelle,
d’une bonne pratique musicale, il
n’y a guère de risque que les élèves
d’une école primaire s’attaquent à
une pièce contemporaine comme celles
que proposent les éditions Mômeludies
ou dépassent en chanson le niveau
du petit pont de bois et de l’enfant
au tambour. Prendre un enfant
par la main, a pourtant chanté Duteil,
c’est aussi « pour l’emmener
vers demain, pour lui donner confiance
en son pas ».
Donc
« En arrière toute ! »
: le ministre de l’Éducation nationale
a décidé de supprimer deux heures
de cours par semaine, ce qui favorise
la politique de réduction des effectifs
des enseignants. Ce qui aura
surtout l’effet de pénaliser d’abord
les matières « gratuites »,
c’est-à-dire celles qui ne servent
ni à compter, ni à lire, ni à écrire.
Et pour que ça ne se voie pas, on
met à la place un cours d’histoire
de l’art en nous faisant croire que
la priorité à l’éducation artistique
est sauvée du naufrage.
De
ce fait, tout sera reporté en « hors
scolaire ». On en revient
aux temps de l’animation socio-culturelle,
on aura des séances de pratiques musicales
où seront exclus tous ceux qui dans
le secteur rural sont soumis aux horaires
des « cars de ramassage »
(et où évidemment on n’aura pas un
transport supplémentaire pour les
20 % qui souhaiteraient faire
de la musique à partir de 17 heures).
On pénalisera tous ceux qui ne s’inscriront
pas dans ces temps hors scolaires,
à cause d’une image que l’école ne
leur aura pas permis de rectifier
par une pratique active et dynamisante,
avec un musicien intervenant qui sait
faire autre chose qu’apprendre à chanter
le répertoire des chants patriotiques
comme le voulait Jean-Pierre Chevènement.
Mauvaise
foi évidente : il faudra que
les inspecteurs de l’Education nationale
nous expliquent comment une éducation
de l’enfant, qui selon eux et à juste
titre, doit pouvoir être ressaisie
par l’instituteur dans l’ensemble
des acquis pour être assimilée (c’est
pour cela que les musiciens intervenants
sont obligés de travailler en étroite
collaboration avec les enseignants),
pourra être désormais profitable quand
elle sera faite en hors scolaire sans
la présence dudit enseignant.
Nous
appelons avec vigueur les professeurs
des écoles, les musiciens intervenants,
les directeurs d’écoles de musique,
les maires et adjoints aux affaires
scolaires, à ne pas se laisser entraîner
dans cette voie catastrophique pour
l’avenir de la jeune génération :
nous n’en paierons les dividendes
que dans 5 ou 10 ans, mais il sera
trop tard, les actuels responsables
qui nous valent ces périls auront
leur retraite assurée et on les aura
oubliés. Ils seront peut-être
même bénévoles dans des associations
de soutien, mais le mal aura été fait.
Que les motifs qui les animent aujourd’hui
soient financiers, idéologiques, ou
relèvent de l’incompétence, peu importe :
la résistance s’impose par tous les
moyens. Pour les enfants.
Pour la dignité humaine que nous permet
de développer l’accès à la culture
et la pratique des arts. Pour
l’avenir qui se prépare aujourd’hui
et dont on nous demandera compte.
Gérard Authelain,
président de la « Plateforme
des associations régionales du spectacle
vivant »,
ancien directeur du CFMI
Rhône-Alpes
***
Haut
Horizontalement :
I. Compositeur
et coureur cycliste. II.
Major. Fortiche. III.
Armes de séduction, pas seulement chez Debussy.
IV. Mis au pluriel par Django. A failli faire un four. V. Femme fantôme. VI. Initiales de l’orchestrateur de Fantasia.
Délimitent le goût. Pour faire démarrer. VII. Sur la tête du chef s’il s’agite trop. En blue, elle a été composée
par Richard Rodgers et chantée par Sinatra, entre autres.
VIII. Sorte de piscine dans le Carnaval.
IX. Plus italien.
Mélodie avec pluriel en « er ». X. Solitude à l’anglaise. Tête à tête italien.
Verticalement : 1. Ville explosive, pas seulement en soirée. Fred Buscaglione a vu
passer son eau. 2.
Certain. Il est recommandé à Marie de le tremper.
3. Une corde de guitare l’est généralement. 4. Dessinées par Debussy. 5. Fabre d’Églantine dirigea son théâtre.
Début du Mandarin merveilleux. 6. Prince qui fit le succès de Danses. 7. Le violon en a une. Brille pour Chabrier. 8. L’âne n’est pas seul à l’entendre.
Transfigurée par Arnold. 9.
Dans le piano. Solitude à l’italienne. Grande scène new-yorkaise.
10. Du genre Lorelei. Note.
---------------------------------------
Solution de la grille
n°2 (mai 2008) :
Horizontalement :
I.
CONCERTANT. II.
OH. MER. III. ALLARGANDO.
IV. RIEN. AB.
EM. V.
IT. TOUS. VI. NA. ANDANTE. VII.
ENS. DOLCE. VIII.
TI. TINO. RE IX.
TETIN. NERI. X. ESTHER. BEN.
Verticalement : 1. CLARINETTE. 2.
LITANIES. 3.
NOLE. TT. 4.
CHANTA. TIH. 5.
ONDINE. 6. RIGAUDON.
7. ABSALON.
8. AMN. NC. EB. 9. NEDE. TERRE. 10. TROMPE. EIN.
***
Haut
Depuis janvier 2008, L’éducation musicale inclut un grand dossier dans chaque numéro. :
- Le
bruit (en référence au programme de l’agrégation de musique)
- La
percussion (dans les musiques contemporaines, électroniques,
extra-européennes, actuelles)
- Activités
instrumentales & vocales à l’école (chorales, orchestres,
spectacles musicaux)
janvier-février 2008
n° 549-550 |
mars-avril 2008
n° 551-552
|
mai-juin 2008
n° 553-554 |
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Le supplément
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L’éducation musicale propose le supplément
indispensable aux professeurs d’Éducation musicale et aux élèves
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Retrouvez-nous,
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se tiendra du 12 au 15 septembre 2008 à Paris Expo, Porte
de Versailles, Hall 4.
Aurélie Clément
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