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www.leducation-musicale.com



mai-juin 2008
n° 553-554


mars-avril 2008
n° 551-552



BACCALAUREAT 2008
Supplément au n° 543-544



 


Sommaire :

1. L'éditorial de Francis Cousté : Les raisons de la colère
2. Informations générales
3. Varia
4. Manifestations et Concerts
5. L'édition musicale
6. Bibliographie
7. CDs et DVDs
8. Hier, aujourd'hui, demain ! De quelques productions...
9. A l'école primaire, hélas !
10. Mots croisés : la grille d'Hélène Jarry
11. La vie de L’éducation musicale


Les raisons de la colère

 

Qui ne se souvient des effarantes consignes de notre Président à Mme Christine Albanel, ministre de la Culture : n’accorder de subsides qu’aux créations « répondant aux attentes du public » ? (Lettre de mission du 1er août 2007).  Comme si l’État n’avait justement pas des responsabilités différentes…

Mais voilà que, de proche en proche, le mal court, gagne tous les domaines - celui de l’éducation, au premier chef.  Ainsi voyons-nous disparaître des lycées nombre d’options (musicales notamment), au bénéfice – et jusqu’au collège et à l’école - d’un discours aculturant prémâché.  Cependant que, sous l’alibi d’indéniables contraintes budgétaires, se sera plié au bon vouloir du prince le fin musicien que nous savons être notre ministre de l’Éducation nationale.

Arrogante barbarie ! Ultra-poujadisme dont n’aurait jamais osé rêver le « papetier de Saint-Céré » !  Tout cela dans le cadre d’une pipolade ignominieusement ochlocratique*…  Et de nous ressouvenir ici de la judicieuse mise en garde de Lacan : « Le moyen le plus sûr pour reconnaître une canaille est son affirmation d’anti-intellectualisme ».

Francis B. Cousté

_________________

*Ochlocratie, dégénérescence de la démocratie en règne de la vulgarité.


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BOEN n°17, du 24 avril 2008, p.818 sqq.  Saison culturelle européenne.  Manifestations proposées à des publics scolaires, de juillet à décembre 2008.

 

BOEN n°19, du 8 mai 2008, p.925 sqq.  Développement de l’éducation artistique & culturelle / Programmes limitatifs des enseignements artistiques en classe terminale pour l’année scolaire 2008-2009 & pour la session 2009 du baccalauréat / Liste des morceaux imposés au baccalauréat technologique « Techniques de la musique et de la danse », session 2008.

 

Le Bulletin officiel de l’Éducation nationale est librement consultable sur :

www.education.gouv.fr/pid285/le-bulletin-officiel.html

 

Georges-François Hirsch [notre photo] a été nommé le 7 mai 2008, en Conseil des ministres, directeur de la musique, du théâtre, de la danse et des spectacles au ministère de la Culture.  Après avoir été codirecteur de l’Opéra national de Paris et directeur général du Théâtre des Champs-Élysées, il était, depuis 1966, directeur général de l’Orchestre de Paris.  De cet éminent homme de métier et de dialogue, nous attendons beaucoup…  Puissions-nous ne pas être déçus !

 

Falstaff de Verdi au Théâtre des Champs-Élysées : Les 19, 23, 25, 29 juin (à 19h30) et le 29 juin (à 17h), cette nouvelle production verra, à la tête de l’Orchestre de Paris, les débuts du jeune chef Alain Altinoglu.  Renseignements : 01 49 52 50 50. 

Giuseppe Verdi

 

Le Festival de Saint-Riquier propose, du 10 au 19 juillet 2008 : vingt-cinq concerts, une grand-messe chantée, deux conférences, une master-class et… un grand bal final.  Avec notamment : Katia & Marielle Labèque, Max-Emanuel Cencic, Olivier Charlier, Kenneth Weiss, Christophe Coin, Vadim Repin, Bernard Soustrot…  Renseignements : 03 22 71 82 10.  www.festival-de-saint-riquier.fr

 

« Il Concerto degli Angeli », 1er festival de musique ancienne, se déroulera à Megève, Pays du Mont-Blanc, du 15 juillet au 15 août 2008.  Concerts, récitals, master-classes.  Avec Bruno Cocset, violoncelle baroque [notre photo].  Renseignements : www.concerto-angelico.com

 

Au 38e Festival interceltique de Lorient (1er-10 août 2008), seront à l’honneur les artistes gallois.  Mais aussi des artistes de bien d’autres pays - telle la canadienne Loreena McKennitt [notre photo].  Renseignements : www.festival-interceltique.com ou : www.wai.org.uk

Bienvenue

 

Au Capitole de Toulouse : Les Contes d’Hoffmann de Jacques Offenbach. Les 12, 19 et 26 juin à 20h / les 15, 22 et 29 juin à 15h.  Mise en scène : Nicolas Joël.  Avec notamment : Samuel Youn, Karine Deshayes, Giuseppe Sabbatini, Désirée Rancatore, Inva Mula, Kate Aldrich.  Orchestre national & Chœur du Capitole, dir. Yves Abel.  Renseignements : 05 61 63 13 13. www.theatre-du-capitole.org

photo : hoffmann

 

La 10e édition du festival « Musique & Nature en Bauges » se déroulera du 17 juillet au 22 août 2008.  Parmi les artistes invités, Brigitte Engerer fera l’ouverture dans un programme Schubert et Schubert/Liszt, puis reviendra, accompagnée d’Henri Demarquette.  Renaud & Gautier Capuçon interpréteront des œuvres de Bach, Haendel et Ravel.  Xavier Phillips, Vahan Mardirossian et Karine Gowers joueront Beethoven.  Il y aura également, l’Orchestre Maestria, l’Ensemble vocal Chanticleer de San Francisco, Pedro Estevan, Jordi Savall, et bien d’autres.  Renseignements : 04 79 54 84 28. www.lesbauges.com

Festival Musique et nature 2008 dans le Massif des Bauges

 

Pédagogie & didactique de la musique.  Ce cours est assuré, en 3e année de licence, dans les universités de Paris IV-Sorbonne et d’Évry-Val-d’Essonnes [notre photo].  Découverte et mise en œuvre de méthodes pédagogiques, stages en collèges et conservatoires… Renseignements : claire.fijalkow@univ-evry.fr ou claire.fijalkow@paris4.sorbonne.fr

"Le bâtiment Maupertuis"

 

Effondrement du marché du disque : Au 1er trimestre 2003, il s’était vendu pour 232 millions d’euros de disques ; au 1er trimestre 2008, pour 100 millions.  La part de marché du répertoire français continue toutefois de croître : 62 % en 2006, contre 71 % en 2008.

 

Le 42e Festival de musique de La Chaise-Dieu se déroulera du 20 au 31 août 2008.  Sur les sites de La Chaise-Dieu, Le Puy-en-Velay, Brioude, Ambert et Chamalières-sur-Loire.  Renseignements : 04 71 00 01 16. www.chaise-dieu.com

 

Au Centre Pompidou : « Un tango boréal ».  Le tango s’est si bien implanté en Finlande qu’il y est considéré comme danse nationale.  Table ronde le samedi 7 juin, de 19h à 20h30, à la Bibliothèque Publique d’Information (BPI) du Centre Pompidou.  Avec les historiens & musicologues : Didier Francfort, Padilla Alfonso, Esteban Buch et Maarit Niiniluoto.  Puis, de 21h à 23 h : Bal-tango !  Renseignements : 01 44 78 12 33.  www.bpi.fr

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La 27e édition de la Fête de la musique se déroulera, en France, en Europe et dans le monde, le samedi 21 juin 2008.  Se joindront à la fête, cette année : Erbil (Kurdistan iranien), Sacramento et Pasadena (Californie) non moins que la Papouasie-Nouvelle-Guinée.  Renseignements : www.fetedelamusique.culture.fr

 

« Archétypes et mythes dans la musique » par l’académicien François-Bernard Mâche [notre photo].  Téléchargeable sur : www.canalacademie.com/mythes-et-archetypes-musicaux.html

 

Un musée pour Woodstock était inauguré, ce 2 juin 2008, à Bethel Woods.  Située à 170 km au nord de New York, cette petite cité avait accueilli sur sa commune, en août 1969, quelque 450 000 amateurs de rock (sur les 50 000 prévus) venus écouter Jimi Hendrix, Janis Joplin, Joe Cocker, Santana, The Who, Ten Years After…  Renseignements : www.bethelwoodscenter.org

 

À la Lanterne ! De la carpe et du lapin, qui ne filerait la métaphore ?

 

La thèse de doctorat de notre collaboratrice Murielle Lucie Clément : « Andreï Makine.  Présence de l'absence : une poétique de l'art (photographie, cinéma, musique », publiée en février 2008 par l’Université d’Amsterdam (département des Lettres et culture françaises), est gratuitement téléchargeable sur : www.these.muriellelucieclement.com

     

 

« Pas même peur ! » Les firmes Sony/BMG et EMI Music viennent de s’entendre avec le site d’e-commerce Amazon pour presser tout disque à la demande - rééditions d’albums épuisés, gravure de titres uniquement disponibles en téléchargement ou d’exclusivités non encore commercialisées.

 

Mais qui blâmer ?... En décembre 1921, à Paris, Jean Wiener [voir ci-dessous son thème astral] créait - sur les conseils de son ami Darius Milhaud - le Pierrot lunaire de Schönberg.  Lors d’un concert ultérieur, Schönberg assistait à cette reprise.  À l’issue du concert, horrifié, il vint trouver les musiciens : l’œuvre avait été jouée sur clarinette en sib, alors qu’elle était écrite pour clarinette en la.  Ce décalage d’un demi-ton était, bien sûr, passé inaperçu (anecdote rapportée par Vladimir Cosma à qui Jean Wiener se serait confié).

Jean WIENER

 

Le pianiste français Frédéric Vaysse-Knitter vient de remporter le plus vif succès lors d’une tournée en Amérique du Sud.  Il entreprend, cet été, une tournée française et européenne.  Renseignements : www.vaysse-knitter.com

 

Aranéologie : En hommage au génial compositeur de Harvest, le biologiste américain Jason Bond vient de donner le nom de Neil Young à une araignée du groupe des mygales qu’il a découverte, en 2007, dans l’État de l’Alabama : Myrmekiaphila neilyoungi

La myrmekiaphila neilyoungi                        

 

It’s not only Rock‘n’Roll, Baby ! Exposition au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, du 17 juin au 14 septembre 2008 (commissaire : Jérôme Sans).  Histoire des musiciens rock venus des arts plastiques : Yoko Ono, Patti Smith, Lou Reed [notre photo]… mais aussi Chicks on Speed, Antony Begarty, The Kills, Pete Doherty, Bent van Looy…  Renseignements : BoZarExpo, rue Ravenstein 23, 1000 Bruxelles. www.bozar.be

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Le festival Calliopée donne carte blanche à Kaija Saariaho (« Je sens un deuxième cœur », le vendredi 6 juin, 20h) et à Bruno Mantovani (« Aimer, boire et chanter », le samedi 7 juin, 20h).  Au Centre culturel tchèque [notre photo] : 18, rue Bonaparte, Paris VIeRenseignements : 01 53 73 00 22.  www.centretcheque.org

Prague

 

À Meudon, en l’Auditorium Marcel Dupré, sera donné, le samedi 7 juin, à 17h30, un récital d’orgue & piano, avec Shin-Young Lee, organiste, et Ji-Hyé Lee, pianiste.  Sur l’orgue personnel de Marcel Dupré [voir photos].  Œuvres de J.-S. Bach, Jean Guillou, Charles Tournemire, Charles-Marie Widor et Marcel Dupré.  Renseignements : 40, bd Anatole-France, 92190 Meudon.  Tél. : 01 46 26 37 77.  www.marceldupre.org

              

 

Ciné-concert : Monte-CristoFilm muet d’Henri Fescourt (1929).  Musique originale & direction : Marc-Olivier Dupin.  Orchestre national d’Île-de-France.  Théâtre du Châtelet, le samedi 7 juin 2008, à 18h.  Durée du concert : 1re partie (2h), entracte (1h), 2de partie (1h40).  Renseignements : 01 43 68 76 00.  www.orchestre-ile.com ou : www.chatelet-theatre.com

 

« Champs libres 2008 ».  Ce festival, 5e Rendez-vous musical de l’Ensemble Linea, se déroulera à Strasbourg, du 3 au 20 juin.  Sont programmés : Hommage à Karlheinz Stockhausen [notre photo], Cycle de musique japonaise, Actualité d’Edgard Varèse, Champs libres…  Renseignements : 03 88 35 44 21.  www.champs-libres.fr ou www.ensemble-linea.com

 

« Les chefs-d’œuvre du cabaret du Chat noir », spectacles de théâtre d’ombres.  Auditorium du musée d’Orsay, les 12 & 13 juin (20h), 15 juin (15h), 17 juin (12h30), 18 juin (20h).  Françoise Le Golvan, mezzo.  Jérôme Corréas, baryton.  Claude Aufaure, récitant.  Susan Manoff, piano.  Jean Godemont & Josette Stein, marionnettistes.  Renseignements : M’d’O’ - 62, rue de Lille, Paris VIIe.  Tél. : 01 40 49 48 14.  http://www.musee-orsay.fr/fr/manifestations/spectacles.html

 

Le Chœur des Polysons sera en concert : le dimanche 8 juin, à 14h30, au Théâtre du Châtelet (« Hommage au compositeur Roger Calmel »), le samedi 21 juin, à 16h, aux Arènes de Montmartre (« Fête de la musique ») et le dimanche 22 juin, à 17h, au Temple de l’Étoile (avec l’ensemble « Cordes mêlées »).  Renseignements : Marc & Élisabeth Trigo.  Tél. : 01 43 66 80 84.  lespolysons@wanadoo.fr

 

Dans le cadre du festival Agora : « Hommage à Claude Pompidou ».  À l’Ircam, le 13 juin 2008, à 20h30 : Pierre Boulez : Mémoriale (pour flûte & 8 instruments), Dialogue de l’ombre double (pour clarinette, clarinette enregistrée & piano résonant).  Philippe Manoury : Pluton (pour piano Midi & ordinateur en temps réel).  Ivan Fedele [notre photo] : Richiamo (pour cuivres, percussion & électronique).  Roque Rivas : Conical intersect (pour fagott & électronique).  Vassos Nicolaou : Orbit (piano & électronique).  Ensemble Intercontemporain, dir. Pierre Boulez.  Renseignements : 01 44 84 44 53.  www.ensembleinter.com

 

« Motus » au Grand Palais : Le samedi 14 juin, à 19h30, dans le cadre de « Monumenta 2008 », quatre compositeurs de musique électroacoustique – Guy Reibel, Frédéric Kahn, Denis Dufour et Vincent Laubeuf – illustreront la Promenade du grand sculpteur étasunien Richard Serra (San Francisco, °1939).  À l’Acousmonium (orchestre de haut-parleurs) : Jonathan Prager.  Renseignements : 01 45 26 18 12.  www.monumenta.com ou www.motus.fr

 

Jazz animé à l’Opéra Comique.  Les 11 juin (14h30), 15 juin (16h) et 19 juin (20h) : « Ciné-concert » autour de dessins animés américains des années 30 à 60, illustrés par une bande sonore originale de Frédéric Verrières [notre photo].  Renseignements : 08 25 01 01 23.  www.opera-comique.com

 

Salle Pleyel : Le jeudi 3 juillet, à 20h, le CNSMD de Paris reçoit l’Orquesta Freixenet del Encuentro de Música y Academia de Santander, dir.Vladimir Ashkénazy.  Violon : Mayuko Kamio [notre photo].  Au programme : Concerto pour violon de Tchaïkovsky, Symphonie n°1 « Titan » de Mahler.  Entrée libreSur réservation au : 01 40 40 46 47 ou resamusique@cnsmdp.fr

Mayuko Kamio

 

25e Festival Chopin à Paris : « Chopin en miroir », du 15 juin au 14 juillet 2008, à l’Orangerie du Parc de Bagatelle.  Concerts aux chandelles, à 20h45 : François-René Duchâble (17 juin), Olivier Gardon (19 juin), François-Joël Thiollier (26 juin), Marc-André Hamelin (2 juillet), Marie-Catherine Girod (3 juillet), Dominique Merlet (8 juillet), Philippe Bianconi (10 juillet).  Récitals du dimanche, à 16h30 : Pascal Amoyel (22 juin), Marie-Josèphe Jude (29 juin), Per Tengstrand (6 juillet), Etsuko Hirose (13 juillet).  Concert de clôture : Momo Kodama (lundi 14 juillet, à 17h).  Renseignements : Société Chopin, tél. : 01 45 00 22 19.  www.frederic-chopin.com

Francis Cousté

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JAZZ VOCAL

Jérôme DUVIVIER : Jazz vocal. Techniques, interprétation, improvisation.  Préface David Linx.  Outre Mesure (www.outremesure.net).  22 x 30,5 cm, 240 p., ex.mus., CD inclus.  34 €.

190 figures musicales (exercices, relevés, exemples, études…) illustrent cette « méthode » où sont abordées toutes les facettes du jazz vocal, en soliste.  Sous l’angle « technique » naturellement (très nombreux exemples & exercices), mais aussi sous l’angle « poétique » au travers de réflexions visant à exprimer l’esprit de ces musiques.  Du chanteur débutant au professionnel ou à l’enseignant en jazz vocal, chacun trouvera ici matière à s’exprimer.  En témoignent les intitulés des diverses sections : Rythme/ Harmonie-Mélodie/ Improvisation/ Interprétation/ Jazz & technique/ La scène/ Enseigner le jazz vocal.  Les riches annexes proposent en outre : Standards les plus fréquemment chantés, Sélection de 50 CDs, Généalogie du jazz vocal féminin, Tableau de transposition des accords, Réponses aux exercices, Guides mélodiques, Grilles d’accords des cycles proposés sur le CD, Glossaire.  Une somme sans précédent !

Francis Cousté

 

INSTRUMENT MÉLODIQUE & PIANO

Jean-Dominique PASQUET : Mosaïque pour instrument mélodique et piano, op. 20, nos 1-6. Europart-Music (2, place Lambert, 86240 Ligugé. europart@abbaye-liguge.com).  19 p. + 4 p. par parties séparées.  17 €.

Cette nouvelle publication du compositeur chez Europart, très bien présentée, frappant par l’excellente saisie, claire et précise, comprend le conducteur et les parties séparées pour les différents instruments mélodiques : violon, alto, violoncelle, flûte, hautbois, clarinette.  Jean-Dominique Pasquet, né en 1951, est à la fois professeur, pédagogue et interprète (disque enregistré en France) au service de musiques à découvrir, et un compositeur qui - en France et surtout à l’étranger - a attiré l’attention d’éditeurs de musique et de CDs (dans un CD anglais (2008), quatre de ses œuvres figurent à côté de pages de Jehan Alain, Jean Langlais et Guy Morançon).  Ce recueil comprend 6 pièces brèves : Légende, Arabesque, Plainte, Thème varié, Canzonetta, Final.  Ces titres parlent d’eux-mêmes.  Le souci dominant du compositeur est de faire chanter les instruments, à l’instar d’O. Messiaen pour lequel : « Primauté à la mélodie. Élément le plus noble de la musique, que la mélodie soit le but principal de nos recherches. Travaillons toujours mélodiquement… ». C’est le cas, entre autres, d’Arabesque, conçue comme une monodie « libre et expressive ».  Sa Plainte est proche de l’esprit français du XVIIIe siècle, comme les Tombeaux.  Il privilégie les thèmes variés, la diversité dans le style, l’unité par la mélodie.  Tonalité, modalité, atonalité… peu importe : priorité à la ligne mélodique, mais aussi à la liberté d’expression car, au XXIe siècle, un compositeur peut s’exprimer sans être taxé de « ringard ».  Cette Mosaïque si attachante présente également un double intérêt du point artistique et pédagogique (auditions, examens, concours).  D’emblée, elle s’impose pour ses exceptionnelles qualités expressives et esthétiques.

Édith Weber

 

FORMATION MUSICALE

Lauriane GHEDIN : A vos marques… prêts ? Dictées ! Dictées musicales pour le 2e cycle.  1 vol. textes, 1 vol. corrigés, 1 CD.  Lemoine : 28407 HL.

Ce volume de dictées est d’abord conçu, même s’il peut être utilisé en classe avec profit, pour un entraînement personnel à la maison. On ne peut trop louer ce genre de réalisation : ce n’est pas avec un entraînement une ou deux fois par semaine qu’on forme une oreille ! Dictée musicale : tous les aspects de la dictée sont méthodiquement proposés - dictée de rythme, de notes, d’intervalles, avec de nombreux instruments. L’indispensable CD joint est remarquablement réalisé. Présentation à la fois sobre et agréable, détaillant le travail pas à pas. Bref, un excellent outil pour la formation de l’écoute.

 

JAZZ

Armand REYNAUD & Jérémy BRUN : Michel Petrucciani, the bookTranscriptions et analyses. Lemoine : 28 588 H.L.

J’ai créé cette rubrique pour ce remarquable ouvrage, quasi inclassable.  Fallait-il le mettre dans « Formation musicale » ? Mais les pianistes risquaient de ne pas le remarquer. Dans la rubrique « Piano » ? Mais tout musicien même non pianiste, peut faire son miel avec le contenu de cet ouvrage. Celui-ci est construit en deux parties. La première regroupe des transcriptions de solos sur ses compositions, puis sur les grands standards du répertoire. La deuxième partie est consacrée à une analyse de son langage et de son style. Dans une partie annexe, on trouve des informations biographiques et discographiques. Il est difficile de donner une idée de la richesse de ce travail mené par deux auteurs dont l’enthousiasme n’a d’égal que la rigueur dans l’analyse et la réflexion sur le style. Tout musicien de jazz devrait au moins feuilleter ce recueil pour en découvrir les richesses. Les analyses, notamment, sont d’une richesse confondante. Il s’agit vraiment d’un travail de fond qui mérite qu’on s’y arrête longuement.

 

CLAVECIN

Jacques CHAMPION de CHAMBONNIÈRES : Pièces de clavecin, Second livre 1670. « FacsiMusic », Fuzeau : 50147.

Cette collection a pour but de donner le seul texte musical, de façon à privilégier la musique et de faire une édition financièrement accessible.  Les pièces ici présentées, de celui qui est considéré comme le fondateur de l’école française de clavecin, sont d’un grand intérêt mais il faudra quand même de sérieuses connaissances de l’écriture musicale du temps pour utiliser ce fac-similé. Saluons cependant la grande clarté de cette édition qui rendra ce travail possible moyennant un minimum d’effort.

 

ORGUE

Yannick MERLIN : L’orgue contemporain pour les premières années. 25 compositions inédites. Préface de Marie-Claire Alain. Volume 1. Delatour : DLT 1099.

« Ce recueil fera la joie des apprentis organistes et des professeurs qui les guident dans leurs premiers pas ». C’est ainsi que Marie-Claire Alain commence sa préface, et comment ne pas la suivre ! Certes, la fréquentation des auteurs des siècles passés était ouverte à nos jeunes interprètes mais rien, à ma connaissance, ne leur permettait d’aborder un répertoire contemporain dès le début de leurs études.  Voilà, grâce à ce recueil, cette lacune comblée, et par des compositeurs chevronnés : citons seulement Jean-Jacques Werner, Jean Legoupil, Éric Lebrun, Françoise Levéchin… Oserai-je dire : j’en passe, et des meilleurs… Et ce n’est pas ici une formule. Ces pièces vraiment conçues pour les débutants sont de vraies œuvres d’une élégante simplicité.

 

GUITARE

Dominique CHARPAGNE : Les techniques du médiator. Delatour : DLT 1641.

Non, il ne s’agit pas d’un manifeste en faveur de l’emploi exclusif du médiator.  Prenant en compte le fait que cette technique n’est jamais expliquée pour elle-même, mais présentée succinctement à propos de tel ou tel style, l’auteur a voulu réaliser une méthode expliquant dans le détail la manière de se servir du médiator dans les différents styles, du classique au rock en passant par le blues, le latino, etc.  La réalisation en est remarquable : en effet, est joint à cette méthode un CD-Rom comprenant fichiers pdf d’exercices, l’ensemble des pièces du recueil enregistrées et, surtout, de petites vidéos détaillant avec précision la manière de procéder.  De plus, l’auteur n’hésite pas à donner l’adresse de son site où, dit-il, « il se fera un plaisir de vous répondre ».

 

FLÛTE TRAVERSIÈRE

Pascal PROUST : Sérénade pastorale pour flûte & piano. Combre : C06531.

Cette commande du 1er Concours national de flûte de la Ville du Havre d’avril 2007 n’est évidemment pas une pièce facile.  Mais mettant en valeur tant la virtuosité que les qualités expressive des deux interprètes, elle mérite de devenir bien plus qu’une « pièce de concours ».

 

Benoît-Tranquille BERBIGUIER : An Original Cavatina as a trio for three flutes op. 110. Cavatine pour 3 flûtes seules, présentation par les étudiants du Cefedem d’Île-de-France sous la direction de Jean Saint-Arroman.  Fac-similé.  Fuzeau : 50509.

Avec de précieuses indications sur la manière d’ornementer ce trio, cette édition est la reprise d’une édition londonienne.  Berbiguier, flûtiste et compositeur français né en 1782 et mort en 1838, a laissé une abondante production pour son instrument. Cette cavatine comporte deux parties, un andantino sostenuto et un moderato. On en appréciera le caractère à la fois chantant et enjoué. L’édition, qui comporte les trois parties séparées, est utilisable sans difficulté, comme une édition moderne.

 

Xavier MEDINA-MARTIN : Shô pour piccolo & piano. Combre : C06504.

Cette pièce, commandée à un compositeur espagnol pour le concours 2007 de l’Ufam, fait appel aux techniques dites contemporaines de l’instrument. Pièce difficile certes, mais d’un grand et beau lyrisme où piano et piccolo dialoguent sans concession.

 

ACCORDÉON

Lucien & Richard GALLIANO : Méthode complète d’accordéon. Doigtés piano et boutons. Lemoine. 28 584 H.L.

Cette méthode, qui distille au fur et à mesure les notions de solfège indispensables pour l’apprentissage, est fort agréablement présentée. Très progressive, elle conduit l’élève, à la fois par des exercices et de petits morceaux, à un niveau qui lui permettra de tirer un plaisir certain de son instrument.

 

Manu MAUGAIN : Modern music, Latino & Jazz. 1 vol. 1 CD. Lemoine : 28 543 H.L.

Des Feuilles mortes à London Rock, voilà douze arrangements présentés et doigtés par Manu Maugain. Ils ne manquent pas de charme et sont harmonisés et orchestrés avec beaucoup de goût, dans un style à la fois moderne et respectueux des thèmes. Le CD contient la réalisation complète et le play-back.

 

Jean-Jacques WERNER : Sonatine pour accordéon à basses chromatiques (manuel 3). Delatour : DLT0969.

Point de folklore ici, mais une œuvre attachante et assez poignante comportant un Prologue, un Intermezzo qui constitue le noyau central, et un court Postlude virtuose qui clôt cette courte pièce. Une œuvre à découvrir.

 

MUSIQUE DE CHAMBRE

Alessandro ROLLA : Trois duos concertants pour violon et alto. 4e livre. c. 1809. Cahier 1 : violon.  Cahier 2 : alto.  « FacsiMusic », Fuzeau : 50156.

Curieuse histoire que celle de ces duos concertants composés pour le roi Charles IV d’Espagne à qui ils sont dédiés par un compositeur italien, directeur de l’orchestre de la Scala de Milan et édités à Londres… mais publiés aussi, semble-t-il, chez Leduc, à Paris, avec une autre dédicace.  Peu importe, il s’agit d’une musique fort belle où chaque instrument a le caractère concertant annoncé dans le titre.  La reproduction est impeccable et permet une exécution aisée.

 

Ludwig van BEETHOVEN : Streichquartette op. 59.  Bärenreiter Urtext. Partition de poche : TP 917.  Commentaire critique : BA 9017.  Parties : BA 9017.

Que dire de cette édition des trois quatuors « Razumovsky », sinon qu’elle est monumentale. La partition de poche (pour grande poche…) contient une introduction historique sur la composition de l’œuvre, une préface consacrée aux problèmes éditoriaux, aux sources et aux différentes difficultés d’établissement du texte.  Le commentaire critique, publié séparément en anglais, examine en détail les difficultés rencontrées, en présentant en même temps quelques fac-similés du manuscrit pour illustrer le propos. Enfin, le matériel, particulièrement agréable à lire, complète ce remarquable ensemble.

 

Maurice RAVEL : Quatuor à cordes édité par Juliette Appold.  Bärenreiter Urtext. Partition de poche : TP 413.  Parties : BA 9413.

C’est un grand plaisir de voir le soin avec lequel cette édition Urtext du Quatuor de Ravel a été réalisée. Comme chaque fois qu’elles publient un compositeur français, les éditions Bärenreiter ont la courtoisie de faire une édition trilingue. L’introduction de Juliette Appold est tout à fait passionnante : elle reprend la genèse de l’œuvre, celle de son édition, ainsi que celle des deux enregistrements faits en présence du compositeur. Elle analyse avec beaucoup de finesse les différents paramètres d’interprétation de l’œuvre. Figurent aussi des notes détaillées sur l’édition proposée. Quant aux parties séparées, il est inutile d’en souligner la qualité et la lisibilité… Ce sera désormais, pour ce quatuor, l’édition de référence.

 

Olivier ALAIN : Dithyrambe. Op. 18 pour trompette ou flûte & orgue.  Delatour : DLT1458.

Marie-Claire Alain poursuit la publication de l’œuvre trop méconnue de son frère Olivier dont nous avons parlé dans nos chroniques de mars et avril dernier. Plein de vigueur, ce Dithyrambe est un Allegro maestoso de caractère assez sombre construit sur un rythme obsédant. Il a l’avantage de ne pas nécessiter un orgue imposant puisqu’il se contente des jeux de fonds de 8 et 4 et, à la pédale, des soubasse de 16 et flûte de 8.  De plus, la partition ne présente pas de véritable difficulté. Espérons que cette pièce entrera au répertoire de nombreux duos.

 

Jean-Sébastien BACH : Sonate en trio n°1.  Original pour orgue BWV 525, pour euphonium ou saxhorn (clé de sol en sib, ou clé de fa en ut) & piano ou orgue.  Adaptation : Philippe Fritsch.  Billaudot : G 7777 B.

On ne critique pas une sonate en trio de Bach ! Disons simplement que le texte a été scrupuleusement respecté. L’interprétation avec orgue, si l’organiste sait utiliser une registration adéquate, doit être bien intéressante.

 

Yumi OTSU : Nocturne pour euphonium ou saxhorn (clé de sol en sib, ou clé de fa en ut) & piano ou orgue.  Adaptation : Philippe Fritsch.  Billaudot : G 7778 B.

Cette pièce est davantage de « degré facile » pour l’euphonium que pour le piano qui n’est pas un simple instrument d’accompagnement mais un partenaire à part entière.  Ce Nocturne porte bien son nom, il chatoie de mille étoiles…

Daniel Blackstone

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Philippe ROBERT : Musiques expérimentales.  Une anthologie transversale d’enregistrements emblématiques.  Préface de Noël Akchoté.  « Formes », Le mot et le reste/GRIM (Marseille, www.atheles.org/lemotetlereste).  400 p., ill. n&b, bibliographie, index.  23 €.

En dehors des courants dominants de l’avant-garde savante occidentale, du jazz ou du rock, quantité d’artistes élaborent des musiques expérimentales difficiles à classer et peu diffusées.  D’où l’intérêt de cette anthologie qui nous introduit à l’univers de 101 musiciens ou collectifs, surtout américains, japonais et français.  Sans exclusive, les répertoires commentés privilégient l’improvisation, les technologies électroacoustiques ou une tendance à la spiritualité.  Les notices fourmillent de références culturelles et soulignent l’importance de glorieux modèles tels, parmi bien d’autres, William S. Burroughs, Cage, Fluxus, A. Ayler ou Sonic Youth.  Une lecture stimulante qui donne, avant tout, envie d’écouter.

Paul Gontcharoff

 

Jérôme BASTIANELLI : Felix Mendelssohn.  « Classica », Actes Sud.  10 x 19 cm, 150 p.  16 €.

Adulé de son vivant, Felix Mendelssohn connut, après sa mort, une relative désaffection – « le bel incident de la musique allemande », disait Nietzsche.  Son génie - à la fois classique & romantique, conservateur & novateur, miniaturiste & auteur de grandes fresques - n’est plus aujourd’hui contesté.  Quatre thèmes ont guidé l’auteur de cette intelligente et sensible biographie : la Féerie, les Voyages, la Foi, le Bonheur.  À l’ordinaire de tous les volumes de la collection, celui-ci inclut chronologie, bibliographie et discographie.

Felix Mendelssohn

 

Nikolaï RIMSKI-KORSAKOV : Chronique de ma vie musicale.  Traduit du russe, présenté & annoté par André Lischke.  Fayard.  15 x 23,5 cm, 456 p., ex. mus., 25 €.

Par le plus éminent spécialiste français de la musique russe, voici l’édition enfin intégrale de ces célèbres (et tant controversées) chroniques, dans lesquelles Rimski-Korsakov relate son parcours - depuis ses premiers souvenirs d’enfance jusqu’à deux ans avant sa mort (avec un indispensable complément biographique, septembre 1906-juin 1908).  Où défilent quasiment tous les acteurs de la vie musicale du temps : le « groupe des Cinq » bien sûr, mais aussi le critique Stassov, le chef d’orchestre Napravnik, les frères Anton et Nikolaï Rubinstein, l’éditeur Belaiev, Tchaïkovski, Liadov, Glazounov, Scriabine (sa bête noire), Tchérepnine et bien d’autres.  Riche apparat critique.

 

Jean-Michel NECTOUX : Gabriel Fauré. Les voix du clair-obscur.  2e édition revue.  Fayard.  Relié, couverture souple.  14 x 22 cm, 848 p., ex. mus., cahier d’illustrations n&b.  34 €.

Singulièrement bienvenue en cette année 2009 où L’horizon chimérique - œuvre emblématique du « Modern’ Style » fauréen - sera au programme du baccalauréat (série L), une telle réédition largement renouvelée de la bible du fauréisme rendra, n’en doutons pas, de grands services.  Ainsi que le prédisait l’auteur, en conclusion de son Prélude à la 1re édition (Flammarion, 1990), la recherche sur le musicien a notablement progressé.  Progrès déjà mentionnés au fil des traductions de l’ouvrage, en anglais, japonais, italien et allemand...  Merci aux éditions Fayard d’avoir permis cette indispensable mise à jour.

 

Catherine LECHNER-REYDELLET : Messiaen, l’empreinte d’un géant.  Séguier (www.atlantica.fr).  16 x 24 cm, 370 p., ill. n&b.  30 €.

Coordonnée par la pianiste Catherine Lechner-Reydellet, il s’agit là d’une manière d’hagiographie à plusieurs voix.  Dont celles, notamment, de Louis Thiry, Raffi Ourgandjian, Loïc Mallié, Olivier Latry, Yvonne Loriod, Georges Prêtre, Sigune von Osten, Gaëtan Puaud, Michel Fischer, René de Obaldia, Claude Samuel, Odette Gartenlaub, Michel Fano, Jean-Sébastien Béraud, Bruno Ducol, Iradj Sahbaï, Camille Roy, Adrienne Clostre, Gérard Gastinel, Jean-Louis Petit…  Discographie sélective par Michel Reydellet.

Messiaen

 

Mstislav ROSTROPOVITCH (Entretien de Philippe Ungar avec) : Un silence inspiré.  « Le Feu sous la cendre », Dilecta (www.editions-dilecta.com).  Couverture à rabats, 11 x 16,5 cm, 48 p., photos n&b, CD, 14 €.

Un bref entretien avec le violoncelliste (que l’on peut aussi écouter dans le mini-CD inclus) est précédé des témoignages du luthier Étienne Vatelot (complice du musicien pendant un demi-siècle) et de Nina Apreleff (son interprète en français).  Où Rostropovitch parle notamment de sa découverte de la musique, de la mort, mais aussi du silence qui favorise l’inspiration - lorsqu’un interprète retrouve « les émotions ressenties par le compositeur au moment où il écrivait l’œuvre ».

 

Franck BEDROSSIAN : De l’excès du son. « À la ligne », 2e2m (Tél. : 01 47 06 17 76.  www.ensemble2e2m.com).  11 x 19 cm, 122 p., ex.mus., ill. n&b.  10 €.

Après une « ouverture » signée Pierre Roullier (directeur artistique de l’Ensemble 2e2m), le compositeur Franck Bedrossian (°1971) plaide pour un total saturé, « nouvel idéal de beauté », puis s’entretient avec Omer Corlaix, Raphaël Cendo, Bastien Gallet.  Contributions de Philippe Leroux (« Ce que Franck Bedrossian n’est pas… »), Raphaël Cendo (« Les paramètres de la saturation »), Bastien Gallet (« Franck Bedrossian et le problème du son-événement ») et Alexis Galpérine (« Le quatuor de Franck Bedrossian »).  Biographie, catalogue des œuvres, discographie.

 

Identités musicales.  Cahiers d’ethnomusicologie » n°20.  Infolio (www.adem.ch).  17 x 24 cm, 380 p., ill. n&b.

Outre trois articles généralistes : « Distinction & identité musicales, une partition concertante » (Yves Defrance), « Le goût musical, marqueur d’identité & d’altérité » (Laurent Aubert) et « La construction paramétrique de l’identité musicale » (Nathalie Fernando), ce dossier thématique s’interroge sur les identités musicales en Éthiopie, Kenya, Mozambique, Vanuatu, Yémen, Kurdistan, Turquie, Espagne…  Un entretien avec le sino-musicologue François Picard, un in memoriam Laurence Picken, des brèves et des recensions de livres, thèses, CDs & productions multimédia complètent cette copieuse livraison.

 

Jean-Pierre LABARTHE : Un siècle de musique à La Nouvelle-Orléans.  Jazz, soul, bouncy rap… la ville de toutes les aventures musicales.  Scali (www.scali.net).  15 x 24 cm, 224 p., ill. n&b, 24 €.

Le jazz est né à Tremé ou Storyville, quartiers mal famés de La Nouvelle-Orléans.  Mais la Crecent City (comme l’on disait avant que ne déferlât l’ouragan Katrina) n’en fut pas moins de toutes les aventures musicales populaires du XXe siècle : soul, rock, funk, rap sudiste, etc. Portraits des créateurs de ce patrimoine.  Riches références discographiques & bibliographiques (75 pages).

 

Claude TABARINI : Enveloppes.  Écrits sur le jazz.  Éditions Héros-Limite (www.heros-limite.com), Genève.  Distrib. : Les Belles Lettres.  15 x 21 cm, 196 p., ill. n&b, 24 €.

À Claude Tabarini, quelque quatre-vingts musiciens ont inspiré autant de poèmes en prose – chaque texte étant illustré d’une pochette de disque.  Mais ne nous y trompons pas : il s’agit là d’un authentique écrivain, depuis toujours passionné par le jazz…  D’une étonnante diversité stylistique, ces fragments nous émeuvent souvent, nous séduisent toujours.

 

Frédérique BRIARD (Textes et photos de) : Tiken Jah Fakoly. L’Afrique ne pleure plus, elle parle.  Les Arènes (www.arenes.fr).  Album cartonné, 19,5 x 26 cm, 150 p., ill. n&b et couleurs.  20 €.

Quasiment idolâtré par toute une jeunesse africaine et occidentale, le célèbre chanteur de reggae ivoirien Tiken Jah Fakoly (www.tikenjah.net) s’est fait le porte-parole des sans-voix de son continent.  Ses thèmes de prédilection sont l’injustice, la Françafrique, la corruption, l’excision, les manipulations ethniques…  Spécialiste des musiques africaines, la journaliste Frédérique Briard suit cet artiste depuis plusieurs années.  Sept parties composent l’ouvrage : Cours d’histoire/ Âme rebelle/ Porte-parole d’une Afrique combative/ Journal de la crise ivoirienne/ Philosophie & spiritualité/ Un discours qui dépasse les frontières de l’Afrique/ Ces leaders qu’il ne faut pas enterrer.  Magnifique iconographie.

Francis Cousté

 

POUR LES PLUS JEUNES

Catherine HEYRAUD & François CLERGIRONNET : Les aventures d’Oxybul.  Un conte musical intergalactique.  Bleu Nuit (2, route de Planchoury, 37130 Saint-Michel-sur-Loire. info@bne.fr), 31 p. (+CD encarté).  19,90 €.

Les enseignants ne devront pas passer à côté du « roman picaresque » de C. Heyraud, destiné aux enfants à partir de 5 ans, et réalisé avec le concours de plusieurs écoles et professeurs.  La finalité délibérément pédagogique a été supervisée par une directrice d’école.  Un livret pédagogique d’accompagnement est mis à la gracieuse disposition des professeurs (www.guidecd.com/oxybul).  L’histoire, illustrée naïvement par B. Milhiet, est entrecoupée par la musique originale de Fr. Clergironnet (jazz, swing, variété, berceuse…).  Des acteurs de premier plan s’investissent et réussissent à plonger les jeunes auditeurs dans des atmosphères inouies.  Le jeune martien Oxybul (7 ans) est téléporté sur notre planète.  Tour à tour, il découvre le « moustique qui aime la musique », l’alimentation (bol de chocolat, mouton, bonbons…) d’Alex qui est au CP.  Oxybul est intrigué par les enfants : leur spectacle étrange, leurs combats sans pitié à la récré et la fessée à la maison.  Effrayé, il disparaît et reste dans un égout, où il rencontre « le monstre, ventru et poilu », puis remonte à la surface.  Tous sont endormis, et Oxybul, comme un petit terrien, sur un banc, rêve à sa petite planète rouge.  Il aimerait retrouver Lucien le martien, « avec ses tentacules pour ramper ».  Téléporté près d’un marécage, il découvre la faune sauvage, évoquée par des onomatopées, allitérations fusant de toutes parts et soutenues par des percussions.  L’éléphant lui raconte l’épopée de la Toumba, « danse des braves ».  Notre jeune héros passe sa dernière nuit sur Terre en dansant avec ses amis.  En quelques secondes, le voici à nouveau sur Mars où les vieux sages, en conseil, l’attendent, le félicitent de son attitude sur Terre et lui offrent le scooter inter-galactique qu’il mérite.  Une grande fête termine cette aventure.  Oxybul s’est montré digne d’un Martien.

Édith Weber

 

Isabelle Aboulker & Xavier Frehring : Mon imagier des instruments, Livre-CD, Gallimard Jeunesse musique. 36 p.  14 €.

Voici un charmant livre-CD qui présente aux tout-petits 16 instruments de musique. Xavier Frehring, le créateur de Coco, illustre de façon simple et colorée les instruments.  Isabelle Aboulker, elle, fait découvrir toute la richesse du piano, du violon, de la guitare, du saxophone… grâce à de charmantes mélodies. Un éveil des sens très réussi !

 

Michèle Moreau (récit), Alex Grillo (musique) & Martine Bourre (musique) : Lulu, la mouche et l’chat.  Les p’tits chanteurs de Barbès (chœur d’enfants dirigé par Lousie Marty).  Livre-CD. Didier jeunesse.

Un opéra fantaisiste absolument charmant ! L’adorable Lulu a grandi. Elle est de retour avec une mouche têtue et un chat câlin. Un frigo, une horloge, des oiseaux, des voitures l’accompagnent dans ses pérégrinations. Trois solistes racontent l’histoire à merveille, une rythmique et des thèmes bien définis caractérisent chaque personnage. L’auditeur s’amuse grâce à des effets sonores très étonnants.

 

Neil Ardley : Les instruments de musique.  « Les yeux de la découverte », documentaire Gallimard Jeunesse.  72 p.  14 €.

Les instruments de musique répond à toutes vos questions sur les sons, le souffle, les différentes familles d’instruments.  Très riche en illustrations, ce livre révèle aux plus jeunes la complexité du monde sonore et l’évolution des instruments à travers les âges.  Il s’accompagne d’un site Internet qui propose une galerie de photos libres de droits et une sélection de plus de 100 sites consacrés aux  instruments de musique.

Aurélie Clément

 

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Haut

Ludwig van BEETHOVEN : 9 Symphonies & Ouvertures.  Anima Eterna, dir. Jos van Immerseel.  6 CD Zig-Zag Territoires : ZZT080402.6.

Maître d’œuvre de cet enregistrement, Jos van Immerseel [notre photo] décline lui-même les points qui règlent son engagement esthétique : respect des partitions, emploi des instruments, effectif et tempi prescrits, diapason viennois du temps de Beethoven.  Plus musicologue que musicien, en l’occurrence, il s’attache à comprendre et à restituer l’ambiance musicale du siècle beethovénien et offre ici le résultat de vingt ans de labeur et de recherche, notamment organologiques.  En ce sens, cet enregistrement constitue un indiscutable repère pour tous les admirateurs et amateurs du « grand sourd ».  Le superbe livret joint au coffret participe de cette méritoire et louable entreprise.

Gérard Denizeau

 

Paschal de L’ESTOCART : Octonaires et aultres musicques.  Parnassie Éditions (chemin de Saint-Martin, quartier Chante-Coucou, 84160 Cucuron.  jmi.robert@laposte.net) : PAR 42.  TT : 60’07.

P. de L’Estocart (1539/40-apr.1587) a été redécouvert vers 1950, puis son œuvre a fait l’objet de publications, restitutions, articles et disques.  L’ensemble éponyme a le grand mérite de promouvoir les œuvres de ce musicien de la Réforme.  P. Desaux a restitué des Quatrains de G. Du Faur - comte de Pibrac (1529-1584), président du Parlement de Paris sous Henri III -, dédiés au duc de Lorraine.  Ces pages très intériorisées et méditatives, « fruits de sa philosophie », sont en quelque sorte des mises en garde moralisantes, allant droit à l’essentiel, prônant louange, vertu, honnêteté, silence, paix à respecter.  Dans ses Octonaires truffés de symboles et d’allégories, P. de L’Estocart privilégie la traduction figuraliste des images : eau, glace, rond (symbole du tout parfait)… et des idées : vanité, inconstance…  L’enregistrement comprend également 4 Psaumes : les Ps. 33 Resveillez-vous chacun fidèle (Cl. Marot), plus enlevé ; 119 : Bienheureuse est la personne… (Th. de Bèze) frappant par sa plénitude ; 7 : Mon Dieu, j’ay en toy espérance… (Marot), très émouvant ; et 47 : Revenge moy, pren la querelle… (Marot), très attachant.  Ce CD contient, en outre, 12 Sacrae Cantiones (1582) restituées par P. Desaux, odes évoquant la création du monde, la mort et la résurrection du Christ, vraie « exhortation au chrétien ».  Malgré une pochette un tantinet lugubre, cette excellente réalisation très soignée, respectant la prosodie et la diction d’époque, par des nuances appropriées, l’homogénéité et la justesse de l’émission vocale, fait honneur aux interprètes qui, en toute fidélité autour de Laurent Bajou, se sont mis au service de P. de L’Estocart.

 

Henry MADIN : Les petits motets.  K617 (Le Couvent Haut-Clocher, 57400 Sarrebourg laurent.blaise@lecouvent.org) : K617184.  TT : 57’07.

Le « Concert Lorrain » - créé au Festival international de Sarrebourg - a eu raison de consacrer un enregistrement à Henry Madin (1698-1748), musicien né à Verdun, prêtre puis chanoine, maître de musique des enfants du chœur de la maîtrise à Meaux, et contemporain de S. de Brossard.  Il jouissait d’une excellente réputation au Concert spirituel, puis au service de Louis XV ; il a aussi éduqué les pages de la Chapelle royale.  Ce musicien, mort à Versailles, s’est surtout attaché à la musique religieuse : grands motets, « mottes [sic] à deux dessus avec simphonie et sans symphonie » (1740) qui doivent être chantés aux Saluts par les Cent Filles de la Miséricorde et aussi par les Dames religieuses ».  Ces 13 pièces, typiques de la pratique religieuse à l’École de Versailles au XVIIIe siècle, sont précédées d’une introduction instrumentale créant l’atmosphère.  Par leurs textes latins, elles doivent à la fois instruire et élever les auditeurs.  Le dernier motet est à l’honneur du Roi et de la Reine.  Symphonie (violons, basse de violon, théorbe), solistes et chœur alternent.  Cet enregistrement comprend des pages bien connues, telles le Tantum ergo sacramentum, Domine salvum fac Regem… Elles bénéficient d’une version aérée, transparente, d’une parfaite justesse.  Elles sont interprétées avec grâce, non dénouée de fougue et d’une certaine virtuosité.  D’excellents solistes sont accompagnés (orgue et clavecin) et dirigés par Anne-Catherine Bucher.  Incontournable « défense et illustration » du patrimoine religieux du Grand Siècle.

 

Ghada SHBEIR : Chants Syriaques. Passion.  Jade (43, rue de Rennes, Paris VIe jade@milanmusic.fr) :CD 699 655-2.

Ghada Shbeir, chanteuse libanaise, spécialiste de la musique arabe, diplômée de chant oriental, poursuit ses recherches au Liban, à l’Université du Saint-Esprit.  Titulaire de nombreuses récompenses, elle participe à de nombreux concerts.  Elle a enregistré, dans la chapelle du monastère de Notre-Dame de Tamiche-Liban, des mélodies reflétant les traditions et cultures anciennes transmises oralement, extraites du livre maronite Al Hash.  Ces prières - non utilisées dans les églises actuelles mais toujours vivantes dans les monastères - bénéficient d’une acoustique exceptionnellement réverbérante.  La chanteuse à la voix très profonde souhaitait que ces monodies soient davantage diffusées.  Son contrat est rempli, et les auditeurs pourront suivre la traduction des texte syriaques, arabes.  Ils se familiariseront facilement avec les inflexions mélodiques spécifiques et le débit souple, la diction étant très soignée.  Excellent apport à l’hymnologie syriaque qui ravira les historiens de la musique orientale et les mélomanes curieux.

 

Orgues historiques de Suisse.  Vol. 11 (Tessin).  Sinus (sinus-verlag@bluewin.ch) : 6011.  TT : 64’38.

Pour mettre ses orgues historiques tessinois en valeur, Albert Bolliger a sélectionné quatre instruments.  En général, proches de la facture italienne, ils sont dotés d’un clavier et d’une pédale assez rudimentaire, à l’ambitus restreint.  Leurs buffets très décorés se rattachent à l’esthétique de la Renaissance ou de l’époque baroque, et ne possèdent pas de tourelles.  Le buffet et la façade de l’orgue de l’église paroissiale Santa Maria del Sasso remontant à 1640 sont richement sculptés.  L’instrument daterait de la fin du XVIIIe siècle, la dernière restauration, de1978.  L’église de Bosco-Gurin bénéficie d’un instrument « pour l’essentiel en son état d’origine » (1734-1816), restauré en 1984.  L’orgue de l’église de Monte Carasso, restauré fin XXe siècle, est « en l’état originel, y compris la tuyauterie ».  Celui de la collégiale Bellinzone, à deux claviers manuels, en tempérament inégal, remonterait à 1588.  A. Bolliger a sélectionné des pages appropriées de compositeurs vénitiens : B. Storace, représenté par son Ballo della Battaglia ; B. Pasquini, mieux connu, avec des formes traditionnelles : Toccata, Sarabande… ou encore A. Banquieri (mort c. 1634), G. Paganelli (mort en 1763), V. Bellini (mort en 1835).  Autant de pages de facture traditionnelle mises en valeur grâce à A. Bolliger qui tire le meilleur parti de ces instruments si diversifiés et aux sonorités si attachantes.  Au total : 26 pièces brèves transportant les auditeurs dans le contexte sonore et historique typiquement tessinois.

 

Chants sacrés gitans.  Jade : 699 654-2.

Une production originale de plus à l’actif des éditions Jade, permettant d’initier les discophiles à la culture musicale gitane et hispano-catalane.  Les « Tekameli » se définissent eux-mêmes comme des « Gitans de Perpignan », ayant de solides pratiques chrétiennes.  Ils livrent leur message par la musique, tour à tour teintée de mélancolie, de nostalgie ou de gaîté, sur laquelle plane une extraordinaire ferveur toujours communicative et entraînante.  Ce florilège traditionnel a été remanié dans les années 1950, en assimilant la Rumba catalane, les rythmes de guitares...  Ce programme comprend un choix de 10 chants sur des thèmes divers : amour (« tekameli » signifiant en calo, ancienne langue des Gitans d’Espagne, « je t’aime »), conversion, louange, la Nouvelle Jérusalem, mais aussi joie, fête…  Recommandé à tout amateur avide de curiosité et s’intéressant aux traditions des Gitans dans le Sud de notre pays.

Édith Weber

 

Johannes BRAHMS : Quatuors pour piano, violon, alto & violoncelle op.25 et op. 60. Fauré Quartett.  1CD DG : 476 6323.  TT : 72'34.

Les formations de musique de chambre pour piano et trios à cordes sont rares.  Aussi le jeune Fauré Quartett a-t-il une place toute désignée pour défendre un répertoire lui-même très spécifique.  Après un premier disque consacré aux quatuors de Mozart, il aborde Brahms et deux des trois opus que celui-ci a écrit pour cette formation ; un Brahms immédiatement séduisant et nullement brumeux.  L'opus 25, bien connu, et qui a même été orchestré par Schoenberg, est d'écriture dense au premier mouvement, presque symphonique.  L'intermezzo qui suit est aérien, pris dans un tempo pas brusqué, auquel le trio central apporte une touche nocturne.  Un chant serein marque l'andante comodo, alors que des contrastes, ici bien ménagés, apportent une agréable diversion.  Le rondo alla Zingarese au ton vif, déclamatoire presque, superbement articulé par les interprètes, mène l'œuvre à une glorieuse conclusion. L'op. 60 est de plus vaste envergure, plus rude aussi ; ce qu'expliquent sans doute les circonstances de sa composition : le musicien aux prises avec des sentiments plus qu'affectueux envers Clara Schumann, nourrissait alors des pensées suicidaires.  Ce qui se ressent dans l'allegro initial, intensément passionné et empreint de gravité, et même au scherzo, très libre, dramatique et véhément.  Si l'andante apporte une certaine quiétude, celle d'un chant mélodique profond, un chant d'amour à n'en pas douter, le final retrouve le caractère emporté du début de la pièce.  Les musiciens sont ici, tout comme dans la pièce précédente, démonstratifs de leurs talents de phrasé immaculé et de cohésion interne.  Le délicat équilibre entre le clavier et les cordes est justement achevé, parce qu'ils forment un ensemble rodé et non la réunion de personnalités assemblées ad hoc.  Le prix de ces exécutions, on le doit d'ailleurs aussi à la qualité du toucher pianistique. On pense au Beaux Arts Trio dont la sonorité se distinguait par la délicatesse du jeu de son pianiste.

 

Ildebrando PIZZETTI : Concerto pour piano et orchestre.  Rondo Veneziano.  Aldo Ciccolini, piano.  Orchestre national de Montpellier, dir. Fr. Layer.  Accord Universal : 480 0790. TT : 61’27.

Bien qu’au nom de Pizzetti (1880-1968) soient surtout associés des drames lyriques inspirés de G. d’Annunzio ou de T.S. Eliot, sa production symphonique est loin d’être négligeable.  Le Concerto pour piano de 1930, sous titré « Chant de la haute saison » est marqué par une forte inspiration mélodique tout comme une vraie capacité à créer l’atmosphère de rêve par l’usage de modes antiques et dont n’est pas absent un certain mysticisme.  L’écriture rhapsodique du piano au premier mouvement traduit une grande liberté.  L’adagio introduit par le beau récitatif du piano sur un ostinato des cordes graves se développe en phrases archaïsantes, tant de la partie soliste que du traitement de l'orchestre.  Le rondo final allegro fait contraste, tant il est plein d'entrain, mêlant accents populaires et veine héroïque dans de fréquents changements de modes et de tempos.  A. Ciccolini défend avec panache une pièce exigeante, au discours digne de Rachmaninov, par une interprétation pénétrante.  Purement symphonique, le Rondo Veneziano, créé en 1930 par Toscanini, est fort coloré et richement orchestré.  D’un seul tenant, l'ouvrage abonde en climats animés et en tournures originales, telle une danse stylisée, en forme de forlane, dans sa dernière partie.  L’Orchestre national de Montpellier conduit par Fr. Layer, fait montre de ses éminentes qualités dans ces exécutions captées live lors du festival de Montpellier à l’été 2006.

Laci BOLDEMANN (1921-1969) : Quatre épitaphes.  Hans GEFORS (°1952) : Chants de Lydia.  Anders HILLBORG (°1954) : « ...lontana in sonno... ».  A.S. von Otter, Gothenburg Symphony Orchestra, dir. Kent Nagano.  DG : 00289 477 7439.  TT : 62’53.

La grande A.S. von Otter s’assigne un nouveau défi : faire connaître la musique contemporaine vocale suédoise.  Outre les Quatre épitaphes de Laci Boldemann, sorte de cantate décrivant quatre perspectives différentes sur l'amour et la mort, qui se signale par la relative simplicité du discours, la cantatrice présente les Chants de Lydia de Hans Gefors, cycle de pièces, données enchaînées, chantées tour à tour en suédois, en allemand, voire en français (un texte inspiré du final de Carmen).  L’œuvre est extrêmement exigeante pour la voix qui doit s'imposer au sein d'un attirail orchestral souvent éclatant.  L'interprète dédicataire en relève le défi avec brio.  La révélation du disque, on la trouve dans la pièce de Anders Hillborg, « ...lontana in sonno... ».  Écrite sur des sonnets de Pétrarque, dédiée à l'interprète, il s’agit d' une intense méditation progressant en une lente psalmodie.  Alors que la voix ajustée à la sonorité des instruments s’exprime sans vibrato, le spectre musical est vaste et résonant, comme si le son émanait d'une cathédrale.  Il sen dégage un sentiment de plénitude presque hypnotique.

 

FIESTA !  Pièces orchestrales latino-américaines de A. Ginastera, S. Revueltos, I. Carreno, A. Estévez, A. Marquez, A. Romero, E. Castellano et L. Bernstein.  Simon Bolivar Youth Orchestra of Venezuela, dir. Gustavo Dudamel.  DG/Universal : 477 7457.  TT : 75’57.

Le jeune et bouillonnant chef vénézuélien Gustavo Dudamel a, pour son troisième disque, choisi un répertoire dans lequel il n’a sans doute pas de rival : un florilège de pièces latino-américaines empruntées à son pays natal, mais aussi à la littérature mexicaine et argentine.  Musiques on ne peut plus typées, à l’orchestration foisonnante, aux rythmes dévastateurs, qui peuvent encore se révéler impressionnistes ou distiller l’élégiaque : en tout cas, toujours évocatrices de ces contrées mythiques.  Il dispose d'un orchestre qui est en soi un phénomène : une immense bande de jeunes, voire très jeunes, musiciens dont l’ardeur dépasse l’entendement tant en discipline de jeu qu'en nuances et couleurs sonores.  Le concert, capté live à Caracas, n’est que fête de rythmes, déchaînement de forces brillantes aussi bien que raffinement et transparence du discours.  Notre maestro sait aussi, comme personne, expliquer d'une phrase choc le sens des pièces choisies.  De Sensemaya du mexicain Revueltas, il souligne le primitivisme, « une espèce de Sacre du printemps latin nourri de danses mythologiques des Mayas et Aztèques ».  Dans les variations Margaritena du vénézuélien Carreno, il dit qu’« on sent la plage, l’air, la mer ».  La suite de danses extraite du ballet Estancia de l’argentin Ginastera – peut-être le mieux connu des compositeurs réunis ici – est frappée au coin du chef-d’œuvre tant en est variée la succession de climats et irrésitible le final à la rythmique obsédante.  Mambo tiré de West Side Story, hommage de Bernstein à l’exubérance latine, clôt en fanfare un programme qui ne laisse pas de marbre devant une telle fête sonore. Et pareil tour de force.

Jean-Pierre Robert

 

ABQ / Alban Berg Quartett : Hommage.  5CD EMI Classics (www.emiclassics.com) : 3 97629 2.

Avec cette compilation, un juste hommage est rendu à l’un des tout premiers ensembles chambristes de notre temps.  CD 1 (80’01) : Haydn, Mozart, Hoffstetter, Beethoven.  CD 2 (67’39) : Beethoven, Mendelssohn.  CD 3 (76’10) : Smetana, Janáček, Bartók.  CD 4 (77’30) : Ravel, Berg, Stravinsky, Rihm.  CD 5 (74’19) : Schubert, J. Strauss I, Lanner.  Admirable !

Alban Berg Quartett : hommage

 

Clara SCHUMANN : Romances, Variations.  Robert SCHUMANN : Grande sonate op.11.  Pierre-Alain Volondat, piano.  Saphir (www.saphirproductions.net) : LVC 1085.  TT : 77’30.

C’est au moins autant pour la sonate de Robert que pour les pièces d’une infinie délicatesse de Clara qu’il faut écouter ce précieux enregistrement.  Ayant lui-même travaillé avec une disciple (Vera Moore) de l’un des meilleurs élèves de Clara (Leonard Borwick), Pierre-Alain Volondat sait admirablement restituer le cantabile des pièces de la compositrice, aussi bien que la vigueur rythmique si caractéristique du style de son époux.

 

Gabriel FAURÉ : Quatuor avec piano op.15 (1879).  Ernest CHAUSSON : Quatuor avec piano op.30 (1898).  Quatuor Gabriel (www.quatuor-gabriel.com).  M.A. Recordings, Japan (www.marecordings.com) : MAJ-505.  Integral Distribution.

Bonheur de rédécouvrir dans d’aussi juvéniles et fiévreuses interprétations ces deux chefs-d’œuvre de l’Ars gallica – notamment l’insolite Quatuor de Chausson, que le compositeur lui-même qualifia de « frôlatre » (sic).  Il s’agit ici d’un enregistrement public réalisé, à Tokyo, par François Sochard (violon), Marc Desmons (alto), Renaud Guieu (violoncelle) & Yoko Kaneko (piano), tous quatre lauréats du CNSM de Paris.

            

 

LISZT, DEBUSSY, RAVEL… « Entrée des artistes », nouvelle collection consacrée aux jeunes talents éclos à l’École Normale de Musique de Paris, s’ouvre avec le pianiste chinois Siheng Song (1er Prix Long-Thibaud 2004).  Passavant (www.passavantmusic.com) : PAS 2182.

Pour prodigieuse que soit sa technique, Siheng Song (°1981, Shangaï) n’en fait jamais état.  Aussi est-ce avec un louable sobriété qu’il interprète, de Liszt : Après une lecture de Dante, l’étude n°3 Feux follets, la transcription de la Mort d’Isolde / de Debussy : cinq Préludes / de Ravel : La Valse / de Peixun Chen : La lune sur le lac / de Luting He : Le vacher et sa flûte.  L’un des futurs grands du clavier, assurément !

 

Paul LADMIRAULT (1877-1944) : Œuvres pour chœurs.  Ensemble vocal Mélisme(s), Colette Diard : piano, dir. Gildas Pungier.  Skarbo : DSK 2084.  Integral Distribution.  TT : 75’33.

Sous la direction de Gildas Pungier (également chef de chœur aux Opéras de Rennes et de Rouen), les vingt-quatre solistes du magnifique ensemble vocal professionnel Mélisme(s) s’attachent à faire revivre la musique chorale de grands compositeurs bretons, tels Ropartz, Le Flem ou Ladmirault.  De Paul Ladmirault [notre photo] aujourd’hui, nous découvrons tout un corpus de vingt-sept chœurs : dix Chansons écossaises pour chœur mixte & piano, sept Chœurs à voix mixtes a cappella, trois Chœurs pour voix mixtes & piano et sept Chœurs pour voix de femmes.  Pièces dans lesquelles le compositeur fait preuve d’un admirable sens mélodique et d’une rare virtuosité dans le maniement des tournures modales aussi bien que des modulations.  Mais ne fut-il pas l’élève de Fauré ?  Voilà, en tout cas, un répertoire où tout chef de chœur devrait trouver son miel (www.ladmirault.com).  Un enchantement !

 

François COUPERIN, Claude DEBUSSY, Olivier MESSIAEN (Pièces de) : Les Folies françaises.  Cédric Pescia, piano.  Claves (www.claves.ch) : 50-2719.  TT : 77’52.

Ductilité et délicatesse du phrasé caractérisent l’art d’un artiste franco-suisse dont le pianisme ne laisse pas d’évoquer – au jeu perlé près, toutefois – celui de la grande Marcelle Meyer.  Les œuvres interprétées (de Couperin : Les Folies Françoises et le IVe livre de pièces pour clavecin / de Debussy : 12 Préludes, 2e livre / de Messiaen : Le Courlis cendré) lui sont chères, à l’évidence.  Notons que, pour l’enregistrement des pièces de Couperin, le piano a été accordé selon un tempérament voisin de celui des clavecins du temps : d’où la « pureté » de certains accords (inaccessible dans un tempérament égal) et des possibilités d’expressivité accrues.

 

Max BRUCH : Premier Concerto pour violon en sol mineur, op. 26.  Niccolò PAGANINI : Premier Concerto pour violon en majeur, op. 6.  Alexandra Soumm, violon.  Deutsche Staatsphilharmonie Rheinland-Pfalz, dir. Georg Mark.  Claves (www.claves.ch) : 50-2808.  Integral Distribution.  TT : 61’43.

Sensibilité frémissante et énergie caractérisent le jeu de la toute jeune violoniste française Alexandra Soumm (°1989).  S’honorant déjà de nombreux prix internationaux et de prestations auprès des plus grandes phalanges, elle est, dans ces œuvres de haute voltige, éblouissante.  Nous aimerions toutefois l’entendre dans un répertoire plus contemporain (elle ne s’est jusqu’à présent hasardée que dans des œuvres de Glazounov ou de Barber).  Elle joue ici un splendide Omobomo Stradivarius de 1735.

 

George ENESCO : Concertstück pour alto & pianoJean FRANÇAIX : Rhapsodie pour alto & piano.  Darius MILHAUD : Les quatre visages1re et 2e sonates.  Pierre Lénert, violon alto. Cédric Tiberghien, piano.  Integral Classic (www.integralmusic.fr) : INSO 221.335.  TT : 51’26.

De sa belle Rhapsodie pour alto & ensemble instrumental (créée à Londres, en 1946, par Pierre Pasquier sous la direction de Nadia Boulanger), Jean Françaix fit une version avec piano.  Quant à George Enesco et Darius Milhaud, condisciples (avec le futur grand altiste Maurice Vieux) dans la classe d’André Gedalge, leur œuvre pour instruments à cordes est bien connue.  Darius Milhaud n’est-il pas, notamment, le compositeur qui, au XXe siècle, écrivit le plus pour l’alto ?  De ce dernier, nous avons toutefois découvert les spirituels Quatre visages (La Californienne, The Wisconsonian, La Bruxelloise et La Parisienne).  Trois grands compositeurs admirablement servis ici par deux jeunes interprètes, par ailleurs familiers de la musique de notre temps.

 

Olivier MESSIAEN (1908-1992) : Coffret du centenaire. 6 CD Naïve/Montaigne (www.naiveclassique.com).  TT : 4h51’07.

Voici enfin la compil’ espérée !  CD 1-2 : La transfiguration de Notre Seigneur Jésus-Christ (7 solistes instrumentaux / 2 chanteurs solistes / Chœur de Bruxelles / Chœur et orchestre d’Hilversum, dir. Reinbert de Leeuw.  CD 3 : Visions de l’Amen (Maarten Bon & Reinbert de Leeuw, pianos).  CD 4 : Sept Haïkai, Couleurs de la Cité céleste, Un vitrail et des oiseaux, Oiseaux exotiques (Yvonne Loriod, piano / Ensemble Intercontemporain, dir. Pierre Boulez).  CD 5-6 : Des canyons aux étoiles… (solistes instrumentaux / Asko Ensemble & Schönberg Ensemble, dir. Reinbert de Leeuw).  Un « incontournable »…

 

Dirigée par Denis Dufour, la firme Motus (tél. : 01 42 09 88 18. www.motus.fr) diffuse des œuvres classiques ou inédites du répertoire acousmatique.  Distribution : Abeille Musique.  Voici quelques-unes de ses récentes publications :

Frédéric KAHN (°1966) : Le purgatoire des sens.  Motus : M306008.  TT : 75’33.  Tuilage de paysages vertigineux, crépusculaires, inquiétants et raffinés : Landschaft (1992), Scivias (2001), Ces bouquets d’agonie (1998), L’animal du temps (2000), Sterblich (2003), Machines à remuer les sens (2004), Suite pour glotte (2000), Longueur d’ondes (2005)…  Tels sont les mondes auxquels nous introduit le musicien - également compositeur de musiques instrumentales.

Jean-Louis DHERMY (1950) : Douze miniatures.  Motus : M306010.  TT : 79’05.  Outre ces Douze miniatures (2002), nous sont proposés : Division/Développement (1994), La mémoire du son (2001) et Quatre échos du Père Lachaise (2002).  Pièces aux surprenantes profondeurs « harmoniques ».

Denis DUFOUR (°1953) : Bocalises (1978).  Le lis vert (1983).  Motus : M306011.  TT : 74’03.  Dans Bocalises, on retrouve cette quête d’objets sonores qui tant préoccupa Pierre Schaeffer & Pierre Henry : désintégration/réintégration de sons obtenus grâce à des bocaux de verre (en 19 séquences).  Le lis vert nous plonge, en revanche, dans un univers onirique : minuscules trépidations dont émergent de lentes coulées mélodiques.  Denis Dufour est à l’origine de structures telles que TM+, Les Temps modernes, Syntax, et du festival Futura.

Christine GROULT : Étincelles.  Motus : M306012.  TT : 76’25.  Ayant fait ses classes au Groupe de recherches musicales (GRM) de l’Ina, Christine Groult enseigne aujourd’hui la composition électroacoustique au conservatoire de Pantin.  Sont ici regroupées six pièces volontiers méditatives, d’un constant raffinement – notamment Étincelles « radioactives » (commande de la Fondation Curie), et jusqu’aux Frontières de l’autre (projet de rendre diaphane une « grisaille »).

Alexandre YTERCE (°1959) : Guerres.  Motus : M306013.  TT : 68’50.  Dans ces 5 pièces : Les sept paroles en croix (1990), Le cri de Méduse (2004), Guerres (1992-2002), Intensités (1999) et Frises majeures (1994-1999), rythmes et souffles se mêlent dans une manière de théâtre sacrificiel qu’aurait pu inspirer Antonin Artaud.

    

 

Thomas ROUSSEL : Cellar Door, « opéra en presqu’Un acte », sur une installation de Loris Gréaud.  Livret de Raimundas Malašauskas & Aaron Schuster.  Récitant : Paul Bandey.  Marie Devellereau, soprano.  Orchestre philharmonique de Radio France, dir. Jean Deroyer.  EMI/ La Manufacture du disque.  TT : 35’35.

Occupant - durant 3 mois (de février à avril 2008) - la totalité des 4 000 m² du Palais de Tokyo, le plasticien français Loris Gréaud (www.yvon-lambert.com) présentait Cellar Door, gigantesque organisme généré par une partition que pilotait, en temps réel, un ingénieur.  Ainsi l’exposition était-elle elle-même partition, se prêtant à toutes lectures et réinterprétations possibles… C’est l’histoire d’un « Studio », vaste atelier dispersé dans l’espace et le temps, davantage « usine rêvante » (schizophrénies de la soprane & du récitant - magister ludi) qu’usine à rêves.  Avec l’œuvre de Thomas Roussel (°1979), nous sommes chez le Ravel de Ma mère l’Oye – somptueuses orchestrations… – mais parfois aussi chez Bernard Herrmann ou Lalo Schiffrin (Thomas Roussel n’a-t-il pas, lui-même, composé de nombreuses musiques de film ?).  Dans le magnifique coffret relié, il est répondu, blanc sur noir (en anglais et en français), à toutes les questions que pose cette étrange création.

 

Rive droite/Rive gauche Swing Band meets Daniel HuckLive in Passavant.  Disques Passavant (www.passavantmusic.com) : PAS 2152. 

Avec le concours, en guest star, du saxophoniste Daniel Huck, cette joyeuse bande de six musiciens parisiens (Alain Perreau : cornet / Gérard Chauvin : clarinette & chant / Yves Autret : trombone / Michel Crichton : piano / Bernard Brimeur : contrebasse / Philippe Merville : percussions) recrée 13 standards, mais sans nul esprit de revivance folkloriqueEn témoignent certains de leurs audacieux enchaînements harmoniques…  Plus que jamais nécessaire, un bain d’optimisme !

 

Sarah ASSBRING, alias « El Perro del Mar » : From the Valley to the Stars16 chansons en anglais.  Memphis Industries (www.memphis-industries.com) : MI 1050682. 

Une voix haut perchée, d’une douceur sensuellement dépressive, dans un répertoire et des arrangements souvent minimalistes, telle se découvre à nous Sarah Assbring, chanteuse suédoise indie pop (avatar musical du rock alternatif).  Pour vous faire une religion : www.elperrodelmar.com ou http://elpd.blogspot.com

 

POUR LES PLUS JEUNES

Le Piano pour moi !  23 pièces sélectionnées & interprétées par Roland Meillier.  Arion : ARN64780.

Professeur de piano au CNR de Saint-Étienne, Roland Meillier nous offre ici un large éventail de pièces du niveau requis dans les classes élémentaires des conservatoires.  Œuvres signées Scarlatti, J.-S. Bach, Mozart, Clementi, Beethoven, Schumann, Chopin, Debussy, Fl. Schmitt, Prokofiev, Bartók et Poulenc.  Mais que tout cela est joué de manière tristement scolaire !

 

Jacques HAUROGNÉ chante Francis Lemarque : L’arbre à musique.  Victorie Music/Universal : 301772-8.  TT : 38’36. 

Au fil de son spectacle L’arbre à musique, le délicieux fantaisiste Jacques Haurogné (www.jacqueshaurogne.com) interprétait 14 chansons (pour la plupart inédites) de Francis Lemarque - inspirées par les animaux, les enfants et la nature.  Pour le bonheur de tous, les voici réunies sur CD.

 

Steve WARING : Le retour du matou.  11 chansons originales + un traditionnel (« Jean Petit qui danse »).  Victorie Music (www.club-tralalere.com) : 311772-9.  Distr. Universal.  TT :77’30.

Au banjo, à la guitare acoustique ou à la guimbarde, entouré de ses habituels complices (choristes, ukulélé, percus, basse, mandole, mandoline et dobro), quelle joie de retrouver - dans son répertoire jazzy, poétique et farfelu - l’un des vétérans de la chanson franco-américaine pour la jeunesse.  D’un charme indémodable ! (cf. : www.stevewaring.com)

 

André BORBÉ : Tous formidables. 11 chansons.  Victorie Music (www.club-tralalere.com) : 301773-0.  Distr. Universal.  TT :77’30.

Très belles chansons (d’amour, pour la plupart), musicalement riches et fort bien orchestrées – dans l’esprit, notamment, du jazz-rock…  Mais leur foncière mélancolie sera-t-elle accessible aux très jeunes enfants, public ciblé ?

Francis Gérimont

 

Musiques de Ballet pour petites oreilles.  Naïve Jeunesse.

Une maman feuillette avec sa fille son album photo de danseuse étoile.  Avec elles, de Paris à New York, nous découvrons les arguments du Lac des cygnes, de Giselle, de Roméo et Juliette… Nous nous régalons de passionnantes anecdotes sur l’univers de la danse et le travail de chorégraphe.. Les plus grands compositeurs de musique de ballet sont réunis et les extraits musicaux sont remarquablement choisis. Un voyage incroyable au milieu de ballerines, jetés, tutus et costumes féeriques.

 

Les VOILÀ VOILÀ. Allez Hop hop hop ! CD Naïve Jeunesse.

Ils se nomment Cédric Levaire et Arno Clerc. Ensemble, ils font swinguer la chanson pour les enfants et les amusent avec des textes plein de malice.  Les grands classiques du conte sont, bien entendu, au rendez-vous : la petite sœur que l’on jalouse, le grand méchant loup, et j’en passe. Ils nous offrent une variété musicale très riche : guitare sèche manouche, cuivres façon big band, ambiance steel drums ou chanson douce.  Un univers aux multiples couleurs et influences.

Aurélie Clément

 

DVDs

Richard WAGNER : Das Rheingold. Th. Stewart, Br. Fassbaender, P. Schreier, Z. Kelemen, J. Altmayer, G. Stolze. Berliner Philharmoniker, direction & régie : Herbert von Karajan.  DVD DG : 0440 073 4390.

On sait lattrait du chef dorchestre Herbert von Karajan pour la technique visuelle. Du Ring quil dirigea et mit en scène au festival de Pâques de Salzbourg dans les années 1967-1970, ne fut filmé, et seulement en 1978, que L’Or du Rhin, sur une bande sonore enregistrée lors de la reprise de lœuvre en 1973. Rare témoignage donc de lart de Karajan metteur en scène et de sa conception à la fois classique et épique du geste wagnérien.  La régie était alors encore dominée par la manière de Wieland Wagner à Bayreuth et, tout en voulant sen démarquer, est-il certain que celle du chef autrichien sen inspire largement, quoique avec une recherche visuelle plus affirmée, due à limagerie suggsestive inspirée des décors de G. Schneider-Siemssen, lartisan de tant de productions du chef à Vienne puis à Salzbourg.  La régie a été retravaillée en studio pour la vidéo, et des effets spéciaux ont été rajoutés afin de sapprocher davantage des volontés de Wagner en matière de réalisme : les filles du Rhin évoluant de manière lascive dans les profondeurs du fleuve, lantre flamboyant de Nibelheim dont la prise de vues capte généreusement latmosphère expressionniste.  Quoique la direction dacteurs reste sobre, en particulier lors des scènes mettant en cause les dieux, les moments dramatiques essentiels sont bien saisis grâce à des plans rapprochés évocateurs. Ainsi en est-il de la malédiction de l’or par Alberich. La distribution est prestigieuse, comptant parmi les voix les plus marquantes de l’époque. À cet égard, le Loge de P. Schreier est une révélation, tant la clarté du chant de ce spécialiste de Bach et sa fine intelligence de la scène confèrent au dieu du feu une aura particulière.  Bien sûr, la direction de Karajan est parée de mille nuances et, en tout cas, nullement chambriste comme tant de commentateurs ont cru le déceler lors de la représentation et de la sortie du disque ; ce qui avait le don d’agacer le maestro.

 

Gaetano DONIZETTI : La Fille du régimentN. Dessay, J.D. Flórez, A. Corbelli, F. Palmer, D. French.  The Orchestra of the Royal Opera House, dir. B. Campanella.  Régie : L. Pelly.  DVD Virgin : 519 002 9. TT : 132.

Il aurait été dommage que La Fille du régiment, dans la vision débordante dimagination de Laurent Pelly, ne connaisse pas la large diffusion quautorise le DVD.  Peu, comme ce ludion de la scène lyrique, peuvent parvenir à donner vie à ce qui nest somme toute quune bluette : lhistoire convenue de la vivandière dont tout un régiment – pas moins – est entiché, elle-même amourachée dun beau gars tyrolien.  Et voilà qu’héritière dune riche famille, on veut la marier, éducation faite, à un époux de son rang ! On pensait que cet opéra navait pour lui que l’extrême aisance mélodique inhérente à son auteur et la myriade de contre-ut dont il est paré.  Que nenni : le bel canto nous invite à la vraie fête.  Avec Pelly, cest une idée à la minute, un clin d’œil par ci, une pochade par là ; de la gaieté à revendre et une charge non dissimulée, mais bien tendre au final.  Humoristique en diable, sans une once de vulgarité, à la frontière du paroxysme, mais jamais excessif, le parti pris est vif et léger.  Quel art de traiter les ensembles, de faire de chaque choriste une individualité, ce que la caméra montre à lenvi.  Chaque scène apporte son lot de rebondissements. Et quel coup que davoir réunis les deux fleurons actuels du bel canto ! La composition de N. Dessay est un feu dartifice permanent, qui sait aussi habilement surprendre.  Celle du ténor J.D. Flórez l’égale en brio vocal ; tout comme sa verve pataude le dispute à la piquante allure de la belle.  Nos deux héros sont magnifiquement entourés.  Dès lors ne tient-on pas une perle rare ; ce qui nest pas si fréquent dans le registre comique.

 

Léos JANÁČEK : De la maison des morts.  O. Bär, E. Stoklossa, P. Straka, J.M. Ainsley, P. Hoare, G. Grochowski.  Arnold Chamber Chor.  Mahler Chamber Orchestra, dir. P. Boulez.  Régie : P. Chéreau.  DVD DG/Universal : 00440 073 4426.  TT : 100.

Léminente qualité artistique apportée par léquipe réunissant à nouveau Patrice Chéreau et Pierre Boulez à l’ultime opéra de Janáček a été salué unanimement.  Le DVD restitue et magnifie encore un spectacle dune force dramatique inouïe qui prend dès la première image pour ne plus vous lâcher.  Lœuvre est peut-être la plus théâtrale de son auteur, directement calquée sur la nouvelle de Dostoïevsky.  Si elle ne traite pas une histoire linéaire, elle en raconte plusieurs, bâtie quelle est sur des récits de prisonniers, ces tranches de vie qui habitent la vie du camp.  La prison est présentée ici comme un lieu abstrait dont la topographie des hauts murs se modifie constamment, aux couleurs blafardes, camaïeux de gris, espace intemporel où se côtoient toutes sortes dindividus, où la violence est à fleur de peau, où tel fait insignifiant déchaîne passions, luttes de pouvoir, voire jeux banaux faits de trois fois rien.  Les caractères sont brossés avec acuité, ce que le film rend encore plus tangible grâce à des plans saisis latéralement.  Et lors de la pantomime donnée par les prisonniers, lorsque le théâtre en vient à se faire sur le théâtre, le jeu prend habilement un tour outrancier et se mime à la limite de lambigu.  La force de la dramaturgie tient aussi à ce que les personnages essentiels sont constamment présents, même sils ninterviennent pas directement ; une manière de croiser le destin d’êtres dissemblables, quun fait saillant peut un instant rapprocher.  Les groupes se font et se défont ainsi dans un irrésistible mouvement jusqu’à ce qu’un arrêt sur image fige laction.  La prise de vues livre des images dune fascinante beauté et les interprètes chauffés à blanc donnent le meilleur, et quelques morceaux danthologie.  Si lon ajoute que la musique de Janáček est transfigurée par la direction de P. Boulez, à la tête dun orchestre dont la valeur na pas attendu le nombre des années, il nest nul besoin dinsister plus sur le formidable impact de cette interprétation.

Jean-Pierre Robert

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Haut

Viva l’opera !  Le mercredi 16 avril 2008, sous la brillante direction de Jean-Philippe Sarcos, les 300 choristes et instrumentistes de l’Académie de musique (étudiants des grandes écoles et universités / www.academie-de-musique.com) ont offert, au public enthousiaste du Cirque d’Hiver [notre photo], un concert exceptionnel, pour l’essentiel consacré à au théâtre lyrique italien du XIXe siècle. C’est ainsi que les pages majeures de Nabucco, La Traviata, Aïda, L’Italienne à Alger, Lucia di Lammermoor, Norma, Adriana Lecouvreur, Cavalleria rusticana… ont mis en lumière toutes les facettes expressives du grand opéra italien, de la passion furieuse à l’émotion élégiaque, de la foi patriotique aux délires de la passion amoureuse.  Avec une primauté toujours explicite pour les infinies virtualités de la voix humaine, traitée de façon à mettre aussi bien en valeur la beauté du timbre que la virtuosité de la pratique.  De toutes ces pages très connues, l’impeccable restitution musicale s’accompagnait en l’occurrence d’un soin rare apporté à la mise en scène et aux éclairages, placés sous la direction accomplie de Pierre Catala.

Gérard Denizeau

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Le Festival de Radio France & Montpellier Languedoc-Roussillon.  Pour sa 24e édition, qui se déroulera du 14 au 31 juillet 2008, le Festival de Radio France & Montpellier Languedoc-Roussillon demeure fidèle à ce qui a fait sa prestigieuse réputation : associer la réhabilitation d’œuvres méconnues ou disparues à l’exécution de chefs-d’œuvre établis, mais aussi mêler musique classique et autres types de musiques : soirées jazz, musique électronique, musiques du monde.

Pas moins de trois premières mondiales verront le jour cet été dans la capitale languedocienne : La Esmeralda de la compositrice Louise Bertin, sur le seul livret original de Victor Hugo, tiré de son roman Notre-Dame de Paris, Fedra de Ildebrando Pizzetti sur un livret de Gabriele d’Annunzio, d'après son propre drame inspiré de la pièce d’Euripide, et l’opera seria Salustia de Pergolèse, le premier opéra qu’il ait composé.  Une nouvelle présentation de King Arthur de Purcell, revisité par Hervé Niquet, car basé sur les seuls fragments musicaux, promet d’être un grand moment, dès lors que la mise en scène en sera assurée par le couple Benizio, alias Shirley et Dino, « ces génies de l’improbable et farceurs impénitents » confie le chef d’orchestre enthousiaste.  Côté concerts symphoniques, les diverses formations de Radio France donneront à entendre des pièces d’envergure, tel Le Roi David de Honegger (Orchestre philharmonique et Chœurs de Radio France), Pulcinella de Stravinski et les suites de Roméo et Juliette de Prokofiev (Orchestre national, sous la direction de son nouveau chef, Daniele Gatti).  Tout comme l’Orchestre national de Montpellier prêtera son concours lors d'une soirée associant Mozart et Rimski-Korsakov, Mozart et Salieri, et d’un concert vocal réunissant Natalie Dessay et le ténor Janos Kaufmann dans des duos d’opéras français et italiens.  Sans oublier les chœurs de la Radio lettone, des familiers du festival (Petites messe solennelle de Rossini, dans sa version pour piano et harmonium) et l’Orchestre philharmonique de l’Oural, une formation qui a déjà à son actif bien des succès.

Les grands interprètes internationaux, que ce soient les pianistes Aldo Ciccolini et Christian Zacharias ou les violonistes Vadim Repin ou Augustin Dumay, côtoieront les jeunes talents : le quatuor Psophos, l’orchestre Pelléas, la violoniste Fanny Clamagirand ou le claveciniste François Guerrier.

Le dynamisme de la manifestation montpelliéraine se mesure encore aux multiples autres concerts essaimant en journée dans la ville, hors la cité et même en région, mais aussi à des événements d’importance comme les masterclasses d’Aldo Ciccolini, une exposition de stradivarius au superbe musée Fabre – qui accueille par ailleurs l'exposition Courbet - et enfin un nouveau cycle des Rencontres de Pétrarque de la chaîne France Culture, autour du thème « La politique, ennemie du droit ? »  Fidèle à sa politique d'accessibilité au plus grand nombre, le festival propose l'entrée gratuite pour ces dernières manifestations.  Renseignements et location : 04 67 02 02 01 (du lundi au vendredi, de 12h à 18h).  billetterie@festivalradiofrancemontpellier.com ou www.festivalradiofrancemontpellier.com

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La saison 2008/2009 de l’Opéra-Comique.  L’an II du mandat de Jérôme Deschamps s’annonce encore plus faste que sa saison inaugurale, avec pas moins de huit spectacles, dont seulement une reprise, Zampa de Hérold, qui sera de nouveau dirigé par William Christie.  Singularité de la programmation, forgée sur l’histoire de la maison, l’axe majeur porte sur le répertoire français.  Quatre opéras seront ainsi présentés, aussi divers qu'intéressants.  Zoroastre de Rameau sera donné dans la production du festival de Drottningholm, le Glyndebourne suédois, due à la régie de Pierre Audi et à la direction musicale de Christophe Rousset et de ses fameux Talens Lyriques.  L’opéra-comique Fra Diavolo de Auber, sur un livret de Scribe, nous contera une nouvelle histoire de brigand romantique dont la séduction musicale devrait être révélée par le chef Giovanni Antonini à la tête de son ensemble Il Giardino Armonico, avec une mise en scène de J. Deschamps.  Plus près de nous, Le Roi malgré lui de Chabrier devrait fort divertir grâce à la régie de Laurent Pelly.  Du moins en espère-t-on une impression aussi forte que celle procurée par L’Étoile.  Enfin une nouvelle présentation de Carmen dans le théâtre où l’œuvre fut créée, promet la sensation, avec le tandem John Eliot Gardiner au pupitre et la chorégraphe Sasha Waltz à la régie.  A.-C. Antonacci livrera à n’en pas douter une vision racée de la belle gitane.  On donnera en outre, en ouverture de saison, Didon et Énée de Purcell (W. Christie-D. Warner), puis Albert Herring de Britten, pièce de mœurs inspirée de la nouvelle de Maupassant Le Rosier de Mme Husson, et la création parisienne de l’opéra de Peter Eötvös, Lady Sarashina, dans la production de l’Opéra de Lyon qui fit un triomphe.  Comme déjà expérimenté avec bonheur, ces grands rendez-vous lyriques seront l’occasion d’y associer des événements collatéraux, concerts, contes musicaux, spectacles vidéo, lectures et autres rencontres, en autant de « Rumeurs ».  Renseignements et location : 1, place Boieldieu, Paris IIe.  Tél. : 08 25 01 01 23.  www.opera-comique.com

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L'Opéra de Nancy dévoile sa saison 2008/2009.  Fidèle à sa réputation d’éclectisme et d’excellence, l’Opéra national de Lorraine [notre photo] propose une saison 2008/2009 riche de sept nouvelles productions scéniques, outre divers concerts.  Une programmation généreuse qu’autorise un financement confortable, dont 60 % provient de la ville - ce qui n'est pas si commun actuellement.  Une saison placée sous le signe à la fois de l’Italie, hommage à son directeur musical, Paolo Olmi, de la musique de notre temps, du sourire sous toutes ses formes, même grinçant, enfin de la découverte de nouveaux sentiers.  De quoi satisfaire un public nancéen réputé curieux - et tous les autres !  Au désir de renouveau répond la création mondiale, en ouverture de saison, de Divorce à l'italienne de Giorgio Battistelli, d’après le film culte de Germi, « action musicale pour le crépuscule de la famille en 23 tableaux », dont tous les rôles même féminins, à une exception près, sont attribués à des voix d'homme.  La zarzuela Les neveux du capitaine Grant de Manuel Fernández Caballero, d’après Jules Verne, rarement jouée, même en Espagne, sera l’occasion de se plonger dans les délices de l’univers particulier de ce genre musical, à mi-chemin entre opéra et opérette.  Enfin, Le Tribun de Mauricio Kagel, « dix marches et neuf contretemps pour manquer la victoire », satire politico-musicale, créée en 1979, où le rire se fait féroce, reviendra sous les feux de la rampe avec l’acteur Dominique Pinon, suivant en cela la performance naguère saluée de Richard Bohringer.  Autre curiosité, dans le domaine baroque cette fois, Le Messie de Haendel sera présenté dans une version scénique, vue par Claus Guth, la direction étant confiée à J.-Ch. Spinozi qui conduira son Ensemble Matheus.  Un événement à n’en pas douter.  Le grand répertoire sera italien donc, et représenté par Rigoletto de Verdi et La Cenerentola de Rossini, dans de nouvelles productions dirigées, l’une et l’autre, par P.Olmi.  Idomeneo de Mozart conclura la saison dans la régie de Y. Kokkos, un habitué.  Renseignements et location : 1, rue Sainte-Catherine, 54000 Nancy.  Tél. : 03 83 85 33 20.  http/opera@opera-national-lorraine.fr ou www.opera-national-lorraine.fr

Jean-Pierre Robert

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Au Studio-Théâtre de la Comédie-Française : Trois hommes dans un salon.  D’après l’interview de Brel, Brassens & Ferré, par François-René Cristiani.  Mise en scène : Anne Kessler.  Avec Grégory Gadebois, Éric Ruf, Laurent Stocker et Stéphane Varupenne.  À 18h30, jusqu’au 29 juin 2008. 

En 1969, un jeune journaliste, François-René Christiani, réunissait pour une interview unique trois artisans de la chanson au sommet de leur art, Jacques Brel, Georges Brassens et Léo Ferré (photo : Jean-Pierre Leloir).  Anne Kessler, sociétaire de la Comédie-Française, nous propose de revivre cette incroyable rencontre.  Le rideau se lève sur un studio d’enregistrement enfumé.  Guidés par un journaliste un peu maladroit et sans doute intimidé, les trois chanteurs abordent des thèmes variés, parlent de leur métier, de la mort, des femmes, donnent leur propre définition de la poésie, de l’anarchie, de la solitude, dévoilent leur manière de penser.  Le spectateur est immédiatement séduit par une mise en scène sobre et réaliste, des acteurs touchants qui s’effacent au profit de trois personnalités élégantes, drôles et quelque peu provocantes, parlant avec simplicité, profondeur et réserve de leur vie, de leur art et de leurs rêves.  Une grande réussite.  À voir absolument !

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La chèvre de M. Seguin, un conte musical d’Olivier Penard.  Pour Olivier Penard, jeune compositeur et enseignant [notre photo] la musique est indissociable du public et de la littérature.  Il lit et relit ses classiques.  À vingt ans, alors qu’il débute sa carrière, il croise la route de Blanquette, la petite chèvre d’Alphonse Daudet, auteur qui a inspiré de nombreux compositeurs avant lui.  La chèvre de M. Seguin est un véritable choc.  Olivier Penard est immédiatement séduit par la douceur des sons, la force du drame, la beauté et la musicalité du texte, sa dramaturgie.  Il compose une œuvre pour quinze musiciens et un récitant.  Durant dix ans, il transmet son travail et sa passion lors d’animations scolaires, au collège ou au conservatoire. Aujourd’hui, la partition, publiée aux éditions Jobert, prend vie chez Didier Jeunesse qui publie le livre-disque et le CD.  Olivier Penard continue de tourner dans les classes où il aborde la structure du conte, le travail et les choix du compositeur.

Avant d’aborder la composition, les enfants réfléchissent à la construction de La chèvre de M. Seguin et mettent en évidence les quatre étapes du récit : l’introduction qui présente les personnages, la partie dialoguée entre la chèvre et M. Seguin, la folle journée dans la montagne et l’arrivée du loup.  Ils identifient les trois personnages : la jeune Blanquette, insouciante et rêvant de liberté ; le touchant M. Seguin, père protecteur ; le loup, animal à la symbolique forte.  Ils situent les différents décors : la ferme et le pré où Blanquette vit plusieurs mois avec M. Seguin ; la montagne où la chèvre profite d’une journée de liberté avant de combattre le loup une nuit durant.  Ils prennent conscience de l’accélération dramatique de l’œuvre. Imprégnés des mots de Daudet, ils ressentent ce qui a touché Olivier Penard. Celui-ci leur explique ce qu’il a choisi de transmettre par la musique.  Il leur parle de ses nombreuses lectures du texte de Daudet, des différentes analyses de l’œuvre qu’il a pu lire et dont il a souhaité s’éloigner pour laisser s’exprimer sa sensibilité.

Après l’étude du texte de Daudet, vient la découverte du travail du compositeur.  Olivier Penard parle alors des contraintes qu’il s’est imposées afin de libérer son inspiration.  Tout comme dans Pierre et le loup de Sergueï Prokofiev, il veut faire découvrir les instruments et, plus particulièrement l’art de les marier entre eux.  Ainsi, chaque personnage est apparenté à un timbre et à un groupe de l’orchestre : le pupitre des bois pour la sautillante chèvre, le quintette à cordes pour le mélancolique Seguin, les cuivres pour le loup.  Pour accentuer l’impact de l’entrée en scène du loup, le compositeur se passe des cuivres jusqu’à l’arrivée de ce dernier.  Il a choisi de mettre en musique les différents cadres de l’action : la tranquillité de la vie à la ferme se traduit par une musique de chambre, l’arrivée dans la montagne, violente rupture, est mise en valeur par un déploiement symphonique qui évolue jusqu’à l’apparition du loup.  Olivier Penard a également souhaité mettre l’accent sur la seule partie dialoguée du récit, Blanquette annonce à M. Seguin qu’elle souhaite le quitter, par une quasi-absence de musique.  La voix du récitant, Jacques Bonnaffé, est ici essentielle.

Si le compositeur s’impose des contraintes, il s’octroie également des libertés.  À la tombée de la nuit, par exemple, il fait éclater un violent orage qui n’apparaît pas dans le texte de Daudet.  Mais sa présence sonne si juste que l’auditeur a l’impression de l’avoir lu.  On peut d’ailleurs demander aux enfants de décrire cet orage et d’en définir le sens.  Interrogeons-les aussi sur le combat entre la jeune et frêle chèvre et l’horrible loup.  Quel est ce combat rituel, cette danse de la mort ? Est-ce un rite initiatique ? Qu’a vu le compositeur dans le texte ? Que nous donne-t-il à entendre ? Les interprétations des élèves varient énormément et permettent un débat.

On ne peut aborder La chèvre de M. Seguin sans s’interroger sur la fin tragique de Blanquette.  Comment les enfants la perçoivent-ils ?  La mort est une thématique essentielle du travail de compositeur.  En l’abordant, il souhaite aider les plus jeunes à se construire, à trouver des outils pour l’apprivoiser et ne pas voir en elle que douleur et tristesse.  Il rappelle qu’un compositeur est responsable de son travail et des valeurs qu’il transmet.

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La chèvre de M. Seguin.  Composition & direction artistique : Olivier Penard (www.olivierpenard.com).  Récitant : Jacques Bonnaffé.  Direction musicale : Jean-Michel Despin.  Didier Jeunesse pour le CD & le livre-disque.  Éditions Jobert pour la partition.

                            

Aurélie Clément

 

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En arrière toute !

Les enfants des écoles primaires ne sont pas dans la rue.  Quand ils y seront, en 2015 ou 2020, le mal sera fait, il sera trop tard : les lycéens ou étudiants qu’ils seront devenus n’auront pas eu l’éducation artistique à laquelle ils avaient droit et qu’on leur avait promise.  Je dis bien « é-ducation », c’est-à-dire conduite à travers un parcours qui les fasse sortir d’eux-mêmes en les ouvrant à des pratiques nouvelles pour eux.  En musique comme en pédagogie, on appelle cela « accompagnement ».  Je n’ai pas dit « instruction publique », comme au temps de la première école républicaine, ou comme les produits de remplacement proposés aujourd’hui avec l’intronisation d’une heure d’histoire de l’art (dont il n’y a pas besoin d’être prophète pour deviner qu’elle viendra aisément en remplacement de toute pratique).

Gravissime ? Oui, car si l’on parle musique, ou théâtre, ou peinture, il ne suffit pas de connaître les biographies des grands compositeurs ou des artistes de renom, il ne suffit pas d’avoir vu en reproduction à l’aide d’un vidéo projecteur quelques tableaux de Paul Klee ou Van Gogh, il ne suffit pas d’avoir écouté le Carnaval des animaux ou Pierre et le Loup.  Depuis longtemps on sait qu’un enfant apprend les choses en les expérimentant, qu’il apprend à parler en parlant, à écrire en faisant des rédactions, à gérer son patrimoine de billes ou de bonbons en faisant de l’arithmétique appliquée.

Faire de l’histoire de l’art sans passer aux actes (à savoir chanter, développer un geste rythmique, tenir un pinceau, porter haut et fort une parole en public), c’est raconter les mouvements de la nage en paroles et en images, et laissant à d’autres le soin de les mettre en œuvre dans une piscine.  Repousser après le temps de l’école, dans les structures associatives (c’est-à-dire privées), le temps de l’expérimentation, de la mise en œuvre, c’est sous couvert de libre choix accepter que seuls aient accès aux pratiques artistiques les enfants dont les familles s’en préoccupent ou ceux qui en ont les facilités d’accès.  C’est revenir aux années 1970 et antérieures, en ces époques où il était de bon ton de dénigrer l’école française par rapport aux Allemands ou aux Anglais qui, eux, savaient chanter, parce qu’ils faisaient cela dès leur plus jeune âge dans les structures scolaires.

Et pourtant la France a inventé depuis 25 ans une profession qui a révolutionné les pratiques musicales à l’école, en ville comme dans les terres rurales les plus reculées : le musicien intervenant à l’école. Celui-ci est un praticien de la musique dûment patenté, avec une spécialisation acquise au bout de deux années complètes de formation de haut niveau en matière de pratiques vocales, pratiques collectives, pédagogie, entraînement à l’innovation, aptitude au partenariat.  Ils sont environ 4 000 diplômés en 2008, très souvent employés par les conservatoires et les écoles de musique qui marquent ainsi, à la demande des municipalités, un vrai souci pour l’éducation de tous à travers l’enseignement général.  Dans un rapport largement diffusé émanant d’un inspecteur général de l’Éducation nationale, l’auteur préconise que les familles puissent, pour l’éducation artistique, s’adjoindre les services d’un précepteur qui serait payé selon les modalités en vigueur avec le CESU.  De qui se moque-t-on ?Bien sûr, les responsables de l’Éducation nationale, dans leur réflexe endémique de corporatisme, continuent à dire qu’il n’y a pas besoin de ces professionnels.  Le bulletin officiel de leur organisme les ignore majestueusement : la musique à l’école primaire est faite par les instituteurs.  Sauf que cette fanfaronnade ne tient pas un instant : il n’y a pratiquement plus de formation musicale dans les IUFM pour les futurs professeurs d’école. Si l’enseignant n’a pas bénéficié, par chance familiale ou volonté personnelle, d’une bonne pratique musicale, il n’y a guère de risque que les élèves d’une école primaire s’attaquent à une pièce contemporaine comme celles que proposent les éditions Mômeludies ou dépassent en chanson le niveau du petit pont de bois et de l’enfant au tambour.  Prendre un enfant par la main, a pourtant chanté Duteil, c’est aussi « pour l’emmener vers demain, pour lui donner confiance en son pas ».

Donc « En arrière toute ! » : le ministre de l’Éducation nationale a décidé de supprimer deux heures de cours par semaine, ce qui favorise la politique de réduction des effectifs des enseignants.  Ce qui aura surtout l’effet de pénaliser d’abord les matières « gratuites », c’est-à-dire celles qui ne servent ni à compter, ni à lire, ni à écrire.  Et pour que ça ne se voie pas, on met à la place un cours d’histoire de l’art en nous faisant croire que la priorité à l’éducation artistique est sauvée du naufrage.

De ce fait, tout sera reporté en « hors scolaire ».  On en revient aux temps de l’animation socio-culturelle, on aura des séances de pratiques musicales où seront exclus tous ceux qui dans le secteur rural sont soumis aux horaires des « cars de ramassage » (et où évidemment on n’aura pas un transport supplémentaire pour les 20 % qui souhaiteraient faire de la musique à partir de 17 heures).  On pénalisera tous ceux qui ne s’inscriront pas dans ces temps hors scolaires, à cause d’une image que l’école ne leur aura pas permis de rectifier par une pratique active et dynamisante, avec un musicien intervenant qui sait faire autre chose qu’apprendre à chanter le répertoire des chants patriotiques comme le voulait Jean-Pierre Chevènement.

Mauvaise foi évidente : il faudra que les inspecteurs de l’Education nationale nous expliquent comment une éducation de l’enfant, qui selon eux et à juste titre, doit pouvoir être ressaisie par l’instituteur dans l’ensemble des acquis pour être assimilée (c’est pour cela que les musiciens intervenants sont obligés de travailler en étroite collaboration avec les enseignants), pourra être désormais profitable quand elle sera faite en hors scolaire sans la présence dudit enseignant.

Nous appelons avec vigueur les professeurs des écoles, les musiciens intervenants, les directeurs d’écoles de musique, les maires et adjoints aux affaires scolaires, à ne pas se laisser entraîner dans cette voie catastrophique pour l’avenir de la jeune génération : nous n’en paierons les dividendes que dans 5 ou 10 ans, mais il sera trop tard, les actuels responsables qui nous valent ces périls auront leur retraite assurée et on les aura oubliés.  Ils seront peut-être même bénévoles dans des associations de soutien, mais le mal aura été fait.  Que les motifs qui les animent aujourd’hui soient financiers, idéologiques, ou relèvent de l’incompétence, peu importe : la résistance s’impose par tous les moyens.  Pour les enfants.  Pour la dignité humaine que nous permet de développer l’accès à la culture et la pratique des arts.  Pour l’avenir qui se prépare aujourd’hui et dont on nous demandera compte.

 

Gérard Authelain,
président de la « Plateforme des associations régionales du spectacle vivant »,
ancien directeur du CFMI Rhône-Alpes

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Horizontalement : I. Compositeur et coureur cycliste.  II. Major. Fortiche.  III. Armes de séduction, pas seulement chez Debussy.  IV. Mis au pluriel par Django. A failli faire un four.  V. Femme fantôme.  VI. Initiales de l’orchestrateur de Fantasia. Délimitent le goût. Pour faire démarrer.  VII. Sur la tête du chef s’il s’agite trop. En blue, elle a été composée par Richard Rodgers et chantée par Sinatra, entre autres.  VIII. Sorte de piscine dans le Carnaval.  IX. Plus italien. Mélodie avec pluriel en « er ».  X. Solitude à l’anglaise. Tête à tête italien.

Verticalement : 1. Ville explosive, pas seulement en soirée. Fred Buscaglione a vu passer son eau.  2. Certain. Il est recommandé à Marie de le tremper.  3. Une corde de guitare l’est généralement.  4. Dessinées par Debussy.  5. Fabre d’Églantine dirigea son théâtre. Début du Mandarin merveilleux.  6. Prince qui fit le succès de Danses.  7. Le violon en a une. Brille pour Chabrier.  8. L’âne n’est pas seul à l’entendre. Transfigurée par Arnold.  9. Dans le piano. Solitude à l’italienne. Grande scène new-yorkaise.  10. Du genre Lorelei. Note.

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Solution de la grille n°2 (mai 2008) :

Horizontalement : I. CONCERTANT.  II. OH. MER.  III. ALLARGANDO.  IV. RIEN. AB. EM.  V. IT. TOUS.  VI. NA. ANDANTE.  VII. ENS. DOLCE.  VIII. TI. TINO. RE  IX. TETIN.  NERI.  X. ESTHER. BEN.

Verticalement : 1. CLARINETTE.  2. LITANIES.  3. NOLE. TT.  4. CHANTA. TIH.  5. ONDINE.  6. RIGAUDON.  7. ABSALON.  8. AMN. NC. EB.  9. NEDE. TERRE.  10. TROMPE. EIN.

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Depuis janvier 2008, L’éducation musicale inclut un grand dossier dans chaque numéro. :

  • Le bruit (en référence au programme de l’agrégation de musique)
  • La percussion (dans les musiques contemporaines, électroniques, extra-européennes, actuelles)
  • Activités instrumentales & vocales à l’école (chorales, orchestres, spectacles musicaux)



janvier-février 2008
n° 549-550


mars-avril 2008
n° 551-552


mai-juin 2008
n° 553-554

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Le supplément Baccalauréat 2008. Comme chaque année, L’éducation musicale propose le supplément indispensable aux professeurs d’Éducation musicale et aux élèves de Terminale qui préparent l’épreuve de spécialité « série L » ou l’épreuve facultative « Toutes séries générales et technologiques du baccalauréat ».

Le supplément Baccalauréat 2008 réunit les connaissances culturelles et techniques nécessaires à une préparation réussie de l’épreuve ; il ouvre également sur tous les univers sonores qui nous entourent.

Il peut être commandé directement sur le site de L’éducation musicale :

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La diffusion de notre Lettre d'information mensuelle va s'interrompre en juillet et août.

Retrouvez-nous, chers lecteurs, au Salon de la musique et du son qui se tiendra du 12 au 15 septembre 2008 à Paris Expo, Porte de Versailles, Hall 4.

Aurélie Clément