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mai-juin 2010
n° 566



mars-avril 2010
n° 565



janvier-février 2010
n° 564


Sommaire :

1. Editorial
2. Sommaire du N°566
3. Informations générales
4. Varia
5. Manifestations et concerts
6. Recensions de spectacles et concerts
7. Annonces de spectacles lyriques
8. Quelques échos pianistiques...
9. L'édition musicale

10. Bibliographie
11. CDs et DVDs

12. La vie de L’éducation musicale


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Tant que le son est à fond,

on n’entend pas le monde s’écrouler…

(Lu sur un tee-shirt)

 

Il y a ceux qui croient être heureux parce qu’immobiles.  Et il y a les hystériques du changement…  Mais, au résultat, quelle différence ?

 

Pour nous en tenir aux seuls problèmes d’enseignement, la Rue de Grenelle n’a-t-elle pas dès longtemps prouvé qu’il faut toujours tout changer pour qu’enfin rien ne change ?  Évoquant irrésistiblement la douce Alice qui, au Pays des merveilles, devait toujours courir… pour faire du sur-place !

 

Certes emblématique est le cas de l’Histoire des arts - vieille lune bavarde que font benoîtement mine de découvrir nos excellents hiérarques…  Au détriment, bien sûr, de cette dangereuse école de liberté que constituent les pratiques artistiques – si fâcheusement rétives au consumérisme ambiant, à l’info-spectacle, à la disneylandisation du monde…

 

Lève toutefois une nouvelle espérance, proprement révolutionnaire celle-là !  Espoir en l’Internet - en la blogosphère notamment, qui déjà fait vaciller bien des empires.  Ce fabuleux contre-pouvoir changera-t-il le monde ?  C’est probable.  Mais au prix de quelles convulsions ?  Nul ne peut encore le dire.

 

Francis B. Cousté.

 


Kaija Saariaho ou les espaces prolongés (entretien)

Sylviane Falcinelli

 

Le Festival de Salzbourg, une institution protéiforme

Jean-Pierre Robert

 

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Dossier : « Olivier Messiaen »

 

Quatuor pour la fin du Temps (analyse)

Gérard Moindrot

 

Gagaku, un faisceau d’influences (analyse)

Patrick Revol

 

L’influence d’Olivier Messiaen dans l’œuvre

pour accordéon d’Alain A. Abbott

Jérôme Carayol

 

Roger Muraro en résonance avec Olivier Messiaen (entretien)

Sylviane Falcinelli

 

Olivier Messiaen et Jean Dewasne

Gérard Denizeau

 

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Recensions

 

La grille d’Hélène Jarry

 

 


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 « L’école et le numérique ».  Sur ce thème, un important entretien réunissait, le 19 janvier 2010, Denis Kambouchner, Philippe Meirieu & Bernard Stiegler.  Il peut être écouté et/ou lu sur le site :
http://skhole.fr/entretien-kambouchner-meirieu-stiegler

 

 

À l’Opéra Comique, sont programmés en 2010-2011  : Cadmus et Hermione (Jean-Baptiste Lully), Les Mamelles de Tirésias (Francis Poulenc), Les Fiançailles au couvent (Serge Prokofiev), Cendrillon (Jules Massenet), Le Freischütz (Carl Maria von Weber), Atys (Lully), Re Orso (Marco Stroppa), Les Brigands (Jacques Offenbach).  Autour de chaque opéra s’articuleront nombre de spectacles : « Les Rumeurs ». 
Informations : 1, place Boieldieu, Paris IIewww.opera-comique.com

 

 

 

Leonardo García Alarcón, jeune chef argentin de 34 ans (°1976, La Plata) [notre photo], succède à Jean Tubéry à la direction du Chœur de chambre de Namur et ce, pour un mandat de trois ans.  Créé en 1987, ce célèbre chœur baroque a déjà une trentaine d’enregistrements à son actif, notamment chez Ricercar (œuvres de Lassus, Hayne, Du Mont, Gossec, Grétry, Haendel…).
Renseignements : www.leonardogarciaalarcon.com

 

©DR

 

Jean Sibelius (1865-1957) : Masonic Ritual Music (op. 113) est disponible dans « The Sibelius Edition, Vol. 8 : Orchestral Music / Neeme Järvi, Jaakko Kuusisto, Osmo Vänskä et alii ».  Lahti Symphony Orchestra.  Avril 2009.  BIS Records (Sweden) : n°1921-1923.

 

    

                                                                   Tableau de loge (XIXe siècle)

 

Actions éducatives & culturelles de l’ONIF.  En direction des jeunes publics, l’Orchestre national d’Île-de-France multiplie ses interventions. 
Renseignements :
01 41 79 03 43 . www.orchestre-ile.com

 

 

Saison 10-11 de l’Auditorium du Louvre.  Seront proposés : Cinq cycles de concerts (Concerts du jeudi/ Musiques de chambre/ Grands classiques/ Quatuors à cordes/ Musiques du monde de l’Islam), Un cycle transversal de concerts & de musique filmée (en lien avec l’exposition « Néoclassicisme »), Deux cycles de musiques filmées (Une saison à l’Opéra de Vienne/ Patrice Chéreau et l’opéra), Des manifestations dédiées au public scolaire & familial (Musique filmée « Le piano »/ Spectacle musical « Le grand dépaysement d’Alexandre le Grand »). 
Renseignements :
01 40 20 55 55 www.louvre.fr www.louvre.fr/llv/auditorium/alaune.jsp?bmLocale=fr_FR

 

J.-L.David : Pâris et Hélène ©RMN/Blot

 

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Weepers Circus… Découvrez ce groupe furieusement hors normes… et ses célèbres invités ! 
Renseignements : Éric Kaija Guerrier, tél. :
06 60 53 00 24 www.weeperscircus.com

 

 

Dmitri Berlinsky & l’International Chamber Soloists, ensemble qu’il a créé aux États-Unis, revisitent Astor Piazzolla.  L’ICS comprend des musiciens venus de Russie, Bulgarie, Biélorussie, Lettonie, Corée, Taïwan, Nouvelle-Zélande, Australie, Brésil, États-Unis.

Renseignements : www.internationalchambersoloists.com

 

©DR

 

On recru-û-ute !…

 

Le Conseil québécois de la musique et « Samajan » (école de percussions québécoise, fondée et dirigée par Louis Bellemare), s’investissent dans l’humanitaire. 
Renseignements :
01 47 63 54 82 www.cqm.qc.ca/122/Edition_2010.html ou : www.samajan.biz

 

   

 

« Serge Prokofiev, le journal inachevé », film de Yosif Feyginberg (2008), sera diffusé sur Arte, les 2, 3, 7 et 8 mai 2010.

 

 

Festival du Chablisien.  Sous la direction artistique de Jean-Michel Costal & Mario Hacquard, la 7e saison de ce joyeux festival musico-œnologique se déroulera du 29 mai au 8 juin 2010. 
Renseignements :
03 86 42 80 80 . www.festival.onlc.fr

 

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 « La création musicale en France pendant la Première Guerre mondiale », tel est le thème qui – dans le cadre de la 5e Petite Biennale de musique française – sera développé, le samedi 15 mai 2010, de 9h30 à 16h00, en l’Amphi 122 du Centre Malesherbes [notre photo].  Organisateurs : Philippe Cathé, Florence Doé de Maindreville, Sylvie Douche & Stéphan Etcharry.  À 16h30, en l’Amphi 111, concert par les étudiants de l’UFR de Paris IV, dir. Sylvie Douche.  Entrée libre, au colloque et au concert. 
Renseignements : 108, bd Malesherbes, Paris XVIIe.  Tél. :
01 43 18 41 50 .
  malesherbes.musique@paris-sorbonne.fr

 

 

Festival « Musiques au pays de Pierre Loti ».  Sur le thème Les figures romantiques, cette 6e édition se déroulera - sous la présidence d’honneur de Pierre Bergé - du 10 au 15 mai 2010 .  Sites : Île d’Aix, Rochefort, Saint-Pierre-d’Oléron, Château d’Oléron, Saint-Martin-de-Ré, Breuil-Magné, Châtelaillon-Plage. 
Renseignements :
05 46 47 11 39 . www.festival-mppl.com

 

 

58e Festival de musique de chambre de Colmar.  Intitulé « Musik in Wien », il se déroulera du 12 au 16 mai 2010 .  Compositeur invité : Thierry Pécou [notre photo], dont Soleil Tigre, pièce pour violoncelle & piano, sera donnée en création mondiale (par Marc Coppey & Alexander Melnikov), le dimanche 16 mai, à 15h.
  Renseignements :
03 89 41 71 43 www.festival-lesmusicales.com

 

©DR

 

En hommage au musicologue Jean Maillard (1926-1985), sera donnée la Messe en si mineur de J.-S. Bach, le dimanche 16 mai 2010, à 16 heures, en l’église Saint-Louis de Fontainebleau.

 

 

La 3e édition des « Musicales de Bagatelle » mettra en scène une nouvelle génération de virtuoses.  Elle se déroulera, du 22 au 24 mai 2010 , en l’Orangerie du Parc de Bagatelle (bois de Boulogne).  Sous le parrainage des pianistes Claire-Marie Le Guay & Jean-Claude Pennetier, de la flûtiste Juliette Hurel, des harpistes Marielle Nordmann & Christine Icart. 
Renseignements :
Bois de Boulogne, allée de Longchamp, Paris XVIe.  Tél. :
01 53 33 45 30 .
  www.lesmusicalesdebagatelle.com

 

©DR

 

Olivier Greif (1950-2000).  Pour commémorer les dix ans de la disparition prématurée du compositeur, de nombreux concerts sont organisés, cette année. 
Renseignements : Association Olivier Greif – 22, rue du Petit-Musc,
75004  Paris.  Tél. : 01 48 87 28 27 .
  www.oliviergreif.com

 

…avec Salvador Dali, ca 1975 ©DR

 

« Kuhmo à Paris ».  En avant-première de ce célèbre festival, sera donné, le mardi 25 mai 2010 , à 20h00, en l’Institut finlandais de Paris, un grand concert de musique de chambre présentant des œuvres de Kaija Saariaho, Matthew Whittall, George Enescu, Clara & Robert Schumann.  Avec le concours du Quatuor Enesco et d’une dizaine d’autres interprètes. 
Renseignements :
60, rue des Écoles, Paris Ve.  Tél. :
01 40 51 89 09 .
  www.institut-finlandais.asso.fr ou : www.kuhmofestival.fi

 

Kuhmo Arts Center ©Anu Saikko

 

« Pierre Boulez, un certain parcours ». Salle Pleyel.  Ensemble intercontemporain & Orchestre de Paris, dir.  Pierre Boulez.  Le jeudi 27 mai, à 20h00 : Brève anthologie (œuvres de Messiaen, Bartók, Webern, Berg, Varèse, Debussy, Schönberg, Ravel, Stravinsky).  Le vendredi 28 mai, à 20h00 : Une autre génération (œuvres de Berio, Carter, Donatoni, Stockhausen, Ligeti, Kurtág, Boulez) / Et maintenant ? (œuvres de Jean-Baptiste Robin, Helen Grime, Marc-André Dalbavie). 
Renseignements :
252, fg Saint-Honoré, Paris VIIIe.  Tél. :
01 42 56 13 13 www.sallepleyel.fr

 

©Patrick Berger

 

Centenaire de la disparition de Pauline Viardot (1821-1910).  Pour cette commémoration, « L’opéra au village » (www.loperaauvillage.fr) va remonter Le dernier sorcier, opérette qu’elle composa sur un livret de Tourgueniev.  Partition récupérée auprès de la Bibliothèque publique de New York & de la Bibliothèque de Harvard…  À cette occasion, Bernard Grimonet fera, le 16 mai 2010 , à 18h, une conférence/présentation de l’ouvrage, au Musée Tourgueniev (www.tourgueniev.fr).  L’historienne Michèle Friang donnera également diverses conférences (http ://holmes-viardot.blogspot.com).

 

« Les Frènes », à Bougival ©DR

 

« La Trilogie Mozart-Da Ponte » au Théâtre des Champs-Élysées.  Du 25 mai au 11 juin 2010 , seront représentés Le nozze di Figaro, Così fan tutte et Don Giovanni.  Ensemble vocal de l’Atelier lyrique de Tourcoing / La Grande Écurie & La Chambre du Roy, dir. Jean-Claude Malgloire.  Mise en scène : Pierre Constant. 
Renseignements :
15, avenue Montaigne, Paris VIIIe.  Tél. :
01 49 52 50 50 www.theatrechampselysees.fr

 

 

il Nozze di Figaro

 

Le Florilège vocal de Tours, plus grand rassemblement mondial de chœurs d’enfants & de chorales, déroulera sa 39e édition du vendredi 28 au dimanche 2010.  Avec la participation de 17 chœurs (4 d’enfants, 4 de jeunes et 9 d’adultes) venus de 12 pays : Angleterre, Belgique, Espagne, Estonie, France, Hongrie, Norvège, Pologne, Royaume-Uni, Tchéquie, Singapour, Ukraine.  Plus deux chœurs français invités : Mikrokosmos et Stella Maris. 
Renseignements :
Grand Théâtre – 34, rue de la Scellerie,
37000  Tours.  Tél. : 02 47 60 20 20 .
  www.florilegevocal.com

 

 

Le 30e Festival international de musique d’Auvers-sur-Oise propose, du 27 mai au 2 juillet 2010  : « Arc-en-ciel de sonorités ». 
Renseignements :
01 30 36 77 77 www.festival-auvers.com

 

Église d’Auvers, Van Gogh

 

Festival Agora.  Sur le thème « Prototypes », cette manifestation de l’Ircam se déroulera, sur de nombreux sites parisiens, du 7 au 19 juin 2010 .  Concerts, conférences, films, rencontres, démos… 
Renseignements :
01 44 78 12 40 www.ircam.fr/festival_agora.html

 

 

Maison de l’Amérique du Sud.  Le 21 juin 2010 , de 20h00 à 23h59 : « Fête de la musique ! »  Thème : Argentina musical en el Bicentenario
Renseignements
 : 217, bd Saint-Germain, Paris 7e.  Tél. :
01 49 54 75 35 .
  http://culturel.mal217.org/fr/Agenda/Musique/Fete-de-la-Musique--Argentina-musical-en-el-Bicentenario-3549.htm

 

 

« Days Off ».  Piloté par la Salle Pleyel & la Cité de la musique, ce festival – dédié à des projets spéciaux ou inédits avec des artistes du champ des musiques actuelles (rock à électro) – se déroulera à Paris du 3 au 10 juillet 2010 Avec, notamment : Peter Doherty, Vincent Gallo & Sean Lennon, The Divine Comedy, Cocoon…
Renseignements : 01 42 56 13 13  / 01 44 84 44 84 www.daysoff.fr

 

 

« Les Hauts de Hurlevent » (Wuthering Heights), opéra en quatre actes & un prologue de Bernard Herrmann, d’après le roman d’Emily Brontë, sera créé (en version concert) le 14 juillet 2010 , à l’Opéra Berlioz/Le Corum de Montpellier.  Orchestre national de Montpellier/Languedoc-Roussillon, dir.  Alain Altinoglu.  Avec Laura Aikin, Rodney Gilfry, Vincent Le Texier, Hanna Schaer, Yves Saelens, Marianne Crebassa, Nicolas Cavallier, Carlo Kang.  Il s’agit là de l’unique grand opéra composé par Bernard Herrmann [ci-dessous avec Orson Welles].
  Renseignements :
04 67 02 02 01 www.festivalradiofrancemontpellier.com

 

©The Bernard Herrmann Estate

 

Le 32e Festival de Sablé se déroulera du 24 au 28 août 2010.  L’Académie de Sablé, du 19 au 29 août 2010. 
Renseignements :
02 43 62 22 20.  www.sable-culture.fr

 

         

 

Francis Cousté.

 

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Ludwig van BEETHOVEN.  Orchestre Philharmonia, dir. Riccardo Muti.  Joshua Bell, violon.  Théâtre des Champs-Élysées.

Riccardo Muti retrouvait, l’espace d’une soirée, le légendaire orchestre Philharmonia (orchestre londonien, créé après guerre par Walter Legge, qui vit se succéder à sa tête tous les plus grands chefs et notamment le chef napolitain, dans les années 1970-1980), en compagnie du violoniste américain Joshua Bell [notre photo], pour un programme entièrement consacré à Beethoven.  Le jeune surdoué nous livra une très belle interprétation du Concerto pour violon, composé et créé en 1806.  Un dialogue parfaitement équilibré avec l’orchestre, dirigé par un Riccardo Muti complice et très à l’écoute.  Une interprétation toute en nuance et toucher, sachant associer une remarquable sonorité à un sublime legato, à une virtuosité sans faille, notamment lors de ses cadences personnelles. Un fabuleux bis (Souvenir d’Amérique de Vieuxtemps) concluait cette première partie.  Vint ensuite la Symphonie n°3, dite « Héroïque » composée entre 1802 et 1804, créée en 1805 à Vienne, sous la direction du compositeur.  Riccardo Muti en donna une vision contrastée, nuancée et engagée, permettant de juger de la qualité et de la cohésion de l’orchestre.  Une direction élégante et précise, une belle sonorité de tous les pupitres, un grand orchestre, une grande soirée musicale, conclue par un nouveau bis, extrait de Rosamunde de Schubert, si cher au cœur de Riccardo Muti, qui permit, une fois encore, de mettre en avant le sens des nuances et le phrasé de l’orchestre, et eut pour effet de faire lever la salle pour une ovation bien méritée.

 

©DR

 

Salle Pleyel : Juan Diego FLÓRES en récital, cycle « Les grandes voix ».  Vincenzo Scalera, piano.

Le ténor péruvien était en récital Salle Pleyel, en compagnie du pianiste Vincenzo Scalera, dans un programme associant des œuvres de Cimarosa, Gluck, Rossini, Donizetti, Boieldieu, et quelques zarzuelas (sorte d’opérettes populaires espagnoles) de Soutullo, Serrano et Vives.  Le ténor « rossinien » fut à la hauteur de sa réputation avec des aigus puissants, une technique vocale sans faille, des pianos et un legato d’une sublime langueur, un très beau timbre dans le registre médium, tout particulièrement dans le répertoire de zarzuelas, qui devient, malheureusement, légèrement métallique dans les aigus forte. Ne boudons pas notre plaisir, ce fut un récital très réussi avec un accompagnement au piano, lumineux et quasi orchestral.  Les amateurs pourront retrouver Juan Diego Flóres, tout prochainement, à l’Opéra de Paris, dans son répertoire de prédilection, pour une nouvelle production de La Donna del Lago de Rossini.  Nous y serons.

 

©DR

 

Salle Pleyel : Andrey BOREYKO, un grand chef à la tête de l’Orchestre philharmonique de Radio France.  Anne Gastinel, violoncelle.

Magnifique concert que celui donné par le chef russe Andrey Boreyko, dans un programme entièrement russe consacré à des œuvres de Vladimir Dukelsky, Tchaïkovski et Chostakovitch.  Anne Gastinel a joué les Variations sur un thème rococo de Tchaïkovski.  Interprétation musicalement impeccable, belle sonorité mais d’une froideur sans âme, ne méritant aucun commentaire.  En revanche tout notre intérêt s’est reporté sur le jeune chef, peu connu ou, du moins, peu entendu à Paris, Andrey Boreyko, actuellement à la tête de l’Orchestre symphonique de Düsseldorf, qui a fait ici montre d’une direction particulièrement claire et inspirée dans Zéphyr et Flore, commande des Ballets russes, musique de Vladimir Dukesky (1903-1969), mais surtout dans la 9e Symphonie de Chostakovitch, œuvre peu jouée, créée en 1945 à Leningrad, sous la direction de Mravinski.  Une interprétation originale, revisitée, intelligente, d’une formidable tension, marquant parfaitement l’alternance entre l’atmosphère burlesque et l’effrayante gravité de l’œuvre.  Interprétation qui sut emporter une totale adhésion de la part des musiciens - avec une mention particulière pour les clarinettes, bassons et cordes - et qui mit en avant la belle sonorité, le sens des couleurs et la réactivité du « Philhar ».  Une heureuse rencontre, qu’il conviendra de renouveler.

 

©Marcel Grubenmann

Patrice Imbaud.

 

L'Amant Jaloux à l'Opéra Comique.

André-Ernest-Modeste GRÉTRY : l'Amant Jaloux ou les fausses apparences.  Comédie mêlée d'ariettes en trois actes.  Livret de Thomas d'Hèle.  Magali Léger, Daphné Touchais, Maryline Fallot, Brad Cooper, Frédéric Antoun, Vincent Blier.  Le Cercle de l'Harmonie, dir. Jérémie Rhorer.  Mise en scène : Pierre-Emmanuel Rousseau.

Grétry, un des musiciens préférés de Marie-Antoinette, est-il enfin réhabilité ? En tout cas, bien des atouts étaient réunis pour présenter sa comédie L'Amant Jaloux à l'Opéra Comique, en coproduction avec le Centre de musique baroque de Versailles.  Et d'abord la direction de Jérémie Rhorer, un jeune chef qui s'impose désormais parmi les meilleurs de sa génération.  Le sens de cette musique légère mais pas naïve, il la posséde naturellement : sa vivacité, presque véhémente par endroit, en particulier dans les ensembles qui souvent s'enchaînent à un air ; son originalité aussi comme telle aria accompagné de la mandoline, lui conférant une savoureuse couleur ; la faconde mélodique encore qui fait que, malgré les intermèdes parlés, on n'a pas l'impression d'une rupture musicale.  Son ensemble orchestral, le Cercle de l'Harmonie, fait des merveilles par ses sonorités enjouées. La mise en scène de Pierre-Emmanuel Rousseau ne cherche pas à moderniser ce qui ne pourrait l'être que difficilement.  Plutôt qu'à une reconstitution, il dit s'être livré à une « relecture éclairée ».  Sagement, s'attache-t-il à recréer les atmosphères de la comédie baroque et à trouver le ton juste pour donner vie à ce mélange original de chant et de déclamation, une des marques du genre dit du demi-caractère.  Certes, la trame est mince, un marivaudage amoureux avec ses chassés-croisés et rebondissements prévisibles, mais elle est emplie d'esprit.  Le parodique n'en est pas le moindre trait de curiosité.  La jolie décoration de toiles peintes et le recours à quelque machinerie permettant d'aériens changements à vue aide beaucoup.  Plutôt bons acteurs, les interprètes sont parfois un peu dépassés (Magali Léger) par les contraintes particulières d'une ligne de chant dont on a trop oublié les exigences.  Car les ariettes dont il s'agit peuvent donner lieu à quelque déferlement acrobatique. La spécificité de ce chant raffiné qui mérite lui aussi d'être réhabilité, on la mesure chez tel autre s'en acquittant avec art (Frédéric Antoun).  Le plaisir est alors rare.

 

©Pierre Grosbois

 

Charles Mackerras dirige La Petite Renarde rusée au Royal Opera.

Leoš JANÁČEK : La Petite Renarde rusée. Opéra en trois actes. Livret de l'auteur, d'après Rudolf Tesnohlidek.  Emma Matthews, Christopher Maltman, Elisabeth Meister, Robin Leggate, Matthew Rose, Jeremy White, Elisabeth Sikora.  Orchestra of the Royal Opera House, dir. Sir Charles Mackerras.  Mise en scène : Bill Bryden.

 

©The Royal Opera/Johann Persson

 

Avec La Petite renarde rusée, l’un de ses opéras les plus singuliers, Leoš Janáček mêle mythe, folklore et anecdote.  Au-delà de la fable des animaux aux prises avec les humains, où les premiers tiennent le langage des seconds, tandis que les hommes fantasment au contact du monde animal, voilà un bel hymne à la liberté et à l'éternel recommencement du cycle de la nature.  Évoluant entre comédie et tragédie, la pièce invite à une réflexion sur le sens de la vie et la relativité de toute chose : ces humains si faibles dans leurs sentiments, comparés au volontarisme aventureux des animaux.  D'une formidable concision, le récit est aussi l'occasion d'une fine galerie de portraits dont Fine-Oreille, la renarde espiègle qui n'hésite pas à semer le vent de la révolte chez ses pairs, amoureuse d'un goupil, et si téméraire au prix même de sa vie.  La production du Royal Opera combine habilement réalisme et symbolisme en un compromis que traverse une intense poésie.  Il règne une joyeuse exubérance dans la succession rapide des tableaux souvent joliment chorégraphiés.  Un parfum de légèreté naïve habite la décoration (William Dudley) qui se souvient sans doute de ces délicieuses vignettes dont s'est inspiré l'auteur.  Une amusante machinerie emplit l'espace enchanté de la forêt, son mystère, sa magie : évolution gracile des insectes dans les airs, façon trapèze volant, difficile progression des hommes sur un chemin en forme de roue, pas toujours hospitalier, celui-même de la vie.  Qui mieux que Charles Mackerras, spécialiste de l'idiome de Janáček, peut traduire la fugacité d'une musique si concise et la mélancolie subtile qui l'imprègne ! Son orchestre est une merveille de raffinement. Tout comme est exemplaire la distribution, dominée par le sobre garde forestier de Christopher Maltman et la preste et futée renarde d’Emma Matthews.

 

©The Royal Opera/Johann Persson

 

Tamerlano entre au répertoire du Royal Opera.

George Friderich HAENDEL : Tamerlano Opéra en quatre actes.  Livret de Nicola Francesco Haim.  Kurt Streit, Christine Schäfer, Sara Mingardo, Tara Venditti, Renata Pokupic, Vito Priante.  Orchestra of the Age of Enlightenment, dir. Ivor Bolton.  Mise en scène : Graham Vick.

 

©The Royal Opera/Catherine Ashmore

 

Situé entre Jules César et Rodelinda, Tamerlano est un des opéras les plus sombres de Haendel.  Dans ce drame des extrêmes, deux fous de guerre - le sultan Bajazet défait par l'empereur Tamerlan - prolongent leur barbarie sur le plan psychologique.  Curieusement, c'est le vaincu, Bajazet, qui tient le premier plan.  Son suicide parachèvera la résolution d'un homme préférant la mort à une liberté à la merci du vainqueur.  Autre particularité : ce dernier rôle est écrit pour un ténor, fait peu ordinaire à une époque dominée par les castrats.  Certes, l'intrigue amoureuse occupe une place de choix, mais elle ne distrait que peu de la trajectoire héroïque des deux héros.  La mise en scène de Graham Vick au Royal Opera de Londres mise justement sur ce qui ressortit ici à quelque huis clos racinien.  Au dépouillement de la décoration, d'un fin esthétisme, où dominent le noir et le blanc, répond la sobriété de la gestuelle empruntée au vocabulaire de la tragédie.  C'est que les récitatifs accompagnés, fort développés ici en d'amples tableaux scéniques, construisent un drame intense émaillé d'énergiques confrontations.  Une rhétorique de figuration en second plan permet une fascinante mise en perspective des caractères principaux, dont quelques évocateurs arrêts sur image soulignent la véhémence du combat singulier.  Les interprètes l'habitent de manière saisissante.  Kurt Streit - remplaçant Placido Domingo souffrant - trace un grandiose portrait de Bajazet, phénix déchu, défiant l'adversaire d'hier.  Un florilège de rôles féminins, maniant à la perfection ces folles ornementations que Haendel distille sans ménagement, enlumine l'opéra : radiance des sopranos, Christine Schäfer en particulier, couleur moirée des voix graves, dont la contralto Sara Mingardo.  Voilà une démonstration de vocalité exigeante, soutenue par les sonorités généreuses d'un orchestre baroque de haut vol sous la direction avisée, même si un brin guindée, d’Ivor Bolton.

 

©The Royal Opera/Catherine Ashmore

 

Treemonischa, entre opéra et romance américaine.

Scott JOPLIN : Treemonisha.  Opéra en trois actes.  Livret du compositeur.  Orchestration de Gunther Schuller.  Adina Aaron, Stephen Salters, Willard White, Grace Bumbry, Loïc Félix.  Ensemble orchestral de Paris, dir. Kazem Abdullah.  Mise en scène : Bianca Li.

 

 

L'initiative était certes intéressante de présenter Treemonisha de Scott Joplin, une pièce quasiment inconnue en France.  Terminée en 1911, elle attendra même un quart de siècle pour voir les honneurs d'une production professionnelle (en 1975 au Houston Grand Opera).  Scott Joplin, connu pour être « le roi du ragtime », a voulu composer avant tout quelque chose de sérieux, un opéra afro-américain par son sujet, sur le modèle européen par sa facture.  À défaut d'action structurée, la pièce livre un message, lui-même multiple : un conte moral où il ne sert à rien de rendre le mal pour le mal ; l'intérêt de l'intégration des minorités, en l'occurrence une petite communauté noire de l'Arkansas ; la victoire de l'éducation sur la superstition, à l'aune du destin de cette enfant trouvée au pied d'un arbre, élevée par des parents adoptifs, qui sera appelée, du fait de son niveau d'instruction, à guider un groupe en mal de reconnaissance, encore bien proche des croyances de sorciers habitant la forêt.  Reste qu'il s'agit de trouver quelque unité à ce qui est disparate, un patchwork mêlant sermons, débordements emphatiques, danses rituelles.  Musicalement, la partition ne manque pas d'intérêt avec son mélange de styles et ses grands passages choraux, même si l'inspiration souvent retombe.  En tout cas, le chef Kazem Abdullah fait au mieux pour lui donner vie et l'Ensemble orchestral de Paris réussit à donner une belle saveur à la soirée.  La couleur, on la trouve à profusion dans la décoration de Roland Roure qui stylise avec fantaisie un univers onirique.  La mise en scène de la chorégraphe Bianca Li mise sur le premier degré naïf, et les protagonistes sont dirigés minima.  Les choses ne s'enflamment que lors des passages dansés où l'on retrouve l'entrain communicatif de mouvements décalés, sans cependant atteindre la fulgurance à laquelle on s'attendait.  La distribution qui aligne vedettes opératiques - voire même vétérans (Grace Bumbry) - et jeunes recrues, pèche par son manque de relief et quelques fâcheries avec la justesse.  Seul Willard White se tire d'affaire grâce à l'aura et au métier qu'on lui connaît.

Jean-Pierre Robert.

 

 


Haut

 

La Donna del Lago à Garnier

C'est avec un Rossini rare, empruntant à la veine seria, que va se clore la première saison de Nicolas Joel à l'Opéra de Paris.  D'après le roman de Walter Scott, La Dame du Lac (1819) narre une belle histoire d'amour sur fond de chevalerie et d'univers fantastique d'un loch écossais.  Pleine d'élan, la musique préfigure le drame romantique italien.  Surtout, elle enveloppe un chant élégant qui s'épanche en autant de cavatines fleuries et d'ensembles enlevés dont les chœurs ne sont pas le moindre fleuron.  Une distribution prestigieuse de spécialistes du bel canto rossinien et une équipe artistique de premier plan devraient conduire au succès cette « création » scénique parisienne.  Opéra Garnier, les 14, 18, 21, 24, 30 juin, 2, 5, 7, 10 juillet 2010 à 19h30 ; le 27 juin à 14h30. 
Renseignements :
02 92 89 90 90. www.operadeparis.fr

 

Ezio Frigerio : Maquette du décor

 

 

Lever de rideau sur la saison 2010/2011

 

Une riche saison à l'Opéra Comique.

 

©Opéra Comique

 

L'Opéra Comique qui, selon son directeur, est « un lieu de renouveau du répertoire », propose une saison marquée au coin de la fantaisie.  L'incontestable événement en sera la « recréation » de la production mythique de Atys de Lully qui, en 1987, avait marqué la renaissance du Baroque sur les scènes françaises et révélé celui qui allait devenir un de ses plus grands défenseurs, William Christie.  Celui-ci reviendra diriger et Jean-Marie Villégier reprendra sa mise en scène (du 12 au 21 mai 2011).  Autre pièce de Lully : on reprendra Cadmus et Hermione qui connut un beau succès dans la régie proche de la reconstitution historique due à Benjamin Lazar (du 29 novembre au 5 décembre).  Les autres nouvelles productions témoignent de l'ambition artistique affichée : Cendrillon de Massenet reverra enfin le jour dans le théâtre où il fut créé.  Ce sera sous la direction de Marc Minkowski et dans une mise en scène signée de Benjamin Lazar (du 5 au 15 mars).  Autre grand chef habitué de la salle Favart, John Eliot Gardiner dirigera Le Freischütz de Weber, dans l'adaptation française due à Berlioz (du 7 au 17 avril).  La pochade humoristique Les Mamelles de Tirésias de Poulenc, créée dans ce théâtre en 1947, sera donnée - avec Le Bœuf sur le toit de Milhaud - dans une mise en scène de Macha Makeïeff, coproduite avec l'Opéra de Lyon (du 7 au 13 janvier).  Les Fiançailles au couvent de Prokofiev, magistrale pièce comique, viendront du Capitole, sous la baguette de son chef Tugan Sokhiev (du 28 janvier au 3 février).  Un autre opéra bouffe, d’Offenbach, Les Brigands, sera monté dans la mise en scène naguère créée par les Deschamps pour l'Opéra de Paris (du 24 juin au 2 juillet).

Désormais fidèle à sa politique de création, la Salle Favart donnera, en première mondiale, deux pièces : Cachafaz, « tragédie barbare » d'Oscar Strasnoy, sur un texte de Copi (les 13 et 14 décembre), et Re Orso - Le Roi Ours -, « fable musicale » de Marco Stroppa, d'après le poème d’Arrigo Boïto (du 9 au 15 juin).

Enfin, les spectacles lyriques seront l'occasion des incontournables « Rumeurs » en forme de concerts, dont un partenariat avec le Philharmonique de Radio France, spectacles et autres récitals donnés en miroir.  À noter encore des rencontres et colloques qui font de cette salle un lieu d'échanges unique.  Formules d'abonnements, passeport jeunes. 
Renseignements : 1, place Boieldieu, 75002 Paris.  Tél. : 0825 01 01 23.  www.opera-comique.com

 

La saison 2010-2011 à La Monnaie de Bruxelles.

 

©La Monnaie

 

La prochaine saison de La Monnaie est placée sous le signe du diptyque tolérance-intolérance.  Car aussi bien, note son directeur, Peter de Caluwe, « le répertoire lyrique est un réservoir d'œuvres en écho avec cette thématique ».  Des présentations scéniques, sûrement engagées, l'illustreront amplement.  De Meyerbeer avec Les Huguenots (du 11 au 30 juin 2011, mis en scène par Gilbert Py et sous la direction de Marc Minkowski) à Luigi Nono et Intellorenza 1960 (les 27 et 29 avril), de Yvonne, Princesse de Bourgogne (création belge, du 9 au 21 septembre 2010, dans la superbe mise en scène de Luc Bondy - vue à Garnier - sous la direction de Patrick Davin) à Katia Kabanova (du 26 octobre au 14 novembre, régie de Andrea Breth) ou encore à Nabucco (les 26, 28, et 30 avril), violence et intolérance se partageront ainsi l'espace dramatique.  Le rattachement au thème est sans doute plus ténu avec Parsifal où domine l'idée de compassion (du 17 janvier au 20 février 2011, sous la baguette toujours inspirée de Harmut Haenchen et dans une mise en scène de Romeo Castelluci), ou encore La Finta Giardiniera de Mozart qui magnifie l'idée de pardon (du 13 au 30 mars, dans une reprise de la régie de Karl et Ursel Herrmann, et sous la direction de Jérémie Rhorer, décidément très courtisé ces temps), voire La Bohème (du 10 au 31 décembre 2010, dans une mise en scène de Andrea Homoki et sous la direction de Carlo Rizzi).

On donnera encore deux pièces du compositeur japonais Toshio Hosokawa : la création mondiale de Matsukaze (du 3 au 11 mai, dans une régie de Sasha Waltz) et une reprise de Hanjo, créé en 2004 à Aix-en-Provence (du 10 au16 avril, mise en scène de Teresa De Keersmaeker).  Une exécution en concert de Così fan tutte sera l'occasion d'apprécier l'art unique de René Jacobs qui dirigera le Freiburger Barockorchester (21/9).  Enfin, des récitals proposeront les voix d'or de Marie-Nicole Lemieux (16/9), Sally Matthews (11/10), Christine Schäfer (17/12), Mark Padmore (10/1), Stéphane Degout (12/2), Andrea Rost (18/4) et Thomas Hampson (4/6).

C'est donc une saison éclectique, riche d'événements et d'inattendus, qui se prépare à Bruxelles et que soude l'idée qu'« une réflexion sur les thèmes de la tolérance et de l'intolérance est une réflexion sur les conditions nécessaires à une vie commune, à la coexistence de la diversité » (ibid.).

Renseignements : La Monnaie/ De Munt - 23, rue Léopold, B-1000 Bruxelles.  Tél. : 00 32 70 23 39 39.
www.lamonnaie.be

 

Jean-Pierre Robert.

 

 

 

 


 

Quelques échos pianistiques...

 

...avec Chopin

La saturation nous menaçant dès le premier trimestre de l'année Chopin – qui occulte l'autre bicentenaire, celui de Schumann ! -, encore faut-il que les nombreux marathoniens de ce parcours obligé nous apportent autre chose qu'élégante musicalité de jeunes filles en fleurs.

Ainsi François Chaplin (Salle Gaveau, le 16 mars 2010), fort de cette sonorité chaude, aux prolongements profonds, que nous aimons retrouver chez lui, réussit-il à nous faire encore découvrir des paysages ombreux dans les Nocturnes ; il s'attache aux replis de l'âme qui se nourrissent d'une gravité autrement plus expressive que les séductions belliniennes déliées par des doigts plus virtuoses – mais parfois plus superficiels –  que les siens.  Lesdits Nocturnes l'avaient déjà engagé dans un parcours discographique (chez Mandala, octobre 1998) ; il accomplit aujourd'hui l'intégrale de ce journal intime savamment médité chez Zig-Zag Territoires (ZZT 100203.2), avec un sens des climats dramatiques que sert le choix d'un beau piano Yamaha à la sonorité accordée au ton du pianiste.

 

François Chaplin, DR

 

Mais un véritable événement de l'année Chopin se déroula paradoxalement dans un lieu confidentiel et inadapté, sur un piano encore plus inadapté, et par un artiste qui sait si bien contourner les incontournables. Le magnifique musicien qu'est Jean-Claude Pennetier aura, au fil des ans, voyagé à travers les répertoires les plus inusités aussi bien que préservé des ancrages « classiques », passant aisément de la musique contemporaine à la musique de chambre. Sacrifiant à son tour à l'anniversaire chopinien dans le petit cinéma reconverti de L'Archipel qui organise un cycle Chopin-Schumann, Jean-Claude Pennetier (26 mars 2010) prenait le parti de nous faire redécouvrir la densité du message contenu dans des pages si souvent galvaudées, à la lumière de tout ce que son acquis dans la musique d'aujourd'hui lui fait entrevoir « d'au-delà du temps ». Devant vaincre l'agressivité disproportionnée d'un Fazioli (parfois malmené par d'autres pianistes !) dans cette petite salle à l'acoustique non conçue pour le concert, il entreprit de timbrer avec une intense musicalité la moitié de son programme dans la pédale « una corda » : le résultat était stupéfiant de mystère et de chaleur, sans appauvrissement de l'émission instrumentale – bien au contraire ! – tant il préservait une homogénéité de « grain » sonore à travers la palette des nuances.  En somme, la signature –audacieuse – d'un grand pianiste.  Le spectacle prenait l'apparence d'un salon littéraire, grâce à l'excellent choix de textes opéré par la comédienne Marion Maret (Proust, Mickiewicz, Baudelaire, choix de lettres et d'articles...) ; sa diction très claire n'était pas exempte d'une malice de bon aloi lorsque certaines réactions « datées » resurgissaient de temps révolus.

Concernant l'actualité discographique de Jean-Claude Pennetier, nous recommandons chaudement de suivre son intégrale Fauré chez Mirare (Vol. 1 : MIR 072 ; le Vol. 2 sera enregistré en 20I1).

 

Jean-Claude Pennetier, DR

 

...ou sans Chopin

On est tout de même bien heureux que certains artistes se souviennent... qu'il n'y a pas que Chopin dans la vie d'un pianiste !

Ainsi Philippe Cassard – un musicien à la pensée toujours en action – se penchait sur les derniers recueils de Brahms qui ont fait l'objet de son récent disque.  Son programme de l'Athénée-Louis Jouvet (30 mars 2010) construisait une généalogie inattendue, de Schumann à Brahms, puis à Webern (Variations op.27).  Certes, la plénitude harmonique de la Fantaisie op.17 de Schumann prépare à la densité du langage concentré sur l'essentiel par lequel Brahms a confié au piano le poids d'un vécu sans concessions ; mais le traitement du son épars au milieu du silence qui caractérise l'écriture sérielle de Webern, semble une conséquence extrême, voire apparemment antagoniste (mais « apparemment » seulement), de la concentration brahmsienne : ainsi jette-t-il des lueurs inusitées sur l'équilibre de ce récital.  Rien ne comble plus que d'entendre les vingt pièces ultimes de Brahms à la suite, comme sur le disque de Philippe Cassard (Accord 480 3412) : les réflexions intimes s'y parent de détours harmoniques, d'audaces imprévisibles, d'interrogations suspendues, d'affirmations véhémentes ; elles invitent à aller chercher la sève musicale au fond du clavier, dans ces graves profonds qui soutiennent toujours l'édifice brahmsien.  L'intelligence musicale, la beauté du son, la vérité des atmosphères par lesquelles Philippe Cassard les cerne, laissent une émotion durable.  C'est un disque auquel on revient avec ferveur.

 

Philippe Cassard, DR

 

Le jeune virtuose qui a le vent en poupe s'appelle Bertrand Chamayou : son mérite, dans l'avalanche de propositions dévalant vers lui, est de conserver du temps pour la musique contemporaine et la pratique chambriste.  Sa formidable technique fait merveille dans Liszt ; on a encore pu le constater lors des deux récitals qu'il a donnés, l'un au Théâtre du Châtelet (7 mars 2010), l'autre dans le cadre acoustiquement et architecturalement plus inspirant – mais hélas de capacité réduite – du prieuré de Saint-Cosme où vécut Ronsard (20 mars 2010).  Des effluves de l'Année suisse de Pèlerinage puis un détour par Venezia e Napoli nous ont permis d'apprécier la très précise réponse de l'articulation qui assure une limpidité parfaite aux traits, ainsi que la beauté d'une sonorité à la luminosité sensible assortie d'un romantisme très épuré dans l'interprétation.  On s'avoue moins convaincu par la manière dont Bertrand Chamayou aborde César Franck : Prélude, Choral et Fugue figurait au programme de ces récitals comme de son dernier disque (Naïve V 5208, comportant aussi Prélude, Aria et Final) ; malgré la très intelligente préface de sa plume introduisant celui-ci, le jeune pianiste semble négliger le terreau organistique de l'écriture franckiste.  En un mot, son Prélude manque de 16 (voire de 32) pieds.  L'artiste s'attache à faire trop « joli » dans une musique qui requiert de la puissance et de la profondeur.  On se lasse vite d'entendre un Franck émasculé, tiré vers une esthétique du son à la française, avec des afféteries lorgnant vers des poses impressionnistes, lui dont le pianisme d'essence « symphonique » transmet l'influence de ses ascendances allemandes.  Passons sur l'authentique version en duo de Prélude, fugue et variation avec l'abominable son d'accordéon d'un harmonium tenu par Olivier Latry, et notons que le moment marquant du disque est à chercher dans Les Djinns où – plus encore que dans les Variations symphoniques – Stéphane Denève, à la tête du Royal Scottish National Orchestra, entraîne le pianiste par sa propre flamme.  Il n'aura échappé à personne que les meilleurs chefs français (Bertrand de Billy, Stéphane Denève, d'autres encore...) font de brillantes carrières à l'étranger – carrières pleinement méritées – alors qu'il leur est quasiment dénié le droit de monter sur un podium français (chacun sait que le plus anonyme des Américains fait mieux dans le tableau qu'un Français : ô snobisme, quand tu tiens les institutionnels – les zinzins comme disent les financiers lorsqu'ils soulignent dans leur malicieux jargon l'allitération des-z-investisseurs-z-institutionnels...).

 

Bertrand Chamayou ©DR

 

...à deux pianos

Le triomphe le plus éclatant de ce mois pianistique couronnait le concert en duo de Brigitte Engerer et Boris Berezovsky (Salle Pleyel, 27 mars 2010).  De fait, la rondeur de la sonorité charnue de Brigitte Engerer surclasse l'attaque plus métallique de son partenaire, ce que l'échange des pianos d'un artiste à l'autre permettait de vérifier au fil du programme.  Il n'en est pas moins évident que la qualité « fusionnelle » de leur duo, quant à la réponse musicale, résulte d'un « arbre généalogique » commun : celui de l'école russe.  Les cinq années passés par Brigitte Engerer au Conservatoire de Moscou auprès du légendaire Stanislav Neuhaus, en ont fait une digne représentante du puissant pianisme russe. Rien ne pouvait mieux s'accorder au somptueux programme Liszt-Rachmaninov de la soirée : les deux artistes déchaînaient un romantisme « déboutonné », libéré, dans le Concerto pathétique pour deux pianos de Liszt, un entrain pétulant dans la Rhapsodie hongroise n°2 arrangée à 4 mains en 1874 (entrain tout aussi piquant dans une succession de « bis » puisés aux sources populaires russes ou américaines).  Leur interprétation s'avérait saisissante par l'électrisante vivacité gouvernant les virages rythmiques et expressifs négociés comme par une seule tête.  Quant aux deux Suites pour deux pianos de Rachmaninov, elles recevaient une interprétation idéale, tant l'ampleur du flux se déversant d'un clavier à l'autre, l'enthousiasme communicatif, l'harmonie des sentiments, parcouraient d'un seul élan la variété de climats s'y succédant.  Il y a une jeunesse bondissante dans la complicité entre Brigitte Engerer et Boris Berezovsky, en même temps que le poids d'une longue pratique d'artistes expérimentés. Le public ne s'y est pas trompé, les ovationnant d'un seul cœur.

 

 

La « Saison Blüthner », organisée par la fabrique de pianos du même nom pour promouvoir ses instruments, nous donnait à entendre en duo Jonas Vitaud et Juliana Steinbach (22 mars 2010 au Théâtre de l'Athénée-Louis Jouvet).  On passera sur le fait que les pianos Blüthner souffrent encore d'une résonance un peu courte, qui tronque l'expansion sonore de leur bouquet d'harmoniques, et que les sonorités des duettistes n'étaient guère très assorties, celle de la jeune femme s'avérant un peu gracile par rapport à l'étoffe plus virile de son partenaire.  Un beau programme Debussy-Ravel-Stravinsky (à 4 mains, en solo, à deux pianos), maîtrisé avec une très sûre réponse technique, mettait en valeur l'engagement des deux artistes dans le répertoire moderne.  Jonas Vitaud – qui, par ailleurs, a résolument choisi de consacrer une part de son activité aux compositeurs vivants – sait efficacement tirer des ressources orchestrales du clavier, qu'il s'agisse des quelques pages de Debussy qu'il a jouées en solo, ou de la transcription pour deux pianos du Sacre du printemps.

 

Juliana Steinbach, DR

 

 

...et plus si affinités

Saisissons l'occasion d'attirer l'attention sur le premier disque (Oehms OC 730, distr. Codaex) de Jonas Vitaud associé à Julien Dieudegard (violon) et Noémi Boutin (violoncelle) pour former le Trio Cérès : écoutez comme le 1er mouvement du Trio op.120 de Fauré chante, respire, enfle ses voiles, avant la chaude intimité enveloppant la mobilité harmonique de l'Andantino, puis l'imprévisibilité des sinuosités virevoltantes de l'Allegro vivo.

Le Trio de Ravel appellerait maintes réflexions sur ce que des interprétations différentes font ressortir derrière le masque d'une architecture rigoureuse : le Trio Cérès privilégie des qualités de translucidité du son, de fluidité du propos, de mystère de l'attente harmonique (Modéré), d'élégance (Pantoum), de mélancolie sublimée (Passacaille), de véhémence contrôlée (Finale), là où, par exemple, le trio Frank Braley – Renaud et Gautier Capuçon (Virgin) allait chercher de bouleversantes couleurs dépressives et une ampleur de sonorité quasi « symphonique ».

On pourrait esquisser de similaires confrontations en écoutant ce « classique » de la musique de chambre contemporaine qu'est le Trio de Philippe Hersant : Variations sur la « Sonnerie de Sainte-Geneviève-du-Mont » de Marin Marais (1998).  La version de Jonas Vitaud et de ses partenaires fait errer des silhouettes fantomatiques, se nouer des écharpes de brume, entre les rappels de volées de cloches.  Les trois jeunes artistes équilibrent fort bien leurs timbres en glissant d'une évocation rêvée à des réminiscences diffuses.  Or on était – et on demeure – sous l'emprise de l'interprétation, empreinte d'un dynamisme plus présent, d'Alice Ader entourée de Christophe Poiget et Isabelle Veyrier (disque MFA-Radio-France) : chez eux nous saisissaient des clairs-obscurs, des striures jetant des éclairs ambigus sur la puissance des vibrations de cloches environnées d'orages et soutenues par les formidables graves d'Alice Ader dont le timbre incomparable portait les résonances de l'ensemble.  N'est-ce pas finalement à la gloire de Philippe Hersant que d'avoir composé une partition à partir de laquelle des interprétations si divergentes peuvent révéler des paysages, certes nimbés de mystères, mais bel et bien brossés d'un pinceau suggestif ?

 

 

...jusqu'au pianiste-chef

L'Orchestre national d'Île-de-France s'offrait une parenthèse chambriste en compagnie de Jean-François Heisser (Auditorium Saint-Germain,12 avril 2010) : quelques-uns de ses « souffleurs » jouaient avec lui le Quintette pour piano et vents op.16 de Beethoven (alors âgé de 26 ans), tandis que les archets se regroupaient pour l'Octuor op.20 de Mendelssohn (alors compositeur prodige de 16 ans).  De tels rendez-vous permettent de mesurer – outre les progrès de l'ensemble – l'investissement que donnent les musiciens dans ces moments privilégiés où ils peuvent s'exprimer moins anonymement que parmi les rangs de l'orchestre.  On confessera s'ennuyer fréquemment à l'écoute du Quintette de Beethoven, trop souvent traité comme – ce qu'il est ! – un rejeton prématuré du jeune lion rugissant.  Mais Jean-François Heisser, s'emparant de la partition, a saisi avec détermination tout ce qui s'y trouve en germe de la future « patte » léonine : ainsi la musique jaillit-elle avec bien plus de caractère.

Le surlendemain (Salle Gaveau, 14 avril 2010), le pianiste retrouvait, face à l'Orchestre d'Île-de-France en formation « classique », son double costume de chef et de soliste qu'il endosse si régulièrement à la tête de l'Orchestre de Poitou-Charentes : le chef dirigeait avec une énergique pugnacité rythmique l'Ouverture des Créatures de Prométhée et la 4e Symphonie de Beethoven.  Nulle concession à des révérences classicisantes, ici : tout Beethoven est dans chaque accent, dans chaque flux thématique, avec ses opiniâtres affirmations, ses feintes débouchant sur des ruptures dramatiques, son altier prophétisme.  D'un effectif réduit, Jean-François Heisser tire la puissance d'impact qui s'impose.  Entre les deux partitions, il sait dégager du Concerto n° 25 de Mozart (en ut majeur comme la prométhéenne Ouverture) les traits qui homogénéisent son programme.  Ou comment donner un sens d'éclairages croisés à un appariement qui pourrait n'être que succession chronologique.  Déplorant que ce concerto soit moins aimé que certains de ceux qui le précèdent ou le suivent, Jean-François Heisser fait tout pour y déceler les germes d'un avenir que réalisera Beethoven.  Le courant passe avec un évident bonheur entre l'Orchestre et son invité, laissant présager d'autres collaborations.

Le mois prochain, nous vous reparlerons de Jean-François Heisser, dans le cadre d'une captivante collection qui naît chez Actes-Sud.  À suivre...

 

Jean-François Heisser ©DR

 

Sylviane Falcinelli.

 

 

 

 



 

ORGUE

Gunther Martin GÖTTSCHE & Martin WEYER : Kleine Choralvorspiele und Begleitsätze zu den Liedern des evangelischen Gesangbuches – Ostern bis Ende des Kirchenjahres.  Bärenreiter : BA 9273, 2010.  95 p. 29,95 €.

Les organistes et chefs de chœur apprécieront ce volume de « Petits Préludes de chorals » pour orgue permettant d’introduire ou de conclure le chant d'assemblée, lors des cultes.  Il est accompagné des harmonisations contemporaines à 3 et 4 voix destinées à la chorale paroissiale.  Les mélodies traditionnelles sont respectées ; les textes, parfois légèrement actualisés.  Plus de 50 chorals couvrent les temps de Pâques jusqu’à la fin de l’année liturgique.  Il s’agit de compositions modernes de G. M. Göttsche (1953-) - Kirchenmusikdirektor (KMD), concertiste et organiste liturgique, qui compose depuis 1981 - et de M. Weyer (1938-) - musicien d’église, musicologue, éditeur et professeur émérite de Musicologie à l’Université de Marburg, privilégiant la musique d’orgue française et de J. S. Bach.  Dans l’ensemble, ces chorals sont accessibles à des organistes non professionnels et des chorales d’amateurs.  Excellente initiative des éditions Bärenreiter, complétant ainsi le vaste corpus de chorals baroques et romantiques.

 

Édith Weber.

 

CANTATILLES

François COLIN DE BLAMONT (1690-1760) : Les Regrets des Beaux-Arts.  « Patrimoine musical français », Éditions du Centre de musique baroque de Versailles (http://editions.cmbv.fr) : CAH. 150.  20 p.  12 €.

Pour voix de baryton (du do#2 au sol3) ou voix de femme (moyennant une octaviation et quelques aménagements), cette cantatille propose une « ouverture en rondeau » pleine d’éclat, un récit d’Apollon puis deux airs (Gracieux sans lenteur / Gay), sur des textes de Pierre-Charles Roy.  Nomenclature : hautbois 1 & 2, basson, trompette, timbales, violons 1 & 2, basse, basse-taille et basse continue.

 

François COLIN DE BLAMONT (1690-1760) : Le Départ de la Renommée.  « Patrimoine musical français », Éditions du Centre de musique baroque de Versailles (http://editions.cmbv.fr) : CAH. 213.  12 p.  8,50 €.

Nonobstant un ambitus restreint (du do#2 au sol3), cette cantatille pour voix de femme comporte maintes vocalises, de manière à rendre le vol des Nymphes évoqué par le texte de l’abbé Pellegrin : « Ô vous qui d’une aile légère… ».  Nomenclature : violons 1 & 2, hautbois, basse et basse continue.

 

     

 

GRAND MOTET

Nicolas BERNIER (1665-1734) : Cantate Domino… quia mirabilia fecit (psaume 97).  « Patrimoine musical français », Éditions du Centre de musique baroque de Versailles (http://editions.cmbv.fr) : CAH. 189.  64 p.  20,00 €.

Ce motet fait appel à un orchestre à la française, à 4 parties : dessus de violon (parfois divisés), hautes-contres, tailles et basses de violon pour les cordes, avec flûtes et basse continue.  Nicolas Bernier met ici en valeur le caractère jubilatoire et laudatif du psaume 97, ménageant de forts contrastes pour traiter chaque verset selon son caractère.  À remarquer le grand récit de basse taille accompagné par flûtes & violons dans le Recordatus est (n°IV) ou le très beau chœur Jubilate Deo (n°VI).

 

 

FLÛTE À BEC

Irmhild BEUTLER & Sylvia Corinna ROSIN : Kraut & Rüben (« Sens dessus dessous »).  Spielbuch 1 für die Sopran-Blockflöte.  « Breitkopf Pädagogik », Breitkopf (www.breitkopf.de) : EB 8815.  13,50 €.

Brèves et faciles - et plaisamment illustrées par Marlies Walkowiak -, ces pièces pour flûte à bec soprano (avec accompagnement ad lib. d’un piano, d’une seconde flûte, d’une percussion ou d’une guitare - chiffrages notés) ont été sélectionnées dans une perspective pédagogique ; elles n’en pourront pas moins être exécutées en concert (chansons populaires ou enfantines, canons, musiques du monde…).  D’utiles informations didactiques (mais en seule langue tudesque…) sont fournies avec la partition de piano.

 

 

Francis Gérimont.

 

PIANO

Horia SURIANU : SonaTanoS pour piano.  Combre : C06633.

Cette œuvre dont le nom évoque un aspect diabolique l’est certainement par son rythme qui se meut dans des mesures variables mais où la croche est toujours la base obstinée. Voici une œuvre attachante et tonifiante de ce compositeur d’origine roumaine mais installé en France et naturalisé depuis longtemps. Titulaire d’un premier prix de composition du Conservatoire national de Bucarest, il est également titulaire d’un doctorat de l’Université Paris I où il enseigne également.

 

 

Sophie ALLERME LONDOS & Nicolas NEIDHARDT : Your turn to improvise… À vous d’improviser… Approche de l’improvisation pour piano. 1vol. 1CD. HL Music (Lemoine) : 28861 H.L.

Il est bien difficile de mener sur les chemins de l’improvisation. Différentes méthodes existent, souvent fondées sur le propre chemin personnel de leur auteur. Mais tous les chemins mènent à Rome… Saluons donc ici le travail très pratique que nous proposent les auteurs. Cette méthode s’adresse à des pianistes « classiques » ayant déjà quelques bonnes notions de solfège et d’harmonie, bien qu’elle reprenne ces notions à la base.  Le CD accompagne pas à pas la progression en offrant des ouvertures sur les réalisations possibles. Souhaitons que, grâce à ce travail, beaucoup de pianistes connaissent désormais les plaisirs et les joies de l’improvisation.

 

 

Arletta ELSAYARY : Révérence pour piano (préparatoire).  Lafitan : P.L.1974.

Cette jolie pièce demande précision, élégance et charme.  Elle devrait faire le bonheur du jeune pianiste.

 

 

ORGUE

Ernest BOHN : Petit livre d’orgue.  20 pièces d’initiation au jeu de l’orgue.  « Vie musicale en Alsace ». Organistes alsaciens, vol.22.  Delatour : DLT1667.

Voilà un recueil sympathique d’un organiste alsacien qui permettra à l’organiste débutant mais déjà assez à l’aise sur un clavier de s’initier au jeu et à la régistration de l’instrument.  Les indications sont succinctes et permettront ainsi de s’adapter aux divers instruments rencontrés.

 

 

André ISOIR : 6 variations sur un psaume huguenot pour orgue op.1.  1vol. 1DVD.  Delatour : DLT0810.

Ces variations sur le psaume 92 du Psautier de Genève datent en fait de 1974. Elles ont été écrites pour le concours de composition des « Amis de l’Orgue » où elles obtinrent le premier prix. Révisées pour cette nouvelle édition, elles sont aussi bien conçues pour le concert que pour l’usage liturgique.  L’avant-propos contient le texte du psaume, dû à Théodore de Bèze. Le volume est accompagné d’un DVD de l’interprétation de l’œuvre par son auteur pour l’inauguration de l’orgue de la cathédrale de Dijon en mars 1996.  C’est évidemment un vrai régal.

 

VIOLON

André RIOTTE : Dualités pour violon & piano. Delatour : DLT1443.

Cette pièce, assez difficile, consiste en un approfondissement de l’écriture sérielle par le calcul d’une sous-série par ordinateur.  Fondée sur la notion de séries d’intervalles, elle établit un pont entre écritures modale et sérielle.  Cinq parties : 1. Entrées, 2. Couple, 3. Défis, 4. Parenthèse, 5. Fusion.  Une œuvre intéressante de ce professeur à l’Ircam.

 

 

Claire VAZART : Gymjazztic pour 2 violons. Delatour : DLT1791.

Composée a la demande de deux violonistes pour leur servir de « bis », cette courte pièce jazzy, qui commence par une introduction lente et se termine sur un rythme endiablé, fera le bonheur de duos de violons déjà aguerris.

 

Claire VAZART : Trois danses et deux violons pour 2 violons. Delatour : DLT1612.

« Reflets en forme de valse », « Sarabande interrompue », « Comme un tango » : les titres disent par eux-mêmes le charme et la variété de cette œuvre de difficulté moyenne mais qui demande beaucoup de complicité et d’écoute entre interprètes.

 

 

Sergio ARRIAGADA : 5 danses latino-américaines pour violon & piano ou 2 violons. Arrangement de Sara Chenal. Henry Lemoine : 28786 H.L.

Membre des célèbres Calchakis, Sergio Arragada a écrit beaucoup de musique latino-américaine. Les cinq études proposées ici permettent aux exécutants de s’initier à ce style de musique. Sara Chenal nous en propose deux versions : l’une pour deux violons et l’autre pour violon et piano. Ces pièces de grande qualité sont à recommander chaudement aux violonistes un peu aguerris.

 

 

VIOLONCELLE

Camille SAINT-SAËNS : Allegro appassionato pour violoncelle avec accompagnement de piano op.43. Urtext. Bärenreiter : BA 9047.

Voici, dans sa version première avec accompagnement de piano, cette œuvre que Saint-Saëns a ensuite transcrite pour violoncelle et orchestre.  L’édition « Urtext » publiée ici est précédée d’une copieuse préface en français donnant de précieuses indications sur la manière dont l’auteur concevait l’interprétation de sa musique.  Même lorsqu’il écrit « appassionato », Saint-Saëns reste opposé à toute emphase.  La partition est bien entendu suivie d’abondantes et très intéressantes notes critiques.

 

 

FLÛTE TRAVERSIÈRE

Christine TURELLIER : Son et Technique.  Exercices avancés pour la flûte traversière.  Delatour : DLT1621.

Exercices de sonorité, exercices de vélocité, rien ne manque dans ce copieux recueil qui deviendra certainement la bible des flûtistes. L’auteur, instrumentiste et chef d’orchestre, est une référence en la matière.

 

 

Francis COITEUX : Arietta pour flûte en ut & piano (préparatoire). Lafitan : P.L.2026.

Deux parties dans cette œuvre : un Andantino cantabile et un Allegretto capricioso, aussi plaisants l’un que l’autre, et qui mettent en valeur la musicalité et la vivacité de l’interprète. Le tout est fort joli et agréable.

 

 

Claude-Henry JOUBERT : Mathurin le Tamanoir. Thème et variations pour flûte avec accompagnement de piano. Lafitan : P.L.1993.

Voici une excellente occasion pour les débutants de découvrir la musique toujours intéressante et l’humour toujours décapant de l’auteur en suivant le tour de chant de Mathurin chez la Marquise… À déguster sans modération.

 

 

Michel LÉGER : Varadero sur Seine pour flûte en ut & piano. Lafitan : P.L.2068.

Clin d’œil à la musique cubaine et particulièrement à la « salsa », cette pièce de niveau élémentaire alterne musique européenne et passage plus spécifiquement cubain, décliné par la flûte qui est accompagnée par le « montuno » du piano.  L’auteur indique qu’il s’agit d’un « bel exercice de pédagogie musicale ».  Une fois les difficultés surmontées, les interprètes devraient trouver un grand plaisir à jouer cette musique.

 

 

Fabrice LUCATO : Valse des fées pour flûte en ut & piano. Lafitan : P.L.2064.

De niveau préparatoire, cette charmante Valse des fées est conforme à son titre. Signalons la présence d’une « cadence » qui permet au jeune flûtiste de donner libre cours à son tempérament musical.

 

 

Michel NIERENBERGER : Soirée à Trianon pour flûte en ut & piano ou clavecin ou orgue (positif).  Lafitan : P.L.2015.

Ce charmant « Tempo di minuetto » est une évocation, non un pastiche. Il convie les instrumentistes à se promener dans l’édifice par des méandres harmoniques fort bienvenus. Les différentes possibilités d’accompagnement pourront être l’occasion de faire découvrir combien le langage expressif bien spécifique du piano, du clavecin et de l’orgue conduisent à interpréter différemment la partie de flûte.  En bref, il s’agit d’une pièce fort intéressante, tant pas son écriture que par les possibilités qu’elle ouvre.

 

 

FLÛTE À BEC

Michel NIERENBERGER : Baguenaude estivale pour flûte à bec & piano. Lafitan : P.L.2017.

Destinée à un niveau préparatoire, cette pièce, bien que ce ne soit pas précisé, est manifestement écrite pour flûte alto.  Pleine de lyrisme et de fantaisie, elle fait appel à toutes les ressources de l’instrument… et de l’instrumentiste ! Ajoutons qu’elle est écrite dans un « Tempo di Blues « cool » », ce qui en traduit bien le caractère.

 

 

SAXOPHONE

Timothy HAYWARD : Sonate pour saxophone alto & piano. Delatour : DLT0807.

Cette sonate, de structure traditionnelle en trois mouvements (Allegro, Largo, Presto), est cependant très influencée par le jazz dans ses structures rythmiques et harmoniques qui reflètent la double formation de ce compositeur encore jeune puisqu’il est né en 1982.

 

 

GUITARE

Jean Pierre GRAU : Pour continuer… la guitare. Vol. 4. Delatour : DLT1626.

Voilà un recueil très éclectique puisqu’il va de Pierre Certon et Josquin des Prés à… Jean-Pierre Grau.  Moyenne difficulté.  Trente-cinq pièces pour guitare seule, touchant à tous styles & toutes époques et cinq pièces pour plusieurs guitares : de quoi satisfaire professeurs et élèves. Le tout est soigneusement annoté et doigté.

 

Jean-Pierre BURON : Hommage à Antonio Carlos Jobin pour 3 guitares.  Combre : C06627.

Voilà un très plaisant hommage au célèbre compositeur et interprète brésilien.  Deux titres dans ce recueil : Grand Hôtel du Cap et Casino de la jetée. La partition inclut conducteur et parties séparées. De difficulté moyenne, cette œuvre au rythme de bossa nova fera le bonheur des guitaristes.

 

 

Máximo Diego PUJOL : Tres ensayos sobre un boceto de Kandinsky pour guitare.  Henry Lemoine : 28651 H.L.

Ces trois essais sur un croquis de Kandinsky sont bien dans le style de ce compositeur argentin, toujours inspiré par les formes musicales de son pays natal.  Sans être extrêmement difficiles, ces pièces demandent un bon niveau de guitare.

 

 

MUSIQUE DE CHAMBRE

JANÁČEK : Quatuor à cordes n°2 « Lettres intimes ».  Urtext.  Bärenreiter. Partition de poche : TP 533.  Parties séparées : BA 9533.

Ce quatuor est quasiment une œuvre posthume à laquelle Janáček travailla quasiment jusque sur son lit de mort (début 1928).  On lira avec intérêt la présentation détaillée de l’œuvre dans l’édition de poche, et notamment ce qui concerne le sens du titre. Ces « lettres intimes », véritables lettres d’amour adressées à Kamila Stöslová, devaient être interprétées avec une viole d’amour en lieu et place de l’alto.  Janáček y renonça in extremis, mais le détail est rapporté dans cette préface, aussi copieuse que remarquablement documentée. Les parties séparées sont d’une remarquable lisibilité.

 

 

OPÉRA POUR ENFANTS

Isabelle ABOULKER : Chantons l’opéra avec Isabelle. Vol. 1.  9 chants pour 1, 2 et 3 voix avec accompagnement de piano.  1vol. 1CD.  Delatour : DLT0316.

Les éditions Delatour ont eu l’excellente idée de regrouper dans ce volume (qui en annonce d’autres), neuf extraits de trois opéras pour enfants d’Isabelle Aboulker, disponibles par ailleurs aux mêmes éditions dans leur intégralité. Ce pourra être une excellente occasion de tester les capacités et le goût des jeunes choristes avant de se lancer dans une réalisation plus complète.  Le CD est un excellent outil de travail pour la mise en place des différentes pièces.  Ajoutons que les trois opéras sont de styles très différents et permettront, là aussi, d’ouvrir les goûts des interprètes.

 

Daniel Blackstone.

 

 

 

 

 



 

Gilles CANTAGREL : Les Cantates de J.-S. BachFayard (dfusco@editions-fayard.fr), 2010, 1 665 p.  40 €.

Ce maître-livre tient compte des publications antérieures telles que Die Kantaten von J. S. Bach (1971) d’Alfred Dürr, Die Bach-Kantaten (2006) de Hans Joachim Schulze ou encore françaises comme le Guide pratique des Cantates de Bach (1982, 2/2005) de Philippe & Gérard Zwang, sans oublier les travaux préliminaires d’Albert Schweitzer et d’André Pirro pour les symbolismes.  Sur les 300 cantates supposées de J.-S. Bach, deux tiers nous sont parvenues.  G. Cantagrel a réalisé une étude quasi exhaustive de quelque 230 d’entre elles.  Il les envisage dans leur globalité, les situe dans leur cadre liturgique et par rapport à l’histoire des mentalités et sensibilités religieuses dans les Allemagnes luthérienne et piétiste.  Il définit la forme de la Kirchenkantate, véritable petit sermon en musique, tributaire du Calendrier liturgique des célébrations.  En effet, le Cantor devait en composer une pour chaque dimanche, ce qui - faute de temps - n’exclut pas les parodies.  L’excellent appareil critique regroupe un Lexique, des Repères biographiques, et classe ensuite les cantates (religieuses et profanes) par dates d’exécution.  Deux Tables des Cantates par voix et instruments et par durées d’exécution, sans oublier la destination liturgique, seront extrêmement utiles à ceux qui, à plus d’un titre - musiciens, organistes, chanteurs, chefs, directeurs artistiques et présentateurs, pasteurs et prédicateurs - recherchent des cantates pour des concerts ou des cultes.  Magistralement conduits dans ce labyrinthe des Cantates de J.-S. Bach, tous apprécieront ce monument qui, d’ores et déjà, s’impose comme un indispensable vade-mecum.

 

Édith Weber.

 

Philippe BEAUSSANT : Le Ballet des singes et des autruches.  Le Promeneur / Gallimard.  20 x 25 cm, 80 p.,ill. n&b et couleurs.  20 €.

Qui ne sait la passion du Roi-Soleil pour musique, danse et théâtre… Passion née du tout premier spectacle d’opéra donné en France auquel il assista, le 14 décembre 1645 (il avait alors 7 ans), et qu’il revit à maintes reprises : La Finta Pazza (« la Folle supposée ») de Francesco Sacrati, lequel comportait de nombreux intermèdes - Le Ballet des ours et des singes, Le Ballet des autruches et Le Ballet des Indiens et des perroquets.  C’est à faire revivre ces journées que l’académicien français Philippe Beaussant, spécialiste incontesté du Grand Siècle et de Versailles s’est ici savamment attaché.  Où est en outre reproduit - pour la première fois en fac-similé et dans son intégralité - l’album de La Finta Pazza.  La seconde partie de l’ouvrage est consacré aux Noces de Thétis et Pelée, opéra donné quelque dix ans plus tard, où Giacomo Torelli déployait de tout nouveaux trésors de technique scénographique.

 

 

Jean DURON (Textes réunis par) : L’Amant jaloux d’André-Ernest-Modeste Grétry & Thomas d’Hèle.  « Regards sur la musique », Mardaga/ Centre de musique baroque de Versailles.  Format à l’italienne : 21,5 x 18,5.  278 p., ill. n&b et couleurs.  25 €.

Créé à Versailles le 20 novembre 1778 et repris à Paris un mois plus tard, cet opéra de Grétry remporta – à l’occasion des festivités entourant la naissance de Madame Royale (premier enfant du couple royal) – le plus vif succès.  En témoignent les nombreux arrangements, pour formations vocales et/ou instrumentales, qu’il suscita.  Il s’agit ici de regards croisés d’historiens de l’art, de la littérature, du théâtre et de la musique : « Réflexions autour de L’Amant jaloux » (Jean Duron), « Commentaire littéraire et musical » (Benjamin Pintiaux), « Décorations scéniques » (Dominique Lauvernier), « Grétry héritier de Rousseau » (Jacqueline Waeber), « Variations ailées » (Pierre Frantz).

 

 

Gilles CANTAGREL : Les cantates de J.-S. Bach.  Fayard.  15 x 23,5 cm, 1666 p., ex.mus., ill. n&b et couleurs.  40 €.

Après l’irremplaçable vade-mecum que constitue le Guide pratique des cantates de Bach par Philippe & Gérard Zwang (L’Harmattan, 2e édition, Paris 2005), voici – quasiment exhaustif, - le massif des quelque 230 cantates de Bach, chacune étant présentée sous ses aspects historiques, théologiques et musicaux – textes donnée en langue originale et en traduction.  Œuvres classées en fonction du calendrier liturgique et, pour les cantates profanes, de leur opportunité festive – le tout assorti d’utiles tables de correspondance permettant une heureuse navigation.

 

 

Jean-Jacques EIGELDINGER : Chopin et Pleyel.  Fayard.  19 x 24 cm, 372 p., fac-similés, ill. n&b et couleurs.  40 €.

« Les pianos Pleyel sont non plus ultra » affirmait Chopin en 1831 – préférence qu’il ne démentit jamais.  Neuf chapitres rythment cette superbe monographie où - autour de la personne et de l’œuvre de Camille Pleyel dans ses relations avec Chopin – sont convoqués l’histoire & la sociologie musicales, la facture instrumentale, l’esthétique sonore & les divers styles de jeux pianistiques : « Le concert inaugural » (25 février 1832).  « À l’ombre de Kalkbrenner » / « Du côté de chez Pleyel (1825-1855) » / « Camille Pleyel et son entourage » / « Ni vous sans moi, ni moi sans vous » / « Concerts : 1841, 1842, 1848 » / « …ces pianos Pleyel qu’il affectionnait particulièrement » / « 1848-1849 et après. Instruments reliques » / « Le monde de Chopin : reflets dans les registres Pleyel » / « Perspectives ».

 

 

Maria GONDOLO DELLA RIVA (1916-1989) : Frédéric Chopin, aperçus biographiques.  Traduit de l’italien par Piero Gondolo della Riva.  Michel de Maule (www.micheldemaule.com).  252 p., 19 €.

Ni hagiographie, ni même biographie, non plus bien sûr que ressassement des clichés qui encombrent ordinairement l’image de Chopin dans cette étude de la comtesse Gondolo della Riva, pianiste et musicologue.  Où elle dénonce l’absurdité du portrait romantiquement échevelé ou amoureusement transi d’un homme, au demeurant fort pragmatique et assuré de son génie… Il s’agit là d’une réflexion sur certains aspects méconnus de la vie du compositeur découverts au fil de sa correspondance (établie par B. E. Sidow).  Bibliographie internationale.

 

 

Hélène CAO & Hélène BOISSON : Anthologie du lied (édition bilingue).  « Musique », Buchet/Chastel.  16,5 x 24 cm, 672 p.  35 €.

Pour la première fois rassemblés en édition bilingue (version originale allemande & traduction française inédite), quelque 700 poèmes composent cette précieuse anthologie, référençant plus de 1 500 lieder - de Mozart à Berg.  Bonheur de retrouver tant de textes célèbres qui auront inspiré Schubert, Schumann, Brahms, Wolf, Strauss… mais aussi de découvrir ceux que mirent en musique Pfitzner, Zemlinsky, Schönberg, Berg ou Webern…  Outre la savante introduction au choix des poèmes réalisé par Hélène Cao – textes allemands établis et traduits par Hélène Boisson –, sont utilement proposés, en annexe, un glossaire de quelques mots-clés de la poésie germanique, des notices sur les principaux interprètes du lied, une discographie & une bibliographie sélectives, plus deux index (par compositeurs, par poètes).

 

 

François DECARSIN : La modernité en question.  Deux siècles d’invention musicale (1781-1972).  « Arts & Sciences de l’art », L’Harmattan.  13,5 x 21,5 cm, 186 p.  18 €.

Professeur à l’université d’Aix-en-Provence et spécialiste de la musique contemporaine (Boulez & Stockhausen, notamment), éminemment qualifié était François Decarsin pour traiter pareil sujet.  Depuis 1781, date de la publication par Kant de la Critique de la raison pure, et par Haydn des Six Quatuors op.31 – œuvres fondatrices d’une certaine modernité progressiste – et jusqu’en 1972, date de la démolition, en Amérique, du dernier immeuble du Bauhaus, riches et prodigieusement diverses furent les trajectoires et esthétiques.  Et ce, de Haydn à Schönberg (via Liszt, Wagner et Mahler), tout autant que de Schubert à Debussy, Stravinsky, Boulez ou Stockhausen.  Après une Introduction face à l’histoire, l’auteur envisage Progrès et création (Naissance de l’idée de progrès / L’œuvre d’art de l’avenir / Naissance de l’idée de tradition / Tradition et progrès), puis Postérités sans racines (À l’écart de l’histoire / La volonté de modernité / « À la limite du pays fertile »).  Index et bibliographie.

 

 

François DUFAY : Maximes et autres pensées remarquables des moralistes français.  Préface de Christian Makarian.  CNRS éditions (www.cnrseditions.fr).  12 x 19 cm, 370 p.  10 €.

Merci au CNRS pour la réédition de ce merveilleux florilège.  Émouvante préface de Christian Makarian rendant hommage au grand écrivain et journaliste que fut François Dufay (1963-2009), récemment décédé.  Mais surtout admirable présentation par l’auteur d’un recueil de maximes à l’opposé de tout « prêt à penser idéologique ou religieux ».  Où, depuis La Rochefoucauld (1613-1680) et jusqu’à Cioran (1911-1995), nous retrouvons une trentaine de nos plus éminents moralistes – Montesquieu, Helvetius, Vauvenargues, Chamfort, le prince de Ligne, Rivarol, Joubert, Baudelaire, Toulet, Suarès, Chardonne…  Un florilège dont on ne pourra se séparer.

 

 

Philippe CHAUVEAU : Une histoire de la chanson française : cabarets, auteurs-compositeurs & interprètes.  Éditions de l’Amandier (tél. : 01 55 25 80 80.  www.editionsamandier.fr).  20 x 22 cm, 428 p., ill. n&b. 25 €. 

Retracer le parcours de la chanson française et de ses interprètes, depuis les origines jusqu’aux années 1970, tel est le propos de Philippe Chauveau (par ailleurs auteur, aux mêmes éditions, de Théâtres parisiens disparus, de 1402 à nos jours).  En trois grands chapitres : « Il était une chanson française » (Vaux-de-Vire, cabarets, tripots & coupe-gorges, du Caveau à la Révolution, cafés-concerts, Le Chat noir, 1968, aujourd’hui…), « Cabarets célèbres du XXe siècle » (près de cinquante), « Portraits d’artistes » (une soixantaine).  Ce n’est certes ni la première ni la dernière monographie du genre, mais celle-ci est particulièrement bien documentée.

 

 

Susan LUND.  Passion : Beethoven’s Son, roman.  En anglais.  À commander auprès de l’auteur : 00 44 208 360 91 42 ou susanlund@btopenworld.com  13,5 x 20,5 cm, 116 p.

Fiction certes, mais toutefois crédible, car elle resitue le compositeur dans son environnement familial, social et artistique – auprès notamment de la famille Brentano, et singulièrement d’Antonie, épouse de Franz, qui lui aurait donné un fils adultérin, Karl Josef.  Écrit d’après la pièce éponyme, ce roman est composé de brévissimes chapitres articulés autour des différentes parties de la Missa Solemnis.  D’une lecture remarquablement aisée.  Notons que Susan Lund a également publié un essai intitulé : Beethoven & the Catholic Brentanos : the story behind Beethoven’s Missa Solemnis.

 

 

Riche est la bibliographie des vedettes du show-business.  Récentes parutions…

Henri SALVADOR : La joie de vivre.  Textes choisis par Catherine Salvador.  « Les pensées », Le Cherche-Midi (www.cherche-midi.com).  12 x 20 cm, 290 p., 13 €.

Recueil de pensées, répliques et anecdotes recueillies de la bouche même du cher Henri – sensible et pudique farceur, optimiste à tous crins…

 

 

Alain-Guy AKNIN : Mike Brant, le chant du désespoir.  Alphée/Jean-Paul Bertrand (www.editions-alphee.com).  14 x 22 cm, 222 p., ill. n&b et couleurs.  19,90 €.

Pour commémorer le 35e anniversaire de la mort tragique du chanteur – dont existent toujours de nombreux clubs de fans -, cette biographie s’attache à décrire la personnalité de Mike Brant, tentant de comprendre pourquoi, en pleine gloire, il en vint à ce geste fatal.

 

 

Thierry DESAULES : The Cure.  Les symphonies névrotiques.  Alphée/Jean-Paul Bertrand (www.editions-alphee.com).  14 x 22 cm, 320 p., cahier d’ill. couleurs.  21,90 €.

Biographie circonstanciée d’un groupe légendaire qui, autour de son fondateur Robert Smith, connut les pires dérives et avatars.  Extraits d’interviews du groupe & d’artistes revendiquant l’influence des Cure sur leur propre musique.

 

Francis Cousté.

 

Yves SANTAMARIA : Johnny, sociologie d’un rocker.  La Découverte, 2010.  284 p.  20€.

Essai sociohistorique consacré au phénomène Hallyday, saisi dans son émergence et sa durée.  Véritable mythe, légende du rock, professeur d’énergie, artiste oscillant entre rébellion, académisme, outrances et commerce, Johnny Hallyday, passeur culturel, à la fois collector et vintage, apparaît ici comme un paradoxe, se situant entre rupture (le rock) et continuité (la chanson française).  Au-delà de l’essai sociologique, s’interrogeant sur les liens entre le chanteur-créateur et la société française, cet ouvrage s’adresse à ceux qui auront aimé et chanté Johnny.  De peu d’intérêt pour les autres…

 

 

Michel YVES-BONNET : Jazz et complexité.  Une compossible histoire du jazz.  « Univers musical », L’Harmattan, 2010.  182 p. 17 €.

Jazz et poésie, deux grands mystères se rejoignant dans le secret de leur complexité, ce rejet de la simplification, sous quelque forme que ce soit.  Le jazz est un chaoïde de la musique qui fait émerger des ruines du Chaos, un chaos de précision, un éternel retour, non du même mais de la différence, un chaos génésique mû par un déséquilibre dynamique, la déconstruction au couteau d’un langage que le musicien doit reconstruire dans un nouveau langage qui fait sens.  Le jazz est une musique de la figure et de la sensation, prête à tout instant à la métamorphose, prête pour des noces de feu avec la poésie (ou plutôt la poïesis).  Un livre qui, au-delà de la phénoménologie du jazz, aborde aux rivages de la création artistique et de ses questionnements : aménagement ou déconstruction, diérèse ou synthèse, éternelle lutte de Dionysos et Apollon, sous l’éclairage de la postmodernité.  Clair, bien écrit, illustré, contenant de nombreuses citations pertinentes éclairant judicieusement le texte… Bref, un livre à recommander.

 

Patrice Imbaud.

 

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Haut

 

Corps femenin [sic].  L’avant-garde de Jean, duc de Berry.  Arcana (stephanie@outhere-music.com) : A 355.  TT : 67’46.

Ce disque regroupe des chansons de circonstance en liaison avec la vie de Jean, duc de Berry (1340-1416).  Certaines sont anonymes ; d’autres, signées (ou attribuées à) Senleches, Trebor, Solage - qui cite le duc dans S’aincy estoit que ne feust la noblesce -, ou encore Magister Egidius Augustinus.  Autour de la « noble dame », de la beauté, de l’amour et également du « corps femenin » (d’où le titre), ce florilège de 12 chansons est interprété en connaissance de cause par le Ferrara Ensemble (voix et instruments : harpe, guiterne, luth…), dont les discophiles apprécieront la pureté vocale, la justesse, les timbres lumineux, l’impeccable diction.  Les chansons de Senleches : Fuions de ci fuions povre compaigne et Tel me voit et me regarde, particulièrement langoureuses, contrastent avec la mélodie plus ornée de Roses et lis ay veu en une flour du Magister Egidius Augustinus posant un lumineux point d’orgue sur ce disque exceptionnel, qui s’impose par la qualité historique des commentaires, les textes avec leur traduction (suivant les cas en 4 langues).  Il comble une très sérieuse lacune dans la production discographique franco-italienne du XVe siècle.

 

 

Pierre ATTAINGNANT : Que je chatouille ta fossette.  Danceries.  Ricercar (stephanie@outhere-music.com) : RIC 294.  TT : 73’53.

L’Ensemble Doulce Mémoire, sous la direction expérimentée de Denis Raisin Dadre, crée d’abord l’exubérance des Danceries publiées par Pierre Attaingnant compositeur, luthiste, imprimeur et éditeur français du XVIe siècle.  Il regroupe une extraordinaire palette d’instruments anciens : violons (basse, quinte, taille et haute-contre) ; flûtes à bec (basse et dessus) ; hautbois (taille et dessus) ; luth, harpe, percussions et voix.  Enregistrée à l’Abbaye de Fontevraud, cette pléiade de danses extraites de plusieurs livres des Danceries (1530-1557) est extraordinaire de vivacité, d’allant, d’entrain, contrastant avec les chansons de Cl. de Sermisy (chant, harpe et luth) : Auprès de vous et Languir me fais, et de P. Sandrin : M’amye est tant honneste, plus expressives.  Sans les « chatouiller » : de quoi ravir les seizièmistes les plus exigeants.

 

 

Amours impossibles.  Airs d’opéras de Lully et Purcell.  Transcriptions de Michel Alabau.  Triton (triton@disques-triton.com) : TRI 331 163.  TT : 71’48.

Depuis peu, les éditeurs privilégient les transcriptions pour orgue (par ex. de J.-Ph. Rameau).  Ce disque, en deux volets : J.-B. Lully (1632-1687) et H. Purcell (1659-1695), a pour dénominateur commun : Amours impossibles.  Françoise Masset (soprano) est accompagnée par Michel Alabau (organiste et transcripteur) au grand orgue Freytag-Tricoteaux de Béthune.  Ils interprètent des extraits de Tragédies et de Ballets français du XVIIe siècle : Armide, Le Triomphe de l’amour, Amadis et Alceste (livrets de Ph. Quinault).  L’Ouverture d’Armide, comme la Passacaille de King Arthur pourraient très bien servir de prélude à un office religieux.  Fr. Masset s’investit dans l’esthétique Grand Siècle, tour à tour dramatique ou lyrique, au gré des pièces.  Quant aux extraits de H. Purcell, provenant de Didon and Aeneas, elle fait passer l’émotion et le tourment émanant de l’air de Didon à l’acte I.  Le Duo des Sorcières est très bien rendu à l’orgue seul, de même que le chœur en écho qui suit.  Ce volet se termine par le récit et l’air de Didon si poignant : When I am laid in earth, Remember me but forget my fate, entouré par deux chœurs à l’orgue.  Transcription et interprétation très convaincantes.

 

 

L’Orgue de Cintegabelle.  Jean-Philippe RAMEAU : Airs et danses d’opéra.  Transcriptions pour orgue par Yves Rechsteiner. « Ugab », L’univers de l’orgue, n°1, février 2010.  Alpha (stephanie@outhere-music.com) : 650.  TT : 77’34.

Les éditions Le Chant du Monde ont édité 3 Cahiers du Livre d’orgue de J.-Ph. Rameau transcrits et préfacés par Y. Rechsteiner qui en interprète 22 pièces. « Le monde de l’orgue vit, bouge, innove. Allons à sa rencontre ! » : tel est l’objectif de cette nouvelle collection « Ugab » (vocable désignant, dans la Bible, un des plus anciens instruments utilisés… : l’orgue).  Le disque encarté est enregistré au prestigieux orgue C. Moucherel (1742) de Cintegabelle et restauré en 1989 (déjà retenu par A. Bolliger : Orgues historiques de France, Vol. 4). Un livre très bien conçu, accompagné d’excellentes illustrations, présente l’instrument ainsi que l’église, et pose aussi le problème : « Adapter Rameau à l’orgue : une démarche historique ».  En fait : une réussite du genre, car ces Ouverture, Prélude, Danses (Musette, Tambourin, Menuet, Sarabande) bénéficiant de registrations diversifiées - interprétés avec le concours de H.-Ch. Caget (percussions) - sonnent remarquablement.  Longue vie à « Ugab »

 

 

Carl CZERNY : Nocturnes.  Hortus (editionshortus@wanadoo.fr) : 074.  TT : 76’19.

Carl Czerny (1791-1857) est généralement réputé pour ses célèbres Études incontournables pour tout pianiste.  En fait, il s’agit davantage d’un musicien oublié, mais tout à fait digne d’intérêt, parfaitement réhabilité par Isabelle Oehmichen avec non seulement la musicalité, la virtuosité qu’on lui connaît, mais encore une sonorité lumineuse et un toucher exceptionnel, un jeu toujours transparent et d’une remarquable précision.  Elle redonne vie à l’intégrale de ses 17 Nocturnes, le premier cahier se situe la mouvance de J. Field (1782-1837) et de Fr. Chopin (1810-1849) ; le second fascicule contient des Nocturnes avec titres. Au piano Steinway D-274, l’incomparable interprète réussit - tantôt avec douceur, tantôt avec énergie, toujours avec finesse et un grand sens de la dynamique - à défendre et illustrer ces pages rarement interprétées.  Les mélomanes et pianistes les plus exigeants applaudiront à juste titre ce choix des éditions Hortus et cette incontournable re-création.

 

 

Guy FALLOT, violoncelliste.  3CDs VDE-Gallo (La Cure, rue du Four 2, CH-1410 Denezy.  info@vdegallo.ch) : 1305/1306/1307.  TT : 55’44 ; 60’36 ; 67’42.

Les CDs n°1 et n°2 - réalisés par le talentueux violoncelliste Guy Fallot et l’excellente pianiste Rita Possa formant une merveilleuse équipe - proposent des œuvres allant de J. Brahms à O. Messiaen, en passant par G. Fauré et B. Martinů.  Tout d’abord, dans les Sonates op.39 et 99 de J. Brahms, d’entrée de jeu, le violoncelle s’impose par sa sonorité lumineuse et son expressivité, et le piano, par son accompagnement discret, puis par leur élan, leur ton décidé et leur équilibre.  Les mêmes qualités se retrouvent dans le 2CD avec la Sonate en un mouvement Lent-Vif-Lent d’André Prévost (1934-2001), musicien canadien ; les interprètes mettent notamment en valeur les effets de résonance et le caractère tourmenté.  Le 3e CD propose deux Concertos : celui de J. Feld (°1925) accompagné par l’Orchestre national de France ; celui d’A. Dvořák, par l’Orchestre du Südwestfunk Baden Baden.  Dans le premier, le violoncelle (souvent à découvert) fait preuve d’une virtuosité extrême et de sonorités exceptionnelles ; le second retiendra l’attention pour la finesse de l’interprétation grâce à la parfaite entente entre le chef André Jouve et Guy Fallot.  Remarquable production de VDE-Gallo tant par l’excellente présentation (texte d’accompagnement et illustrations) et la diversité du programme que par la qualité de l’interprétation.

 

Napoléon COSTE : Hautbois-guitare [Duo Coste].  VDE-Gallo (La Cure, rue du Four 2, CH-1410 Denezy.  info@vdegallo.ch) : 1290.  TT : 57’17.

Napoléon Coste (1805-1883) - l’un des plus grands guitaristes français du XIXe siècle - est moins connu pour ses talents de compositeur.  Ce CD éponyme privilégie une rare association : hautbois et guitare, et fait entendre trois de ses œuvres inédites : la Fantaisie sonate, le Concertino pour hautbois et Souvenirs baignant dans le romantisme et la sensibilité de son temps si bien rendus par Fabrice Ferez (hautbois) dont la ligne mélodique plane au-dessus de l’accompagnement rythmé de Philippe Roux (guitare).  Dans Souvenirs, op.17, ses origines francomtoises et les impressions du terroir prévalent.  Se souvenant de Napoléon Coste qui rencontra Berlioz, lui aussi guitariste, le « Duo Coste » interprète également sa transcription de la Villanelle de Berlioz.  Cet excellent duo joue aussi deux transcriptions de N. Coste : Adelaïde de Beethoven et la Sonatine D 384 de Schubert.  Voilà un compositeur à découvrir et une musique pleine de charme et agréable à entendre.

 

 

Olivier GREIF : The Meetings of the WatersIntégrale de l’œuvre pour violon & pianoTriton (triton@disques-triton.com) : TRI 331 165.  TT : 79’21.

Malgré sa brève existence, Olivier Greif (1950-2000), fils d’un émigré polonais, a été un compositeur prolifique, passionné de piano et, par la suite, de violon.  Élève au CNSM de Lucette Descaves, d’Yvonne Desportes, de Marcel Bitsch, Tony Aubin, entre autres, sa première composition remonte à 1961.  Son enfance très marquée par la guerre et la disparition d’une partie de sa famille dans les camps nazis expliquent le caractère intense et méditatif.  Ce CD présente l’intégrale de son œuvre pour violon & piano, 3 Sonates, un Adagio, des Pièces de concours, des Variations on Peter Philips « Galiarda Dolorosa », op.86 (1977).  La facture mélodique est généralement tourmentée avec des mélodies à découvert.  Le Scherzo de la Sonate n°2 est époustouflant de précision et de vitesse dans l’attaque du violon et du piano, avec un rythme incisif ; en revanche, l’Andante contraste par son dépouillement et son émotion contenue.  Sa Sonate n°3 « The meeting of the Waters », op.70 (1976) - in memoriam Dimitri Chostakovitch -, est, selon sa conclusion (ajoutée en 1993) : « la rencontre des eaux, c’est aussi la rencontre des cultures, des peuples, des musiques, des époques, des lieux, toutes choses dont les deux mouvements de cette Sonate se veulent un témoignage. »

 

 

Ivan BELLOCQ : Obsession.  Dux (kitka@dux.pl) : 0693.  TT : 76’19.

Ivan Bellocq, flûtiste français (élève de M. Dubost et R. Bourdin), professeur, entre autres, à l’École Normale de Musique de Paris, directeur du Conservatoire de Saint-Cloud, est un compositeur « pas comme les autres ».  Élève d’Olivier Greif et de Max Deutsch, mais restant assez autodidacte, il brille par son originalité, sa curiosité intellectuelle, ses recherches très poussées dans le domaines des sonorités et des timbres, y compris la voix et les percussions.  Il privilégie des instruments rarement associés, par exemple, clarinette, violon, piano et sons enregistrés, ou encore flûte, clarinette, violoncelle.  Il consacre une œuvre à la clarinette, une autre à la mandoline et une troisième à la viole d’amour.  Ce disque comprend 8 pièces ne correspondant pas vraiment à une catégorie formelle.  Elles nécessitent une incroyable virtuosité et une concentration extrême pour galvaniser les auditeurs.  Contrat rempli par tous les interprètes, en conformité avec les exigences d’Ivan Bellocq.

 

 

Felix MENDELSSOHN : 6 Sonates pour orgue.  Rondeau (mail@rondeau.de) : ROP 6029.  TT : 74’50.

À son tour, l’organiste de l’église St-Thomas à Leipzig, Ullrich Böhme y a enregistré les 6 Sonates pour orgue, op.65 de F. Mendelssohn-Bartholdy qui exploite, entre autres, des mélodies de chorals luthériens.  Par exemple, dans sa première Sonate, il se souvient de la chanson de Claudin de Sermisy (texte : Cl. Marot) : Il me suffit de tous mes maux devenue Was mein Gott will, das g’scheh’ allzeit ; dans sa troisième, du psaume Aus tiefer Not schrei ich zu dir (texte : M. Luther).  Dans sa sixième, il traite, sous forme de choral et variations, la paraphrase allemande du Notre Père par M. Luther : Vater unser im Himmelreich…  Dans ces 6 Sonates, U. Böhme fait preuve de son sens de la registration, de virtuosité et de maîtrise, mais aussi de sensibilité au message de Mendelssohn si bien rendu au prestigieux instrument Wilhelm Sauer (3 manuels, pédalier, avec des jeux très typés), construit entre 1889 et 2008.

 

 

Jiří TEML : Mysterium Sacrum.  Radioservis : CRO 448-2 (CD Diffusion : 31, rue Herzog, F-68920 Wettolsheim. info@cddiffusion.fr).  TT : 78’01.

Le Mysterium Sacrum pour orgue du Tchèque JiříTeml (°1935) mérite d’être découvert grâce à cet enregistrement réalisé en 2009.  Auteur de symphonies, concertos, cycles de mélodies, d’œuvres chorales… et d’orgue, son esthétique est marquée par l’influence de la musique populaire tchèque, mais aussi par Stravinski.  Il rend souvent hommage à des personnalités : Vivaldi, Mozart, Janáček... Fasciné par l’orgue, il en exploite le caractère monumental, les couleurs, la dynamique, les nuances, allant du pianissimo presque inaudible jusqu’à la puissance totale de l’instrument.  Ce disque s’ouvre sur sa Fantasietta en hommage à Buxtehude, page de virtuosité, et se termine par sa Fantasia appassionata.  Entre ces deux œuvres, sont intercalés le Mystère Sacré évoquant la vie du Christ, de sa naissance à Bethléem jusqu’à sa crucifixion au Golgotha, ainsi que d’autres pages, par exemple Rapsodie.  Ce disque illustre la facture d’orgue tchèque, et met en valeur les quatre organistes Karel Paukert, Irena Chribkova, Ales Barta et Jan Hora, et des œuvres quasi inconnues en France.

 

 

Zwischen Himmel und Erde.  Vokalmusik über Liebe, Licht und Dunkel.  Rondeau (mail@rondeau.de) : ROP6034.  TT : 56’40.

Le titre : « Entre Ciel et Terre » regroupe des œuvres vocales selon trois thèmes : amour, lumière et obscurité, enregistrées en 2009 par le Daarler Vocal Consort, dont l’appellation énigmatique correspond à un quartier de Saarbruck : le « Village dans la ville » où résident de nombreux chanteurs.  Les textes brefs et très contrastés émanent de compositeurs considérant la musique comme un moyen d’expression de l’indicible (« das Unsagbare ») : l’Anglais Will Todd (°1970), l’Allemand Georg Grün (°1960), l’Israëlien Tzvi Avni (°1927)...  Ce CD reproduit quelques titres inattendus : Songs and Melodies (In memoriam Yitzhak Rabin) (1995), et le Psaume 23 : The Lord is my Shepherd (2007) de T. Avni ; Maranatha Viens Seigneur ou Le Seigneur vient (2009) - chanté par les premiers chrétiens - de G. Grün ; ainsi que deux versions du Notre Père, celle composée en 2002 par le Finlandais Jaako Mäntyjärvi (°1963) et celle du regretté Maurice Duruflé (mort en 1986).  Ce programme éclectique, servi avec musicalité et sensibilité par l’excellent Daarler Vocal Consort, mérite à plus d’un titre d’être découvert : il projette un éclairage neuf sur des œuvres vocales de notre temps.

 

Édith Weber.

 

Frédéric CHOPIN : Sonate n°2.  24 Préludes.  Hélène Tysman, piano.  Oehms Classics : OC 752.  TT : 72’14.

Un programme, certes « classique », associant la Sonate en sib mineur op.35 et les 24 Préludes op.28, mais une magnifique interprétation de la jeune pianiste Hélène Tysman, tout en nuances et intériorité.  Deux œuvres composées entre 1837 et 1839, quasiment contemporaines, puisant aux sources classiques, pour mieux affirmer leur modernité…  La Sonate, véritable patchwork compositionnel qui fait éclater la forme sonate classique, en associant quatre mouvements indépendants (ballade, marche, scherzo et prélude final), aux tempi particulièrement lents, très intériorisée, sonne comme une énigme dont la célèbre Marche funèbre est d’une effrayante beauté, tandis que les Préludes, tout en nuances et contrastes, « véritables préludes poétiques qui bercent l’âme ont la libre et grande allure du génie », comme l’affirmait Liszt dans la Revue et Gazette musicale de Paris, le 2 mai 1841. 

 

 

Hector BERLIOZ : Symphonie fantastique.  Les Siècles Live, dir. François-Xavier Roth.  « Musicales », Actes Sud.  TT : 52’37.

Pari original que cet enregistrement de la Symphonie fantastique sur instruments d’époque.  Berlioz n’a que vingt-sept ans lorsqu’il compose, en 1830, cette symphonie à programme en cinq mouvements (Rêveries et passions/ Un bal/ Scène aux champs/ Marche au supplice/ Songe d’une nuit de sabbat) qui rend compte de sa passion pour l’actrice Harriet Smithson.  Malheureusement, sous l’éteignoir des instruments d’époque, cette œuvre n’a plus guère de fantastique que le nom.  Toute la passion, toute la puissance expressive, toute l’effusion lyrique, tout l’aspect visionnaire et débridé, tout l’effroi qui peuplent cette confession musicale ont disparu dans un enregistrement confinant rapidement à l’ennui.  Pour amateurs de « sonorités anciennes ».

 

 

Vincent D’INDY : Tableaux de voyage.  Gérard-Marie Fallour, piano.  « Le Parnasse français ». Algarade (www.algarade-musique.com) : 006.  TT : 57’08.

Un disque comme un voyage intérieur autour de l’amour de la nature, à l’occasion d’un pèlerinage à Bayreuth, source d’inspiration pour Vincent d’Indy, à la fois aquarelliste et compositeur, véritable poème symphonique pour piano, par le double caractère descriptif et sentimental, auquel s’ajoutent deux belles compositions, Helvetia et le Nocturne op. 26.  Une interprétation sensible avec, en filigrane, une certaine mélancolie du bonheur.

 

 

PAGANINI, GRAGNANI, GIULIANI, BURGMÜLLER, HAYDN.  Trio Alta (guitare, violon, violoncelle).  Algarade (www.algarade-musique.com) : CC 874726.  TT: 72’01.

Un disque original, tant en ce qui concerne la formation instrumentale utilisée que le choix des œuvres, qui associe la guitare romantique d’Éric Sobczyk, le violon de Marc Vieillefon et le violoncelle d’Igor Kiritchenko, dans un répertoire de la fin du XVIIIe au début du XIXe siècle, de l’Italie à la Bohême.  Une interprétation sans faille, avec une très bonne prise de son.

 

 

Maurice RAVEL : Tombeau de Couperin, Sonatine, Pavane pour une infante défunte, Valses nobles et sentimentales, Oiseaux tristes.  Claude Bessmann, piano.  Tutti Records : TUT003. TT : 68’18.

Un disque entièrement consacré à Ravel (1875-1937), un beau jeu pianistique qui révèle parfaitement la sensualité dans la dissonance et la volupté dans l’acidité des harmoniques.  Une interprétation remarquable.

 

« Live » à Auvers-sur-Oise.  Tristan Pfaff, piano.  « Carte de visite », DiscAuverS : DASCDV001.  TT : 43’11.

Le label DiscAuverS consacre ce disque au pianiste Tristan Pfaff, enregistrement live lors de son concert de mai 2008, au Festival d’Auvers-sur-Oise.  L’occasion d’écouter ce jeune et talentueux pianiste dans un récital associant des œuvres de Bach, Mozart, Glinka, Debussy, Strauss, Pick-Mangiagalli et Liszt.  Une interprétation de qualité mêlant profondeur et virtuosité.

 

 

Moon Blues.  Trio Cordes avides.  Hybrid’Music (www.hybridmusic.com) : H 1818.  TT : 60’32.

Le trio Cordes avides, composé de Sébastien Guillaume au violon, Frédéric Eymard à l’alto & Jean Wellers à la contrebasse, avec la participation de Didier Lockwood, nous donne à entendre des compositions originales - laissant une large place à l’improvisation - qui permettent d’apprécier tout le talent de cette formation.  Un beau disque pour tout amateur de jazz.

 

Patrice Imbaud.

 

Antonio VIVALDI : Armida al campo d'Egitto.  Dramma per musica in tre atti.  Livret de Giovanni Palazzi.  Furio Zanasi, Marina Comparato, Romina Basso, Sara Mingardo, Monica Bacelli, Martin Oro, Raffaella Milanesi.  Concerto Italiano, dir. Rinaldo Alessandrini.  3CDs Naïve : OP 30492.  TT : 62'22+67'18+41'23.

Le « dramma per musica » Armida al campo d'Egitto (1718) narre un épisode secondaire de la saga de la magicienne Armide imaginée par Le Tasse dans sa Jérusalem libérée : les manigances amoureuses de celle-ci auprès de nombreux adorateurs séduits par ses charmes, pour se venger de Renaud.  Il s'agit d'une œuvre charnière dans la production théâtrale de Vivaldi car elle clôt sa première période créatrice vénitienne.  La partition, dont ne sont conservés que les Ier et IIIe actes, a été complétée par le chef Rinaldo Alessandrini et le musicologue Frédéric Delaméa.  Ils ont habilement reconstitué le deuxième acte d'après le seul livret et selon le mode du pasticcio, c'est-à-dire un assemblage d'airs de provenance diverse, en l'occurrence empruntés à d'autres pièces vocales de Vivaldi lui-même.  On savoure une fois encore l'inventivité apparemment sans limite de la veine opératique du Prêtre roux : récitatifs souvent très développés, airs de facture courte, sur le schéma da capo bien sûr, mais aussi en répons, et même brèves interventions du chœur.  Enregistré dans la foulée d'exécutions de concert l'hiver dernier, notamment à la Salle Pleyel, le disque souligne combien la direction de Rinaldo Alessandrini s'attache au cantabile expressif qu'autorise une formation de dimension réduite composée presque exclusivement de cordes.  Le fini sonore en acquiert une séduction particulière, ce que renforce une rythmique toujours souple et mesurée.  Un plateau vocal fastueux - une des constantes de l'Édition Vivaldi - parachève le sentiment de plénitude qui émerge de cette interprétation.  Pour n'en citer que trois exemples : Sara Mingardo, voix d'une rare richesse, de plus en plus à l'aise dans ce répertoire, Romina Basso, formidable timbre de contralto aux brillantes vocalises, ou encore le contre ténor Martin Oro qui triomphe des difficultés accumulées dans telle aria avec solo obligé de violon et de clavecin.

 

 

Christoph Willibald GLUCK : Orphée et Eurydice.  Opéra en trois actes.  Livret de Ranieri de Calzabigi.  Version de Paris, 1774.  Juan Diego Flórez, Ainhoa Garmendia, Alessandra Marianelli.  Coro y Orchestra titular del Teatro Real, dir. Jesús López-Cobos.  2CDs Decca/Universal : 478 2197.  TT : 68'09+36'39.

Le chef-d'œuvre du chevalier Gluck immortalisant le mythe d'Orphée est sans doute plus connu dans son original italien que dans sa version dite de Paris.  C'est en 1774 que, pour l'adapter au goût français, il remaniera sa partition.  Ce qui permettait de l'allonger quelque peu, notamment dans la partie de ballet, de corser le rôle masculin, autrement plus développé et nanti d'un air de bravoure supplémentaire, et surtout d'en confier l'écriture terriblement exigeante dans l'aigu à un haute-contre.  Le vivier de ce type de voix se tarissant au XIXe siècle, l'habitude se prendra de l'attribuer à un contralto et donc de le faire jouer par un travesti.  Aujourd'hui le ténor péruvien Juan Diego Flórez, grand habitué des brillantes ornementations rossiniennes, présente une interprétation sans doute proche de l'original, illustrée par cette voix de tête qui garde son uniforme beauté jusque dans les contrées les plus extrêmes.  L'éclat du chant se double d'une fine sensibilité, dépourvue de préciosité.  Et la parfaite diction comme l'énonciation naturelle du texte en font un artiste au fait de la tragédie lyrique française.  Ses deux collègues, pour n'être pas aussi près de l'absolu, lui donnent une réplique adéquate.  Et il est piquant de constater que lors des duos avec la soprano Eurydice c'est bien la voix du ténor qui tient la partie de dessus.  L'orchestre du Théâtre royal de Madrid est de belle tenue et la direction vivante de Jesús López-Cobos procure un vrai relief à des scènes comme celle des Enfers.  Mais on imagine ce qu'aurait pu être le résultat avec une formation jouant sur instruments anciens.

 

 

Josef HAYDN : Les Douze Symphonies « Londoniennes » Hob. I.  93, 94 « The Surprise », 95, 96 « The Miracle », 97, 98, 99, 100 « Military », 101 « The Clock », 102, 103 « Drumroll », 104 « London ».  Les Musiciens du Louvre/Grenoble, dir. Marc Minkowski.  4CDs Naïve : V5176.  TT : 62'12+71'16+74'30+78'07.

Avec cette ultime et vaste livraison, Josef Haydn façonne à l'envi le schéma, qu'on croyait immuable, de la symphonie classique en quatre mouvements.  L'inventivité qu'on lui connaît semble même bien prendre un nouvel essor au point de libérer la forme.  La thématique paraît inépuisable, l'art d'expérimenter des formules nouvelles, voire curieuses, sans limite : incrustations de passages solistes, transitions inattendues.  Ainsi tel adagio devient-il une succession de variations presque aventureuses.  Même les menuets et leur découpe caractéristique, subissent moult métamorphoses.  Marc Minkowski peaufine cette somme avec un flair rare et une singulière absence de dogmatisme dans le choix des tempos.  La captation en concert reflète, certes, la spontanéité du discours.  Mais il y a plus : un refus du confort de l'exécution convenue ; des prises de risques qui se révèlent judicieuses (tempos prestissimes, en particulier dans les dernières pièces, contrastes accentués ménageant les effets de surprise, grâce à une étonnante utilisation du silence entre les phrases) ; une mise en valeur de curieuses alliances de timbres.  Chef habitué de la scène, Minkowski n'hésite pas à forcer sur le dramatisme, à pousser le tempo d'un mouvement lent ou à brusquer légèrement le rythme d'un menuet.  La dynamique est large, les tempos vifs, énergiques sans rien de heurté, car ils ont l'élasticité rythmique qui permet d'illustrer un savant contrepoint.  L'humour enfin est instillé avec esprit, telle l'intervention inopinée du clavecin au dernier mouvement de la 98e Symphonie ou le solo de timbale à découvert ouvrant la 103e.  C'est de virtuosité orchestrale qu'il faut parler à propos des Musiciens du Louvre/Grenoble, que ce soit de l'ensemble (quel quatuor à cordes !) ou pour ce qui est des solistes (quelle couleur des bois !).  De leurs instruments anciens s'exhale une saveur rustique qui ne sombre pas dans la baroqueux vieillot.  La prise de son live - dans un lieu peu aisé, du fait de son fort coefficient de réverbération - parvient à une intéressante spatialisation. Une éclatante réussite !

 

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Bicentenaire Chopin

Frédéric CHOPIN : Nocturnes (intégrale).  Nelson Freire, piano.  2CDs Decca/Universal : 478 2182.  TT : 48'36+53'43.

Existe-t-il pièce plus introspective que le nocturne ? Il s'avère que ce genre purement instrumental - contrairement au notturno pratiqué par Haydn - a été inventé par l'Irlandais John Field.  Chopin se l'appropriera volontiers, bien qu'il s'éloigne assez vite du modèle.  Ces pièces qui ressortissent à la miniature et seront composées par groupes de deux ou de trois, puisent au registre de l'intime.  Elles font partie de cette littérature pianistique cultivant au plus haut degré l'élégiaque et empruntant à la forme de la berceuse romantique qui « invitation au sommeil, représente le passage du conscient à l'inconscient » (Vladimir Jankélévitch).  Encore qu'elles soient souvent traversées de mélodies belcantistes dans le jeu orné de la main droite, alors que la basse ondule en arpèges.  La manière de cette vingtaine de compositions est variée et s'enrichit à mesure que l'on s'avance dans l'œuvre.  L'opus 27 marque ainsi un tournant : ce qui n'était jusqu'alors souvent que digression rêveuse, prend la forme d'une vraie saynète construite.  Nelson Freire propose une interprétation proche de la confidence ; ce que renforce une prise de son effectuée de très près ; presque trop, au point d'en laisser percevoir la mécanique de l'instrument.  Il y a là une grande simplicité, loin de l'éclat virtuose, intériorisant à un rare degré l'effusion romantique.  Une vision mesurée, prudente par endroit, qui en tout cas s'écarte de l'éloquence de la scène de concert pour rester dans le registre du sobre épanchement.

 

 

Frédéric CHOPIN : Trio pour piano, violon et violoncelle op.8.  Introduction & Polonaise brillante, op.3 (transcription pour trio de la Polonaise brillante pour violoncelle et piano).  Franz LISZT : Tristia (transcription pour piano, violon et violoncelle de La Vallée d'Obermann).  Trio Chausson.  Mirare : MIR 089.  TT : 57'15.

Parmi les rares pièces chambristes laissées par Chopin, le Trio op.8 (1829), dédié au prince Radziwill, livre une belle variété de climats : sombre au premier mouvement, là où même le violon est cantonné dans le registre grave, plutôt insouciant au scherzo, d'un romantisme ardent dans l'adagio sostenuto, enfin d'un bel allant au finale, sur un rythme de « krakowiak ».  Le Trio Chausson en livre le charme manifeste par un souci certain de l'équilibre entre cordes et piano, et la qualité immaculée du toucher de son pianiste, tout comme leur illustre prédécesseur, le Beaux Art Trio.  Nos jeunes musiciens s'avèrent aussi de convaincants adaptateurs : c'est le cas de la grande Polonaise brillante op.3 (originellement pour violoncelle et piano) qui prend ici une consistance inattendue car la mélodie passe habilement du piano aux cordes, et la ligne de violon vient renforcer celle du cello.  Avec à propos ils proposent aussi Tristia, adaptation par Liszt, dans les années 1880, pour trio avec piano, d'une de ses pièces de jeunesse pour piano, La Vallée d'Obermann (1840), elle-même tirée du premier cahier des Années de pélerinageLa pièce est pourvue d'harmonies singulières, débutant par une vaste partie lente, pour se poursuivre sur le mode chantant dans un fort dramatisme.  La dernière phase amorcée dans une douce mélancolie, s'achevera en apothéose.  Belle prestation, là encore, des « Chausson ».

 

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Johannes BRAHMS : Les quatre symphonies.  Berliner Philharmoniker, dir. Sir Simon Rattle.  3CDs EMI : 2 67254.2.  TT : 44'55+79'16+42'19.

Un nouvel enregistrement des symphonies de Brahms par l'Orchestre philharmonique de Berlin, en concert dans sa propre salle, est un incontestable événement.  Ce qui frappe d'emblée, c'est la plastique sonore phénoménale.  Il semble bien que cette parution marque un nouveau standard dans l'exécution.  À son meilleur, l'orchestre est parfaitement capté par une prise de son qui saisit ce que la Philharmonie a d'avantageux en terme d'acoustique : une perspective naturellement aérée, intégrant dans un parfait équilibre les diverses sections de l'orchestre, sans chercher à mettre en exergue, de manière artificielle, tel solo de bois ou tel trait de percussion.  La ligne de basse est en outre bien présente.  Après ses illustres prédécesseurs au poste de chef permanent, Karajan ou Abbado, Simon Rattle livre sa vision de ces quatre chefs-d'œuvre.  Toute personnelle, elle s'éloigne de certaines habitudes grandioses qui tendent à tirer le discours vers Beethoven.  La manière se caractérise par des tempos étonnament relaxés, voire des ralentissements marqués pour s'attarder sur tel détail, et une articulation souple, souvent bien particulière, qui permet d'apprécier l'invention contrapuntique de Brahms.  Ce qui conduit à un allègement de la texture, même la plus complexe, et favorise la clarté des plans.  Les accents ne donnent pas dans l'ostentatoire attendu, et l'évitement des angles vifs se mesure dans les transitions qui n'ont rien de heurté.  Au contraire, il y a là une souplesse qui vise à faire ressortir la transparence de l'orchestration plus que sa robustesse.  Le son est façonné à l'envi, particulièrement les bois, et la sonorité des violons comme « dégraissée » jusqu'au plus impalpable murmure.  C'est que l'ambitus sonore est large et privilégie des ppp évanescents.  Au final, des exécutions qui rompent avec une certaine tradition et un Brahms dégagé de toute épaisseur, de tout romantisme emphatique.

 

 

Frank MARTIN : Golgotha, oratorio d'après les Évangiles et des textes de saint Augustin, pour solistes, chœur mixte, orchestre & orgue.  Judith Gauthier, Marianne Beate Kielland, Adrian Thompson, Mattijs van de Woerd, Konstantin Wolff.  Cappella Amsterdam, Estonian Philharmonic Chamber Choir ; Estonian National Symphony Orchestra, dir. Daniel Reuss.  2CDs Harmonia Mundi : HMC 902056.  TT : 47'45+46'39.

Le compositeur helvétique Frank Martin (1890-1974) dit avoir trouvé la source de son inspiration pour l'oratorio Golgotha (1949) dans l'eau-forte de Rembrandt représentant Les Trois Croix (1653).  Fervent admirateur de Bach, il délaisse pourtant le plan classique de la Passion.  Il en livre l'histoire de manière libre dans ce qui apparaît plutôt comme une méditation biblique et s'attache à « concentrer toute la lumière sur la personne du Christ », laissant de côté la plupart des épisodes secondaires.  Pour ce faire, il fusionne les récits des quatre Évangiles en un tout concis et met en regard des commentaires bibliques, empruntés aux Méditations et aux Confessions de saint Augustin.  Ces moments, qui remplacent en quelque sorte les airs et chorals des Passions du Cantor, sont destinés à distancier le récit pour le faire vivre à travers le point de vue de l'observateur.  La pièce, en deux parties et dix tableaux, développe un langage musical clair et relativement simple, qui se situe dans le système tonal, même si l’on y trouve, çà et là, quelques dissonances destinées à libérer la tension.  L'orchestre, de vastes proportions, est le plus souvent utilisé de manière discrète laissant aux voix la part belle.  Un double chœur souligne l'importance des scènes chorales, elles aussi souvent allégées et traitées de façon originale, par exemple pour y incorporer les solistes.  L'écriture vocale, calquée sur la déclamation parlée, se situe dans le sillage debussyste, hommage d'un musicien qui admirait aussi beaucoup l'auteur de PelléasDiscrète et dépouillée, elle bannit tout épanchement.  On le ressent clairement à l'écoute du panel de chanteurs que rassemble cette exécution, et dont se détache le baryton Mattijs van de Woerd, émouvant Jésus.  Daniel Reuss, un des grands directeurs actuels de chœur, livre une interprétation marquée au coin de la ferveur de cette œuvre rare qui mérite d'être découverte.

 

 

Rodion SHCHEDRIN : Le Vagabond ensorceléOpéra pour le concert en deux parties.  Livret de l'auteur d'après la nouvelle de Nicolai Leskov.  Quatre fragments tirés du ballet Le Petit cheval bossu.  Concerto pour orchestre n°1.  Sergei Aleksashkin, Kristina Kapustinskaya, Evgeny Akimov.  Orchestre et Chœurs du Théâtre Mariinsky, dir. Valery Gergiev.  2CDs Mariinsky : MAR 0504.  TT : 48'57+62'14.

Le quatrième opéra de Rodion Shchedrin (°1932) est écrit « pour la salle de concert ».  Il a été créé en 2002 à New York par Lorin Maazel qui en est à l'origine, puis par Valery Gergiev en 2007 à Saint-Pétersbourg.  D'après la nouvelle éponyme de Nicolai Leskov, cette succession de courts tableaux suivis d'un épilogue, traite, à travers l'histoire symbolique d'un jeune voyageur, les grands thèmes de la littérature russe : le voyage, l'amour désintéressé, le mélange de vertu et de péché, l'ombre du mal, l'hymne à la liberté et le pardon.  L'écriture, qui recourt à un orchestre de type conventionnel, est puissante dans le registre émotionnel, mais aussi raffinée, et le spectre sonore très vaste.  Trois voix empruntant à des tessitures typiquement russes, basse, mezzo et ténor, interprètent les différents rôles.  Elles sont fort sollicitées dans la force dramatique mais aussi dans le registre de la prière, la voix de femme en particulier.  Comme dans la tragédie antique, le chœur se fait narrateur.  Il se déploie, lui aussi largement, de la déclamation vaillante au murmure psalmodique.  L'impression qui domine est celle d'une grande ferveur, glorification de l'âme russe, souvent proche du chant populaire.  Valery Gergiev et ses forces du Théâtre Mariinsky en sont les interprètes visionnaires. Le disque est complété par des extraits du ballet « Le Petit Cheval bossu », dédié en 1955 à la grande ballerine Maïa Plissetskaïa, épouse du compositeur.  La pièce renferme déjà ce qui caractérisera la musique de Shchedrin : sa veine mélodique, son sens du rythme.  L'introduction toute de vie grouillante n'est pas sans évoquer le climat de PetrouchkaEnfin, le Concerto pour orchestre n°1 (1963) offre encore un autre aspect de la personnalité de l'auteur : musique d'humeur bondissante, pleine d'humour.

 

Rodion Shchedrin ©DR

Jean-Pierre Robert.

 

Girolamo FRESCOBALDI (1583-1643) : Il Regno d’Amore.  Mariana Flores, soprano.  Ensemble Clematis, dir. Leonardo García-Alarcón.  Ricercar (www.ricercar.be) : 300.  TT : 61’03.

Le programme de ce CD réunit deux étapes de la vie du musicien, Rome et Florence.  La renommée de l’organiste de Saint-Pierre de Rome était immense.  C’est à l’invitation de Ferdinand II, grand-duc de Toscane, qu’il s’installa à Florence de 1628 à 1635 ; il y composa notamment deux recueils d’Arie musicali per cantarsi, pièces d’esprit opératique (recitar cantando cher aux Florentins ; passagi d’agilità), où il fait preuve d’un sens dramatique et théâtral qui fait certes regretter qu’il n’ait jamais abordé l’art lyrique.  Tous aspects ici superbement illustrés…  Trois parties [Canti d’amor, Canti sacri, Ballo] dans lesquelles, en guise de réponse aux pièces vocales, s’enchevêtrent nombre de pièces instrumentales.  Magnifiques interprétations.

 

 

Johann Hermann SCHEIN (1586-1630) : Opella Nova (1618).  Fontana d’Israel (1623).  Ensemble Sagittarius, dir. Michel Laplénie.  Hortus (www.editionshortus.com) : 075.  TT : 66’05.

Les Opella Nova (dont c’est ici le 1er enregistrement mondial) et Israels-Brünnlein sont deux recueils de musique sacrée éminemment représentatifs des débuts du Baroque allemand au XVIIe siècle, où s’exprime encore l’influence du madrigal italien.  Cantor à Saint-Thomas de Leipzig de 1616 à sa mort, Schein forme, avec Scheid et Schütz (dont il fut l’ami), l’un des trois « S » de la musique allemande du XVIIe siècle.  Peut-être moins connu que les deux autres, voilà une occasion de découvrir - dans l’interprétation de Sagittarius, ensemble qui a adopté le nom latinisé de Schütz – l’œuvre d’un musicien par trop méconnu.

 

 

Armand-Louis COUPERIN (1727-1789) & les claviers expressifs de Pascal TASKIN (1723-1793).  Pierre Goy & Nicole Hostettler, claviers.  Lyrinx Strumenti : LYR 2262.

Écrites indifféremment pour le clavecin ou le pianoforte, ces pièces ont été enregistrées sur deux superbes instruments : un clavecin Ruckers/Taskin & un pianoforte Taskin (Musée de la musique de Paris).  L’intérêt de la chose est de montrer l’art de Pascal Taskin aussi bien dans les modifications qu’il apporta à l’instrument d’Andreas Ruckers que dans sa propre facture sur pianoforte.  Cousin de François Couperin, dit « le Grand », Armand-Louis occupa longtemps la tribune de Saint-Gervais, non sans se consacrer assidûment à la recherche d’effets nouveaux sur le clavecin.  En témoigne le présent programme : Simphonie de clavecins en majeur, Deuxième Quatuor à deux clavecins, Deuxième Sonate en trio œuvre III, Les Quatre Nations, Variations sur l’air « Vous l’ordonnez ».

 

 

Wolfgang Amadeus MOZART : Requiem (K.626).  Maurerische Trauermusik (K.477).  Adagio pour 2 clarinettes & 3 cors de basset (K. 411).  Netherlands Chamber Choir, Orchestra of the Eighteenth Century, dir. Frans Brüggen.  Glossa (www.glossamusic.com) : GCD 9211.  TT : 65’01.

Dépourvue de pathos, cette interprétation du Requiem de Mozart est d’une incomparable énergie et grandeur.  Avec insertion de trois séquences grégoriennes : Introitus (Requiem aeternam), Tractus (Absolve Domine), Offertorium (Domine Jesu Christe).  Ouvrage judicieusement précédé par deux œuvres que Mozart avait composées pour sa loge « Zur Wohltätigkeit » : Maurerische Trauermusik et Adagio pour 2 clarinettes & 3 cors de basset.  La première pièce évoque le meurtre de l’architecte du Temple de Salomon par trois mauvais compagnons qui voulaient obtenir de lui les secrets de la maîtrise – époptie fondatrice de la maçonnerie – assurément l’une des plus admirables pages de Mozart, se concluant sur un radieux accord majeur.  L’Adagio est, en revanche, une paisible oasis sonore.  Un enregistrement exceptionnel, digne de son programme.

 

 

Wolfgang Amadeus MOZART (1756-1791) : Concerto pour clarinette K.622.  Louis SPOHR (1784-1859) : 2Concerto pour clarinette op.57.  Jon Manasse, clarinette.  Seattle Symphony, dir. Gerard Schwarz.  Harmonia Mundi (www.harmoniamundi.com) : HMU 907516.  TT : 54’56. 

Nul besoin d’épiloguer sur un chef-d’œuvre que Mozart écrivit pour son « frère » en maçonnerie, le clarinettiste Anton Stadler.  Moins connue est, en revanche, la dilection de Louis Spohr pour la clarinette, instrument auquel - après sa rencontre avec, également, l’un de ses « frères » en maçonnerie, le virtuose Johann Simon Hermstedt – il ne dédia pas moins de quatre concertos et six autres pièces.  Sans souffrir, bien sûr, la comparaison avec Mozart, Louis Spohr ne démérite nullement.  Concertos interprétés par un jeune clarinettiste américain - à la sonorité idéalement moelleuse - accompagné par le réputé Seattle Symphony, fondé en 1903 et que dirige, depuis 1985, Gerard Schwarz.

 

 

Ludwig van BEETHOVEN (1770-1827) : Symphonie n°1 op.21.  Symphonie n°6, « Pastorale » op.68.  Musica Viva Orchestra Moscow, dir. Alexander Rudin.  Fuga Libera (www.fugalibera.com) : FUG 564.  Distr. Outhere.  TT : 66’20.

Captées in vivo, ces interprétations d’Alexander Rudin, à la tête de l’Orchestre de chambre de Moscou (http://musicaviva.ru), sont de facture éminemment classique, sans outrancière volonté de se démarquer de la tradition.  Rien que de confortable et de rassurant !

 

 

Gustave NADAUD (1820-1893) : La Bouche & l’Oreille.  Daniel Marzorati (chant & direction), Daniel Isoir (piano), Stéphanie Paulet (violon), Alexandre Chabod (clarinette), Paul Carloz (violoncelle).  Alpha (www.alpha-prod.com) : 160.  TT : 74’42.

Un genre qui s’est, hélas ! perdu… Dix-sept mélodies composent cette étonnante anthologie de chansons alternant sujets badins et satiriques (L’aimable voleur, Les lamentations d’un réverbère…), où le chansonnier auteur/compositeur se moque allègrement aussi bien des réactionnaires que des révolutionnaires (La vie moderne, La lorette, Les deux notaires, Le bon bourgeois, Les reines de Mabille…), non sans parfois s’adonner au genre sentimental (La valse des adieux) voire libertin (Les amants d’Adèle) ou épique (Les trois hussards).  Et jusqu’à sa célèbre chanson Pandore ou Les deux gendarmes, qui fut longtemps proscrite pour atteinte à la dignité de la maréchaussée.  Esprit acéré, mélodies simples et élégantes, un régal ! Et cela dans l’interprétation haute en couleurs d’Arnaud Marzorati (à qui, chez le même éditeur, nous devons une anthologie de chansons de Béranger)…

 

 

Isaac ALBÉNIZ (1860-1909) : Iberia.  Douze nouvelles impressions pour piano.  Jean-François Heisser, piano.  Isabel Muñoz, photos n&b.  Préface : Philippe Fénelon.  Livre-disque relié ; français/anglais.  « Musicales », Actes Sud (www.actes-sud.fr).  Distr. Harmonia Mundi.  TT : 76’38.

Opus testamentaire & chef-d’œuvre absolu de la littérature pour le piano, Iberia (1905-1908) comporte 4 cahiers : [Evocación, El Puerto, Fête-Dieu à Séville] ; [Rondeña, Almería, Triana] ; [El Albaicín, El Polo, Lavapiés] ; [Málaga, Jerez, Eritaña].  Où se déploient une constante invention mélodique et une prodigieuse liberté formelle...  Dès longtemps familier des musiques ibériques (il a enregistré Falla, Albéniz, Granados, Turina), Jean-François Heisser se confronte ici au plus grandiose monument du répertoire pianistique espagnol.  Mais avec désormais la maturité, la force visionnaire et le sens de la grandeur requis… Outre une intelligente préface de Philippe Fénelon, le livret qui sertit ce disque comporte une vingtaine de poignantes photographies signées de la grande Isabel Muñoz (www.isabelmunoz.es).

 

 

Alban BERG, Arnold SCHÖNBERG, Anton WEBERN : Pièces pour le piano.  Jean-Louis Steuerman, piano.  Michael Ackerman, photographies n&b.  Préface de Gérard Condé.  Livre-disque relié ; français/anglais.  « Musicales », Actes Sud (www.actes-sud.fr).  Distr. Harmonia Mundi.  TT : 61’03.

Composées entre 1907 et 1936, les pièces ici réunies témoignent d’une époque définitivement révolue – bien davantage, en tout cas, que de la « musique de l’avenir » qu’elles étaient censées alors représenter.  Ne pouvant plus être considérées que « pour leur capacité à survivre à ce qu’il y a de caduc en elles » (Gérard Condé)…  Utile confrontation avec : Piano Sonata op.1 (Alban Berg).  Drei Klavierstücke op.11, Sechs Klavierstücke op.19, Funf Klavierstücke op.23, Suite für Klavier op.25, Klavierstücke op.33a, Klavierstücke op.33b (Arnold Schönberg).  Variationen für Klavier op.27 (Anton Webern).  Bien que plus ordinairement tourné vers Bach et Villa-Lobos, le pianiste brésilien Louis Steuerman maîtrise son sujet.  Les photographies de Michael Ackerman font état d’un monde en parfaite déliquescence.

 

Robert SCHUMANN (1810-1856) : Klavierverke & Kammermusik, IX.  Gordan Nikolitch (violon), Paul Meyer (clarinette), Christophe Coin (violoncelle), Éric Le Sage (piano).  2CDs Alpha (www.alpha-prod.com) : 158.  TT : 60’19 + 62’37.

Avec des interprètes d’exception, le label Alpha poursuit sa publication de l’intégrale de la musique de chambre de Schumann.  Dans le premier CD sont inclus les Trio n°1 op.63 et Trio n°2 op.80.  Le second comporte le Trio n°3 op.110, la très surprenante Fantasiestücke en la mineur op.88 (Romanze, Humoreske, Duett, Finale) et les Six pièces en canon op.56 pour clarinette, violoncelle & piano.  Bonheur de voir ici regroupées des pièces rarement données en concert.  Éblouissante notice de présentation par Brigitte François-Sappey.

 

Robert SCHUMANN : Carnaval, op.9.  Études symphoniques, op.13.  Papillons, op.2.  Michaël Levinas, piano.  Saphir Productions (www.saphirproductions.net) : LVC 1093. TT : 74’26.

Phrasés expressionnistes dans un répertoire que l’on imaginerait – mais peut-être à tort – plus intimiste…

 

 

 

Edvard GRIEG : Peer Gynt.  Dietrich Henschel (Peer Gynt), Inger Dam-Jensen (Solveig), Sophie Koch (Anitra).  Ensemble vocal Le Motet de Genève, Orchestre de la Suisse romande, dir. Guillaume Tourniaire.  Aeon (www.aeon.fr) : AECD 1098.  Distr. Outhere (www.outhere-music.com).  TT : 75’28.

Intégral est ici l’enregistrement de la partition que Grieg écrivit pour la pièce d’Ibsen - que ce dernier, eu égard aux dimensions de l’œuvre (5 actes sur quelque 5 heures et une cinquantaine de personnages), avait d’abord conçue comme un Lesedrama, pièce destinée à la lecture : 26 numéros musicaux nous font ainsi faire l’aller-retour d’un village norvégien à l’Égypte, non sans une étape au fabuleux royaume des trolls…

 

 

Camille SAINT-SAËNS : Intégrale de la musique de chambre avec instruments à vent.  Les Solistes de l’Orchestre de Paris.  Pascal Godart & Laurent Wagschal (piano).  2CDs Indesens (www.indesens.fr) : INDE 010.  TT : 63’35 + 50’51.

Quelle bonne idée d’avoir réuni, dans l’interprétation des meilleurs virtuoses, ce bouquet d’œuvres dont quelques-unes sont très populaires, cependant que d’autres sont quasiment inconnues… CD1 (1857-1915) : Septuor, Deux romances pour cor & piano, Tarentelle pour clarinette, flûte & piano, Carnaval des animaux (« Le Cygne » et « l’Éléphant »), Romance pour flûte & piano, Cavatine pour trombone & piano, Caprice sur des airs danois et russes, Samson et Dalila (« Mon cœur s’ouvre à ta voix »).  CD2 (1920-1921) : Sonate pour clarinette & piano, Prière pour basson & piano, Sonate pour hautbois & piano, Odelette pour flûte & piano, Sonate pour basson & piano.  Un ensemble dont les « Six » ne manqueront pas de s’inspirer…

 

 

Gabriel FAURÉ : La Chanson d’Ève, op.95.  Le Jardin clos, op.106.  Neuf mélodies.  Mireille Delunsch, soprano.  Marie-Josèphe Jude, piano.  Lyrinx : LYR 2257.

Composés entre les élans lyriques de La Bonne Chanson (1894) et l’ultime sérénité de L’Horizon chimérique (1921), les cycles La Chanson d’Ève (1910) et Le Jardin clos (1914) ne connurent jamais la même notoriété.  Sur des poèmes de Charles Van Lerberghe (1861-1907), ils ne sont pourtant pas moins admirables de frémissante émotion dans leur nue simplicité.  Les deux immenses artistes que sont Mireille Delunsch & Marie-Josèphe Jude font ici merveille.  En complément de ces deux cycles, elles interprètent neuf mélodies de la première manière : Larmes, Au cimetière, Spleen, La rose, Le parfum impérissable, Arpège, avec les trois titres de Poème d’un jour.  Entre tous, un précieux enregistrement.

 

 

Ernest CHAUSSON (1855-1899) : Poème de l’amour et de la mer, op.19.  Quatuor, op.35.  Chanson perpétuelle, op.37.  Salomé Haller, soprano.  Nicolas Kruger, piano.  Quatuor Manfred.  Zig-Zag Territoires (www.zigzag-territoires.com) : ZZT 100402. 

Le Poème de l’amour et de la mer, œuvre pour voix & orchestre, a été ici heureusement transcrit, par Franck Villard, pour voix, piano & quatuor à cordes – s’inspirant de la formation originelle de la Chanson perpétuelle, mélodie présente sur ce même disque.  Œuvre ultime de Chausson, le Quatuor laisse entrevoir l’orientation symboliste qui aurait pu être celle du compositeur s’il avait vécu.  La soprane Salomé Haller possède certes le tempérament de feu que nécessite ce répertoire ; on peut toutefois regretter un grain de voix qui manque parfois de rondeur. Un enregistrement, au demeurant, indispensable.

 

 

Ernst KRENEK (1900-1991) : Sechs Motetten nach Worten von Franz Kafka op.169 (1959).  Pièces chorales op.22, 72, 87, 97.  Caroline Stein (soprano), Philip Mayers (piano).  RIAS Kammerchor, dir. Hans-Christoph Rademan.  Harmonia Mundi (www.harmoniamundi.com) : HMC 902049.  TT : 74’09.

D’exil intérieur et extérieur (aux USA) furent pour Krenek les années qui suivirent l’Anschluss.  Les Six Motets sur des textes de Franz Kafka op.169 (1959) trouvent une manière d’unité kaléidoscopique dans la technique sérielle, permettant au compositeur de désarticuler, à plaisir, les fragments choisis.  Technique toutefois absente des autres pièces chorales (pour la plupart a cappella) ici réunies : Five Prayers op.97 (1944), Kantate von der Vergänglichkeit des Irdischen op.72 (1932), pour soprano, chœur & piano, Lamento della Ninfa, d’après Monteverdi, Drei gemische A-Cappella-Chöre op.22 (1923), Two Choruses on Jacobean Poems op.87 (1939).  Remarquable interprétation par le RIAS Kammerchor, familier de ce répertoire.

 

 

De BACH à PIAZZOLLA : Un soir.  Frédéric Chatoux (flûte) & Emmanuel Ceysson (harpe).  1CD + 1DVD Live Recording (www.dirac-multimedia.com) : DMM LR1.  TT : 48’27.

Enregistrement d’un concert exceptionnel donné, le 7 juin 2009, en la chapelle « Lalique » de Douvres-la-Délivrande (Calvados).  Étaient au programme (à suivre ici en version aussi bien audio que vidéo) : Sonate en sol mineur BWV 1020 de Bach, Orphée de Gluck (Scène des Champs-Élysées), Fantaisie brillante sur Carmen de Bizet (arrangement : François Borne), Après un rêve et Les Berceaux de Fauré, Beau soir de Debussy, Träume de Wagner, Histoire du tango de Piazzolla, Danses roumaines de Bartók.  Rien que de non surprenant…

 

 

Dimitri CHOSTAKOVITCH (1906-1975) : Symphonie n°14 op.135 (1969).  Julia Korpacheva (soprano), Petr Migunov (basse).  MusicAeterna, dir. Teodor Currentzis.  Alpha (www.alpha-prod.com) : 159.  TT : 52’21.

Composée sur des textes de Federico Garcia-Lorca, Guillaume Apollinaire, Wilhelm Kückelbecker & Rainer Maria Rilke, l’œuvre est dédiée à Benjamin Britten.  C’est l’une des plus désespérées du compositeur.  Elle se présente sous la forme d’un cycle vocal pour basse, soprano & orchestre de chambre.  Huit de ses onze mouvements ont pour thème la mort - toujours prématurée, tragique, violente… Probable réponse d’un athée à la conception religieuse du War Requiem de Britten, dédicataire de cette terrifiante partition.  Fondé en 2004 à l’initiative de son chef actuel, MusicAeterna, orchestre de chambre de l’Opéra de Novosibirsk, interprète l’œuvre avec toute l’intensité visionnaire nécessaire.

 

 

Olivier GREIF (1950-2000) : Sonate pour deux violoncelles « The Battle of Agincourt » (1996).  Quatuor à cordes n°2, avec voix, sur trois sonnets de Shakespeare.  Patrick Langot & Agnès Vesterman (violoncelles).  Alain Buet (baryton).  Ensemble Syntonia.  Zig-Zag Territoires (www.zigzag-territoires.com) : ZZT 100401.

La bataille d’Agincourt, pour deux violoncelles, s’inspire de textes anglicans du XIVe siècle, d’une chaconne, d’un chant du ghetto de Varsovie et d’une ballade de Keats.  Comme souvent dans l’œuvre (prémonitoire ?) d’Olivier Greif, la mort est ici le fil rouge d’une sonate comportant, classiquement, quatre mouvements : Molto lento, quasi cadenza / Chaconne / « Shtil, di nacht is ojsgesternt » / Rondeau de la « Belle Dame sans Merci ».  Non moins hanté par la mort est le 2e Quatuor, sur trois sonnets de Shakespeare ; il comporte cinq mouvements : « Give warning to the world » [sonnet n°71] / « The prey of worms » / Frozen landscape with reclining figure « That time of year » [sonnet n°73] / Intermezzo / « Poor soul, the center of my sinful earth » [sonnet n°146].  Poignante interprétation d’Alain Buet ! Les poèmes originaux et leur traduction sont donnés dans le livret.

 

 

Marc MONNET (°1957) : Bosse, crâne rasé, nez crochu, pour deux pianos, ensemble & transformations en temps réel (2000).  Imaginary Travel, pour piano & électronique (1996).  Épaule cousue, bouche ouverte, cœur fendu, pour violon solo, ensemble & transformations en temps réel (2008).  2CDs Zig-Zag Territoire (www.zigzag-territoires.com) : ZZT 100403. 

Dans Bosse, crâne rasé, nez crochu officient Géraldine Dutroncy & Dimitri Vassilakis (pianos), l’Ensemble Court-Circuit, dir. Pierre-André Valade, Alexis Baskind & Gilbert Nouno (informatique musicale Ircam).  Dans Imaginary Travel, ce sont François-Frédéric Guy (piano) & Thierry Coduys (informatique musicale).  Dans Épaule cousue, bouche ouverte, cœur fendu : Tedi Papavrami (violon), Daniel Gloger (contre-ténor), l’Ensemble Court-Circuit, dir. Pierre-André Valade & Thierry Coduys (informatique musicale).  Intéressant…

 

 

Jean-Paul DESSY (°1963) : Prophètes.  Œuvres pour violoncelle seul, interprétées par le compositeur.  Le Chant du Monde (www.lechantdumonde.com) : LDC 278 1153.  TT : 53’40.

Compositeur et chef d’orchestre, directeur de l’ensemble Musiques nouvelles, Jean-Paul Dessy est avant tout violoncelliste, familier de Bach aussi bien que de Scelsi.  Il interprète ici cinq pièces de son cru : Sophonie (2005), Baruch (1998), Amos (2006), Non multa sed multum (1997), Exodus (2007).  Pièces « incontemporaines », généralement méditatives, de caractère librement improvisé (il dialogua naguère avec le sarangîste Dhruba Ghost).  Fascinant !

 

 

Dimitri YANOV-YANOVSKY (°1963) : Les trois concertos pour claviers.  Céline Frisch (clavecin).  Jay Gottlieb (piano).  Éric Lebrun (orgue).  Ensemble Musiques nouvelles, dir. Jean-Paul Dessy.  Le Chant du Monde (www.lechantdumonde.com) : LDC 278 1152.  TT : 56’26.

À la suggestion d’Hervé Désarbre, directeur des éditions du Chant du Monde, le compositeur ouzbek Dimitri Yanov-Yanovsky a ici soutenu la gageure (sans précédent !) d’écrire trois concertos distincts dont les parties solistes seraient différentes, cependant que la partie orchestrale (pour les seules cordes) demeure identique.  Dans la filiation assumée de Ligeti et de Berio, il s’agit là, in vivo, d’un passionnant traité d’écriture instrumentale.

 

Elżbieta SIKORA (°1943) : South Shore.  Ludwig van BEETHOVEN : 7e Symphonie.  Orchestre philharmonique de la Baltique, Gdańsk, dir.  Jerzy Maksymiuk.  Isabelle Perrin, harpe.  Dux (www.dux.pl) : 0713.  TT : 53’39.

C’est en référence au lac Michigan - elle travaillait alors à l’Université de Chicago - qu’Elżbieta Sikora écrivit South Shore, concertino en trois mouvements enchaînés (Allegretto, Lento possibile, Vivo) pour electric blue harp (harpe électrifiée), orchestre & traitement informatique (20’00).  Isabelle Perrin, dédicataire, en est la soliste.  Étincelant fouillis de cordes dans lequel la harpe, sur un motif initial de deux notes, s’insère tout naturellement (1er mouvement) / Sons de harpe égrénés parmi d’étranges et fugaces séquences (2e mouvement) / Partie beaucoup plus dynamique, avec de rythmiques percussions (3e mouvement).  Une œuvre fascinante qui, sans doute, fera date.  Quant à la 7e Symphonie de Beethoven, elle ouvre ici, dans des tempi très convaincants, de larges espaces.

 

 

Reynaldo HAHN (1875-1947), George GERSHWIN (1898-1937) : L’heure exquise.  Ballades de jazz.  Michel Crichton (piano), Alain Maréchal (saxophones & clarinette).  Passavant Music (www.passavantmusic.com) : PAS 2100.  TT : 70’06.

Certes peu banale - mais convaincante en diable ! – est cette confrontation de deux célèbres compositeurs qui, pour être à peu près contemporains, n’en appartenaient pas moins à des mondes fort différents.  Où l’on découvre, non sans jubilation, Reynaldo Hahn se prêter de bonne grâce au « traitement ternaire » auquel deux magnifiques jazzmen, compères de longue pratique, ont soumis quelques-unes de ses plus célèbres mélodies : L’heure exquise, À Chloris, Trois jours de vendanges, D’une prison…  Cependant que, de Gershwin, sont notamment repris : But not for me, I love you Porgy, Oh lady be good, A foggy day, Summertime…  Un cross-over qui - une fois n’est pas coutume - suscite notre totale adhésion.  Que du bonheur !

 

Francis Gérimont.

 

POUR LES PLUS JEUNES

Poucette « enchantée », conte d’Andersen adapté, chanté & raconté par Isabelle Desrochers (soprano).  Ensemble « À deux violes égales » : Jonathan Dunford (viole de gambe), Mauricio Buraglia (théorbe).  Victorie Music : 301 816.3.

Merveilleuse idée que d’initier ainsi les enfants au chant & à la musique baroque française.  Intelligentes adaptations d’airs de Boismortier, Campra, Clérambaud, Couperin, Francœur, Guédron, Lully, Marais, Rameau… D’une parfaite musicalité.  Le livret comporte l’adaptation intégrale du conte et le texte des chants.

 

 

Festival Mino 2009 : Carte blanche à Henri Dès.  Invités : David Sire, Steve Waring, Alain Schneider et Geneviève Laloy.  Victorie Music : 301 814.2.

Dix-sept titres où le grand Henri Dès fait des duos avec ses divers invités sur des chansons de lui-même ou de ceux-ci.  Grande fête de la chanson et de l’amitié !

 

 

Alain GIBERT (Musique) & André RICROS (Texte) : Jean de La Grive.  Conte musical.  Victorie Music/Universal : 301 811.8.

Ce disque comporte les 27 plages d’un « oratotorio » créé, en 2006, sur la scène nationale de La Comédie, à Clermont-Ferrand.  Où l’on suit les plaisantes aventures des trois fils de Mathurin : Jean de Loisir (quelque peu fainéant), Jean Belarge (fort comme un bœuf, courageux au travail) et Jean de La Grive (chantant sans cesse), aux prises avec l’horrible monstre Dinocroserpentiyo ; celui qui en débarrassera le royaume de Peyrelevade épousera, bien sûr, la fille du roi. Mais ce qui fait la principale qualité de ce conte musical, c’est la constante originalité des musiques interprétées par la Compagnie « L’Auvergne imaginée » (voix + trombones, ophicléide, guitare basse, cabrette, chabretou, batterie et saxophones).  Une totale réussite !

 

 

Derrière les bruissons, musique pour objets.  La Corde à vent (Gérald Chagnard & Sylvain Nallet).  L’Arbre Canapas (www.arbre-canapas.com)  : 609260.  TT : 41’40.

Entre musique concrète jazzie, gamelan mécanique, poésie satique et humour alla Gaston Lagaffe, voilà de bien jolies alliances sonores de saxophones, clarinettes, mandoline, arbre à bouteilles, expirateur à flûtes, roue de vélo préparée, sonnailles, clés plates, kazoo et tutti quanti.  Rigolo !

 

 

DVD

Claude DEBUSSY : Pelléas et Mélisande.  Drame lyrique en 5 actes.  Livret de Maurice Maeterlinck.  Enregistrement live, Theater an der Wien, das neue Opernhaus.  Natalie Dessay (Mélisande), Stéphane Degout (Pelléas), Laurent Naouri (Golaud), Philip Ens (Arkel), Marie-Nicole Lemieux (Geneviève), Tim Mirfin (le médecin, un berger), Beate Ritter (Yniold).  ORF Radio-Symphonieorchester Wien, Arnold Schönberg Chor, dir Bertrand de Billy.  Régie Laurent Pelly.  2DVDs Virgin Classics (www.virginclassics.com) : 696 1379.1.  163’00.

Idéale est cette nouvelle production, tant pour les chanteurs – voix, diction, physique, intime communion avec les personnages (et ce jusqu’à la délicieuse Beate Ritter, bien qu’un peu grandette dans le rôle du petit Yniold) - que pour l’orchestre et son chef, le Français Bertrand de Billy, contraint de mener, hors nos frontières, la brillante carrière qui lui est ici refusée.  Décors stylisés à l’extrême, grande simplicité de la mise en scène.  D’anthologie !

 

Francis Gérimont.

 

Jeanne BOVET : Parcours d’une vie dédiée à la musique.  VDE-Gallo (La Cure, rue du Four 2, CH-1410 Denezy.  info@vdegallo.ch) : DVD 1288.

La pianiste suisse Jeanne Bovet (93 ans en 2007) parcourt sa vie entièrement dédiée à la musique.  D’un côté, l’image, les contextes (paysages, lieux, environnement), voisinent avec des commentaires très éclairants marqués par une exceptionnelle présence ; de l’autre côté, l’artiste est en action.  Bref : une rencontre immédiate avec ce remarquable professeur - qui a été élève de Marthe Morhange et surtout d’Alfred Cortot -, présentée en 5 actes : Enfance / Paris (École Normale de Musique) / L’artiste / Berne / Rompon.  J. Bovet interprète une sélection de pages de Bach, Scarlatti, Schumann, Brahms et Debussy et, en prime, l’œuvre que son compatriote Julien–François Zbinden (°1917) a composée pour son 90e anniversaire : Trois Inventions à mi-voix pour piano, op.99.  Étayée de photographies, d’autographes (Cortot…), de la liste de ses nombreuses publications littéraires et pédagogiques, cette révélation évoque un siècle d’échanges artistiques entre la Suisse et la France.

 

Édith Weber.

 

Henry PURCELL : Didon and Aeneas.  Opéra en un prologue et trois actes.  Malena Ernman, Christopher Maltman, Judith von Wanroij, Hilary Summers, Fiona Show.  Chœurs et orchestre des Arts Florissants, dir. William Christie.  Mise en scène : Deborah Warner.  Réalisation filmée : François Roussillon.  Opéra Comique FraMusica : EDV 1610.  TT : 1h06'.

Capté lors des représentations de 2008, cette exécution de Didon et Enée est exemplaire en ce qu'elle fédère les climats contradictoires qui font de ce court opéra un concentré dramatique rare.  La mise en scène de Deborah Warner fait en effet converger trois univers indissociables en un efficient mélange : celui des protagonistes, vêtus de costumes d'époque, celui du chœur, en habits d'aujourd'hui, celui enfin des enfants, façon collégiens en uniforme qui, de leurs pirouettes endiablées, singent le monde grave des adultes ; fine allusion au fait que la pièce aurait été créée dans un pensionnat de jeunes filles de Chelsea.  Le prologue, dont la musique a été perdue, est néanmoins maintenu sous forme d'un choix de poèmes, dits par l'excellente comédienne Fiona Shaw.  Il flotte dans cette exécution un frisson de théâtre élisabéthain à travers l'exacerbation des sentiments, le mélange des genres, le fantasque débridé.  Et l'on passe sans transition de l'humour léger au registre tragique, de l'émotion pure à l'exagération parodique.  L'atmosphère est créée par trois fois rien.  Pourtant il s'en dégage un parfum de légèreté qui renforce la beauté intense de la pièce, cette « exquise douleur » de l'héroïne si profondément vécue.  La captation filmée, par un intéressant découpage des plans, restitue le spontané de la représentation.  L'interprétation est proche de l'idéal : la perfection dramatique et vocale se vit autant dans les chœurs que chez les solistes.  Comment ne pas être conquis par  la vibrante et sobrement émouvante Didon de Malena Ernman, l'impérieux Énée de Christopher Maltman ou l'inénarrable sorcière de Hilary Summers.  L'orchestre dirigé par William Christie livre un panel de sonorités envoûtantes.  Une magnifique réussite pour lancer le label DVD-maison de l'Opéra Comique !

 

Jean-Pierre Robert.

 

 

 

   


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S’ouvrant sur un éditorial de l’Inspecteur général de l’Éducation nationale, M. Vincent Maestracci, orientant de façon concise l’élève dans son travail, le supplément Baccalauréat 2010 de L’éducation musicale est d’une rare densité : pas moins de 148 pages d’analyses et références.

 

Indispensable aux professeurs d’Éducation musicale et aux élèves de Terminale qui préparent l’épreuve de spécialité « série L » ou l’épreuve facultative « Toutes séries générales et technologiques du baccalauréat », cette publication réunit les connaissances culturelles et techniques nécessaires à une préparation réussie.

 

À commander aux Éditions Beauchesne : 7, cité du Cardinal-Lemoine, 75005 Paris. Tél : 01 53 10 08 18.  Fax : 01 53 10 85 19.  s.desmoulins@leducation-musicale.com

 

 

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