Si vous n'arrivez pas à lire correctement cette newsletter, cliquez ici.
 

www.leducation-musicale.com



mai-juin 2008
n° 553-554


mars-avril 2008
n° 551-552



BACCALAUREAT 2008
Supplément au n° 543-544






Sommaire :

1. L'éditorial de Francis Cousté : Musica mores emollit
2. Informations générales
3. Varia
4. Manifestations et Concerts
5. L'édition musicale
6. Bibliographie
7. CDs et DVDs
8. Mots croisés : la grille d'Hélène Jarry
9. La vie de L’éducation musicale


Musica mores emollit

Adoucit les mœurs ? Voire…

 

Même si « nous sommes la musique tant que la musique dure », nous n’en sommes guère meilleurs lorsqu’elle se tait.  Le silence qui la suit serait-il de Mozart – lui-même fervent maçon certes, mais non moins incorrigible galopin…  Il n’est d’ailleurs que de constater le comportement, au XXe siècle, du « peuple le plus musicien de la Terre », et plus généralement l’impuissance de la musique à désarmer guerriers ou despotes qui, tels Néron, Hitler ou Staline, se piquaient de mélomanie.  Et de Jéricho à Orange mécanique ou Marilyn Manson, que ne reprocha-t-on à la pauvre Euterpe !

Quant à l’intolérance de nos Jeunes turcs envers tout ce qui n’est pas de leur coterie, elle n’a guère d’équivalent dans le monde des sciences & des techniques, de la littérature ou des autres arts.  Inaltérable bonne conscience et illuminations proprement mystiques ne constituent-elles pas le fonds commun à la plupart de nos jazzmen, tangueros, sérialistes, spectraux, néo-tonaux ou postmodernistes ?  Cependant que, sous couvert de la Toile, pédagos intégristes et avant-gardistes bêlants échangent des propos rances…

Mais trêve de moraline ! Reconnaissons bien plutôt, avec la grande Marguerite Yourcenar, que « la musique, cette joie des forts, c’est aussi la consolation des faibles ».

 

Francis B. Cousté


Haut

 

BOEN n°13, 27 mars 2008, p.670.  Vacance de poste : délégué académique à l’éducation artistique & culturelle (DAAC) de l’académie de Nice.

BOEN n°14, 3 avril 2008, p.731.  Vacance de poste : délégué académique à l’éducation artistique & culturelle (DAAC) de l’académie de Montpellier.

BOEN n°15, 10 avril 2008, p.772.  Nominations d’IPR-IA hors classe : Yvan Beuvard (académie de La Réunion), Alain Breuvart (académie de Lille).  Encart, p. IV. Circulaire de préparation de la rentrée 2008 / 3e orientation : Développer l’éducation artistique et culturelle (Introduction d’un enseignement de l’histoire des arts / Développement des partenariats / Projets d’établissement à la rentrée 2009).

BOEN n°16, 17 avril 2008, p.791. Agrément national d’associations éducatives complémentaires de l’enseignement public.  L’association « Fédération des Centres musicaux ruraux/Musicités » est agréée pour une durée de 5 ans.  Agrément étendu à ses structures territoriales.

Le Bulletin officiel de l’Éducation nationale est librement consultable sur :

www.education.gouv.fr/pid285/le-bulletin-officiel.html

Nouveaux programmes d’Éducation musicale au collège.  Consultation des enseignants : http://www2.ac-lyon.fr/enseigne/musique/divers/Projet_musique.pdf

Rencontres musicales autour de La Prée : Sous la direction artistique de Ludmila Berlinskaïa & Dominique de Willencourt [notre photo], la célébre abbaye accueille chaque année de nombreux musiciens – dont certains en résidence.  Renseignements : 36100 Ségry. Tél. : 02 54 03 44 44.  www.pqev.org/fr/pree.php

« Jazz et musiques improvisées : quels enjeux aujourd’hui ? », tel est le thème du colloque qui se déroulera les jeudi 15 et vendredi 16 mai 2008, au Tarmac de La Villette.  Renseignements : 01 42 36 00 12.  www.afijma.asso.fr

« MySpace Music », site de téléchargement lancé par MySpace, a trouvé le renfort de trois majors du disque : Universal Music, Sony BMG et Warner Music Group.  Des négociations seraient en cours avec EMI.  Amazon.com et iTunes d’Apple ont donc un nouveau challenger.

9es Rencontres musicales de Fontainebleau.  Elles se dérouleront, du 16 mai au 14 juin 2008, au Château [notre photo] et au Théâtre de Fontainebleau.  Sans préjudice de « Promenades musicales en Seine-et-Marne ».  Renseignements : 01 44 61 83 50. www.proquartet.fr

Image:Fontainebleau Chateau 01.jpg

Ars Mobilis propose : Solistes aux Serres d’Auteuil [notre photo] ; Quatuors à cordes à l’église Saint Roch.  Renseignements : 01 46 32 02 26. www.ars-mobilis.com

Image:Paris serres Auteuil expo palmier 04.jpg

Les Grandes Eaux Musicales de Versailles jailliront jusqu’au 26 octobre 2008, tous les samedis, dimanches et jours fériés.  Aux opéras de Lully, Desmarest, Rameau et Gluck sont empruntées les musiques qui fusent de chaque bosquet, de chaque fontaine : Bassins de Neptune, du Char d’Apollon…  Bosquets des Trois Fontaines, de la Salle de Bal, de la Colonnade, des Dômes, de l’Encelade…  Informations : 01 30 83 78 89.  www.chateauversailles-spectacles.fr

Le compositeur Marc-Olivier Dupin a pris, le 31 mars dernier, ses nouvelles fonctions de directeur de France Musique.  M.-O. Dupin [notre photo] a notamment dirigé le CNSMDP, puis été directeur général de l’Orchestre national d’Île-de-France.  Il vient de constituer sa propre équipe : Marc Voinchet (programmes de l’antenne), Olivier Morel-Maroger (production & développement), Ariane Chanteloup-Gombert (coordination des programmes & de la production).  Renseignements : www.radiofrance.fr/francemusique

Sofi Jeannin [notre photo] vient d’être nommée directeur musical de la Maîtrise de Radio France.  Elle succède à Toni Ramon, décédé en septembre 2007. 

Renseignements : www.radiofrance.fr/chaines/orchestres/maitrise/accueil

 - next picture

La 2e édition du Festival « Île de découvertes », dédié par l’Orchestre national d’Île-de-France à la musique contemporaine, se déroulera en la Maison des Arts de Créteil, les 23, 24 et 25 mai 2008.  Œuvres de Webern, Stravinski, Messiaen, Adámek, Canat de Chizy, Campo, Dupin, Chauris, Finzi, Strasnoy, Adams, Takemitsu, Lindberg… Avec le concours, notamment, du chœur Sequenza 9.3, de l’ensemble La Muse en Circuit et de nombreux solistes : S. Jean, J. Deroyer, D. Guerrier, J. Dubé, J. Gottlieb, J.-Fr. Neuburger…  Renseignements : 01 43 68 76 00, www.orchestre-ile.com ou : 01 45 13 19 19 www.maccreteil.com

Île de découvertes

Le compositeur français Thierry Lancino [notre photo] vient d’obtenir le Prix Serge Koussevitzky, « en reconnaissance pour sa précieuse contribution à la musique de notre temps ».  Son Requiem (commande de Radio France & de la Fondation Koussevitzky) sera créé en janvier 2010, salle Pleyel, par les Chœurs et l’Orchestre philharmonique de Radio France, dir. Eliahu Inbal.  Renseignements : www.lancino.org ou www.loc.gov/today/pr/2008/08-052.html

Le festival « Enfance et musique » se déroulera, du 22 juin au 6 juillet 2008, à Poitiers, Ligugé, Saint-Benoît, Nouaillé-Maupertuis.  Concerts, tables-rondes, visites commentées, conférences, exposition…  Renseignements : 05 49 55 89 00. www.cheminsdemusique.fr

fest2008.jpg

Colloque international en Sorbonne.  Musique et arts plastiques : la traduction d’un art par l’autre [Principes théoriques & démarches créatrices].  Responsable du colloque : Michèle Barbe.  Comité de direction : Véronique Alexandre-Journeau, Jean-Yves Bosseur, Gérard Denizeau, Sylvie Douche, Michel Guiomar, Laurence Le Diagon-Jacquin, Jean-Jacques Nattiez.  Avec un concert et une exposition.  Salle des Actes, les 26, 27 et 28 mai 2008 (9h30-12h30 et 14h15-17h45).  Renseignements : www.omf.paris4.sorbonne.fr

La 24e édition des Francofolies de La Rochelle se déroulera du 11 au 16 juillet 2008.  Avec le concours de plus d’une centaine d’artistes, dont, le 15 juillet : Hocus Pocus, Rose, Camille et Catherine Ringer [notre photo] qui chantera « Les Rita Mitsouko and more… ».  Renseignements : 05 46 28 28 28.  www.francofolies.fr

    

Le 6e Concours international de piano Francis-Poulenc se déroulera à Limoges, Brive et Tulle, du 23 au 29 novembre 2008.  Président du jury : Gabriel Tacchino.  Renseignements : 05 55 18 18 63.  www.concours-poulenc.org

Le Salon de la Musique & du Son 2008 se tiendra, du vendredi 12 au lundi 15 septembre, à Paris Expo (Porte de Versailles).  Renseignements : 01 47 56 50 00.  www.salon-musique.com

***


Colloque Didier Jeunesse : « La musique et le jeune public, entre tradition et création », le mardi 27 mai 2008, de 9h à 16h45, à l’Auditorium Saint-Germain (4, rue Félibien, Paris VIe).  Entrée libre.
  Renseignements : 01 49 54 48 30.

Pékin : Jardins du temple du Ciel [30 mars 2008].  Photo : Marc Lefèvre.

Verbatim : « On obtient davantage en étant poli et armé, qu’en étant juste poli. » (Alphonse Capone)

Capone’s Blues Band

La 15e édition des « Nuits de Fourvière », festival lyonnais, se déroulera du 7 juin au 2 août 2008.  Sont notamment programmés : Bartabas, Juliette Gréco, Marianne Faithfull, Étienne Daho, R.E.M., Vanessa Paradis, Massive Attack et le chanteur canadien Leonard Cohen [notre photo].  Renseignements : 04 72 38 60 43.  www.nuitsdefourviere.fr

L’École supérieure d’art de Mulhouse, dite « Le Quai », propose une formation intitulée « Sonic art & design ».  Trois thèmes : Espaces réels & espaces virtuels ; Réseau & participation ; Récit, composition & montage.  Avec le concours, notamment, de Bertrand Gauguet, Yvan Étienne, Sonic Boom (UK) et Nicolas Collins (USA).  Renseignements : 03 89 59 40 43.  www.lequai.fr/sonic

Le Quai Ecole supérieure d'art de Mulhouse

Hugues R. Gall (°1940), ancien directeur de l’Opéra national de Paris (de 1995 à 2004) et membre de l’Académie des Beaux-Arts (depuis 2002), vient d’être nommé directeur de la Fondation Claude-Monet à Giverny (Eure).  Renseignements : 02 32 51 28 21.  www.fondation-monet.com

Le Parisien Édouard-Léon Scott de Martinville (1817-1879) est l’inventeur du phonautographe [ci-dessous], appareil d’enregistrement antérieur de 17 ans à celui d’Edison (il retranscrit les ondes sonores sur une feuille de papier noircie par la fumée d’une lampe à huile).  Des ingénieurs d’un laboratoire de Stanford University ont, pour la première fois, réussi à « faire parler », pendant une dizaine de secondes, son enregistrement de la chanson Au clair de la lune (1860).  Audible sur : www.firstsounds.org/sounds/1860-Scott-Au-Clair-de-la-Lune.mp3

Gravure du XIXe siècle du phonautographe inventé par Édouard-Léon Scott de Martinville.                   Édouard-Léon Scott de Martinville.

« Nouvelles Orgues », revue créée sous les auspices de Georges Guillard & Bernard Foccroulle, vient de publier son premier numéro.  Renseignements : www.orgues-nouvelles.org

Verbatim : « La musique de film, ça n’existe pas !  Il y a de bons musiciens de films, par exemple Bernard Herrmann dans les films d’Hitchcock.  Mais, même dans Sueurs froides, qui est un film magnifique, je trouve insupportable qu’on l’entende sans arrêt.  Cette belle musique se transforme en musique d’ascenseur.  Et on n’entend plus l’image.  Elle devient comme un commentaire sportif » (Jean-Luc Godard, 2004).

Exposition Serge Gainsbourg.  À la Cité de la musique, du 21 octobre 2008 au 1er mars 2009, cette exposition - dont Frédéric Sanchez est le commissaire - permettra une plongée, en images et musique, au cœur de l’univers de l’artiste, de ce qui l’a inspiré et des décennies qu’il aura traversées.  Renseignements : 01 44 84 44 84.  www.cite-musique.fr

L’Orchestre national d’Île-de-France, seul orchestre professionnel à faire entendre le répertoire symphonique en Île-de-France hors Paris, porte également un nombre exceptionnel de projets éducatifs destinés à un large public, allant de l’école primaire aux adultes.  Dossiers pédagogiques téléchargeables sur : www.orchestre-ile.com  Renseignements : 01 41 79 03 43. julie.david@orchestre-ile.com

Saison o8|o9

Le Grand Prix Lycéen des Compositeurs 2008, organisé par La Lettre du Musicien, a été attribué au compositeur et percussionniste Pascal Zavaro pour Silicon MusicRenseignements : www.pascalzavaro.com

***

 


Haut

 

 

La sitariste Sahana Banerjee [notre photo], sera accompagnée par Prabhu Edouard, au tabla, le vendredi 16 mai 2008, à 20h30, en l’auditorium du musée Guimet.  Renseignements : 6, place d’Iéna, Paris XVIe.  Tél. : 01 40 73 88 18.  www.guimet.fr

(JPG)

Église du Val-de-Grâce.  Le 31 mai, à 18h30 : « Algonquins & Samba », La danse à Saint-Dilon de Gilles Vigneault, Balaio de Heitor Villa-Lobos, Samba ! de Andrès Laprida, Triptyque pour orgue de Jean Chatillon, Chansons populaires canadiennes et sud-américaines . Ensemble vocal, dir. Étienne Ferchaud.  Hervé Désarbre, orgue.  Entrée libreRenseignements : www.desarbre.com

À Paris, trois créations de François-Bernard Mâche [notre photo] : Taranis, pour grand orchestre, chœur mixte & récitant, le samedi 10 mai, à 18h, Grande salle de la Cité de la musique (tél. : 01 44 84 44 84).  Les Arcadiennes, Alexandre Tharaud, pianiste, le samedi 24 mai, à 15h, Théâtre de la Ville (tél. : 01 42 74 22 77).  Manuel de conversation, pour clarinette & ordinateur, le dimanche 25 mai, à 18h, salle Olivier Messiaen, Maison de Radio France (tél. : 01 56 40 29 88).

Les XVIes Rencontres d’ensembles de violoncelles de Beauvais se dérouleront du 12 au 21 mai 2008.  Renseignements : 03 44 06 36 06.  www.rencontresdensemblesdevioloncelles.com

Concert éducatif : L’Histoire du soldat, de Charles-Ferdinand Ramuz [portrait ci-dessous par Théodore Stravinsky] et Igor Stravinsky, sera donné en la Salle des concerts de la Cité de la musique, le samedi 17 mai 2008, à 11 heures.  À partir de 8 ans.  Durée : 1h.  Récitant : Graham F. Valentine.  Ensemble Intercontemporain, dir. Susanna Mälkki.  Lumières : Catherine Verheyde.  Renseignements : 01 44 84 44 53.  www.ensembleinter.com

Auditorium du Louvre. Mercredi 14 mai, 20h : Sonates de Mendelssohn, Brahms et Chostakovitch, par Antoine Tamestit, violon alto, et Nicholas Angelich, piano.  Le mercredi 28 mai, 20h : Variations, Fantaisie et Sonates de Haydn, par Zhu Xiao-mei, piano [notre photo].  Renseignements : 01 40 20 55 55.  www.louvre.fr

Xiao Mei Zhu

La contralto Nathalie Stutzmann donnera, à la Cité de la musique de Paris, un concert (le 20 mai, à 20h) et des master-classes (les 22, 23 et 24 mai, à 15h).  Renseignements : 01 44 84 44 84. www.cite-musique.fr

The Anoushka Shankar Project se développera, le jeudi 22 mai, à 20h, en l’Auditorium de la Cité de la musique : subtiles combinaisons de formes anciennes de ragas et d’instruments occidentaux.  Renseignements : 01 44 84 44 84.  www.cite-musique.fr

Anoushka Shankar

Musique en Sorbonne : Les mardi 27 et mercredi 28 mai 2008, à 20h30, en le Grand Amphithéâtre, cinq solistes, le Chœur & l’Orchestre de Paris-Sorbonne, dir. Johan Farjot, interpréteront l’Ouverture de Coriolan (Beethoven), le Psaume 42 et La première nuit de Walpurgis (Mendelssohn).  Renseignements : 01 42 62 71 71.  www.musique-en-sorbonne.org

Auditorium du Musée d’Orsay : Héritage, tradition et filiation.  Le mardi 20 mai, à 12h30, Cécile Darroux, flûte, & Susan Manoff, piano, interprètent : Ballade de Frank Martin, Danse de la chèvre et Romance d’Arthur Honegger, Sonate de Paul Hindemith.  Renseignements : 01 40 49 48 14.  www.musee-orsay.fr/fr/manifestations/musique.html

La Danse de Carpeaux avec au premier plan une compositon de Joel Shapiro - Correspondances 2005 - Paris Musée d'Orsay - Copyright : Musée d'Orsay - Joel Shapiro et A.Point, JPhG

La 37e édition du « Florilège vocal de Tours », seul concours international de chant choral en France, se déroulera du 29 mai au 1er juin 2008.  Y participeront 21 chorales (dont 5 chœurs d’enfants) originaires de 20 pays.  Chaque chœur devra présenter : une œuvre de la Renaissance, du Baroque ou de l’époque classique / une œuvre écrite après 1940 par un compositeur français / une œuvre libre.  Renseignements : 02 47 21 65 26.  www.florilegevocal.com

Création d’une œuvre d’Édith Canat de Chizy [notre photo] : A Song of Joys, pour chœur et orchestre, sur le poème éponyme de Walt Whitman (éditions Lemoine), sera donné en première audition mondiale, le 23 mai 2008 à 21h, en la Maison des Arts de Créteil, par l’Orchestre national d’Île-de-France & l’Ensemble Sequenza 9.3, dir. Jean Deroyer.  Renseignements : 01 45 13 19 19.  www.maccreteil.com ou www.edithcanatdechizy.com

Le 5e Festival de musique du Chablisien se déroulera du 27 mai au 8 juin 2008.  Renseignements : 03 86 42 80 80.  www.festival.onlc.fr ou http://hacquard.onlc.fr

Le Festival de Saint-Denis - classique/métis/création - se déroulera du 29 mai au 17 juin 2008.  En la basilique royale : Messe de Schubert, Chant de la Terre de Mahler, Quintette avec clarinette de Mozart et VIIe Symphonie de Bruckner (version chambriste), Requiem de Duruflé, de Campra, de Berlioz, Messe du Couronnement de Mozart, Wesendonck Lieder de Wagner et VIIIe Symphonie de Bruckner, Stabat Mater de Vivaldi, Il Combattimento de Monteverdi…  Renseignements : 01 48 13 06 07. www.festival-saint-denis.fr

Passe ton Bach d’abord !  Organisée par l’Ensemble baroque de Toulouse, dir. Michel Brun [notre photo], cette manifestation se déroulera, pendant 24 heures, autour de l’œuvre de J.-S. Bach, les 7 et 8 juin 2008, à Toulouse.  Avec notamment Les Saqueboutiers de Toulouse, ensemble invité.  Renseignements : 05 61 52 73 13. www.ensemblebaroquedetoulouse.com

« Club for Five », ensemble vocal a cappella - mêlant classique, jazz, rock, pop et imitation de toutes sortes d’instruments - se produira, le samedi 31 mai 2008, à 20h, en l’Institut finlandais de Paris.  Renseignements : 60, rue des Écoles, Paris Ve.  Tél. : 01 40 51 89 09.  www.institut-finlandais.asso.fr

Ode Paname, « le son jazz de la poésie », se produira le 29 mai 2008, à 21h, au Kiosque Flottant (amarré quai de la Gare, Paris XIIIe, face à la Bibliothèque nationale de France).  À retrouver sur : www.myspace.com/odepaname

Francis Cousté

***


Haut

FORMATION MUSICALE

Jean-Philippe RAMEAU : Intégrale de l’œuvre théorique. Trois volumes réalisés par Bertrand Porot & Jean Saint Arroman.  Fuzeau : 5884, 5885, 5886.

En rendant disponible, dans ces trois volumes, l’ensemble des œuvres théoriques de Rameau classées par ordre chronologique, les éditions Fuzeau font ici un travail qui fera date. Est-il besoin de rappeler l’importance du travail théorique entrepris par Rameau pour atteindre aux racines de l’art musical ? Dans sa Démonstration du principe de l’harmonie, publiée dans le deuxième volume, Rameau ne nous dit-il pas : « Conduit dès ma plus tendre jeunesse par un instinct mathématique dans l’étude d’un Art pour lequel je me trouvais destiné, et qui m’a toute ma vie uniquement occupé, j’en ai voulu connaître le vrai principe, comme seul capable de me guider avec certitude, sans égard pour les habitudes ni les règles reçues ».  Ce travail monumental regroupe non seulement les différents traités écrits par Rameau, mais aussi tous les écrits théoriques qu’il a pu réaliser au fil de la publication de ses œuvres. Je citerai notamment De la méchanique des doigts sur le clavessin, ou encore les Pièces de clavecin avec une table pour les agrémens publiées en 1736. Mais il faut surtout mentionner qu’on y trouve également les articles de l’Encyclopédie, des échanges de lettres avec d’Alembert. Bref, il s’agit d’un travail exhaustif et particulièrement précieux qui devrait figurer dans la bibliothèque de tout conservatoire.

Joël GENETAY : Les mots simples de la musique.  À lire, jouer et écouter (CD inclus).  Fuzeau : 5774.

Joël Genetay nous invite à une aventure passionnante : explorer sous forme de dictionnaire les mots simples de la musique.  Mais ce dictionnaire est tout à fait spécial : la page de gauche est consacrée au texte, qui comporte à la fois explications et références au CD (lequel n’est pas seulement une illustration des mots, ce qu’il fait fort bien par des exemples judicieusement choisis, mais une invitation à participer activement à la découverte ; cela se fait par différents exercices qui s’apparentent à des jeux et permettent de comprendre et de sentir ce qui est expliqué dans le texte).  La page de droite est consacrée aux illustrations. À qui peut s’adresser ce livre ? Aussi bien aux enfants d’âge scolaire qu’aux adultes amateurs désirant découvrir la musique de façon vivante. Le sous-titre : « Goûter pour apprendre, comprendre, connaître » est à lui seul tout un programme, réalisé avec bonheur dans cet ouvrage, petit par la taille mais au riche contenu.

ORGUE

Louis VIERNE : Pièces de Fantaisie en quatre suites.  Livre II op. 53 (1926). Édité par Schauerte-Maubouet.  Urtext.  Bärenreiter : BA 9228.

Dans notre livraison d’avril dernier, nous avons dit tout le bien que nous pensions de cette publication de l’œuvre d’orgue de Louis Vierne. Nous retrouvons ici les mêmes qualités de présentation, ainsi que celles de la copieuse introduction aux vingt-quatre pièces.  Et en français ! Un certain nombre de pages autographes sont également reproduites dans cette édition.  Ensemble tout à fait remarquable.

Alexandre GUILMANT : Pièces de concert et Pièces de caractère 1.  Œuvres choisies pour orgue, vol. 5. Édité par Wolf Kalipp. Urtext.  Bärenreiter : BA 9252.

On ne saurait trop apprécier cette volonté de rendre à Alexandre Guilmant sa place parmi les compositeurs de la fin du XIXe siècle. Cette édition, en six volumes, d’un choix de ses œuvres est un véritable événement : bien sûr, ces pièces étaient disponibles dans des éditions anciennes, mais n’avaient jamais été rééditées dans une édition moderne qui les remette pleinement en lumière.  Comme pour Louis Vierne, nous retrouvons ici : préface, aperçu biographique, mise en perspective de l’œuvre de Guilmant dans la musique du XIXe siècle ainsi qu’un examen des pièces et de la personnalité de l’auteur, sans oublier des documents autographes.

GUITARE

Didier RENOUVIN : L’apprentissage de la guitare.  Méthode progressive.  1vol. 2CDs.  Delatour : DLT 1640.

Voici une méthode très complète et très progressive : on part vraiment du tout début du contact avec l’instrument, photographies à l’appui.  Les éléments de solfège sont donnés au fur et à mesure.  Complète, cette méthode l’est également pour l’exposé des différentes techniques : la guitare jazz n’est pas oubliée, avec sa notation propre et ses chiffrages ; tous les styles sont abordés, du folklore irlandais au blues.  Les derniers morceaux proposés sont du niveau d’un second cycle.  Tous les exercices et pièces figurent sur les trois CDs inclus.  Ajoutons que cette méthode est intégralement bilingue (français-anglais).  Non sans humour : consacrée à une pièce de style russe, la note qui clôt la dernière page précise : « Si l’on veut respecter la tradition slave, il faut jeter la guitare par dessus l’épaule à la fin du morceau ».

Pascal JUGY : Deux préludes ultramarins pour guitare.  Combre : C06557.

De niveau moyen, ces deux préludes transatlantiques évoquent effectivement les rythmes et les mélodies d’Amérique du Sud.  Il s’agit de deux pièces séduisantes autant par leurs harmonies délicates que par leur caractère très affirmé.

Hiroki TERASHIMA : Petites histoires.  Dix pièces faciles pour guitare.  Lemoine : 28 594 H.L.

Ces dix petites histoires sont de difficulté progressive, mais ont en commun l’agrément et le charme de leur musique originale.  Elles font appel à différentes techniques, notamment la dernière intitulée Bach, fais-moi peur… Nul doute qu’elles procureront beaucoup de plaisir aux jeunes guitaristes.

PIANO

Stéphane BLET : Valse « à l’ancienne » pour piano.  Lafitan : P.L. 1792.

Cette charmante petite valse ne manque ni de piquant ni d’humour. Son thème mineur faussement mélancolique fait penser à certaines œuvres de Satie… Ce n’est pas très difficile, mais demande musicalité et précision.

Jean TEMPREMENT : Dorine et le dorien pour piano.  Lafitan : P.L. 1721.

Il s’agit en fait d’un agréable thème suivi de variations qui ne disent pas leur nom.  Ce très agréable morceau permettra, mine de rien, de tester la capacité des élèves au jeu contrapunctique.  Pas trop difficile.

VIOLON

Claude-Henry JOUBERT : Méthode de violon, vol. 2.  32 leçons en 1re et 3e positions.  Combre : C06515.

Adapté de la méthode d’alto du même auteur, ce deuxième volume aborde démanché et troisième position.  Ses principales caractéristiques sont de conduire l’élève à trouver lui-même une méthode de travail, le rendant ainsi autonome.  Le choix des morceaux est, en bonne partie, tiré du répertoire.  Pour les autres, on peut faire confiance à l’esprit inventif et humoristique de l’auteur…

CLARINETTE

Gabrielangela SPAGGIARI : Le jeune clarinettiste.  Ut Orpheus Edizioni, Bologne : DM 49.  http://www.utorpheus.com

Cette méthode pour débutants est issue de l’expérience pédagogique de l’auteur.  Disons tout de suite que cette méthode italienne est intégralement et uniquement en français dans une excellente traduction.  Quelle élégance de la part de cet éditeur italien ! Quant à la méthode elle-même, elle ravira les débutants de 7 à 13 ans (ou même les adultes qui voudraient découvrir l’instrument).  La présentation en est agréable, sans aridité comme sans dessins superflus.  Dès le début, l’élève est invité à jouer de petits morceaux plaisants, très vite adaptés de répertoires variés, de Bach et Mozart au folklore japonais.  Ajoutons que sont également proposés des conseils extrêmement pratiques et des expériences instructives.

SAXOPHONE

Fernando MILLET : La Escapada pour saxophone soprano sib & piano.  Lemoine : 28 165 H.L.

Cette Escapada comporte deux parties : une copieuse introduction pour piano seul, puis une deuxième partie où les deux instruments engagent un dialogue exigeant et varié, alliant charme de la mélodie et dynamique du rythme.  Une œuvre très intéressante, enregistrée par les dédicataires (chez Lyrinx : LY 230).

TROMBONE

Joseph Bodin de BOISMORTIER : Sonate en sol mineur (extraite de Sonates pour trois flûtes op. 7) pour trois trombones.  Adaptation d’Olivier Renault.  Combre : C06549.

De niveau fin de deuxième cycle, cette transcription constituera, pour les trombonistes, le moyen de s’approprier un répertoire peu disponible pour leur instrument.  On ne peut que se réjouir de trouver ce genre de transcriptions qui permet l’abord de nouveaux répertoires.

Régis BENOIST : Romance pour trombone en ut & piano.  Lafitan : P.L. 1608.

Voici une Romance bien enlevée ! Il est permis de supposer que la destinataire a un caractère fort leste ! Pièce de moyenne difficulté.

Jean-Jacques FLAMENT : Place Rouge pour trombone en ut & piano.  Lafitan : P.L. 1606.

Le titre évoque le style cosaque de la pièce, qui ne manque ni d’entrain ni de caractère. Bien sûr, le sentiment y a sa place avec, au milieu, un Adagio cantabile charmeur.

Jacques ERDOS : Automne pour trombone & piano.  Lafitan : P.L. 1571.

Charmante pièce au caractère modal, mélancolique à souhait, comme le veut cette saison.  Elle permettra au jeune tromboniste de montrer musicalité et art du phrasé.

MUSIQUE D’ENSEMBLE

Ludwig van BEETHOVEN : Symphonie n°1 op. 21 pour 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 cors, 2 bassons & contrebasson.  Transcription : Georg Schmitt (Öhringen 1817).  Édité par Martin Harlow.  Ut Orpheus Edizioni : ACC 72 A.

Voilà une très intéressante transcription (ancienne) de la Première symphonie.  Bien sûr, ce n’est pas une transcription pour débutants : mais on ne saurait assez en dire l’intérêt.  Ajoutons que le matériel est disponible. Le conducteur respecte l’édition originale où toutes les parties sont en ut, mais le matériel d’orchestre comporte les parties de clarinette en sib.

Claude-Henry JOUBERT : Perdita, pour chœur d’enfant & instrument en ut.  Combre : C06521.

Il s’agit en fait d’un duo entre un instrument en ut (l’œuvre a été créé avec une flûte à bec, mais une flûte traversière ou un hautbois conviennent aussi) et un chœur d’enfants à l’unisson - commande de la ville de Drancy, créée en 1998.  Ce charmant conte, qui commence bien sagement, bénéficie de tout l’humour, paroles et musique, de l’auteur.  La partie de chœur n’offre pas de difficulté particulière ; cette courte pièce mérite un franc succès !

Daniel Blackstone

PIANO

Pierrette MARI : Les Petits Charmoz, « 2e escalade sur un piano »Gérard Billaudot (www.billaudot.com) : GB 8446.  6,56 €.

Après L’Aiguille du Midi, « 1re escalade sur un piano », Pierrette Mari nous livre une nouvelle « pièce de genre » alpin, de moyenne difficulté (5-6), d’une durée d’environ 3’10.  Sur tempo vif, ces Petits Charmoz feront le bonheur de tout agile pianiste – mains souvent imbriquées… Une brève partie centrale permet de reprendre souffle et élan, avant d’aborder les joyeux escarpements conclusifs.

Splash !  « Pièces faciles autour de l’eau, avec le clavier-crocodile ».  Breitkopf & Härtel Pädagogik (www.breitkopf.de) : 8796.

Plaisamment illustrées en couleurs par Martina Schneider, ces 25 pièces emporteront, sans nul doute, l’adhésion de tout apprenti pianiste.  De très facile à facile, voilà un merveilleux corpus pédagogique, varié et plein d’humour !

VIOLON

Astor PIAZZOLLA : Vuelvo al sur. 10 tangos et autres pièces.  Arrangements : Hywel Davies.  CD inclus.  Boosey & Hawkes (www.boosey.com). 

Nous recensions récemment le même album pour piano solo.  Le contenu en est similaire ici, mais transcrit pour le violon.  Dans le disque inclus, les mélodies sont interprétées par piano, flûte, clarinette, saxophone, trompette ou violon.  Les partitions de piano sont, en outre, téléchargeables (d’après le CD) - judicieuse innovation éditoriale qui ne manquera pas, gageons-le, d’être imitée.

MUSIQUE À L’ÉCOLE

Musique en classe, n°15.  Thème : « Le rêve ». Lugert Verlag (www.editions-lugert.fr).  50 p., ill. n&b, 1CD inclus, 15€.

Fort intelligemment conçu, ce 15e numéro d’un « magazine conçu pour l’éducation de la musique à l’école primaire » s’ouvre sur une délicieuse chanson - que l’on pourrait croire appartenir à notre folklore - de l’intemporel Jean Naty-Boyer : Vous connaissez le chemin (version chantée + play-back instrumental dans le CD).  Puis s’enchaînent la Valse des fleurs de Tchaïkovsky, « Rêve d’amour de Liszt vs Rêve du pauvre d’Erik Satie », Avec des rêves par Olivier Ripoll, des pièces pour didgeridoo par Philip Peris, Rêverie de Schumann, une Pop dance chorégraphiée, etc.  Plus une interview de Bruno Boutleux, directeur général des JMF.

Francis Gérimont

***



Martin PETZOLDT : Ce 21 mars 1745, Jean-Sébastien Bach…  Un récit autour du soixantième anniversaire de Jean-Sébastien Bach.  « 7e note », éditions Papillon (46, route d’Annecy, CH-1256 Troinex/Drize. info@editionspapillon.ch)111 p., ill. n&b.

Voici un titre original dû à M. Petzoldt - président de l’Association internationale J.-S. Bach, grand spécialiste du Cantor -, avec une judicieuse « préface » de Gilles Cantagrel.  La première édition allemande date de 1999.  La présente (2008) est traduite par Élise & Philippe Lesage.  L’auteur, parfaitement au courant des contextes psychologiques, historiques et religieux, a signé ce récit très vivant.  Il plonge ses lecteurs dans la vie quotidienne, en mettant l’accent sur l’atmosphère socio-religieuse.  Pourquoi « ce 21 mars 1745 » ?  En fait, il s’agit d’une surprise réservée, pour ses 60 ans, à J. S. Bach.  Sont présents : C. Ph. E. Bach, son épouse et les enfants Bose ; puis W. Fr. Bach, venant de Dresde et accueilli par la famille Henrici (Picander)… ; mais aussi S. Deyling ; l’archidiacre Wolle, le diacre Petzold…  Une cérémonie « tout à fait convenable » a lieu.  Bach est présenté, mettant en musique d’un texte pour le Dimanche Septuagésime de 1724 et, par la suite, de l’ordinaire de la Messe luthérienne.  Pour Bach, la surprise a été parfaite, y compris la promenade qui a suivi, avec un goûter somptueux.  La dispersion a lieu à la fin de la journée, après le chant d’un choral.  Ce livre fascinant, de lecture très agréable, est étayé par de nombreuses illustrations (y compris la « Bible Calov », avec la signature de J. S. Bach en 1733) judicieusement sélectionnées, et accompagné de repères biographiques par le spécialiste Gilles Cantagrel et la liste de ses ouvrages.  M. Petzoldt projette un éclairage neuf sur le quotidien du Cantor et plonge immédiatement les lecteurs dans le cadre mémorable de ce 21 mars 1745.

Édith Weber

Alexandra LAEDERICH et alii : Nadia Boulanger et Lili BoulangerTémoignages et études.  Symétrie (www.symetrie.com).  17 x 24 cm, 534 p, cahier d’illustr. n&b et couleurs.  49 €.

Le génie de la compositrice Lili Boulanger (1893-1918), disparue à vingt-quatre ans, est universellement célébré, sauf hélas ! dans les salles de concert - notamment françaises.  Quant à Nadia (1887-1979), c’est à son talent de pédagogue qu’il est d’ordinaire fait allusion, bien qu’elle n’en fût pas moins considérée, en son temps, comme une éminente compositrice et interprète (pianiste et chef d’orchestre).  Cet ouvrage vient à son heure car, quelle que soit la célébrité des deux sœurs - dont témoignent les innombrables articles qui leur ont été consacrés de par le monde –, aucune monographie véritablement circonstanciée ne leur avait été dédiée (hormis, peut-être, le « Lili et Nadia Boulanger », numéro spécial de La Revue musicale, n°353-354, juin 1982, que dirigea Jacques Chailley).  La présente somme biographique (une étude musicologique reste à faire) comporte les parties suivantes : Témoignages, Amitiés musicales et relations sociales, Nadia Boulanger et l’écrit, Concerts et enregistrements de Nadia Boulanger, Deux sœurs compositrices.  Riches annexes : Catalogues des œuvres, Discographie, Bibliographie des écrits de Nadia Boulanger, Bibliographie générale, Inventaire du fonds de correspondance reçue par Nadia Boulanger (conservé à la BnF).  Ce magnifique travail d’Alexandra Laederich vient d’être couronné du « Prix des muses 2008 de la biographie ».

Chantal VIRLET-JOURNEAU : Maurice Journeau.  « Empreinte », éditions Séguier (www.atlantica.fr).  16 x 24 cm, 136 p., ill. n&b.  18 €.

Né en 1898, à l’Hôtel du Palais de Biarritz que dirigeait alors son père, le compositeur Maurice Journeau vint à Paris - baccalauréat en poche - travailler à l’École Normale de Musique, auprès de Nadia Boulanger et Max d’Olonne.  Malgré quelques brèves incartades du côté de Schönberg, il resta fidèle à l’esprit de Debussy et, surtout, de son compatriote Ravel.  Grâce à sa fille, auteur de la présente monographie, Maurice Journeau connut, sur ses vieux jours (il mourut centenaire en 1999, à Versailles), un regain de notoriété éditoriale et discographique.  Site à consulter : www.journeau.com (rubrique Musicologie, notamment).

Robert WANGERMÉE (Sous la direction de) : Pierre Bartholomée. Parcours d’un musicien.  « Musique-musicologie », Mardaga.  17 x 24 cm, ex. mus., cahier de photos n&b, 25 €.

« Coup de cœur 2008 » de l’Académie Charles-Cros, cet hommage collectif permettra au public français de mieux connaître cet éminent compositeur, pianiste, chef d’orchestre et producteur belge : témoignages de proches et confidences du musicien recueillies par des musicologues/journalistes.  Trois études retracent le cheminement créateur d’un compositeur qui aura su se libérer du carcan sériel.  Avec les contributions, notamment, de Jean-Yves Bosseur, Henri Pousseur, Jean-Marie Rens et Thierry de Smedt.  Ensemble enrichi de textes de Pierre Bartholomée lui-même sur : l’héritage des formes musicales anciennes, les relations texte/musique, les mystères de l’interprétation & les processus de la création (« Complexité-simplicité »).  Catalogue des œuvres, discographie du compositeur & du chef d’orchestre.

Fiodor DROUJININE : Souvenirs.  Hommage à Dimitri Chostakovitch.  « Museum græco-latinum », Moscou (à commander à l’Association internationale Dimitri Chostakovitch - 19bis, rue des Saints-Pères, Paris VIe.  Tél. : 01 47 03 90 43.  www.chostakovitch.org).  14 x 21 cm, 280 p., cahier de photos n&b.  18 € (port inclus).

Fiodor Droujinine (1934-2007), altiste du célèbre Quatuor Beethoven, formation russe qui aura créé les quinze quatuors de Chostakovitch, fut un ami très proche du compositeur.  Publiés à l’occasion du centenaire de la naissance de Chostakovitch, ces Mémoires apportent sur celui-ci un tout nouvel éclairage.  Élément d’importance : les considérations de Fiodor Droujinine sur un répertoire chambriste dont il fut tant familier ne manqueront pas d’« interpeller » tout candidat au baccalauréat qui, en 2009, devra plancher sur la Symphonie de chambre op. 110a (arrangement, par Rudolf Barshai, du Quatuor n°8).  Sans préjudice de nombreuses pages consacrées à Anna Ahkmatova, Alfred Schnittke, Maria Youdina, Benjamin Britten…

Caterina PASQUALINO : Flamenco gitan.  « Sciences humaines », CNRS Éditions. 12 x 19 cm (format de poche), 300 p., 10 €.

Spécialiste des minorités ethniques du Bassin méditerranéen et auteur de films documentaires, l’ethnologue Caterina Pasqualino nous livre ici les résultats de sa quête - loin des feux de la rampe - des plus authentiques danses et chants flamenco.  En sept chapitres : Carnet de voyage / Jerez, ville gitane (sédentarisation, mythologie, esprit de quartier) / Des fiançailles au mariage / La danse et le chant / La semaine sainte / La fête (fécondité des femmes, agonie du chant, transmission du souffle) / Cercles de danse et cycles du chant.  Avec utiles glossaires (général et flamenco) et bibliographies.

Christian FLAVIGNY, Andrea LINHARES et alii : La voix.  « Champ psychosomatique », L’Esprit du Temps (tél. : 05 56 02 84 19.  www.lespritdutemps.com).  Diffusion PUF.  15,5 x 24 cm, 212 p., ex. mus., 21 €.

À partir de l’observation d’enfants et d’adolescents ayant des problèmes de verbalisation (à composante autistique), sont décrits les processus permettant l’émergence de la communication (jeu, mouvements, vibrations, bruits, rythmes…).  Domaines dans lesquels l’action bénéfique de la musique est mise en lumière par de nombreux phoniatres, orthophonistes, psychiatres, psychanalystes et musiciens, parmi lesquels : Marie-France Castarède, Alix Bernard, François Marty, Jean-Michel Vives, François Le Roux, Jean-Claude Risset, Christian Flavigny, Christophe Ferveur…

Musique et temps. Éditions de la Cité de la musique (tél. 01 44 84 47 72).  13 x 20,5 cm, 174 p. ex.mus.  19 €.

Depuis la trilogie des anciens Grecs : Chronos (la durée), Kairos (l’instant) et Aion (le cycle) jusqu’aux conceptions les plus récentes : temps lisse, temps strié, scansion, pulsation (redistribuées selon les paramètres de vitesse, de flux et d’intensité), toutes les approches du temps musical sont ici scrutées par une douzaine d’éminents spécialistes (musicologues, ethnomusicologues, philosophes, écrivains).

Christiane PASSEVANT & Larry PORTIS : Dictionnaire des chansons politiques et engagées. Ces chants qui ont changé le monde.  Préface : Alain Pozzuoli.  Postface : Serge Utgé-Royo. « Musique-Histoire », Scali (80, fg Saint-Denis, Paris Xewww.scali.net).  15 x 24 cm, 464 p., photos n&b, CD de 12 titres.  34 €.

« En France, tout finit par des chansons » disait-on naguère, le mot « tout » désignant, bien entendu, événements politiques et sociaux.  Plus de 300 textes composent ce magnifique florilège de chansons françaises (originales ou écrites sur des timbres connus), signées J.-B. Clément, G. Couté, B. Vian, J. Kessel, E. d’Astier de La Vigerie, A. Sylvestre, J. Brel, Cl. Nougaro, M. Le Forestier, É. Roda-Gil, L. Ferré… mais aussi de bien d’autres pays d’Europe, des Amériques, voire du Maghreb…  Dommage que, pour de probables motifs de droits, le CD inclus ne comporte que 12 titres.  Mais dans les ferventes interprétations de Serge Utgé-Royo, Natacha Ezdra, Bruno Daraquy et de la Compagnie Jolie Môme…

Gérard AUTHELAIN (Sous la direction de) : Rêves.  Album « Les Enfants de la Zique ».  Francofolies/Scérén-CNDP.  21 x 29,5 cm, 50 p., 1CD (présentation par Jean-Louis Foulquier).  Diffusion gratuite.  Adresser les demandes à : Francofolies (tél. : 05 46 28 28 28. enfantsdelazique@francofolies.fr) ou Scérén-CNDP (tél. : 05 49 49 78 78).

Un livret + un CD de 15 chansons, telle est la toute nouvelle formule éditoriale concoctée, pour « Les enfants de la Zique », par Gérard Authelain - en collaboration avec la Fête de la musique.  Les chansons sont interprétées par leurs créateurs (J.Higelin, J.Gréco, G.Bécaud, Fabulous Trobadors, É.Caron, Arthur H, Ch.Aznavour, H.Bohy, H.Suhubiette, M.A.P., A.Sylvestre, Clarika, D.Annegarn, B.Lapointe, Chœur du Fil de l’air).  Outre textes et partitions, le livret propose divers itinéraires, riches d’incursions dans la littérature, la peinture, la danse, le théâtre, l’architecture, la mythologie, le cinéma…  Laissant entrevoir de nouvelles pistes à explorer, il propose enfin (via le site www.francofolies.fr) de nombreux liens interactifs.  Un merveilleux outil pour tout enseignant en Maternelle, école primaire, collège ou école de musique.

Stéphane de MESNILDOT : La mort aux trousses.  « Les petits Cahiers », Cahiers du cinéma/Scérén-CNDP.  13,5 x 19 cm, 96 p., ill. n&b et couleurs. 8,95 €.

Au programme de l’option Musique du baccalauréat en 2008 et 2009, et de l’option Cinéma 2009, les mésaventures du faux espion Roger Thornhill et de son énigmatique compagne Ève Kendal connaissent un juste regain de pipolarité.  Intitulé des chapitres : Hollywood / Écrire le film d’Hitchcock définitif / Un monde en trompe-l’œil / L’invention du film d’action / Tournages, scénarios, analyses, documents & figures de style.  Un utile complément cinéphilique à la lumineuse analyse musicologique de notre collaborateur Jean-Pierre Eugène (L’éducation musicale, Fascicules des baccalauréats 2008 et 2009).

Anthony VARESI : Bob Dylan au fil des albums (1962-2001).  Triptyque (www.triptyque.qc.ca), distrib. Nouveau Monde (www.librairieduquebec.fr). 13,5 x 21 cm, 266 p., ill. n&b.  28, 20 €.

Dans ce remarquable essai critique (traduit de l’américain par François Tétreau), l’auteur analyse de manière circonstanciée tous les albums de Dylan, depuis le folk/blues des origines avec lequel il renoue désormais (Love & Theft, 2001).  Sans dissimuler les nombreuses volte-face d’une carrière prodigieuse…

Denis BRULÉ : L’ADSL, Kazaa, l’iPod et la musique.  Préface de Philippe Corruble.  « Entreprises & Management », L’Harmattan.  132 p., figures et schémas.  13,50 €.

Le fulgurant développement des technologies numériques alimente un intense débat entre amateurs de musique et professionnels du secteur, cependant que procrastine le législateur.  Denis Brulé tente de nous éclairer sur les nouveaux modes de consommation de musique et leurs conséquences en matière de propriété intellectuelle et de création.  En trois parties : L’industrie traditionnelle du disque : vers une réduction de l’offre (dynamique de concentration) / Les nouveaux entrants : un réservoir infini de diversité (dynamique d’ouverture) / Comment créer la demande ? (notamment grâce à Internet).

Charlotte DUDIGNAC & François MAUGER : La musique assiégée.  D’une industrie en crise à la musique équitable.  L’Échappée (www.lechappee.org).  16,5 x 16,5 cm, 184 p.  14 €.

S’inspirant des idées et pratiques du commerce équitable – sujet certes porteur, aujourd’hui -, nos auteurs s’interrogent sur les manipulations dont font l’objet les musiciens.  Main basse, par quelques pôles techno-industriels, sur les secteurs de production & de diffusion, « supermarchés culturels » étouffant les derniers disquaires indépendants… Sous quatre rubriques : L’industrie musicale : histoire d’une concentration / Vivre de sa musique : parcours fictifs /  Crise, quelle crise ? / Jouer juste : pistes pour une musique équitable.  Regrettons, toutefois, que les auteurs ne se soient penchés que sur le domaine de la variété…

Le Musiguide, guide-annuaire 2008-2009 de la musique classique.  Le Nouveau Musicien, éditeur (11, rue des Olivettes, 44000 Nantes.  Tél. : 02 40 20 60 20).  15 x 20 cm, couverture souple, 510 p.  38 €.

D’un format compact, beaucoup plus maniable que la plupart des publications similaires, ce nouveau guide-annuaire se divise en 12 chapitres : Concerts, Représentants, Orchestres & ensembles, Partitions, Disques, Billetteries, Médias, Conseil/Services, Instruments, Rendez-vous, Organismes, Formations – soit 2 100 structures et 7 700 contacts professionnels.  Outre les adresses postales, sont communiqués téléphones, fax, méls, sites, organigrammes et descriptifs d’activités…  Un précieux outil.

Gérard DENIZEAU : Le dialogue des arts – architecture, peinture, sculpture, littérature, musique.  « Reconnaître/Comprendre », Larousse.  14,5 x 25 cm, 240 p., ex. mus., ill. n&b et couleurs. 29 €. 

Il semble ne jamais devoir se tarir, le flot des érudites - mais toujours merveilleusement accessibles - publications de notre collaborateur Gérard Denizeau.  Du haut Moyen Âge à l’aube du XXIe siècle, il met ici en lumière la constante fécondité du dialogue qu’entretinrent littérature, musique et arts visuels - chaque période étant naturellement illustrée par ses œuvres les plus emblématiques.  Expression la plus visible, l’architecture ouvre naturellement chaque chapitre.  Mais il n’est guère de domaine artistique qui ne soit abordé : ainsi, pour le XXe siècle, de la photographie et du cinéma.  Bonheur du style, mais aussi admirable iconographie…

Francis Cousté

Alfred SCHÜTZ : Écrits sur la musique.  Traduction (allemand, anglais), introduction et postfaces de B. Gallet & L. Perreau. « Répercussions », éditions MF.  224 p., 16 €.

Important sociologue (autrichien puis américain), avocat, pianiste amateur passionné, A. Schütz (1899-1959) a rédigé quatre textes théoriques sur la musique.  Sa réflexion philosophique, très concernée par les opéras de Mozart, associe de façon originale le concept de durée chez Bergson (dimension du temps interne en conflit avec le monde externe spatio-temporel), les analyses phénoménologiques de Husserl sur la conscience du temps (par exemple : comment la conscience, immergée dans le flux musical, identifie-t-elle l’unité d'un thème ?) et la théorie de la relation sociale chez Max Weber.  La musique apparaît ainsi comme « contexte de sens » susceptible d'établir une relation de « syntonie » : « partage réciproque du flux des expériences de l’Autre dans le temps interne, vécu d’un présent partagé ensemble ».  Stimulant !

Christine ESCLAPEZ : La musique comme parole des corps.  Boris de Schloezer, André Souris et André Boucourechliev.  Préface de Daniel Charles.  « Sémiotique et philosophie de la musique », L’Harmattan.  Bibliographie, index. 260 p., 22 €.

S’appuyant sur la pensée finement examinée de trois illustres « écrivains de musique », cet essai prend la défense d une musicologie nouvelle qui prendrait sa source au cœur des œuvres, en leur autonomie.  Si peuvent sembler stériles les supposées oppositions science/humain ou rationnel/sensible, on souscrit en revanche au rejet des schémas d’analyse préfabriqués, que proposent parfois l’interprétation historique ou les méthodes structuralistes, ainsi qu’au plaidoyer en faveur de la compréhension de l’œuvre musicale comme être vivant dont il convient de mettre à jour l’organicité.  D’autant que les arguments s’appuient sur une large érudition que nous fait partager une rédaction claire et généreuse.

Paul Gontcharoff

***



Haut

CDs

Simelibärg. Mélodies & danses anciennes de Suisse allemande.  Alpha (stephanie.flament@alpha-prod.com) : Alpha 525.  TT : 55’54.

Le folklore de Suisse alémanique est particulièrement riche. L’Ensemble Alpbarock (Alpes / Baroque) interprète des œuvres du canton d’Appenzell, antérieures à l’ère de la musique folklorique du XIXe siècle.  Se situant dans l’optique du retour à la terre et aux « vraies valeurs », ce CD s’ouvre sur un chant de louange à Dieu, à la Vierge Marie et à la Trinité : Dr Frütt Bättruef, monodique et très expressif.  Il présente 18 pièces brèves de tradition orale ou écrite, plus anciennes, monodiques et chantées ; des pièces instrumentales, par exemple la Danse d’Appenzell et une Danse suisse de 1718.  Le Totentanz (Danse des morts), où la mort dialogue avec ses victimes, existe depuis le XVIe siècle.  Parmi les chants, figurent le Lied des jungen Grafen (Le chant du jeune comte, 1782), de caractère mélancolique ; De roth Schwizer (Le soldat suisse vêtu de rouge), avec de savoureuses onomatopées, au sujet d’une fille rencontrant un soldat…  Le n°12, Fantasie sur le ranz des vaches (Pfister) est particulièrement connu.  Les instruments folkloriques utilisés sont le Hackbrett (planche à hacher, tympanon, psaltérion), joué avec deux baguettes, cité pour la première fois en 1447.  En Appenzell, il est le plus souvent associé au violon.  Parmi les percussions suisses, figurent les löffle (cuillères en bois ou en métal), les Chleffeli (castagnettes) ou encore le Flaschespiel (jeu de bouteilles), sans oublier la Trumpeln (guimbarde).  Cette musique est, tour à tour, dynamique, entraînante ou retenue.  Yves Rechsteiner - qui se produit à l’orgue de chambre (Appenzell, 1811) - a signé un excellent texte introductif.  Ce CD attirera l’attention des amateurs de répertoires folkloriques provenant de Suisse orientale.

W. A. MOZART : Lieder & KlavierstückeHarmonia Mundi (mbenoit@harmoniamundi.com) : HMC 901979.  TT : 63’39.

Interprétée par Werner Güra (ténor), accompagné par Christoph Berner (pianoforte), cette sélection de Lieder et de pièces pour piano composés par Wolfgang Amadeus Mozart pendant presque toute sa carrière, est un modèle de discrétion, d’intimité typiquement mozartienne.  Le Lied « An die Freude », K.53, a été composé en 1768 ; ses Kinder- und Frühlingslieder, K.596-598, ont été achevés en 1791.  Leur structure est strophique ou « entièrement composée ». Le pianoforte - loin d’être uniquement un instrument d’accompagnement - crée à découvert des atmosphères requises.  Les mélomanes réécouteront avec bonheur Das Veilchen (La violette), sur un texte de J. W. von Goethe évoquant la « pauvre fleur écrasée par une jeune fille… » ; Das Lied von der Trennung (Chant de la séparation), rempli de tristesse, de mélancolie et de drame, déjà teinté de préromantisme.  Les thèmes lyriques sont aussi présents, avec le printemps (Frühling), K.596 et 597, ou l’ambiance du soir.  Excellent chanteur de Lieder, W. Güra s’impose par sa maîtrise de l’articulation, son timbre de voix, sa diction et sa musicalité. Ces Lieder sont entrecoupés de pages pour piano (Fantaisie en mineur, K.397 ; Petite Gigue en sol majeur, K.574…) dans lesquelles Chr. Berner, avec un toucher adapté, tire le meilleur parti des sonorités transparentes du pianoforte Streicher.  Il se révèle également un remarquable accompagnateur. Disque exceptionnel à acquérir impérativement.

Antonin DVOŘÁK : Stabat Mater.  Accentus (contact@accentus.fr).  Naïve : V 5091.  TT : 60’00.

Laurence Équilbey, à la tête d’Accentus, a le mérite d’avoir lancé le premier enregistrement mondial de ce Stabat Mater en sa version originale de 1876, pour solistes, chœur et piano, avec le concours de quatre solistes triés sur le volet : A. Coku (soprano), R. Pokupic (alto), P. Breslik (ténor), M. Butter (basse) et de l’inégalable Brigitte Engerer (piano).  A. Dvořák l’a composé après la perte de quatre de ses enfants qui l’a tant affecté.  Cette œuvre, sur laquelle plane une intense douleur, débute par le Stabat Mater dolorosa (Debout, la mère de douleur se tenait en larmes près de la croix où pendait son fils…).  Cette partie Andante con moto, lente et très développée, traduit intensément l’indicible émotion sur un fond de sonorité de piano.  Les voix féminines, lumineuses, alternent avec les voix d’hommes pour rendre musicalement la poignante progression dramatique.  Les parties suivantes reprennent le texte latin traditionnel : Quis est homo… ? puis une invocation : Eja mater, fons amoris.  Succèdent alors trois impératifs : Fac, ut ardeat cor meum… Fac, ut portem Christi mortem… Fac, me cruce custodiri, morte Christi praemuniri, confoveri gratia (Que sa grâce me soit accordée à l’heure de ma mort) et (avant l’Amen conclusif) : Fac, ut animae donetur Paradisi gloria (Que la gloire du Paradis me soit accordée).  Ce CD, tout à l’honneur d’Accentus, permettra de découvrir la version originale (avec piano) de ce Stabat Mater.

Édith Weber

Johann Sebastian BACH : Partitas 2, 3, 4.  Murray Perahia, piano.  Sony Classical/BMG : 88697226952.  TT : 76’.

Les puristes qui affirment que la musique pour clavier du Cantor de Leipzig ne devrait être jouée qu’au clavecin se doivent d'écouter, toutes affaires cessantes, ce dernier enregistrement de Murray Perahia.  Né en 1947 à New York de parents ashkénazes, cet artiste vient, en effet, après avoir à deux reprises surmonté de graves problèmes de santé qui l'ont tenu plusieurs années éloigné des salles de concert et des studios d'enregistrement, de nous offrir un bijou. La précision de ses attaques, le perlé de son articulation, sa mise en valeur des différents plans sonores - que permet justement le piano - font de ces œuvres, à visées au départ purement pédagogiques, un modèle de musicalité.  Sans parler de ce phrasé éminemment lyrique que nous pouvons savourer dans, par exemple, la Sarabande de la Partita n°3 et dans l’Aria de la Partita n°4 - signature du grand pianiste américain.

George Frideric HANDEL : Riccardo Primo Re d'Inghilterra, HWV 23.  Opéra en 3 actes.  Sony BMG-DHM : 88697174212.  Kammerorchester Basel, dir. Paul Goodwin.  TT : 176’30.

Sans doute pour fêter une naturalisation anglaise obtenue en mai 1727, Haendel décida, une fois n'est pas coutume, d'abandonner dieux grecs et stratèges romains pour un souverain britannique, Richard Ier.  Ce fils d’Aliénor d’Aquitaine, plus connu sous le nom de Richard Cœur-de-Lion, allait devenir le héros de son nouvel opéra italien.  Le 11 novembre de la même année, l’œuvre fut créée à l'occasion du couronnement de George II, conséquence de la mort inattendue du roi George Ier, après qu’Haendel en eut remanié et développé le dernier acte.  Comme l’exigeait la mode du temps, c’est l’illustrissime castrat Senesino qui tint le rôle-titre.  Dans la présente version discographique, c’est le contre-ténor américain Lawrence Zazzo qui a la lourde tâche d'incarner ce souverain, séparé par un naufrage de celle qu'il devait épouser avant de partir guerroyer en Palestine.  Après maintes péripéties plutôt moins abracadabrantes que celles qui émaillent généralement les opéras de Haendel, notre héros retrouvera sa bien-aimée avant le baisser de rideau, le happy end étant de rigueur à l’âge baroque.  L'intérêt de ce Richard Ier, accompagné ici par des instruments anciens, avec cordes en boyaux, trompettes et cors « naturels », réside avant tout dans une orchestration particulièrement originale et colorée.  Mais les voix ne sont pas en reste : pas de star mais de jeunes interprètes à la technique éblouissante, avec une mention spéciale pour le soprano souple et lumineux de la catalane Nuria Rial, et la voix plus corsée mais étonnamment agile de la mezzo britannique Géraldine McGreevy.  Bonus non négligeable : le premier CD renferme, en fichier PDF, l'intégralité du livret en italien, allemand et français, indispensable pour apprécier à leur juste valeur les nombreux récitatifs - si chantants qu’on les croirait sortis des Noces de Figaro – d’un opéra trop longtemps méconnu.

Michèle Lhopiteau

George Frideric HANDEL : Tolomeo.  Ann Hallenberg ; Anna Bonitatibus ; Karina Gauvin ; Romina Basso ; Pietro Spagnoli.  Il Complesso Barocco, dir. Alan Curtis.  3CDs Archiv/Universal : 477 7106.  TT : 56'11+ 45'25 + 46'47.

La discographie des œuvres lyriques de Haendel s'enrichit d'un nouveau titre avec Tolomeo, créé en 1728 par la Royal Academy of Music au King's Theater de Londres, d'après l’histoire authentique du pharaon Ptolémée IX aux prises avec sa tyrannique mère, une certaine Cléopâtre III.  Contraint à s'exiler à Chypre, il y vécut sous les traits d'un simple berger.  La trame en est simple, d'amours contrariés, et resserrée puisque ne comprenant que cinq personnages.  La composition musicale est d'un grand classicisme avec des airs courts et concis, sans recourir aux instruments obligés.  Refusant le spectaculaire, l'action progresse avec rigueur et fait la part belle à des tableaux évocateurs de la nature, atmosphères agréables pour évoquer les paysages agrestes de Chypre.  Ce dramma per musica fut créé par quelques-unes des voix les plus célèbres du moment, dont l’illustre castrat Senesino et la soprano en vogue, La Faustina.  Elles ont ici pour nom Ann Hallenberg qui domine les difficultés du rôle-titre avec un art consommé de la vocalise, et Anna Bonitatibus au beau timbre grave.  La direction de Alan Curtis est pour beaucoup dans la réussite, souplement articulée, offrant un débit vivant que les magnifiques sonorités de son ensemble Il Complesso Barocco rendent palpables.

Johannes BRAHMS : Deux Sonates pour alto et piano op. 120.  Trio pour alto, violoncelle et piano op.114.  Zwei Gesänge pour voix de contralto, alto et piano op.91.  Arnaud Thorette, Johan Farjot, Raphaël Merlin, Karine Deshayes.  Accord/Universal : 480 0442.  TT : 59'.

Brahms a livré à l'alto quelques-unes de ses plus belles pages de musique de chambre, d'abord imaginées pour la clarinette.  Écrites pour ce dernier instrument, les Deux Sonates op.120, ses dernières œuvres chambristes (1894), peuvent, en effet, être aussi bien confiées à l'alto.  Il est vrai que leur caractère mélancolique et méditatif s'accomode bien du timbre voilé de cet instrument.  « Il s'agit d’œuvres tout intérieures, écrites pour soi, comme les feuillets d'un journal intime » (Cl. Rostand). Leur richesse thématique, la profusion des couleurs qui les caractérise, sont admirables, alors que la virtuosité n'y a pas de place.  L'engagement des deux jeunes interprètes fait merveille. Le Trio op. 114, dédié lui aussi à la clarinette, a été conçu simultanément pour l’alto.  Nul doute que la présence de ce dernier apporte un sentiment de plus grande intégration dans le contrepoint avec le violoncelle, d'austérité aussi, comparé à la sonorité plus ample d'un instrument à vent. L'album est adroitement complété par les Zwei Gesänge op. 91, deux pages uniques par leur lyrisme envoûtant, véritable duo mettant en valeur l'affinité des timbres - la voix grave et l'archet se répondant en un subtil échange.

Georges BIZET : Suites de Carmen et de L'Arlésienne.  Chœurs de l’Opéra de Lyon ; Les Musiciens du Louvre, dir. Marc Minkowski.  Naïve : V 5131.  TT : 59'.

Marc Minkowski inaugure son nouveau contrat discographique par un superbe enregistrement de musique française dédié aux Suites de Carmen et de L’Arlésienne de Bizet.  On connaît son intérêt pour le retour aux sources. Aussi pour L’Arlésienne a-t-il choisi de faire œuvre originale en insérant entre les deux suites traditionnellement jouées, des exraits significatifs de la musique de scène écrite en 1872.  La différence de style est fascinante : couleurs franches et sans fard de la Suite n°1, telle que conçue par Bizet et créée par J. Pasdeloup, qui confère au drame de Daudet toute sa force évocatrice, avec son délicieux minuetto aux notes pointées et son adagietto profond, joué ici quasi adagio, comme murmuré - Mahler en fera son modèle pour l’adagietto de sa 5e Symphonie.  Succèdent les miniatures délicates de la musique de scène dont l'instrumentation ténue, quasi chambriste, est une vraie perle « si simple, si crue, si intime » confie le chef.  On y entend le mélodrame avec ses parties chorales et une adorable sicilienne.  Le contraste est d'autant plus marqué avec la Suite n°2, orchestrée par Guiraud en 1879, car la manière de celui-ci est moins raffinée que celle du maître ; encore que la farandole finale prestissime sonne ici comme un irrésistible tourbillon et que le recours aux instruments d'époque préserve au discours toute sa légèreté.  La recherche d'authenticité est tout aussi présente dans les quatre volets symphoniques de Carmen, laissés dans leur jus initial.  La direction de Minkowski marque une suprême attention à l'accentuation et à la dynamique, respire la sincérité et l'élégance, dépouillant ces pièces de tout clinquant inutile.  Ce formidable travail sur la sonorité est restitué par une prise de son exemplaire de naturel.

Gustav MAHLER : Symphonie n°9.  Berliner Philharmoniker, dir. Simon Rattle.  2CDs EMI : 5 01228 2.  TT : 44’13 + 38’39.

Sir Simon Rattle revient à la 9e Symphonie de Mahler, cette fois avec son orchestre de Berlin, lors de concert donnés à la Philharmonie.  Et le résultat est transcendant.  Rarement a-t-on perçu avec autant d'évidence ce que cette ultime œuvre d'envergure doit à celle qui l'a précédée, Le Chant de la Terre. Comme ce cycle vocal, la 9e sonne telle une immense méditation sur la mort.  Mais elle marque aussi l'étape d'une transfiguration.  Rattle assemble avec clarté les divers éléments de ce grand puzzle.  N'hésitant pas à brusquer le tempo pour faire saillir l'urgence du discours, à forcer le trait, tel martèlement des timbales et rugissement des trombones dans l'andante comodo, vision de luttes chaotiques entre des forces contraires, à la limite de l'improvisation, le chef libère l'adrénaline lors du scherzo, un landler bien marqué - la danse préférée de Mahler - traversé par une valse rapide, presque féroce, qui se désagrège dans son affolement.  Le Rondo-Burleske, marqué « très décidé », est mené à train d'enfer, mordant, presque ironique à la limite du dissonant, tempéré par un épisode de calme, bien précaire, avant que la course ne reprenne son élan frénétique.  L'adagio final, un monument à lui seul, est comme une ascension fiévreuse en plusieurs temps, alternance de tension et de douceur, conduisant peu à peu à l'apaisement.  L'ultime section, raréfaction de la matière sonore, tandis que le tempo se fait encore plus mesuré, atteint l'étape ultime de la sérénité.  Ajouter un mot sur la fabuleuse qualité instrumentale des Berliner serait redondant.  Une grande exécution !

Jean-Pierre Robert

Le Sabotier rieur, conte musical de Noël pour chœur d'enfants à 3 voix égales & ensemble instrumental, de Marcel GODARD, paroles de Marie-Pierre FAURE.  Monsieur Scroodge, cantate pour voix d'enfants de Steve POGSON, poème de Charles DICKENS.  Les sept Noëls de Lourmarin de Illo HUMPHREY, sur des textes d'Henri BOSCO (en provençal, latin et français).  La Lauzeta, chœur d'enfants de Toulouse, dir. François Terrieux.  Studio E-Magin (disque à commander sur : http://lauzeta.free.fr/mapage2/index.html).  TT : 56’.

Avec ce charmant CD, nous avons un agréable et rafraîchissant ensemble inspiré par Noël et l’enfance qui ne pourra que séduire auditeurs, amateurs de chant choral et, bien sûr, enseignants ; ceux-ci pourront, en effet, y puiser des textes musicaux susceptibles de trouver leur place dans des fêtes scolaires de fin d’année.  L'originalité, la qualité et la modernité des œuvres ici proposées, ainsi que l'absence de grosses difficultés techniques et polyphoniques leur permettent de s'intégrer fort bien au répertoire des chorales scolaires.  Au poétique conte musical Le Sabotier rieur où alternent, après une courte ouverture instrumentale, récits et chansons, fait suite une cantate inspirée d’Un Conte de Noël de Dickens où, par le miracle de Noël, le cœur dur et calculateur de Monsieur Scroodge devient charitable et miséricordieux.  Enfin, c'est par les Sept Noëls de Lourmarin, sur des poèmes d'Henri Bosco (d'où est d'ailleurs exclue toute connotation folklorique ou populaire) que se termine cette agréable évocation de Noël.  Le chœur d'enfants de Toulouse La Lauzeta (hommage à Bernard de Ventadour), créé en 1965 par Marie-Henriette Fernandez, est dirigé depuis 1998 par François Terrieux ; ses 160 choristes y sont répartis en cinq groupes suivant leur âge (de la Maternelle à l'Université) et leur niveau.  Nous ne pouvons que louer les qualités vocales et musicales de ce prestigieux ensemble qui a d'ailleurs déjà participé à de nombreux projets musicaux d'envergure, et c'est un vrai régal de goûter dans ce CD la fraîcheur et la pureté des voix, au service d'une indéniable musicalité.

Francine Maillard

Charles LEVENS (1689-1764) : Te Deum ; Deus noster refugium.  Ensemble Sagittarius, Orchestre baroque Les Passions, Ensemble baroque Orfeo & Groupe vocal Arpège, dir. Michel Laplénie.  Hortus : 060.  TT : 67’29.

Merci à la musicologue Édith Deyris pour toutes les informations qu’elle a pu recueillir - et nous communiquer - sur un compositeur qui, né à Marseille, aura passé le plus clair de sa carrière à Bordeaux, en tant que maître de chapelle et directeur de la psallette de la primatiale Saint-André.  Grands motets en « symphonie », ses Te Deum et Deus noster refugium sont, du moins pour nous, une révélation.  Le style de ce musicien s’inscrit naturellement dans le classicisme formaliste à la française, sans toutefois faire fi du charme baroquisant d’une italianité dont sont adoptées la virtuosité concertante et la légèreté ornementale.  Qui a dit qu’il n’était de musique, alors, que de Versailles ?

Edition Géza Anda (vol. II).  Deux CDs.  1er CD : Ludwig van BEETHOVEN : Concerto pour piano n°1, op. 15 ; Sonate n°7, op. 10.3 ; Sonate n°28, op. 101.  2e CD : Johannes BRAHMS : Sonate n°3, op. 5 ; Trois Intermezzi, op. 117 ; Franz LISZT : Sonate en si mineur, S 187.  Kölner Rundfunk-Sinfonie-Orchester, dir. Géza Anda.  Audite (www.audite.de) : 23.408.  TT : 70’52 + 76’29.

Extrait des archives de la WDR Cologne, ce 2e volume (sur les 4 prévus) des enregistrements du grand pianiste et chef d’orchestre Géza Anda (1921-1976) vient confirmer notre sentiment de l’extraordinaire talent d’un musicien qui sut toujours soumettre sa phénoménale technique à la seule pensée musicale des compositeurs.  Une leçon qui semble s’être parfois perdue, aujourd’hui…

Dimitri CHOSTAKOVITCH : Intégrale des Quatuors à cordesQuatuor Mandelring.  Audite (SACD-Surround sound).

Pour la firme Audite (www.audite.de), le Quatuor Mandelring a entrepris l’enregistrement de l’intégrale des quatuors de Chostakovitch.  Le 1er volume (Audite 92.526) comprend les quatuors 1, 2 et 4.  Le 2e volume (Audite 92.527), les quatuors 3, 6 et 8.  Le 3e volume (Audite 92.528), les quatuors 5, 7 et 9.  Le 4e volume (Audite 92.529/ à paraître en 2009), les quatuors 10, 12 et 14.  Par l’un des meilleurs ensembles chambristes d’outre-Rhin, voilà une intégrale désormais de référence – et en Hybrid Multichannel SACD !  Rappelons, à toutes fins utiles, qu’en 2009 sera au programme du baccalauréat Musique (option de spécialité, série L) la Symphonie de chambre op.110a, arrangement par Rudolf Barshai du 8e Quatuor de Chostakovitch.

Karajan 2008.  Berliner Philharmoniker & Orchestra del Teatro alla Scala.  Coffret Deutsche Grammophon : 477 7090.  Livre (format à l’italienne, cartonné) : 28 x 21,5 cm, 48 p., ill. n&b et couleurs.  2CDs (70’55 + 79’17), 1DVD (74’02).

Pour le 100e anniversaire de la naissance du chef d’orchestre, Deutsche Grammophon vient de sortir un magnifique livre-coffret comprenant : un CD composé d’enregistrements peu connus (Rhapsodie hongroise n°5 de Liszt, Concerto pour 2 violons de Bach, 4e Symphonie de Brahms) et un DVD qui comporte, en revanche, les plus célèbres vidéos enregistrées par le maestro (prologue de Pagliacci de Leoncavallo, ouverture de Leichte Kavallerie de Suppé, fin de la scène 4 du Rheingold de Wagner, Ein deutsches Requiem de Brahms, 4e Symphonie de Tchaïkovski ; 2e Concerto pour piano de Rachmaninov, 5e Symphonie de Beethoven).  Un troisième disque propose, en bonus-CD, des interviews et extraits de répétitions avec le Berliner Philharmoniker : entretiens avec Richard Osborne (en allemand), Joachim Kaiser (en anglais) et Micheline Banzet (en français) / 7Symphonie de Beethoven, 2e Symphonie de Brahms, « Le Printemps » des Quatre saisons de Vivaldi.  Sans doute, le plus bel hommage discographique du centenaire.

Francis Gérimont

DVDs

Richard WAGNER : Tristan und Isolde.  Nina Stemme ; Robert Gambill ; Katerina Karnèus ; Bo Skovhus ; René Pape.  London Philharmonic Orchestra, dir. Jiri Belohlàvek.  3DVDs Opus Arte : OA 0988 D.  TT : 86'29 + 71,24 + 80'38.

L'enregistrement live de la production de Tristan et Isolde au festival de Glyndebourne est une réussite. Détachée de tout réalisme, comme naguère chez Wieland Wagner, la mise en scène de Nicholaus Lehnhoff fait évoluer les personnages dans une dramaturgie de lumière, alchimie de la couleur où domine le bleu de la nuit libératrice.  Comme une épure, l'espace est travaillé pour envelopper les amants et ramasser l'action.  L'apparent statisme, que renforce sans doute le recours fréquent au gros plan, est largement cempensé par l'intensité de la direction d'acteurs qui livre la quintessence de la tragédie : justesse des attitudes, poignante vérité des expressions émanant des beaux visages fiers et tragiques de deux individus qui n'aspirent qu'à la mort, de trois autres personnages essentiels aussi qui, chacun à sa manière, vit un drame, désarroi de Marke, déchirement de Brangäne, insondable douleur de Kurwenal.  La distribution prestigieuse est dominée par une Isolde incandescente.  L'exécution musicale éblouissante, galvanisée par un chef de grande stature, complète le sentiment de plénitude qui se dégage de la régie.

Igor STRAVINSKY : The Rakes’ Progress.  Laura Claycomb ; Andrew Kennedy ; William Shimell ; Dagmar Peckova.  Orchestre symphonique de La Monnaie, dir. Kazushi Ono.  2DVDs Opus Arte : 0A 0991 D.  TT : 2h54’.

S’il est une production qui se prêtre à la saisie vidéo, c'est bien The Rakes’ Progress de Stravinsky revisité par Robert Lepage à La Monnaie.  Comme celui-ci le fait remarquer, la transposition à l'époque de la création - les années 50 des débuts de la télévision mais aussi des grandes réalisations du cinéma hollywoodien - permet de belles métaphores.  Et si la pièce, inspirée des gravures de Hogarth, se veut un pastiche de l'opéra du XVIIIe, l'hyper réalisme ne lui messied pas.  Force est de reconnaître à la régie une formidable cohérence qui s'inscrit sans heurt dans le jeu voulu par l'auteur.  En une succession d'images fortes et de coups de théâtre tenant en haleine, est tracé le parcours du libertin, qui de l'Amérique des champs de pétrole le mène sur un plateau de cinéma où l’on filme une scène de bordel, puis en des lieux clinquants - autant d'épisodes d'une fuite en avant, où il devient star du grand écran, puis riche habitué d'un palace en bord de mer, de la piscine duquel on repêche le clou de la vente aux enchères, cet objet rare : une femme à barbe.  La scène de la maison de jeux, qui signe sa perdition, et le tableau de l'asile où, s'identifiant à Adonis, il meurt d'amour pour sa Vénus, sont poignants.  Les caractères sont saisis dans leur dimension archétypale, de l'effrayant Nick Shadow au pitoyable Tom, de par ses étonnantes métamorphoses, en passant par le grotesque grinçant de Baba the Turk, ou la figure bouleversante d'Anne.  Les projections en fond de scène décuplent une animation toujours renouvelée.  La prise de vue enrichit la régie par un judicieux découpage des plans.  L'interprétation musicale est de classe.

Piotr Ilich TCHAIKOVSKY : Eugène Onéguine.  Renée Fleming ; Dmitri Hvorostovsky ; Ramon Vargas.  The Metropolitan Orchestra, dir. Valery Gergiev.  2DVDs Decca/Universal : 074 3248.  TT : 2h36’.

La mise en scène subtile de Eugène Onéguine que Robert Carsen a conçue au Met Opera de New York ressort, elle aussi, magnifiée en DVD grâce à l'habile captation vidéo de Brian Large.  Sa dimension intimiste est adroitement préservée par l'alternance des plans rapprochés et des gros plans, qui restitue le ton romanesque inhérent à la pièce de Tchaikovsky, où primauté est donnée à l'épanchement des sentiments.  Le dépouillement décoratif - un lieu unique que façonne la lumière et quelques accessoires pour dessiner les diverses scènes - met en exergue la minutie avec laquelle Carsen scrute les caractères : Lensky est un homme réservé, enfermé dans le code d'honneur de sa classe sociale, déchiré de passion retenue à l'heure de cet air délivré mains plaquées dans les poches.  Onéguine est un superbe dandy désabusé, élégant à la limite de la froideur, comme lisse en ses sentiments, si peu expansif que ses ultimes déclarations en deviennent empêtrées d'excès.  Si Tatiana, sous les traits de Renée Fleming, n’a peut-être pas la vulnérabilité de la jeune fille en proie aux premiers émois, du moins l'expression désemparée de la déconvenue avec Onéguine est-elle poignante, comme le renoncement final.  Quel coup que d'enchaîner la scène du duel et celle du bal à Saint-Pétersbourg, tandis qu'Onéguine, qui s'est lavé les mains de la mort de son ami, est « préparé » pour appparaître chez les Gremin ! Des voix grandioses, inextinguibles, comme la direction fiévreuse de Valery Gergiev portent le drame à sa plus extrême tension.

Tchaïkovsky : Eugene Onegin

Jean-Pierre Robert

Kati BASSET (Mise en scène & conseil à la réalisation) : Danse, musiques et masques de Bali.  Livre + 1CD + 1DVD.  Accords croisés (www.accords-croises.com) : AC 123.24.  Distr. Harmonia Mundi.

Donné au théâtre romain de Fourvière, ce spectacle en sept actes, d’une ébouriffante somptuosité, incorpore mille légendes au sein de la fameuse épopée du Ramayana (Rama étant l’incarnation incognito de Vishnou).  Le CD comporte 21 moments musicaux, cependant que le DVD propose - outre la représentation (140’) - des documentaires tournés à Bali sur la genèse du spectacle (31’49), « Dalang aux mille talents » (19’31) et une revisite du Ramayana (10’16).  Supervisée par l’éminente spécialiste qu’est Kati Basset, il s’agit là - vivant rituel millénaire vécu avec un naturel inconnu sous nos climats - de la plus somptueuse production qui se puisse imaginer.  Seule ombre au tableau : l’incongruité de certains sous-titres, par trop décidément « modernistes ».

    

Précisions apportées par Kati Basset : « […] Dans ce texte de sous-titres (surtitrage pour le spectacle), je n'ai fait que suivre la tradition du théâtre balinais, essayer de la transposer en français, en mêlant plusieurs niveaux et époques de langage.  Eux, en plus, mêlent plusieurs langues : des langues « mortes » ou plutôt d'usage uniquement littéraire, théâtral ou rituel (sanskrit, vieux et moyen javanais…), jusqu'aux expressions les plus modernes ou les plus vulgaires (y compris en anglais, en indonésien et en « indoglais »), en passant par le picaresque, le style capitaine Haddock, l'ampoulé protocolaire, le lyrique, le métaphysique.  Il y a toujours du langage de « d’jeuns » dans le théâtre balinais, car les épopées ancestrales y sont toujours réactualisées par les personnages de serviteurs et quelques autres.  Faire le pont entre les époques et les classes sociales est leur rôle.  Ce texte de surtitrage a généralement reçu des critiques élogieuses.  Et ce sont ces phrases qui montraient l’humour et faisaient rire, humour qui, sans ça, ne serait que très rarement apparu.  C’était un gros travail, de spécialiste.  D'habitude, dans les spectacles traditionnels, les sous-titres sont lapidaires ; ils en restent plutôt à des cartons, comme dans le cinéma muet. […] »

Francis Gérimont

***


Haut

 

Horizontalement : I. Tel le grand duo pour clarinette et piano de Weber.  II. Exclamation. Célébrée par Debussy et Trenet.  III. Façon de freiner.  IV. Ce que regrette Piaf. Pas mal. Sigle de la revue.  V. Presque la fin de la messe. Tutti.  VI. Exclamation enfantine. Spianato chez Chopin.  VII. Dite normale et réputée supérieure. Pas fort.  VIII. Début du suivant. Chanta Massenet avant le Père Noël. Note.  IX. Attribut féminin célébré par Janequin. Fondateur de la Congrégation de l’Oratoire.  X. Lamandier en plus intime. Big à Westminster.

 

Verticalement : 1. Féline chez Prokofiev.  2. Celles de Jehan Alain ont été mises au programme.  3. Noël bousculé. Dans le titre.  4. Donna de la voix. Avant parade, mais en remontant.  5. Chez Debussy et Giraudoux.  6. Rapproche Ravel de Couperin.  7. Invoqué par Golaud.  8. Début de perte de mémoire. Dans les Noces. Morceau de rebec.  9. Septième ciel en remontant. Chantée par Mahler.  10. L’éléphant en joue. Si Karajan avait compté les temps.

-----------------------------------------

Solution de la grille n°1 (mars 2008) :


Horizontal : I. INTERLUDES.  II. MOORE. CA.  III. MA. PU. RN.  IV. ATTARDES.  V. OCTOBRE. VS.  VI. MUE. RIO.  VII. LADY. SL.  VIII. THRENE. ASE.  IX. UUE. DEI.  X. SACRE. DO.

Vertical : 1. IMPROMPTUS.  2. NO. CU. HUA.  3. TOMATE. REC.  4. ERATO. LE.  5. RE. TB. ANGE.  6. PARADE.  7. USURE.  8. ADO.  9. ECREVISSE.  10. SANS SOLEIL.

***


Haut


Depuis janvier 2008, L’éducation musicale inclut un grand dossier dans chaque numéro. :

  • Le bruit (en référence au programme de l’agrégation de musique)
  • La percussion (dans les musiques contemporaines, électroniques, extra-européennes, actuelles)
  • Activités instrumentales & vocales à l’école (chorales, orchestres, spectacles musicaux)
  • Empreintes croisées (compositrices et compositeurs)
  • Musique & cinéma (en référence au programme du baccalauréat)



janvier-février 2008
n° 549-550


mars-avril 2008
n° 551-552


mai-juin 2008
n° 553-554

ACCEDER AU SITE DE L'EDUCATION MUSICALE

Le supplément Baccalauréat 2008. Comme chaque année, L’éducation musicale propose le supplément indispensable aux professeurs d’Éducation musicale et aux élèves de Terminale qui préparent l’épreuve de spécialité « série L » ou l’épreuve facultative « Toutes séries générales et technologiques du baccalauréat ».

Le supplément Baccalauréat 2008 réunit les connaissances culturelles et techniques nécessaires à une préparation réussie de l’épreuve ; il ouvre également sur tous les univers sonores qui nous entourent.

Il peut être commandé directement sur le site de L’éducation musicale :

www.editions-beauchesne.com/product_info.php?products_id=674

 

Passer une publicité. Si vous souhaitez promouvoir votre activité, votre programme éditorial ou votre saison musicale dans L’éducation musicale, dans notre Lettre d’information ou sur notre site Internet, n’hésitez pas à m’envoyer un courriel pour connaître nos tarifs publicitaires.
a.clement@leducation-musicale.com

 

Aurélie Clément