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Mars-Avril 2011 - n° 570



Janvier-Février 2011
n° 569



novembre-décembre 2010
n° 568



Supplément Bac 2011

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Sommaire :

1. Editorial : "Passion de l'ignorance, déchaînement de l'incuriosité..."
2. Sommaire du n° 570
3. Informations générales
4. Varia
5. Manifestations et concerts
6. Echos de Liszt en son temps
7. Recensions de spectacles et concerts
8. L'édition musicale
9. Bibliographie
10. CDs et DVDs
11. La vie de L’éducation musicale


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Passion de l’ignorance, déchaînement de l’incuriosité…

 

N’allez pas à l’étranger, c’est un endroit horrible !

(George V)

 

Si la morgue et l’entre-soi caractérisaient naguère une certaine aristocratie, il est à tout le moins paradoxal qu’en ces temps de mondialisation, néoténie et haine de la différence ne cessent de gagner du terrain – notamment parmi les jeunes.

 

Rétrécissements d’horizons, fermetures d’esprit, dont le plus inquiétant symptôme est - au plan culturel - l’inflation galopante d’affligeantes débilités, dans les domaines de la musique certes, mais aussi de la littérature et des arts visuels.

 

Tarissement de cette soif d’apprendre (libido sciendi) qui, de tous temps, caractérisa la jeunesse – par trop oublieuse, aujourd’hui, de l’ardent précepte des Lumières : « Ose savoir ! »...

 

La responsabilité de cette tragique inappétence n’incombe-t-elle pas à ce déluge informationnel proprement insensé qui tue tout désir d’en savoir plus, d’en écouter davantage ?

 

Noir constat, auquel il serait aisé, me dit-on, d’opposer… mille heureux contre-exemples !

 

Francis B. Cousté.

 

 


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Liszt et Faust : constructivisme et négativité

Bruno Moysan

 

Les piliers de la musique religieuse de l’avenir selon Liszt :

le chant grégorien et la polyphonie romaine

Nicolas Dufetel

 

Franz Liszt et le poème symphonique Mazeppa

Francine Maillard

 

Franz Liszt et Emilie Genast

Serge Gut

 

Les fréquentations maçonniques de Liszt à Pianopolis (1823-1833)

Pierre-François Pinaud

 

Quel son pour quel piano, ou quel piano pour quel son ?

Parcours à la suite de Nicolas Stavy

Sylviane Falcinelli

 

La Troisième Symphonie de Górecki :

organisation formelle et techniques d’écriture du premier mouvement

Karol Beffa

 

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BOEN n°10 du 10 mars 2011.  Programmes des concours externes & internes de l’agrégation du second degré, session 2012.  Nouveaux éléments inscrits du programme :

*Dissertation.  « Frontières du chant et de la parole »

Depuis les tragédies grecques jusqu'au slam en passant par la seconda prattica, les occasions d'interroger les spécificités de la voix chantée au regard de la voix parlée/déclamée ont été nombreuses.  Selon les périodes ou les genres, ces deux « vecteurs de profération textuelle » (sic et sic) ont été rapprochés, confondus ou radicalement distingués.  L'analyse de l'évolution de leurs frontières communes sera menée en référence à l'histoire des arts, des idées et des sociétés.

*Écriture.  « Pour une formation donnée à partir d'une ligne mélodique d'environ trente mesures » :

  • Pièce en référence à l'écriture des sonates en trio de Corelli, pour deux violons & basse continue.
  •  Pièce pour piano & clarinette sib dans le style de Schumann.

Consulter : www.education.gouv.fr/pid25137/n-10-du-10-mars-2011.html

 

La Philharmonie de Paris, projet initié par l’État et la Ville de Paris, avec le soutien de la région Île-de-France, sera contruite par Jean Nouvel, dans le Parc de la Villette (réalisation en plaques d’aluminium).  Elle sera dotée d’une salle de 2 400 places, de plusieurs salles de répétition, d’espaces d’exposition, de restauration et accueillera en résidence divers orchestres français et étrangers.

 

©Gaston & Septet

 

« La Gaîté lyrique », nouvel établissement culturel de la Ville de Paris, a ouvert ses portes le 1er mars 2011.  Il est désormais ouvert au public du mardi au dimanche, de 14h00 à 20h00.  Renseignements : 3bis, rue Papin, Paris IIIe.  Tél. : 01 53 01 51 51.  www.gaite-lyrique.net

 

©United Visual Artists/James Medcraft

 

Les Journées européennes de l'Opéra.  À l'occasion de ces Journées, les maisons d'opéra à travers l'Europe invitent les curieux à s'initier à l'art lyrique les 7 et 8 mai 2011.  Cette année les activités s'organiseront autour du thème : « Jeunes oreilles ».  Liste des Opéras français participant : Opéra national de Paris, Opéra Comique, Théâtre des Champs-Élysées, Théâtre du Capitole, Opéras de Massy, Lyon, Reims, Avignon, Marseille, Rouen, Montpellier, Bordeaux, Rennes, Lille, Nantes-Angers, Tours, Saint-Étienne, Dijon, Toulon, Nancy/Lorraine, Nice, Opéra-Théâtre de Metz, Théâtres de Caen, de Saint-Denis de La Réunion, Festival d'Art lyrique d'Aix-en-Provence, Grand Théâtre de Provence, Chorégies d'Orange, Théâtre Impérial de Compiègne.  Informations : European Opera Days : www.operadays.eu ou Réunion des Opéras de France : www.rof.fr

 

 

Salon « Livres & musiques », Deauville (15-17 avril 2011).  Consacrée aux musiques classiques, cette 8e édition proposera, en outre, concerts littéraires, tables rondes & rencontres musicales (une centaine de personnalités sont invitées).  Renseignements : www.livresetmusiques.fr

 

 

Au Musée d’Orsay : exposition Gustav Mahler (1860-1911).  Programmée à l’occasion du centenaire de la mort du compositeur, cette superbe exposition (commissaire : Pierre Korzilius) se tiendra jusqu’au 29 mai 2011.  Elle a pu être organisée grâce aux prêts exceptionnels du Musikverein de Vienne, du Theatermuseum de Vienne & de la Médiathèque musicale Mahler de Paris.  Renseignements : 1, rue de la Légion-d’Honneur, Paris VIIe.  Tél. : 01 40 49 48 14.  www.musee-orsay.fr

 

©DR

 

« Corps et âme », tel est le louable programme que s’est fixé, pour 2011-2012, la Cité de la musique.  Renseignements : www.citedelamusique.fr

 

 

L’Association internationale d’Éducation musicale Willems organise, à Lyon, le samedi 9 avril 2011, de 14h00 à 20h30 : « Préparation au diplôme » avec Béatrice Chapuis, Christophe Lazerges & Christophe Voidey / le dimanche 10 avril 2011, de 9h00 à 16h30 : « L’importance de la voix et du répertoire de chansons dans la formation du jeune musicien », avec Nicole Corti [notre photo].  Renseignements : 100, rue Créqui, Lyon VIe.   Tél. : 06 62 33 44 98.  www.aiem-willems.org

 

©DR

 

Musiques actuelles dans l’enseignement supérieur.  Le Pôle d’enseignement supérieur de la musique en Bourgogne (PESM Bourgogne) organise un cursus ouvert aux chanteurs & instrumentistes en jazz, chanson, hip-hop, rock, électro, etc.  Promotions de 12 étudiants dans chaque discipline.  Accessible à tout musicien titulaire du baccalauréat (ou équivalent).  Inscriptions (pour la rentrée de septembre 2011) jusqu’au 10 mai 2011.  Renseignements : 36-38, rue Chabot-Charny, 21000 Dijon.  Tél. : 03 80 58 98 90.  www.pesm-bourgogne.fr

 

 

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« L’art du costume à la Comédie-Française ».  Du 11 juin au 31 décembre 2011, seront exposées, au Centre national du costume de scène & de la scénographie (CNCS) de Moulins, les plus belles pièces de ce théâtre emblématique, cependant que sera retracée l’histoire du costume de théâtre à travers les grandes figures qui l’ont marquée : auteurs, comédiens, metteurs en scène, costumiers.  Renseignements : Quartier Villars, route de Montilly, 03000 Moulins.  Tél. : 04 70 20 76 20.  www.cncs.fr

 

 

Ébouriffant !  Sous la rubrique « Les plus de la revue » du site www.leducation-musicale.com, ne pas manquer : « La Flûte enchantée ou le conflit des interprétations », article signé Jules Speller [notre photo].

 

©DR

 

L’Ina/GRM (Groupe de recherches musicales) fait revivre 60 ans de création sonore en naviguant sur sa nouvelle fresque Artsonores.  On y trouve : 210 documents audiovisuels, 42 entretiens & archives vidéo, 168 œuvres musicales avec sonagramme.  Sont en outre proposés 5 parcours historiques.  Renseignements : www.ina.fr/fresques/artsonores

 

Francis Poulenc (3. XI. 1952) ©Ph.Bataillon/Ina

 

Entendu à la radio : « Elle avait un beau grain de voix.  Elle a toujours un grain, mais moins de voix » (à propos de Wanda Jackson, reine du Rockabilly, 73 ans).

 

©DR

 

La firme Roland présente le « V-Piano Grand ».  Le 26 mai 2011, 20h00, Salle Colonne (94, bd Auguste-Blanqui, Paris XIIIe).  Avec le concours, notamment, de la pianiste Vera Tsybakov [notre photo].  Renseignements :

www.rolandce.com/fr/fr/produits/pianos/pianos-intelligents/v-piano-grand

 

       

©DR

 

Prise de rôle…  Le célèbre baryton québécois Jean-François Lapointe tiendra le rôle-titre dans Don Giovanni de Mozart, à l’Opéra de Marseille, du 12 au 24 avril 2011.  Renseignements : 04 91 55 21 07.  www.marseille.fr/sitevdm/culture/opera/saison-20102011

 

Jean-François Lapointe ©DR

 

Au Triptyque : Hommage à Pierre d’Arquennes.  Pendant plus d'un demi siècle, le Triptyque a poursuivi, grâce à son fondateur, le pianiste et mécène Pierre d'Arquennes, un véritable apostolat en faveur de la musique de notre temps.  Plus de 1 200 concerts ont permis à plusieurs générations de compositeurs et d'interprètes de révéler leur talent.  Aussi est-ce avec une profonde émotion qu’à l'occasion du Xe anniversaire de sa mort, l'UFPC rend hommage à sa mémoire, en lui dédiant un concert, le 3 avril 2011, en l'église Saint-Merri. Œuvres de : Jacques Castérède, Jean-Michel Damase, Yvonne Desportes, Pierrette Mari & Lucie Robert.  Renseignements : 76, rue de la Verrerie, Paris IVe.  Tél. : 01 42 78 14 15.

 

Pierre d’Arquennes, 1934 ©DR

 

Vive la reprise ! Au « Centre de la chanson », ont été sélectionné(e)s pour audition publique - le lundi 18 avril 2011, à 14h00 : Pauline Paris, Jérémie Bossone, Maleck, Frasiak, Pierre Grammont, Marie tout court, Ottilie B., Lauren, Jemy, Louis Ville, Cyril Romoli, Nicopatou, Tomislav, Gatane & Jeancristophe.  Entrée libreRéservations : La Scène du Canal / Espace Jemmapes – 116, quai de Jemmapes, Paris Xe.  Tél. : 01 48 03 11 09.

 

          

                                                       ©DR

 

Le chef de chœur Jean-Marie Puissant entreprend cet été une grande tournée qui, à la tête de diverses formations, le conduira à Saint-Germain-en-Laye, Lisbonne, Pékin, Reims, Combs-la-Ville, Cergy-Pontoise, Paris & Région parisienne, Pärnu, Saint-Pétersbourg…  Renseignements : 06 81 49 59 23.  www.choeurnicolasdegrigny.com / http://cvariatio.free.fr / www.ensembleallegri.com

 

Jean-Marie Puissant1.jpg

Jean-Marie Puissant ©DR

 

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Chœur, orchestre & solistes du Lycée Louis-le-Grand, dir. Léonard Ganvert, se produiront le jeudi 7 avril 2011, à 20h00, dans La Vie parisienne de Jacques Offenbach.  Renseignements : 123, rue Saint-Jacques, Paris Ve.  Tél. : 09 54 41 01 04.  choeuretorchestre.louislegrand@gmail.com

 

Léonard Ganvert ©DR

 

« Con Ardore », ensemble de motets et madrigaux pour voix & instruments, sera donné le 11 avril 2011, à 20h00, en la basilique Sainte-Clotilde (23bis, rue Las-Cases, Paris VIIe), par le Chœur de jeunes filles de la Maîtrise de Radio France, dir. Sofi Jeannin [notre photo].  Œuvres de Giacomo Carissimi, Francesca Caccini, Luzzasco Luzzaschi, Barbara Strozzi, André Campra, Marc-Antoine Charpentier & Guillaume-Gabriel Nevers.  Renseignements : 01 56 40 15 16.  www.concerts.radiofrance.fr

 

©Christophe Abramowitz/Radio France

 

Le Freischütz à l'Opéra Comique.  C'est bien Le Freischütz et non Der Freischütz que se propose de monter l’Opéra Comique.  Version française due à Berlioz, pour la création parisienne de l'œuvre en 1842.  Où l'auteur de la Fantastique transformera les passages parlés en récitatifs, plus aptes à séduire le public français et lui faire toucher du doigt les charmes de cette magistrale évocation de la nature teintée d'une fantasmagorie terrifiante.  La nouvelle production, mise en scène par Dan Jemmett, bénéficiera de l'expérience musicale de Sir John Eliot Gardiner.  Représentations les 7, 9, 11, 13 et 15 avril 2011 (à 20h00) et 17 avril (à 15h00).  Renseignements : 1, place Boieldieu, Paris IIe.  Tél. : 0 825 01 01 23.  www.opera-comique.com

 

©DR

 

L’ensemble Akadêmia, dir.  Françoise Lasserre, va sillonner, avec la Matthäus-Passion de J. S. Bach, la France des festivals : le 1er avril à Paris (église Saint-Roch) / le 2 avril à Lyon (chapelle de la Trinité / le 23 juin à Reims (basilique Saint-Remi) / le 24 août à La Chaise-Dieu (abbatiale Saint-Robert) / le 26 août à Périgueux (église de la Cité) / le 9 octobre à Saint-Omer (cathédrale Notre-Dame).  Renseignements : 33, avenue de Champagne, 51200 Épernay.  Tél. 03 26 55 71 86.  www.akademia.fr

 

Françoise Lasserre, directrice artistique d'Akadêmia.

Françoise Lasserre ©DR

 

Ariane et Barbe-Bleue de Paul Dukas.  Le vendredi 15 avril 2011, à 20h00, Salle Pleyel, sera donné ce chef-d’œuvre opératique, en version de concert.  Orchestre philharmonique & Chœur de Radio France, dir. Jean Deroyer.  Renseignements : 01 56 40 15 16.  www.concerts.radiofrance.fr

 

Paul Dukas ©DR

 

1res « Rencontres des musiques sacrées du monde » à Grasse (Alpes-Maritimes), du 15 au 19 avril 2011.  Musiques de Mayotte, de Corse, gitanes, judéo-espagnoles, orientales…).  Renseignements : 04 93 19 37 40.  info@imagepublique.com

 

 

« Scène ouverte », les formes libres de la musique.  Avec l’Ensemble intercontemporain, dir. Clement Power, le jeudi 28 avril 2011, à 20h00, en la Salle des Concerts de la Cité de la musique.  Œuvres de Cage, Stockhausen, Ligeti, Maderna, Huber, Schnebel, Filidei, Kagel, Boulez.  Domaines de Pierre Boulez sera notamment donné, pour la première fois, avec des « enchaînements déterminés par ordinateur ».  Renseignements : 01 44 84 44 84.  www.cite-musique.fr

 

Clement Power conducts a programme of pieces by Ravel, Stravinsky and R. ...

Clement Power ©DR

 

La 11e édition d’« Extension », festival de création musicale, se déroulera à Paris & en Val-de-Marne, du 24 avril au 31 mai 2011.  Renseignements : www.alamuse.com

 

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Création de l’opéra The Second Woman.  Livret : Bastien Gallet.  Musique : Frédéric Verrières.  Mise en scène Guillaume Vincent.  Ensemble Court-Circuit, dir. Jean Deroyer.  Théâtre des Bouffes-du-Nord, du mardi 26 avril au vendredi 13 mai 2011.  Renseignements : 37bis, bd de la Chapelle, Paris Xe.  Tél. : 01 46 07 34 50.  www.bouffesdunord.com

 

 

Frédéric Verrières ©Court-Circuit

 

La 24e édition du festival « Les musiques », « Musiques d’aujourd’hui », se déroulera à Marseille du 4 au 14 mai 2011.  Concerts, spectacles, danse, cinéma, installations, rencontres…  Tarif unique : 6 €.  Renseignements : GMEM – 15, rue de Cassis, 13008 Marseille.  Tél. : 04 96 20 60 10.  www.gmem.org

 

 

Le 29e Festival de l’Épau se déroulera au Centre culturel de la Sarthe (9, place Luigi-Chinetti, 72100 Le Mans), du 19 au 29 mai 2011 : « Invitation au voyage dans le sillage de Liszt à travers la Mitteleuropa, de Vienne à Varsovie, de Prague à Budapest ».  Renseignements : 02 43 27 43 44.  www.festivaldelepau.com

 

Festival de l'Epau

 

« Le Printemps des pianistes » réunit en la salle de L’Archipel, tous les mardis & mercredis jusqu’au 1er juin 2011, les meilleurs jeunes pianistes d’aujourd’hui (classique, jazz, tango).  Renseignements : 17, bd de Strasbourg, Paris Xe.  Tél. : 01 48 00 04 20.  www.larchipel.net

 

©Fazioli

 

Atys, tragédie en musique de Jean-Baptiste Lully, sera donné, du 12 au 21 mai 2011, à l’Opéra Comique.  Chœur & orchestre « Les Arts Florissants », dir. William Christie.  Compagnie de danse « Fêtes galantes ».  Mise en scène : Jean-Marie Villégier.  Renseignements : 0825 01 01 23.  www.opera-comique.com

 

ATYS

 

Le Concours international de musique « Vibrarte » réserve sa 3e édition aux violonistes.  Il se déroulera, du 20 au 22 mai 2011, au Théâtre Adyar (4, square Rapp, Paris VIIe).  Ont été recueillies 162 candidatures provenant de 28 pays.  Renseignements : 11bis, avenue Élisée-Reclus, Paris VIIe.  Tél. : 01 47 03 38 06.  www.vibrarte.fr

 

fille

 

18es « Rencontres musicales autour de La Prée » : Abbaye de La Prée (36100 Ségry), du 1er au 5 juin 2011.  Œuvres de (notamment) Franz Liszt & Philippe Hersant.  Renseignements : 02 54 21 34 68. www.pourquelespritvive.org

 

 

Festival de Saint-Denis (7 juin - 5 juillet 2011) : Classique/ Métis/ CréationRenseignements : 1, rue de la Légion-d’Honneur, 93200 Saint-Denis.  Tél. : 01 48 13 06 07.  www.festival-saint-denis.com

 

Festival de Saint-Denis

 

« Musique médiévale du Thoronet ».  Pour ces 21es Rencontres internationales, leur directeur artistique Dominique Vellard a programmé, du 17 au 23 juillet 2011 : « Le chant grégorien, source des grandes créations musicales du Moyen Âge ».  Renseignements : Abbaye du Thoronet (83340).  Tél. : 04 94 60 10 94. www.musiquemedievalethoronet.fr

 

©DR

 

« 3e Festival international de mandoline de Castellar ».  Il se déroulera les 21, 22 et 23 juillet 2011.  Renseignements : Mairie, place Clémenceau, 06500 Castellar.  Tél. : 06 16 12 83 49.  www.festivalmandoline.fr

 

 

La 1re édition du « Festival de musique de Chambord » se déroulera du 15 au 29 juillet 2011.  Programmation confiée à Vanessa Wagner.  Renseignements : 02 54 50 50 40.  www.chambord.org

 

 

Le 31e Festival « Jazz à Vienne » se déroulera, sur quatre scènes principales, du 29 juin au 13 juillet 2011.  Où la part sera faite belle aux chanteurs de jazz & où hommage sera rendu à Miles Davis.  Renseignements : 21, rue des Célestes, 38200 Vienne.  Tél. : 0 892 702 007.  www.jazzavienne.com

 

      jazz à Vienne - 29 juin au 13 juillet 2011 - affiche

 

4e édition du Festival « L’opéra de poche à Carnac » (3-9 août 2011) :

  • La grand-tante, opéra-comique de Jules Massenet
  • Le festin lyrique, récital à 4 voix : Isabelle Fallot, Lucie Mouscadet (sopranos), Arnaud Le Dû (ténor), Vincent Billier (baryton).
  • Pimpinonne ou La soubrette avisée, intermezzo de Georg Philipp Telemann
  • Une éducation manquée, opérette d’Emmanuel Chabrier
  • Gianni Schicchi, opéra de Giacomo Puccini
  • La croisière (chansons françaises) & Le téléphone (opéra-bouffe de Gian Carlo Menotti)

Renseignements : 06 07 34 45 61.  www.operadepoche.fr

 

Francis Cousté.

 

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Le mois écoulé nous proposait quelques temps forts de la commémoration lisztienne.  Les 4 et 5 mars 2011, grâce aux Pianos Neubout en ayant assuré la venue exceptionnelle, nous avions l’émotion d’entendre à Paris le piano Steingraeber que posséda Liszt à partir de 1873.  Certes, on ne saurait dire que Nicolas Stavy posait ses doigts sur les touches que caressa Liszt, car, pour la plupart, les éléments constitutifs de l’instrument (dont le clavier, la mécanique, la table d’harmonie) ont été remplacés ou restaurés en 1927, mais dans un scrupuleux respect de ce qui déterminait l’identité sonore de l’instrument.  De fait, doit-on laisser se dégrader au fil des ans un specimen historique par fétichisme de l’authentique, ou doit-on assurer sa survie en état de fonctionnement par une restauration intelligente ?  L’heureuse découverte que nous procura son écoute “en son réel” répond assez à la question.  Ce piano (un demi-queue prévu pour le travail privé) impressionnait les auditeurs réunis dans la petite salle du Reid Hall par un son très proche de la couleur moderne de la marque.  Sa richesse en émission de sons harmoniques, la longueur de ses résonances induisaient une réflexion sur les recherches du Liszt de la dernière période, car ce piano est bien “la voix de son maître”.  Les tuilages de vibrations enrobant les progressions harmoniques dans les phases méditatives ouvrent des perspectives sur l’idéal sonore auquel s’attachaient les explorations du maître : le choix de programme effectué par Nicolas Stavy s’avérait particulièrement éloquent, tant les préfigurations naissant dans les pièces antérieures (Sonnet de Pétrarque 104, Bénédiction de Dieu dans la solitude) portaient à l’accomplissement assumant son extrême décantation dans le poème Du Berceau jusqu’à la tombe.  Le public éprouvait unanimement l’intime fusion en laquelle le pianiste s’investissait au contact du mythique instrument.  Par contraste, Nicolas Stavy avait choisi de donner en seconde partie les Kreisleriana de Schumann : or, la frénésie rythmique, plus directe et percutante, de la fantasmagorie schumannienne s’avère peut-être moins en phase avec ce “nimbe” harmonique que les avancées de langage de plus en plus “habitées” et dématérialisées du Liszt absorbé dans la spiritualité de son prophétisme.  L’Arabesque du même Schumann, donnée en bis, s’accommodait mieux du halo sonore diffusant des mouvements vaporeux autour de l’élégante cantabilità.  Mais en deuxième bis, la 3e Consolation nous prouvait décidément que ce piano avait été conçu “sur mesure” pour Liszt.

 

Le Steingraber de Liszt ©Sylviane Falcinelli

 

Sous des poutres historiques, mais pour d’autres raisons, nous retrouvions un demi-queue Steingraeber, moderne celui-là mais d’un son lui aussi fort généreux, conformément à l’idéal de la manufacture bayreuthienne.  Dans l’atelier (Le Grenier des Grands-Augustins) qu’occupa Jean-Louis Barrault, et où Picasso peignit Guernica, Alain Casabona et le Comité national pour l’Éducation artistique accueillaient, pour une soirée Liszt, d’anciens lauréats du Concours international FLAME fondé par Germaine Tocatlian. Parmi les intervenants se distinguaient les jeunes virtuoses Éric Artz et Tristan Pfaff, mais surtout l’atmosphère d’intériorité intensément tenue qui unissait David Bismuth et Guillaume Martigné dans la version pour piano & violoncelle de La lugubre gondole.

 

Autre temps fort, le colloque « Franz Liszt et la France », dont le premier épisode parisien se tenait à la Cité de la musique les 11 et 12 mars, deux autres épisodes emmenant les participants à Villecroze (du 15 au 17 mars) puis à Bruxelles (les 26 et 27 mai).  Toute l’élite de la musicologie lisztienne internationale se trouve ainsi conviée, sous la responsabilité de Malou Haine et Nicolas Dufetel, à développer maints aspects des liens ayant uni Liszt à la vie musicale parisienne (et belge !), ainsi qu’à ses confrères français.  L’éminente compétence des intervenants appelés à se succéder au micro en ces trois villes n’appelle aucune réserve.  Pourtant, un questionnement sur notre métier commun naissait à l’écoute de ces interventions bien différentes.  Que peut apporter, dans l’oralité inhérente à la forme du colloque, l’énoncé de ce que nous appellerons une “musicologie statistique”, seulement destinée à proposer des outils de travail, de dépouillement d’archives, aux biographes et exégètes qui en tireront les éléments concrets étayant leur tableau d’une époque, d’une vie, d’une œuvre ?  De tels travaux trouvent leur place et leur pleine utilité dans des articles de revues spécialisées consultables par les professionnels (il y aura certes des actes de ce colloque), mais il leur manque l’étoffe humaine (et artistique !) pour conquérir des auditeurs.  Quels autres horizons s’ouvraient à nous lorsque nous écoutions Serge Gut traiter du « dualisme franco-allemand » dans la pensée et la personnalité de Liszt !  Avec une infinie sensibilité aux nuances, il savait maintenir perceptible toute l’ambiguïté qui partagea la mentalité lisztienne au gré des épisodes privés et professionnels de sa vie nomade ; jamais il ne faisait basculer son propos vers de pseudos-vérités assénées, fort de l’expérience qu’une si longue fréquentation de son sujet lui a donnée dans le décryptage psychologique.  À noter qu’un moment musical nous donnait à découvrir Serge Gut compositeur, ce qui fut une heureuse surprise.  Avec un égal doigté, Jean-Jacques Eigeldinger maniait les ambiguïtés de la relation Chopin-Liszt, et son analyse de ressorts pas toujours avouables témoignait d’une subtile compréhension des motivations se déchirant ou se combinant dans les vies artistiques.  Nicolas Dufetel, programmé en principe à Bruxelles, devait à Paris assumer le remplacement de dernière minute d’un Américain empêché, et lui aussi traitait d’un sujet non exempt d’ambiguïté, à propos d’un projet de publication livresque de Liszt sur Wagner.  L’esprit, tout de sensibilité musicale, de réflexion sur les sinuosités d’une carrière, qui guide l’investigation de tels maîtres ès-musicologies nous conforte dans le discernement des risques auxquels s’expose une saine pratique de notre métier : en effet, comment ignorer que nos déductions cheminent parfois aux franges de l’imprévisibilité des réactions humaines (si délicates à distinguer post-mortem), laquelle introduit un facteur déroutant dans les incertitudes déjà latentes de l’engrenage historique !  Et comme cette vulnérabilité du facteur « humain, trop humain » se refuse à l’épandage de sécheresse archivistique qui tente de classer l’inclassable…

 

Deux pianos sortis du Musée de la musique, et présentés par Thierry Maniguet, ornaient la scène de l’Amphithéâtre : un Bösendorfer fabriqué en 1860 et remanié en 1890, au son étrangement mat, et un grand piano à queue avec pédalier 1853, confié en son temps au talent de Charles-Valentin Alkan, dont il nous reste à savoir s’il peut encore se plier aux souples injonctions d’un toucher musical.

De musicalité sur un piano d’époque, il était autrement question lors du concert final de ce cycle (12 mars 2011) : un instrument Érard, construit l’année de la mort de Liszt et issu de la collection si amoureusement entretenue de Jos van Immerseel, s’en remettait aux raffinements dont usait Pascal Amoyel pour solliciter les réponses difficiles à quérir uniment à travers les divers registres et le spectre complet de la palette dynamique.  Les graves de ce type d’instrument manquent de consistance, les aigus s’avèrent un peu aigrelets ; alors, pour contourner avec art ces obstacles et ne point engendrer de frustration chez les auditeurs réunis dans la grande salle de la Cité, Pascal Amoyel savait ne jamais “surjouer”, conduisant avec une subtilité caressante dans le toucher et une pédalisation savamment dosée les progressions et contrastes qui animent le souffle des deux Légendes, d’abord données au piano seul, puis dans leur transcription orchestrale par l’auteur.  Pour cette dernière version, déjà peu convaincante par son écriture instrumentale (or, la survie au répertoire de la seule composition pianistique n’est pas une surprise), il eût fallu que le son entendu ne soit pas à la limite de la caricature : rien ne justifie que, sous prétexte d’instruments d’époque, on inflige à un compositeur d’esprit novateur (qui dirigea Berlioz et Wagner, ne l’oublions pas !), un effectif trop maigre et déséquilibré.  Que signifie le retour à des cuivres anciens, moins “gonflés” et rutilants que leurs descendants actuels, si le tapis de cordes appelé à les soutenir est numériquement insuffisant ?  Les cuivres occupent par conséquent une excessive prééminence, comme bruyamment plaqués sur l’ensemble.  Que dire d’une harpe placée au premier plan, devant les violons, et que l’on n’entendait pas plus pour autant !  Et d’où vient l’idée d’amener les percussions à une place bien apparente près de la rampe ?  Au temps où Hans von Bülow dirigeait la Chapelle de Meiningen, les percussionnistes se tenaient au dernier rang, comme aujourd’hui !  Jos van Immerseel et ses musiciens (excellents si l’on s’en tient à leur pratique) de l’ensemble Anima Eterna Brugge infligeaient le même traitement aux Préludes, qui manquaient de chant et de lyrisme.  La Totentanz, dans ses différentes versions, est un des grands chevaux de bataille de Pascal Amoyel : il sait si bien en habiter toutes les intuitions visionnaires, hallucinées, que les limites de facture ne pourraient le faire sombrer dans une lecture réductrice ; gageons tout de même qu’il doit préférer disposer des graves profonds d’un beau piano moderne pour une œuvre au pianisme si orchestral !  En bis, il apportait avec une tendre douceur la Consolation aux visions dantesques de la mort.

La veille, un programme très ouvert s’inscrivait dans le cycle Liszt-Nono : en première partie, l’Orchestre philharmonique de Bruxelles, dirigé avec une flamme communicative et une puissante énergie rythmique par Michel Tabachnik, donnait Mazeppa et le Concerto n°1 pour piano, où l’invincible autorité de Jean-Frédéric Neuburger imposait toute la modernité du traitement instrumental lisztien.  En déduction logique de cette vision, le pianiste revenait sur scène pour jouer en bis la Bagatelle sans tonalité, qui ressortait plus que jamais comme l’aboutissement d’un projet futuriste préparé par de longs antécédents.  La deuxième partie faisait apparaître Luigi Nono comme… moins moderne, plus daté !  L’œuvre purement électroacoustique Musica-manifesto n°2 : Non consumiamo Marx, avec ses collages de slogans entendus en mai 68, fait aujourd’hui sourire tant elle condense en un cliché naïf les illusions d’une époque et d’une mise en œuvre qui se crut avant-gardiste ; les huées qui, ce 11 mars 2011, en accueillirent la diffusion, disent assez combien l’aujourd’hui renvoie à de telles œuvres leur échec, leur incapacité d’atteindre à l’universel.  Les Variazioni canoniche sulla serie dell’Op.41 di Arnold Schönberg, œuvre de jeunesse pour petit orchestre qui devrait sonner comme “biographiquement” datée, passent mieux l’épreuve du temps, tant l’écriture et les concaténations instrumentales procèdent d’une précoce maîtrise.  Mais retenons cette leçon : on ne cesse, en ce bicentenaire, de redécouvrir la modernité prophétique de Liszt ; ses cadets sont mesurés à cette aune…

Sylviane Falcinelli.

 

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Cendrillon renaît à l'Opéra Comique.

Jules MASSENET : Cendrillon.  Conte de fées en quatre actes.  Livret d'Henri Cain d'après le conte de Charles Perrault.  Judith Gauthier, Michèle Losier, Ewa Podlés, Laurent Alvaro, Eglise Gutièrrez, Aurélia Legay, Salomé Haller, Laurent Herbaut.  Orchestre et chœur des Musiciens du Louvre-Grenoble, dir. Marc Minkowski.  Mise en scène : Benjamin Lazar.

 

© Elisabeth Carecchio

 

L’événement n'est pas mince qui permet de redécouvrir une partition méconnue de Massenet dans le théâtre même où elle fut créée.  Parmi la nombreuse production de l'auteur de Manon, Cendrillon (1899) occupe une place unique.  Par son sujet d'abord : Ce « conte de fées » est directement inspiré de Perrault.  À la différence de bien d'autres adaptations qui penchent vers la comédie de sentiments - comme La Cenerentola de Rossini - la veine est ici d'abord féerique : cette atmosphère qui nous fait nous souvenir de la naïveté de l'enfance où l'étrange côtoie le cruel.  Mais ce qui est poésie du rêve éveillé se double d'une verve joyeuse s'emparant de quelques personnages aux traits volontairement grossis pour ne pouvoir être pris au sérieux. Habile peintre de l'âme féminine, Massenet trace de son héroïne un portrait tout en demi-teinte où la tendre innocence côtoie la stupeur de la métamorphose, l'effroi et le découragement avant que le rêve ne se transforme en réalité.  La composition musicale est tout autant singulière.  D'une richesse continue, la mélodie y règne sans partage et épouse comme rarement le débit du langage parlé et la finesse de la langue.  « Un festival d'émotions et de sensations renouvelées à chaque scène » selon le chef Minkowski qui souligne le contraste imprévu qu'autorise une mosaïque de styles : pastiche baroque, brume impressionniste, souffle wagnérien même.  On est frappé par l'imagination de certains traits : ainsi de l'entrée de Cendrillon au bal qui voit l'orchestre se taire pour laisser l'assistance a cappella s'extasier sur « l'adorable beauté » de la nouvelle venue, de ces musiques de scène aussi qui introduisent de saisissants effets de lointain d'une poésie diaphane.  Cette singularité s'étend à la palette vocale : Cendrillon, comme bientôt la Mélisande de Debussy, aura un timbre dit de Dugazon, quelque part entre soprano et mezzo.  Mais surtout, se souvenant du Chérubin de Mozart - et anticipant cet autre jeune fougueux qu'est l’Octavian de Richard Strauss - c'est aussi à une voix féminine que Massenet destine son Prince Charmant, un soprano corsé pour un adolescent androgyne.  La réunion en duo de ces voix si proches libère une puissance fusionnelle autant qu'une poignante émotion.

 

©Elisabeth Carecchio

 

L’Opéra Comique tient l'une des meilleures de ses réalisations récentes.  La mise en scène de Benjamin Lazar joue avec adresse du registre du merveilleux par d'ingénieuses trouvailles (le Chêne des fées vers lequel convergent Cendrillon et le Prince, visualisé par un svelte branchage paré de mille lucioles).  De l'humour aussi (une caractérisation plus vraie que nature de la marâtre).  Du mélange des époques encore : fière idée que d'habiller Grand Siècle les membres de la Cour, perruques généreuses, habits empanachés et haut-de-chausses pour les messieurs, amples robes bigarrées et couvre-chefs emplumés chez les dames.  Du clin d'œil aussi, à l'avènement de l'électricité Salle Favart peu avant la création de l'opéra : Cendrillon enfilera un habit de lumière pour se rendre au bal, telle la fée électricité.  L'hyperbole dans la gestuelle souligne ce que le conte peut avoir de caricatural (les mimiques exagérées de la marâtre, la mine défaite d'un Prince atrabilaire qu'aucune facétie ne parvient à dérider).  Rien n'est plus vrai aussi que le basculement qui s'opère chez Lucette/Cendrillon de l'adolescence à l'état de femme, ballottée qu'elle est entre songe et réalité, façonnée par l'hypnose d'une Fée déterminée et la suggestion d'un Doyen de la Faculté sorti tout droit de chez le Docteur Charcot.  Judith Gauthier en offre une sensible composition.  Tout comme Michèle Losier en Prince Charmant.  Ewa Podlés, Madame de la Haltière - pur métal de contralto - est autant extravertie que Laurent Alvaro, Pandolfe - beau timbre de basse claire - est la tendresse faite homme.  La plus belle réussite revient à l'orchestre.  L'empathie de Marc Minkowski est évidente avec cette musique dont il révèle à chaque instant l'ingéniosité.  Il obtient de sa prestigieuse phalange des Musiciens du Louvre des sonorités proprement miraculeuses : la gracilité des moments élégiaques n'a d'égale que l'impact des grands climax.  Bravo !

 

 

Glorieuse reprise de Kátia Kabanová à l'Opéra Garnier.

Leoš JANÁČEK : Kátia Kabanová.  Opéra en trois actes. Livret de Vincence Červinka d'après L'Orage d'Alexandre Nikolaïevitch Ostrovki.  Angela Denoke, Vincent Le Texier, Jane Henschel, Donald Kaasch, Jorma Silvati, Ales Briscein, Andrea Hill, Michal Partyka.  Orchestre et chœur de l'Opéra national de Paris, dir. Tomas Netopil.  Mise en scène : Christoph Marthaler.

 

©ONP/Elena Bauer

 

Ainsi en va-t-il des grandes mises en scène : leur reprise - quand bien même montée hors la présence de leur concepteur - confirme leurs vertus.  Créée au festival de Salzbourg en 1998, déjà redonnée à Paris, la vision que forge Christoph Marthaler de Kátia Kabanová frappe par sa totale cohérence : une sorte de huis-clos qui réinvente ce que ce drame de la fascination pour la souffrance a d'implacable.  Rarement interprétation a-t-elle autant percé à vif le sens de ce qui est une critique acerbe des tabous d'une société étriquée et marque l'opposition de deux univers opposés : celui de la lumière, incarné par Kátia, de l'aspiration au bonheur, à un immense désir sensuel, quête de l'émancipation de la femme contre le poids des interdits ; celui de l'opacité d'un environnement qui l'opprime et l'acculera au suicide après l'aveu public de la faute.  Marthaler met à nu les sentiments enfouis et cet engrenage qui emprisonne Kátia dans un système dont elle ne sait autrement se dégager, devenant la « victime sacrificielle d'une société toute entière » (Isabelle Moindrot).  L'atmosphère claustrophobe qui règne dans l'étroite cour d'une HLM délabrée de quelque pays de l'Est, n'est autre que le miroir d'une société confinée dans la rigidité de ses principes.  Une société qui cultive aussi le voyeurisme (les voisins épiant derrière leurs rideaux ou carrément à la fenêtre) ou l'hypocrisie chez certains : les « vieux » se permettent d'étranges parenthèses, façon démon de midi, reléguant pour un temps aux oubliettes la morale qu'ils prêchent aux autres.  L'unité décorative renforce la prégnance du drame.  La relative lenteur de la régie aussi, qui peaufine une direction d'acteurs d'une étonnante vérité, restituant le temps parlé, cette expression théâtrale si chère à Janáček.

 

©ONP/Christian Leiber

 

La prestation du jeune chef Tomas Netopil, actuel directeur musical du Théâtre national de Prague, distingue cette reprise : les modulations inattendues qui semblent comme désagréger le discours par endroit ont un relief saisissant, comme le contraste entre instabilité rythmique, ce temps concentré de l'espace des mots, et accès de tendresse.  Sa vision porte l'emphase sur ce dernier aspect, libérant le lyrisme intense d'une pièce que Janáček voyait comme l'opéra de l'amour - celui conçu pour Kamila Slösslova.  La plasticité de l’Orchestre de l'Opéra s'y révèle fastueuse, la petite harmonie tout particulièrement . C'est peu dire que Angela Denoke s'identifie à l'héroïne, cette « âme si tendre, si douce » dont l'auteur dit encore qu’« à peine pense-t-on à elle qu'elle disparaît ».  Figure emblématique de cette production, l'interprète domine le plateau : voix inextinguible pétrie de mille nuances, portant le personnage à bras le corps, de la timidité gauche des premières répliques à l'incandescence de la confession publique.  Belle composition aussi de Andrea Hill, Varvara mature et libérée.  Si la Kabanicha de Jane Henschel est plus histrion qu'autoritaire, le régisseur jouant d'un physique fort avantageux, il reste que le personnage de bourgeoise endimanchée demeure intéressant, n'était une projection vocale moins affirmée que naguère.  Des trois ténors, Ales Briscein, Kudriach, s'impose aisément alors que la mise en scène accentue la place de ce personnage d'instituteur qui plus que tout autre, incarne les idées nouvelles et brave les interdits.

 

 

Un « All Dvořák Programm » à Pleyel

 

Riccardo Chailly ©Fred Toulet/Pleyel

 

Est-ce le jour, un lundi de retour de vacances, ou plus prosaïquement le programme uniquement consacré à Dvořák, qui a manqué de remplir la salle à ras comme d'habitude pour la venue du Gewandhausorchester ?  On penche hélas pour la seconde explication !  L'alchimie existant entre un chef italien, Riccardo Chailly et cette phalange à la patine légendaire est un des phénomènes musicaux du moment.  L’Ouverture Carnaval op.92 constitue un festif hors-d'œuvre.  Partie médiane d'une trilogie, Carnaval évoque la Vie au sens de bouillonnement, d'énergie jubilatoire, avec ses joyeuses exubérances mais aussi une tendresse vraie qui sourd tout à coup d'une section élégiaque.  Bien moins connu et joué que son équivalent chez Brahms, le Concerto pour violon op.53 - dédié à l'illustre Joachim qui ne le créera pas - mérite pourtant une écoute attentive.  Pour être moins flatteuse, sa séduction est plus subtile : un long soliloque où l'instrument s'épanche plutôt qu'il ne fait étalage de sa technique, d'une agréable volubilité, particulièrement dans l'adagio central, chargé de ferveur.  Ce que Leonidas Kavakos saisit parfaitement dans une exécution d'une grande sobriété, lyrique sans affectation, que Chailly équilibre justement dans son soutien orchestral.  La couleur nationaliste éclate d'évidence au finale qu'un furiant, cette danse endiablée, emplit de sève.  À noter aussi le dialogue du soliste avec les cors, alliance instrumentale évocatrice du grand romantisme.  La Septième Symphonie hisse le bonheur encore un cran au-dessus.  Dédiée au chef Hans von Bülow, elle a été créée à Londres en 1885 par le compositeur qui y jouissait alors d'une grande popularité.  La facilité mélodique, louée par Brahms, est confondante comme le parfum de folklore qui y affleure, si attachant, bien plus qu'une banale couleur locale.  L'atmosphère est souvent sombre comme dans les pages ouvrant le premier mouvement, mais elle subit tant de métamorphoses que l'oreille est constamment sollicitée par de nouvelles perspectives.  Les quatre parties n'en finissent pas de surprendre, mélange de simple énergie et d'effusion de lyrisme passionné, d'épique et de douceur.  Chef et musiciens font leurs la simple beauté du discours, ses transitions subtiles, son flot mélodique intarissable, ses humeurs changeantes comme au scherzo qui offre la légèreté de la valse, pimentée d'un plaisant sautillement.  L'énergie n'est jamais cassante car elle trouve sa source dans la danse, si chère à l'âme slave.  Pas moins de deux bis auront raison de l'enthousiasme d'un public conquis : les Danses slaves n°2, d'une mélancolie hypnotique, et n°7, d'une verve inépuisable que transfigure un orchestre inouï.

 

 

William Christie, maître du lyrisme ramiste.

 

©Philippe Matsas

 

William Christie porte à la musique de Rameau une affection toute particulière.  Anacréon et Pygmalion, deux courtes pièces qui ont en commun de célébrer l'Amour, idolâtré par les compositeurs au XVIIIIe siècle, étaient au programme de son récent concert, Salle Pleyel.  Anacréon - du moins dans sa seconde version (1757) donnée ici - est tiré de la comédie Les Surprises de l'Amour, œuvrette commandée à Rameau par Madame de Pompadour pour son petit théâtre de Versailles.  Malgré son appellation de « ballet héroïque », il s'agit en fait d'une cantate qui mêle chants et divertissements dansés pour célébrer le poète grec homonyme du VIe siècle qui cultivait le culte aussi bien de l'Amour que du vin.  L'intrigue mince qui voit un temps les deux passions se confronter, laisse place à une morale bien arrangeante : « Bacchus ne défend pas d'aimer, Et l'amour nous permet de boire » !  Deux pages orchestrales se détachent d'une riche composition : le Sommeil et l'Orage, passages obligés pour les musiciens de l'époque.  On y savoure aussi une belle diversité d'arias.  Pygmalion est une toute autre affaire.  Cet « acte de ballet » qui figure parmi les pièces les plus jouées du compositeur, est distingué par une musique inventive, à commencer par l'Ouverture quasi picturale avec ses effets de notes répétées, et plus tard sa suite de ballet, guirlande de danses variées, gavotte, loure, passepied ou autre rigaudon, que soulignent les sonorités des flûtes et du tambourin, et enfin sa pantomime finale d'une étourdissante vivacité.  Mais sa singularité touche à sa structure même : ainsi de l'effet de prodige qui voit lentement s'animer la statue modelée par le sculpteur, une touche des plus pittoresques.  Une agréable mise en espace avec entrées et sorties et même quelques mouvements dansés apporte à l'exécution concertante une judicieuse animation.  L'interprétation vocale d'une haute tenue, chœurs et solistes, est dominée par la prestation de la haute-contre Ed Lyon qui transfigure la partie de Pygmalion et ses vocalises brillantes avec autant d'aisance vocale que de goût pour la prosodie.  Comme toujours, l'exécution de William Christie est d'une absolue distinction, habitant les mouvements lents d'une tendresse ineffable et les prestes épisodes de salutaires contrastes.  La délicatesse qu'il obtient de ses instrumentistes, les deux flûtistes en particulier, d'une douceur hypnotique, la recherche de l'intégration sonore qu'autorise une disposition originale de l'orchestre (les bois répartis parmi les cordes), tout cela procure une vraie joie esthétique.  On se prend à penser au bonheur que dispenserait la reprise par ce chef d'une production scénique ramiste.

 

 

Luisa Miller à l'Opéra Bastille ou le vrai son verdien

Giuseppe VERDI : Luisa Miller.  Opéra en trois actes.  Livret de Salvatore Cammarano d'après le drame Kabale und Liebe de Friedrich Schiller.  Krassamira Stoyanova, Marcelo Alvarez, Franck Ferrari, Orlin Anastassov, Arutjun Kotchinian, Maria José Montiel, Elisa Cenni.  Orchestre & chœur de l'Opéra national de Paris, dir. Daniel Oren.  Mise en scène : Gilbert Deflo.

 

©ONP/Andrea Messana

 

Luisa Miller (1849) marque un tournant dans la carrière de Verdi, la fin de ses « années de galère » dira-t-il.  Le sujet est emprunté à Schiller ; pour la troisième fois, après Giovanna d'Arco (d'après La Pucelle d'Orléans) et I Masnadieri (Les Brigands), et avant Don Carlo.  Mais le librettiste Cammarano a quelque peu édulcoré ce qui dans le drame Kabale und Liebe (Intrigue et Amour) ressortit au contexte politique pour le centrer sur un drame bourgeois, réduisant l'action à trois actes en un triptyque « Amour, Intrigue, Poison » et la transposant d'une cour princière allemande à un village tyrolien.  Cette simplification n'était pas pour déplaire au compositeur.  De fait, cet opéra fait figure de transition vers un style plus dépouillé et une veine intimiste, celle du drame individuel par comparaison à l'épopée grandiose de ses précédentes pièces ; ce qui est particulièrement sensible au IIIe acte de l'opéra.  Autre caractéristique, le climat pastoral qui se manifeste dès l'Ouverture, tour de force consistant en une succession de variations sur un thème unique, magnifiée par la mélopée de la clarinette dont on retrouve la sonorité mélancolique tout au long de l'œuvre.  Cette histoire d'amours contrariés de façon bien mélodramatique par un sombre personnage, Wurm (monstre) le bien nommé, est surtout prétexte à illustrer ce qui fera florès dans bien des pièces de Verdi : le rôle du père.  Des pères en l'occurrence qui, par leur comportement égoïste et intransigeant, précipitent leurs enfants au trépas : Luisa et Rodolfo seront conduits au suicide, préférant la mort plutôt que de subir le joug des lois paternelles.  Le triomphe des valeurs patriarcales est ainsi préservé.

 

©ONP/Andrea Messana

 

La production de l'Opéra Bastille se signale par son adresse picturale et son unité stylistique : une succession de vignettes agrestes inspirées de quelque peinture miniaturiste allemande qu'enjolive la fraîcheur des costumes.  La mise en scène fait la part belle à une suite d'arrêts sur image qu'on ne saurait a priori blâmer, motif pris de leur tournure naturaliste.  La dramaturgie s'avère plus discrète : peu hasardeuse quant à la conduite des protagonistes, voire simpliste pour ce qui est de la masse chorale, la plupart du temps placidement disposée en éventail.  Il est vrai qu'on a critiqué l'œuvre pour ses scènes chorales jugées embarrassantes.  Du moins cet écrin ne fait-il pas d'ombre à l'exécution musicale.  Et il y a là embarras de richesses.  Du rôle de Luisa, qui évolue entre bel canto donizettien et déclamation lyrique plus assurée, annonciatrice des grandes héroïnes à venir, Krassimira Stoyanova a assurément l'envergure.  Et son personnage juvénile évoque cette figure « ingénue et extrêmement dramatique » souhaitée par le compositeur.  Marcelo Alvarez, Rodolfo, donne une leçon de style, et pas seulement lors du grand air « Quando le sere al placido », superbe romance marquée « andante appassionatissimo », mais tout au long d'une partie de ténor fort habilement écrite.  On sait le soin avec lequel Verdi assortit la couleur vocale de ses personnages : avec les pères, c'est dans le registre grave que sont distribuées les voix.  Le comte de Walter déploie une basse profonde et le Bulgare Orlin Anastassov a, en l'espèce, de la réserve de puissance.  C'est peut-être ce qui manque au Miller de Franck Ferrari.  Là où le compositeur forge déjà ce qui sera le fameux emploi de « baryton Verdi », celui-ci peine à s'imposer.  Non que le style soit en cause ou la noblesse de la composition.  Seule est questionnée la projection de la voix.  Encore une fois la palme revient à l'orchestre.  C'est un vrai son verdien que, sous la conduite souplement énergique de Daniel Oren, révèlent les musiciens de l'Orchestre de l'Opéra de Paris.  La tension ne souffre pas de répit, qui naît aussi bien de la verve mélodique que d'une rythmique contrastée.  Elle se nourrit encore de l'extrême attention portée au raffinement de l'instrumentation comme aux transitions qui donnent au discours musical cette respiration dans laquelle Verdi est passé maître.

 

 

Musique de chambre à Pleyel : Les Berliner Solisten et Yuja Wang

 

©Christian Steiner

 

Il y a quelque chose de réconfortant à voir une salle comble du gabarit de Pleyel honorer un concert de musique de chambre.  Étaient réunis les Berliner Solisten dont les membres sont premier pupitre ou issus des rangs du Berliner Philharmoniker, et la jeune pianiste Yuja Wang.  Et programmés deux fleurons du répertoire.  Le Quintette en ut majeur D.956 de Schubert se situe dans la foulée de la Grande Symphonie en ut : même tonalité d'ensemble, mêmes envolées, même recueillement.  Contrairement à Mozart qui choisit de privilégier le registre de l'alto - tout comme Brahms d'ailleurs -, c'est celui du violoncelle que Schubert favorise.  Avec un deuxième violoncelle sont renforcées les deux voix extrêmes, l'alto se voyant confier un rôle de lien.  Ce qui devient un quatuor doublé à la basse permet un élargissement sonore quasi orchestral.  Une interprétation d'anthologie permet d'en apprécier les multiples traits originaux : la liberté de la démarche dans le premier mouvement dont se dégage la profondeur de la voix grave et se révèle une belle superposition des plans en particulier dans le développement, la beauté indicible de l'adagio, une des élégies les plus inspirées de Schubert, d'une rare plénitude dans cette interprétation, la rythmique ardente du scherzo, marqué presto, conquérante presque, qu'entrecoupe un trio d'un climat angoissant, car tout Schubert est là, agrégeant joie de vivre irrépressible et tristesse abyssale.  Et c'est, au finale, tout un jeu d'oppositions qui se remarque, débuté par une scansion énergique et conclu par une sorte de chevauchée débordant d'ivresse.  C'est peu dire que les cinq solistes sont lumineux et pénétrants.  Le Quintette pour piano et cordes op.34 de Brahms n'est pas moins enthousiasmant, distingué par la présence de Yuja Wang, décidément aussi à l'aise dans le cénacle intimiste qu'en soliste ou dans le répertoire concertant.  On sait la richesse thématique enivrante de cet authentique chef-d'œuvre de la première manière de Brahms.  Qu'il suffise de relater ce qui singularise cette souveraine exécution : puissance du premier mouvement, d'une ample inspiration, lyrisme extatique mais maîtrisé de l'adagio, caractère haletant du scherzo alliant le fantastique à l'épique, animé d'une force impérieuse, enfin vision cosmique d'un finale qui après son début mystérieux, comme indécis, se montre encore plus prolixe et fait montre d'une robuste gaîté.  L'alchimie que produit l'alliance d'un talent pianistique d'une telle musicalité accomplie et de ces musiciens hors pair a quelque chose de choisi.

Jean-Pierre Robert.

 

 

Andrea Chénier au Deutsch Oper Berlin.  Opéra d’Umberto Giordano sur un livret de Luigi Illica.  Orchestre & chœur du Deutsch Oper Berlin, dir. James Allen Gähres.  John Dew (mise en scène).  Robert Dean Smith (Andrea Chénier), Seng Hyoun Ko (Gérard), Maria Guleghina (Madeleine), Liane Keegan (Madelon).

Reprise au Deutsch Oper Berlin du drame historique d’Umberto Giordano (1867-1948) créé à La Scala, le 28 mars 1896.  Opéra de style vériste, sur toile de fond révolutionnaire, retraçant le destin tragique du jeune poète André Chénier et ses amours passionnées pour Madeleine.  Une reprise marquée par le peu d’homogénéité de la distribution vocale.  Si Robert Dean Smith, parfaitement à l’aise vocalement, confirmait tout le bien que l’on pense de lui (on se souvient de ses remarquables prestations à l’Opéra de Paris : Paul dans La Ville morte de Korngold, en 2009, et Siegmund dans la Walkyrie de Wagner, en 2010) campait un poète tout à fait crédible par sa présence scénique et la beauté de son timbre, auquel répondait un excellent Seng Hyoun Ko, peut-être moins connu sur les scènes françaises, mais non moins convaincant dans le rôle de Gérard, par sa puissance et son charisme, en revanche Maria Guleghina, malgré une présence scénique imposante, semblait totalement absente vocalement, avec des aigus difficiles qui lui valurent quelques sévères huées lors de son grand air du troisième acte.  Une mise en scène efficace, pertinente et intelligente se jouant sur deux niveaux dont un plan incliné supérieur qui, en se relevant, saura faire table rase de l’ancien régime, se situant dans un contexte révolutionnaire adapté au livret, ce qui nous change de certaines transpositions historiques, parfois douteuses, une scénographie réaliste et colorée, une direction musicale attentive aux chanteurs.  Enfin, une mention particulière pour la magnifique voix de Liane Keegan dans le rôle de l’émouvante Madelon.  Une reprise (presque) réussie !

 

Umberto Giordano ©DR

 

Budapest Festival Orchestra, dir. Ivan Fischer.  Petra Lang, soprano.  Salle Pleyel.

Un concert organisé dans le cadre de l’Année Franz Liszt (1811-1886) dont on fête le bicentenaire de la naissance.  Un concert associant la Danse à l’auberge du village, extrait des Deux Épisodes du Faust de Lenau et des compositions de Richard Wagner (famille oblige !), Ouverture et Bacchanale de Tannhäuser, Prélude des Maîtres Chanteurs, Voyage de Siegfried sur le Rhin, Marche funèbre et Immolation de Brünnhilde, extraits du Crépuscule des Dieux.  Un magnifique et populaire programme, d’autant plus à risque qu’il ne souffre pas la médiocrité, un très bel orchestre, un grand chef, en voilà assez pour remplir la Salle Pleyel, comme aux grands soirs.  À la tête de son Orchestre de Budapest, Ivan Fischer sut rendre les sonorités inquiétantes et ambiguës du Faust, par sa direction précise, attentive et pleine d’allant, faisant preuve d’une grande justesse dans le jeu des nuances, de façon à entretenir, en filigrane, le caractère mystérieux de l’œuvre.  Les extraits wagnériens furent, encore, l’occasion de confirmer l’homogénéité de cette phalange, la qualité de sa sonorité, tant au niveau des cordes que des vents, la souplesse du phrasé, l’expressivité du discours.  Petra Lang donna une vision d’une déchirante beauté de l’immolation de Brünnhilde, par son timbre chaud et émouvant, l’étendue de sa tessiture, sa puissance et la profondeur de ses graves.

 

Petra Lang ©Ann Weitz

 

Orlando furioso au Théâtre des Champs-Élysées.  Drama per musica en trois actes (1727) d’Antonio Vivaldi (1678-1741) sur un livret de Grazio Braccioli, d’après L’Arioste.  Ensemble Matheus, dir. Jean-Christophe Spinosi.  Mise en scène : Pierre Audi.  Marie-Nicole Lemieux (Orlando), Jennifer Larmore (Alcina), Véronica Cangemi (Angelica), Philippe Jaroussky (Ruggiero), Christian Senn (Astolfo), Kristina Hammarström (Bradamante), Romina Basso (Medoro).

Événement important de la saison lyrique que cette coproduction du TCE de l’Orlando furioso de Vivaldi, dans une représentation scénique absente depuis de nombreuses années des scènes parisiennes, la dernière remontant à une trentaine d’années, au Châtelet, avec Marylin Horne, dans le rôle éponyme.  La faiblesse du livret, la dramaturgie éculée et la difficulté de mettre en scène une telle œuvre expliquent sans doute cette longue absence.  Force est donc de reconnaître le courage d’une telle entreprise.  Michel Franck, en faisant appel au metteur en scène Pierre Audi, et en renouvelant sa confiance à Jean-Christophe Spinosi, ainsi qu’aux chanteurs qui avaient fait le succès de la version de concert de 2003 et de l’enregistrement qui suivit (Naive, 30393), minimisait toutefois les risques.  Orlando furioso est sans doute l’opéra le plus célèbre du prêtre roux, créé au Teatro Sant’Angelo de Venise en 1727, remanié après l’échec de l’Orlando finto pazzo de 1714.  Il connut un triomphe lors de sa création, probablement par son originalité, ses scènes héroïco-fantastiques et comiques, la virtuosité du chant et la psychologie très marquée des personnages.  Pierre Audi a choisi un palais vénitien de l’époque de Vivaldi pour ce chassé-croisé amoureux où s’expriment, dans un contexte de magie noire et de sortilèges, avec violence, tout le désir, la passion, la souffrance, la jalousie, la folie.  La scène encombrée d’un fatras de chaises retournées, au premier acte, traduisant probablement ainsi la complexité des sentiments des différents personnages, va progressivement s’éclaircir, pour faire place à un décor extrêmement dénudé, sorte de cour d’hôpital psychiatrique où évolueront les acteurs grimés, lors du dernier acte.  Tout cela est bien pensé mais ne suffira pas à nous sauver de l’ennui qui gagne, d’autant que la scénographie noire, les décors peints d’une redoutable laideur et les éclairages souvent douteux ne contribuent pas à maintenir l’intérêt du spectateur…  Mais heureusement, il y avait la musique…  Somptueuse de bout en bout.  Dès les premières mesures, on fut frappé par le parfait équilibre entre l’orchestre et les voix.  Jean-Christophe Spinosi sut, par sa direction complice, se mettre au service des chanteurs, faisant preuve d’une grande empathie pour les personnages.  La distribution vocale fut également sans faille, qu’il s’agisse de Marie-Nicole Lemieux, totalement convaincante vocalement et scéniquement dans le rôle-titre, de l’élégante et distante Angelica de Veronica Cangemi, de l’inquiétante et émouvante Alcina de Jennifer Larmore qui campe, à n’en pas douter, le personnage le plus intéressant de cet opéra, du tendre et effacé Ruggiero de Philippe Jaroussky.  Quatuor vocal rodé à cette partition auquel venaient s’adjoindre Christian Senn, Kristina Hammarström et Romina Basso, tous remarquables.  Une coproduction qu’il sera possible de revoir prochainement à Nice et Nancy.

 

©Alvaro Yanès

 

Programmation originale au Théâtre des Champs-Élysées : Stravinski, Debussy, Bacri, Poulenc.  Ensemble orchestral de Paris, dir. Bernard Calmel.  Anne Gastinel, violoncelle.

En première partie, le Concerto de chambre « Dumbarton Oaks » d’Igor Stravinski, créé en 1938 pour les trente ans de mariage du couple Bliss, mécènes américains.  Cette œuvre « néoclassique », à la fois hommage et pastiche, allie tradition et modernité, en évoquant par son écriture le concerto grosso de l’époque baroque, notamment les Brandebourgeois de Bach, dans un très beau dialogue entre cordes et vents.  Anne Gastinel nous gratifia ensuite d’une superbe interprétation, très intériorisée et poétique, en création française, de la Suite pour violoncelle & orchestre de Debussy, complétée et orchestrée par Sally Beamish, à partir d’une partition partielle du compositeur, datant de 1882, retrouvée par le violoncelliste Steven Isserlis qui en assura la création mondiale en 2006.  En deuxième partie, la Symphonie n°4 classique « Sturm und Drang » (1995-96) de Nicolas Bacri renforça le lien unissant tradition et modernité dans ce rappel au courant germanique « Orage et passion » du XVIIIe siècle.  Classique, bien sûr, par sa référence à Haydn, sa structure, son effectif limité, mais originale par les hommages rendus, en ses quatre mouvements, à Strauss, Stravinski, Schönberg et Kurt Weill.  Pour terminer, la Sinfonietta (1947) de Poulenc, peu connue, apporta sa note d’espièglerie – si chère à Haydn -, d’innocence et d’enthousiasme, parfaitement rendue par l’EOP et son remarquable chef d’un soir, Bernard Calmel.

 

Anne Gastinel ©DR

 

Siegfried à l’Opéra Bastille : pour le pire et le meilleur !  Musique de Richard Wagner (1813-1883).  Deuxième journée en trois actes du festival scénique L’anneau du Nibelung (1876).  Livret du compositeur.  Orchestre de l’Opéra national de Paris, dir. Philippe Jordan.  Günter Krämer (mise en scène).  Torsten Kerl (Siegfried), Wolfgang Ablinger-Sperrhacke (Mime), Juha Uusitalo (Le Voyageur), Peter Sidhom (Alberich), Stephen Milling (Fafner), Qiu Lin Zhang (Erda), Elena Tsallagova (L’Oiseau), Katarina Dalayman (Brünnhilde).

 

©Elisa Haberer/OnP

 

« Pour le pire et le meilleur » ainsi pourrait-on résumer ce nouvel épisode du Ring, proposé depuis l’année dernière (Or du Rhin et Walkyrie) à l’Opéra Bastille par Nicolas Joel, sous la direction musicale, toujours excellente de Philippe Jordan et dans la mise en scène, toujours exécrable, de Günter Krämer.  Une mise en scène faite d’un bric-à-brac du plus mauvais goût, sans aucun intérêt, sans aucune ligne directrice pouvant éclairer le texte.  L’option de figurer Siegfried en anti-héros est une opinion pertinente, encore aurait il fallu, pour garder un semblant de crédibilité, ne pas en faire une caricature de bande dessinée !  Une scénographie affreuse, kitsch à souhait, sauf, peut être, au dernier acte où l’utilisation du miroir incliné déjà utilisé dans La Walkyrie et la réapparition du grand escalier monumental conduisant au Walhalla, déjà utilisé lui aussi, dans l’Or du Rhin semblait redonner un peu de lustre aux décors. 

 

©Elisa Haberer/OnP

 

Des costumes laids et ridicules, Siegfried en salopette, Mime en femme de ménage androgyne, le Voyageur en clochard éméché, Fafner représenté par une sorte de serpent dont les anneaux étaient figurés par des acteurs nus, armés de mitraillette, faisant une serpentine au milieu d’un champ de pavot, au fin fond de la forêt amazonienne et dont la tête était représentée par le pauvre Stephen Milling, assis sur une chaise à porteurs, affublé d’une ridicule couronne dorée.  La mort du dragon donnait, une fois de plus, l’occasion à Günter Krämer de nous présenter un nouveau charnier (comme dans La Walkyrie) fait de corps enchevêtrés, sans intérêt aucun et d’un goût pour le moins douteux.  Quant aux voix, force est de reconnaître que Torsten Kerl, pour sa prise de rôle, malgré la beauté de son timbre, a beaucoup déçu avec sa voix de ténorino manquant à la fois de puissance et d’endurance, au point qu’un spectateur du premier balcon interpella le chef pour lui demander de jouer moins fort, afin que l’on puisse l’entendre...  Le reste de la distribution vocale ne souffrait aucune critique, ou presque, avec une mention particulière pour Qiu Lin Zhang, magnifique Erda, dont la voix de contralto, profonde, est particulièrement adaptée au rôle, dont elle est, d’ailleurs actuellement, une interprète habituelle et indiscutable. 

 

Philippe Jordan ©DR

 

Mais le meilleur fut assurément l’orchestre, superbement dirigé par Philippe Jordan, très attentif aux chanteurs, et à leurs faiblesses, recherchant une sonorité délicate, intimiste, voire chambriste, parfaitement claire, maniant avec intelligence le phrasé, profitant de toutes les nuances pour rendre plus expressif le discours et maintenir la difficile cohérence de l’ensemble.  Dommage, dommage…  Prochain épisode en juin avec le Crépuscule des Dieux.  Espérons…

Patrice Imbaud.

 

 

À Montpellier : Opéra Berlioz/Le Corum, 18 février 2011.  Vadim Kholodenko, piano.  Orchestre national de Montpellier/Languedoc-Roussillon, dir. Alexander Vakoulsky.  Bernard-Olivier Faguet : Contrevalse.  Igor Raykhelson : Concerto pour piano en sol mineur.  Rodion Shchedrin : Carmen Suite.

Du 17 au 20 février dernier, l’Orchestre national de Montpellier/Languedoc-Roussillon a offert aux amateurs une série de quatre concerts consacrés à la « musique d’aujourd’hui ».  Intitulée « les figures du siècle », la programmation a permis au surintendant de la musique de Montpellier de programmer des œuvres de compositeurs comme René Koering, Fazil Say ou encore Giovanni Bellucci.  Gratuites, les places étaient d’autant plus chères, et le service de presse ne pouvant rien pour l’auteur de ces lignes, on n’est malheureusement en mesure que de rendre compte d’une seule soirée, celle du 18, et encore depuis l’extrême côté cour de la deuxième rangée.

L’orchestre aura rarement vibré de façon aussi intense, avec des cordes, des violoncelles surtout, d’une profondeur confondante.  Sans doute la perspective sonore qui était la nôtre y était-elle pour quelque chose ; nul doute cependant que la formation montpelliéraine, dont on connaît la qualité per se, ainsi que le chef Alexander Vakoulsky n’y étaient pas pour rien – surtout qu’il ne s’agissait pas de la première collaboration entre le chef russe et les musiciens méridionaux puisque, l’an dernier, ils avaient, main dans la main, sacrifié Aïda sur l’autel du Stade de France.

 

Alexander Vakoulsky ©DR

 

La première pièce inscrite au programme était de Bernard-Olivier Faguet, auteur notamment d’une Sonate pour orgue & percussions que XCP avait éditée il y a une vingtaine d’années, enregistrée par l’organiste de Pézenas et professeur de philosophie dans un lycée montpelliérain : Contrevalse.  Il s’agit, de l’avis du compositeur, d’une protestation mais aussi de l’adieu à un monde, sans nostalgie.  Voire.  La masse orchestrale est importante, autant en pupitres qu’en volume sonore.  L’adieu à la danse viennoise passe essentiellement par une rythmique motorique implacable que le chef a su pousser à l’extrême, et s’aide d’un travail sur les timbres instrumentaux d’une grande finesse.  D’une façon générale, le sens de l’écoute est la plus grande qualité de Faguet compositeur et a déjà par le passé su faire oublier les facilités d’écriture qu’elle sert.  Malheureusement, cette belle mécanique est interrompue à deux reprises par des épisodes mélodiques des plus tonaux, de fausses citations en somme, qui, en exhumant subitement une ruine de l’ancien monde, viennent comme annuler, en en démontrant l’absence de personnalité véritable, la musique d’aujourd’hui.

Il y a quelques années, Rachmaninov tombait dans le domaine public et Naxos publia ses enregistrements.  Igor Raykhelson en profita pour composer son Concerto pour piano en sol mineur.  C’était la deuxième pièce de la soirée.  Boris Berezovsky aurait dû assurer la partie soliste ; empêché, il fut remplacé par Vadym Kholodenko.  La maîtrise de la partition par ce jeune pianiste était telle que l’on peut légitimement se permettre de juger son jeu comme si les circonstances avaient été normales.  Or, Kholodenko fait audiblement partie de ces pianistes russes qui ont entendu parler des qualités techniques et sonores qui faisaient la gloire de l’École de Moscou : rarement on aura, en effet, autant fait la démonstration de ce que le son du piano n’est jamais obtenu que par le moyen de marteaux qui frappent sur du métal, l’expressivité ne pouvant dès lors être véhiculée autrement que par le recours à une espèce de spasmophilie du corps de l’interprète.  Quant au compositeur, il tire expressément gloire et vanité de son respect de la tonalité, laissant l’auditeur s’enorgueillir d’être devenu, l’espace d’une demi-heure, savant et clairvoyant ensemble, capable en même temps de démêler les grosses ficelles et de prédire le moindre développement, le moindre passage à la dominante de ce pastiche d’un autre siècle.

Après la supercherie, la farce musicale !  Rodion Shchedrin a composé sa Carmen Suite il y a bientôt cinquante ans.  C’est elle surtout qui a permis à Vakoulsky, au prix d’un engagement aussi théâtral qu’efficace, de tirer le meilleur et de l’orchestre et de la partition : celle-ci, assez amusante et passablement inutile, est devenue, l’espace d’une performance, passionnante.  Il n’est pas jusqu’aux ruptures de ton si radicales, où la réécriture harmoniquement dense des cordes cède subitement devant les percussions, militaires ou ludiques, qui n’aient cessé d’être de mauvais goût pour devenir fraîches comme si elles dataient d’hier.

 

Rodion Shchedrin et son épouse Maya Plisetskaya, 2009 ©DR

 

Voilà donc un mini-festival qui, à l’heure où tant de compositeurs d’aujourd’hui et de talent, jeunes et moins jeunes, peinent à faire jouer leur musique, veille à ne pas oublier leurs confrères.  Le concert était retransmis en direct dans des maisons de retraite et les chambres du CHU de Montpellier.

Yves Mausen.

 

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REQUIEM

Philippe MAZÉ : REQUIEM UT 772 pour chœur, solistes et orgue.  Éditions de la Schola Cantorum (Sapin 2a, CH-2114 Fleurier.  schola@sysco.ch), 2011, Préface III, 95 p.

Nous avons déjà attiré l’attention des discophiles sur le Requiem UT 772 (cf. Lettres d’information, septembre 2010 et février 2011) de Philippe Mazé.  La partition, très bien gravée, pour chœur, solistes et orgue, manquait encore.  Cette lacune vient d’être comblée grâce aux Éditions de la Schola Cantorum (Suisse).  Une remarquable préface du compositeur précise les circonstances historiques bien connues, les 3 niveaux de lecture (émotionnelle, analytique et spirituelle), les symboles numériques ayant présidé à la genèse de l’œuvre (de l’Introït au In paradisum) : de quoi éclairer les lecteurs et les chefs qui auront à cœur de diffuser ce Requiem exceptionnel (partition d’orgue, format horizontal : SC 8736/O).

 

 

ORGUE

Guy MIAILLE : Six préludes divers.  Six fugues pour l’orgue.  Les Escholiers (17, rue du Bois, 28310 Santilly.  gmiv.esg@wanadoo.fr), 2011.  34 p.

Les éditions « Les Escholiers », toujours dynamiques, proposent aux organistes une sélection de Préludes, Fugues, Toccata de difficulté technique moyenne (avec précision des registrations appropriées) pouvant servir d’entrée ou de sortie de messes dominicales.  À noter le Prélude et la Fugue pour l’abbé Armand Ory, sur un air de Déodat de Séverac : De mai, le frais sourire.  Un CD interprété par le compositeur illustre les caractéristiques de ce programme classique : simplicité, atmosphère plus populaire, effets parfois inattendus voire primesautiers, souci didactique, clarté (Fugue, p.32 sqq.).  Professeurs et élèves pourront sélectionner les œuvres convenant à leurs affinités.

 

 

Gunther Martin GÖTTSCHE & Martin WEYER : Kleine Choralvorspiele und Begleitsätze… : Gottesdienst.  Kassel, Bärenreiter : BA 9274, 2011.  71 p.  29,95 €.

Les organistes - soucieux, pour les entrées et les sorties, de respecter les mélodies officielles ou de les faire connaître lors d’un culte (Gottesdienst) dans une adaptation contemporaine - apprécieront à sa juste valeur ces petits préludes et harmonisations de chorals.  Ces pages correspondant au recueil luthérien actuel reposent sur des mélodies antérieures à la Réforme, par exemple : Allein Gott in der Höh sei Ehr (p.24), reposant sur le Gloria in excelsis Deo (IVe siècle) et arrangé par Nicolas Decius (1523) et la version œcuménique sur la même source : Gott in der Höh sei Preis und Ehr (p.26), composée par G. M. Göttsche.  Elles exploitent également des mélodies traditionnelles, comme celle (à l’usage œcuménique) de Martin Luther (1525), ainsi que des mélodies du XXe siècle.  Le choral œcuménique Nun schreib ins Buch des Lebens (p.61), traité par Martin Weyer, reprend la mélodie de M. Vulpius (1609).  Ce choix de préludes de choral originaux et leur harmonisation pour l’accompagnement de l’assemblée (avec la première strophe et des suggestions de registration et de tempo), de moyenne difficulté technique, est destiné aux cultes célébrant le baptême et la confirmation.

 

Édith Weber.

 

CLAVIER

Martin van der BIST :  Douze Pseaumes composez par divers Autheurs en tablature de l’Espinette.  Sur les douze modes musicaux (1622).  Édités par Olivier Trachier.  Éditions Cantate Domino (www.schola-editions.com) : CD 3098.  48 p.,

Il s’agit là d’un recueil de « 13 » psaumes (malgré le titre) illustrant le catalogue modal tiré des mélodies de Genève (XVIe siècle), transposés en « tablature de l’Espinette » par Martin van der Bist, compositeur dont on ne sait guère de choses, sinon qu’il naquit à Anvers dans la seconde moitié du XVIe siècle et dut s’exiler à La Rochelle, au début du XVIIe.  Professeur d’écriture au CNSMDP, Olivier Tracher signe la préface et l’édition de ce recueil publié aux éditions Cantate Domino.  D’une haute tenue musicale.

 

 

Reinhard GAGEL : Tagträume und Nachtmahre.  Neun Klangbilder für Klavier mit Materialien zum Improvisieren.  Breitkopf & Härtel Pädagogik (www.breitkopf.com) : EB 8660.  28 p.  CD inclus.  16 €.

« Rêves éveillés & cauchemars », tel est le titre de cette extraordinaire méthode d’improvisation : 9 pièces qui peuvent être jouées telles quelles, mais qui - en certains endroits choisis - autorisent tous délires sauvages, avec toutefois quelques suggestions à suivre ou pas (le CD ne comporte pas moins de 41 propositions).  À usage collectif ou individuel.  Textes en seul allemand.

 

 

VIOLON

Bruno GARLEJ : 1001 secondes de mise en doigts au violon.  Hit-Diffusion (www.editions-hit-diffusion.fr).  10,55 €.

Dans ce recueil, le compositeur & psychopédagogue Bruno Garlej propose aux violonistes de tous niveaux des exercices appropriés à une gymnastique quotidienne : exercices progressifs, classés en 3 paliers, pour une rapide mise en doigts..  Volume se terminant sur le « double » d’une Courante de la 1re Partita BWV 1002 de Jean-Sébastien Bach.

 

 

GUITARE

Marc KHALIFA & Patrick GUILLEM : Le temps des études : Guitare, vol. 1.  Hit Diffusion (www.editions-hit-diffusion.fr).  18 €.

Pas moins de 67 études, signées des plus grands pédagogues de l’instrument (Giuliani, Carulli, Carcassi, Tarrega, Sor…), présentent ici nomenclature & exemples des principaux types d’écriture, regroupés par familles techniques : La mélodie (monodie) / Polyphonie I (mélodie avec basses à vide, puis basses appuyées) / Polyphonie II contrapuntique (avec basses à vide) / Polyphonie arpégée (arpèges simples, mélodies intégrées, mélodies arpégées, mélodies insérées).  Progressions fort intelligemment conduites.

 

Le Temps des études guitare vol. 1

 

Les éditions François Dhalmann (10, rue de Bienne, 67000 Strasbourg.  Tél. : 03 88 48 49 89.  www.dhalmann.fr) n’ont de cesse d’enrichir leur catalogue :

Violon solo.  Daniel TOSI : Flammes synthétiques.  « Carnets du XXIe siècle ».  Cinq pièces brèves.  Niveau « Difficile ».

Violes de gambe.  Éric FISCHER : Topographic Long-Range « Musique d’aujourd’hui sur instruments anciens ».  Quatre pièces en solo, duo ou trio.  Niveau « Très difficile ».

Quatuor de guitares.  Laurent JACQUIER : A.  Conducteur & parties séparées.  Niveau « Moyen »

Marimba solo.  Gilbert AMY : La Stravinskyenne.  Variations autour du thème de la 3e Pièce pour quatuor à cordes d’Igor Stravinsky (1914).  Niveau « Très difficile ».

Clavecin.  Patrice FOUILLAUD : Le Tombeau de Jean-Henri d’Anglebert.  « Musique d’aujourd’hui sur instruments anciens ».  Prélude sans mesure.  Niveau « Difficile ».

 

                   

 

 

CHŒUR

René FALQUET (°1934) : Missa brevis pour chœur mixte & ensemble instrumental.  Partition pour chant & piano.  Éditions Cantate Domino (www.schola-editions.com) : CD 1191.

La partition de cette Missa brevis pour chœur mixte (sans solistes) & ensemble instrumental (hautbois, clarinette, cor, basson & quintette à cordes) est ici donnée en version chant & piano.  Œuvre dédiée au Chœur de l’Élysée (Lausanne), qui l’a enregistrée sous la direction du compositeur.  Elle comporte 5 parties : Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus & Benedictus, Agnus Dei.  D’une superbe écriture classique.

 

Francis Gérimont.

 

PIANO

Véronique DUFOUR : Valse d’un autre tempset Ritournelle valséepour piano. Armiane : EAL497.

Voici deux jolies pièces sans grande difficulté.  La Valse d’un autre temps a des accents qui évoquent les harmonies mélancoliques du couplet d’Un jour tu verras…de Van Parys.  Quant à la Ritournelle valsée, elle s’égrène par séquences de quatre + trois mesures qui lui donnent un petit ait déjanté bien plaisant.  Espérons que les jeunes pianistes qui aborderont ces œuvres en sentiront le charme et l’humour.

 

 

Max MÉREAUX : Poussière d’étoile pour piano.  Armiane : EAL509.

Destinée au second cycle, cette œuvre n’est pas techniquement difficile mais demande une grande sensibilité et un sens profond des « couleurs » qu’on peut tirer d’un piano.  Ces couleurs naissent en particulier des rencontres harmoniques, qu’il faudra goûter pour en exprimer la force évocatrice.

 

 

GUITARE

Véronique DUFOUR : Quatre quartspour guitare : Prélude – Ritournelle – Sarabande – Gigue.  Armiane : EAL 493.

Ces courtes pièces conviendront tout à fait à un deuxième cycle. On y retrouve toutes les qualités de l’auteur : un classicisme faussement naïf, mais de bon aloi, une grande fraîcheur, un brin d’humour… Ces pièces peuvent s’enchaîner ou se jouer séparément. Le prélude pourrait être une œuvre posthume de J.-S. Bach ; quant aux autres pièces, elles sont dans l’esprit de la Renaissance, avec juste ce qu’il faut pour qu’on ne s’y trompe pas.  Tout cela pourrait donner lieu à une leçon sur les styles musicaux…

 

 

Pascal JUGY : Noms d’oiseauxpour guitare.  Avec CD.  Delatour : DLT1291.

L’invitation de l’auteur, que nous traduisons pour les non anglicistes : « Parfois très librement, si vous souhaitez que ces oiseaux soient libres… », semble s’opposer à la précision de la notation.  Mais le guitariste a le droit de faire sortir les oiseaux de leurs cages ! L’écriture repose sur une assise plus ou moins tonale pleine de poésie.  L’œuvre conviendra à des guitaristes de niveau moyen à supérieur.  Elle est dédiée à Roger Buczek qui a effectué l’enregistrement joint à la partition.

 

 

CHANT

Davide PERRONE : Natural Hertzpour soprano, piano & bande.  Avec CD. Delatour : DLT1846.

On peut regretter que le sous-titre : « sur un poème de Charles Baudelaire » ne figure pas sur la couverture.  Cette œuvre est en effet inspirée par le poème « Correspondance » des Fleurs du mal.  Le CD remplace désormais, de façon bien pratique, la « bande » annoncée.  Celle-ci nous plonge, d’un bout à l’autre de l’œuvre, dans une ambiance d’eau, de nature, de chants d’oiseaux.  Après trente-deux secondes, l’auteur lit les deux premiers vers du poème puis laisse place à la musique, qui se déploie dans un univers pseudo-tonal où la soprane chante l’intégralité du poème.

 

 

CHŒUR

Claude VERCHER : Trois pièces sacréespour chœur mixte SATB a cappella.  Delatour : DLT1873.

Remercions d’abord l’éditeur… pour la photographie de couverture représentant les voûtes de la basilique de Vézelay.  Quelle meilleure introduction à ces pièces profondément religieuses et même liturgiques ?  La première, Quem vidistis, pastores ? nous met dans la joie, la jubilation de Noël.  Popule meus (Ô mon peuple, que t’ai-je fait ?), nous plonge dans la déréliction du Vendredi Saint.  Quant au Nunc dimittis, hymne de l’office de Complies, il se déroule dans une ambiance quasi grégorienne.  Claude Vercher utilise un langage simple, mais les harmonies exigeront un gros travail de justesse et de mise au point.  La partition comporte une réduction des voix au piano, indispensable pour la mise en place en répétition, mais à ne pas utiliser au concert. De la très belle musique mais qui demande un chœur aguerri.

 

 

VIOLON

André DAVID : Monismepour violon seul.  Avec CD.  Delatour : DLT1400.

Cette pièce du compositeur André David, mort en 2007, a été dédiée au violoniste Alexis Galpérine, qui à réalisé l’enregistrement joint à la partition.  Il s’agit d’une œuvre difficile, en trois mouvements indépendants, qui ont en commun leur véhémence, leur urgence, pourrait-on dire, qui s’exprime dans un langage haletant.  Ajoutons que cette œuvre fut créée en 1992 aux Concerts de midi de la Sorbonne, qui poursuivent leur mission auprès des mélomanes depuis 1953, et dont la qualité et l’engagement sont bien connus.

 

 

CLARINETTE

Olivier d’ORMESSON : Acedia.  Sonate pour clarinette solo en sib.  Delatour : DLT1813.

L’auteur explique lui-même le titre de sa pièce : le mot « acédia » est utilisé dans le sens à la fois psychologique et religieux du terme.  Citons simplement : « Dans cette œuvre, le compositeur souhaite avant toute autre chose « faire sonner » la noirceur du désespoir qui aujourd’hui habite trop souvent nos cœurs ».  Et un peu plus loin : Acedia est une vision musicale du tableau de Caspar David Friedrich Le Moine au bord de la mer qui peint le vide de l’âme dans un non-lieu ».  Il paraît difficile d’interpréter cette sonate sans avoir pénétré les intentions de l’auteur.  Zébrée de fulgurances « démoniaques » (dans tous les sens du terme), elle est de niveau moyen à supérieur.

 

 

SAXOPHONE

Thierry DELERUYELLE : Cristalpour saxophone alto mib & piano.  Lafitan : P.L.2052.

Voici une charmante pièce pour le niveau élémentaire.  À une première partie très chantante et aérienne succède un mouvement plus animé, non moins cristallin, et un retour au premier thème clôt cette œuvre très classique.

 

 

Alexis DROY : A sunny school pour saxophone alto & piano.  « Sax Top », Lafitan : P.L.2069.

Cette œuvre, composée spécialement pour les élèves du premier cycle, est écrite dans un style swing.  L’élève aura d’abord l’impression de jouer un standard de jazz, puis de se livrer à un chorus, qu’il pourra d’ailleurs modifier et enrichir… en respectant la grille, bien entendu.  En effet, si la partie de piano est écrite, elle est aussi notée avec les « accords » : ainsi le pianiste aura-t-il le choix de garder le texte écrit, d’improviser sur la grille ou de mêler les deux…

 

 

Arletta ELSAYARY : Question sans réponsepour saxophone alto & piano.  Lafitan : P.L.1975.

Destinée au niveau préparatoire, cette pièce écrite dans un registre mélancolique est conçue pour susciter écoute et dialogue entre les deux instruments.  Dans sa forme initiale ou modifiée, c’est la même question qui revient, toujours sans réponse, jusque dans l’accord final, non moins suspensif…  Très jolie musique écrite par une fine musicienne.

 

 

Gérard LENOIR : Ondée joyeusepour saxophone alto mib & piano.  Lafitan : P.L.2108.

Degré élémentaire.  D’entrée de jeu, on pense à la chanson canadienne « V’la l’bon vent… » : le rythme y est, la structure…  Ce pourra être l’occasion de tester la culture et la mémoire musicales du jeune interprète.  L’inspiration du compositeur vient aussi d’un poème de Pierre Ménanteau. Le résultat est tout à fait réjouissant.

 

 

Fabrice LUCATO : Misterioso blues pour saxophone alto mib & piano.  « Sax Top », Lafitan : P.L.2029.

Ce blues de niveau préparatoire correspond bien à son titre par sa nonchalance apparente qui débouche bientôt sur un rythme plus soutenu.  L’auteur est orfèvre en la matière et sa musique pleine de caractère.

 

 

Max MÈREAUX : En ce temps-làpour saxophone alto mib & piano.  Lafitan : P.L.2101.

De niveau élémentaire, cette pièce commence de façon assez classique puis prend très vite une allure de boléro.  Piano et saxophone dialoguent à égalité : chacun y trouvera son compte. Il s’agit là d’une très agréable musique.

 

 

Jean-Louis PETIT : Donnez-moipour saxophone alto mib & piano.  Lafitan : P.L.2071.

Trois parties dans cette œuvre : une première partie pleine d’allant et bien rythmée, une deuxième plus apaisée, mais toujours allante, et enfin la reprise de la première partie.  Cette œuvre dynamique qui n’engendre pas la mélancolie est destinée au niveau deuxième cycle.

 

 

TROMBONE

Max MÉREAUX : Psaume pour trombone solo.  Combre : C06723.

Cette pièce, de niveau 3e cycle, fait appel à toutes les ressources du trombone contemporain.  Elle se développe comme une longue méditation répondant ainsi au désir de l’auteur : « la musique est une incantation au pouvoir immédiat et l’art du compositeur consiste à transmettre aux hommes les vibrations du cosmos ».

 

 

CORNET

Francis COITEUX : Coryphée Concertopour cornet & réduction piano.  Delatour : DLT1860.

Dans cette pièce de niveau moyen à supérieur, le cornet joue le maître de ballet, enchaînant un menuet faussement classique, une mazurka très « 1900 », un slow langoureux pour revenir à un Cancan plein de verve. Cette œuvre copieuse (15’ de musique) est écrite pour cornet et orchestre d’harmonie, la réduction pour piano étant du compositeur lui-même.

 

 

SAXHORN – EUPHONIUM - TUBA

Francis COITEUX : Mon ami Pierrotpour saxhorn ou euphonium ut/sib & réduction piano.  Delatour : DLT1859.

L’ami Pierrot est en fait le dédicataire de l’œuvre, Michel Pierrot, tubiste, professeur de conservatoire.  Mais les cinq notes de « mon ami Pierrot » constituent aussi le thème récurrent de l’œuvre de Francis Coiteux, pleine d’un humour bien agréable, même s’il faut à l’interprète une grande aisance sur l’instrument pour nous le faire goûter !  En effet, les différentes variations, aussi réjouissantes qu’inattendues, mettent à l’épreuve les qualités tant expressives que rythmiques de l’instrumentiste.  À réserver à un niveau moyen avancé, ou supérieur.

 

 

Rémi MAUPETIT : Le chat Gribouillepour saxhorn basse / euphonium / tuba & piano.  Lafitan : P.L.2076.

Ce chat qui sautille dans tous les sens avec l’air bon enfant devrait séduire les élèves de premier cycle, même s’il leur donne du fil à retordre.  Il y a beaucoup de bonne humeur et plein de musique dans cette charmante pièce au rythme enlevé.

 

 

ORCHESTRE

Jean-Sébastien BACH : Les quatre suites pour orchestre.  Bärenreiter Urtext : Orchestersuite in C-Dur BWV 1066 : BA 5252.  Orchestersuite in H-Moll BWV 1067 : BA5253.  Orchestersuite in D-Dur BWV 1068 : BA5254.  Orchestersuite in D-Dur BWV 1069 : BA5255.

Cet « Urtext der Neuen Bach-Ausgabe » nous procure, en volumes distincts, les quatre célèbres suites.  Chaque volume contient la même préface de Gudula Schütz qui présente les caractéristiques de cette édition et retrace l’histoire de la transmission et de l’édition de ces pages si fondamentales pour notre culture musicale.  Il est inutile de détailler la lisibilité et la fidélité de cette nouvelle édition en tous points remarquable.

 

          

 

MUSIQUE DE BALLET

Philippe SAGNIER : La jeune fille danse…  Éditions Armiane (www.armiane.fr).  Distr. Fortin (tél. : 01 48 74 28 21) : CD 11.

Francis Gérimont a rendu compte de cette partition dans notre Lettre n°44 (décembre 2010).  Il écrivait alors : « L’argument de ce ballet se fonde sur un poème de Caroline Sagot-Duvauroux, Hourvari dans la lette (José Corti, 2002).  D’écriture fort classique, la musique de ce ballet devrait être aisément exécutable par des musiciens peu aguerris (chose rare dans le répertoire contemporain…).  Un enregistrement de l’œuvre devrait paraître incessamment. » L’enregistrement est paru, également aux éditions Armiane, dans une remarquable interprétation des solistes de l’Orchestre de Vendée sous la direction de Claude Bardon.  Deux versions sont proposées : avec et sans récitant.  On pourra ainsi utiliser l’une ou l’autre version pour monter ce ballet, à défaut d’orchestre…  Le texte est remarquablement dit et la musique de Philippe Sagnier fort convaincante et, bien que d’écriture classique, fort originale.

 

 

MUSIQUE DE CHAMBRE

Max MÉREAUX : Litanie de la lumièrepour viole d’amour & viole de gambe.  Armiane : EAL505.

Des harmonies contemporaines pour des instruments anciens ?  Mais il n’y a pas d’instruments « anciens ».  Il n’y a que des instruments de musique aux couleurs et sonorités particulières qui peuvent séduire les compositeurs de toute époque.  C’est manifestement le cas de Max Méreaux.  Ces litanies sont en trois parties.  Après un dialogue assez calme entre les deux instruments se trouve une partie plus vive : les « litanies » se font plus insistantes, puis un troisième volet constitue un retour au calme dans un dialogue serein qui se termine sur un lumineux et mystérieux point d’orgue.

 

 

Claire VAZART : Lakimadepour bandonéon, violon, piano & contrebasse.  Delatour : DLT0796.

De niveau moyen-avancé, cette pièce a été composée en 2003 à la demande du pianiste Hakim Bentchouala-Golobitch.  Les influences du tango, du jazz et de la musique contemporaine se mêlent dans une pièce destinée d’abord au plaisir de jouer ensemble.

 

 

Claire VAZART : Facettespour alto, bandonéon, guitare, piano & contrebasse.  Delatour : DLT0797.

Composée la même année que la précédente, mais pour le quintette Hora Cero, cette pièce, tout en gardant le caractère nostalgique du tango et sa rythmique caractéristique, développe les jeux de timbres propres à la musique contemporaine.  Il s’agit d’une œuvre assez difficile, monothématique, se développant autour d’un solo central de guitare.

 

Daniel Blackstone.

 

***

 

 



 

Jean-Nicolas de SURMONT : La poésie vocale et la chanson québécoise.  Québec, 2010.  « Connaître » n°6, L’instant même (www.instantmeme.com).  Distr. Librairie du Québec (30, rue Gay-Lussac, Paris Ve. www.librairieduquebec.fr).

Écrire l’histoire de la poésie vocale au Québec : le pari est de taille, et Jean-Nicolas de Surmont le relève avec brio.  En montrant comment l’évolution des pratiques vocales est indissociable des changements politiques, économiques et identitaires de leur lieu d’émergence, il retrace les grandes lignes de la chanson québécoise en la rattachant à une chronologie efficace.  Grâce aux ressources rassemblées par les grands folkloristes, l’auteur de La poésie vocale et la chanson québécoise suit la voix d’une nation en pleine ébullition.  Des premières vedettes (Hector Pellerin, J. Hervey Germain, Alexandre Desmarteaux) aux jeunes talents néo-traditionnels (Mes Aïeux, la Chasse-Galerie, Mauvais Sort...), il offre un survol de l’histoire du Québec à travers ses chansonniers et ses mouvements musicaux.  Ce recul, nécessaire, et cette approche novatrice permettent une meilleure compréhension des enjeux qui ont marqué le processus identitaire québécois.

 

POESIE VOCALE ET LA CHANSON QUEBECOISE (LA)

 

Jean-Nicolas de SURMONT : Vers une théorie des objets-chansons Lyon.  « Signes », ENS éditions, 2011.  160 p.  16 €.

Depuis le Moyen Âge, la chanson renvoie à de multiples phénomènes.  Si elle a souvent fait l’objet de monographies, l’une de ses formes reste cependant peu explorée : la chanson vocalisée, rendue par le biais de la performance.  À travers cet essai, l’auteur étudie la chanson plurielle.  L’embrassant dans toute sa diversité, il propose différentes pistes de recherche et d’analyses, abordant à la fois la question de l’esthétique des œuvres mais aussi celle de l’aspect théorique de l’objet-chanson.  Il élargit ainsi les champs de recherche et suggère des réponses aux débats qui animent tous ceux qui s’intéressent aux formes poétiques vocales.

 

Gérard Denizeau.

 

Sylvie MILHAU : Doucement les Basses ossia Dîner avec Gabriel Bacquier, José van Dam & Claudio Desderi.  « Témoignages », Canaïma (www.editions-canaima.com).  18 x 23 cm, 403 p. Illustr.  35 €.

Que voilà un revigorant récit !  Imaginez, l'instant d'un dîner, trois des plus illustres barytons/basses de ces dernières années livrant analyses, impressions, anecdotes glanées au fil de carrières aussi glorieuses que riches.  C'est ce à quoi nous convie l'auteur, passionnée de la chose lyrique.  Complices, les trois amis s'y livrent sans fard ni préjugés.  Une mine d'observations sur les rôles qu'ils ont souvent partagés dans Mozart, Verdi, Puccini...  Qui les ont même réunis (Bacquier et van Dam pour Le Nozze di Figaro dans la régie de Giorgio Strehler à Garnier qui inaugura l'ère Liebermann).  De sagaces remarques à méditer, par le mélomane bien sûr, par l'aspirant metteur en scène sans doute.  Car, pour chaque rôle traité, sont abordés aussi bien l'aspect vocal que son contenu dramatique.  On perçoit d'ailleurs quelle latitude un chanteur peut s'autoriser de par sa propre intimité avec un personnage, au-delà du carcan de la mise en scène.  C'est que nos compères connaissent leur littérature - « Le Bartolo du Barbier c'est l'Arnolphe de L’École des femmes ».  Scarpia ne partage-t-il pas avec Tartuffe d'être « rusé, sournois, opportuniste et méchant » ?  Leur histoire aussi, ce qui les autorise à de pertinents parallèles : Philippe II (du Don Carlo de Verdi) et Boris Godounov ont ceci en commun que « leur pouvoir les protège mais les écrase également ».  Si la vision de tel rôle peut différer selon la personnalité de chacun, la réunion de points de vue plus complémentaires qu'antagoniques construit un corpus conséquent.  Des considérations essentielles sur le métier viennent l'émailler, dont pourrait faire son profit qui souhaite s'engager dans la carrière.  De bonnes histoires aussi, d'un humour parfois ravageur - leur commune aversion pour l'état de ténor, bons amis mis à part -, car l'envers du décor n'est pas toujours aussi faste que ce qui transparaît à la représentation.  Sur un ton décontracté et plaisant, n'étaient quelques tics narcissiques, voilà un récit fort enrichissant qui n'a pas besoin d'être relancé tant il s'enrichit de lui-même.  Il est rare de se nourrir du point de vue de ceux qui, au premier chef, font l'opéra : les chanteurs.  L'ouvrage comprend également un résumé de chacune des œuvres abordées ainsi que la discographie des trois protagonistes.

 

Jean-Pierre Robert.

 

Isabelle WERCK : Gustav Mahler.  « Horizons », Bleu nuit éditeur (info@bne.fr), 2010.  176 p.  20 €.

D’entrée de jeu, Isabelle Werck - avec sa première monographie - plonge ses lecteurs dans l’univers mahlérien, dans la nature autrichienne et dans le monde musical viennois (fin de siècle) marqué par la personnalité attachante de Gustav Mahler (1860-1911).  Très réaliste, ce compositeur, arrangeur, chef d’orchestre avait prédit que sa production symphonique serait appréciée d’ici « cent ans ».  Quatre parties dégagent avec habileté sa « vocation sûre, dans un univers complexe », son « curriculum théâtral », son « règne dans la capitale de la musique » et « les infinis adieux ».  Étayé d’analyses thématiques allant droit à l’essentiel, d’un tableau synoptique situant la vie de Mahler dans ses contextes événementiel, artistique, littéraire et historique, accompagné de bibliographie et discographie sélectives ainsi que d’illustrations judicieusement sélectionnées, ce livre offre une première approche de G. Mahler - à la fois « conquérant » et « mystique », attentif à l’âme humaine, proche des mythes ainsi que du romantisme - dont la musique intemporelle (Rückertlieder, Kindertotenlieder, Das Lied von der Erde…) aspire à l’harmonie universelle.

 

Édith Weber.

 

Hervé LACOMBE et alii : L’opéra en France et en Italie (1791-1925).  Société française de musicologie, Paris, 2000.  Symétrie (www.symetrie.com).  320 p.  25 €.

Issu d’un colloque organisé à l’Académie musicale de Villecroze (1997), cet ouvrage collectif, réalisé sous la direction d’Hervé Lacombe, se propose de traiter des échanges franco-italiens dans le domaine lyrique, considérant l’opéra comme un lieu d’échange exceptionnellement riche, impliquant littérature, théâtre, poésie et musique.  Deux manières radicalement différentes d’envisager l’art lyrique : force de l’affect d’un côté, conditions de l’affect de l’autre, d’où un profond malentendu.  À la présence italienne s’oppose le discours français, deux conceptions dramaturgiques dont les différences sont particulièrement mises en évidence par la comparaison d’œuvres bâties à partir d’une même source littéraire (Gustave III d’Auber et Bal masqué de Verdi, par exemple).  Des rapports complexes qui vont, dès le XIXe siècle, intéresser également l’Allemagne - la France s’attribuant une fonction de pondération, juste milieu dans la sphère de l’esthétique lyrique.  Des considérations esthétiques qui se doubleront souvent d’une opposition entre tradition et modernité, d’un élargissement au monde littéraire et théâtral, prenant en compte la circulation des idées.  Une histoire des rapports musicaux cherchant à dégager des points de similitude, des pratiques culturelles communes, tout en gardant des spécificités nationales, garantes de la diversité, résistance heureuse à une délétère uniformisation des pratiques et des styles.  Un livre qui propose la comparaison des modèles d’opéras français et italiens, de leur dramaturgie, des problèmes de traduction, d’adaptation et de réception, de rythmes poétiques, sans oublier le rôle essentiel des démêlés entre compositeurs et directeurs de théâtre lyriques.  Un livre qui passionnera tous les amateurs d’opéra.

 

Patrice Imbaud.

 

Michèle LHOPITEAU-DORFEUILLE : Wolfgang Amadeo Mozart, « rêver avec les sons ».  Le Bord de l’Eau (www.editionsbdl.com).  Couverture à rabats, 15 x 23 cm, 242 p., cahier d’ill. couleurs, 2CDs (32 extraits musicaux. TT : 120’).  32 €.

Fort révélateur est, à bien des égards, ce nouvel ouvrage de notre collaboratrice Michèle Lhopiteau-Dorfeuille.  Notamment en ce qui concerne les relations de Wolfgang avec les femmes, son insertion dans diverses sociétés du temps et… les circonstances de sa mort.  En outre, selon notre auteur, l’incipit musical de La Marseillaise aurait été clairement emprunté d’un concerto de Mozart…  Ouvrage remarquablement écrit et réalisé, heureusement assorti d’extraits musicaux illustrant à point nommé les thèses soutenues.  Une référence !

 

 

Natalia SMIRNOVA : Mozart et Paris.  CNRS éditions (www.cnrseditions.fr).  13 x 19 cm, 176 p., ill. n&b et couleurs.  14,90 €.

Voici précisément reconstitués les trois séjours que fit Mozart à Paris.  En 1763, à l’âge du 8 ans, il interprète ses premières sonates à Versailles devant Louis XV et la marquise de Pompadour qui le porte au nues.  En 1766, bref séjour au cours duquel il se produit au clavecin dans le salon du prince de Conti.  En 1778, enfin, sombre séjour marqué par la mort de sa mère, de graves difficultés financières et… les intrigues du baron Grimm pour le faire renvoyer à Salzbourg.  En annexe : Catalogue des œuvres composées à Paris / Biographie et bibliographie succinctes.

 

 

Solveig SERRE : L’Opéra de Paris (1749-1790).  Politique culturelle au temps des Lumières.  « Sciences de la musique », CNRS éditions (www.cnrseditions.fr).  15 x 23 cm, 304 p., graphiques, planches, tableaux, ill. n&b.  25 €.

Chercheur sur la musique et le pouvoir dans les institutions lyriques parisiennes à l’époque des Lumières, Solveig Serre retrace l’histoire singulière de l’Opéra de Paris à travers artistes & hommes qui le firent vivre, mais aussi son répertoire et ses publics.  Étude assortie de nombreux documents d’archives, pour la plupart inédits.  Trois grandes parties : Histoire (L’Opéra & la Ville de Paris / L’Opéra & les Menus-Plaisirs), Gestion (L’administration financière / Le personnel artistique / La gestion des activités artistiques), Création (Les salles de spectacle / Le répertoire & son élaboration / L’Académie royale de musique & son public).  Riches annexes.

 

 

Giuseppe VERDI (1813-1901) : Les Vêpres siciliennes.  Opéra en 5 actes et 6 tableaux.  L’Avant-Scène Opéra (www.asopera.com) n°261.  17 x 24,5 cm, 164 p., ill. n&b et couleurs, ex. mus.  25 €.

Comme à l’ordinaire, cette irremplaçable revue comporte 3 parties : L’œuvre (Points de repère / Argument / Introduction & Guide d’écoute / Livret original en français / Livret en version italienne) ; Regards sur l’œuvre (Sicile : la guerre des deux clans fait rage / Les Vêpres à l’ombre de la Révolution / Le duc d’Albe vs Les Vêpres siciliennes / Verdi face au grand opéra français / L’Opéra de Paris, Gradus ad Parnassum / Verdi en France, les enjeux de la réception) ; Écouter, voir, lire (Discographie / Vidéographie / L’œuvre à l’affiche / Bibliographie).  Sans préjudice, hors dossier, d’une riche sélection de livres, CDs et DVDs.

Couverture Les Vêpres siciliennes

 

 

Laure SCHNAPPER : Henri Herz, magnat du piano.  La vie musicale en France au XIXe siècle (1815-1870).  « En temps & lieux », éditions EHESS (www.editions.ehess.fr).  16 x 24 cm, 320 p., cahier d’illustrations, ex. mus.  24 €.

Figure célèbre du monde musical au XIXe siècle, Henri Herz (1803-1888) fut peu à peu détrôné par la figure émergente de l’artiste d’exception, du génie romantique qu’illustrèrent notamment un Chopin ou un Liszt.  Immense avait pourtant été sa notoriété - en tant que pianiste virtuose, compositeur prolifique, professeur acharné, facteur de piano & propriétaire (avant Pleyel) d’un salle de concert des plus courues…  En s’intéressant à la vie de ce grand artiste-entrepreneur, Laure Schnapper met en lumière tout un versant ignoré de la vie musicale et culturelle française.  Propos enrichi de commentaires de partitions et d’extraits de journaux du temps, au carrefour de l’histoire, de la musicologie et des sciences sociales.  Cinq chapitres : Un jeune virtuose sous la Restauration / Transformations de la vie musicale sous la monarchie de Juillet / Le règne des variations / Le professeur et le facteur de pianos / Le séjour aux Amériques et ses conséquences.  Annexes : liste des œuvres, discographie, sources & bibliographie, tables, index.

 

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Aurélie DECOURT : Une famille de musiciens au XXe siècle.  La famille Alain.  Postface : Entretien avec Henri Dutilleux.  « Musique », Hermann (www.editions-hermann.fr).  14 x 21 cm, 180 p.  Illustrations n&b.  22 €.

À l’école d’Albert Alain - père exceptionnel, musicologue d’avant-garde, organiste & facteur d’orgues amateur – ses quatre enfants, Jehan, Marie-Odile, Olivier et Marie-Claire furent tous initiés sur l’instrument de 39 jeux présent dans le salon familial.  Elle-même petite-fille d’Albert Alain, l’auteur retrace, en 3 grandes parties, la saga de cette brillante famille : Les fondations (Albert Alain, la vocation musicale / Passion orgue) ; La famille Alain dans l’entre-deux-guerres (Le salon musical Alain / Jehan Alain, « le génie qui bondit en avant des autres ») ; Les Trente glorieuses de la musique d’orgue (Olivier Alain / Marie-Claire Alain).  En conclusion : L’héritage Alain.  Plus un « Entretien avec Henri Dutilleux » (réalisé le 12 octobre 2010).  Sources, bibliographie.

 

 

Pierre-François PINAUD : La musique de l’Empire.  Un art national au service de l’État.  Revue Franc-Maçonnerie n°9 (tél. : 01 75 48 21 41. www.fm-mag.fr).

« Sur plus de 1 000 musiciens exerçant à Paris en 1814, le tiers était franc-maçon » affirme dans son article - fort circonstancié - l’historien Pierre-François Pinaud.  Pour aussi peu mélomane qu’il fût, Napoléon Bonaparte fit, en effet, la part belle à la musique - écrivant notamment : « De tous les Beaux-Arts, la musique est celui qui a le plus d’influence sur les passions, celui que le législateur doit le plus encourager ». Il garda, en outre, la mainmise sur la maçonnerie.  Les loges connurent, dès lors, un essor musical sans précédent.

 

 

Sophie LANNES (Entretiens avec) : Moments musicaux, 1.  Éditions du Linteau (www.editions-linteau.com).  13 x 20,5 cm, 224 p., 23 €.

Parmi les quelque 170 personnalités du monde des arts et de la culture qu’aura rencontrées Sophie Lannes, rédactrice en chef adjointe de L’Express en charge des grands entretiens, sont ici réunis de grands noms de chefs d’orchestre et/ou directeurs de maisons d’opéra (un second volume réunira des pianistes, violonistes et chanteurs).  Six chefs prestigieux (Giulini, Ozawa, Muti, Tate, Barenboïm, Oldham) livrent ici leur façon de concevoir la direction d’orchestre.  Outre un entretien avec le grand écrivain Julien Green (1900-1998), mélomane passionné, Sophie Lannes s’est entretenue avec les grands directeurs que furent Rolf Liebermann, Massimo Bogianckino, Pier Luigi Pizzi…  Passionnant !

 

 

Raymond MURRAY SCHAFER : Le son, bien entendu !  Appréhender le sonore en 98 activités.  Préface de Vincent Maestracci, Inspecteur général.  « Ressources formation / Les clefs du quotidien », Scérén/CNDP (www.sceren.com).  16 x 22 cm, 80 p.  Joyeuses illustrations.  9 €.

Compositeur, environnementaliste & pédagogue internationalement reconnu, le Canadien Murray Schafer nous livre ici une méthode d’application de son concept de Soundscape (paysage sonore), mettant en lumière combien le sens de l’ouïe peut avoir d’influence sur nos autres perceptions – sans négliger les problèmes que pose la pollution sonore…  Ainsi - grâce à des expériences à tout le moins originales - les élèves sont-ils conduits à percevoir, analyser puis reproduire tout un monde sonore, à la fois familier et inconnu.  « L’oreille n’a pas de paupière… »

 

 

David LONERGAN : La Bolduc : la vie de Mary Travers (1894-1941).  Triptyque (www.triptyque.qc.ca).  14 x 21,5 cm, 216 p., photos n&b.

« La Bolduc », née Mary Travers, fut le premier auteur-compositeur-interprète du Québec.  Encore domestique en 1907, cette Gaspésienne autodidacte connut un prodigieux succès en racontant, avec un constant optimisme et un étonnant sens du burlesque, le quotidien des petites gens.  À l’occasion du 70e anniversaire de sa mort, David Lonergan nous relate par le menu (en 28 brefs chapitres) la vie de la célèbre chanteuse, la resituant dans son contexte social.  Non sans les textes des plus célèbres chansons de celle qui se plaisait à déclarer : « J’ai un cheveu sur la langue qui m’empêche de turluter » (précision nécessaire : la turlute consistait alors à chanter des onomatopées - manière de scat - sur des airs traditionnels).

 

 

Rémi JACOBS & Jacques LANFRANCHI : Brassens.  Les Trompettes de la renommée L’Archipel (www.editionsarchipel.com).  14 x 22,5 cm, 206 p., ex. mus.  17,95 €.

Au cœur du déluge de publications surgies à l’occasion de l’exposition « Brassens ou la liberté » à la Cité de la musique (15 mars-21 août 2011), voici un ouvrage qui étudie – avec une rare compétence - textes & musiques des quelque 180 chansons du génial Sétois.  Thèmes : l’amour, la mort, Dieu, la religion, l’amitié ainsi que les valeurs telles que l’engagement, la tolérance, l’esprit critique, sans oublier monde animal & monde végétal…  Musiques : richesse et diversité des styles, sources et composantes techniques (écriture vocale, prosodie, harmonies, rythmes, accompagnements…).  Le tout assorti de poèmes et d’exemples musicaux, non moins que de fort utiles éléments statistiques : classement des chansons par tonalités, structure des poèmes (en rondeau ou, le plus souvent, strophique), mesures utilisées...  Bibliographie sélective, index des chansons citées.

 

 

Emmanuelle HONORIN : Astor Piazzolla.  Le tango de la démesure.  Préface de Richard Galliano.  « Voix du Monde », Demi Lune (www.editionsdemilune.com).  13 x 18 cm, 210 p., ill. n&b.  15 €.

Avec quelque 200 disques originaux, 323 œuvres officiellement recensées, plus de 1 000 enregistrées et de nouvelles interprétations qui fleurissent tous les jours de par le monde, Astor Piazzolla (1921-1992) fut assurément un compositeur et bandonéoniste hors norme.  Près de 20 ans après sa mort, sa musique déclenche toujours autant de passions et polémiques...  Neuf chapitres : De Mar del Plata à New York / L’âge d’or du tango / Révélation parisienne / Révolution à Buenos Aires, déboires à New York / L’après 1960 / La musique de Buenos Aires / « Nul n’est prophète en son pays » / Piazzolla et le cinéma / Les années 1980.  Annexes : Glossaire, discographie & repères chronologiques, bibliographie, sites Internet et notes.  Une remarquable petite monographie, illustrée d’émouvantes photos.

 

 

Nick MASON (L’histoire selon) : Pink Floyd.  E.P.A. /Hachette.  Fort volume, relié sous jaquette, 22 x 30 cm, 350 p., ill. n&b et couleurs.  49 €.

Né en 1944, à Birmingham, le célèbre batteur des Pink Floyd retrace ici l’histoire – vision intimiste – de cet illustre groupe né à la fin des années 60.  Fourmillant de témoignages et d’anecdotes, l’ouvrage est, en outre, somptueusement illustré de photos (officielles ou privées), de projets d’affiches & de pochettes de disques archivées par Nick Mason depuis la naissance du groupe…  En cette année 2012, qui verra inscrire Atom Heart Mother (1970) au programme du baccalauréat (toutes séries), gageons que cette magnifique monographie connaîtra un succès mérité.  Utile chronologie.

 

 

Frédéric BRUN : Frank Sinatra.  Les images d’une vie.  Grand album de 175 photos n&b et couleurs, relié sous jaquette.  Édité par Yann-Brice Dherbier (www.ybeditions.com).  25 x 29 cm, 192 p.  39 €.

S’ouvrant sur une biographie fort circonstanciée, cet album de photos nous fait pénétrer dans la quasi-intimité de The Voice, tel que l’avaient surnommé ses pairs.  Crooner de génie mais aussi personnage sulfureux, Frank Sinatra fréquenta les Kennedy, les barons de la pègre, les plus grands artistes, et ses tumultueuses amours défrayèrent la chronique people.  Toutes choses évoquées ici en belles images, dans l’attente du biopic (biographical picture) que Martin Scorsese s’apprête à lui consacrer – avec Al Pacino dans le rôle-titre & Robert de Niro en Dean Martin.

 

 

Christian GAILLY : K.622.  « Double n°71 », Éditions de Minuit (www.leseditionsdeminuit.fr).  Format de poche.  128 p.  6 €.

Impossible gageure que de vouloir retrouver, à l’identique, une même émotion !  Celle, en l’occurrence, que le narrateur nous dit avoir connue dans l’obscurité de sa chambre à l’écoute impromptue, sur France Culture, du Concerto pour clarinette de Mozart.  Émotion qu’il n’aura de cesse de poursuivre.  Source d’un étonnant soliloque où sont dévoilés, sans fard, pensers les plus intimes et contradictions...  Rencontre, au concert, d’une merveilleuse non-voyante qui partage la passion de notre héros pour le K.622 - sans préjudice de futures autres affinités…

 

 

Gérard de CORTANZE : Passion des livres.  Desclée de Brouwer (Tél. : 01 45 49 61 92.  info@descleedebrouwer.com).  14 x 21 cm, 444 p.  26 €.

Dans le droit fil de son précédent ouvrage Passion de la langue française (Desclée de Brouwer, 2010), Gérard de Cortanze convoque ici quelque 70 grands écrivains, dont Leopardi, Rousseau, Montesquieu, Chateaubriand, V. Larbaud, É. Wharton… non moins que R. Bradbury, M. Vargas Llosa, J. Semprun, I. Kadaré…  Sous sept rubriques : Lecteurs / Le livre, cet être vivant / La vie par les livres / Les hommes & les livres / La bibliothèque, personnage de roman / Où les livres sont l’univers / Des livres & des écrivains.

 

 

Yaël KÖNIG : Pizzicato.  Roman policier.  Yago (www.editions-yago.com).  Distr. Harmonia Mundi.  13 x 19,5 cm, 240 p., 19 €.

Fort intriguant est le propos de ce polar qui nous mène des coulisses feutrées de l’Opéra aux bas-fonds de la cité de Nice, puis à Vérone - mêlant musiciens, luthiers, souteneurs, politiciens, prostituées…  Où la mort du ténor Isaac van Jong ne cesse de rappeler à l’inspecteur Nathan Godfine, l’assassinat resté mystérieux, quinze ans plus tôt, du célèbre violoniste Jean Bertini.  Remarquablement écrite et joyeusement truculente est cette onzième fiction (quoique premier polar) de la romancière Yaël König, par ailleurs éditrice & critique littéraire.

 

 

Rémi STEFANI : Dis-lui.  Roman, avec CD inclus (Les chansons d’Albertine).  Casterman (www.casterman.com).  192 p, textes des chansons sur papier-calque bleu.  15,95 €.

Transposée de l’histoire de Roméo et Juliette, cette fiction met en scène, sur les rives d’un fleuve particulièrement pollué « mais que la mer purifiera », les amours contrariées d’Albertine, lycéenne en rupture familiale, et de Dan, malheureux braqueur de banque.  D’une grande fraîcheur…  Composées par Vincent Stora, les 10 chansons (+ un clip) du CD sont joliment interprétées par Chloé Stefani, auteur des paroles.  Une production originale.

 

 

POUR LES PLUS JEUNES

Berceuses et comptines pour s’endormir.  Illustrations : Hervé Le Goff.  Dès 2 ans.  « Père Castor », Flammarion (www.editions.flammarion.com).  18 x 21,5 cm, 64 p. couleurs + CD (TT : 50’).  Couverture molletonnée à coins arrondis.  10,50 €.

Grands classiques du répertoire enfantin, ces 31 berceuses ou comptines sont fort joliment illustrées, en quadri, par Hervé Le Goff.  Le CD comporte la totalité des chansons du livre (arrangements et réalisation : Michel Provisor & Vincent Clément, entourés d’une dizaine de jeunes interprètes).

 

 

Hervé SUHUBIETTE (Texte & musiques) : La grande évasion.  Illustrations : Yannick Robert.  4-9 ans.  Les Éditions des Braques (www.leseditionsdesbraques.com).  Diffusion : Harmonia Mundi.  Livre cartonné, 21 x 21 cm, 34 p. couleurs, CD inclus. 18 €.

Enfermé dans sa chambre et privé de dessert, le héros de l’aventure s’évadera… par les livres, bien sûr !  Signées Hervé Suhubiette (Grand Prix 2010 de l’Académie Charles-Cros), les 10 chansons - volontiers jazzy - de l’album éponyme feront le bonheur de tous, de 4 ans à… beaucoup plus !

 

 

Christine BEIGEL : La Danse racontée aux enfants.  Illustrations : Marie Doucedame.  Dès 9 ans.  « Monde raconté », La Martinière/Jeunesse (www.lamartinierejeunesse.fr).  Album cartonné, 25 x 31 cm, 80 p., ill. couleurs.  14 €.

Des ballets montés à la cour de Louis XIV aux spectacles les plus novateurs d’aujourd’hui, du chorégraphe à l’interprète, du décor peint à la vidéo dansante, de l’argument féerique au sujet politique, de l’Afrique à l’Asie, ce superbe album – La Martinière oblige – sera assurément un bestseller.  Magnifiques photos des plus célèbres ballets du monde.

 

 

Richard MALLETT & Ann Marie STANLEY : Ma grande encyclopédie de musique (Children’s Book of Music).  Dès 10 ans.  Traduit de l’anglais par Nathalie Barrié.  « Hors-collection Jeunesse », Milan (www.editionsmilan.com).  Album cartonné : 25,7 x 30,7 cm, 144 p. ill. couleurs + 1CD.  25 €.

Quatre types de doubles pages composent ce fort album : Profil de musicien (pour découvrir la vie d’un artiste célèbre & ses sources d’inspiration) / Profil d’instrument (pour mieux connaître les différentes parties d’un instrument, son histoire, ses virtuoses & ses techniques de jeu) / Genres musicaux (pour plonger au cœur des différents genres, leur évolution) / Devant l’auditoire (pour découvrir, avec l’histoire de la musique, la multitude de spectacles & instruments du monde entier).  Du classique aux musiques du monde, en passant par le jazz, le rock, le hip-hop…  Le CD inclus permet d’écouter les musiques présentées au fil des pages : symphonies et opéras célèbres, aussi bien que mélodies chinoises traditionnelles ou musiques électroniques.  Superbes illustrations.

 

Ma grande encyclopédie de musique -

Francis Cousté.

 

 

Beauchesne Editeur - avril 2011
La question de la musique n'est pas celle d'une sphère séparée


La question de la musique n’est pas celle d’une sphère séparée, prétendument celle de l’esthétique. Chez Theodor W. Adorno, elle relève d’une position globale, celle de la philosophie dans son rapport au XXe siècle. Le présent ouvrage part de l’exigence méthodologique d’une philosophie du concret, pleinement réalisée dans le livre qu’Adorno consacre à la musique de Gustav Mahler en 1960.
C’est une pensée du temps, cristallisée dans les catégories du roman, de la narration, du conte et, plus généralement, de l’épique qui y est déployée, tout en renvoyant à l’horizon entier que constituent les noms du premier Georg Lukács, de Walter Benjamin, d’Ernst Bloch et de Bertolt Brecht. Toutes les lignes significatives de l’œuvre d’Adorno y convergent, ses déterminations musicales incluses : Beethoven, Wagner, Stravinsky et Schoenberg.
L’expérience constitue ainsi la dimension décisive d’une pensée de part en part travaillée par le problème de la mémoire, soucieuse en cela du populaire, de sa disparition et de sa sauvegarde. La musique, dans son caractère de langage ou de geste, vient porter cette dialectique de la raison par laquelle Adorno voulait répondre à son époque.

 

Ma grande encyclopédie de musique -

 

 

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Ludwig van BEETHOVEN : Intégrale des Sonates pour violon & piano.  Renaud Capuçon (violon), Frank Braley (piano).  3CDs Virgin Classics : 50999 642001 0 1.

D’où vient que rien, au fil de ces Sonates jouées irréprochablement (encore que les doubles cordes de Renaud Capuçon nous éraflent les oreilles !) mais sans imagination, n’excite notre fibre passionnée ?  Les duettistes revendiquent le modèle de la version Arthur Grumiaux-Clara Haskil : c’est dire qu’ils se situent sur le versant classicisant des œuvres, plus portés à s’inscrire dans l’héritage mozartien qu’à chercher les ombres tapies d’un romantisme rugissant.  En ce sens, leur interprétation éclaire le caractère “aimable” (pour reprendre un qualificatif de l’époque) des Sonates n°2, 4, 5 (“Le Printemps”, fort printanier en effet, même si ce titre ne fut jamais de Beethoven).  Le troisième disque, réunissant les Sonates op.30 n°1 et 2 ainsi que l’op.96, s’avère celui où, avec une sobre retenue, la prise en compte des avancées expressives se manifeste le mieux.  Néanmoins, on reste dans une approche objective, neutre quant aux phrasés que d’autres interprètes surent mettre à contribution pour y débusquer une inventivité rebondissante, et le bât blesse franchement dans la “Sonate à Kreutzer” : là, on attendrait la révélation du dépassement des frontières, inhérent à tout monument beethovenien, et la frustration s’installe, irrémédiable.  Une prise de son parfaite épouse l’équilibre harmonieux entre les deux instrumentistes.

 

 

Kate ROYAL : A Lesson in Love.  Mélodies de William Bolcom, Amy Beach, Aaron Copland, Frank Bridge, Liszt, Schubert, Schumann, Wolf, Richard Strauss, Duparc, Debussy, Ravel, Fauré, Canteloube, Paolo Tosti ; Folksongs (arr. Britten, Hughes).  Kate Royal (soprano), Malcolm Martineau (piano).  EMI : 50999 9 48536 2 9.

Que voici un récital original !  La cantatrice anglaise a choisi de raconter l’itinéraire affectif  d’une jeune femme, depuis la découverte de l’amour jusqu’à la souffrance face à la trahison de l’être aimé.  Les poèmes tracent ce chemin de vie, et c’est leur succession narrative qui conditionne logiquement l’ordre du programme.  On pouvait craindre que les enchaînements de compositeurs s’effectuant alors sans “chapitrage” chronologique ni géographique, le résultat n’apparaisse un peu “melting-pot” ; mais non, ils fonctionnent bien et la diversité culturelle qui en ressort inévitablement procure un réel plaisir sans verser dans le “fourre-tout”.  Kate Royal fait triompher son propos par un vrai talent d’actrice, et une bonne diction dans les quatre langues empruntées (anglais, allemand, français, et langue d’oc pour Canteloube) : les lieder d’Hugo Wolf, ardentes scènes dramatiques en miniature, sont en la matière un test incontournable !  En revanche, le registre de la voix n’est pas très étendu et accuse ses limites dans un aigu que sollicitent cruellement Apparition (Debussy) ou Ah Love, but a day d’Amy M. Beach, la compositrice américaine ayant assimilé l’influence de la vocalité merveilleusement souple de Massenet.  On se réjouit que l’art mélodique américain soit bien représenté dans ce programme, et l’originalité des compositeurs retenus s’impose sans défaillance face aux “géants“ du répertoire.  Si l’on veut même désigner des atmosphères d’intimité parmi les plus émouvantes, on distinguera Extase de Duparc et la Pastorale de Copland.  L’incomparable cheminement harmonique de Fauré, dont la fluctuante mobilité met la voix en constante insécurité (Donc, ce sera par un clair jour d’été), reste, lui, sans rival. Quant au balancement nostalgique de Waitin de William Bolcom, ancré dans de lointaines racines irlandaises, il ouvre et referme cette “Leçon d’amour”.  Malcolm Martineau, accompagnateur très expérimenté, s’avère le partenaire idéal de ce récital multi-facettes.

 

Sylviane Falcinelli.

 

Gustav MAHLER : Les Symphonies.  Intégrale par Leonard Bernstein.  Coffret de 11 CDs DG/Universal (www.deutschegrammophon.com/collectorsedition)  : 477 8668.

Pour le centenaire de la mort de Gustav Mahler (1860-1911), voici l’heureuse publication - à un prix désormais accessible (quelque 60 €) - de cet ensemble monumental.  Où l’incomparable Leonard Bernstein dirige le Royal Concertgebouw Orchestra, le New York Philharmonic & le Wiener Philharmoniker, ainsi que différents chœurs internationaux.  Avec les solistes : Judith Blegen, Barbara Hendricks, Margaret Price, Gerti Zeumer (sopranos) ; Agnes Baltsa, Christa Ludwig, Trudeliese Schmidt (contraltos) ; Kenneth Riegel (ténor) ; Hermann Prey (baryton) ; José van Dam (basse).

 

 

Mater.  Œuvres dédiées à la Vierge.  Anne Robert (violon), Jacques Boucher (orgue Casavant de la Chapelle de l’Invention de la Sainte-Croix des Sœurs de la Charité de Montréal).  Disques XXI-21 (www.XXI-21.com) : XXI-CD 2 1734.  Distr. Universal.  TT : 65’16.

Assurément singulière est la place qu’occupe Marie de Nazareth dans notre corpus musical religieux : Ave Maria, Magnificat, Stabat Mater, Salve Regina, Ave Maris Stella…  Et ce, depuis Hildegard von Bingen…  Idée lumineuse que d’avoir ici réuni 22 pièces dédiées à la Vierge - quelques-unes d’une incontournable célébrité, mais d’autres aussi qui ont été, pour nous, une révélation.  Œuvres de : Schubert, Denis Bédard (°1950), M. Journeau, Pachelbel, Gounod, J. S. Bach, Caccini, Th. Dubois, J. Langlais, Alfred La Liberté, Dominique Joubert (°1955), Flor Peeters, Saint-Saëns, A. Reboulot, Fauré, Paul Barras (°1925), E.B. Shaughnessy, J. Bonnet, Liszt.  Splendeur du violon d’Anne Robert, en idéale communion avec l’orgue de Jacques Boucher.  Une très précieuse compilation.

 

 

Charles TOURNEMIRE (1870-1939) : Nativitas.  Vincent Boucher (Orgue Cassavant, op.615.  Grand-orgue de la tribune de l’église Saint-Jean-Baptiste de Montréal, Québec).  Notice signée Gilles Cantagrel.  Atma Classique (www.atmaclassique.com) : ACD2 2471. 

Le jeune et brillant organiste Vincent Boucher (www.vincent-boucher.com) - par ailleurs vice-président d’un grand organisme financier - a entrepris d’enregistrer l’intégrale de l’œuvre pour orgue de Ch. Tournemire.  Ce 2e volume comprend : Cinq improvisations reconstituées par Maurice Duruflé (1930), Variae preces op. 21 (1902), Fresque symphonique sacrée n°1 op.75 (1939), Postludes libres pour des antiennes de Magnificat op.68 (1935), Petites fleurs musicales op.66 (1934), L’Orgue mystique op.55/III (1932).  Un éminent compositeur retrouve sa juste place.

 

 

John R. WILLIAMSON (Manchester, 1929) : Lads of love and sorrow.  Mark Rowlinson (baryton), David Jones (piano).  Diversions (www.divine-art.co.uk) : ddv24153.  TT : 66’30.

Vingt-cinq mélodies composent cette publication consacrée à un compositeur par trop ignoré sur nos rives du Channel.  John Ramsden Williamson écrit, en effet, des musiques étonnamment lyriques, souvent inspirées du répertoire de son pays, volontiers modales, mais aussi - et surtout - qu’il qualifie lui-même de « palindromiques » (technique pour le moins originale même si, à l’audition, la chose est difficilement perceptible).  Sept parties composent cet album : Love (sur des poèmes de Byron et Coleridge), War (poèmes de A.E. Housman), Sorrow and regret (Housman), Lost love (Housman), Religion (Housman), Pastoral (Housman), Conflict (S. Sassoon).  Servi par deux grands interprètes, un mémorable florilège.

 

 

Ensemble Linea plays Péter EÖTVÖS.  Direction : Jean-Philippe Wurtz.  BMC : CD 175.  Distr. Abeille Musique.  TT 63’47.

Par l’Ensemble Linea, remarquable formation contemporaine créée en 1998, voici tout un disque dédié à des œuvres récentes (non encore enregistrées) du grand compositeur & chef d’orchestre hongrois Péter Eötvös : Sonata per sei, en 5 mouvements (2006) ; Octet Plus (2008) ; Natasha (2006) ; Un taxi l’attend, mais Tchékhov préfère aller à pied (2004) ; Erdenklavier-Himmelklavier n°2 (2006), Psy (1996), Cadenza (2008).  Solistes : Allison Bell (soprano), Benjamin Kobler (piano), Mario Caroli (flûte), Miklós Lukács (cymbalum).

 

Francis Gérimont.

 

Georg Philipp TELEMANN : Tafelmusik (Musique de table).  Freiburger Barockorchester, dir. Petra Müllejans & Gottfried von der Goltz, violons.  4CDs Harmonia Mundi : HMC 902042/45.  TT : 56'58 + 67'52 + 49'45 + 68'39.

La « Musique de table » que Telemann publie en 1733 s'inscrit dans la tradition des musiques dites utilitaires : une suite de pièces conçues comme un fond sonore destiné à accompagner les diverses phases d'un repas d'apparat dans une riche demeure.  Telemann va cependant transcender le genre.  L'exercice est d'abord prétexte à un magistral travail d'écriture.  Chacune de ses trois parties ou « productions » est construite sur un plan identique : ouverture, quatuor, concerto, sonate en trio, sonate pour instrument seul, enfin « sinfonia ».  Ainsi les atmosphères sont-elles différenciées par un habile mélange de musique orchestrale et de musique de chambre, alternant éclat et intimisme.  L'autre but est de rassembler les divers styles musicaux fleurissant à l'époque, français, italien, allemand, voire polonais.  L'entreprise prend alors une tout autre dimension.  Dépassant sa fonction purement décorative, cette musique acquiert un sens didactique : chaque pièce est partie d'un ensemble qui décrit toutes les facettes du goût à travers l'Europe.  L'extraordinaire invention thématique, la variété des combinaisons de timbres et de rythmes ouvrent des paysages apparemment sans limite et placent ces pages à un rang qui les situe bien au-delà de leur office de tapisserie derrière la conversation des convives et leurs occupations gustatives.  On ne sait qu'admirer le plus : la faconde des ouvertures, qui dans leur richesse font elles-même appel à des formes concertantes richement ornées de divers solistes, les cors par exemple dans celle de la IIIe production, l'intimisme du quatuor qui suit, ménageant un intéressant contraste, la verve du concerto, à chaque fois conçu pour plusieurs instruments, dont trois violons s'agissant de la production n°II, ou pour deux cors dans la IIIe, puis de nouveau le dialogue feutré mais aussi scintillant d'esprit que permettent la sonate en trio et la sonate à deux.  Qui plus est, les pièces de même forme sont liées entre elles par plus d'un aspect. Ainsi des trois concertos, parfaite illustration de la musique concertante du baroque tardif.  Le Freiburger Barockorchester a sans doute peu de rivaux quant au fini musical et à l'esprit qu'il apporte à ses exécutions, sous l'impulsion de ses deux premiers violons : la vivacité des tempos, l'imagination dans le choix de ceux-ci, jamais convenus, encore moins routiniers, la souplesse du phrasé, la plasticité de l'ensemble surtout, des bois qui caquètent délicieusement ou des cordes d'une fine expressivité.  Une indéniable somme, une immense réussite !

 

 

Franz SCHUBERT : « Nacht und Träume ».Choix de Lieder.  Matthias Goerne, baryton.  Alexander Schmalcz, piano.  Harmonia Mundi : 902063.  TT : 60'38.

Pour le cinquième volume de sa « Schubert Edition », Matthias Goerne a concocté un choix de mélodies rassemblées sous le thème de « Nuit et rêves », titre de la première mélodie figurant sur le disque.  Thématique schubertienne s'il en est qui traverse la production du musicien - les pièces réunies appartiennent à des périodes créatrices différentes.  Le mythe nocturne est propice à l'épanchement du sentiment tragique de la destinée, de l'attirance vers la mort.  Des situations que le compositeur sait comme nul autre habiter, les puisant auprès de poètes qui les manient eux aussi à l'envi, tels que Heine, Rückert, Klopstock, ou encore le jeune Hölty, mort à 28 ans.  Aussi l'atmosphère de ce récital restera-t-elle sombre et empreinte de mélancolie, creusant un indélébile sillon proche de la confidence.  L'élégiaque apparent de certaines pièces cache souvent une infinie tristesse.  Ainsi du lied Espoir, sur un poème de Schiller, où il est dit que « les hommes parlent et rêvent sans cesse de lendemains meilleurs », abordé pourtant sur un rythme de ballade paisible.  Quelque véhémence apparaît soudain comme dans le lied de La nostalgie du fossoyeur : le pauvre homme aspire lui-même au repos éternel au point d'appeler la mort de ses vœux et de lui arracher ces mots ultimes, comme une délivrance « Je viens ».  An Sylvia offre un contraste qu'on n'espérait pas.  Mais, là encore, l'élan irrésistible du début vire rapidement au tragique.  La vision que livre Matthias Goerne de ces pièces, la plupart de forme strophique, est profondément pensée.  Elle reste empreinte de sobriété, privilégiant un ton lyrique.  Non que le timbre de baryton clair ne s'assombrisse pas à l'occasion vers le registre de la basse pour exprimer la prégnance de la douleur ou un cri de désespoir.  Le chanteur/diseur nourrit une vocalité si épurée qu'elle en vient même à adoucir ce qui dans la langue de Goethe ressortit à quelque dureté.  Il est dommage que la subtilité poétique fasse défaut au pianiste Alexander Schmalcz dont la main gauche est souvent peu aérienne ; ce que souligne un enregistrement très présent, favorisant le grave de l'instrument.

 

 

Johannes BRAHMS.  Pièces pour piano : Variations sur un thème original en  majeur op.21 n°1.  Huit Klavierstücke op.76. Deux Rhapsodies op.79. Trois Intermezzi op.117. Adam Laloum, piano.  Mirare : MIR 131.  TT : 79'55.

Oser Brahms pour un premier disque, l'idée ne manque pas d'audace.  Adam Laloum, premier prix du concours Clara Haskil de 2009, fait un coup de maître par l'originalité et la générosité de son programme proposant un choix de pièces empruntées aux diverses phases créatrices du maître de Hambourg.  À commencer par les Variations sur un thème original op.21, si négligées, peut-être eu égard à leur peu d'aura séductrice.  Pourtant ces « Variations philosophiques », comme les appelle l'auteur, sont une synthèse du romantisme finissant et d'un classicisme rémanent, plus axées sur la demi-teinte que sur la monumentalité.  Les Klavierstücke op.76 (1878) qui ouvrent une nouvelle période dans la production pianistique de Brahms, alternent Capriccios et Intermezzos.  Ces huit vignettes évoquent les pages d'un journal intime.  Le caractère allègre et gracieux de la deuxième n'est pas sans rappeler Schubert, et la cinquième, fantomatique, d'une écriture presque symphonique, est marquée aussi par une rythmique équivoque.  L'interprète en dégage le climat intimiste.  Les Deux Rhapsodies op.79, qui ont en réalité un profil de ballade, opposent le tempétueux des parties extrêmes à un épisode passionné où se mêlent héroïsme et mystère.  Quant aux Intermezzi op.117, il s'agit de trois paysages automnaux cultivant le clair-obscur qui marque le dernier Brahms : une berceuse d'inspiration écossaise d'une mystérieuse douceur, une complainte dont les arabesques évoquent le souvenir de Schumann, de forme ternaire, enfin un chant de l'âme dont le thème nostalgique s'impose définitivement, sombre et amer.  Le jeune Adam Laloum qui ne cherche pas à se mettre en avant, maîtrise sûrement le langage particulier, parfois insaisissable de Brahms, ce concentré d'intériorité et de romantisme épanoui.  La clarté des plans sonores est admirable comme la pureté des lignes.  Un regret : la prise de son capte l'instrument de si près qu'elle génère quelque dureté dans le registre aigu, en même temps qu'est trop flattée la résonance dans le grave.

 

 

Bedřich SMETANA : Trio pour piano, violon & violoncelle op.15.  Franz LISZT : Tristia, transcription de Vallée d'Obermann, pour violon, violoncelle & piano.  Die Zelle in Nonnenwerth pour violon & piano.  Romance oubliée pour violon & piano. Élégie n°1 pour violoncelle & piano. Élégie n°2 pour violon & piano. La Lugubre Gondole (Élégie n°3) pour violoncelle & piano.  Trio Wanderer.  Harmonia Mundi : HMC 902060.  TT :72'33.

Le climat élégiaque et mélancolique que Smetana laisse percer dans son Trio pour piano & cordes (1855) trouve son origine dans une donnée autobiographique : il le composa peu après la disparition de sa très jeune fille, morte de maladie à l'âge de 4 ans et demi.  La pièce déconcerta ses premiers auditeurs, sans doute déroutés par ses tournures contradictoires.  Liszt sera l'un des rares à en admirer le jaillissement.  Ses trois mouvements sont sur le mode rapide.  Le premier est fiévreux et agité, dominé par le violon.  Le deuxième, qui s'ouvre dans une atmosphère de danse, proche de la polka, alterne évocations mélancoliques et brusques accès d'optimisme.  Le finale, marqué presto, à travers la fougue des cordes et le discours preste du piano, se réapproprie vite le ton élégiaque d'une section méditative qui vire presque à la marche funèbre.  Les Wanderer dont on sait la finesse instrumentale comme l'infaillible flair pour trouver le ton juste, en sont les interprètes choisis.  A priori curieuse, l'idée est juste de juxtaposer des pièces tardives de Liszt conçues dans la même veine élégiaque.  Tristia, transcription pour trio pour piano & cordes de Vallée d'Obermann, participe de ce climat : une suite d'impressions contrastées au travers de ses trois parties enchaînées, désolées, étranges, parfois plus joyeuses.  Quelques pièces en duo sont encore proposées dont les trois Élégies : la première (pour cello & piano) sonne comme un déchirement ; la deuxième (violon & piano) est à peine moins douloureuse malgré sa brillante écriture ; la troisième, La Lugubre Gondole, pour cello & piano, composée durant l'hiver 1882-1883, à Venise, où Liszt séjournait auprès de Wagner et de Cosima, résonne comme un pressentiment de la mort du grand ami.  Les sombres accents émus du violoncelle sur un doux balancement du clavier introduisent un rythme de barcarolle auquel fait suite un développement central plus enflammé, en forme d'hommage à un glorieux parcours.  La section finale se fait poignante, dans une atmosphère raréfiée, de plus en plus lente.  L'éloquence des musiciens du Trio Wanderer prête à toutes ces pièces une aura de grande distinction.

 

 

Serge RACHMANINOV : Rhapsodie sur un thème de Paganini, op.43.  Concerto pour piano & orchestre en ut mineur n°2, op.18.  Yuja Wang, piano.  Mahler Chamber Orchestra, dir. Claudio Abbado.  Universal/DG : 477 9308.  TT : 56'20.

L'association de la jeune Yuja Wang et de son grand aîné Claudio Abbado, qui avait enthousiasmé dans le 3e Concerto de Prokofiev à Lucerne en 2009, produit de nouveau un résultat miraculeux avec ce disque Rachmaninov.  L'illustre 2e Concerto (1901), cheval de bataille de bien des pianistes en veine d'ego, est sans doute plus que cela : une sorte de symphonie avec piano obligé tant le discours orchestral enveloppe le soliste plus qu'il ne le soutient.  Yuja Wang qui, avec espiègle modestie, reconnaît n'être « pas aisé de percer à travers la texture pour se faire entendre », se tire judicieusement d'affaire.  L'approche est paradoxalement anti-virtuose : loin de chercher à dominer, le piano se coule dans la ligne mélodique sans jamais rien perdre de sa consistance.  La direction y est pour beaucoup, qui pare le discours d'une réelle noblesse de ton, dans les parties lyriques en particulier, et transfigure l'inspiration post-romantique.  Ainsi du dialogue du piano avec la flûte puis la clarinette au début de l'adagio sostenuto qui progresse comme un doux échange.  Au finale, le mezza voce de l'orchestre permet au piano de s'épancher sans affectation tandis que l'ample phrase maestoso n'a pas la grandiloquence qu'on trouve dans plus d'une exécution marquante.  Loin d'être extravertie, la vision de Yuja Wang est magistralement contrôlée.  Ces mêmes qualités, on les retrouve dans la Rhapsodie sur un thème de Paganini.  Créée en 1934, la pièce appartient à cette époque où Rachmaninov menait une carrière de grand virtuose, ne composant plus que par intermittence.  Elle partage, avec le 24e Caprice du compositeur/violoniste,dont elle s'inspire, de requérir une technique diabolique.  Mais quand bien même y sont éprouvées toutes les possibilités techniques de l'instrument, cette suite de variations gagne à n'être pas qu'exercice pyrotechnique.  La jeune pianiste chinoise en arrive à faire passer au second plan ce que la pièce a de brillant, tant l'exécution procède d'une alchimie rare mêlant l'athlétique et l'aérien, une pugnacité certaine et un doigté d'elfe dans les traits arpégés.  L'esprit qu'elle y apporte imprime même un cachet ludique à ce jeu de métamorphose du thème chahuté en tous sens, voire disloqué à l'envi.  Le maestro Abbado, là encore, bâtit des climats envoûtants, notamment dans les passages élégiaques de la partie médiane.

 

 

Gustav MAHLER : Symphonie n°5, en ut# mineur.  London Symphony Orchestra, dir. Valery Gergiev.  LSO Live : LSO0664.  TT : 70'46.

Avant-dernier volume de son intégrale des symphonies de Mahler, Valery Gergiev livre la Cinquième, captée sur le vif à l'automne 2010.  Ou plutôt se livre.  Car le credo passionné du maître ossète s’illustre ici avec une rare évidence.  Mais n'a-t-on pas dit que Mahler était le musicien de la passion ?  Ce qui contrarie : des ralentissements parfois proches de la sollicitation, bien au-delà de ce que requiert le texte, dans le premier mouvement par exemple, qui confère au tempo de marche funèbre une allure plus pesante que nécessaire ; des ppp à la limite de l'audible qui sont sans doute plus évocateurs dans l'ambiance du concert qu'à l'écoute d'un disque.  Mais que pèsent ces objections en regard des immenses vertus d'une interprétation qui « lâche tout », comme jadis un Leonard Bernstein : une vision d'une totale cohérence qui asservit ses propres excès, que ce soit dans la nuance la plus infime pour mettre à nu les trésors de l'orchestration mahlérienne ou dans une énergie irrépressible qui ne perd jamais quoi que ce soit du contrepoint.  Ainsi du vertigineux tempo adopté pour le finale, enchevêtrement de thèmes qui seront bousculés, malmenés jusqu'au délitement.  Gergiev ne laisse jamais s'installer le répit, et même le fameux adagietto tient en haleine comme ces vagues s'écrasant l'une contre l'autre, qui vont s'enflant dans un tempo là encore d'une très grande retenue, la reprise du thème encore plus lente dans sa courbe descendante.  La fébrilité du chef, qui n'est pas fougue brouillonne, on la mesure encore dans l'impétueux deuxième mouvement, marqué « avec une grande véhémence », qui laisse place à une lutte vaillante mêlée d'accès presque burlesques ou traversée de figures fantomatiques.  Dans le scherzo aussi, bâti sur un tempo de valse furieuse qui va comme s'effilochant, d'un expressionnisme qui anticipe La Valse de Ravel.  Elle se fera un temps plus élégiaque à l'heure du trio, avant de reprendre sa course de plus en plus sauvage à la coda, soulignant l'extrême ambitus dynamique qui empoigne l'auditeur.  Le LSO démontre une exceptionnelle concentration et une cohésion magistrale, alors que soumis à rude épreuve quels que soient les départements par son « principal conductor ».

 

 

Max REGER : Préludes & fugues en si mineur op.117 n°1, en sol mineur op.117 n°2.  Chaconne en sol mineur op.177 n°4. Jean-Sébastien BACH : Sonate n°1 BWV 1001.  Partita n°1 en si mineur BWV 1002. Partita n°2 en ré mineur BWV 1004.  Sayaka Shoji, violon.  2CDs Mirare : MIR 128.  TT : 62'33 + 44'02.

Il est fascinant de rapprocher Bach et Reger dans leurs compositions pour violon seul.  Tout comme il est réconfortant de constater l'émergence d'une jeune instrumentiste bourrée de talent venue d'Extrême-Orient, comme bien de ses confrères ces derniers temps.  Max Reger (1873-1916) qui n'en finit pas de sortir du purgatoire où le monde musical français l'a confiné, est pourtant considéré outre-Rhin comme un grand maître.  Il est l'auteur d'une immense production dont une large partie dédiée à la musique de chambre, à l'orgue et au violon.  Ce fervent admirateur de Jean-Sébastien Bach, au point de le prendre pour modèle, a écrit plusieurs ensembles de pièces pour cet instrument solo qui le situent dans la grande tradition du baroque allemand.  En particulier ses Huit Préludes et fugues op.117 composés entre 1909 et 1912.  Aussi l'idée était presque naturelle de juxtaposer les pièces de l'un et de l'autre.  Encore fallait-il y penser !  La référence au Cantor est plus qu'évidente dans les deux premiers Préludes & fugues de l'op.117 joués ici : même invention thématique, le chromatisme en plus et une énergie certaine, même souci des contrastes de dynamique, outre son lot d'aspérités techniques. Le mimétisme est poussé encore plus avant avec la Chaconne que Reger incorpore dans ce même op.117, toute aussi imposante que celle qui clôt la Partita n°2.  La jeune Japonaise Sayaka Shoji, premier prix du concours Paganini en 1999 et déjà bien lancée dans la carrière de concertiste et de soliste, fait montre d'une grande intégrité musicale.  Son aisance naturelle lui permet de donner toute la mesure aussi bien de la modernité des pièces de Reger que de l'intériorité de celles de Bach.  La pureté du phrasé est en évidence dans un cas comme dans l'autre.  Il en est aussi de la juste appréciation des divers morceaux qui composent les pièces de Bach : la profondeur de la Sarabande de la Partita n°2 comme l'agréable volubilité de la Gigue qui suit en sont des exemples parmi d'autres, tandis que la grandiose Chaconne ne manque pas d'allure sous cet archet inspiré.

 

 

« Wien 1925 ».  Alban BERG : Kammerkonzert pour piano, violon & 13 instruments à vent.  Johann STRAUSS/ Anton WEBERN : Schatzwalzer (Valse du trésor), op.418.Johann STRAUSS/ Arnold SCHÖNBERG : Rosen aus den Süden (Roses du sud), op.388.  Marie-Josèphe Jude, piano.  François-Marie Drieux, violon.  Orchestre Poitou-Charente, dir. Jean-François Heisser.  Mirare : MIR 133.  TT : 55'26.

Idée originale que de rapprocher le Concerto de chambre de Berg et des valses de Johann Strauss dans la transcription qu'en ont réalisée Schönberg et Webern ; deux univers a priori si éloignés, qui ont cependant en commun d'illustrer l'effervescence musicale qui parcourt Vienne au début du XXe siècle.  Le Kammerkonzert d'Alban Berg (1925), dédié à l'ami vénéré Schönberg pour son 50e anniversaire, propose un ingénieux travail de composition basé sur le chiffre trois, « une ordonnance ternaire des éléments » selon l'auteur, associant ainsi trois familles instrumentales, le piano, le violon et un ensemble de vents, trois mouvements enchaînés, l'anagramme musical de la première lettre du nom des trois musiciens de l'École de Vienne, etc.  Son caractère chambriste proclamé n'est en rien un facteur d'accessibilité : la texture d'une formation uniquement composée de vents, pour favoriser plus de transparence que ne l'autoriserait un orchestre symphonique complet, n'en diminue pas moins la complexité.  L'écriture n'est pas celle d'un simple concerto, car les « solistes » sont appelés à faire preuve, l'un et l'autre, de discrétion dans les deux premières parties avant d'être réunis au finale.  Le piano se mesure aux vents dans le thema scherzoso et ses variations, puis c'est au tour du violon durant l'adagio dont la mélodie hautement expressive, à la tonalité comme suspendue, laisse transpirer une fugace réminiscence de Wozzeck.  La frénésie du duo des solistes dans la cadence qui introduit le rondo ritmico final affirme encore l'originalité et même le « côté ludique » que souligne Théodor W. Adorno dans sa perspicace analyse de l'œuvre.  La valeureuse interprétation des musiciens de l'Orchestre Poitou-Charente montre combien la pièce déploie d'exigences pour les vents, les cuivres tout particulièrement.  Les deux valses de Strauss forment un contraste appuyé.  Mais on se laisse vite emporter par ces tourbillons rythmiques qui dépassent de loin leur adjectif de léger, et une belle scansion, même si l’on eût aimé plus d'abandon viennois.  Quelle curieuse idée au demeurant de remplacer l'harmonium par un accordéon...

 

 

William WALTON : Belshazzar's Feast, cantate sur un livret d’Osbert Sitwell.  Symphonie n°1 en sib mineur.  Peter Coleman-Wright, baryton.  London Symphony Chorus, London Symphony Orchestra, dir. Sir Colin Davis.  LSO Live : LSO0681.  TT : 80'17.

Sir William Walton (1902-1983) s'impose en Angleterre dans les années 1930, aux côtés de ses aînés Edward Elgar et Vaughan Williams, comme un grand maître symphoniste.  Son modernisme le fera même taxer d’« enfant terrible de la musique anglaise ».  La cantate « Le festin de Balthazar » est le fruit d'une commande de la BBC, honorée en 1931.  Tiré des récits bibliques, le sujet en est le banquet offert par le roi Balthazar à ses dignitaires, marqué par les excès de l'adoration païenne qui conduiront le monarque à sa fin et scelleront la chute de Babylone.  Le thème avait déjà inspiré à Haendel son oratorio Belshazzar.  Les trois courtes parties qui le composent en font, selon l'auteur, moins un oratorio qu'une symphonie chorale.  Elle réclame des moyens imposants dont un grand orchestre rehaussé de deux sections supplémentaires de cuivres, un chœur mixte et un soliste.  Walton y introduit des instruments originaux à la percussion tels que le fouet et le wood-block.  L'orchestration est ample et brillante, et la partie chorale emplie de ferveur, depuis la lamentation introductive jusqu’à l'hymne de louange marquant les pages finales d'un joyeux tumulte.  Magistralement écrite, la partie soliste se voit offrir plusieurs interventions a cappella.  La Symphonie n°1 (1931-1935) présente une maîtrise encore plus saisissante.  L'influence de Sibelius, qui tant impressionnait les musiciens anglais de l'époque, est perceptible quoique Walton l'assimile à son propre langage.  Ainsi du rythme insistant, d'abord effleuré, qui va s'amplifiant et devient scansion impérieuse sur une pédale de longues notes tenues, du recours aux harmonies dissonantes, de l'art d'installer un climat d'une puissance inquiétante traversé de vastes phrases lyriques.  La tension souvent irrésistible la parcourant reste la caractéristique majeure de cette longue composition.  Elle offrira encore, dans sa partie médiane, un paysage heurté, sorte de bacchanale presque agressive (scherzo : presto, con malizia) puis expression d'une passion intense presque véhémente (andante con malincolia).  Qui mieux que Sir Colin Davis peut aujourd'hui donner vie à ces pages d'un savoir-faire orchestral peu commun ? Et est-il orchestre mieux équipé que LSO pour en révéler la rare plasticité ?

 

Jean-Pierre Robert.

 

Gustav MAHLER : Des Knaben Wunderhorn.  Sarah Connoly.  Dietrich Henschel.  Orchestre des Champs-Élysées, dir. Philippe Herreweghe. Harmonia Mundi : HMX2901920.  TT : 63’19.

Assurément une version de référence que cet enregistrement de lieder tirés du Knaben Wunderhorn, recueil de mélodies populaires collectées par Achim von Armin et Clemens Brentano, publié en 1805 et 1808 à Heidelberg.  Découverts par Gustav Mahler probablement vers 1887, ces poèmes lui servirent de source d’inspiration, comme une pierre brute qu’il polissait, pour l’adapter à ces besoins, lieder séparés ou intégrés dans ses quatre premières symphonies.  Ces lieder, où l’on retrouve l’essentiel des thèmes mahlériens, expriment tour à tour l’éveil des sentiments amoureux, le combat, la guerre, l’héroïsme, la mort.  Différents climats, souvent en demi-teinte, parfaitement rendus par Philippe Herreweghe, Sarah Connoly et Dietrich Henschel.

 

 

György KURTAG / Johann Sebastian BACH : Play with infinity.  Jean-Sébastien Dureau & Vincent Planès (piano).  Hortus : 082.  TT : 50’10.

Heureuse idée que cette juxtaposition d’œuvres de Kurtág (Játélok & Atiratok) et de Bach, une mise en miroir tout à fait étrange, singulière et pertinente, car les transcriptions des chorals de Bach sont de la main de Kurtág lui-même.  Un disque qui sonne magnifiquement où Bach prend des accents délicieusement inquiétants qui interrogent l’universel et l’infini du geste créateur, au-delà de toute référence temporelle et stylistique.  La complicité et le talent indéniables de Jean-Sébastien Dureau et de Vincent Planès font de ce disque une indiscutable réussite, originale qui plus est !

 

 

Mauricio KAGEL : L’œuvre pour violoncelle.  Ensemble Nomos.  Hérisson Productions : LH06.  TT : 65’06.

Mauricio Kagel est, à n’en pas douter, une des figures importantes de la création musicale contemporaine, né à Buenos Aires en 1931, il s’installera dès 1957 en Allemagne et mourut à Cologne en 2008.  Compositeur, chef d’orchestre & metteur en scène, sa musique reflète en permanence l’homme de théâtre qu’il fut, de bout en bout, dans sa musique instrumentale, cherchant à mêler « musique absolue et dramaturgie sans action ».  Établissant en permanence  un pont entre modernité et tradition, il développa le concept de « tonalité sérielle » préférant l’émancipation de la consonance à l’émancipation de la dissonance, chère à Schönberg.  Ce disque présente l’intégralité de son œuvre pour violoncelle, menant l’instrument aux ultimes limites de ses possibilités, magistralement interprétée par l’ensemble Nomos.  Une musique surprenante qui nous interroge par ses sens cachés, mais nous envoûte au fil des différentes écoutes.  À découvrir !

 

 

MOZART & BEETHOVEN : Sonates pour pianoforte & violonRémy Cardinale (pianoforte).  Hélène Schmitt (violon).  Alpha (www.alpha-prod.com) : 177.  TT : 67’27.

Des œuvres qui marquent la naissance de la sonate moderne pour pianoforte & violon, qu’il s’agisse des Sonate KV 380 (1781) et Sonate KV 454 (1784) de Mozart, ou de la Première Sonate op.12 (1798) de Beethoven.  Des compositeurs assurés de leur jeunesse et de leur génie, le développement du pianoforte qui supplante peu à peu le clavecin, de nouvelles sonorités qui ouvrent d’autres perspectives qui conduiront à nouvelle conception du discours entre les deux instruments, véritable dialogue, basé sur une égalité non galante et sur une certaine complicité.  Une belle interprétation de ces trois sonates où l’on regrettera, toutefois, une certaine lourdeur du violon (Nicolo Gagliano, 1760) et un manque de cantabile dans le phrasé, particulièrement dans la Sonate KV 380, mais ne boudons pas notre plaisir, un disque qu’il faut absolument écouter.

 

 

AUBER (1782-1871) : Gustave III ou le Bal masquéOrchestre lyrique français & Ensemble vocal Intermezzo, dir. Michel Swierczewski.  3CDs Arion : ARN 348220.  TT : 70’52 + 44’56 + 44’58.

Un coffret de 3CDs qui, outre sa valeur musicale, a valeur de document.  Un remarquable enregistrement live datant de 1991, plein de charme, qui nous donne à entendre cette œuvre, injustement reléguée au rang de curiosité par l’œuvre éponyme de Verdi composée plus d’une vingtaine d’années plus tard (1859).  L’opéra Gustave III de Daniel-François-Esprit Auber, sur un livret de Scribe, fut créé à Paris le 27 février 1833 avec un succès certain, par le prestigieux Orchestre de l’Opéra.  Œuvre emblématique du grand opéra français, associant sensations fortes et grand spectacle, sans dramaturgie excessive, il impressionna, également, par sa production pharaonique nécessitant quelque 300 personnes pour le bal et 122 danseurs pour le célèbre galop du cinquième acte.  La comparaison avec l’opéra de Verdi est, bien sûr, inévitable ; les deux ouvrages reflètent, dans une perspective inverse, un choix esthétique différent : fresque sociologique et portrait d’un monarque éclairé pour Auber, passion meurtrière des sentiments chez Verdi (rappelons à cette occasion, l’excellente analyse de Gilles de Van dans L’opéra en France et en Italie publié sous la direction d’Hervé Lacombe, Société française de musicologie, Paris, 2000, distribué par Symétrie, www.symetrie.com).  Musicalement sans faille.

 

 

Art of clarinet.  Pièces de Debussy, Mantovani, Pierné, Poulenc, Rossini, Saint-Saëns, Widor.  Philippe Berrod, clarinette.  Indésens : INDE 030.  TT : 67’14.

Des œuvres indiscutables du répertoire pour clarinette, essentiellement puisées chez des compositeurs du XXe siècle, à l’exception d’Introduction, thème et variations de Rossini et de Trait d’union de Bruno Mantovani, dont c’est ici le premier enregistrement mondial.  Un disque qui permet de juger de l’extraordinaire expressivité de l’instrument dans tous les registres, en solo ou associé au piano.  Une interprétation, en tous points remarquable, avec une mention particulière pour la composition de Bruno Mantovani, créée en 2009, époustouflante de virtuosité, dont Philippe Berrod est le dédicataire.

 

 

Solo Migration.  Œuvres d’Enescu, Ysaÿe, Martinon, Honegger, Stravinski, Milhaud, Jolivet, Taïra, Xenakis.  Eiichi Chijiiwa, violon.  Indésens : INDE 026.  TT : 68’20.

Regrouper des œuvres autour du métissage, du partage des cultures, voilà qui est ici musicalement réussi.  Un très beau voyage à travers les compositions très variées, pour violon solo, d’Enescu, Ysaÿe, Honegger, Stravinski, Milhaud, Jolivet, Taïra, Xenakis, avec plusieurs premières mondiales au disque (Airs dans le genre roumain et Sarabande d’Enescu, Convergences III de Taïra).  Magnifique interprétation d’Eiichi Chijiiwa qui parvient à tirer de son violon (Omobono Stradivari « Freiche », 1740) toutes les possibilités techniques et des sonorités merveilleusement adaptées.  Original et talentueux.

 

 

Bruno MANTOVANI : Concerto pour deux altos.  Time Strecht.  Finale. Orchestre philharmonique royal de Liège, dir. Pascal Rophé.  Tabea Zimmerman & Antoine Tamestit, altos.  Aeon : AECD 1102.  TT : 69’31.

Au-delà du questionnement sur la forme du concerto, sur la dialectique entre instruments solistes et orchestre, sur les sources de la création, sur la cohérence musicale existant entre ces trois œuvres composées entre 2005 et 2008, Bruno Mantovani nous livre ici une musique effrayante, tendue, mystérieuse, virtuose, faite de ruptures et de brisures, tant au niveau du rythme que de la sonorité, vision apocalyptique d’où émergent des moments de grâce.  Une musique d’un abord certes difficile mais qui se laisse apprivoiser au fil d’écoutes répétées, laissant place à un envoûtement d’une sublime et étrange beauté.

 

Patrice Imbaud.

 

Historia Sancti Martini.  Aeon (stephanie@outhere-music.com) : AECD 1103.  TT : 60’.

Saint Martin, le futur évêque de Tours, né vers vers 316, mort le 8 novembre 397, est généralement fêté aux alentours du 11 novembre.  Ce CD permet de découvrir le Grand Office solennel de la Saint-Martin d’hiver, à la basilique éponyme de Tours, au XIIIe siècle. L’ensemble Diabolus in musica, dirigé par Antoine Guerber, propose une sélection de plain-chant et polyphonies.  Les formes représentées sont typiques de l’Ars Antiqua : rondeaux et conduits entrecoupés de répons.  Le déplacement de la Procession est marqué par deux rondeaux et un conduit, et se termine par l’invitatoire Martinus ecce migrat.  Les trois Nocturnes comprennent les répons relatant l’histoire du saint qui s’en va, et qu’il faut louer par un psaume et la doxologie ; font allusion à Martin qui savait d’avance qu’il allait mourir... mais qui ne refuse pas la tâche ; puis à l’évêque qui, à 80 ans, a quitté ce siècle, a été un prélat de notre temps.  L’office se termine par le Te Deum laudamus.  Les 6 voix d’hommes si prenantes proposent une version très présente et fidèle à la tradition.  Les amateurs de musique médiévale ne seront pas déçus.

 

 

Hildebrandston.  Arcana (stephanie@outhere-music.com) : A348.  TT : 59’20.

Ce disque est sous-titré : Chansonniers allemands du XVe siècle.  Le Ferrara Ensemble (dir. Cr. Young, également luth et archiluth), comprend 4 voix et des instruments anciens.  Il s’efforce de restituer, pour nos oreilles modernes, le paysage sonore médiéval.  Les chants proviennent, entre autres, du recueil (Liederbuch) strasbourgeois de P. Schöffer et M. Apiarius (1536).  Les étudiants colportaient les répertoires appris à l’étranger.  La chanson de Hildebrand, liée au Nibelungenlied, évoque son combat avec son fils.  Les chants sont aussi associés à Tannhäuser.  Les thèmes sont lyriques (Der Wald hat sich entlaubet), épiques, narratifs, historiques (In gotts namen fahren wir, chant de croisade), et religieux.  Les poèmes souvent improvisés sont transmis oralement.  Les instruments d’outre-Rhin étaient réputés ; les pièces instrumentales (danses), destinées au cadre privé.  La sélection de 24 chansons en allemand - sauf Puer natus est - évoque notamment le frère Konrard, un château en Autriche… et reprend aussi des chorals tels que Christ ist erstanden (Pâques), Nun bitten wir den heilgen geist (Pentecôte).  Les danses instrumentales sont bien enlevées.  Un régal pour l’oreille.

 

 

GALLUS, HASSLER & SCHEIN.  Ensemble vocal Thios Omilos.  Rondeau (mail@rondeau.de) : ROP 6041.  TT : 54’59.

Ce quintette vocal, formé de 5 jeunes chanteurs, s’impose déjà avec son premier CD.  Spécialisé dans la musique vocale religieuse et profane, de la Renaissance à l’époque moderne, il propose un programme en or pour trois temps liturgiques : Noël, Pâques et Ascension.  Très contrasté, il confronte tradition et modernité avec des œuvres de Jacobus Gallus (Händl, 1550-1591), entre autres cantor à Prague ; la Missa dixit Maria de Hans Leo Hassler (1564-1612), l’un des premiers musiciens allemands ayant séjourné à Venise, organiste de chambre à la cour de Dresde ; et Johann Hermann Schein (1586-1630), à 13 ans, enfant de chœur à la chapelle de la cour de Dresde, réputé par son Cantional (recueil de chorals pour la Confession d’Augsbourg, 1637).  Toutes ces pièces latines et allemandes sont indissociables d’un cadre liturgique.  L’ensemble se termine par un chant de joie : Laetentur coeli et exultet terra (Hassler).  L’ensemble Thios Omilos a signé un premier disque si prometteur que les discophiles attendent le suivant avec impatience…

 

 

BACH an drei Orgeln der Marktkirche Hannover.  Rondeau (mail@rondeau.de) : ROP 6046.  TT : 69’40.

Ce CD paraît dans le cadre d’un « Cycle intégral Bach ».  Il a le mérite de faire entendre des œuvres interprétées par Ulfert Smidt sur les trois orgues de l’église du Marché à Hanovre : l’orgue italien, le Chorensemble Orgel et le grand orgue.  Le programme comprend des formes typiquement organistiques : la Toccata & fugue en fa majeur (BWV 540), la Fantaisie en do majeur (BWV 570), la Pièce d’orgue en sol majeur (BWV 72), la Sonate en mi mineur (BWV 528), le Prélude en do majeur (BWV 943) bien enlevés, mettant particulièrement en valeur la haute technicité et la virtuosité de l’organiste titulaire. Un choix judicieux de trois Chorals, extraits de la collection « Neumeister » pour le temps de la Passion, et de trois Chorals de Leipzig - dont celui, très développé, pour la communion : Schmücke dich, o liebe Seele - illustre les nombreuses possibilités de registration de ces trois orgues complémentaires de facture spécifique permettant de traduire divers états d’âme ou de recréer l’atmosphère méditative et intériorisée.  Tous les amis et connaisseurs de J. S. Bach s’y retrouveront.

 

 

Récital de piano Élizabeth Herbin.  VDE-Gallo (rue de l’Ale, 31.  CH-1003 Lausanne.  info@vdegallo.ch) : CD 1312.  TT : 54’.

Olivier Buttex et les disques Gallo ont, entre autres, le mérite de promouvoir de jeunes pianistes.  Élève de Vl. Perlemuter au CNSM de Paris, où elle est entrée à 11 ans, Élizabeth Herbin est aussi, entre autres, disciple de N. Magaloff et d’A. Ciccolini.  Elle enseigne au Conservatoire J.-Ph. Rameau (Paris) et donne des masterclasses au Canada, au Japon, en Pologne et en Chine.  Elle a sélectionné la Sonate en sib majeur, D. 960 de Fr. Schubert (1797-1828).  Aucun traquenard technique ne lui résiste (accords répétés, mise en valeur de la ligne mélodique, indépendance totale des mains).  Elle recrée à merveille l’atmosphère méditative et le caractère fervent de l’Andante sostenuto, contrastant avec la limpidité du Scherzo (Allegro vivace con delicatezza), suivi du seul mouvement forte : Allegro ma non troppo, se faisant plus discret vers la fin.  Quant à l’œuvre de Fr. Liszt (1811-1886) : Après une lecture du Dante (d’après V. Hugo), É. Herbin rend cette œuvre à la fois mystique et sublime.  Wilhelm Kempf n’avait-il pas raison en affirmant : « Élisabeth Herbin est un talent musical exceptionnel, son jeu est d’une grande et personnelle puissance d’expression » ?  Disque très attachant bénéficiant aussi d’un livret quadrilingue très bien conçu.

 

 

BRAHMS : Sonate n°2.  Scherzo, op. 4.  Ballades, op. 10.  VDE-Gallo (info@vdegallo.ch) : CD 1203.  TT : 60’.

Éric Le Van, pianiste américain, a étudié à la Musik-Akademie de Bâle, mais apparaît comme un autodidacte.  Il s’est spécialisé dans l’interprétation de l’œuvre pianistique de J. Brahms et assume une carrière internationale.  Il interprète d’abord la 2e Sonate en fa# mineur qui s’impose par le choix des tempi, la conduite mélodique, les sonorités prenantes, contrastant avec la percussivité du piano Steinway.  Il fait preuve d’une virtuosité et d’une fougue extrêmes dans le Scherzo en mi mineur, op. 4.  Enfin, dans les Quatre Ballades, op. 10 : place à l’expressivité et à l’émotion intenses.  Décidément, Éric Le Van s’affirme comme le spécialiste de Brahms mondialement reconnu.

 

 

Trio Artemis.  VDE-Gallo (info@vdegallo.ch) : CD 1301.  TT : 52’.

Le Trio Artemis (violon, violoncelle et piano), formé à Zurich, propose un choix de pièces à succès et d’arrangements, allant de Bach (l’Air de la Suite pour orchestre n°3) à Andrew Lloyd Webber (°1948) (Theme Song).  Les discophiles reconnaîtront, par exemple : Alla Turca (Mozart) bien enlevé, Die Forelle (La Truite, Schubert) interprété tout en finesse, Rondo all’Ongarese (Haydn)… jusqu’aux deux Berceuses (Brahms et Fauré), à la Pavane pour une infante défunte (Ravel), très expressive, ou encore à Somewhere, extrait de West Side Story (Bernstein), si lyrique.  K. Hesse, B. Macher et F. Strack forment une merveilleuse équipe.

 

 

Trio Éléonore.  VDE-Gallo (info@vdegallo.ch) : CD 1309.  TT : 68’07.

Ce trio réunit la clarinette (A. Kolodny), le violoncelle (Mi-Kyung Friedli-Kim) & le piano (I. Venturieri), formation rare et exceptionnelle association de timbres qui font découvrir des musiciens rarement enregistrés : Mikhaïl Glinka, Louise Farrenc, Joachim Stutschewsky, Nino Rota et Astor Piazzolla.  Outre les Trios de facture traditionnelle en 4 (ou respectivement 3) mouvements, figurent encore Kaddish pour violoncelle et piano (J. Stutschewsky), Oblivion (A. Piazzolla).  L’ensemble s’impose, tour à tour, par sa musicalité, sa virtuosité, mais aussi son sens du rythme et de la mélodie.  Pour discophiles curieux.

 

 

Wanda LANDOWSKA : Le Temple de la Musique ancienne.  Saint-Leu-la-ForêtJ. S. Bach.  Paradizo : PA0009.  TT : 73’40 + DVD-Rom (150 images).

Pour toute une génération d’interprètes, Wanda Landowska a été une référence.  Cet enregistrement remasterisé est accompagné d’un excellent texte de présentation décrivant tout d’abord son auditorium à Saint-Leu-la-Forêt, centre particulièrement important pour l’histoire des concerts et l’enseignement, depuis son inauguration en 1927.  Elle l’a appelé « Temple de la Musique ancienne », où ses activités pédagogiques et discographiques ont été considérables.  Le présent enregistrement propose un programme éclectique, avec les grandes œuvres de J. S. Bach : Concerto italien, Toccata en ré majeur, Fantaisie chromatique et Fugue, ainsi que 3 Petits Préludes, la Suite en la mineur ou encore la Partita en sib majeur. Leçon de style et document historique incontournables, ayant leur place dans toute discographie clavecinistique.

 

 

George Frideric HAENDEL : Suites for Harpsichord, vol. 1. 2CDs Divine Art (www.divine-art.co.uk) : DDA 21219.  TT : 74’57 + 71’34.

Gilbert Rowland, né en 1946 à Glasgow, a été l’élève en clavecin de Milicent Sliver et de Kenneth Gilbert, notamment.  Concertiste international, il a aussi enregistré, entre autres, des œuvres de D. Scarlatti, du Padre Soler… Il a entrepris une intégrale des Suites de clavecin de G. Fr. Haendel (1685-1759). Le volume 1 en comporte huit, reposant sur des mouvements issus de la danse : Allemande, Courante, Sarabande, Gigue, Gavotte…  Le 2e CD comprend notamment la Suite en mi majeur (HWV 430), se terminant par le célèbre Air de L’harmonieux forgeron, avec ses 5 Variations de difficulté progressive et bien enlevées (tempi, jeu perlé, transparence), tout comme la Chaconne et 49 Variations, 6e mouvement de la Suite en do majeur (HWV 443), servant de conclusion au 1er CD.  Au total, plus de deux heures d’audition diversifiée par l’alternance des mouvements : une vraie prouesse technique.

 

Édith Weber.

 

DVD

Silvesterkonzert 2010.  Berliner Philharmoniker, dir. Gustavo Dudamel.  Elīna Garanča, mezzo-soprano.  DG : 004400734631.  TT : 90’.

Un enregistrement festif pour célébrer la Saint-Sylvestre 2010, un chef pétillant et un programme franco-espagnol qui ne l’est pas moins, associant Berlioz (Damnation de Faust), Saint-Saëns (Samson et Dalila), Bizet (Carmen), Falla (El sombrero de tres picos)...  Programme centré sur les femmes, séductrices, diablesses, fantômes, magnifiquement interprétées par Elīna Garanča.  Une soirée faite de complicité et de clins d’œil - n’excluant pas la qualité musicale.  À consommer sans modération.

 

Patrice Imbaud.

 

Cole PORTER (Music & lyrics by) : Kiss me, Kate.  1958, Showcase Productions, Inc.  2010, VAI (www.vaimusic.com) : DVD 4535.  Alfred Drake : Fred Graham (Petruchio).  Patricia Morison : Lilli Vanessi (Kate).  Direction musicale : Franz Allers.  Non sous-titré.  TT : 78’.

Théâtre dans le théâtre, cette comédie met en scène les acteurs d’un musical de Broadway : Fred Graham & Lilli Vanessi, naguère mari et femme, se retrouvent aujourd’hui opposés, sur une scène de Broadway, dans les rôles de Petruchio et de Kate.  Cette comédie musicale fut créée à Broadway en 1948, puis filmée par la MGM en 1953.  Le présent DVD présente la version diffusée à la télévision le 20 novembre 1958.  Merci à la firme VAI d’avoir enfin restauré ce kitschissime joyau de « the Golden Age of Television ».

 

Francis Gérimont.

 

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