www.leducation-musicale.com
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mars-avril 2010
n° 565
|

janvier-février 2010
n° 564
|

novembre-décembre 2009
n° 563
|
Sommaire :
1. Editorial
2. Sommaire du n°565
3. Informations générales
4. Varia
5. Manifestations et concerts
6. Recensions de spectacles et concerts
7. Annonces de spectacles
8. L'édition musicale
9. Bibliographie
10. CDs et DVDs
11. La vie de L’éducation musicale
Abonnez-vous à L'éducation musicale
et recevez 3 dossiers gratuits
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Musique & Art royal
Pour le public un franc-maçon
Sera toujours un vrai problème
Qu'il ne sauroit résoudre à fond,
Qu'en devenant maçon lui-même.
(F Ricaut, 1737)
Membres de l’Ordre aussi bien que « profanes » -
mais tous également versés dans la chose musicale – nous apportent ici de
toutes nouvelles lumières sur un sujet qui, depuis le XVIIIe siècle,
aura suscité mille et un fantasmes. Qui ne se réjouirait, du reste, d’une
telle ouverture au monde - que ne contredit plus désormais l’humain trop humain
désir de rester entre soi ?
L’université demeura toujours, quant à elle, fort réservée
sur le sujet. Du moins jusqu’à ce que le professeur Jacques Chailley en vienne
à s’interroger sur la richesse symbolique de La Flûte, puis à s’aviser du quasi-décalque, dans le livret de Parsifal, du rituel d’un haut grade
de la maçonnerie écossaise, celui de Chevalier Rose-Croix.
Domaines en vérité si vastes que l’on ne saurait espérer les
parcourir, fût-ce sommairement… N’a-t-on pu ainsi avancer que - dans la
France des Lumières - il eût été plus aisé d’établir la liste des musiciens qui
n’étaient pas francs-maçons que celle des « frères à talent », comme on
disait alors ? En témoignent éloquemment de nombreux tableaux de loges –
tels que ceux des Neuf Sœurs (36 musiciens),
de la Société Olympique (66 musiciens)
ou de Saint-Jean d’Écosse du Contrat social (97 musiciens).
Francis B. Cousté.
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Haut
Une preuve du symbolisme numérique chez Johann Sebastian
Bach :
le contrepoint XIV de l’Art de la fugue
David Lamaze
***
Così fan tutte ou le théâtre d’amour
Jean-Pierre Robert
Dossier :
« Musique et franc-maçonnerie »
De l’ego à l’égrégore
Patrice Imbaud
Le frère Mozart
Gérard Moindrot
Liszt et la franc-maçonnerie
Bruno Moysan
Un grand compositeur franc-maçon : Sibelius
Pierre-François
Pinaud
Regards sur la franc-maçonnerie
à travers ses chansons
Jean-Pierre Bouyer
Art lyrique et franc-maçonnerie
Bernard Muracciole
Présence de la musique en loge :
la Colonne d’harmonie
Pierre-François
Pinaud
Marguerite Canal, compositrice
Alexis Galpérine
L’Orchestre national d’Île-de-France
Entretien avec Yoel Levi
Sylviane Falcinelli
La grille d’Hélène Jarry
***
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Haut
BOEN n°5 du 4 février 2010. Propriété intellectuelle :
Accord sur l'interprétation vivante d'œuvres musicales, l'utilisation
d'enregistrements sonores d'œuvres musicales et l'utilisation de vidéo-musiques
à des fins d'illustration des activités d'enseignement et de recherche.
Renseignements : www.education.gouv.fr/cid50450/menj0901121x.html
Le Bulletin officiel de l’Éducation nationale est
librement consultable sur :
www.education.gouv.fr/pid285/le-bulletin-officiel.html
Organe officiel du Vatican, l’Osservatore Romano a bien
voulu dévoiler pour nous, pauvres pécheurs, la liste des 10 albums rock
préférés du Saint-Père :
- Revolver (The Beatles)
- If I could only remember my name (David Crosby)
- The dark side of the moon (Pink Floyd)
- Rumours (Fleetwood Mac)
- The nightfly (Donald Fagen)
- Thriller (Michael
Jackson)
- Graceland (Paul
Simon)
- Achtung baby (U2)
- Morning
glory (Oasis)
- Supernatural (Carlos Santana).
Réception de William
Christie sous la Coupole. Le célèbre claveciniste, chef d’orchestre & créateur des
Arts florissants était installé, le mercredi 27 janvier 2010, par Hugues
R. Gall, à l’Académie des beaux-arts, au fauteuil de Marcel Marceau.
Écouter
l’intégralité de la cérémonie sur :
www.canalacademie.com/Reception-de-William-Christie-a-l.html
William Christie ©DR
« Federation of Music Services »
(FMS). Bénéfices
de la pratique musicale à l’école (outre-Manche, of course)… Cependant que, de ce côté-ci du Channel, toute forme de
pratique est en voie de disparition - au bénéfice, certes, d’une ravissante
Histoire des arts…
Consulter : www.thefms.org ou : www.thefms.org/wp-content/uploads/2010/02/iawo-complete-and-final-rosis-amendments270110.pdf
©DR
Journées
professionnelles.
Le vendredi 12 mars, de
9h
à
18h,
à l’Ensatt de Lyon : « Intermédialité dans le spectacle vivant, virage ». Le
samedi 13 mars, de
9h
à
18h30,
à l’Enba de Lyon : « Composer aujourd’hui, tour d’ivoire ou tour
de contrôle ? ». Entrée libre sur réservation.
Ensatt :
05 63 54 51 75
. biennale@grame.fr Enba :
01 77 32 23 19
. contact@futurscomposes.com
« Chopin à
Paris, l’atelier du compositeur ». Cette exposition se tiendra, à la Cité de la
musique, du 9 mars au
6 juin 2010
. Commissaires :
Jean-Jacques Eigeldinger, Thierry Maniquet & Cécile Reynaud.
Concerts, visites pour les enfants, lectures…
Renseignements : 221,
avenue Jean-Jaurès, Paris XIXe. Tél. :
01 44 84
44 84
. www.citedelamusique.fr
Fr. Chopin, 1849 (plume & lavis) ©BnF
« Composer
aujourd’hui : tour d’ivoire ou tour de contrôle ? » C’est à l’École nationale
supérieure des beaux-arts de Lyon que se tiendra, le samedi
13 mars 2010
, de
9h00
à
18h30,
cette Journée de rencontres,
échanges & débats avec quelque vingt-cinq professionnels du spectacle
vivant. Matin : « La
composition est-elle partageable ? » (La musique sur un
plateau / Les spécialistes derrière les fourneaux).
Après-midi : « La composition
est-elle transmissible ? » (Devenir compositeur / Transmettre
la musique).
Renseignements : 8, quai Saint-Vincent,
69001
Lyon. Tél. :
04 72 00
11 71
. www.futurscomposes.com
Centre de formation
de musiciens intervenants de l’Université de Provence : Les épreuves du test d’entrée se
dérouleront dans les locaux du CFMI, du lundi 7 au vendredi
11 juin 2010
(inscriptions prises jusqu’au 5 mai
2010).
Renseignements : 29, avenue Robert-Schuman,
13621
Aix-en-Provence Cedex 01.
Tél. :
04 42 95 32 40
. www.cfmiprovence.com
Concours de piano
Claude Kahn 2010. Le
concert des lauréats de ce prestigieux concours se déroulera à Paris, Salle
Gaveau, le dimanche
28 mars 2010
, à 15h. Claude Kahn [notre
photo] donnera, quant à lui, trois récitals à l’Espace Georges-Bernanos (4, rue
du Havre, Paris IXe) : les vendredi 12 mars (12h45), vendredi
19 mars (12h30) et mercredi 24 mars (17h). Œuvres de Mozart, Chopin,
Schumann, Brahms, Fauré, Debussy.
Renseignements :
04 93 63
53 63
. www.claudekahn.info
©DR
« Diagonales :
son, vibration & musique ». Organisée par le Centre national des arts
plastiques, cette manifestation rassemble - jusqu’au
31
janvier 2011
- vingt lieux d’art contemporain (dans dix régions de France ainsi qu’en
Belgique et au Luxembourg) autour d’une problématique commune : « Place du son et de la musique dans la
création plastique », à travers une sélection d’œuvres, de 1960 à nos
jours. Figures de Max Neuhaus, John Cage, Bernard Heidsieck,
John Giorno, Henri Chopin, Steven Parrino, Christian Marclay, Bernhard Leitner,
Céleste Boursier-Mougenot, Pascal Broccolichi…
Renseignements : CNAP – Tour Atlantique,
92911
Paris-La Défense.
Tél. :
01 46 93 99 50
. www.cnap.fr
« L’éducation prise pour
cible, 2010 ». Où l’on voit l’Unesco enfin s’alarmer de la multiplication des attaques
- pour motifs politiques ou idéologiques - contre professeurs et/ou élèves…
Portant souvent la marque de groupes armés rebelles - quand ce n’est pas
d’armées régulières -, de tels actes ont été enregistrés, sur deux ans, dans au
moins 32 pays. La question des enfants soldats – ils seraient aujourd’hui
quelque
250 000
dans le monde – est aussi abordée. Étude
accompagnée d’une contribution intitulée : « Protéger l’éducation des
attaques : un état des lieux ».
Rapports disponibles (en anglais)
sur :
http://unesdoc.unesco.org/images/0018/001868/186809e.pdf
http://unesdoc.unesco.org/images/0018/001867/186732e.pdf
« Around
Us », 20th IAMA International Conference. Ce XXe Congrès de l’International Artist Managers’ Association (seule association mondiale pour le management des artistes de musique classique) se tiendra à Paris, Cité de la musique,
du 22 au
24 avril 2010
.
Renseignements :
+44 (0)20 7379 7336
. www.iamaworld.com/179
Prix 2009 de l’Académie
des Beaux-Arts.
Prix de « Composition musicale » : Tristan Murail. Prix
Pierre Cardin de « Composition musicale » : Raphaël Cendo.
Prix Liliane Bettencourt de « Chant choral » : Ensemble vocal
Aedes. Prix René Dumesnil de « Composition musicale » :
Ivo Malec. Prix d’« Orgue Jean-Louis Florentz » :
Louis-Noël Bestion de Camboulas. Prix André Caplet de « Composition
musicale » : Benjamin de la Fuente. Prix de « Musique » :
Aurélienne Brauner, David Guerrier, Antoine Tamestit & Karen Vourc’h.
Prix Bernier : Gérard Condé pour son ouvrage Charles Gounod (Fayard). Prix Kastner-Boursault : André
Lischke pour sa traduction, présentation & annotation de Chronique de ma vie musicale de Nicolaï
Rimski-Korsakov (Fayard). Renseignements : 23, quai de
Conti, Paris VIe. www.academie-des-beaux-arts.fr
Fondation de
l’Académie royale de Musique, Lettres patentes (1669)
***
Haut
« Lili Marleen » ou l’histoire (d’)étonnante d’une
chanson aussi célèbre que méconnue… Jean-Pierre Guéno nous conte ici les
avatars d’une mélodie créée en 1937 puis enregistrée en 1938 – sans succès -
par Lale Anderson (1905-1972), avant d’être enregistrée, aux États-Unis, par
Marlène Dietrich.
À écouter sur : www.canalacademie.com/Lili-Marleen-ou-l-histoire-d.html
©DR
Erró, 50 ans de
collages : Jusqu’au
24 mai 2010
, la Galerie d’art graphique du
Centre Pompidou rend hommage au grand artiste islandais Erró. Cinq
thèmes : Mécacollages, Conquêtes, Politique, Arts, Comics.
Renseignements :
01 44 78 12 33
. www.centrepompidou.fr
Rock and Role ©Adagp,
Paris 2010
« Le Livre
d’orgue de Monsieur Rameau » aux Éditions du Chant du Monde : pièces extraites de ses opéras
& adaptées pour orgue ou clavecin par Yves Rechsteiner (3 volumes,
préface détaillée en français et en anglais). Enregistrement par la firme
Alpha.
Consulter le lien : www.youtube.com/watch?v=uhDahOERjjY
©DR
Grammy Awards 2010. À Los Angeles, le groupe
versaillais Phoenix a remporté le Prix du meilleur album de musique
alternative/rock avec son album Wolfgang
Amadeus Phoenix et le DJ parisien David Guetta [notre photo], celui du
meilleur remix/électro avec son album One
love.
American Psycho, the Musical ! Déjà compositeur de Spring Awakening, Duncan Sheik travaille
à la transposition en comédie musicale de l’horrifique roman de Brett Easton
Ellis, best-seller absolu de la littérature noire américaine, qui relate les
crimes de Patrick Bateman, flamboyant golden
boy de Wall Street. « Qu’a–t-il de plus subversif et amusant qu'un banquier
meurtrier qui se met soudainement à chanter ? » demande le
compositeur.
« Construire
une musique nationale : de l’hymne argentin au tango », tel est le thème
de la conférence-concert qui sera donnée, le mercredi
17 mars 2010
, à
18h30,
en la Maison de l’Amérique latine (217, bd
Saint-Germain, Paris VIIe. Tél. :
01 49 54 74 00
). Avec Esteban Buck (EHESS, Paris),
Christophe Apprill (EHESS, Marseille) & Solange Bazely (bandonéon). Séance
présidée par l’anthropologue Carmen Bernand (Paris X). Entrée
libre.
Renseignements :
06 81 24 76 98
. contact@argentinaobs.com www.argentinaobs.com
©J.F.Dray
« Laboratorio
di canto sociale » : Canti di protesta
politica e sociale. Prochaines
rencontres : 19 mars &
16
avril 2010
.
Renseignements : Biblioteca
Lame, via Marco Polo 21/13, Bologna, Italia. Tél. :
051 635 09 48
. www.ildeposito.org
Musique en 93 : http://musique.ac-creteil.fr
L’exposition
« Arnold Schönberg. Visions et regards » se tiendra, du 16
mars au
9 mai 2010
, au Musée des
Abattoirs, à Toulouse. Œuvres peintes par le compositeur : portraits
et autoportraits. Vernissage : mardi 16 mars, à partir de
18h30.
Renseignements : 76, allées Charles-de-Fitte,
31300
Toulouse. Tél. :
05 34 51 10 68
. www.lesabattoirs.org
Selbstportrait, 1910 ©DR
Tandem, « Scène de musiques actuelles
départementale », propose : Concerts pédagogiques, Sensibilisation
musicale, Rencontres artistiques & culturelles, Ateliers de pratique,
Accompagnement artistique, Formation professionnelle.
Renseignements : BP 715,
82052
Toulon Cedex. Tél. :
04 98 07
00 70
. www.tandem83.com
« Une Voiture /
Une Chanson ». Du joyeux baryton Mario Hacquard [notre photo], la collection complète est
désormais libre d’accès sur : http://hacquard.onlc.fr/11-Videos.html
©Michèle Laurent
***
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Haut
Cité de la Musique
de Marseille. Riche
est, en mars 2010, la programmation de la CMM : musiques classiques,
contemporaines, traditionnelles, du monde, jazz, musiques actuelles… Sur
trois scènes différentes.
Renseignements : www.citemusique-marseille.com
La 14e édition du Festival de l’Imaginaire se déroulera en la Maison des Cultures du Monde, du 3
mars au 25 avril 2010.
Renseignements : MCM – 101, bd
Raspail, Paris VIe. Tél. : 01 45 44 41 42. www.festivaldelimaginaire.com
Théâtre des
Bouffes-du-Nord. Lundi
8 mars, 20
h30, Andreas Staier
(clavecin) : Variations Goldberg de J.-S. Bach. Lundi
15
mars, 20
h30, Rinaldo Alessandrini
(clavecin), Laura Pontecorvo (flûte) : Sonates
pour flûte & clavecin BWV 1030 / 1032, Partita pour flûte seule BWV 1013, Fantaisie chromatique & fugue pour clavecin BWV 903, de
J.-S. Bach. Lundi
22
mars, 20
h30, Gustav Leonhardt
(clavecin) : Pièces de Johann
Jacob Froberger. Lundi
29
mars, 20
h30 : Müsennâ – Fêtes & divertissements à Istanbul au XVIIe siècle [notre photo].
Renseignements : 37bis, bd de la Chapelle, Paris Xe.
Tél. :
01 46 07 34 50
. www.bouffesdunord.com
©Gauthier Pallancher
La saison
« Prades aux Champs-Élysées » se conclura, le vendredi 12 mars,
à
20h,
par une
« Schubertiade ». Au programme : Quintette « La Truite » pour piano & cordes (D. 667), Octuor pour cordes & vents (D. 803).
Renseignements : Théâtre des
Champs-Élysées – 15, avenue Montaigne, Paris VIIIe.
Tél. :
01 49 52 50 50
. www.theatredeschampselysees.fr
©DR
L’Association Femmes
& musique, à
l’occasion de la Journée internationale
de la Femme, présente un concert, le vendredi
12
mars 2010
,
à
19h30,
au Grand Amphithéâtre de la Sorbonne. Œuvres d’Elsa
Barraine, Annick Chartreux, Graziane Finzi, Fanny Mendelssohn, Sylvie Unger…
Avec la participation, notamment, d’élèves du lycée Racine et du conservatoire
du VIIIe arrondissement.
Renseignements :
01 45 22
11 51
. http://lyc-racine.ac-paris.fr
« Varèse in focus ». Ce concert se déroulera, le
vendredi
12 mars 2010
, à
20h30,
en la Maison de la musique de
Nanterre. TM+, ensemble orchestral de musique d’aujourd’hui,
dir. Laurent Cuniot. Œuvres d’Edgar Varèse [notre photo] (Densité 21.5 / Poème
électronique / Ionisation / Octandre / Intégrales), de
François Bayle (Trois rêves d’oiseaux),
de Philippe Leroux (De la texture).
Renseignements : MMN - 8, rue des Anciennes-Mairies,
92000
Nanterre. Tél. :
01 41 37
52 18
. www.tmplus.org
Musiques de Corée au
Musée Guimet. Avec
l’ensemble Baramgo, les vendredi 12 et samedi
13
mars 2010
,
à 20h30.
Renseignements : 6, place d’Iéna, Paris XVIe.
Tél. :
01 40 73 88 18
. www.guimet.fr
« Les
Noces », scènes
chorégraphiques russes, avec chant & deux double pianos Pleyel, d’Igor Stravinsky seront données en version originale - pour la première fois depuis
leur création - à : Londres (13. III), Guebwiller (19. III),
Bussy-Lettrée (20. III), Saint-Omer (21. III), Paris (23,
24. III), Rouen (25. III). Sous la direction de Leonardo
Gasparini.
Renseignements :
01 43 40 02 10
. www.monde-france-culture.fr
Biennale
« Musique en scène ». Au CNSMD de Lyon : Ensemble orchestral contemporain,
dir. Daniel Kawka [notre photo]. Samedi
13 mars 2010
, 20h30 : Solar (pour ensemble & électronique) de Kaija Saariaho / De Front (pour ensemble &
dispositif électroacoustique) de Pierre Jodlowski / Pièce (pour ensemble & électronique) de José Miguel
Fernandez / Grand Guignol (pour
ensemble & électronique) de Luca Antignani. Dimanche
14 mars 2010
, 18h00 : Caméléon kaleidoscope (pour ensemble & électronique) de Marco
Antonio Suáres Cifuentes / Introduction
aux ténèbres (pour baryton & contrebasse solo, ensemble &
électronique) de Raphaël Cendo.
Renseignements :
04 72 10 90 40
. www.eoc.fr
©Harwood-Management
Au Grand
Amphithéâtre de la Sorbonne, sera donné, le mardi
16 mars 2010
, à 20h30 : A Sea Symphony (1910) du
compositeur britannique Ralph Vaughan Williams (1872-1958). Bernard
Giraudeau, récitant, lira le poème originel de Walt Whitman. Nathalie
Manfrino (soprano), Alain Buet (baryton). Chœur & orchestre de
Paris-Sorbonne, dir. Johan Farjot.
Renseignements :
01 42 62
71 71
. www.musiqueensorbonne.fr
Au Centre culturel
tchèque de Paris : « Thelonious Monk & les standards
du jazz », le
19 mars 2010
, à
20h30,
avec le groupe allemand Blue
Train Quintet [notre photo].
Renseignements : 18, rue
Bonaparte, Paris VIe. Tél. :
01 53 73
00 22
. www.czechcentres.cz/paris
©DR
Les 3es Rencontres chorales de Paris, festival de chorales amateurs a cappella, se
dérouleront du samedi 20 au dimanche
28 mars
2010
:
11 concerts gratuits ; 22 chorales sélectionnées ; 8 lieux choisis
pour leur situation & leur acoustique ; un parcours dans les Xe et XIe arrondissements. Du classique au contemporain, en
passant par le jazz, le gospel, la variété, le rock, les cultures du monde…
Renseignements :
01 48 03 33 22
. www.jemmapes.com
Festival « Vous dites Chopin ? ou bien
Schumann ? », du 23 au
27 mars 2010
, à L’Archipel (17, bd de
Strasbourg, Paris Xe). Sans préjudice des programmes
habituels : Baroque / Jazz & musiques improvisées /
Chanson / Musique & cinéma…
Programmes complets sur : www.larchipel.net/content/view/111/lang,french
John Cage :
« 4’33’’ après J. C. ». Le jeudi
25 mars 2010
, au Centre Pompidou. À
19h,
Rencontre « 4’33 » : portrait chinois »
(entrée libre). À
20h30,
créations d’œuvres de Carlos
Caires, James Dillon, Bruno Mantovani, Christian Marclay & Roque
Rivas. Ensemble Remix, dir. Peter Rundel.
Renseignements :
01 44 78
12 33
www.centrepompidou.fr ou :
01 44 78
12 40
www.ircam.fr
John Cage ©DR
« Archipel
2010 », Festival
des musiques d’aujourd’hui, se déroulera à Genève, du 19 au 28 mars 2010.
Il propose 20 événements : 13 concerts, 3 spectacles, 2 installations, 2
conférences. Par 82 ensembles et solistes, seront jouées 63 œuvres (dont
27 créations) de 62 compositeurs (originaires de 18 pays).
Renseignements : 8, rue de la Coulouvrenière, CH-1204 Genève. Tél. : +41 22 329 42
42. www.archipel.org
Claudio Monteverdi
& la modernité, « Il suono
dell’anima ».
En collaboration avec l’Université de Nice/Sophia Antipolis, ce spectacle
musical sera donné, le
27 mars 2010
à
20h,
en le Grand Auditorium Kosma du
Conservatoire à rayonnement régional de Nice.
Renseignements : CRR
– 127, avenue de Brancolar,
06000
Nice. Tél. :
04 97 13
50 00
. www.crr-nice.org ou www.unice.fr
8e Printemps musical du Pecq. De Félicien David (1810-1876) seront donnés – à l’occasion
du bicentenaire de la naissance du compositeur et dans la ville où il repose -,
le dimanche 21 mars 2010 à 17h, en la Salle des fêtes de la cité
alpicoise : les Trios n°2 (en ré mineur) et n°3 (en do mineur).
Avec le Trio Félicien-David : Nathalie Rode (piano), Vadim Tchijik
(violon), Fabrice Loyal (violoncelle).
Renseignements : 3,
quai Voltaire, 78230 Le Pecq. Tél. : 01 30 61 21 21.
Carte blanche à
Betsy Jolas : Dans
le cadre des « Lundis de la contemporaine », sera donné, le
29 mars 2010
, à
20h30,
en la Péniche Opéra, un programme
intitulé « Contre-Allées », alliant œuvres vocales de Betsy Jolas
[notre photo] et de compositeurs qui lui sont chers : Aller-Retour (P. Hindemith), Caprice à une voix (B. Jolas), O che bon echo (R. de Lassus), Schütz Suite (H. Schütz), L’œil égaré / Sur do :
Hommage à Purcell / Femme en son
jardin (B. Jolas), Now is the
month (Th. Morley). Avec quatre chanteurs (soprano, ténor,
baryton, basse), un violon, un violoncelle & un piano.
Renseignements : face au 46, quai de la Loire, Paris XIXe. Tél. :
01 53 35
07 77
. www.penicheopera.com
©DR
« Les Musiques », 23e édition du
Festival international des musiques d’aujourd’hui, se déroulera à Marseille, du
17 avril au 1er mai 2010. Plus de 20 événements :
concerts, spectacles, danse, opéra, théâtre musical, cinéma, installation,
rencontres…
Renseignements : 15, rue de Cassis,
13008
Marseille. Tél. :
04 96 20
60 10
. www.gmem.org
Gmem, salle de concerts ©DR
« Les Mardis de
la saturation ».
Journées d’étude (dir. Denis Laborde) : les 9 mars (EHESS), 23 mars
(ENSAPM) et
6 avril 2010
(CDMC). « Remue-ménage épistémologique » au cours
duquel sociologues, philosophes, ethnologues, musicologues & architectes
dialogueront avec des compositeurs & des musiciens de l’Ensemble
2e2m. Entrée libre (sur réservation au :
01 47 15
49 86
).
Renseignements : www.ensemble2e2m.fr
« Dans la
colonie pénitentiaire », opéra de Philip Glass, livret de Rudolph Wurlizer
(d’après Kafka), sera donné, du 7 au
17
avril 2010
,
à l’Athénée/Théâtre Louis Jouvet. En anglais surtitré. Quintette à
cordes de l’Opéra national de Lyon, dir. Philippe Forget. Régie :
Richard Brunel.
Renseignements :
01 53 05
19 19
. www.athenee-theatre.com
©Jean-Louis Fernandez
Francis Cousté
***
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Une déroutante Norma au Châtelet. Vincenzo
BELLINI : Norma, opera seria en
deux actes. Livret de Felice Romani d'après la tragédie d'Alexandre
Soumet, Norma ou l'infanticide. Lina Tetriani (Norma), Paula
Pfeiffer (Adalgisa), Nikolai Schukoff (Pollione), Nicolas Testé/Wojtek Smilek
(Ovoreso). Ensemble Matheus, dir. Jean-Christophe Spinozi. Mise en
scène : Peter Mussbach.
Avec Norma, Bellini a
écrit une pièce tout entière dédiée au bel canto. C'est dire l'importance
qu'y occupent les voix. La représentation du Châtelet déçoit, et de
beaucoup. À part Wojtek Smilek (remplaçant d'ailleurs pour la partie
vocale un Nicolas Testé mimant le personnage d'Ovoreso), tous les chanteurs
sont en deçà des exigences de leur rôle. À commencer par le ténor Nikolai
Schukoff dont la voix wagnérienne n'a rien à faire dans un emploi qui requiert
souplesse et fluidité. Lina Tetriani est une Norma dont la présence
scénique reste peu affirmée, ne parvenant pas à habiter le combat que cette
vierge guerrière livre à la passion amoureuse. Le chant est tout aussi
pâle, marqué par l'effort (cavatine Casta diva). Paulina Pfeiffer,
Adalgisa, se tire mieux d'affaire par un timbre chaud et une ligne de chant
bien conduite, voire une quinte aiguë que pourrait lui envier sa collègue et
rivale. La direction de Jean-Christophe Spinozi, à la tête de son
Ensemble Matheus, est souvent raide et privilégie des tempos lents, ce qui la
rend presque ennuyeuse. À part quelques moments inspirés, tels que les
duos Norma-Adalgisa et surtout l'introduction orchestrale du IIe acte,
distinguée par l'émouvant solo de violoncelle de Jérôme Pernoo, l'impression
générale est celle d'un manque de naturel. Si la sonorité des instruments
anciens apporte une note intimiste, la mélodie bellinienne ne respire pas
assez.
©Châtelet
La mise en scène de Peter
Mussbach est souvent absconse. L'idée d'un huis clos est, certes, intéressante
- l'action étant enfermée dans une sorte de boîte hermétique qui ne s'ouvrira
qu'au finale - mais elle étouffe vite toute progression dramatique, malgré des
variations d'éclairages en fondu enchaîné à la manière d’un Bob Wilson.
De même qu'est lassante la révolution constante de formes sphériques comme
écrasant les personnages. C'est que le chœur des druides est toujours sur
scène, même lorsque sa présence n'est pas prévue. Il agit alors comme
spectateur de l'action, car selon Mussbach, « tout se sait ».
Ses membres s'agitent d'ailleurs en tous sens tels des aliénés ou des
fanatiques. Sans parler de l'effet étrange que génèrent les évolutions
d'un cheval façon manège de bois, sur la croupe duquel on juchera tel ou
tel. À aucun moment ne surgit la veine grandiose, comme ne se déploie la
poétique de l'évocation nocturne de la lune.
Werther à l'Opéra Bastille : où l'on frôle
l'idéal… Jules MASSENET : Werther, drame lyrique en quatre actes. Livret d’Édouard
Blau, Paul Millet & Georges Hartman, d'après le roman de Johann Wolfgang
von Goethe. Janos Kaufmann (Werther), Sophie Koch (Charlotte),
Anne-Catherine Gillet (Sophie), Ludovic Tézier (Albert), Alain Verhnes (le
Bailli). Orchestre de l'Opéra national de Paris, dir. Michel
Plasson. Mise en scène : Benoît Jacquot.
Voilà le type de
représentation où l'on éprouve ce sentiment, aujourd'hui rare, d'une totale
symbiose entre musique et drame. Que n'a-t-on pas dit sur le Werther de
Massenet : musique jolie, plus habile dans l'expression des sentiments
féminins que dans la peinture dramatique, facilité de tournures proches de
l'épanchement romantique, synonyme de sentimental. Et de citer le fameux
« Clair de lune » qui clôt le premier acte… Et pourtant, pour peu
qu'on s'attache à dépasser le cliché, l'adéquation entre texte et expression
musicale est ici finement pensée ; comme à bien d'autres endroits d'une
pièce où l'émotion poétique affleure sans effort. Quoique inspiré du
célèbre roman de Goethe, l'opéra s'en écarte sensiblement. Là où le poète
conte l'histoire à travers le récit qu'en fait Werther lui-même, l'opéra,
plaçant celui-ci en situation, le fait évoluer parmi d'autres personnages qui
ont leur vie propre. C'est le cas, en particulier, pour Charlotte qui se
voit accorder une place déterminante, quasiment à l'égal du rôle-titre.
Est-il meilleur défenseur de la musique française que Michel Plasson ?
Pour son retour à l'Opéra de Paris, le grand chef français démontre que le
meilleur moyen de rendre justice à la science mélodique inépuisable de Massenet
est de respecter ses indications méticuleuses. Ainsi l'extrême nuance apportée
au discours, qui prend souvent la manière intimiste de la musique de chambre,
lui apporte-t-elle sa vraie finesse et son extrême sensibilité. Aussi le drame
y est-il correctement personnalisé. L'Orchestre de l'Opéra est diaphane,
poétique, cristallin. Surtout, le jeu la plupart du temps mezza voce que lui impose le chef, permet aux voix de s'épanouir
sans effort. La distribution, proche de l'idéal, tient toutes ses
promesses. Un ténor d'une présence magnétique, si intense qu'on en est
ému, aux pianissimos aussi délicats qu'est assurée la quinte aiguë ; une
Charlotte d'un absolu naturel, si retenue qu'elle en est bouleversante ;
et vocalement acccomplie ; un Albert d'envergure qui ne sombre pas dans le
théâtral ; une Sophie à la fois délicate et enjouée…
Janos Kaufmann ©Universal
La mise en scène de Benoît
Jacquot crée avec subtilité l'atmosphère d'un romantisme sans pathos :
discret charme mélancolique de décors évoquant des tableaux de genre, fine
datation par des costumes d'époque Biedermeier. La direction d'acteurs
suggère plus qu'elle ne souligne. Rien n'est éparpillé sur le vaste plateau de
Bastille. Jacquot joue l'espace avec dextérité pour construire des
échanges intimistes qui évoquent la passion contenue, le vertige de
l'abandon. Les personnages sont campés avec pudeur : un beau jeune
homme, certes en proie à combien des doutes existentiels, mais consumé d'une
flamme amoureuse bruquement révélée et victime désignée d'une souffrance ancrée
au plus profond ; une jeune femme fragile et partagée dès lors que
confrontée à la prise de décision de sa vie, cherchant à se défier d'une
inclination qu'elle saura de moins en moins réfréner. Leur
premier échange a la fraîcheur de la découverte amoureuse. L'ultime adieu
sonne comme la déchirante expression de l'amour vrai parce qu'impossible.
Il est jusqu'à la figure d’Albert qui soit tout autant finement dessinée :
seulement à l'heure de la demande de remise des pistolets, à un mystérieux
messager dont on ne perçoit que l'ombre portée depuis la coulisse, se montrera-t-il
menaçant.
Le Festival
d'hiver à Salzbourg : la Semaine Mozart.
Organisée par la Fondation
internationale du Mozarteum, la Semaine Mozart se veut « la fête musicale
salzbourgeoise de l'hiver ». Contrairement au festival d'été ou à
ceux de Pâques ou de Pentecôte, la « Mozartwoche »
se concentre, l'espace de dix jours, sur le génie des lieux. Le programme se
focalisait cette année sur Idomeneo, mais pas seulement. Bien
d'autres œuvres significatives y étaient aussi jouées, tout comme des pièces de
Haydn, Schubert, ou encore de György Kurtag, compositeur en résidence.
Coproduit avec le Festival d'Aix-en-Provence 2009, cet Idomeneo est un
exemple d'interprétation moderne de l'opéra mozartien. Olivier Py qui
inscrit sa régie dans le mouvement et cultive les effets de symétrie, insiste
sur la dimension politique et les grands thèmes traités par la pièce : le
rapport père-fils et la question de l'infanticide, la violence à peine contenue
entre personnages forgeant un drame qui se veut actuel. L'élément
décoratif s'impose : une batterie de praticables se métamorphosant sans
cesse découvre plusieurs niveaux, sorte d'écrin mobile apte à saisir un
brassage de situations et illustrer quelque tragédie moderne. Le
dispositif met en exergue le chœur et permet de différencier les scènes plus
intimistes. Omniprésent depuis la machination de la tempête qui jette
Idoménée sur le rivage crétois, le personnage de Neptune va manier les fils
d'un drame qu'il sait inexorable, jusqu'à ce qu'il emprunte la voix de l'Oracle.
Beau coup de théâtre ! La quête de violence primitive réclamant le
sacrifice d'une vie imprime quelque chose d'inéluctable à une action dont
chaque personnage crie sa vérité. Et on n'oubliera pas l'image
saisissante qui clôt le IIe acte : une vision de feu de
laquelle surgissent les quatre cavaliers de l'Apocalypse. Enhardie par
pareille régie, la direction de Marc Minkowski impressionne par la vigueur de
ses accents et le soin apporté à la plastique sonore. Mieux encore que la
cour de l'Archevêché, la salle de la Haus für Mozart laisse s'épanouir les
sonorités étincelantes de l'orchestre des Musiciens du Louvre. À la
caractérisation dramatique des arias, d'une vibrante émotion, répondent des
récitatifs laissant sur le qui-vive et des ensembles qui plongent au cœur de
l'expression théâtrale. La tension se maintiendra jusque dans le ballet
final - dont la chorégraphie paraphrase les divers épisodes de l'action.
La distribution, quasi identique à celle d'Aix, triomphe, en particulier Richard
Croft, immense Idomeneo, Sophie Karthäuser, miraculeuse Ilia, et Yann Beuron,
impressionnant Idamante.
Karthäuser/Beuron ©C.Schneider
La Semaine Mozart, ce sont
essentiellement des concerts donnés dans la belle salle du Mozarteum, à
l'acoustique généreuse. Deux phalanges distinguées se partagaient les
concerts du matin. La Camerata Salzburg, dirigée par le pianiste
Alexander Lonquich, proposait un programme en la forme d'une Mozart-Matinee estivale. La Cassation K.99 -
musique de circonstance destinée à célébrer quelque événement officiel, et
composée de morceaux distincts - séduit par un sens approfondi du
contrepoint. Le 25e Concerto
pour piano K.503 est d'une toute autre envergure : grandiose et
triomphal premier mouvement, largo intensément tragique, finale passionné qu'un
thème inspiré du ballet d'Idomeneo agrémente d'une irrépressible
vitalité. L'interprétation de Lonquich est tout en nuances et l'effectif
orchestral restreint contribue à en faire ressortir la finesse. Entre les
deux pièces quelques airs de concerts permettent d'apprécier la voix ductile et
lumineuse de la soprano Miah Persson. En particulier, dans la scène
dramatique K.505 avec piano obligé, où l'entrelacs de la voix et du clavier
sonne comme une déclaration d'amour en musique (celle de Wolfgang à la
cantatrice Nancy Storace).
Kremerata Baltica ©Wolfgang Lienbacher
Un autre concert était
l'occasion d'entendre la Kremerata Baltica, formation de chambre réunie autour
du violoniste Gidon Kremer. Leur programme conviait d'abord Mozart avec
le Concerto pour violon K.211, joué
sans effets par Kremer, et le sublime Concerto dit « Jeune homme » K
271, interprété et dirigé du piano par le britannique Jonathan Biss, sans
effusion et d'une inspiration un peu trop retenue. Le reste du concert
était consacré à deux compositeurs baltes. La jeune Dobrinka Tabakova,
avec la pièce Sun Triptych für Violine und Violoncello (2007-2009), fait montre d'un talent original exprimé dans un langage
harmonique séduisant. L'impression d'espace est créée par des unissons
évocateurs des cordes. La Suite dans le style ancien d’Alfred
Schnittke (1972) est tout autant une pièce d'atmosphère. Un peu dans l'esprit
de la Holberg Suite de Grieg, elle évoque un pastiche baroque dont
l'humour n'est pas absent. Aux cordes frémissantes se mêlent un hautbois
solo et deux cors. L'exécution de l'orchestre jouant sans chef déchaîne
la jubilation du public.
Andreas Scholl ©Wolfgang Lienbacher
De grandes formations se
produisent aussi durant le festival. Le Freiburger Barocksorchester dirigé par
son premier violon, Petra Müllejans (remplaçant René Jacobs) avait concocté un
riche programme. La 91e Symphonie Hob.91 de Joseph Haydn, souverainement articulée, à la manière du grand chef,
mêlant le chant élégiaque des cordes et le caquetage racé des bois. Puis
trois airs chantés par le contre-ténor Andreas Scholl. Peu à l'aise dans
le premier, tiré de Mitridate de Mozart, il paraît sous un jour meilleur
dans un joli air emprunté à Ascanio in Alba, et surtout dans le célèbre
« Che faro senza Euridice » de Gluck. Le sommet du
concert restera cependant une exécution mémorable de la dernière symphonie de
Mozart : plus que du titre de « Jupiter »,
c'est de la statue du Commandeur qu'il faut parler ici. Car voilà une exécution
qui dérange les idées établies, loin d'être un long fleuve tranquille :
accents placés de manière à fortement contraster le débit, subites
accélérations qui révèlent une énergie presque combative ou un inextinguible
chant de joie. La couleur instrumentale de l'orchestre de Freiburg y est
pour beaucoup. Autre phalange de prestige, les Wiener Philharmoniker
étaient dirigés par Nicolaus Harnoncourt, dans la grande salle du Palais des
festivals. Une aura particulière adorne le rapport qu'entretiennent
l'orchestre et le maestro, sorte de légende vivante. Dans la 5e Symphonie de
Schubert, encore nimbée de l'esprit mozartien, le discours est cursif et le
drame sourd sous la grâce apparente. Quelle pureté des cordes, en
particulier dans le landler du menuetto ! La Symphonie Inachevée appartient aussi à ces moments
d'exception qui laissent stupéfait : vision grandiose s'il en est, avec
toutes les reprises ! L'allegro moderato progresse comme une lame de
fond malgré un tempo très mesuré, en une succession de visions presque
cauchemardesques. L'andante con moto, d'une lumineuse facture, évoque une
vision de paix, traversée d'éclats tumulteux avant de s'achever dans une
mystérieuse sérénité. Le 23e Concerto K.488 occupera la partie centrale du concert. Il offre, par contraste, quelque
vision intime. Comment résister au sémillant dialogue du piano avec les
vents dans l'allegro initial, à l'insondable profondeur de l'adagio ou à
l'irrésistible élan du finale ! Leif Ove Andsnes le joue avec une
belle simplicité et un toucher cristallin, pour des jeux d'ombre et de lumière,
d'un pathétique retenu et d'une joie sereine. L'écrin que lui procurent
Harnoncourt et les Viennois est proprement magique.
Andsnes & Harnoncourt ©Wolfgang Lienbacher
Chopin dans tous ses états à la Folle
Journée de Nantes.
Anniversaire oblige, la Folle
Journée consacrait cette année son programme à « L'univers de Chopin ». Le succès de la manifestation
musicale nantaise ne se dément pas. Au conteaire : cette édition a affiché
un taux de remplissage de 98 %, un record. Mais le compositeur
polonais, si cher au cœur des mélomanes, pouvait-il faire moins ! Son
instigateur, René Martin, aime les défis et les gagne, notamment celui de
concilier deux paramètres a priori peu conciliables : la dimension populaire
et la qualité artistique. Il avait réuni, cette fois encore, un beau
panel d'interprètes dont une impressionnante cohorte de pianistes. Ce qui
frappe chez tous : la rigueur de l'expression, marquée par le souci du
phrasé et l'évitement du sentimentalisme. Toute une jeune génération
émergente est là, dont la sûre musicalité rejoint la parfaite, et souvent
phénoménale, technique. Plusieurs thématiques étaient proposées telles
que « Les concerts de Chopin à Varsovie, Vienne et Paris »,
« Chopin et l'opéra » ou encore cette gigantesque « Intégrale de
l'œuvre pour piano » qui, en quatorze épisodes, réunissait six pianistes
de trois générations différentes. La séance consacrée aux années 1841-42
contrastait la poésie diaphane d’Anne Queffélec (trois Mazurkas op.50), la haute tenue de Abdel Rahman El Bacha (une
sublime Fantaisie op.49, aux
atmosphères si variées) et la fougueuse patte du jeune Jean-Frédéric Neuburger
(une éblouissante Polonaise héroïque).
Au fil d'une multitude de concerts, on pouvait apprécier la myriade de ces
diverses formes que Chopin a si bien servies :ses Impromptus par Alexei Volodine, un bouquet de Nocturnes par un maître espagnol du clavier, Luis Fernando Pérez,
ou de Mazurkas par Cédric
Tiberghien ; voire des pièces plus rares telle la Tarentelle, si foisonnante d'idées.
Luis Fernando Pérez ©Kike Marin Cédric Tiberghien ©Éric Manas
Plusieurs concerts étaient
l'occasion de savourer des pièces de plus vastes proportions, comme les quatre Ballades et surtout les Sonates. D'origine vocale, la ballade
connaît, pour la première fois avec Chopin, l'univers instrumental. De
ces pièces fort dissemblables, Lise de La Salle livre des exécutions d'un
vrai naturel qui sait ce que mélodie veut dire. La 2e Sonate, qu'elle aborde ensuite, montre une
étonnante maturité interprétative, approche presque panique dans l'agitato
initial, combien habitée lors du trio qui entrecoupe les deux parties de la
marche funèbre. Si l'énigmatique dernier mouvement ne livre pas (encore)
tous ses secrets, peut-on en blâmer une artiste qui n'a que 22 ans !
Lise de La Salle © Stéphane Gallois
La 3e Sonate, jouée par Alexei Volodine, est un
formidable achèvement. Voilà l’un de ces jeunes musiciens russes, bourrés de
talent, qui allient impeccable maîtrise et sens de la vision chopinienne dans
l'architecture et la dynamique.
L'occasion était donnée aussi
d'apprécier les contemporains de Chopin et les maîtres qu'il vénérait. Au
premier chef, Franz Liszt bien sûr. Si la Grande
Sonate a, sous les doigts d'acier de Boris Berezovsky, paru trop tirée vers
la force, toute comme la Mephisto-Valse n°1, des morceaux extraits des Harmonies
poétiques et religieuses, joués par Jean-Claude Pennetier, laissaient
éclater leur pouvoir d'envoûtement. On ne saurait imaginer manière plus
dissemblable à l'écoute de ces deux pianistes : la grande virtuosité un
brin extérieure chez l'un, la mûre réflexion chez le second. De Liszt
encore, Laurence Equilbey et ses talentueux chanteurs d'Accentus donnaient Via
crucis, un oratorio n'ayant pour orchestre qu'un piano ; mais quel
piano, tenu par Brigitte Engerer ! Quelques Mazurkas de Scriabine et d’Alexandre Tansman, livrées par Cédric
Tiberghien en contrepoint de celles de Chopin, autorisaient d'habiles
comparaisons. Parmi les compositeurs ayant marqué cette époque mirifique,
il en est un presque passé dans l'oubli : Johann Nepomuk Hummel.
Élève de Mozart, il sera l'auteur d'un vaste corpus, de musique de chambre
notamment, et influencera les premiers romantiques. Son étonnant Quintette pour piano, violon, alto,
violoncelle & contrebasse, joué par le Trio Wanderer et consorts, est
d'une étoffe précieuse ; tout comme son élégant Trio pour piano & cordes que distingue un brillant finale
« alla Turca », joué par le Trio Chausson.
Trio Chausson ©DR
Ce jeune ensemble proposait
aussi un trio de Ferdinand Ries. Le rôle prépondérant dévolu ici au piano
n'a rien d'étonnant chez ce grand défenseur de Beethoven. Enfin s'il est
un maître que Chopin chérissait, c'est bien Mozart. Du Trio avec piano K.542, paré d'une
souplesse chatoyante, le Trio Wanderer fait alterner l'énergie et la tendresse,
comme le tragique et l'apaisement.
Kiosque ©Marc Roger
On ne saurait oublier un autre
aspect essentiel de La Folle Journée : l'implication du jeune
public. L'importance de la fréquentation des scolaires est là pour le
prouver : quelque 7 000 billets - à prix très modique - ont été
délivrés cette année à leur intention. Et le succès est tel que les
organisateurs s'interrogent pour le futur sur un renforcement des actions à
destination de ce public (multiplication des concerts qui leur sont
réservés ; travail en amont avec les enseignants) comme sur un
élargissement des partenariats, en particulier de la part de l'Éducation nationale.
Il en va de l'image que véhicule cet immense et si original événement
musical : favoriser l'accès à la Culture.
Elektra au Festival d'hiver de
Baden-Baden. Richard STRAUSS : Elektra. Opéra en un acte. Livret
de Hugo von Hofmannsthal d'après la tragédie de Sophocle. Linda Watson
(Elektra), Jane Henschel (Klytämnestra), Manuela Uhl (Chrysothemis), Albert
Dohmen (Orest), René Kollo (Aegisth). Münchner Philharmoniker, dir.
Christian Thielemann. Mise en scène : Herbert Wernicke.
La production opératique du
festival d'hiver de Baden-Baden était consacrée à Elektra. Comme l'an
dernier pour un inoubliable Chevalier à la rose (donné aussi à Paris en
version de concert), Christian Thielemann dirigeait son orchestre, le Münchner
Philharmoniker. Il maîtrise comme peu de ses confrères l'idiome
straussien. Si le flux sait être incandescent, il reste maîtrisé et ne
verse jamais dans le grandiloquent. L'originalité de l'orchestration qui
fait une part belle aux cordes, n'en ressort que plus évidente. La fluidité
du discours aussi, et sa quasi-transparence, prouvant que cette musique peut
réserver aussi une large part à des effluves chambristes… La distribution est
intéressante à défaut d'être totalement convaincante. Linda Watson
possède un beau calibre wagnérien - Brünnhilde actuellement à Bayreuth - et se mesure favorablement à la partie
écrasante d'Elektra, à peu d'exceptions près ; mais sa vision reste par
trop unidimensionnelle. La Clytemnestre de Jane Henschel ne surenchérit
pas dans l'hystérie et atteint le pathétique. Le beau soprano, presque
dramatique, de Manuela Uhl hausse le personnage, souvent falot de Chrysothémis,
à celui d'une Parque grecque. Outre les interventions frappées au coin de
l'expérience du vétéran René Kollo, Aegisth, Albert Dohmen prête à Oreste un
noble timbre grave ; quoique, là encore, l'expression demeure un peu trop
distante.
©Linda
Watson
C'est que la production, due à
Herbert Wernicke (1997) vise à l'épure. Aux antipodes de celle
expressioniste du Théâtre Mariinski, vue ici même, cette tragédie de la faute
et de la vengeance au royaume des Atrides est réduite à la quintessence et
vouée à l'abstraction : plateau nu qu'obture un vaste panneau qui,
pivotant sur lui-même de temps à autre, permet de délimiter l'espace au premier
plan ou de le dégager totalement, produisant d'esthétiques effets
géométriques ; lumières crues, du rouge sang au bleu nuit profond, noir
des costumes à l'exception de la pourpre réservée à Clytemnestre et du blanc
immaculé vêtant Chrysothémis. La régie stylisée refuse l'excès hystérique
et le réalisme morbide. Les personnages sont livrés dans leur caractère
essentiel, chacun vivant une obsession : de vengeance chez Elektra, du
remords pour Clytemnestre, d'aspiration à une vie pleine d'amour chez Chrysothémis.
Tous sont happés par le regard d'Elektra, tel un aimant. Celle-ci
confinée sur un espace réduit, ne se séparant pas de la hache fatidique, est
habitée d'une insondable tristesse, tour à tour tourmentée ou étrangement
insensible au discours de ceux qui l'approchent. La confrontation entre
mère et fille déploie une vraie force émotionnelle, et la scène de la
reconnaissance entre le frère et la soeur écarte tout transport facile.
La puissance de la tragédie en sort renforcée.
©Linda
Watson
Vincenzo BELLINI : La Sonnambula. Mélodrame en deux actes sur un livret de
Felice Romani, d'après le ballet-pantomime La Somnambule d'Eugène Scribe & Jean-Pierre Aumer.
Natalie Dessay, Javier Camarena, Michele Pertusi, Cornelia Onciou,
Marie-Adeline Henry, Nahuel Di Pierro. Chœurs et Orchestre de l'Opéra
national de Paris, dir. Evelino Pido. Mise en scène : Marco
Arturo Marelli.
Avec La
Sonnambula (1831) Bellini offre au bel canto l’un de ses chefs-d'œuvre. Il utilise
l’un des ressorts majeurs du drame lyrique romantique : les dérèglements
de l'être, en l'occurrence les dégâts auxquels est confrontée une femme éperdue
d'amour, par une crise de somnambulisme, ce sommeil hors norme qui génère des
comportements étranges. Conçu pour deux célébrités, la cantatrice Pasta
et le ténor Rubini, ce mélodrame aux relents rustiques restera marqué par les
interprètes prestigieuses de l'héroïne. On pense à Maria Callas qui, dans
les années 1950, ressuscita une pièce alors tombée dans l'oubli. Depuis
lors, quelques rares divas se sont emparées du rôle. Natalie Dessay en
est actuellement sans doute la meilleure défenseure à la scène. Non que
la chose soit aisée. Car, outre le handicap d'une intrigue passablement
datée et simpliste, l'opéra requiert une technique musicale particulière axée
sur le chant orné ; et sans doute pour un résultat moins gratifiant que ne
le procure Norma, par exemple. L'attrait des suaves
cantilènes belliniennes sertissant la voix n'y est pas si immédiat. La
présence de Dessay justifie indubitablement l'idée de monter la pièce, dans une
production importée de l'Opéra de Vienne où elle y triomphait déjà en
2004. Ce qui fait le prix de cette saisissante incarnation, c'est un
mélange achevé d'ingénuité et de passion, un art émouvant de distiller
tristesse insondable ou bonheur extatique. Plus encore que les acrobaties
pyrotechniques, on admire le legato souverain, l'art consommé de soutenir ces
longues phrases pianissimo.
©OnP/Julien Benhamou
À ses côtés, Javier Camarena est un Elvino passionné, torturé
intérieurement, dont le chant - même dans la partie haute du registre de ténor
lyrique - ne souffre aucune fadeur. Michele Pertusi, le comte, est lui
aussi un parangon de legato dans la tessiture de basse. La réussite
musicale est tout autant à l'orchestre. Evelino Pido, un spécialiste de
ce type d'ouvrage, ne ménage pas sa peine pour le faire vivre. Sa
direction, fort attentionnée pour les chanteurs – Dessay, en particulier, qu'il
cajole fébrilement - est un régal d'inspiration.
©Wiener Staatsoper/Axel Zeininger
Pour tenter de lui donner consistance, la mise en scène transpose
l'action d'une auberge de village à un hôtel de luxe niché au cœur des Alpes
suisses, où gravite une société fortunée et un personnel de service fort
nombreux. Dans cet univers clos, limité au grand hall d’un palace,
l'orpheline Amina n'est autre qu'une jeune servante qu'on marie à un beau jeune
homme, musicien de son état. Dotée elle-même de dons dans l'art du chant,
elle suscite l'intérêt et va être adulée : elle délivrera le rondo final
de l'opéra en forme de morceau de bravoure comme une prima donna devant le rideau pourpre de quelque Palais Garnier. Entre temps,
une odieuse machination l'aura fait accuser d'adultère par son jaloux futur
époux, grâce aux efforts de la gérante de l'hôtel, qui nourrit de tendres
sentiments envers ce dernier. Témoin des paroles enflammées que la pauvre
fille en état de somnanbulisme adresse sans le savoir à un étranger, et
profitant de la crédulité ambiante à propos de l'existence d'un mystérieux
fantôme, elle colporte le bruit de l'infidélité de celle-ci. Mais la
bonne foi triomphant, tout finira bien - ce qui est rare au royaume du bel
canto. La régie focalise souvent sur le premier degré de la manipulation
grossière ourdie par une rivale en amour. Reste que son débit lent
s'accorde avec la durée belcantiste où l'on prend son temps pour peaufiner la
phrase et savourer le bel ensemble.
Jean-Pierre Robert.
Au
Théâtre des Champs-Élysées, Dietrich Henschel dans un programme Schubert. Accompagné
de l’excellent pianiste Fritz Schwinghammer, le grand baryton berlinois était à
Paris dans un programme consacré au Schwanengesang (« Chant du Cygne »), D.957, de Schubert.
Remarquable interprétation, tant musicalement que scéniquement, tout en finesse
et émotion où chaque Lied est à la fois admirablement chanté et joué ; la
voix est ample, limpide, la technique vocale parfaitement maîtrisée,
l’articulation musicale et la diction irréprochables, l’accompagnement du piano
remarquablement adapté au climat de chaque Lied, tantôt tranquille, léger, tantôt
dramatique voire halluciné. Il s’agit là d’un recueil posthume de
quatorze Lieder sur des poèmes de Rellstab, Heine et Seidl, sans lien entre
eux, abordant les thèmes du voyage, de la nostalgie, associant lyrisme,
mélancolie, noirceur ou joie. Il semble que le titre de « Chant du Cygne » ait été choisi par
l’éditeur Haslinger qui voulait en faire, de façon abusive dans son désir
d’unité, le testament artistique de Schubert…
Théâtre
des Champs-Élysées : Orchestre
national d’Écosse, dir. Stéphane Denèvre. Hilary Hahn, violon. Gabriel FAURÉ : Pelléas et
Mélisande, op.80. Jean SIBELIUS : Concerto pour violon, op.47. Antonín DVOŘÁK : Symphonie n°8, op.88.
Le Royal Scottisch National Orchestra (RSNO) et son chef,
le français Stéphane Denèvre, accompagnés de la violoniste Hilary Hahn, étaient
de passage à Paris, à l’occasion d’une tournée européenne, nous laissant une
impression mitigée, puisque mêlant la fougue et le feu de ce magnifique orchestre,
superbement dirigé par son chef titulaire Stéphane Denèvre [notre photo] et
l’insipide froideur de la violoniste Hilary Hahn. Tout avait parfaitement
commencé par une très belle interprétation de la musique de scène de Gabriel
Fauré, calquée sur l’œuvre de Maeterlinck, pleine de poésie, de fraîcheur
mélodique, mais également de drame, parfaitement rendus par l’orchestre.
La prestation d’Hilary Hahn nous fit rapidement déchanter devant la froideur de
son interprétation, impeccable techniquement, mais ne dégageant aucune émotion
car s’il est une œuvre qui nécessite une complémentarité entre orchestre et
soliste, c’est bien celle-ci, Sibelius l’ayant conçue comme une véritable
symphonie laissant la parole au violon. L’orchestre tint parfaitement sa
place, parfaitement réactif à la direction précise et inspirée de Stéphane
Denèvre… mais nulle réponse ! Heureusement la 8e Symphonie de Dvořák fut un pur régal,
permettant d’apprécier la sonorité et les couleurs de l’orchestre dans son
ensemble, la qualité des différents pupitres et l’engagement de Stéphane
Denèvre, dans une interprétation pour le moins bondissante et extravertie où le
plaisir de jouer ensemble apparaissait comme une évidence. Un bis, tiré
du folklore écossais, faisait lever le public et concluait un triomphe mérité.
©Tom Finnie
Les Fondamentales, Festival d’hiver de musique de chambre. Salle
Gaveau, 8-18 février 2010. Sous la direction artistique du pianiste
Frédéric D’Oria-Nicolas.
Quand on sait la difficulté de créer un nouvel événement
culturel à Paris, force est de reconnaître le dynamisme, la ténacité et le
courage du label Fondamenta et de son directeur artistique, le pianiste
Frédéric D’Oria-Nicolas [notre photo] qui présentent cet hiver, salle Gaveau,
la première édition d’un Festival d’hiver de musique de chambre. Cette
manifestation regroupe 23 jeunes musiciens, membres, pour la plupart, des
grands orchestres nationaux et internationaux, concertistes et chambristes,
dans un programme éclectique pour voix, piano, orchestres à cordes, autour de
compositeurs variés : Rachmaninov, Tchaïkovski, Chostakovitch, Franck,
Mozart, Mendelssohn et Bach.
©DR
Lors du concert du 11 février, nous pouvions entendre une
magnifique interprétation de Kristina Blaumane (violoncelle) et Alexander Kobrin
(piano) dans la Sonate pour violoncelle
& piano de Rachmaninov, œuvre oscillant en permanence entre
expressivité et intériorité, laissant la primauté à la ligne mélodique,
maintenant une forte impression de tension intérieure, comportant une partie de
piano particulièrement exigeante renforçant l’impact dramatique du violoncelle,
et installant un climat en demi-teinte, entre douceur, angoisse, violence et
méditation. Suivaient ensuite, le Trio
n°2 de Chostakovitch, avec Roman Mints (violon), œuvre tragique, s’il en
est, écrite en mémoire du musicologue russe Ivan Sollertinsky, grinçante,
angoissante, poignante, véritable tombeau vers lequel conduit la grotesque
marche funèbre du final et, en deuxième partie, le Quintette avec piano de Franck permettant de retrouver Frédéric D’Oria-Nicolas
(piano), Svetlin Roussev et Nicolas Dautricourt (violons), Arnaud Thorette
(alto) dans cette composition quasi symphonique, au climat orageux portant une
forte charge émotionnelle, de structure cyclique autour d’une mélodie éloquente
et exaltée. Interprétation, là encore, remarquablement équilibrée où
chacun est à l’écoute de l’autre, laissant transparaître tout le plaisir de
jouer ensemble. Une grande réussite ! Impossible de citer tous ces
musiciens talentueux et les programmes des quatre concerts du festival, raison de
plus pour aller les écouter Salle Gaveau, lors de la prochaine édition.
Salle
Pleyel : Magistrale prestation de l’Orchestre national du Capitole de
Toulouse, dir. Tugan Sokhiev. Denis Matsuev, pianiste.
Dirigé par le jeune chef ossète Tugan Sokhiev [notre
photo], avec le concours du non moins jeune pianiste virtuose Denis Matsuev, ce
concert était attendu comme un événement, tant par la qualité des interprètes
que par un programme associant Chostakovitch (Ouverture de fête) et Rachmaninov (Rhapsodie sur un thème de Paganini et Danses symphoniques). Programme permettant d’apprécier
l’importance du travail effectué depuis cinq ans pour élargir le répertoire d’une
phalange que Michel Plasson avait déjà hissée à son plus haut niveau. Créée
en novembre 1954 afin de célébrer le trente-septième anniversaire de la
Révolution, l’Ouverture de fête est
une œuvre de circonstance, lumineuse et démonstrative. Les Danses symphoniques constituent la
dernière œuvre de Rachmaninov, composée en 1940, trois ans avant sa mort, créée
en 1941 par l’Orchestre de Philadelphie dirigé par Eugène Ormandy, dédicataire
de l’œuvre. Elles manifestent une certaine modernité de langage, un
lyrisme naturel toujours présent chez Rachmaninov et une ampleur orchestrale
très colorée. Toutes occasions pour l’orchestre de faire montre, à la
fois, de sa cohésion et de ses qualités individuelles : précision
rythmique irréprochable, qualité des différents pupitres, tour à tour
sollicités, ampleur de la sonorité orchestrale, sens des nuances et du phrasé,
complicité et plaisir de jouer.
©Denis Rouvre/Naïve
Puis apparut Denis Matsuev, époustouflant de virtuosité
dans la Rhapsodie sur un thème de
Paganini, composée en 1934 et créée la même année, à Baltimore, par le
compositeur au piano, sous la direction de Leopold Stokowski.
Interprétation virtuose certes, mais pas seulement, éclatante, engagée,
nerveuse, d’une œuvre dense, tantôt joyeuse, tantôt dramatique - mosaïque
d’épisodes différents unifiés autour du 24e Caprice
pour violon de Paganini. Cette interprétation nous laissa sans
voix ; elle fut suivie d’un bis ahurissant : Fantaisie sur le Barbier de Séville qui déclencha les ovations du
public. Une soirée mémorable !
La Cenerentola au Théâtre des Champs-Élysées. Drama giocoso en deux actes (1817) de Gioacchino Rossini sur un livret
de Jacopo Ferretti, d’après Charles Perrault. Concerto Köln. Chœur du Théâtre des Champs-Élysées, dir.
Michael Güttler. Mise en scène : Irina Brook. Vivica Genaux
(Cenerentola), Antonino Siragusa (Don Ramiro), Stéphane Degout (Dandini),
Pietro Spagnoli (Don Magnifico), Ildebrando D’Arcangelo (Alidoro), Nidia
Palacios (Tisbe), Carla Di Censo (Clorinda).
Troisième reprise, au Théâtre des Champs-Élysées, de la
célèbre Cenerentola, après avoir
triomphé sur les scènes de Bologne et Stockholm, dans la désormais classique
mise en scène d’Irina Brook. La distribution est sensiblement la même que
lors de la création puisque Vivica Genaux garde le rôle-titre mais avec
toutefois quelques différences : Antonino Siragusa & Stéphane Degout
qui font leurs débuts au TCE, tout comme Michael Güttler à la tête du Concerto
Köln.
©Alvaro Yanez
On avait beaucoup à craindre de cette rencontre de la
carpe et du lapin, entre le jeune chef allemand, qui remplaça au pied levé
Valery Gergiev dans Lohengrin et
dirigea avec brio Don Giovanni à l’Opéra
Bastille en 2007, très directif, habitué aux instruments
dits « modernes » et le Concerto Köln jouant sur instruments « anciens »,
souvent sans chef. Il n’en fut heureusement rien : chacun à l’écoute
de l’autre et apportant sa singularité ; précision de la direction et des
tempi pour l’un, grande présence musicale pour l’autre, probablement liée à la qualité
d’écoute des musiciens et à la position de l’orchestre placé directement dans
la salle entre chef et chanteurs. Antonino Siragusa, habitué du rôle, fit
une entrée réussie, parfait ténor rossinien, de même que Pietro Spagnoli,
« magnifique » tant vocalement que scéniquement dans le rôle
homonyme. Vivica Genaux fit preuve d’une belle technique vocale, même si certains
ont pu regretter le timbre plus lumineux d’Eliana Garanca, dans la précédente distribution.
Quant à Stéphane Degout, il confirma tout le bien qu’on pensait de lui - voix
chaude aux pianos délicats et qualités d’acteur particulièrement mises en valeur
dans la mise en scène débridée, jubilatoire, d’Irina Brook. Une reprise -
spectacle familial - qu’on reverra donc avec plaisir.
©Alvaro Yanez
Théâtre
des Champs-Élysées. Un Lorin Maazel incontestable à
la tête du Philharmonique de Vienne (1er mars 2010).
Chef parfois contesté, mais cette fois incontestable à la
tête de l’Orchestre philharmonique de Vienne - dans un programme associant la Pastorale de Beethoven et le Sacre du printemps de Stravinsky - Lorin
Maazel [notre photo] nous a présenté une remarquable vision de ces deux œuvres,
en évitant les écueils d’interprétation que peuvent être une langueur excessive
pour la première, un manque de cohésion pour la seconde. L’œuvre de
Beethoven nous est apparue lumineuse, bien articulée, nuancée, sans mièvrerie
ni concession romantique excessive, notamment dans le deuxième mouvement,
respectant le climat pastoral comme le souhaitait le compositeur, avec un
quatrième mouvement particulièrement
convaincant dans la fureur des percussions, des cuivres et de la petite
clarinette. Dans le Sacre, l’orchestre
fut à la hauteur de sa réputation : excellence de tous les pupitres,
vents, cordes, percussions, alternant souplesse & douceur ou agressivité
& fureur, et faisant preuve d’une grande réactivité. Lorin Maazel a
su maintenir la cohésion de l’orchestre par une direction intelligente, une
gestique claire et précise et une complicité - indispensable dans ce répertoire
- avec tous les musiciens.
©Andrew Garn
Patrice Imbaud
Haut
Festival de musique de chambre
« À portée de mains ». Autun,
11, 12 &
13
mars 2010
(1re édition).
Admirable initiative que cette organisation d’un festival de musique de
chambre dans la ville d’Autun, sous l’égide de la talentueuse pianiste Pauline
Perret. Forts de leur réputation internationale, les divers artistes (Pascal
Amoyel, Éric Artz, Frank Braley, Renaud Capuçon, Claire Thirion, la comédienne
Macha Méril…) se mettront donc, trois jours durant, au service de compositeurs
majeurs des XIXe et XXe siècles (Beethoven, Schubert,
Chopin, Liszt, Brahms, Ravel, Milhaud, Lutoslawski). Exemplaire d’une
certaine modernité lyrique, le Trio pour
deux violoncelles et piano de Jérôme Ducros (né en 1974) attestera, par
ailleurs, le souci d’ouverture animant cette manifestation. Enfin, c’est
au cours de la soirée du samedi 13 mars que les ombres tutélaires (?) de George
Sand et de Marie d’Agoult frôleront celles de Liszt et de Chopin au Théâtre
municipal, le temps d’une soirée romantique fondée sur le croisement des
regards entre ces esprits fiévreux, tourmentés et féconds. Tout cela sous
le signe d’une convivialité chaleureuse et dans la grande paix de l’antique
cité bourguignonne qui, de ses portes romaines à sa cathédrale romane, de son
théâtre deux fois millénaire au collège qui accueillit Lazare Carnot et Napoléon, transformera, au
gré de ses errances interludiques, l’auditeur enchanté en visiteur émerveillé.
Réservation
et renseignements : www.festivalaporteedemains.com Tél. : 03.85.86.80.38 ou : 06.27.20.42.36.
Gérard Denizeau
À l’Opéra Comique : Les Fables de Jean de La Fontaine, mises
en musique par Nicolas Clérambault (1676-1749).
Par un compositeur majeur du règne de Louis XV, cette mise en musique
– si caractéristique de la pratique amateur sous l’Ancien Régime – donnera vie
à toute une société animalière, spirituelle ménagerie baroque pour petits et
grands. Les 17, 19 et 21 mars 2010. Avec Paul-Alexandre Dubois
(baryton-basse & mise en scène), Iakovos Pappas (clavecin & costumes),
Didier Boulais (masques).
Renseignements : Opéra Comique
(salle Bizet) – 5, rue Favart, Paris IIe. Tél. : 01 42 44
45 46.
www.opera-comique.com
Francis Gérimont
Reprise de Billy Budd à l'Opéra
Bastille.
Dans un de ses opéras les plus poignants, Benjamin Britten retrace le
fatal destin d'un jeune marin, Billy Budd, en
butte à la vindicte d'un maître d'armes, qu'il tuera, accusé par lui à tort
d'avoir fomenté une mutinerie. Au-delà de la dialectique entre perversité et
innocence, émerge une noble figure, celle du capitaine qui sait l'innocence du
jeune homme ; troublante aussi car il ne fera rien pour arrêter
la sentence de mort. En toile
de fond de cet opéra sans
personnage féminin, l'atmosphère oppressante du quotidien sur un navire de
guerre, The Indomitable. La mise en scène de Francesca Zambello, dans un décor grandiose,
pénètre avec acuité au cœur de ce monde clos où les caractères sont
exacerbés. Opéra Bastille, les 24, 27 et 29
avril, 3, 8, 10, 13 et 15 mai 2010, à 19h30. Renseignements : 120, rue de Lyon, Paris XIIe.
Tél. : 08 92 89 90 90. www.operadeparis.fr
©DR
Mignon revient à l'Opéra Comique.
Avec Mignon, Ambroise Thomas (1811-1896) a sans doute laissé l’un des plus parfaits exemples du genre opéra-comique. Un sujet pittoresque frôlant le tragique, tiré de la nouvelle de Goethe Les années d'apprentissage de Wilhelm Meister. Une
musique attachante, fort mélodieuse. Taxée d'académisme - son auteur dirigea le Conservatoire - comparée au souffle
berliozien, elle est pourtant forgée au beau style français. Créée à la salle Favart en 1866, la pièce va d'emblée emporter l'adhésion
du public. Elle restera l’une des plus jouées depuis lors dans cette salle,
jusqu'aux années 1960. La nouvelle production, confiée à Jean-Louis Benoît, est dirigée par le jeune chef prometteur François-Xavier Roth. Opéra Comique, les 10, 12, 14 et 16 avril, à 20h, le 18 avril 2010, à 15h.
Renseignements : 1, place
Boieldieu, Paris IIe. Tél. : 08 25 01 01 23. www.opera-comique.com
Festival
d'Aix-en-Provence 2010.
Selon son directeur, Bernard Foccroulle, l'édition 2010 du Festival d'Aix-en-Provence (1er-21 juillet) inaugure un
nouveau cycle dans l'histoire de cette prestigieuse manifestation : d'abord, celui de l'après-Ring, avec un choix d'opéras qui marque un retour aux
sources du festival, tout en préservant une volonté d'équilibre entre
répertoire et création, comme un jeu de contrastes entre grandes figures du chant et jeunes talents émergents. Le retour ensuite, entre autres lieux de spectacles, dans un endroit
de plein air, le Grand Saint-Jean, où peuvent si bien
être explorés les liens entre nature et musique, mais aussi littérature. Cet
espace, situé à la périphérie de la ville, sera remodelé pour devenir désormais
le site privilégié des productions de l'Académie européenne de musique.
Cour de l’Archevêché ©DR
Pour ce qui est des programmes lyriques, le festival s'ouvrira par Don Giovanni, dans une nouvelle production de Dmitri
Tcherniakov qui signera là son premier Mozart. Le superbe Orchestre baroque de Freibourg sera dirigé par Louis Langrée
- et Andréas Spering pour le deux dernières représentations (les 1er, 3, 5, 7, 9, 12, 14, 16, 18 et 20 juillet). Suivra, également dans la cour de l'Archevêché, Alceste de Gluck, confié au tandem Ivor Bolton, à la direction (là encore du Freiburger Barockorchester), & Christof Loy, à la mise en scène ; une équipe qui s'est déjà distinguée à Salzbourg. À noter la présence, dans le rôle-titre, de la grande tragédienne
Véronique Gens (les 2, 5, 8, 10 et 13 jullet). Le Grand Théâtre de Provence offrira Le Rossignol de Stravinsky - associé à d'autres courtes
fables, dont Renard - occasion, dans la régie de Robert Lepage, d'un spectacle atypique
mêlant les techniques du théâtre
d'ombre à des marionnettes d'eau
vietnamiennes. L'Orchestre de l'Opéra de Lyon sera dirigé par Kazushi Ono (les 3, 6, 7 et 9 juillet à 20h, les 4 et 10 juillet à 17h). Pygmalion de Rameau - couplé avec des fragments de Hippolyte et Aricie -, dans une mise en scène de la
chorégraphe Trisha Brown, sera dirigé par William Christie à la tête de ses
Arts Florissants (les 16, 18, 19, 20 et 21 juillet). Une création : Le Retour,
opéra de chambre d’Oscar
Strasnoy, sur un livret de Alberto Manguel, d'après son roman, El regresso, associant des solistes de l'Académie dirigés par Roland Hayrabedian, sera donné les 4, 5, 8, 9, 12, 13 et 17 juillet au Grand Saint-Jean.
Grand Saint-Jean ©DR
Côté concerts, le Festival verra le début de la résidence pluriannuelle du London Symphony
Orchestra qui, après les Berliner Philharmoniker, est appelé à
maintenir le niveau d'excellence. Il
sera dirigé par Sir Colin Davis (les 17 et 18 juillet). L'orchestre sera, en outre, associé à un projet pédagogique : l'aide, par plusieurs de ses musiciens, à la
formation artistique d'un orchestre de jeunes nouvellement constitué par des
recrutements sur place. Outre des concerts de prestige (Jordi Savall et Hespèrion XXI, le 14 juillet ; les Gabrieli Consort and Players, dirigés par Paul McCreesh, dans les Vêpres de
Monteverdi, le15), deux soirées Schumann auront lieu les 11 (autour des pianistes Éric Le Sage et Helmut Deutsch) et
19 juillet (récital de Matthias Goerne). Les lauréats de l'Académie 2009 se produiront le 4 juillet, et ceux du cru 2010, les 16 et 18 juillet.
Aix-en-Provence ©DR
L'Académie de Musique
poursuivra en
effet ses activités de master-classes et de rencontres, dans plusieurs directions : Académie de chant, sur les airs et ensembles d'opéras de Mozart, comme sur le Lied et le répertoire contemporain / Académie de musique de chambre / Académie Opéra et création. Elle s'inscrira désormais dans le réseau européen
des académies d'opéra (ENOA) créé par plusieurs académies musicales à travers l’Europe.
Renseignements : Palais
de l'Ancien-Archevêché, 13100 Aix-en-Provence. Tél. :
08 20 92 29 23 (depuis l'étranger : 33 (0)4 34 08 02 17). www.festival-aix.com
Jean-Pierre Robert
BY-DOO et les fantômes pirates, c’est le spectacle événement de l’année !
La presse est conquise et déjà 34 000 spectateurs ont découvert ce spectacle à l’Olympia en décembre 2009.
A venir :
Une tournée nationale de 80 représentations de novembre 2010 à avril 2011.
Une reprise à l’Olympia de 30 représentations décembre 2010 / janvier 2011.
Vous ne l’avez pas encore vu…
Découvrez dès maintenant un extrait du spectacle : www.scoobydoo-surscene.fr
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Crédit Photo : Gaël REBEL.
Scooby-Doo et les Pirates Fantômes, 1er spectacle familial d’humour produit par JMD Production en partenariat avec Warner Bros. Consumer Products, a été lancé le 19 décembre dernier à l’Olympia.
Laëtitia Girard
PIANO
Bruno
SCHWEYER (Arrangements et harmonisations de) : Les plus belles mélodies russes au piano. Le Chant du Monde (jjouvanceau@chantdumonde.com) :
PN 4645. 2009. 47 p. 22,50 €.
Les éditions Le Chant du Monde, spécialisées,
entre autres, dans la musique russe (partitions et CDs), viennent de lancer cet
album qui permettra au plus grand nombre de célébrer l’Année franco-russe
(2010). Ce volume s’adresse aux professeurs de piano et à leurs élèves
qui, après quelques années d’études, pourront aborder cette sélection de pages
bien connues (S. Prokoviev, D. Chostakovitch, A. Mossolov,
N. Miaskovsky, A. Khatchatourian) ou découvrir des œuvres réduites
(et parfois simplifiées) de L. Knipper, V. Chébaline... Les
versions de Bruno Schweyer sont adaptées à l’instrument et aux techniques
pianistiques. La gravure est claire, tempi et nuances sont bien indiqués,
de même que les notes devant être accentuées. Certaines pages sont plus
faciles que d’autres. Des mouvements issus de la danse (valse, gavotte…)
et la fameuse Danse du sabre (A. Khatchatourian) contrastent avec des mouvements plus doux, pesants,
méditatifs (largo…) ; d’autres
sont bien enlevés.
Édith Weber
FORMATION MUSICALE
Freddy ROUX : Rhythm’n jazz. Rythmes à lire et à jouer
pour instrumentistes & chanteurs. Billaudot : G 8668 B.
Il s’agit là d’une étude systématique et pratique des
rythmes du jazz. Paragraphe après paragraphe, l’élève est conduit à se
familiariser avec le « swing » et le « binaire », à travers
les formules de base puis des formules plus compliquées. Les exercices sont
émaillés de références discographiques qui permettent d’assimiler ces rythmes
« en situation ». Un CD aurait été bien venu. Espérons que ce n’est que
partie remise.
FLÛTE
TRAVERSIÈRE
Christine
MARTY-LEJON : Romancine pour
flûte en ut & piano.
Lafitan : P.L.1808.
Bien que ce soit de façon libre, il s’agit de
variations sur un thème à la fois simple et gracieux. Il y a là de quoi
permettre à un flûtiste de niveau préparatoire d’exprimer sa sensibilité tout
en montrant sa technique. La partie de piano, souvent en contrechant, n’est
guère difficile et sera confiée sans peine à un élève.
Blaise
METTRAUX : Porté par le vent. Rhapsodie
pour flûte & marimba. Frédy Henry : FH 9186. Distr. Leduc.
Voici une œuvre très attachante d’un
compositeur suisse au parcours très éclectique. Le titre évoque parfaitement
l’ambiance de cette pièce exigeante techniquement mais qui comporte à la fois
des parties lyriques et beaucoup plus rythmiques.
Guy
PRINTEMPS : Sonate « à la
princesse inconnue » pour flûte & piano. Combre : C06611.
Ce compositeur, né en 1947, définit lui-même
sa musique comme « empreinte d’un certain mysticisme et volontairement
émotionnelle ». Il développe une modalité qui reconnaît la
hiérarchie des hauteurs à l’intérieur d’un système. Cette œuvre se
déploie en trois mouvements, deux mouvements vifs encadrant un mouvement lent.
Il s’agit d’une pièce exigeante et, en même temps, pleine de charme.
Pierre
FARDET : Alma pour 2 flûtes.
Combre : C06625.
Voici une pièce certes difficile mais pleine de poésie et qui demande des deux interprètes
une parfaite entente, à la fois dans le style et l’écoute mutuelle. Œuvre
courte, certes, mais dense et comportant de nombreuses facettes.
CLARINETTE
Philippe
OPRANDI : Chipie suite. « Trois
traits de caractère » pour clarinette & piano. Lafitan :
P.L.1899.
Trois parties, dans cette pièce de niveau
élémentaire : Chipie est tendre ; Chipie est chaleureuse ; Chipie est malicieuse. Chacune de ces
parties exploite de façon privilégiée un aspect technique de l’instrument. Il y
a beaucoup de bonne musique certes, mais un travail technique sans concession
pour évoquer les différentes humeurs de notre chipie. La partie de piano nécessite
un pianiste déjà aguerri.
ALTO
Edwin
ROXBURGH : Duologue for David pour
deux altos. United Music. Distr. : Leduc.
Cette pièce intéressante et difficile est
écrite dans un langage résolument contemporain. Le titre s’explique par la
dédicace : « for David Takeno
in memory of Barbara ». On sera heureux de découvrir ainsi une
œuvre de ce compositeur anglais né en 1937 et dont la production, aussi
abondante que diverse, est du plus haut intérêt.
CONTREBASSE
Patrice
SOLER : Jazz Notes. Contrebasse
& piano. « Combre : C006624.
Patrice Soler nous propose, dans ce premier
volume, trois charmantes petites pièces sans grande difficulté mais qui
demandent à être jouées dans un véritable style jazz : la partie de piano,
également facile, est déterminante pour donner le rythme. Il y a là de
quoi se faire plaisir !
Charles
CLAISSE : À l’aube de l’expression
contemporaine. 10 pièces pour contrebasse. Combre : C06615.
Préfacé par Thierry Barbé, professeur de
contrebasse au CNSMDP, qui a également donné leurs titres à ces dix pièces, le
volume correspond bien à son intitulé. Qu’il s’agisse de contrebasse classique
ou de jazz, on ne peut ignorer l’improvisation de style contemporain. Ces pages
sont donc, à la fois, une initiation aux techniques et une ouverture sur
l’improvisation et la transversalité des arts.
SAXOPHONE
Thierry
DELERUYELLE : Halte au sax, pour
saxophone alto mib & piano.
Niveau 1er cycle, 3e année. Lafitan :
P.L.1932.
Le titre, en forme de clin d’œil, est un
hommage du compositeur à son père, saxophoniste depuis quarante ans dans une
harmonie du Pas-de-Calais. Alternant tempos lents et rapides, cette pièce teste
les qualités d’adaptation de l’exécutant. La partie de piano nourrit un rythme
joyeux et syncopé. Voilà de fort agréable musique.
Gilles
MARTIN : Caraïbes pour saxophone
alto mib & piano.
Lafitan : P.L.1927.
De niveau 2e année, cette pièce
commence par un allegro vivo au
rythme évocateur. Suit un andante un
peu romantique, puis un bref retour au tempo
primo, qui clôt avec bonheur une pièce pleine d’allant et de bonne humeur.
René
SUAREZ : Caprice d’un sax pour
saxophone alto & piano. Niveau 1er cycle, 3e année.
Lafitan : P.L.1938.
L’auteur a pris pour point de départ la Sonate en do mineur de Mozart dont il garde les principaux traits de la
mélodie. Mais l’accompagnement se veut plus beethovénien que mozartien avec des
incursions dans les modes orientaux, comportant de « fausses
relations » que le compositeur demande de faire ressortir. Sans oublier
une cadence de style espagnol… Reconnaissons à tout cela beaucoup de charme et
d’humour.
Kumiko
TANAKA : Jardin japonais pour
saxophone alto mib & piano.
Lafitan : P.L.1828.
On peut sans doute faire confiance à l’auteur
pour le caractère japonais de cette pièce de niveau préparatoire. Parties
lyriques et rythmiques alternent avec bonheur dans une harmonie dépaysante
autant qu’agréable.
TROMPETTE
Stéphane
LORIDAN : La Belle Époque pour
trompette en sib (ou ut) ou cornet & piano. Lafitan : P.L. 1833.
Construite sur le mode des fanfares, polkas et
autres morceaux de la Belle Époque, si bien illustrée par les rouleaux enregistrés
par la Musique de la Garde républicaine et (bien qu’il ne soit pas nommé) dotée
de l’inévitable trio un peu sentimental, cette pièce pleine d’humour devrait
séduire les instrumentistes de fin de premier cycle. La partie de piano est
tout à fait abordable.
André
TELMAN : Justin, le petit lapin,
pour trompette en sib (ou ut) ou cornet & piano.
Lafitan : P.L. 1788.
Ce charmant petit lapin permettra au
trompettiste débutant de charmer son auditoire. La partie de piano demande un
instrumentiste déjà aguerri mais ne manque pas d’attrait.
COR
Pascal
PROUST : Variations studieuses pour
cor & piano. Combre : C06663.
De niveau deuxième cycle, ces variations sur
un thème en forme de choral demanderont certainement beaucoup d’étude pour
exprimer tout leur charme et toute leur variété. Le piano accompagne
discrètement, gardant souvent la forme d’un choral.
MUSIQUE CHORALE
Pierre
MINVIELLE-SÉBASTIA : Messe ordinaire pour chœur mixte (SATB) & orgue. 1 vol. 1 CD.
Delatour : DLT 1536.
Cette Messe
ordinaire comporte l’ensemble de ce qu’on appelle « l’ordinaire »
de la messe. Il n’est, hélas, pas inutile de rappeler qu’il s’agit des Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus et Agnus Dei. Il s’agit du texte latin (ou grec…) de la messe,
mis en musique de façon très fidèle. Même si le langage harmonique de cette
messe est proche du jazz - et comporte même une version « rock » -,
il s’agit bien d’une œuvre liturgique au sens canonique du terme. L’orgue
devra être proche du chœur pour permettre une mise en place précise des
différentes pièces. Sans être difficile, cette œuvre demande cependant un
chœur solide : les mélodies sont simples, mais l’accompagnement d’orgue ne
soutient pas le chœur. L’œuvre est donc caractérisée par l’unicité et la
concision du langage. Elle s’adresse à tous les chœurs, amateurs ou professionnels.
Elle a été créée à Notre-Dame de Chatou en juin 2006. Ajoutons que le CD
joint est particulièrement précieux. Il permet de faire répéter les
chœurs voix par voix avec accompagnement d’orgue, puis l’ensemble simplement
vocalisé. Il comporte enfin la version intégrale en styles classique et
rock. La mise en place de l’œuvre et sa compréhension par le chœur s’en
trouvent grandement facilitées.
Bruno
LESCARRET : Messe des Baladins, pour
chœur & orgue. Delatour : DLT 1540.
Écrite « pour la gloire de Dieu », cette messe,
non moins que la précédente, est fidèle au Graduale
Romanum. Il s’agit donc d’une œuvre liturgique. Alliant la musique modale avec ses couleurs
caractéristiques et le latin, dont le simple respect de l’accentuation suggère
la plupart des rythmes utilisés, cette messe est abordable par des ensembles
amateurs comme par des professionnels, aucune virtuosité n’apparaissant dans
les parties vocales ou instrumentales. Plus facile à mettre en œuvre que
la précédente, cette messe constitue un véritable renouveau pour une musique
liturgique hélas vouée, depuis des décennies, à une médiocrité qui confine
souvent à la misère. Saluons donc ce retour à la qualité sans laquelle il n’est
pas de vraie liturgie. Retour à la qualité certes, mais non retour au passé.
Ces messes, dans deux styles différents, sont résolument de leur temps. Celle
de Bruno Lescarret gagnera à la présence de la trompette ad libitum. La partie d’orgue est écrite pour s’adapter
à tout genre d’instrument - muni au moins d’un clavier, même si deux claviers
et un pédalier sont souhaitables. Notons ici la présence, en plus des pièces de
l’ordinaire (y compris du Credo) d’un Pater noster et d’un Ite missa est.
Précisons que les « Baladins » qui ont donné leur nom à cette messe
sont tout simplement les chœurs qui l’ont créée. On trouve sur le site du
compositeur un enregistrement excellent - et gratuit - de cette œuvre : http://lescarret.musique.free.fr/partition.htm
ORCHESTRE
ROSSINI : Il barbiere di Siviglia. Ouverture.
Éditée par Patricia Brauner. Urtext. Bärenreiter : BA 10546.
Cette édition très soignée, préfacée en
anglais, italien et allemand, est, comme toujours, d’une parfaite lisibilité.
La préface nous retrace l’histoire de cette ouverture ainsi que les problèmes
éditoriaux qui ont dû être résolus pour l’établissement du texte. Il a
fallu, notamment, la dépouiller des additions dans l’instrumentation et
d’autres modifications non voulues par Rossini. Ajoutons que le matériel
d’orchestre est disponible à la vente.
Daniel Blackstone
PERCUSSIONS
Jean-Luc
DAYAN : Temps forts. À
partir de la 2e année de batterie. ZurfluH (www.zurfluh.com). 23 x
31 cm, 140 p., ill. n&b, ex. musicaux, 1CD.
Fruit de l’expérience d’un musicien qui longtemps
accompagna des dizaines de chanteurs de variété ou jazzmen, cette méthode allie
présentation des notions fondamentales, conseils techniques (figures binaires
& ternaires) et exercices de style.
Les éditions
François Dhalmann (www.dhalmann.fr)
viennent de faire paraître diverses pièces destinées aux percussions :
- Edson ZAMPRONHA : Modelagem X-a (1997), pour
vibraphone solo. À jouer avec 2 baguettes dans chaque main (une
dure, une en rotin). Niveau : difficile (FD 0239).
- Richard PERRIN : Sous la foudre, un bruit de rosée coule
dans les bambous, pour deux percussionistes. Niveau : moyen
(FD 0235).
- Noël RIVET : L’aimé d’Isis, pour quintette de
percussion. Conducteur et partitions séparées. Niveau :
facile/moyen (FD 0194).
- Noël RIVET : Dody, pour trio de claviers à
percussion (glockenspiel, vibraphone, marimba). Niveau :
facile/moyen (FD 0195).
- Laurent JACQUIER : Amalgame, pour 5 percussionistes. Niveau : moyen
(FD 0148).
Schott Music (www.schott-music.com) et Boosey & Hawkes (www.boosey.com) viennent de publier tout un
lot de fort intéressantes partitions pour : piano (à 2 ou 4 mains), violon
& piano, violoncelle & piano, trio (2 violons & violoncelle),
guitare, chant & piano. Bref descriptif :
PIANO
- Wolfgang Amadeus MOZART : La Flûte enchantée. Arrangement pour piano. Niveau : facile (ED 20442).
- Engelbert HUMPERDINCK : Hänsel et Gretel. Arrangement pour piano.
Niveau : facile (ED 20580).
- Anthologie romantique : 30 pièces originales de : Chopin, Schumann, Gounod, Rimsky-Korsakov… Avec CD. Niveau : ordre croissant de
difficulté (ED 12912).
- Friedrich SMETANA : La Moldau. Niveau : moyen
(ED 4345).
- Tableaux de voyage : 37 pièces originales de : Schumann, Chopin, Mendelssohn,
Albéniz, Bartók, Debussy, Gershwin, Joplin… Niveau : moyen
(ED 9044).
- Livre classique à quatre mains : 11 duos originaux de : J. Chr. Bach, Haydn, Mozart, Beethoven, Schubert,
Weber, Brahms… Niveau : moyen (ED 2528).
- Christopher NORTON : Micro swing. 20 pièces originales.
Avec CD. Niveau : débutant (Boosey & Hawkes : BH 12049).
VIOLON
- Gabriel FAURÉ : Berceuse, op. 16. Difficulté :
moyenne à difficile. Parties séparées (VLB 123).
- Gabriel FAURÉ : Sicilienne, op. 78. Moyenne
difficulté. Parties séparées (VLB 130).
- Fazil SAY (*1970) : Concerto pour violon « 1001 Nights in the Harem »
(2007). Réduction d’orchestre au piano (ED 20539).
- The Boosey & Hawkes Violin Anthology. 29 pièces de 18 compositeurs : J. Adams,
Bartók, Britten, Copland, Górecki, Prokofiev, R. Strauss,
V. Thomson, Stravinsky… Parties séparés (Boosey &
Hawkes : HL 4801 638).
VIOLONCELLE
- Gabriel FAURÉ : Berceuse, op. 16. Difficulté :
moyenne à difficile. Parties séparées (CB 217).
- Gabriel FAURÉ : Sicilienne, op. 78. Moyenne
difficulté. Parties séparées (CB 189).
TRIO À CORDES
- Turlough O’CAROLAN
(1670-1738) : 16 Trios pour 2
violons & violoncelle. Pièces faciles, entre folklore et musique
savante (ED 20335).
GUITARE
- Mon premier concert. 44 pièces faciles, sur cinq siècles, de :
J. Dowland, R. de Visée, H. Purcell, G. Sanz,
M.-A. Charpentier, M. Carcassi, F. Carulli,
L. Brouwer, A. Tansman, F. Sor… Avec CD
(ED 20601).
- Anthologie romantique. 33 pièces originales
de : Diabelli, Paganini, Mertz, Bosch, Sor, Coste, Carulli, Berlioz,
Beethoven, Tuček… Avec CD. Niveau : facile
(ED 13110).
CHANT
- Aaron COPLAND : Old American Songs Complete. 10 chants pour voix
moyenne. Avec CD (Boosey & Hawkes : HL 4801 9954).
Francis Cousté
Bruno MOYSAN : Liszt,
virtuose subversif. Lyon, Symétrie, 2010. 17 x 24 cm,
304 p. 45 €.
De l’art de convertir une thèse
magistrale en un roman captivant ! Pétillant d’intelligence,
supérieurement documenté, lumineusement présenté, le beau livre de Bruno Moysan
est à la hauteur du défi lancé par Franz Liszt à l’histoire musicale. Un
Liszt qui, « mystère dans une énigme », reste le seul grand musicien
à faire transition entre les deux vagues du mouvement romantique, supporter exalté de la Fantastique et spectateur séduit par Lohengrin. Certes, les rhapsodies
demeurent ses pages les plus populaires, devant les Années de pèlerinage, les Consolations ou les Harmonies poétiques et religieuses,
mais Bruno Moysan s’attache surtout à l’immense corpus des transcriptions.
Après sa prodigieuse réduction de la Fantastique,
Liszt multipliera les travaux analogues, au bénéfice de Wagner, Berlioz,
Bellini, Meyerbeer, Verdi, Halévy, Saint-Saëns, voire Bach, Mozart, Beethoven
ou Schubert. Spécialiste reconnu des trames tissées entre art et société,
Bruno Moysan distingue ici une double dimension de l’action lisztienne :
d’une part, le virtuose transcendant construit sa propre statue à la gloire du
créateur romantique, prophétique et messianique, d’autre part son propre geste
virtuose le place en avant-courrier d’un mouvement subversif d’autant plus
audacieux que le public de l’opéra, charmé de retrouver sous ses doigts,
l’évangile lyrique du bel canto,
n’entend ici ni hérésie ni apostasie. Là où Berlioz et Wagner haranguent
une foule rétive, Liszt se contente de projeter son javelot vers les champs
d’un futur déjà magister des
consciences subjuguées. Et l’on comprend enfin pourquoi le maître
hongrois est joué de façon si parcimonieuse lors même que son nom brille au
firmament des plus brillantes constellations musicales. Aussi sensible
qu’érudit, aussi précis que lyrique, aussi puissamment synthétique que
brillamment analytique, l’ouvrage de Bruno Moysan offre un ultime motif de
satisfaction : pour une fois que c’est aux Anglo-Saxons (et aux autres) de
devoir attendre la traduction d’une somme musicologique !
Gérard Denizeau
Bernard de CLAIRVAUX : Office
de Saint Victor. Prologue à l’Antiphonaire Lettre 398. Cerf (laurence.vandame@editionsducerf.fr).
2009. 317 p. (avec XIV p. ill. + CD encarté).
64 €.
Bernard de Clairvaux (1090-1153), cistercien, est bien
connu par sa prose assonancée, ses Lettres, Sermons, Sentences, Paraboles… La
restitution de l’Office de Saint Victor (en l’honneur de l’ermite Victor d’Arcis) fait l’objet d’une introduction
littéraire et théologique (Dom Gérard Dubois), musicologique et historique
(Claire Maître). Le texte critique de l’Office de Saint-Victor et des Sermons
sur Saint-Victor (édition, 1615) a été établi par Claire Maître qui, en
marge, signale la pagination des Sancti
Bernardi Opera (édition cistercienne). Pour une meilleure compréhension,
des écrits de saint-Bernard et une Vie de
Saint-Victor, source probable de l’Office ont été regroupés. La présentation : texte latin (Cl. Maître) et
traduction française (6 traducteurs) en regard, bénéficie d’une excellente
approche méthodologique (lieu de conservation des divers manucrits, description
codicologique, liste des sigles). La conclusion met l’accent sur
l’objectif de la réforme musicale lancée entre 1142 et 1147 par les
Cisterciens, consistant à « purifier » les chants liturgiques, afin
de retrouver la tradition du pape Grégoire. Cette édition a le mérite de reproduire
quelques folios du Manuscrit de Troyes (XIIe s.),
et de comporter un disque avec des monodies grégoriennes interprétées en
connaissance de cause par les Ambrosiniens, chœur grégorien de Dijon qui, sous
la direction avisée de l’abbé Marc Robin, illustrent les Premières Vêpres,
Vigiles, Premier, Second et Troisième Nocturnes, Laudes, Vêpres II et Vêpres
dans l’Octave. Excellente initiative des Éditions du Cerf, publication qui
devrait figurer dans toutes les discothèques de nombreux médiévistes, théologiens
et liturgistes.
Laure
GAUTHIER : L’Opéra à Hambourg
(1648-1728). Naissance d’un genre, essor d’une ville. Paris.
« Monde germanique. Histoires et cultures », PUPS (pups@paris-sorbonne.fr), 471 p. 26 €.
Le thème des villes est en vogue chez les auteurs et les
éditeurs. Cet ouvrage, centré sur l’Opéra à Hambourg lors de sa genèse (après
le Traité de Westphalie jusqu’à son âge d’or), montre que cette institution
contribue largement au rayonnement d’une région et à l’essor économique de
cette ville libre hanséatique convoitée par les rois du Danemark. Les difficultés
des cours luthériennes pour établir des Opéras sont bien connues.
D. Bourel, dans sa Préface, rappelle d’abord les influences de Michael Praetorius
et Heinrich Schütz (avec son projet d’Opéra) et la tradition italienne. L’Opéra
du Marché aux oies (Gänsemarktoper)
fonctionne depuis le 2 janvier 1678, avec salle à l’italienne. Son
répertoire, essentiellement en langue allemande, est considérable :
environ 250 œuvres lyriques de G. Fr. Haendel, R. Keiser,
G. P. Telemann représentées de 1678 à 1740. Ces représentations
étaient fréquentées par un grand public de mélomanes curieux et attiraient des artistes
très connus. Issu des cours catholiques en Italie, ce genre s’est ensuite
implanté dans l’espace nord-allemand. À l’appui de sources sérieuses,
5 chapitres retracent l’essor de la ville, le rôle de la musique profane,
de la musique sacrée et liturgique, traitent le premier répertoire (opéras bibliques,
entre autres). Le dernier chapitre : « L’institutionnalisation
de l’Opéra public » souligne l’influence du modèle de l’Opéra
hambourgeois, les festivités publiques, festins, sérénades et jubilés, à
l’origine d’une mythologie locale. La conclusion concerne la fermeture de
l’établissement, l’esthétique de la galanterie et, finalement, la métamorphose
de Hambourg. Dotée d’une indispensable Chronologie, d’une Bibliographie sélective et d’un Index, cette histoire d’un
théâtre local — avec des mutations politiques, confessionnelles et identitaires
de Hambourg aboutissant à une nouvelle culture urbaine — est un modèle.
Elle comblera une sérieuse lacune dans l’histoire de l’Opéra allemand.
Sylvain
CARON & Michel Duchesneau (Direction
scientifique) : Musique, art et religion dans l’entre-deux-guerres. Symétrie (www.symetrie.com). 505 p.
60 €.
Cette publication groupe une trentaine de
remarquables contributions présentées lors du colloque éponyme sous-titré
« Construction d’une culture en pays francophones ». Il s’est
tenu à l’Université de Montréal et a réuni, dans une optique complémentaire,
des historiens des arts, musicologues, théologiens et sociologues. Le sujet
concerne une époque de grand bouleversement où les créateurs, peintres et
musiciens n’ont pas hésité à proclamer leur foi par leur art, pour relancer une
culture catholique. Des correspondances existent entre musique liturgique
catholique et arts visuels. Parmi les auteurs français figurent :
C. Auzolle, D. Escande, A.-M. Green, M.-L. Langlais,
M. Steinmetz… et les canadiens : G. Routhier, M.-N. Lavoie,
J. Rhéaume, M.-Th. Lefebvre (universités de Montréal et de Laval)... Ils
traitent de nombreux problèmes concernant « musique et foi » à la
recherche de nouveaux moyens d’expression depuis 1870. Ils reprennent les idées
de nombreuses personnalités, telles que J. Maritain, A. Caplet, D. Milhaud,
le pape Pie X (Motu proprio,
1903), le père V. Lelièvre, P. Claudel, S. Lifar,
A. Honegger, Daniel-Lesur, Ch. Tournemire, O. Messiaen… Parmi
les idées directrices : l’idéologie, l’identité, la judaïcité ; le
retour à la pensée médiévale dans la musique à l’Église (1920-1930) ; les
rôles du chant à travers le recueil Pax (Cantiques d’après le style grégorien, 1920), dans les paraliturgies, à l’École
de Ste-Clotilde ; la réception et d’intéressantes définitions de la
musique sacrée. Des pistes nouvelles s’ouvrent avec les communications :
« Politique et symbolisme religieux », « Le sentiment religieux
dans la musique », « La religion et l’art moderne ». L’intérêt
de ce livre original, rappelant le renouveau musical, est renforcé par trois Index
très éloquents. Le mérite en revient aussi à la direction scientifique de
S. Caron et M. Duchesneau, avec la collaboration de M.-H.
Benoit-Otis. Cette publication, révélatrice du monde catholique
francophone, est destinée aux historiens de la musique et de l’art,
théologiens, musicologues et hymnologues, et à ceux qui recherchent des
solutions aux problèmes musicaux, artistiques et religieux du XXe siècle.
Woźniak
& Marjorie GUIGUE : Chopin.
BDMusic (www.bdmusic.fr). Distr. : Harmonia Mundi.
31 p. 2CDs (72’55 + 67’05).
Cette formule
originale des éditions BDMusic propose aux jeunes et moins jeunes une bande
dessinée particulièrement originale, quelque peu naïve et haute en couleurs,
situant Chopin dans son cadre, en Pologne, au piano, à Varsovie et avec
allusions au folklore polonais qu’il a largement exploité. Une documentation
avec de nombreux sous-titres cite ce Polonais à Paris, à Majorque avec George
Sand, ainsi qu’à Paris et Nohant, et montre que ce « maître de la petite
forme » a, pour ses 24 Études et 24 Préludes en 24 tonalités,
prit modèle sur le Clavier bien tempéré.
Il a conféré au Prélude son caractère de « véritable forme
musicale ». François Hudry termine son excellente présentation sous le
titre : « Le crépuscule d’un malade » et démontre que sa musique
« est intime, nostalgique et d’une indicible poésie ». C’est aussi le
cas des deux CDs réalisant de véritables « interprétations
légendaires » et authentiques, sous les doigts d’Alfred Cortot (1931,
1933), Arthur Rubinstein (1939), Dinu Lipatti (1947), Samson François (1954)…
dont la réputation n’est plus à faire. Voilà un total de plus de deux
heures de musique à écouter dans l’intimité.
Joe G.
PINELLI & Didier DAENINCKX : Debussy.
BDMusic (www.bdmusic.fr). Distr. : Harmonia
Mundi. 38 p. 2CDs (71’36 + 77’20).
Reprenant la même formule, grâce à Joe
G. Pinelli, Didier Daeninckx pour la bande dessinée, et E. Ansermet,
P. Monteux, Ch. Munch, M. Meyer, C. Maurane… pour les
« Interprétations légendaires », cette réalisation des éditions
BDMusic retiendra l’attention à plus d’un titre. Elle permet d’entendre
le Prélude à l’après-midi d’un faune (direction :
E. Ansermet), les Nocturnes (P. Monteux) des extraits de La Mer (Ch. Munch) de Pelléas et Mélisande (direction : E. Ansermet), des Images (au piano : M. Meyer), les Ariettes
oubliées (S. Danco, soprano ; G. Agosti, piano), ainsi que
les Trois Ballades de François Villon (direction J. Fournet ; C. Maurane, baryton). Cette
excellente anthologie, à finalité pédagogique et artistique, intéressera jeunes
et moins jeunes mélomanes.
Anne PENESCO : Paul Mounet. Le tragédien qui parlait aux étoiles.
« Histoire », Cerf (www.editionsducerf.fr).
2009. 506 p. 49 €.
Nous
avons déjà rendu compte du livre : Mounet-Sully « L’homme
aux cent cœurs d’homme » (2005), présenté par Anne
Penesco sous un triple éclairage littéraire, philosophique, artistique, ayant mis l’accent
sur la voix de Jean Mounet-Sully qui « va
au cœur des mots, éveille leur mélodie secrète n’existant qu’à l’état latent,
et les dote d’un supplément de musique. » Le présent livre concerne son
jeune frère Paul, partenaire de la Comédie Française. Réalisée à partir
d’archives privées (plusieurs milliers de documents inédits), cette première
biographie, loin des clichés, présente la vie de cet « homme de
conviction, généreux, passionné, héros de la guerre de 1870, médecin, acteur
inspiré, remarquable pédagogue au Conservatoire d’Art dramatique ; il a
formé de nombreux jeunes talents pour lesquels il a été un bel exemple par ses
qualités : diction (égalant sa plastique), simplicité, « grandeur quasi-biblique »,
« art de profonde et large humanité ». Anne Penesco a le grand
mérite d’avoir rédigé la première biographie de celui qui, au soir de sa vie,
prononça ces paroles (justifiant son titre) : « Nous étions nés, nous
les Anciens, sur une haute montagne ; de là-haut, nous parlions aux
étoiles ».
Édith Weber
Pascale FAUTRIER : Chopin (1810-1849). « Folio biographies »,
Gallimard, Paris, 2010. 460 p.
En cette année 2010, célébrant le bicentenaire de la
naissance de Frédéric Chopin, voilà une très belle biographie, à petit prix,
bien écrite, érudite, didactique, de lecture facile, bien documentée et
illustrée qui séduira tous les inconditionnels des biographies de Stefan Zweig
(excusez du peu !) et même les autres…
Patrice Imbaud
« Les Ballets
russes », numéro spécial de la revue Danser (tél. : 08 05 05 01 47. d.pillette@dansermag.com).
22 x 28,5 cm, 120 p., ill. n&b et couleurs. 8,90 €.
Dans ce superbe hors-série du magazine Danser, à la somptueuse iconographie,
est proposée une chronologie quasiment exhaustive de cette épopée artistique -
assortie d’une interview de Boris Kockno, secrétaire de Diaghilev, de souvenirs
de Tamara Nijinski au sujet de son père, de la biographie des protagonistes de
la troupe, de l’analyse des principaux ballets (avec réflexions sur leur
postérité) et de maints points de vue souvent iconoclastes…
Michel PAZDRO : Chopin - « Chapeau bas, Messieurs, un génie ! ». Gallimard
« Découvertes/ Arts ». 12,5 x 18 cm,
160 p., ill. n&b et couleurs. 14 €.
Parmi la pléthore éditoriale suscitée par l’anniversaire
du musicien, voici - placé sous les auspices de la fameuse exclamation de
Schumann - le précieux vade-mecum que d’aucuns espéraient… Rien ici, bien sûr, que
d’essentiel, émaillé – comme à l’ordinaire, dans cette merveilleuse petite
collection – de nombreux documents et magnifiques illustrations.
Henri DUPARC : Lettres à Jean Cras, « le fils de mon âme ». Présentées
& annotées par Stéphane Topakian. Symétrie & Palazzetto Bru Zane
(www.symetrie.com). 17 x
24 cm, 182 p., ill. n&b. 30 €.
Il est bienheureux que Jean Cras sorte enfin du purgatoire
où une injuste postérité l’avait exilé. Et cela grâce, d’une part, à
Stéphane Topakian, présentateur de cette correspondance (sous le label Timpani qu’il
dirige, il a également entrepris de publier l’intégrale de l’œuvre) et grâce, d’autre
part, à l’énorme « pavé » que vient de publier Paul-André Bempéchat,
de l’Université Harvard, aux éditions… Ashgate (www.ashgate.com) : Jean Cras, Polymath of Music and Letters. Père spirituel de
Jean Cras (1879-1932), auquel il survécut un an, Henri Duparc (1848-1933) soutint
toujours la vocation de compositeur de son unique disciple, sans pour autant le
dissuader d’abandonner la carrière de marin qu’il mena brillamment en
parallèle. D’une lecture fort éclairante sur l’un et l’autre épistoliers.
Bernard FOURNIER
(avec la collaboration de Roseline Kassap-Riefenstahl) : Histoire du quatuor à cordes. De
l’entre-deux-guerres au XXIe siècle. Fayard. 15 x 23,5 cm, 1 550 p.,
tableaux, ex. mus. 40 €.
Le troisième tome de cette monumentale Histoire du quatuor à cordes en
constitue l’aboutissement. Il comporte deux parties : la première est relative à la période qui s’étend des années 1900 à 1950, en Grande-Bretagne,
Russie (puis Union soviétique), Europe centrale (Tchécoslovaquie, Pologne,
Hongrie, Roumanie), Suisse, Europe du Sud (Italie, Grèce), États-Unis et
Amérique du Sud ; la seconde couvre les années 1950 à 2008, « quatrième
grand moment de l’histoire du quatuor » nous dit l’auteur – où vingt-trois
brefs chapitres sont consacrés aux compositeurs les plus représentatifs de notre
modernité ; une deuxième section s’intéresse aux « modernes
classiques », notamment Chostakovitch ; une troisième section présente
enfin un panorama du quatuor, par pays, de 1945 à nos jours. Une somme sans
précédent, incontournable.
« Tempo Flûte »,
revue de l’Association d’histoire de la flûte française, n°1 (décembre 2009-mai
2010). Spécial générations. 21 x 30 cm, 40 p,
ill. n&b et couleurs. Renseignements : 01 30 27 48
80. www.tempoflute.com.
Avec le concours de spécialistes, de passionnés et de curieux,
cette toute nouvelle revue se propose d’étudier et partager l’héritage
historique d’un instrument dont le présent, singulièrement vivace, laisse
présager d’un avenir toujours plus fécond. Au sommaire de cette première livraison :
Taffanel, la belle aventure d’Edward Blakeman / Peter-Lukas Graf
(entretien avec Günter Rumpel) / L’héritage d’Alain Marion / Gladys
Bouchet, une vie de pédagogue épanouie / Entretien avec Juliette
Hurel / Le fonds René Le Roy à la médiathèque Gustav-Mahler°/
Sélection de partitions, CDs et DVDs. Longue vie à notre jeune
confrère !
Lionel
MARCHETTI : Haut-parleur, voix &
miroir dans l’esthétique de la musique concrète. « Entre-deux »,
Mômeludies éditions/CFMI de Lyon (www.momeludies.com).
14 x 18 cm, 80 p., 12 €.
Dans la riche collection « Entre-deux » (où
vient également de paraître La musique
concrète, art des sons fixés, de Michel Chion), le compositeur Lionel
Marchetti s’interroge : « Et si
le haut-parleur, à l’enregistrement associé né dans les mains intuitives d’un
poète et d’un typographe réalisait ce désir premier d’une bouche et d’une
oreille accouplées en un système d’équilibre, une bouche-oreille-haut-parlante
capable de restituer ce qu’elle entend : tous les sons du monde ? ».
On ne saurait mieux dire…
Leo COULTER &
Richard JONES : Enregistrer sa
musique & la diffuser sur Internet. Enregistrer, mixer, masteriser.
Eyrolles (www.eyrolles.com). 15 x
20,5 cm, relié, 192 p., ill. n&b et couleurs. 23 €.
Signé par deux diplômés de Cambridge University, voilà un
ouvrage qui – n’en doutons pas – fera un tabac chez les d’jeuns heureux
possesseurs d’un home studio ! Où sont explicitées les meilleures méthodes
d’enregistrement des voix et/ou instruments (choix, installation &
manipulation des équipements : enregistrement, mixage et mastering) et
donnés les meilleurs tuyaux pour diffuser ses propres créations sur la Toile.
Avec, en annexe, une Playlist de 24 albums, sélectionnés pour leurs qualités de
prise de son et de production (dont il est vivement conseillé de s’inspirer).
Glossaire des termes techniques.
Huib SCHIPPERS : Facing the Music – Shaping music education from a global perspective.
Oxford University Press (www.oup.com). En anglais.
15,5 x 23,5 cm, 220 p., tableaux & schémas. Paperback :
£15.99. Hardback : £57.00
Se fondant sur plus de 30 ans d’expérience, Huib Schippers
défend ici brillamment la fort originale thèse selon laquelle tout ce que nous
entendons, apprenons ou enseignons est - dans une large mesure - le produit de notre
rapport à la musique. Le tout illustré d’exemples vivants, mais aussi de
suggestions pour transposer ses théories dans la pratique quotidienne de tout
enseignant. Sept parties :
An auto-ethnography / « World Music » in education / Myth
of authentic traditions / Learning & teaching music, an
analysis / Communities, curricula & conservatories / Global
understanding of learning & teaching music, a framework / Music
cultures in motion (Netherlands, Western, Balinese gamelan, Indian music…). Annexes, glossaire,
notes, bibliographie, index.
Francis Cousté
Jaume ROSSET i
LLOBET & George ODAM : Le corps
du musicien. Manuel de prévention pour une pratique optimale.
Traduction (de l’anglais) : H. Garrabé et H. Arcier.
« Médecine des arts », aleXitère. Illustrations : Àxel
Oliveres i Gili. 22,5 x 22,5 cm, 124 p., 29 €.
Détails du fonctionnement du corps humain dans la pratique
instrumentale et foule de conseils avisés pour l’utilisation saine de cette
complexe machine constituent l’essentiel de cet ouvrage, par ailleurs plein
d’humour. La clarté de son texte, allié à des illustrations très vivantes
aideront tous les musiciens à accepter de mieux considérer ce premier outil de
travail qu’est leur propre corps. Le ton est léger, dénué d’arrogance, et
le propos étayé par une vraie compétence des auteurs. Bravo !
Martine Gagnepain
POUR LES PLUS JEUNES
Henri
DÈS : Cache-cache.
Illustrations : Vincent FARGES. Un livre, un CD. Les éditions
des Braques (www.leseditionsdesbraques.com).
Reliure carton. 21 x 21 cm, 34 p. ill. couleurs.
18 €.
Toutes générations confondues, qui ne connaît le
charmant Henri Dès (dont 23 écoles, crèches ou écoles de musique portent
aujourd’hui le nom) ? Sertissant les 14 chansons originales de son
premier disque, il publie ici un album délicieusement illustré par Vincent
Farges - madeleine de Proust, pour les moins jeunes… (À paraître en avril
2010.)
Francis Cousté
Histoires à lire et écouter. « À petits petons »,
Didier Jeunesse. Trois albums avec CD. 24 x 22,5 cm,
64 p., ill. couleurs. 21 € l’album.
Les trois albums avec CD déjà parus se nourrissent de
contes populaires de tous continents, peu galvaudés et assez farfelus, propres
à étonner, passionner, faire rire, faire réagir les petits dès 3 ans. Il
ne s’agit pas de contes musicaux, mais la façon dont les timbres de voix des
narrateurs sont choisis et mis en valeur, ainsi que les introductions et
intermèdes musicaux d’Hervé Suhubiette, en font des productions sonores
originales qui méritent d’être signalées aux oreilles exigeantes. Les
figures obligées de la répétition sont menées de façon particulièrement
jouissive. L’album intitulé Rira
bien qui rira le dernier (CD, 18’00) commence très fort, avec une histoire
délicieusement dégoûtante de Souris et de Voleur que Jihad Darwiche tient de sa
mère. Les enfants auront tôt fait de tout saisir du propos, même si le
savoureux accent du conteur peut surprendre à la première écoute. Dans le
même album, après La cocotte qui
tape-tipe-tope, joliment rapportée par Coline Promeyrat, on fait la
connaissance, dans La toute petite,
petite bonne femme, de Jean-Louis Craver qui parle les histoires plus qu’il
ne les raconte. Effet étonnant qui peut donner lieu à des jeux ultérieurs
sur les niveaux de langage… Chaque volume comporte trois histoires. Gourmand, trop gourmand (CD, 21’00)
regroupe des contes à faire saliver en toute culpabilité, Bêtes pas si bêtes (CD, 19’00) met à l’honneur un bouc rusé, une
chèvre mal embouchée et un cochon têtu. Ce dernier conte appartient à la
famille des récits à récapitulation, particulièrement appréciés des enfants, et
illustrés, dans le domaine de la chanson, par Biquette Biquette ou Tout va
très bien, Madame la Marquise. Des illustrations pleines d’humour et
propices au commentaire pour couronner le tout.
Hélène Jarry
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Jean-Sébastien
BACH : Œuvres pour orgue. Wim Winters, orgue. Paraty (www.paraty.fr) :
309.109. TT : 70’17.
Cet enregistrement propose une compilation intéressante de
pièces pour orgue de Bach ouvrant sur la Toccata
et fugue en fa majeur BWV140,
éblouissante de clarté. Le programme se poursuit par la transcription pour
orgue du Concerto en ré mineur de L’Estro armonico de Vivaldi, fidèle au texte original mais embelli
d’ornements et de variantes rythmiques. Wim Winters propose ensuite des
chorals extraits du Petit Livre d’Orgue particulièrement
bien choisis en raison de leurs qualités musicales et inventives.
L’enregistrement se termine par la Sonate
en trio n°6, pièce de virtuosité brillamment colorée que Bach avait destiné
à son fils Wilhelm Friedemann. Wim Winters se montre particulièrement à
l’aise dans ce programme élaboré avec discernement. Il n’est certes pas
facile aujourd’hui de proposer un énième enregistrement d’œuvres d’orgue de Bach,
cependant, le pari est gagné. La registration est judicieuse, colorée
mais discrète, le jeu est délicat, sans pour autant donner dans la suavité,
fougueux quand il le faut, mais toujours parfaitement mesuré. Enfin,
l’enregistrement a été réalisé sur l’orgue de l’Église réformée du Bouclier de
Strasbourg inspiré des instruments thuringiens du XVIIIe siècle.
Barbizet (inédits). Pierre
Barbizet, piano. 2CDs Lyrinx (suzanne@lyrinx.com) :
LYR272. TT : 116’00.
Voici déjà vingt ans que Pierre Barbizet nous a quittés.
Ce double CD, publié en janvier 2010, est une contribution aux nombreuses
manifestations entourant cet anniversaire : parution d’un livre de sa
femme Caline, un DVD, de nombreux concerts, principalement à Marseille où le
pianiste était installé depuis l’âge de onze ans et dont il avait profondément
marqué la vie musicale. Cet enregistrement présente une originalité
incontestable qui réjouira ses admirateurs : il propose des
enregistrements inédits, bandes de travail ou projets non aboutis. Le
premier CD, consacré à Mozart, est le résultat d’une séance privée, enregistrée
par René Gambini. Le second CD regroupe un Concerto Italien de Bach enregistré sur un demi-queue, un Carnaval de Schumann miraculeusement
conservé, trois pièces de Chabrier, et enfin l’Esquisse Valse de Jules Goudareau gravée directement sur disque
souple et retrouvée par la famille du compositeur. Bien sûr, la qualité
des enregistrements est loin d’être parfaite, mais quel document ! Mieux
encore que dans un concert préparé à l’avance, c’est dans ces séances fortuites
ou impromptues que l’on mesure la grandeur d’un interprète. On n’en a
jamais douté : Pierre Barbizet est un géant du piano.
Gérard Moindrot.
Dietrich BUXTEHUDE und seine Schüler. Danacord. CD Diffusion (31, rue Herzog, F-68920 Wettolsheim. info@cddiffusion.fr). TT : 58’15.
Sous le titre quelque peu hâtif : Dietrich Buxtehude et ses élèves, ce CD
regroupe des œuvres de ce maître, de Jean-Sébastien Bach et Nicolaus Bruhns
(1665-1697). L’excellent organiste Hans Helmut Tillmans les interprète
aux orgues Christensen de Nibe et de Hobro (Danemark). Les trois
premières plages concernent des pages de D. Buxtehude qui exploite des
formes traditionnelles, prélude et fugue, prélude de choral : Mit Fried und Freud
ich fahr dahin (Cantique de Siméon)
traité en un style contrapuntique très élaboré. Des œuvres de
J. S. Bach figurant à son programme sont, essentiellement des préludes
de choral, par exemple : Gelobet
seist du, Jesu Christ, dass du Mensch geboren bist (pour le temps de
Noël) ; Das alte Jahr vergangen ist évoquant la vieille année qui s’en est
allée, ou encore : Ich ruf’ zu dir,
Herr Jesu Christ (invocation à Jésus-Christ, extraite du Petit Livre d’Orgue de J. S. Bach).
Pour conclure, H. H. Tillmans fait preuve de virtuosité dans la
première Sonate en trio, en mib majeur BWV 525, avec son
redoutable Allegro. Pour les
organistes et discophiles, excellente occasion de se familiariser avec la
facture d’orgue danoise.
Die Quellen des jungen Bach : Bach, Buxtehude, Froberger, Reincken, Kerll. Alpha (stephanie@outhere-music.com) :
149. TT : 71’14.
Céline Frisch a sélectionné un clavecin
allemand d’Anthony Sidey, dont la facture permet tout particulièrement de jouer
des œuvres baroques. Sous le titre Aux
sources du jeune Bach, elle regroupe des œuvres de J. J. Froberger
(1616-1667), J. A. Reincken (1623-1722), J. K. Kerll
(1627-1693), D. Buxtehude (ca 1637-1707)
et, bien sûr, du Cantor de Leipzig. Les formes typiques de l’époque sont
représentées : Toccata, Suite, Capriccio, Passacaille.
Le jeune Bach a puisé dans l’héritage de ses prédécesseurs, comme Georg Böhm
qui lui a donné des leçons d’orgue. Par ailleurs, sa rencontre avec D. Buxtehude
sera décisive, à la fois pour la musique d’orgue, de clavecin et la musique
vocale qu’il a pu entendre à Lubeck. À l’âge de 19 ans, il a
composé, pour le départ de son frère bien-aimé, Johann Jacob - qui devait
servir dans l’armée du roi de Suède -, le Capriccio
sopra la lontananza del fratello diletissimo (BWV 992) ; cette pièce,
rendue au clavecin, est particulièrement expressive. Ce programme
« à la rencontre du jeune Bach » recrée avec bonheur l’atmosphère et
l’esthétique allemandes typiques de la fin du XVIIe siècle.
Jean-Sébastien
BACH : Clavier bien tempéré. 4CDsTriton
(triton@disques-triton.com) :
TRI 331164. TT : 4h15’15.
Frédéric Désenclos, l’organiste bien connu, a
choisi les instruments suivants : orgues de la Oude Katholieke Kerk (La
Haye), de l’église Saint-Vincent (Lyon), de l’église Saint-Étienne (Baïgorry),
de Sint-Maartenskerk (Zaltbommel, en Hollande), pour réaliser l’intégralité du Clavier bien tempéré (et non
« clavecin ») de Jean-Sébastien Bach, sous-titré : Préludes et Fugues dans tous les tons… Pour
la pratique et le profit des jeunes musiciens désireux de s’instruire et pour
récréer ceux qui sont déjà rompus à cet art. Employé à la cour
calviniste de Coethen, il composait surtout des formes instrumentales : Préludes,
sortes d’improvisation lui permettant de donner libre cours à sa fantaisie et à
son imagination. Par ailleurs, il a conféré pour chacune des Fugues sa
structure spécifique. L’excellent organiste recrée le Clavier bien tempéré en tenant compte de
la spécificité des 48 Préludes et Fugues répartis sur les 4 CDs : voici encore - comme pour l’Intégrale de l’œuvre
d’orgue de F. Mendelssohn - une remarquable réalisation des éditions
Triton.
Michael PRAETORIUS : Auch auff Orgeln. Un art de la transcription, entre
Renaissance et Baroque. Motets et Danses. Musique & Mémoire Production :
MMP 080901. TT : 69’48.
Le titre pourrait surprendre. En fait, il s’agit de
transcriptions d’œuvres vocales reposant sur des chorals luthériens et une hymne
grégorienne, traitées en forme de motets et réalisées d’une part, en 1617, par
Johann Woltz dans ses Nouvelles
tablatures de musique d’orgue [Nova
Mucices Organicae Tabulatura] et, d’autre part, plus récemment, par
Friedrich Wandersleb et Jean-Charles Ablitzer. Avec William Dongois
(cornet à bouquin) et Christian Wegmann (ténor), ils interprètent des pages de
Michael Praetorius - Schultheiss, Schulze - (1571-1621), à la fois
compositeur, organiste, théoricien et hymnologue, issu d’une famille très
luthérienne. En 1585, encore étudiant en philosophie et théologie à
Francfort-sur-l’Oder, il occupe déjà un poste d’organiste, et plus tard à
Wolfenbüttel. L’excellent organiste interprète notamment des Motets et Danses de
Michael Praetorius à l’orgue Esaias Compenius (1610) - actuellement au
Château de Frederiksborg (Danemark), ainsi que des Sinfionae extraites des recueils : Polyhymnia caduceatrix…, Musae
Sioniae, et reposant sur des thèmes de chorals luthériens, ainsi que l’hymne
grégorienne O lux beata trinitas.
Dans toutes ces œuvres, M. Praetorius excelle dans l’exploitation d’un
cantus firmus. Grâce aux transcriptions si précises de Johann Woltz, Jean-Charles Ablitzer & Friedrich
Wandersleb et aux interprétations de Jean-Charles Ablitzer, ce disque
représente un exemple pertinent de l’art de la transcription entre Renaissance
et Baroque.
Édith Weber.
Johann Sebastian BACH :
« Violin and Voice ». Arias de cantates et extraits de la Passion selon saint Matthieu et de la Messe en Si. Hilary Hahn,
violon. Christine Schäfer, soprano. Matthias Goerne, baryton. Münchener
Kammerorchester, dir. Alexander Liebreich. Universal/DG : 477 8092.
TT. : 56'54.
Pur produit du star system ou
authentique geste musical, le dessein du présent disque est de rapprocher des
pièces écrites par Bach pour la voix avec accompagnement obligé de violon.
L'idée en revient à Hilary Hahn dont le désir de se sortir des façons convenues
rejoint l'immense talent. Le résultat, si un peu austère, est
convaincant. On apprécie l'invention mélodique inépuisable de Bach, si
bien confiée à l'instrument. Le violon accompagne tantôt en écho de la ligne
vocale, tantôt, le plus souvent d'ailleurs, se fait le contrepoint de la voix,
brodant sur elle, dialoguant avec elle, après avoir établi le climat. Ainsi en
est-il dans ce florilège d'arias de cantates mais aussi lors de passages
significatifs de la Passion selon saint Matthieu (dont le célèbre
« Erbarme Dich », joué ici dans la version pour soprano
réalisée par Mendelssohn) ou de la Messe en si (Laudamus te).
Au jeu tout intériorisé de Hilary Hahn répondent le chant feutré, envoûtant
dans sa simplicité, du baryton Matthias Goerne et la déclamation naturelle et
poignante de Christine Schäfer. Nulle brillance ostentatoire ne vient
briser l'émotion musicale qui naît de l'entrelacs de la voix et du violon, même
si la virtuosité de l'archet fait parfois contraste avec la sobriété du chant.
« Concerto
Italiano » : Concertos pour
violon et orchestre de Domenico DALL'OGLIO, Michele STRATICO, Pietro
NARDINI & Antonio LOLLI. Giuliano Carmignola, violon. Venice
Baroque Orchestra, dir. Andrea Marcon. Universal/Archiv Produktion :
477 6006. TT. : 81'38.
Le genre du concerto de violon
italien au milieu du XVIIIe siècle fut illustré par bien d'autres
maîtres que Vivaldi, Tartini ou Locatelli. Cette judicieuse anthologie est
l'occasion d'en découvrir la formidable richesse. Les noms réunis ici ne sont
pas familiers, mais quelle ressource et que de styles différents ! Le
concerto du vénitien Dall'Oglio se distingue par un beau largo, orné de
trilles, et deux mouvements extrêmes fort colorés, presque théâtralisés dans la
partie soliste, très exigeante de par son discours non linéaire et paré de
fréquents sauts. Le très prolixe Stratico, proche de Tartini, offre dans
sa pièce un mouvement médian, marqué lent, sorte de méditation de laquelle se
détache le soliloque mélancolique du soliste. Nardini, également disciple
de Tartini, offre une veine un peu compassée de prime abord, qui se découvre
plaisante ensuite jusqu'à un finale empli de joie de vivre. Enfin Lolli, le
plus tardif des quatre, qui dédiera son concerto au Chevalier de Saint-George,
écrit à la manière de Locatelli et préfigure même la virtuosité débridée d'un
Paganini. La partie soliste est on ne peut plus ornée, passant d'un
registre à l'autre sans solution de continuité. Les interprétations de Giuliano
Carmignola sont généreuses et fruitées et l'accompagnement prodigué par le
Venice Baroque Orchestra tout de goût, maniant avec brio les belles
ritournelles.
Padre Antonio SOLER : Sonates. Luis Fernando Pérez,
piano. Mirare : MIR 101. TT. : 73'16.
Antonio Soler vécut une grande
partie de sa vie auprès des grands d'Espagne, au monastère San Lorenzo de
l'Escurial, où il est d'ailleurs enterré. Il appartient à cette prestigieuse
école musicale espagnole du XVIIIe siècle qui, avec notamment
Domenico Scarlatti, légua un vaste corpus. Celui que l'on appelle le Padre
Soler composa, dit-on, quelque 140 sonates pour clavier, outre de la musique de
chambre. Les sonates, de très courte durée, sont caractérisées par une
étonnante richesse thématique et des harmonies inattendues. On y trouve
force ornements, notes piquées, trilles, etc. On pense à Scarlatti, bien
sûr, dont l'influence est indéniable, à son élégance racée, à sa rythmique
nullement pesante. Si elles ont été écrites pour être jouées aussi bien au
clavecin qu'au pianoforte, l'exécution de ces pièces sur un piano moderne ne
dépare pas. Bien au contraire, la sonorité brillante (d'un Yahama en l'occurrence)
apporte quelque chose de clair et d'enjoué. Le madrilène Luis Fernando Pérez,
qui dit avoir été séduit très jeune par cette musique dans laquelle il perçoit
la symbiose entre tradition et innovation, y apporte un jeu délié qui se régale
de ces tournures variées aux vivace irrésistibles ou au cantabile
remarquable. Le parti de juxtaposer ces sonates par groupe de deux, de
tempos variés, renforce le jeu de contrastes qui est l'une de leurs principales
caractéristiques.
Bicentenaire Chopin.
Frédéric CHOPIN :
« De l'enfance à la plénitude ». Polonaises en sib majeur, en sol mineur, en lab majeur,
en fa mineur op.71. Mazurkas op.7 n°4, op.50 n°3, op.67 n°4. Sostenuto en mib majeur. Cantabile en sib majeur. Nocturne op. posthume. Fantaisie-Impromptu op.66. Valses op.70 n°2 et en la mineur. Berceuse op.57. Barcarolle op.60. Scherzo n°4, op.54. Ballade n°4 op.52. Anne Queffélec,
piano. Mirare : MIR 096. TT : 80'20.
Délaissant le principe de
quelque intégrale, Anne Queffélec privilégie un programme selon son cœur. Conçu
comme un parcours subjectif à travers l'œuvre de Chopin, ce récital vise
au-delà de la stricte chronologie, à ménager des enchaînements de tonalités et
d'univers. Ses choix la portent vers l'élégiaque et le cantabile.
Artiste attachante, formée à l'école de Paul Badura-Skoda et de Jorg Demus,
Anne Queffélec livre un Chopin nimbé de poésie délicate, mais nullement fade,
d'une belle fluidité, évitant tout écart injustifié de dynamique. On
vérifie ici la pertinence de cette sentence de Gide pour lequel « Chopin
propose, suppose, insinue, séduit, persuade ; il n'affirme presque
jamais ». Ces interprétations évoluent dans le registre de l'émotion
intérieure. Dès lors est-on séduit par le mystère de la Barcarolle op.60, le chant ineffable du Nocturne op. posthume, l'improvisation
qui règne dans la Fantaisie-Impromptu,
conjuguant lyrisme et brio, ou encore la transparence de la 4e Ballade, là où Cortot
voyait la première pièce impressioniste. Le Scherzo
n°4 est aérien comme l'elfe, et limpide n'était sa rythmique capricieuse.
Au fil de ces pages, on mesure la trajectoire parcourue par le maître polonais,
depuis une tendre et sage polonaise de jeunesse jusqu'aux chefs-d'œuvre
souverains de la maturité.
Frédéric CHOPIN : Concertos pour piano & orchestre n°1, en mi mineur, op.11, et n°2, en fa mineur, op.21.
Rafal Blechacz, piano. Royal Concertgebouw Orchestra, dir. Jerzy Semkov.
Universal/DG : 477 8088. TT. : 74'20.
Pour son premier disque
concertant avec orchestre, Rafal Blechacz, premier prix du Concours Chopin de
Varsosie 2005, revient au musicien qui le révéla. Dans le 1er Concerto, son approche est sereine, au charme
rêveur, d'un absolu naturel, se souvenant de ce que Chopin doit ici au bel
canto, et avec juste ce qu'il faut de liberté dans un souci d'improvisation.
Le contraste, dès lors, est saisissant quant à l'accompagnement peaufiné par
son aîné et compatriote Jerzy Semkov qui privilégie un climat sombre et
emphatique, aussi bien dans le maestoso initial que lors de la
« romance » larghetto, où la douce quiétude de la cantilène du clavier
s'alliant au chant du basson est entourée d'une aura de sourde mélancolie.
Le finale est joyeux sans être excentrique, car le tempo impulsé par le chef
est là encore mesuré - décidément à l'aune d'une vision d'ensemble plus
réfléchie que virtuose. Dans l'opus 21 - qui fut le premier composé - les
choses paraissent plus en proportion, car la direction grandiose de Semkov
s'accorde mieux au dramatisme marqué de la pièce et à l'interprétation soliste
dont la brillance est cette fois très perceptible. C'est le cas pour les deux
mouvements extrêmes, tandis que le larghetto module tendrement sur un rythme
balancé. Dans les deux oeuvres l'Orchestre du Concertgebow produit un son d'une
merveilleuse douceur. Quelles que soient ses vertus, cette version ne fait pas
oublier celle unique que Christian Zimerman, entouré de l’orchestre ad hoc
qu'il dirige, réalisa il y a quelque années, pour le même éditeur.
____________________
Richard STRAUSS : Eine Alpensinfonie, op.64. London
Symphony Orchestra, dir. Bernard Haitink. LSO Live : LSO 0689.
TT. : 50'20.
Parmi les poèmes symphoniques
de Richard Strauss, Une Symphonie alpestre fait figure de mal
aimée, encore que moins vilipendée que sa consœur la Sinfonia Domestica.
On a coutume de critiquer son gigantisme et son syle ampoulé. C'est que
le programme est ambitieux et que les 22 tableaux de cette longue flânerie en
montagne recèlent un substrat philosophique se réfèrant à Nietzsche. La
genèse en fut longue et difficile, et il ne fallut pas moins de trois ans au
compositeur pour mener à bien ce monumental projet. La pièce requiert un
effectif orchestral gigantesque avec force percussions, machine à vent et
orgue. Si elle n'a pas la force de Une vie de Héros, non plus que
la concision de Don Juan, la symphonie renferme des attraits certains
pour peu qu'on élague quelques boursouflures et qu'on dépasse quelques tics
dont use et abuse Strauss, pour se concentrer sur une orchestration fort habile
réservant même plus d'un passage chambriste. C'est le parti choisi par Bernard
Haitink qui reprend le flambeau des Böhm et des Karajan. Sa lecture, se
refusant au spectaculaire, en souligne les luxuriantes couleurs instrumentales,
les effets d'orchestration en pierreries comme les curieux alliages sonores dont
certains ne sont pas sans annoncer des tournures du prochain opus, La Femme
sans ombre. De ce grand showpiece pour orchestre qui en sollicite
tous les départements, le LSO se fait une fête, et la brillance est tempérée
par d'infinies nuances dans le pianissimo.
Jean-Pierre Robert.
Balade impressionniste : Debussy, Ravel, Chabrier, Fauré, Enesco, Ibert, Gaubert, Saint-Saëns,
Shchedrin, Tailleferre, Scriabine, Françaix. Éric Aubier (trompette),
Pascal Gallet (piano). Indésens (www.indesens.fr) : INDE 014. TT : 62’28.
Après un premier CD consacré aux « Classical Trumpet
Concertos » (INDE 0018) - déjà évoqué, il y a quelques mois, dans nos
colonnes - voici une nouvelle publication, où Éric Aubier nous révèle une autre
facette de son talent, celle de chambriste, associé au non moins talentueux
pianiste Pascal Gallet. Un disque conçu comme une promenade dans une
exposition de tableaux impressionnistes, comme en témoigne le clin d’œil à
Moussorgski. Chaque tableau est l’occasion d’une séquence musicale
(transcriptions ou partitions originales), d’une atmosphère où peut se
développer avec bonheur toute la subjectivité des interprètes, suivant le
conseil de Manet : « Je peins ce que je vois, et non ce qui plaît aux
autres de voir ». Le résultat est musicalement remarquable, tout en
finesse et intériorité, en nuances et couleurs ; la perfection technique
est, ici, au service de l’expression. La présentation du disque est à la
hauteur de la qualité musicale : digipack à plusieurs volets reproduisant
divers tableaux impressionnistes choisis par le musicien.
David CHEVALLIER : Gesualdo Variations. Ensemble
A Sei Voci. Christophe Monniot (saxophones), Alain Grange (violoncelle),
Guillaume Roy (alto), (violon). Zig-Zag Territoires :
ZZT100202. TT : 41’24.
Disque pour le moins atypique où David Chevallier se
propose de revisiter les Variations de Carlo Gesualdo (1566-1613) en mêlant polyphonie madrigalesque, écriture
contemporaine et improvisations. Un résultat surprenant - qui n’est pas
exempt de qualités musicales, avec de beaux moments et une bonne prise de
son. Pour le reste…
Patrice Imbaud.
George Frideric HÄNDEL
(1685-1759) : Judas Maccabaeus (1747). Les Agrémens, Chœur de chambre de Namur, dir. Leonardo García
Alarcón. 2CDs Ambronay (www.ambronay.org) :
AMY024. Distr. Harmonia Mundi. TT : 64’04 + 64’05.
Bonheur de découvrir ce superbe oratorio de Haendel, celui
qui, juste après Le Messie, connut le
plus immense succès du vivant du compositeur, mais fut ensuite éhontément
négligé - pour des raisons probables de basse politique. N’y sont, en
effet, expressément nommés que deux personnages, Judas & Simon Macchabée,
résistants juifs, cependant que leurs ennemis, les Syriens, n’ont aucune
présence musicale. En résidence au Centre culturel d’Ambronay, l’Argentin
Leonardo García Alarcón (*1976) n’a de cesse de remettre à l’honneur de grandes
partitions baroques par trop négligées ; ainsi pare-t-il celle-ci de toute
une vocalité proprement italienne. Avec le concours de remarquables
solistes : Maria Soledad de la Rosa (soprano), Mariana Reverski (mezzo),
Fabián Schofrin (contre-ténor), Makoto Sakurada (ténor), Alejandro Meerapfel
(baryton) et Étienne Debaisieux (basse).
Enrique
GRANADOS : Valses poétiques.
Astor PIAZZOLLA : Histoire du tango.
Maurice RAVEL : Pièce en forme de
habanera. Wolfgang Amadeus MOZART : La Flûte enchantée. Hervé Hotier (flûte traversière), Raymond
Gratien (guitare). De plein vent (www.depleinvent.com) :
DPV CD 10144. Distr. Abeille Musique. TT : 51’29.
Voilà un ensemble de transcriptions qui ne manquera pas
d’interpeller flûtistes & guitaristes bien sûr, mais aussi simples
mélomanes qui seront sensibles au charme indéniable de la formule. Où se
succèdent : huit Valses poétiques de Granados, quatre pièces de Piazzolla (Bordel 1900, Café 1930, Night Club 1960, Concert
d’aujourd’hui), la Pièce en forme de
habanera de Ravel et des extraits de La
Flûte enchantée (airs de Papageno, de Monostatos, de la Reine de la nuit,
Chœur des esclaves et Trio des jeunes garçons).
Jean-Philippe
RAMEAU : Airs & danses d’opéra transcrits pour l’orgue par Yves Rechsteiner. À l’orgue historique de
Cintegabelle (France, 1742) : Yves Rechsteiner. Percussions :
Henri-Charles Caget. Collection « Ugab, l’univers de l’orgue »,
n°1 (février 2010). Super audio CD Alpha (www.alpha-prod.com) : 650.
TT : 77’34.
Le grand organiste que fut, dans toute la première partie
de sa carrière, Jean-Philippe Rameau n’écrivit curieusement pas pour son
instrument. Or, d’évidence, les 23 « Airs & Danses d’opéra »
(Les Indes galantes, Platée, Zoroastre, Hippolyte et
Aricie, Les Boréades…), ici
magnifiquement retranscrits pour le somptueux instrument de Cintegabelle
(attribué à Moucherel et pieusement restauré en 1989), semblent avoir été
originellement conçu pour de telles registrations. Merci à l’excellent
transcripteur & interprète qui aura eu, en outre, l’heureuse idée de
s’adjoindre le discret soutien d’un percussionniste. Magnifique livret
grand format, en couleurs, avec exemples musicaux. Signalons que toutes
ces transcriptions viennent de paraître, en 3 cahiers, aux éditions du
Chant du Monde (jjouvanceau@chantdumonde.com).
Pascal
DUSAPIN : Quatuors à cordes &
Trio. Quatuor Arditti. 2CDs Aeon (www.aeon.fr) :
AECD 0983. TT : 1h45’25.
Étonnamment programmés à rebours de leur chronologie, se
succèdent ici les Quatuors n°5 (2004-2005), n°4 (1997), n°3 (1993), n°2 « Times Zones »
(1989), n°1 (1982, révision 1996)
& le Trio « Musique fugitive » (1980).
Vingt-cinq années séparent donc la création de ce Trio de celle du 5e Quatuor,
toutes œuvres dont le présent coffret témoigne du constant renouvellement de
l’inspiration. Dans l’interprétation complice des merveilleux Arditti,
qui créèrent quatre de ces partitions d’un compositeur dont l’incroyable
prolificité ne semble pas sur le point de se tarir.
Ivan WYSCHNEGRADSKY
(1893-1979) : La Journée de
l’Existence (1916-1917) « Confession de la vie devant la
vie », pour grand orchestre & récitant. Nouvel Orchestre
philharmonique, dir. Alexandre Myrat. Récitant : Mario
Haniotis. Shiiin 4 (www.shiiin.com).
TT. 69’08.
Bien davantage qu’une curiosité, cet enregistrement - réalisé
le jour même de la création de l’œuvre, le 21 janvier 1978, à la Maison de
Radio France – sera une révélation pour tous ceux qui ignorent encore le grand
visionnaire que fut Ivan Wyschnegradsky [notre photo]. Primitivement
intitulée La Journée de Brahmâ, cette
vaste fresque - dont le texte est de la plume même du compositeur - aura été
évidemment marquée par la disparition prématurée de Scriabine
(1972-1915) ; elle appartient encore au système tempéré (le compositeur
imaginera bientôt la pansonorité,
système ultrachromatique en 1/3, 1/4, 1/6e puis 1/12e de
ton). L’œuvre comporte deux parties : « Histoire de la
conscience supra-individuelle » (27’28) et « Histoire de la
conscience individuelle » (25’11). En bonus : entretiens d’Ivan
Wyschnegradsky avec Daniel Charles (2’09) et Robert Pfeiffer (16’29). Que
soient ici remerciées - pour leur érudite présentation d’une partition toute
d’illumination et d’exaltation juvéniles - Martine Joste et Pascale Criton [présentation
à laquelle est particulièrement sensible l’auteur de ces lignes, qui eut le
bonheur de connaître le musicien, au soir de sa vie, lors de stages alors
organisés par le Groupe de recherches musicales de l’ORTF].
©Isabelle de
Rouville (1978)
Francis B. Cousté.
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S’ouvrant sur un éditorial de l’Inspecteur général de
l’Éducation nationale, M. Vincent Maestracci, orientant de façon concise
l’élève dans son travail, le supplément Baccalauréat 2010 de L’éducation musicale est d’une rare densité :
pas moins de 148 pages d’analyses et références.
Indispensable
aux professeurs d’Éducation musicale et aux élèves de Terminale qui préparent
l’épreuve de spécialité « série L » ou l’épreuve facultative
« Toutes séries générales et technologiques du baccalauréat », cette
publication réunit les connaissances culturelles et techniques nécessaires à
une préparation réussie.
À commander aux Éditions Beauchesne : 7, cité du
Cardinal-Lemoine, 75005 Paris.
Tél : 01 53 10 08 18.
Fax : 01 53 10 85 19. s.desmoulins@leducation-musicale.com
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Au
Sommaire de notre n°565 (Mars-avril 2010)
Dossier :
« Musique et franc-maçonnerie » : De l’ego à l’égrégore/ Le frère
Mozart/ Liszt et la franc-maçonnerie/ Un grand compositeur franc-maçon :
Sibelius/ Regards sur la franc-maçonnerie à travers ses chansons/ Art lyrique
et franc-maçonnerie/ Présence de la musique en loge : la Colonne
d’harmonie.
Analyse : Une preuve du symbolisme
numérique chez Johann Sebastian Bach : le contrepoint XIV de l’Art de la fugue.
Divers : Così fan tutte ou le théâtre d’amour/ Marguerite Canal,
compositrice/ D’une mission l’autre : quelles perspectives pour
l’Orchestre national d’Île-de-France ? [Entretien avec le chef d’orchestre
Yoel Levi]/ La grille d’Hélène Jarry.
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Dossiers déjà parus dans L'éducation musicale
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Femmes compositrices (2)
n° 562 |
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Musique et cinéma (2)
n° 561 |
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Musique et cinéma (1)
n° 560 |
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Paris et la musique
à l’époque des Ballets russes
n° 559
|
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La chanson
n° 557/558 |
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Femmes compositrices (1)
n° 555/556 |
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Activités vocales et instrumentales à l’école
n° 553/554 |
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Le bruit
n° 551/552
|
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Percussions
n° 549/550 |
Dossiers à paraître :
- Permanence
d’Olivier Messiaen
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Laëtitia Girard
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