Lettre d'information - no 118 mars 2018
Grande fut ma désillusion à la lecture du rapport Mathiot, qui a été rendu au ministre de l’Éducation nationale le 24 janvier ! Il commence si bien ! Le constat qu’il fait de la situation actuelle – et qui bannit enfin officiellement la langue de bois – reprend ce que tout le monde sait depuis des années: le baccalauréat est devenu une mascarade, un « examen » que ne parviennent à rater que ceux qui y mettent vraiment une ardeur sans pareil ! Il n’a plus aucune signification ; et seule la mention Bien ou Très Bien entérine l’acquisition d’un minimum de connaissances.
La conséquence en est que les Universités sont submergées par ces bacheliers qui, pour une majorité, n’ont aucune notion de ce qu’est un véritable investissement dans des études. Qui, ne sachant pas où préparer leur futur chômage, s’inscrivent en Droit, en Psychologie… Ils y passeront bien deux, trois ans, à profiter des plaisirs de la vie estudiantine ! Le Président Macron avait annoncé son souhait de revaloriser les métiers manuels, les apprentissages. Et voici le genre de phrases que l’on trouve dans ce rapport : « Or, il va de soi que la transformation du baccalauréat renvoie à la question de la réussite des élèves dans l'enseignement supérieur. »
Patatras !
En une seule phrase, M. Mathiot montrait qu’il n’avait absolument pas saisi l’enjeu d’une réforme de l’enseignement secondaire ! Non Monsieur, le but du lycée ne devrait pas être d’envoyer coûte que coûte les élèves dans l’enseignement supérieur ! Non Monsieur, « l’immense majorité des lycéens des séries générales et technologiques » ne savent pas « où ils poursuivront leurs études l'année suivante avant même le début des épreuves finales du bac ». Ils vont en majorité au casse-pipe universitaire ou dans des filières qui ne correspondent absolument pas à leurs capacités. Non Monsieur, les chances de réussite des étudiants ne sont pas identiques, et les études universitaires ne seront pas forcément pour eux gage d’épanouissement.
Le lycée, Monsieur, c’est pour moi tout le contraire de l’antichambre de l’université. C’est un lieu qui devrait former, selon l’expression que vous employez vous-même, « l’honnête homme », homme ou femme.
DE L’ENSEIGNEMENT SECONDAIRE EN GÉNÉRAL
Depuis 50 ans exactement (vive Mai 68 !), on s’est évertué à « démocratiser » l’enseignement secondaire, réservé autrefois à ceux qui souhaitaient réellement poursuivre des études. Mais cette démocratisation s’est très vite muée en dévalorisation. Tout le monde devait aller au collège ! Puis tout le monde au lycée ! Et maintenant tout le monde à l’université ! Qu’importe si le nivellement se fait par le bas ! Qu’importe si certains directeurs de recherche avouent ne plus même pouvoir publier certaines thèses, tant elles sont déplorables, dans le fond comme dans la forme !
Dans de nombreux établissements scolaires français, le rôle des enseignants est désormais celui de l’assistant social, employé à tenter de désamorcer des conflits incessants ; à essayer d’expliquer ce qu’est la politesse, le respect des autres. Le savoir ? Comment le transmettre dans une telle atmosphère ! Jadis, le certificat d’études – soit deux années seulement après le primaire : la fin de la 5e actuelle !!! – lançait sur le marché du travail des jeunes qui – sans être des savants – maîtrisaient les notions fondamentales (français, « calcul », histoire, géographie…), suffisamment pour prétendre à une vie fructueuse, à un apprentissage efficace, à un métier dans lequel ils pourraient pleinement s’investir. On a tenté de refaire passer aux lycéens un « certificat d’étude », ces dernières années. Les très rares fois où l’on a eu le courage de « lâcher » quelques résultats, ils étaient lamentables, catastrophiques, inavouables. Les élèves actuels ne maîtrisent plus ni le calcul mental, ni l’orthographe, ni la chronologie historique et artistique la plus basique, ni la localisation la plus élémentaire en géographie… La majorité des copies que nous essayons de corriger au baccalauréat sont truffées de fautes d’orthographe, l’écriture et la présentation sont plus que bâclées. Un je-m’en-foutisme toléré, encouragé. Avant d’évaluer, il faut tenter de déchiffrer ! Certes, cette situation n’est pas entièrement imputable au lycée ! Le collège a ici une responsabilité fondamentale ! Je me souviendrai toujours du premier conseil de classe auquel j’ai assisté, en tant que nouveau professeur de collège. On y passait en revue les élèves de troisième : « Oh celui-là, il ne fait rien ! Par pitié, qu’il aille au lycée. Et cet autre ! À quoi bon le faire redoubler ? Il ne le mérite pas ! Vite au lycée ! » On voyait ainsi des élèves franchir les quatre années de collège sans avoir fourni le moindre effort ; mais avec le seul objectif : s’en débarrasser le plus vite possible !
RETOUR AU LYCÉE
Au lycée ils y passent ! Et la logique a été poursuivie ! L’interdiction du redoublement que le gouvernement précédent a trouvé moyen d’instaurer au lycée a, en une année, causé des dégâts irréversibles ! Fort heureusement, cette idée des technocrates est abandonnée. Mais tant que l’obtention du baccalauréat sera envisageable, même pour les plus mauvais… à quoi bon redoubler ? Il y a des années que les élèves peuvent choisir de passer de première à terminale même contre l’avis du conseil de classe. À quoi bon refaire une première ? Il sera temps de redoubler la terminale, si l’on n’a pas eu son bac !
Il est facile de comprendre l’espoir qu’a suscité cette annonce de réforme du baccalauréat, et la volonté de lui « redonner tout son sens » !
LA « FIN DES FILIÈRES »
Et plus particulièrement l’espoir qu’a fait naître la fin des filières L, ES, S ! Enfin, on allait redonner aux étudiants un vrai savoir commun de base ! Enfin, les humanités, après cinquante ans de maelström, seraient remises à l’honneur. Enfin les matières allaient se trouver sur un pied d’égalité ! Fini les élèves incapables de compter (j’ai récemment appris à mes terminales littéraires à faire une division !!!) Fini les « scientifiques » incapables d’expliciter un raisonnement (« il ne sait pas s’exprimer, dit avec fierté mon collègue de mathématiques, mais il réfléchit très vite »).
Cette réforme, c’était trop beau pour être vrai !!!
Et patatras !
Plus de filières dans le rapport Mathiot ? Mais :
« Trois grandes “catégories” correspondant chacune à un certain nombre de Majeures :
« – Majeures “sciences et ingénierie”
« – Majeures “sciences et technologies”
« – Majeures “lettres-humanités-société”
« Cette mise en catégorie a une visée didactique pour les élèves et ne correspond pas à la (ré)invention de trois filières. »
Ah bon ? Et qu’est-ce d’autre que cela ?
« sept Majeures “sciences et technologies” qui reprennent l'architecture actuelle des séries technologiques (dont Stav dans l'enseignement agricole) »?
– quatre Majeures « sciences et ingénierie » : mathématiques/physique-chimie, sciences de l'ingénieur/mathématiques,
SVTE/physique-chimie, informatique/mathématiques.
– cinq Majeures « lettres-humanités-société » : mathématiques/SES, SES/histoire-géographie, littérature/enseignements artistiques et culturels, littérature/langues et civilisation de l'Antiquité, littérature étrangère/LVA ou LV2.
Après la terreur inspirée par les bonnets rouges au ministère de l’Écologie, c’était les blancs bonnets et bonnets blancs de celui de l’Éducation nationale !!!
LA RÉVISION DE LA COPIE PAR MONSIEUR LE MINISTRE
Je n’ose croire ce que laisse supposer la présentation de la réforme par Monsieur Blanquer le 14 février : un choix libre des élèves parmi dix spécialités ? Vraiment ? On aurait enfin décidé de mettre sur un plan d’égalité l’art et la mathématique ? Les humanités et les sciences économiques et sociales ?
Voici 50 ans, on a offert aux matières artistiques l’accès à des enseignements de spécialité dans les lycées – 50 ans que la musique, le théâtre, l’art plastique sont associés à la filière littéraire ! C’est vrai, où ai-je la tête ? La science contrapuntique d’un Jean-Sébastien Bach n’a rien à voir avec les mathématiques! C’est vrai, le pointillisme de Seurat ne se base absolument pas sur les propriétés optiques ! Le son, les harmoniques, les décibels : un rapport avec les notions de fréquence, d’intensité physique ? Absolument pas ! On n’allait tout de même pas entacher la noblesse des matières scientifiques en leur agrégeant la vision – tellement subjective – des artistes !
Voici 50 ans que les élèves qui souhaitent pratiquer l’art sont confrontés au choix cornélien suivant : s’épanouir dans leur art et abandonner la série scientifique, la « seule qui promette des débouchés mirobolants », ou mettre de côté ses passions, sa raison de vivre durant trois années – les plus importantes pour un apprentissage artistique ! – au bénéfice des matières « nobles » !
Si réellement la liberté est offerte aux lycéens d’associer l’art et la physique, ou la Science de la vie et de la terre et les langues étrangères, alors je dis bravo ! On devine ma crainte : ce serait vraiment dommage que cette liberté devienne un vœu pieux, à cause de réalités bassement matérielles (présence ou non des matières dans les établissements, dotation horaire globale insuffisante, etc.).
L’INTERDISCIPLINARITÉ
Encore un mot magique, brandi comme un étendard par Monsieur Mathiot ! Mais n’est-elle pas, cette interdisciplinarité, plus facile à organiser à partir de ces cursus hétérogènes, qu’il nous refusait encore ? Que cherche-t-on à obtenir par cette interdisciplinarité ? Une « contagion » de la motivation de l’élève, d’une matière préférée à une autre moins prisée. Quelle impression veut-on donner ? Celle que les savoirs s’étayent mutuellement ; que le corps enseignant est mobilisé en un seul bloc pour la réussite d’un élève ? On gagnerait en efficacité, par la présence, dans une part non négligeable, de matières vraiment choisies par le lycéen. On voudrait nous faire croire (c’est déjà le cas dans la réforme des collèges) que le salut viendra du partage des savoirs, de la communication des professeurs entre eux (comme s’ils ne les pratiquaient pas sans législation, sans admonestation !). On voudrait nous faire croire qu’en créant des ponts entre les disciplines, voire en les fondant dans un amalgame interdisciplinaire, on multipliera la motivation ; on favorisera l’éclectisme de nos futurs compatriotes ! Mais précisément, alliage n’est pas mélange ! Il faut, avant d’obtenir des propriétés supplémentaires, que l’alliage conserve les qualités des métaux mis en présence.
Le vrai problème me semble posé à l’envers.
Prenons un exemple : l’apprentissage des langues est une réalité dans tous les établissements, même s’il est, en France – à juste titre –, considéré comme un des plus déficients d’Europe. On a déjà dit où en était la maîtrise des élèves français de leur propre langue ! Eh bien pourquoi n’existe-t-il pas, dans les lycées, une initiation à la linguistique, à la sémiologie, qui permettrait aux étudiants d’avoir un regard bien plus structurant sur les fondamentaux des langues (y compris les langages mathématiques et informatiques !). J’ai la certitude que la comparaison entre la langue française et des langues étrangères ou scientifiques faciliterait considérablement l’apprentissage : une « super-discipline » et non une « inter-discipline » me paraît indispensable ! Il ne s’agit pas de réclamer une meilleure cohésion entre les enseignants de langues et ceux de littérature française ! Mais de créer un lien entre les deux disciplines ! Dans de très nombreux pays, l’enseignement de certaines matières est donné dans une autre langue que la langue maternelle. C’est évidemment ce qui permettrait à des lycéens, au moment de passer le Baccalauréat, de parler couramment l’anglais, l’allemand ou autre ! Les filières européennes, internationales, OIB, qui, chez nous, dispensent de tels enseignements s’adressent souvent à une élite, voire à des élèves déjà bilingues ! Comparez avec un petit pays comme le Luxembourg : son cursus, en gros, est le suivant (qu’on me pardonne une simplification didactique) : école maternelle en luxembourgeois ; primaire en allemand ; secondaire en français, avec anglais obligatoire, et apprentissage d’autres langues ! Pauvres petits Français lâchés dans le monde, qui n’ont souvent, comme épreuve de langue au Baccalauréat, qu’une épreuve écrite à trous, ou dans laquelle l’attention se porte surtout sur le nombre de mots utilisés dans leur réponse !
Enseigner dans d’autres langues que dans la langue maternelle, est-ce de l’interdisciplinarité ? De la collaboration entre professeurs ? Non. Tout simplement du recrutement d’un professeur à profil particulier.
Et j’applaudis à cette phrase du ministre : « Les enseignements en langues étrangères (disciplines non linguistiques) seront développés, comme la mobilité des élèves. » Pourvu qu’elle ne tombe pas aux oubliettes, cette belle phrase !
DU ROLE DES MÉDIAS
L’enseignement d’un pays est quand même très largement dépendant de la société qui l’engendre. La télévision française, qui a définitivement raté le coche de l’éducation, est presque la seule en Europe à nous abreuver à satiété de séries étrangères traduites ! Vu le temps que passent les étudiants devant ces séries, il y a belle lurette que nos enfants et adolescents sauraient parler couramment au moins l’anglais si l’on diffusait, comme en Allemagne, ces séries en langue originale ! Il est tellement plus intéressant d’abrutir nos compatriotes, chaque jour, avec des téléréalités lamentables ! Tellement plus important, pour neuf chaînes sur dix, de montrer sans cesse des meurtres, des exactions, des enquêtes de tous ordres ! Nos jeux vidéo se disputent le réalisme des décors, la fluidité des mouvements et la diversité des couleurs ? C’est pour mieux éliminer, flinguer, « buter » les personnages qui se présenteront « virtuellement » sur notre chemin ! Et l’on s’étonne dans les médias, au gouvernement, de l’explosion du nombre des incivilités, de la délinquance ! De qui se moque-t-on ? Qui n’a pas compris que le bourrage de crâne est total et permanent sur les écrans français ?
Ce qu’indique cette digression, c’est simplement qu’une véritable réforme de l’enseignement et de l’éducation ne fera pas l’économie d’une réelle remise en cause des médias, et de l’éducation extrascolaire – et familiale en premier lieu. Sinon la pauvre demi-heure d’enseignement moral et civique du tronc commun n’accomplira aucun miracle !
UNE MATIERE DÉLAISSÉE
Pour en revenir à l’interdisciplinarité : quelle est la matière qui, par sa vue globale, par son souci de définir, de réfléchir, de discuter, est à même de donner un véritable sens transversal aux enseignements scolaires ? La philosophie, bien entendu ! Avant d’être surtout métaphysique, la philosophie était science, linguistique, épistémologie, gnoséologie ! Elle était logique, formation de l’esprit critique, rhétorique, poétique ! Bien que presque toutes ces matières se soient progressivement détachées du tronc philosophique, la démarche intellectuelle qui la caractérisait perdure et reste fondamentale dès que l’on parle de formation, d’enseignement. Or, quand la philosophie fait-elle son apparition au lycée ? En terminale, juste avant de passer le bac ! Allons-y, haut les cœurs, les professeurs : tentons, en deux trimestres et demi, de donner aux élèves un sens aux études qu’ils suivent depuis leur prime jeunesse ! Tentons de définir les concepts, les notions qu’ils manient depuis quatorze années, sur lesquels ils ne se sont posés de questions que sporadiquement, en littérature ou en histoire !
On voit le ridicule de la chose. Une réforme courageuse et indispensable serait d’imposer une matière transversale au lycée, et non une transversalité des matières !
Bien plus large, donc, que la linguistique et la sémiologie que nous citions, c’est à cette matière, enseignée par les professeurs de philosophie (qui n’existent dans l’Éducation nationale qu’à partir de la dernière année du secondaire… Bonjour les débouchés !) qu’il conviendrait, dès la seconde, de confier le rôle capital de structuration et de mise en relation des savoirs. De leur conceptualisation également ; et l’on en vient, là, à ce retour à une pratique séculaire…
… LE GRAND ORAL
C’est ce rêve d’avoir des étudiants qui n’engrangent pas seulement des connaissances théoriques ou pratiques, mais sont capables de les mettre en valeur, de les penser, de les exprimer. Quelle belle idée ! Remettre en place une épreuve qui correspond vraiment à ce à quoi l’étudiant sera confronté toute sa vie! Que d’espoir, encore, à partir de cette belle idée !
Et repatatras !
Que dit Monsieur Mathiot ? Qu’on va s’inspirer des TPE !! DES TPE ! Le plus ridicule qu’il m’ait été donné de rencontrer dans ma carrière ! Les TPE ! Cette usine à gaz ! Ou comment aboutir, par une maïeutique éducative des plus grand-guignolesques – comme dirait notre président –, à une sorte d’exposé tel qu’on le pratiquait autrefois en sixième et en cinquième ! Mais en beaucoup plus mauvais ! Le TPE, cette prétendue initiation à la recherche, « encadrée » par des enseignants qui, pour la plupart – n’ayant jamais fait de recherche universitaire – sont très mal à l’aise à l’idée de devoir expliquer aux élèves ce qu’est une problématique ! La faute à qui ? En Italie, en Amérique, en Finlande, les professeurs ont la possibilité, pour ne pas dire le devoir, de consacrer une année sur cinq environ à leurs propres recherches ! En France ? Une année de disponibilité ? Ce n’est pas dans le vocabulaire du ministère, Mesdames, Messieurs les fonctionnaires ! Ou seulement pour les petits protégés !
Les TPE, ou comment dénoncer, dans un journal de bord, ses camarades du groupe qui ne se sont pas assez investis dans le projet ; comment tenter de cacher, par une présentation idoine – mais principalement sur du papier (fi des nouvelles technologies ; trop compliqué, trop long à préparer !) – la pauvreté de la réflexion ; de cacher les copiés-collés, trame de la réalisation ! À des élèves qui ne savent plus prendre de notes, qui ne mémorisent plus que « sous la torture », confier le soin de réaliser une recherche innovante et inédite ! Quel enthousiasme !
Alors qu’ils devraient permettre aux professeurs – par exemple en vue des études supérieures, Monsieur Mathiot ! – de montrer l’importance, dans une recherche, d’une bibliographie fournie, d’un esprit critique acerbe, d’une honnêteté et d’une modestie à toute épreuve, les TPE induisent généralement une démarche opposée. On y rencontre des professeurs qui se servent de l’épreuve pour vérifier si certaines notions de cours ont bien été assimilées ; des élèves, ne doutant de rien, d’une candeur rare, grimés en grands spécialistes de la question (oui, il paraît qu’une problématique, c’est une question !) qui jouent comme les gamins de six ans, à « on aurait dit qu’on s’rait… ». Les TPE, une épreuve lamentable, chronophage, dont l’évaluation – toujours très largement positive ! – est contrainte par une grille, faite pour donner un maximum de points aux pires travaux ; et naturellement qui compte coefficient 2 pour le Baccalauréat ! Et c’est sur ce modèle là qu’on envisage le grand oral ?
Souhaiter que les élèves acquièrent une aisance orale, physique, c’est fort louable. Mais, pour cela, il y a des pratiques adaptées : le théâtre ; la chorale ; la récitation ; l’EPS, la danse, l’interrogation orale en cours, l’étude du cinéma ! Elles sont faites pour. Elles ont été, je vous l’accorde, très oubliées depuis cinquante ans. Mais elles existent dans le cadre du lycée ! À force de vouloir préserver les élèves, on en a fait des introvertis. Mais suis-je bête ! J’oubliais ! Le théâtre, la chorale ? Des « mineures optionnelles », pour Monsieur Mathiot ! S’il reste du temps ! Après les matières fondamentales ! Fondamentales comme l’économie, par exemple ! Les Français qui n’ont pas d’enfant actuellement scolarisé savent-ils que, des deux « enseignements d’exploration » mis en place voici quelques années en seconde – prévus pour faire découvrir aux élèves des univers méconnus –, un est obligatoirement consacré à la « science économique » ? Après avoir cherché, dans les années 1950, à remplir les classes scientifiques déficitaires par rapport aux littéraires – ce qu’on a réussi au-delà de toute espérance –, eh bien, c’était désormais la filière économique qui retenait tous les soins de l’Éducation nationale ! Encore un an ou deux, et le but était atteint : cette filière (oh ! pardon, cette « majeure Mathématiques/SES ») serait la plus souvent choisie !
Professant l’Éducation musicale dans un établissement qui possède des options facultatives, des « enseignements de spécialité art », et même une classe à horaires aménagés pour sportifs ou musiciens, j’ai toujours apprécié que la matière qui m’était confiée puisse servir à créer une transversalité entre disciplines. Pas besoin de remonter aux Grecs (pour qui la musique était la science des sciences) pour comprendre le rôle que peut jouer la musique – omniprésente dans la vie « externe » des lycéens – dans l’acquisition des savoirs : musique et texte, musique et histoire, musique et mouvements, musique et image, autant de thèmes que les programmes officiels nous demandent d’aborder. C’est bien l’esprit de transversalité qui apparaît ainsi. Ajoutez la technique vocale que nous évoquions ! L’écoute des autres, la nécessité de s’intégrer dans un ensemble, la coordination indispensable à toute chorale, à tout orchestre… Et vous obtiendrez une liste, non exhaustive, des mérites de la discipline, comme de ceux du théâtre et des autres arts !
C’est pourquoi, Monsieur le Ministre, la combinaison des disciplines proposées doit être beaucoup plus large, plus ouvert, que ce qui vous est suggéré dans ce rapport.
LA MISE EN COMMUN
Le premier des apprentissages n’est-il pas, au lycée, plus encore qu’au collège, celui de la vie en collectivité ? Un établissement secondaire n’est-il pas le lieu absolu de la promiscuité sociale, de l’altérité consentie et assumée ? De là à prôner une quête collective du savoir, il n’y a qu’un pas… malheureusement franchi par les didacticiens avec une désinvolture coupable ! Dussé-je sembler rétrograde, je ne crois pas aux bienfaits incontestables d’une collaboration incessante entre les lycéens. Ont-ils besoin d’une institutionnalisation de cette pratique ? Les réseaux sociaux poussent constamment au partage des sensations, des découvertes, des commentaires, et nul n’est besoin que l’institution en rajoute ! Je déplore, au contraire, l’incapacité progressive des élèves à se détacher du monde extérieur, à s’abstraire des « groupes d’amis » le temps d’une réflexion. De même que je la stigmatisais à propos de « l’interdisciplinarité », la dispersion me semble aussi néfaste à la réflexion. L’être humain a besoin de rentrer un tant soit peu en lui-même pour intégrer, pour vraiment assimiler. Et il doit pour cela, selon moi, demeurer son « copain favori ».
LA FAMEUSE RECHERCHE PERSONNELLE
On oublie que l’interlocuteur par excellence, dans l’apprentissage scolaire, est le professeur ; comme le moniteur, l’entraîneur, le coach l’est dans l’apprentissage sportif, musical, ou d’une activité quelconque. Ni les camarades ni Internet ! Depuis que les livres existent, ils offrent la possibilité de s’instruire par soi-même ; d’aller chercher les réponses à ses questions sans aide extérieure. Mais a-t-on jamais songé à une école qui se limiterait à une bibliothèque ? Pour le coup, c’est bien le besoin de contact humain des adolescents qui a toujours, et fort heureusement, légitimé l’existence de structures telles que collèges et lycées ! Je sais que certaines universités prônent le cours sur DVD ou en projection ! Quelle horreur ! Quel non-sens !
Les choses ne sont pas si différentes depuis que le Net remplace peu à peu les livres : on a juste milluplé (quel drôle de mot !) les possibilités, la rapidité de la recherche. Trop rapide ! Trop de possibilités ! Trop facile ! Et c’est encore une qualité essentielle qui disparaît peu à peu chez les élèves : celle de la ténacité, de l’opiniâtreté. Non, Monsieur Mathiot, la transmission du savoir du professeur à l’élève n’est pas un vain mot. Cette interface, modulable à l’extrême, bienveillante à souhait, se nomme pédagogie ! Et sa raison d’être, c’est le gain de temps ; c’est la formation d’un esprit critique ; d’un être de chair qui ressent autant qu’il recense.
LA PEUR BLEUE DU COURS MAGISTRAL
Comme s’il n’était pas normal que le professeur sélectionne, qu’il adapte, qu’il résume ! Comme si ce n’était pas sa fonction ! L’Éducation nationale éprouve depuis cinquante ans une peur bleue du cours magistral. Comme s’il fallait absolument gommer toute prééminence de l’enseignant face à son auditoire. Surtout ne rien apprendre sous la menace ! Ne pas forcer ! Flatter l’ego de l’élève. Lui faire croire qu’il a tout découvert ! On en arrive à des aberrations. Qu’importe si l’on multiplie les années d’études ! Il faut coûte que coûte épargner la susceptibilité de l’élève. Qu’il trouve par lui-même ! Et la responsabilité des parents sur ce point est grande. En les laissant peu à peu investir le lieu scolaire, on a décrédibilisé l’enseignant. J’assiste désormais à des conseils de classe où ce ne sont pas les élèves et leurs résultats qui sont sur la sellette ! Ce sont les professeurs que l’on juge ! Leur savoir-faire, qu’ils ont forgé, poli pendant des années (car ce n’est certes pas la formation professorale que j’ai connue qui permet à des jeunes inexpérimentés d’être performants dès les premières années) ! Et eux, les professeurs ? Ont-ils le droit de juger l’éducation que les parents ont (ou n’ont pas) donnée à leurs enfants ? Et si l’on parlait du manque de politesse, de « savoir vivre », de respect des lycéens de nos jours ? Je suis ahuri de voir, dans mon établissement, les professeurs attendre à la porte que soit passé le flot des élèves pour enfin pouvoir entrer dans l’établissement. ! À quand la queue au self, pour les professeurs, en même temps que les élèves ? À quand la note donnée par les élèves et les parents à leurs professeurs prise en compte pour leur avancement ? On y arrive, pas d’inquiétude !
Et l’on s’étonne du peu d’engouement des étudiants pour la carrière pédagogique ! On rémunère l’enseignant du bout des lèvres ; on gèle son salaire pendant des années ! Et l’on se demande pourquoi l’Éducation nationale n’attire plus les « bons éléments » !
Non, décidément, le professeur ne doit plus imposer ! Il doit prier, remercier, s’excuser !!! Et l’enseignement de la musique est, à cet égard, « paradigmatique » (comme on dit, à tort, de nos jours, en employant un terme de linguistique mal digéré). Alors qu’on possède, au lycée, la globalité (ou presque) d’une tranche d’âge de la population – idéale pour initier à la lecture, à la pratique musicale (en gros un élève ou deux sur 35 d’un collège ou d’un lycée pratiquent la musique ou la danse au conservatoire ou en privé, alors que les 33 autres baignent dedans à longueur de journée), il faut surtout ne pas apprendre les bases du solfège ! Surtout ne pas parler de notes, de lecture, de dictée ! Mettre des couleurs, des schémas, des représentations d’ondes (ce fut le cas dernièrement au baccalauréat de spécialité musique !!!) Et cette horreur de la transmission des bases séculaires a atteint depuis une vingtaine d’années les établissements spécialisés que sont les conservatoires ! Les petits Français seront, là aussi, bientôt les derniers dans la connaissance du solfège ! À quoi bon ? Ne sommes-nous pas tous des artistes en naissant ? Les conservatoires ont emboîté le pas de l’Éducation nationale, ils ont effectué leur « Mai 88 », alors qu’ils devraient se poser en garants de la « technicité » des apprentis musiciens ! Plus de solfège ! De la formation musicale ! Que dis-je ? De la formation artistique ! Plus d’examens, de morceaux imposés ! (« Comment ? Vous faites encore travailler des morceaux ? », disait récemment, à un ami, professeur de hautbois, l’inspecteur chargé de le remettre sur le « droit chemin » !). Des « créations », des « projets » ; c’est l’avenir ! Apprendre à lire et écrire la musique ? Apprendre l’harmonie ? Comprendre les œuvres magistrales qui ont illuminé durant quinze siècles l’humanité ? Á quoi bon ! Le génie n’est-il pas partagé ? Quoi ? La République n’a donc pas créé l’égalité des dons ? La liberté de l’expression ?
Parce que, depuis des années, on n’a pas pris la peine, dans certains secteurs, d’adapter les moyens pédagogiques à notre temps, il faudrait rejeter en masse l’enseignement traditionnel ? Demandez aux élèves qui ont eu le privilège d’un enseignement « dépoussiéré » si le solfège n’est pas un apprentissage des plus ludiques ! Demandez-leur si ça ne sert à rien, de savoir correctement lire et écrire la musique ! Dessiner ! Chanter !
S’il est une pratique qui met en valeur, plus que toute autre, les vertus de la rigueur, de la régularité, de la constance, c’est bien la musique. Vous pouvez faire illusion dans un certain nombre de domaines. En musique, impossible ! Comme l’écrivait Liszt (pourtant un des musiciens les plus doués que la terre ait jamais portés), le piano est un miroir, qui ne reflète que ce que vous lui avez donné !
Pourquoi, Monsieur Mathiot, passer à côté des qualités essentielles de ces apprentissages de la musique, du théâtre, du cirque, de l’art plastique, du sport, en les reléguant encore et toujours dans les « matières mineures », alors qu’elles sont vitales ? Pourquoi déprécier le rôle capital du professeur, confiant de plus en plus à des machines le soin d’user de psychologie ? Ces non-sens n’apparaissent plus dans la réforme du ministre ; et j’espère vraiment que cette absence n’est pas juste le fruit de non-dits, et que Monsieur Blanquer a vraiment, dans l’esprit, l’envie de dépasser ces idées pseudo-modernes, qui ont fait de l’enseignement français un des plus catastrophiques au monde.
Quand la vie quotidienne sera le fruit d’un assistanat constant ; quand il faudra moins de temps pour obtenir une réponse que pour la formuler… Quand le moindre tressaillement d’un de nos organes fera l’objet d’une analyse en temps réel, ce sera encore l’école qui gardera, cerbère jaloux d’un « savoir apprendre », la clé d’une humanité irremplaçable.
Nous reprenons pour notre nouvelle Infolettre cette rubrique avec des partitions que nous avions reçues au moment de sa suspension. Désormais, elle sera, comme à l’habitude, faite à partir des nouvelles partitions que nous recevrons. Madame Jouve-Ganvert collaborera de nouveau à cette rubrique, ainsi que Marie et Lionel Fraschini.
Il est inutile de rappeler les remarquables qualités de la collection d’analyses musicales réalisées par Anthony Girard chez Billaudot. Celle-ci ne déroge pas à la règle. Dans l’introduction, l’auteur met en regard du Quintette n° 2 les mélodies des derniers opus, ce qui lui permet de mettre en perspective les éléments les plus saillants de l’évolution du langage de Fauré dans cette dernière période. Comme à l’accoutumée, le sommaire donne un aperçu méthodique de l’étude : « La mélodie : archaïsme et lyrisme », harmonie, rythme, textures : ambigüité et raffinement », « La forme : tradition, élan et générosité ». L’auteur met ainsi en valeur toute l’originalité de l’harmonie fauréenne, tout le raffinement d’une écriture toujours au service de l’émotion… On ne peut donc que recommander chaudement la lecture, et pourquoi pas, la méditation attentive ponctuée de l’écoute des œuvres analysées et bien sûr tout spécialement de ce si beau quintette. Ajoutons que les analyses d’Anthony Girard sont toujours d’un grand profit, non seulement pour l’intelligence, mais aussi pour le cœur.
Daniel Blackstone
Bien sûr, notre seul regret est que ce remarquable ouvrage soit uniquement en allemand. Précisons-en un peu le contenu. Le sous-titre est : « Accès rapide à la pratique moderne du piano. Technique, accompagnement, initiation à l’improvisation, conseils pour l’utilisation du piano numérique. » Quant au titre, il signifie modestement : « Le piano intelligent ». Ajoutons qu’un CD mp3 extrêmement détaillé permet une mise en œuvre de la méthode par des pianistes ayant déjà un petit niveau d’instrument et souhaitant se perfectionner par eux-mêmes. A quand une édition bilingue ou trilingue, comme si souvent chez Schott ? Mais telle quelle, cette méthode est tout à fait utilisable.
Daniel Blackstone
Ce recueil de pièces « de concert », c’est-à-dire utilisables pour les concours et les auditions, est tout à fait honorable : allant de Bach à quelques sages contemporains, il est classé par ordre de difficulté, avec toujours l’aspect subjectif de ce classement. Mais l’ensemble est très judicieux et les pièces très bien choisies. Pour donner une idée du niveau, disons qu’on trouve en début de volume des petits préludes et la Première Invention de Bach et en fin de volume Le petit nègre de Claude Debussy. L’ensemble est très soigneusement édité et doigté. Le CD donne une interprétation tout à fait honorable mais assez neutre de l’ensemble des pièces. Bien loin d’être un défaut, c’est plutôt une qualité : il est important que dans un dialogue constructif, professeur et élève puissent échanger sur l’interprétation et le style de chacune des œuvres. Le CD reste à sa place : non pas un modèle, mais un simple exemple de ce qu’il est possible de faire.
Daniel Blackstone
Si la partie de piano peut paraître squelettique, ce n’est pas par oubli, mais parce qu’elle demande à être complétée par l’indication des accords et fait appel tout simplement aux capacités d’harmonisation et d’improvisation de ou des interprètes. En effet, ce genre de recueil se prête à de nombreuses variantes pour une orchestration (saxo, clarinette, guitare…), bref, même si on peut l’utiliser tel quel, il pourra constituer un support pour des interprétations variées. Ajoutons que tous ces succès sont donnés avec les paroles. Max Giesinger, Robbie Williams, Mark Forster, Elle King figurent entre autres au sommaire de cet album.
Daniel Blackstone
Précisons tout de suite que cette partition est trilingue : tchèque, anglais et allemand. J’assume la paternité du titre français du recueil. Nous avons ici l’occasion de découvrir ce compositeur tchèque (1913-1974) à travers ces petites pièces très originales qui parcourent tous les styles, du plus classique au tango, au tcha-tcha-tcha, au boogie… le tout dans une dimension miniature, certes, mais pleine de musique. Chaque page est en plus un petit portrait musical. Attention : contrairement à ce qui est écrit parfois, ce n’est quand même pas pour débutant même si c’est le cas pour certaines pièces. D’autres demandent déjà un bon niveau d’instrument. Ajoutons enfin que la présentation et les illustrations contribuent au plaisir qu’on peut avoir à jouer ces pièces même si on est… professeur !
Daniel Blackstone
Les éditions Bärenreiter nous offrent donc cinq sonates de Beethoven. L’opus 31 comporte trois sonates : en sol Majeur, en ré mineur (dite « la tempête ») et mi bémol majeur. L’opus 78
est la sonate en fa # Majeur et l’opus 79 la sonate en sol Majeur dite « facile ». Nous ne reviendrons pas sur ces sonates… Ce qui fait l’intérêt de cette édition est d’abord le soin apporté tout simplement à la lisibilité de la partition. Mais c’est aussi et surtout le travail remarquable d’édition réalisé par Jonathan Del Mar. Celui-ci a effectué un travail de première main pour reprendre l’ensemble des sources disponibles et sait allier un vrai travail de musicologue à une réalisation faite pour être jouée. Introduction et préface débouchent sur des conseils d’interprétation très détaillés établis à partir de la critique du texte : quel instrument utiliser, utilisation des pédales, tempo, articulation, accents, trilles et autres ornements, reprises, rien n’est laissé dans l’ombre par Jonathan Del Mar ce qui fait non seulement de ces partitions des outils remarquables mais aussi une plongée passionnante dans l’univers sonore de Beethoven. Même si l’on possède déjà d’autres éditions des sonates de Beethoven, il ne sera pas inutile, loin de là, d’y rajouter celle-ci.
Daniel Blackstone
Cette pièce comporte deux parties. La première, un andantino, est construit sur une cellule mélodique et rythmique récurrente. D’abord legato, le discours devient plus sautillant pouir revenir à une expression plus lyrique. La deuxième partie, en 6/8, nous entraine sur un rythme de tarentelle dans une danse endiablée bien vivante et bien agréable même si elle demandera à l’interprète une grande agilité d’archet. Mais le plaisir sera à ce prix !
Daniel Blackstone
S’agit-il de l’arbuste ou du prénom féminin ? Peu importe. La fraicheur du propos vaut pour l’un et l’autre cas. La première partie, un modérato, déroule en sol majeur une jolie mélodie. Le piano s’y livre à un contre point qui obligera nos deux interprètes à une grande écoute mutuelle. La deuxième partie, allegretto, est à 6/8. C’est une danse légère qui ondule avec grâce, l’alto ponctuant parfois la partie de piano par des pizzicati. Le tout se termine avec brio et fortissimo. L’intérêt de cette pièce réside en particulier dans les différents paysages sonores qu’elle parcourt. Il y a de quoi donner aux interprètes l’occasion de montrer les diverses facettes de leur talent.
Daniel Blackstone
Emile Pessard (1843-1917) fait partie de ces compositeurs oubliés malgré un Grand Prix de Rome pour une cantate qui sera jouée à l’opéra de paris le 21 février 1867. Il a écrit une douzaine d’opéras et d’opérettes ainsi que de la musique de chambre. Sa science de l’écriture (il fut professeur d’harmonie au Conservatoire) se dévoile dans cette première pièce. Adagio, elle déroule, à 6/8, une jolie mélodie ornée d’arabesques mais les modulations se font de plus en plus nombreuses et délicates. Une partie centrale, più mosso, est laissée au piano qui, tenant plutôt un rôle d’accompagnateur dans la première partie devient un partenaire à part entière dans la dernière partie même si la flûte garde l’essentiel du discours. C’est en tout cas une partition et un compositeur à découvrir.
Daniel Blackstone
Cette troisième pièce, à quatre temps, est un Adagio non troppo. A l’aise, donc. Mais qu’on ne s’y trompe pas, la virtuosité est aussi au rendez-vous. Thème, développement et reprise du thème, si la construction est classique, le discours mélodique et harmonique l’est beaucoup moins, et on goûtera toute la finesse de l’harmonie et du discours mélodique dont la subtilité n’altère en rien le charme. Ces deux pièces méritent donc vraiment d’être sorties de l’oubli.
Daniel Blackstone
Qu’Elina soit une déclinaison féminine du prophète Elie ou une allusion Hélène, la femme de Constantin, pas celle à qui vous pensez, la belle…), peu importe La pièce qui porte ce nom est tout à fait pleine de charme. Et sa destination à un premier cycle ne l’empêche pas de moduler et d’onduler. Clarinettiste et pianiste dialoguent sans cesse. Jeu lié, jeu détaché, nuances variées, tout concours à l’originalité de cette jolie pièce qui fera appel aussi bien au sens rytmique qu’au sens mélodique des deux interprètes. C’est déjà, à ce niveau, de la vraie musique de chambre.
Daniel Blackstone
Il y a beaucoup de variété rythmique et mélodique dans ce « tour de table » à la tonalité toujours fluctuante. La première partie, en mineur, à trois temps, a une allure un peu chaloupée. Elle débouche sur un vigoureux 2/4 au rythme entrainant, toujours en mineur mais se transforme en un majeur de plus en plus triomphant jusqu’à une terminaison tonitruante dans les hauteurs du saxophone. Le tout est aussi varié qu’intéressant, permettant aux deux instrumentistes de montrer à la fois leur sens musical et leur virtuosité.
Daniel Blackstone
On peut dire de ces jardins qu’ils sont sagement asiatiques, car si la partie de trompette est écrite sur quatre sons (en ut : mib – fa – lab – sib) donnant à cette partition un air très exotique, la partie de piano vient bien vite tempérer cet exotisme par une harmonisation très occidentale. Que ceci n’apparaisse pas comme une critique ! Car le mariage des deux langages est fort agréable et tout à fait réussi. Comme d’habitude dans cette collection, la partie de piano n’est pas simplement une partie d’accompagnement : les deux instruments dialoguent constamment, Saluons une fois de plus une partition pour débutant pleine d’agrément et de vraie musique.
Daniel Blackstone
Cette très agréable pièce comporte deux parties très contrastées. La première est une valse qui pourrait s’apparenter à une ballade. Le trombone fait onduler une jolie mélodie accompagnée d’abord par les arpèges de piano. Puis c’est ensuite au piano de devenir, dans le même style l’instrument soliste. Cette promenade romantique sous forme de valse débouche soudain sur un Allegro vivo ponctué par l’raccompagnement de piano qui marque vigoureusement les temps sous une forme de « pompe » tandi que le trombone se lance dans une danse endiablée. Piano et trombone dialoguent alors ainsi jusqu’à la fin du morceau. L’ensemble n’engendre pas la mélancolie et devrait réjouir tant les interprètes que leur public.
Daniel Blackstone
De très longue date, les enseignants et discophiles bénéficient des introductions et commentaires de Gilles Cantagrel qui n’est plus à présenter aux mélomanes. Après les Cantates (2010) et les Passions, Messes et Motets (2011) — parus chez Fayard — le présent volume, édité chez Buchet-Chastel, concerne l’Œuvre instrumentale de Jean Sébastien Bach, (toutefois à compléter, pour l’orgue, par le Guide de la musique d’orgue dont il a assumé la direction en 1994).
Après avoir présenté Jean Sébastien Bach et l’orgue, rappelé qu’il est un organiste virtuose doublé d’un fin connaisseur de facture d’orgue et un excellent orchestrateur, l’auteur détaille — en suivant la chronologie et ses lieux d’activité — les œuvres de jeunesse, puis de la maturité, ainsi que les pièces ultimes et quelques pages diverses et apocryphes. Il introduit les principaux Recueils de Chorals pour orgue : ceux de Neumeister et de Kirnberger, l’Orgelbüchlein (Petit Livre d’orgue), les Chorals Schübler, les 18 Chorals de l’autographe de Leipzig, des Chorals divers, les Partitas (ou Variations) ainsi que la Troisième Partie de la Clavierübung, sans oublier ses transcriptions de Concertos et ses Six Sonates en trio. La troisième partie — particulièrement importante — est dévolue au clavecin et à des œuvres pédagogiques (Clavierbüchlein pour Wilhelm Friedemann, Clavierbüchlein et Notenbüchlein pour Anna Magdalena). Parmi les autres formes, figurent les nombreuses Suites, les Partitas, le Clavier bien tempéré, des Toccatas, Préludes et Fugues… et, plus en détail, les Variations Goldberg ainsi que l’Art de la Fugue. Les parties suivantes concernent les œuvres pour instrument seul : luth, violon, violoncelle, flûte. L’auteur aborde ensuite la musique de chambre : Sonates…, L’offrande musicale, enfin la musique concertante et pour ensemble et, en conclusion, les Canons. Toutes ces œuvres bénéficient de mises en situation historique, de commentaires analytiques circonstanciés (à lire en suivant les partitions ou en écoutant des enregistrements ou en préparant un concert). Outre les Références bibliographiques, les Repères chronologiques situent judicieusement les diverses œuvres instrumentales par rapport à sa vie, à sa formation, à ses postes d’organiste successifs : Arnstadt, Mühlhausen, Weimar, Coethen (en tant que Director musices de la Cour et Capellmeister), puis Leipzig où il est Cantor de Saint Thomas et Director musices de la ville. À consulter avec profit l’Index des œuvres (p. 441-455) renvoyant aux numéros du Catalogue BWV et l’Index des œuvres par ordre alphabétique (p. 457-470).
L’auteur rappelle qu’après sa mort, la musique de Bach n’est pas vraiment tombée dans l’oubli ; qu’au XVIIIe siècle, ses Motets sont chantés à Leipzig où Mozart les a découverts en 1789 ; que sa Messe en si a fait l’objet de nombreuses copies et que Mendelssohn y a dirigé en 1829 sa Passion selon saint Matthieu. Il affirme que « cette notoriété qui ne cessa de croître, c’est bien en bonne partie à la diffusion de ses œuvres instrumentales dans la seconde moitié du XVIIIe siècle que Bach la doit. » C’est aussi grâce à Gilles Cantagrel que la totalité de l’œuvre vocale, organistique et instrumentale de Jean Sébastien Bach sera actuellement mieux comprise par les mélomanes, discophiles, chefs, interprètes et professeurs d’Éducation musicale.
Édith Weber
La chanson polyphonique française a connu un premier âge d’or à la Renaissance et à l’époque humaniste. Il en est de même au XXe siècle. Pour autant, ce vaste répertoire est encore sous-estimé par les historiens de la musique et de la littérature et les mélomanes. De plus, il a le double mérite de relancer des poèmes des XVe et XVIe siècles : Charles d’Orléans, Clément Marot, Jean Antoine de Baïf (avec ses chansons en vers mesurés à l’antique mises en musique par Jacques Mauduit)… et des textes de l’époque moderne : Raymond Bonheur, Paul Fort, Guillaume Apollinaire, Blaise Cendrars, Paul Éluard... Ce livre s’adresse absolument aux enseignants soucieux de varier leur répertoire et aux chefs de chœurs, d’autant plus que le contexte actuel encourage les chorales, et aussi aux professeurs de littérature.
Marielle Cafafa est à la fois musicologue, Docteur de l’Université Paris-Sorbonne, chanteuse lyrique, diplômée de la Haute École de Musique de Genève et du CNSM (Paris). Elle a fondé l’Ensemble Léonor qu’elle dirige avec des programmes allant du Moyen Âge à nos jours, ce qui lui permet de traiter ce sujet en connaissance de cause, en s’appuyant sur des partitions, réflexions et lettres des compositeurs et leurs desiderata concernant l’interprétation. Les professeurs d’éducation musicale apprécieront ou découvriront des chansons polyphoniques de Cl. Debussy, M. Ravel et Fr. Poulenc, mais aussi J. Tiersot, C. Chaminade, P. Ladmirault, P. Le Flem, Ch. Koechlin, Fl. Schmitt, Cl. Delvincourt, D. Milhaud, G. Migot, J. Langlais… et même Laszlo Lajtha : Deux Chœurs (op. 23, n°2), Rondel de Charles d’Orléans (Paris, Leduc, 1936) ou encore Marc Vaubourgoin… Pour révéler cet « univers musical » (titre de la Collection), l’auteur a poursuivi plusieurs objectifs : information et contextes historiques ; très fines analyses musicales (stylistiques et esthétiques) d’un fonds de chansons polyphoniques (1895-1948). Elle se réfère aux sources, partitions, écrits des compositeurs, critiques d’époque et éventuellement aux enregistrements discographiques. En chanteuse remarquable et chef accomplie, elle est à même de préciser les critères d’interprétation. Sa démarche globale est judicieusement complétée par une importante Bibliographie, une utile Discographie à titre comparatif, 29 Tableaux très techniques et complémentaires, par exemple : écriture rythmique, variété des textures sonores, variété de la notation musicale, évolution de l’orchestration, notes répétées, trilles, diversité des motifs mélodiques… En outre, 216 exemples musicaux notés étayent les analyses et les textes complets des poèmes sont reproduits. Au fil des pages, l’attention est attirée sur les madrigalismes, la métrique gréco-latine, la souplesse du chant grégorien, entre autres. À noter les aspects multiples : « retour à l’Antique », traduction musicale figuraliste des images et des idées du texte, évolution du langage harmonique, influence du Choral (Bach) et de la théâtralité, sans oublier l’« orchestration vocale », le drame, la virtuosité. Ce vaste répertoire est destiné à des effectifs assez restreints (chœurs de chambre). D’excellents tableaux synoptiques et chronologiques établis avec une extrême minutie signalent : date, compositeur, titre du recueil, titre de la chanson, poète, édition et dédicace. Un autre précise d’abord l’œuvre, puis ses coordonnées. L’Index (p. 461-465) mentionne non seulement les auteurs, compositeurs, mais encore toutes les occurrences des chansons polyphoniques et signale des textes très souvent mis en musique : Trois beaux oiseaux de paradis, Trois Chansons de Charles d’Orléans (dont Dieu ! qu’il fait bon la regarder et Quand j’ai ouy le tabourin), Je suis aymé de la plus belle (Cl. Marot), parmi tant d’autres…
Dans le récent contexte promouvant le chant choral en France, ce répertoire vient à point nommé. Les chefs y puiseront de nombreuses suggestions, des indications concernant l’interprétation et bénéficieront de la vaste expérience de Marielle Cafafa. De quoi relancer un nouvel âge d’or de la chanson polyphonique française.
Édith Weber
Cet ouvrage révèle la « destinée singulière » de Charles Bovy-Lysberg, né à Genève en 1821 et mort en 1873. Il a fait ses études à Paris à partir de 1835 où, élève de Frédéric Chopin, il rencontrera aussi Franz Liszt. Dès 1840, ses œuvres éditées chez Lemoine, connaîtront une large diffusion. Huit ans après, il revient en Suisse, réside au Château de Dardagny et à Genève pour régler ses affaires, enseigner au Conservatoire et donner des concerts, tout en maintenant des contacts avec la France. Il se produit en solo, en duo et en accompagnateur. Lors de nombreuses soirées musicales, il sera très prisé par la bonne société. Il a exercé une triple activité : pédagogique, compositionnelle et pianistique.
Professeur au Conservatoire de Genève — tout en constatant qu’« enseigner est une besogne rude », un « sacerdoce réclamant un investissement total » —, il sera très apprécié par ses 45 élèves et s’imposera par sa faculté de mettre en lumière l’individualité de chacun. Compositeur et pianiste international, il fait carrière dans la cité de Calvin ; ses concerts attirent un public avisé. Il donnera son ultime concert en 1868. Le dernier chapitre propose un aperçu de son œuvre, charmante, romantique, au départ sous l’influence de Mendelssohn, Liszt et Chopin, puis plus originale. Comme le constate M. Cardinaux, il est surtout maître de la « petite forme ». Sa Barcarolle pour piano est une œuvre remarquable, tout comme sa Fantaisie brillante sur la Cavatine favorite de La Niobe de Pacini (op. 21), page de virtuosité, et celle sur Faust de Gounod (op. 99), une réussite imprégnée de bel canto. Ses Mélodies restent à découvrir. Pour le choix des textes, il s’inspire de Victor Hugo (L’aube naît et la porte est close…), d’Alphonse de Lamartine (La coupe de mes jours s’est brisée…), de Théophile Gautier, mais aussi du poète Émile Deschamps (1791-1871), dont Sombre Océan : « Du haut de tes falaises/Que j’aime à voir les barques du pêcheur… » est « incontestablement une de ses plus belles inspirations musicales » (p. 124) selon M. Cardinaux. Il précise également que « la thématique de la foi revient de manière récurrente dans ses œuvres vocales », par exemple : Sois, ô grand Dieu, ma garde et mon appui, car en toi seul j’ai mis mon espérance. Son Psaume 16 — sur la paraphrase de Théodore de Bèze (Genève, 1551…, Lausanne 1565) — emprunt d’une grande ferveur religieuse. Ou encore sa Prière du chrétien : Toujours à Dieu s’adresse / quand il fait sa prière / à Dieu le seul bonheur / à notre heure dernière. L’homme, respectueux de la famille et de la nature, particulièrement sociable, ouvert aux autres, charmant, affable et d’une grande sensibilité, a le don de plaire. Son œuvre doit encore être découverte.
Ce document historique précise la situation économique, politique, sociale et culturelle de Genève et relate la vie quotidienne de cette famille d’artistes en Suisse romande (moins développée sur le plan musical que la Suisse alémanique). Ce n’est qu’en 1972 que Claude Tappolet le mentionnera dans son livre sur La vie musicale à Genève au dix-neuvième Siècle. Michel Cardinaux contribue largement à la relance de ce pianiste, professeur et compositeur suisse du XIXe siècle. Les lecteurs apprécieront le sérieux de ses sources (Bibliothèque et Conservatoire de Genève) et les nombreuses mises en situation par des illustrations, documents autographes, extraits de partitions, mais aussi de procès-verbaux, programmes, critiques de presse, portraits, médailles, statues et les indispensables notes infrapaginales si éclairantes. Livre tout à l’honneur de la Collection intitulée « La Suisse en musique » et remarquable apport historique.
Édith Weber
En fin connaisseur, l’auteur suisse Michel Cardinaux s’attache à promouvoir le patrimoine et la musique suisses, pays d’accueil entre autres de Vincent Adler né en 1826 à Raab (ancien Empire austro-hongrois) où son père était chanteur, organiste et chef de chœur. Il a commencé ses études de piano auprès d’éminents maîtres hongrois, Ferenk Erkel, puis Franz Liszt, à Vienne. Dès 1851, depuis Genève, il multiplie les récitals et concerts d’abord dans son pays d’adoption puis, entre autres, à Paris où, très apprécié, il sera encouragé par Édouard Lalo qui le compare à un « Chopin moderne ». Il meurt prématurément en 1871 après un brillant parcours d’interprète, de compositeur et de professeur.
L’auteur s’appuie sur de solides sources d’archives en Suisse : à Genève, Bibliothèque (manuscrits, iconographie), Conservatoire ainsi qu’à Lausanne (Bibliothèque cantonale et universitaire), et également en Hongrie : à Budapest (Bibliothèque Nationale Széchényl). Les données, documents et matériaux, minutieusement consultés lui ont permis de dégager un vivant portrait de Vincent Adler assorti de judicieuses illustrations le situant dans son contexte hongrois puis suisse et, occasionnellement, français, avec une attention particulière au statut social du pianiste au XIXe siècle.
En biographe avisé, M. Cardinaux retrace la brève carrière de ce virtuose itinérant, d’abord « travailleur indépendant » avec une situation précaire (p. 28). En fait, à l’époque romantique, l’artiste exerce une fonction de divertissement, la pratique du piano est « banalisée » et la vie d’artiste assez décourageante. En musicien et analyste très sensible, l’auteur réussit à dégager sa démarche compositionnelle, à mettre l’accent sur l’affectivité du compositeur et à révéler son monde intérieur, mais aussi les qualités exceptionnelles de ce pianiste qui réussit à « magnétiser les foules ». Ces quelques lignes de force énoncées dans l’Avant-Propos préludent à 5 chapitres au contenu bien délimité. Les lecteurs seront d’abord introduits au contexte historique dans lequel ce « sujet » de l’Empire austro-hongrois et l’Europe danubienne a évolué et été formé. Le chapitre 2 est consacré au virtuose itinérant : premiers concerts, répertoire du grand pianiste. Le chapitre suivant souligne ses rapports avec la France (Paris, É. Lalo…). Le chapitre 4 concerne ses activités de professeur au Conservatoire de Genève jusqu’à sa mort en 1871 et caractérise aussi l’homme « si remarquable, guidé toujours par des aspirations élevées et s’inspirant de sentiments purs et nobles auxquels ne se mêla jamais rien de mesquin », ce qui a été évoqué lors de ses obsèques (p. 101-102). À partir de 17 ans, le compositeur traitera les formes romantiques de l’époque : impromptu (par exemple La Capricieuse), barcarolle, caprice, danses hongroise, bohémienne, allemande, fantaisie hongroise… ; il fait volontiers appel à la variation, mais insiste aussi sur la mise en valeur mélodique. Environ 40 œuvres (arrangements compris) pour piano nous sont parvenues. Son art, qui se veut direct, parle la langue des sentiments en s’imprégnant parfois d’influences populaires (p. 116). Sa Nouvelle scène de bal (op. 18, p. 146-154) illustre la complexité de son écriture faisant appel à la virtuosité pianistique et préconisant des nuances très diversifiées pour renforcer l’expression. La Bibliographie raisonnée sera très utile (p. 139, il faudrait signaler la réédition en 1958 de la Biographie universelle… de Fétis). La liste des 21 périodiques suisses et étrangers avec critiques de concerts est particulièrement imposante. Dédié à son ami, le pianiste français Daniel Spiegelberg, ce livre bien présenté contient de judicieuses illustrations : actes de naissance et de décès du compositeur ; lieux (Budapest, Genève) ; lettres autographes et procès-verbaux d’examens, pages de couverture ; piano Pleyel (v. 1860) ; portraits, bustes en marbre et exemples musicaux significatifs. Tout contribue à faire apprécier la « noble figure » de Vincent Adler, compositeur hongrois à Genève.
Édith Weber
Cette Revue, fonctionnelle et technique, est destinée aux flûtistes, facteurs et interprètes. Elle débute par un entretien entre le directeur de la publication Pascal Gresset et Antonio Arias à propos de l’Orchestre National d’Espagne, de l’essor actuel de la flûte dans ce pays et résume aussi l’exceptionnelle carrière et les divers engagements de ce flûtiste espagnol formé par Alain Marion au CRR de Rueil-Malmaison.
L’apport technique concerne « L’ivoire dont on faisait les flûtes », sujet traité par Philippe Ragault, interviewé par P. Gresset. Il s’agit de l’un des derniers ivoiriers français (réalisateur de bâteaux…) victime d’un décret de 2016 à propos du travail de l’ivoire. Pourtant, ce matériau a été largement exploité pour les flûtes à bec, flûtes traversières « baroques » (à une ou plusieurs clés), notamment pour leur embouchure.
Un troisième entretien : « Des flûtes anciennes et Renaissance » à l’époque de Louis XIV, aborde la flûte traversière dans le sillage de Jacques Hotteterre (1673-1763), de Pierre-Gabriel Buffardin (1689-1768) et même Johann Joachim Quantz (1697-1773). Il est présenté par Philippe Allain-Dupré. Formé par Jean-Pierre Bourillon en France puis à Bruxelles, il a copié des flûtes anciennes « à peu près en bon état ». Son bilan descriptif et précis — en sa triple qualité de facteur, d’interprète et de formateur — intéressera aussi les historiens de la flûte Renaissance (jusqu’en 1650).
Enfin, les problèmes d’interprétation sont soulevés à juste titre dans la seconde contribution d’Antonio Arias relative à l’utilisation d’une « flûte d’amour » dans la Passion selon Saint Matthieu de J. S. Bach (BWV 244). Cette étude, très technique, avec de nombreux exemples à l’appui, rappelle que la flûte d’amour est en La, comme le hautbois d’amour — privilégié par J. S. Bach — et utilisée pour ses Airs. Elle est associée à un très intéressant tableau des flûtes traversières Renaissance, baroques et classiques (p. 40).
L’actualité porte sur les activités d’associations d’artistes au service des publics empêchés (GRADISCA), évoque les Festivals de flûte, le Concours de Cracovie et contient des critiques : sélections de disques, de partitions, de livres et recommande des professeurs. Même la publicité y est bienvenue.
Une Revue exemplaire par sa présentation, son remarquable apport iconographique (interprètes, personnalités, instruments, orchestres, facteurs au travail).
Édith Weber
Laurine Quetin, toujours à l’affût de thèmes inédits, propose une présentation (avec disque) d’œuvres de Michel Paul Guy de Chabanon (1731-1792), à la fois violoniste virtuose, spécialiste d’esthétique musicale et compositeur averti prenant le contrepied du langage musical de son époque, comme le prouvent les minutieuses restitutions de ses Sonates avec suggestions de nuances et d’altérations établies par Konstantinos Alevizos. Ses œuvres étaient prisées dans les Salons parisiens, notamment chez la claveciniste Madame Brillon de Jouy (v. 1769-1824), mécène ayant encouragé de nombreux peintres et musiciens.
Des auteurs français et étrangers révèlent la personnalité multiple de M. P. G. de Chabanon, ses œuvres et leur style, ainsi que l’aspect codicologique des partitions du Fonds Brillon (support matériel, papier, filigranes…). C’est toute une époque qui défile. Interprètes, musicologues, historiens des mentalités et des sensibilités, paléographes, mélomanes curieux y trouveront leur compte à la lecture et à l’audition de cette double publication complémentaire. Voici encore une remarquable réalisation de Laurine Quetin en attendant le n° 20 (2018), sur le thème : Jean-Louis Florentz, veilleur insoumis ?
Édith Weber
Philippe Entremont (né à Reims en 1934) a donné son premier concert en 1953 au Carnegie Hall). À 84 ans, il compte à son actif plus de 6000 concerts et entreprend encore en janvier 2018 une tournée en Chine (Shangai, Pékin) : véritable marathon, comme d’ailleurs son aîné Daniel Wayenberg (né en 1929) qui se rend cette année à Tahiti.
En une version aboutie, Philippe Entremont propose son premier enregistrement de la redoutable Sonate n°21 en Si b majeur (D 960) de Franz Schubert (1797-1828), composée en septembre 1828 et publiée en 1839 : son « chant du cygne ». Il rappelle : « depuis plus d’un demi siècle, je pense à cette Sonate — une œuvre si considérable, si envoûtante et si difficile dans sa simplicité. Le désir de l’enregistrer m’est venu plus tard, beaucoup plus tard, vers 2009, et c’était encore trop tôt… ». L’œuvre est structurée en 4 mouvements : 1. Molto moderato, très élaboré et de caractère mystérieux ; 2. Andante sostenuto, déchirant, d’une grande profondeur, avec un accompagnement lancinant ; 3. Scherzo. Allegro vivace con delicatezza, traduisant une joie assez spontanée ; enfin 4. Allegro ma non troppo très développé, aux silences éloquents et avec une brève coda presto. Il a également enregistré la Fantaisie (D 940) en fa mineur, composée en mai 1828 (donc peu avant la disparition du maître, le 19 novembre), avec pour partenaire son élève au Conservatoire américain de Fontainebleau, le japonais Gen Tomuro. Ils s’imposent par leur toucher fin et délicat, leurs répliques précises et leurs tempi bien établis dans les 4 mouvements : Allegro molto moderato, Largo, Scherzo. Allegro vivace, Finale. Allegro molto moderato. Le disque se termine dans l’allégresse, aux accents de la Marche militaire n°1 (D 733) en Ré majeur, très entraînante.
Il s’agit vraiment d’une réalisation de la maturité, bénéficiant de la vaste expérience de Philippe Entremont dont nous avons pu suivre depuis tant d’années la brillante carrière internationale. Dans son texte de présentation, il conclut que Schubert est « tout simplement génial » : ce qui aussi le cas de cet enregistrement de l’infatigable pianiste.
Édith Weber
Le compositeur et pianiste polonais, Raul Koczalski (1885-1948), est né en 1885. Très jeune, il est considéré comme le « Mozart polonais ». Selon Maryla Renat, il connaît un grand succès dans le monde sauf dans son pays natal. Il se perfectionne en piano auprès d’Anton Rubinstein ; vers 1903, il se consacre davantage à la composition, puis revient à une carrière européenne de concertiste mais — interné au début de la Première Guerre mondiale et coupé du monde artistique — il composera des œuvres de musique de chambre. Le Label polonais ACTE PRÉALABLE lui a déjà consacré un premier CD (Chamber Works 1, APO 383, 2017).
Le présent CD comporte deux de ses Concertos pour piano interprétés par Joanna Lawrynowicz — de nos jours, l’une des plus éminentes pianistes polonaises. Elle est accompagnée par l’Orchestre Symphonique Philharmonique des Basse-Carpates, placé sous la direction du chef italien Massimiliano Caldi (né à Milan en 1967), spécialiste aussi bien de musique symphonique que d’Opéra ; il est soucieux de faire revivre la musique polonaise du XXe siècle. Cet Orchestre, fondé en 1955, est actuellement considéré comme l’un des plus dynamiques de Pologne ; il se produit également en Europe (Autriche, Belgique, Tchéquie, France, Espagne, Allemagne, Suède…) et compte de nombreux enregistrements discographiques à son actif.
Le Concerto pour piano n°1 en si mineur (op. 79) de Raul Koczalski est structuré en 3 mouvements, selon l’esthétique classique : 1. Maestoso conférant un rôle important à la percussion et aux instruments à vent ; l’atmosphère s’y fait tour à tour majestueux, calme, lyrique (au piano) puis dramatique. Dans 2. l’Andante sostenuto rappelant les Nocturnes de Chopin, le piano rivalise avec l’orchestre. Enfin, le 3e mouvement : (à nouveau) Maestoso comporte des éléments mélodiques populaires.
Le Concerto pour piano n°2 en Sol majeur (op. 83) aurait été composé vers 1914 ; à cette époque, R. Koczalski en tant que pianiste était très apprécié en Europe. L’œuvre est tripartite : 1. Moderato de facture plus libre, apparenté à un allegro de sonate ; 2. Andante ; 3. Le finale Allegro energico, également proche d’un allegro de sonate, selon le texte de présentation, se réfère nettement au Concerto en si mineur de Tchaikovsky.
Voici, grâce à Jan A. Jarnicki et à son Label ACTE PRÉALABLE, une preuve de plus que la musique polonaise ne manque ni d’œuvres symphoniques concertantes, ni de pianistes de grande valeur. À découvrir.
Édith Weber
Ce CD marque les dix ans de fructueuse collaboration entre Catherine Braslavsky et les éditions JADE au service de la musique religieuse. Comme elle l’affirme : « Le Label JADE est pour moi un espace où j’ai pu m’exprimer exactement comme je le souhaite dans le domaine qui est le mien et qui est aussi la spécialité de JADE. »
Ce Collector réunit 16 œuvres brèves d’inspiration sacrée, d’une part dans le cadre de la dévotion mariale O viridissima Virga, d’après Hildegard von Bingen (XIIe siècle), O frondens Virga (voix, doulcemer, grelots, cymbale) d’inspiration lyrique ; O Virgo splendens (chant de Pèlerins de Montserrat remontant au XIVe siècle) ; d’autre part, des textes liturgiques multiséculaires : Grand Kyrie chanté en grec — dont elle a composé la musique —, mais aussi de la prière juive du Kaddosh (Adonai Elohim Tsevaoth) en hébreu, devenu pour les chrétiens le Sanctus latin.
Certaines pièces ont été arrangées ou composées par la chanteuse ou encore par Joseph Rove. On ne pouvait imaginer meilleure synthèse de son engagement, de sa maîtrise compositionnelle, de son respect des musiques sacrées illustrant ses objectifs : « je souhaite simplement dédier mon chant aux sphères les plus hautes, c’est-à-dire spirituelles d’où viennent ce qu’il y a de plus universel et de meilleur en nous ». Un remarquable Collector de plus à l’actif des Éditions JADE et au service des enseignants.
Édith Weber
Cette intéressante compilation de musiques mariales se situe dans le contexte esthétique du Bel Canto, autour de la fête de l’Assomption de Marie (le 15 août). Elle regroupe des versions de textes bien connus : les Salve Maria de Saverio Mercadante (1795-1870) et Claudio Conti (1836-1878) — chantés en traduction italienne — ; les Salve Regina de Maurizio G. Gianetti (1874-1886) et de Vincenzo Bellini (1807-1835) ; les Ave Maria de Ranieri Rillanova (1827-1915), de Giuseppe Nicolao (1825-1905) et de Charles G. St. Clair (1855-1875) — chantés en latin.
Trois œuvres pour orgue : la Sinfonia 22 (op. 142) de Giovanni Battista Candotti (1809-1876), la Suonata per la consumazione de Vincenzo Petrali (1830-1889) et la Polonese d’Antonio Diana (1815-1876) sont interprétées en connaissance de cause par Angela Metzger. Elle a retenu l’Orgue de la Cathédrale Sainte Marie à Wurzen (Allemagne), instrument à 3 claviers, pédalier, électropneumatique, avec de nombreux accouplements, construit en 1932 par les Frères Jehmlich et restauré en 2016 par la Manufacture Reinhold.
L’ensemble L’armonia del Bel canto, comprenant Heidemarie Röttig (soprano à la voix juvénile et très juste) accompagnée avec discrétion par Angela Metzger (organiste de concert), s’est donné pour mission de révéler des œuvres religieuses inconnues se réclamant du Bel Canto, mettant l’accent sur l’extériorisation de la louange typique de la spiritualité du XIXe siècle en Italie. Mission accomplie.
Édith Weber
La musique classique et romantique figure au centre des activités des Münchner Symphoniker. L’Orchestre, fondé en 1945 par Kurt Graunke, est dirigé depuis 2014/15 par Kevin John Edusei. Ce chef prometteur (né à Bielefeld en 1976) connaît un rayonnement international. Lauréat (2007) du Concours de direction de Lucerne, il est invité par de très nombreux orchestres en Allemagne, Angleterre et Autriche, entre autres.
La Symphonie n°4 « Tragique » en ut mineur (D 417) a été composée par Franz Schubert (1797-1828) à 19 ans, pendant une période pessimiste de sa vie, justifiant la tonalité d’ut mineur. Achevée en 1816, le compositeur l’a qualifiée ultérieurement de « tragique ». À noter une particularité dans l’orchestration comportant 4 cors, d’où l’importance accordée à la couleur. L’œuvre est structurée en 4 parties, spéculant sur les mouvements lents. 1. L’Adagio molto à 3/4 est de caractère solennel, recueilli et tendu, suivi de l’Allegro vivace plus dynamique et contrastant avec le deuxième mouvement : 2. L’Andante en La b majeur, à 2/4, qui traduit un lyrisme plus discret (avec deux cors en moins). 3. Le Menuetto-Allegro vivace, à nouveau en ut mineur, à 3/4, baigne dans la grâce. Enfin, 4. L’Allegro en ut mineur, à 2/2, plus développé et animé, de caractère plus lumineux, se termine sur trois accords énergiques.
La Symphonie n°7 « Inachevée » en si mineur (D 759) — initialement numérotée 8 — a été achevée par le chef suisse Mario Venzago, d’où la parenthèse dans le titre : (Un)vollendete. Fr. Schubert, qui l’a commencée en 1822, y insiste sur les mouvements plus rapides. Le premier : Allegro moderato, en si mineur, à 3/4, présente le thème bien connu aux violoncelles ; l’atmosphère se fait plaintive. Le deuxième : Andante con moto, en Mi majeur, à 3/8, comprend un premier thème énoncé aux violons et un second à la clarinette, puis au hautbois. Le thème initial revient aux vents en guise de coda. Le troisième : Scherzo avec 2 Trios et l’Allegro moderato — dont il existait une esquisse pour piano — a donc été complété. Le texte de présentation tient compte de la redécouverte de Christa Landon aux Archives du Wiener Männergesangverein.
Dans la Symphonie n°4, Kevin John Edusei respecte les intentions de Schubert relatives à la traduction musicale figuraliste de son état d’âme. Dans la Symphonie n°7, l’habile reconstitution par M. Venzago est magistralement servie par les Münchner Symphoniker, dirigés de main de maître.
Édith Weber
« Sous le signe de BACH » : en fait tout un programme d’adaptations pour piano d’œuvres prévues pour un autre instrument et interprétées avec passion et émotion par Corinne Kloska, pianiste lauréate de plusieurs Concours internationaux.
Le Cantor de Leipzig est présent avec des transcriptions de Ferruccio Busoni (1866-1924), remarquable pianiste et habile arrangeur, par exemple de 3 Chorals à l’origine pour orgue : Nun komm, der Heiden Heiland (BWV 659), extrait des 18 Chorals de Leipzig, pour le temps de l’Avent d’après l’Hymne Veni Redemptor gentium (Saint Ambroise de Milan, v. 386), paraphrase allemande de Martin Luther (1524) ; Herr Gott, nun schleuss den Himmel auf (BWV 617), prière à l’approche de la mort et aspiration au repos éternel, sur le texte de Tobias Kiel et la mélodie de Michael Altenburg (1620) figurant dans le Cantional de Gotha (1646) ; Ich ruf’ zu dir, Herr Jesu Christ (BWV 639), invocation au Christ, sur le texte de Johann Agricola et la mélodie (Haguenau, v. 1525) parue dans le Recueil de Wittenberg (1529). Les mélomanes retrouveront ces mélodies bien connues interprétées au piano dans le respect de l’œuvre initiale. Il en est de même pour les fragments de la Partita n°2 en ré mineur (BWV 1041) conçue pour le violon.
Corinne Kloska propose encore, tout en retenue, la transcription de Franz Liszt (1811-1886) du Prélude et Fugue n°1 (BWV 543) provenant du Clavier bien tempéré et l’apaisante Paraphrase du Choral en Do# majeur par Alexander Siloti (1863-1945), pianiste russe, compositeur et chef d’orchestre. À noter que, selon le dernier état de la recherche, le Choral Bist du bei mir par Éliane Richepin (1910-1999) — pianiste titulaire de plusieurs premiers Prix du CNSM — n’est pas de J. S. Bach, mais de Gottfried Heinrich Stölzel (1690-1749) récemment redécouvert en France.
Dans son Prélude, Choral et Fugue (pour piano), César Franck (1822-1890) se souvient de la structure tripartite de J. S. Bach et introduit un choral central. Cette œuvre de la maturité composée en 1884 et créée en janvier 1885, — quelque peu romantique avec un thème cyclique — exige une grande virtuosité, un sens solide de la construction et de la mise en valeur de plans sonores diversifiés. Au Piano 218 Fazioli convenant parfaitement à ce répertoire, Corinne Kloska use d’une large palette de couleurs et fait preuve d’une grande intelligence dans l’interprétation d’œuvres si variées. Elle a signé une convaincante illustration de l’art de la transcription et relancé des retrouvailles mélodiques très bienvenues.
Édith Weber
La pianiste américaine, Claire Huangci (née en 1990), qui s’est lancée très jeune dans une carrière internationale, est spécialiste de Fr. Chopin, P. Tchaikovski et S. Prokofiev. Accompagnée par le Brandenburgisches Staatsorchester (de Francfort), sous la baguette attentive de Howard Griffiths, elle participe à la révélation d’œuvres de Ludwig van Beethoven (1770-1827) rarement interprétées et provenant de différents stades de sa vie.
Tout d’abord, à l’âge de 20 ans : son Ritterballet (Ballet de Chevalier), représenté en 1791 au Château de Bonn pour le Carnaval, structuré en 15 brèves séquences groupant une marche et une danse allemandes, un chant allemand, des chants de chasse et de guerre (avec sonorités de cor), une chanson à boire, introduits par une Marche solennelle et se terminant sur une joyeuse Coda. Le maître de Bonn a aussi signé un document historique : Wellingtons Sieg (La Victoire de Wellington), op. 91, recréant la victoire des troupes du Duc de Wellington sur l’armée napoléonienne à Vitoria (Espagne), le 21 juin 1813. L’œuvre comprend deux parties : Schlacht (La Bataille) — genre souvent cultivé et particulièrement dramatique —, avec des citations patriotiques : Rule Britannia (marche) et Malbrough s’en va-t-en guerre ; la Siegessymphonie (Symphonie de la Victoire). Deux orchestres symbolisent les deux adversaires. Roulement crescendo de caisse claire, sonnerie au clairon campent le décor guerrier, puis cèdent la place à la marche anglaise ; idem côté français avec Malbrough. La confrontation des armées est ensuite figurée. La Victoire est proclamée joyeusement et très énergiquement. Le Concerto pour piano en Ré majeur (op. 61a) provient d’un célèbre concerto de violon qu’à la demande de Muzio Clementi (1752-1832) Beethoven a retravaillé pour piano. Il comprend 3 parties : Allegro ma non troppo (très développé), Larghetto (rêveur) contrastant avec le Rondo sur un thème très rythmé des plus beethovéniens. Les cadences mettent en valeur tout l’ambitus de l’instrument.
Au service de Beethoven, Claire Huangci s’impose par son énergie, sa virtuosité, son enthousiasme communicatif. En parfaite symbiose avec l’excellent chef anglais Howard Griffiths et l’Orchestre allemand expert, ils contribuent largement à faire découvrir des « raretés beethovéniennes » qui, si nécessaire, viennent confirmer la grâce et la puissance évocatrices de sa musique.
Édith Weber
Ce disque à l’initiative de Marielle Cafafa représente l’illustration sonore du programme ayant fait l’objet de son livre (cf. LI 118) : La chanson polyphonique française au temps de Debussy, Ravel et Poulenc (Paris, L’Harmattan, 2017).
Il convie les mélomanes, musicologues et littérairers à un vaste parcours poétique allant de Charles d’Orléans (1394-1465) à Guillaume Apollinaire (1880-1918) et Blaise Cendrars (1887-1961), en passant par Clément Marot (1496-1544) et Jean Antoine de Baïf (1532-1589) sur des thèmes de toujours : amour, vie, mort ; ou lyriques : mois de mai, hiver, neige. L’Ensemble Léonor (une vingtaine de chanteurs) bénéficie largement de la formation très complète de M. Cafafa, notamment en direction d’orchestre et de chœur, en piano, au chant lyrique acquise au CNSM, à la Haute École de Musique de Genève et à l’Université de Paris-Sorbonne où elle a obtenu son Doctorat en Musicologie. Ce premier enregistrement de l’Ensemble Léonor (qu’elle a fondé) fera date. Son apport avec des œuvres de compositeurs phares : Claude Debussy, Maurice Ravel Francis Poulenc, ainsi que Jean Langlais, Darius Milhaud… permet également d’apprécier à leur juste valeur des chansons de Raymond Bonheur, Jacques Chailley, Reynaldo Hahn, Paul Ladmirault : soit un total de 20 « polyphonies françaises » a cappella, composées entre 1900 et 1930, marquant un nouvel Âge d’or du genre.
L’Ensemble Léonor, dirigé tout en souplesse, réagit aux moindres inflexions gestuelles de son chef. Malgré un léger excès de réverbération dû à l’acoustique du lieu, il se distingue par sa volubilité (Yver, vous n’estes qu’un villain, Cl. Debussy), sa prononciation précise, sa dynamique (Nicolette, M. Ravel), l’émotion qu’il suscite (Pleurez avec moi, R. Hahn). Une somptueuse illustration du remarquable ouvrage de Marielle Cafafa.
Édith Weber
Michel Paul Guy de Chabanon (1731-1792) est non seulement un homme de lettres, mais encore un mélomane, violoniste et compositeur accomplis. Le CD joint à la Revue ci-dessus illustre cet aspect complémentaire grâce au concours d’Elisa Barbessi (clavecin et pianoforte) et de Stephan Dudermel (violon). Ils ont sélectionné trois instruments historiques : Clavecin de Marco Brighenti (Parme), copie du clavecin Taskin (1765) ; Pianoforte réalisé par le facteur Jean Bascou, accordé au Tempérament de Jean Le Rond d’Alembert ; Violon de David Ayache (Montpellier), copie d’Amati, avec Archet de Michel Proulix (Montpellier) d’après John Dodd (v. 1780).
Données pour le plaisir dans des salons et mentionnées notamment dans le Mercure de France et l’Almanach musical, ses Sonates pour clavecin à deux claviers ou pianoforte avec parfois accompagnement de violon (et non l’inverse) ont été composées entre 1770 et 1785 : il y a donc une parfaite correspondance chronologique entre la musique et les instruments. M. P. G. de Chabanon y exploite la forme sonate au sens étymologique consistant à « sonner ». Elles sont structurées en deux mouvements contrastants (lent/vif) ou en trois (avec mouvement lent central). Les instrumentistes y trouveront des indications relatives à l’atmosphère (Gratioso, Amoroso) ou aux tempi (Sans lenteur, Un peu lent…). Pour clavecin seul, figurent les Sonates 1, 2 (la plus élaborée, faisant appel à la virtuosité) et 3 ; pour piano-forte et violon, la Sonate 17 qui se prête davantage aux épanchements préromantiques. Enfin, le Duo tripartite, bien enlevé dans l’Allegro ma poco, se fait plus intériorisé dans l’Adagio ; il se termine avec grâce dans l’Allegro molto. Les interprètes déploient tous leurs talents au service de cette musique d’agrément.
Lecture et audition s’enrichissent mutuellement ; l’aspect historique est complété par le contexte sonore. Ce disque démontre le talent et l’originalité de cet honnête homme de lettres, violoniste et compositeur : un vrai modèle de publication.
Édith Weber
Prix de souscription 32.00 valable jusqu'au 31 mars 2018 ensuite 48.00 €
Disparu en mars 2014 à l’âge de 86 ans, Serge Gut compte au nombre des figures majeures de la musicologie française des dernières décennies. Spécialiste de Franz Liszt, auquel il consacra deux grands ouvrages et de nombreux articles, il fut également un analyste réputé. Après une première formation de compositeur, il avait commencé sa carrière musicologique, dans les années 1960-1970, par des publications traitant surtout de questions de langage musical – un domaine qui, bien que parfois négligé par les milieux universitaires, constitue le pont naturel entre composition et théorie. Au terme de cinquante années d’une activité brillante, qui le vit notamment présider aux destinées de l’Institut de musicologie de la Sorbonne, Serge Gut devait revenir dans ses dernières années à cette passion de jeunesse. Son expérience unique, aussi bien dans les domaines de la recherche que de l’enseignement supérieur ou de la publication scientifique, lui inspira le présent ouvrage, qu’il qualifiait lui-même de testament. Théorie et histoire y tiennent un passionnant dialogue. (suite)
59.00€
« Connaissez-vous beaucoup d'inventeurs d'instruments de musique ? Ceux dont l'histoire a retenu les noms se comptent sur les doigts d'une main. Jean- Christophe Denner a inventé la clarinette, Adolphe Sax le saxophone. Et puis ? On connaît des facteurs d'instruments, Stradivarius, par exemple. Mais il n'a pas inventé le violon. Alors qui ? Qui le piano ? Qui a inventé le tambour, la flûte, la harpe ? Autant demander qui étaient Adam et Ève ! »
En octobre 1980 mourait accidentellement, à Paris, Maurice Martenot, musicien, pédagogue, inventeur des ondes musicales. Trois mois plus tôt, l’auteur était allé l’interviewer à sa maison de campagne de Noirmoutier.
Ce livre relate l’histoire des ondes Martenot, instrument électronique de musique exceptionnel qui a séduit des personnalités aussi diverses que Mau- rice Ravel, Rabindranath Tagore ou Jacques Brel, et des compositeurs connus, tels Olivier Messiaen, Darius Milhaud, André Jolivet, Arthur Honegger, Edgar Varèse, Maurice Jarre, Akira Tamba – auxquels se sont ajoutés, depuis la première édition de ce livre, parmi bien d’autres, Jacques Hétu, Jonny Greenwood, ou encore Akira Nishimura. (suite)
25.00 €.
« CHANTS Harmonisés à quatre voix pour orgue et chœur par Yves Kéler et Danielle Guerrier Kœgler
Textes originaux rassemblés, mis en français et commentés par Yves Kéler
Ouverture, par le pasteur David Brown et Guylène Dubois
Préface du pasteur Alain Joly
Avant-propos d’Édith Weber
Ce recueil regroupe, pour la première fois, les 43 paraphrases françaises de chorals de Martin Luther, strophiques, versifiées, rimées, très fidèles aux intentions du Réformateur (ce qui n’est pas le cas des quelques rares textes figurant dans d’autres recueils français), et chantables sur les mélodies traditionnelles bien connues.
Il se veut un volume fonctionnel pour le chant des fidèles, avec des harmonisations à 4 voix destinées aux organistes pour accompagner l’assemblée lors des cultes et des messes. Il s’adresse également aux prédicateurs soucieux de trouver un choral pour illustrer les thèmes abordés chaque dimanche, aux organistes pour accompagner l’assistance et aux chefs de chœur pour diriger le chœur paroissial. Pour quelques harmonisations écrites en fonction des possibilités de l’orgue et, dans quelques rares cas, difficilement chantables (tessiture trop élevée ou trop grave, intercalation du texte à plusieurs des parties), (suite)
24.00 €.
Cet ouvrage paraît à l’occasion de la création à Lausanne, lors de la semaine sainte 2017, de La Passion selon Marc. Une passion après Auschwitz du compositeur Michaël Levinas. Cette création prend place dans le cadre du 500e anniversaire de la Réforme protestante. Elle entreprend de relire le récit chrétien de la passion de Jésus dans une perspective déterminée par la Shoah.
Ce projet s’inscrit dans une histoire complexe, celle de l’antijudaïsme chrétien, dont la Réforme ne fut pas indemne, mais aussi celle des interprétations, théologiques et musicales, de la passion de Jésus de Nazareth. Et il soulève des questions lourdes, mais incontournables. Peut-on mettre en rapport la crucifixion de Jésus – la passion chrétienne – et l’assassinat de six millions de juifs ? Ne risque-ton pas d’intégrer Auschwitz dans une perspective chrétienne, et du coup de priver la Shoah de sa radicale singularité ? De redoubler la violence faite aux victimes d’Auschwitz en lui donnant un sens qui en dépasserait le désastre, l’injustifiable, l’irrémédiable ? (suite)
Michaël Levinas : La Passion selon Marc. Une Passion après Auschwitz par Michèle Tosi
Ce livre, que le compositeur souhaitait publier dans sa maison d’édition à Kürten, se propose de présenter les orientations principales de la recherche de Karlheinz Stockhausen (1928-2007) à travers ses œuvres, couvrant sa vie et ouvrant un accès direct à ses écrits. Divers domaines investis par le plus grand inventeur de musique de la seconde moitié du xxe siècle sont abordés : composition de soi à travers les matériaux nouveaux ; découvertes formelles et structures du temps ; musique spatiale ; métaphore lumineuse ; musique scénique ; l’hommage au féminin de l’opéra Montag aus Licht ; Wagner, Stockhausen et le Gesamtkunstwerk, œuvre d’art total. Les témoignages des femmes qui l’ont accompagné dressent un portrait vif et saisissant de l’homme, artiste génial qui aimait plus que tout la musique et la recherche compositionnelle au nom du progrès de l’être humain...(suite)
Mozart aurait-il été heureux de disposer d'un Steinway de 2010 ? L'aurait-il préféré à ses pianofortes ? Et Chopin, entre un piano ro- mantique et un piano moderne, qu'aurait-il choisi ? Entre la puissance du piano d'aujourd'hui et les nuances perdues des pianos d'hier, où irait le cœur des uns et des autres ? Personne ne le saura jamais. Mais une chose est sûre : ni Mozart, ni les autres compositeurs du passé n'auraient composé leurs œuvres de la même façon si leur instrument avait été différent, s'il avait été celui d'aujourd'hui. Mais en quoi était-il si différent ? En quoi influence-t-il l'écriture du compositeur ? Le piano moderne standardisé, comporte-t-il les qualités de tous les pianos anciens ? Est-ce un bien ? Est-ce un mal ? Qui a raison, des tenants des uns et des tenants des autres ? Et est-ce que ces questions ont un sens ? Un voyage à travers les âges du piano, à travers ses qualités gagnées et perdues, à travers ses métamorphoses, voilà à quoi convie ce livre polémique conçu par un des fervents amoureux de cet instrument magique.
Au travers du récit que James Lyon nous fait de l’existence de Dickens, il apparaît bien vite que l’écrivain se doublait d’un précieux défenseur des arts et de la musique. Rares sont pourtant ses écrits musicographiques ; c’est au travers des références musicales qui entrent dans ses livres que l’on constate la grande culture musicale de l’écrivain. Il se profilera d’ailleurs de plus en plus comme le défenseur d’une musique authentiquement anglaise, forte de cette tradition évoquée plus haut. Et s’il ne fallait qu’un seul témoignage enthousiaste pour décrire la grandeur musicale de l’Angleterre, il suffit de lire le témoignage de Berlioz (suite)
En plein essor à l'étranger, particulièrement en Allemagne, l'hymnologie n'a pourtant pas encore acquis ses titres de noblesse en France. Dans l'esprit de la collection « Guides musicologiques », cet ouvrage se veut une initiation méthodologique. Il comprend une approche de l'hymnologie se rattachant à la musicologie historique et à la théologie pratique, et résume l'historique de la discipline. Pratique et documentaire, il offre aussi de précieuses indications : un large panorama des institutions et centres de recherche, un glossaire conséquent ou les mots clés. et les entrées sont accompagnés de leur traduction en plusieurs langues, et une bibliographie très complète (431 titres) tenant compte du tout dernier état de la question. Outil de travail indispensable, ce livre s'adresse aussi bien aux musicologues, aux théologiens, traducteurs et chercheurs, qu'aux organistes, maîtres de chapelle, chanteurs, et bien entendu, aux hymnologues.
Ce guide s’adresse aux musicologues, hymnologues, organistes, chefs de chœur, discophiles, mélomanes ainsi qu’aux théologiens et aux prédicateurs, soucieux de retourner aux sources des textes poétiques et des mélodies de chorals, si largement exploités par Jean-Sébastien Bach, afin de les situer dans leurs divers contextes historique, psychologique, religieux, sociologique et surtout théologique. Il prend la suite de La Recherche hymnologique (Guides Musicologiques N°5), approche méthodologique de l’hymnologie se rattachant à la musicologie historique et à la théologie pratique dans une perspective pluridisciplinaire. Nul n’était mieux qualifié que James Lyon : sa vaste expérience lui a permis de réaliser cet ambitieux projet. Selon l’auteur : « Ce livre est un USUEL. Il n’a pas été conçu pour être lu d’un bout à l’autre, de façon systématique, mais pour être utilisé au gré des écoutes, des exécutions, des travaux exégétiques ou des cours d’histoire de la musique et d’hymnologie. » (suite)
Cet ouvrage regroupe pour la première fois les 43 chorals de Martin Luther accompagnés de leurs paraphrases françaises strophiques, vérifiées. Ces textes, enfin en accord avec les intentions de Luther, sont chantables sur les mélodies traditionnelles bien connues. Aux hymnologues, musicologues, musiciens d'Eglise, chefs, chanteurs et organistes, ainsi qu'aux historiens de la musique, des mentalités, des sensibilités et des idées religieuses, il offrira, pour chaque choral ou cantique de Martin Luther, de solides commentaires et des renseignements précis sur les sources des textes et des mélodies : origine, poète, mélodiste, datation, ainsi que les emprunts, réemplois et créations au XVIè siècle... (suite)
L’imbroglio baroque de Gérard Denizeau
BACH
Cantate BWV 104 Actus tragicus : Gérard Denizeau - Toccata ré mineur : Jean Maillard -
Cantate BWV 4: Isabelle Rouard -
Passacaille et fugue : Jean-Jacques Prévost -
Passion saint Matthieu : Janine Delahaye -
Phœbus et Pan : Marianne Massin -
Concerto 4 clavecins : Jean-Marie Thil -
La Grand Messe : Philippe A. Autexier -
Les Magnificat : Jean Sichler -
Variations Goldberg : Laetitia Trouvé -
Plan Offrande Musicale : Jacques Chailley
COUPERIN
Les barricades mystérieuses : Gérard Denizeau -
Apothéose Corelli : Francine Maillard -
Apothéose de Lully : Francine Maillard
HAENDEL
Dixit Dominus : Sabine Bérard -
Water Music : Pierrette Mari -
Israël en Egypte : Alice Gabeaud -
Ode à Sainte Cécile : Jacques Michon -
L’alleluia du Messie : René Kopff -
Musique feu d’artifice : Jean-Marie Thill -
Pour la première fois, le Tchèque Leoš Janácek (1854-1928), le Finlandais Jean Sibelius (1865-1957) et l'Anglais Ralph Vaughan Williams (1872-1958) sont mis en perspective dans le même ouvrage. En effet, ces trois compositeurs - chacun avec sa personnalité bien affirmée - ont tissé des liens avec les sources orales du chant entonné par le peuple. L'étude commune et conjointe de leurs itinéraires s'est avérée stimulante tant les répertoires mélodiques de leurs mondes sonores est d'une richesse émouvante. Les trois hommes ont vécu pratiquement à la même époque. Ils ont été confrontés aux tragédies de leur temps et y ont répondu en s'engageant personnellement dans la recherche de trésors dont ils pressentaient la proche disparition. (suite).
L’histoire de David et Jonathan est devenue aujourd’hui un véritable mythe revendiqué par bien des mouvements homosexuels qui croient y lire le récit d’une passion amoureuse entre deux hommes, alors même que la Bible condamne de manière explicite l’homosexualité comme une faute grave. Cette lecture s’est tellement imposée depuis quelques décennies que les ouvrages qui traitent de la question de l’homosexualité dans la Bible ne peuvent contourner le passage et l’analysent dans les moindres détails afin de découvrir si le texte parle ou non d’une amitié particulière entre le fils de Saül et le futur roi d’Israël, ancêtre de Jésus. Le texte est devenu le lieu de toutes les passions et révèle les interrogations profondes de la société sur la question homosexuelle. (suite)
Publié l'année même de son ouverture, cet ouvrage raconte avec beaucoup de précisions la conception et la construction du célèbre bâtiment. Le texte est remis en pages et les gravures mises en valeur grâce aux nouvelles technologies d'impression.
INITIATION À L’HARMONIE ET À L’INTERPRÉTATION À PARTIR DES POLONAISES DE CHOPIN.
VOLUME 1 Les Polonaises de jeunesse en sol mineur et sib majeur.
22.00 €
INITIATION À L’HARMONIE ET À L’INTERPRÉTATION À PARTIR DES POLONAISES DE CHOPIN.
VOLUME 2 Les Polonaises de jeunesse en lab majeur et sol# mineur
22.00 €
COLLECTION VOIR ET ENTENDRE
Jean-Marc Déhan et Jacques Grindel ont réalisé, dans les années 1980, collection « voir & entendre », qui s'adressait autant aux collèges et lycées qu'aux conservatoires et écoles de musique. Il nous est apparu que cet outil remarquable pouvait, avec quelques compléments, redevenir un outil pédagogique de tout premier plan. Le parti pris a été de réimprimer à l'identique les fascicules, enrichis d'un court dossier pédagogique. Pour chaque titre, des pistes d'utilisation s'ajoutent à celles déjà mises en lumière dans les partitions elles-mêmes.
Il est possible d'utiliser ces partitions :
- pour la lecture de notes
- pour la lecture de rythmes
- pour la dictée musicale ;
- pour le chant, en faisant chanter et mémoriser les principaux thèmes
- pour la formation de la pensée musicale : les thèmes mémorisés, transposés à l'oreille, donneront lieu, le cas échéant, à des autodictées ;
- pour l'analyse musicale et l'harmonie, avec les analyses fines de J.-M. Déhan et J. Grindel reportées sur la partition
- pour l'histoire de la musique grâce aux textes de présentation ;
- enfin, pour l'écoute raisonnée des œuvres en suivant simplement la partition, quitte à faire porter l'audition sur des éléments précédemment indiqués par le professeur qui pourra adapter ces exercices au niveau de ses élèves.
Mais ces partitions sont également destinées aux amateurs éclairés pour qui la lecture des clés d'ut dans les partitions d'orchestre habituelles, ainsi que le casse-tête des instruments transpositeurs sont souvent des obstacles insurmontables.
Souhaitons que cette réédition permette une meilleure connaissance par tous, jeunes et moins jeunes, futurs professionnels ou amateurs éclairés, de quelques œuvres fondamentales du répertoire.
W.A. Mozart. Symphonie n° 40 (K550)1. Allegro Molto – 3. Menuetto
9 €
A. Borodine. Dans les steppes de l’Asie centrale
9 €
H. Berlioz. Symphonie fantastique 5e mouvement
12 €
J.-S. Bach. Cantate BWV 140« Wachetauf, ruft uns die Stimme »
10,50 €