www.leducation-musicale.com
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Sommaire :
1. L'éditorial de Francis Cousté
: "L'attention"
2. Informations générales
3. Varia
4. Manifestations et Concerts
5. L'édition musicale
6. Bibliographie
7. CDs et DVDs
8. Hommages
9. Spectacles lyriques
10. La vie de L’éducation musicale
L’attention
Le devoir de l’école est de développer
chez les enfants la faculté d’attention.
[Simone Weil]
Qui n’a été, un jour, effaré de l’incapacité d’un nombre
croissant de jeunes - voire de moins jeunes - à suivre attentivement un discours
tant soit peu structuré, qu’il soit de caractère intellectuel ou musical ?
Générations éperdues de zapping, pour lesquelles il est de
plus en plus malaisé de faire le départ entre réel et virtuel, cataclysmes, entertainment ou authentiques chefs-d’œuvre…
Tout étant égal, tout ressortissant au même univers du spectacle… Générations
baignées de musiques amniotiques plus ou moins violemment pulsées qui
anesthésient toutes leurs facultés de véritable écoute et, partant, de discrimination…
Pauvres égos fracassés aux parois d’un maelström fou en accélération…
Or, que peut faire l’enseignement pour reforger de
véritables capacités d’écoute ? Question que peu de gens semblent aujourd’hui
se poser… Une solution ne serait-elle pas de réhabiliter l’apprentissage du « par-cœur »,
prodigieuse faculté humaine tombée en parfaite déshérence ? Au risque
assuré des ricanements de la branchitude,
laquelle ne jure que par moteurs de recherche ou mille fleurs de la créativité…
N’est-ce pourtant pas là qu’à l’instar de la poésie, la
musique aurait un rôle déterminant à jouer ? Reste à en imaginer les
modalités.
Francis B. Cousté
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Haut
BOEN n°1 du 1er janvier
2009. Liste
des morceaux qui peuvent être présentés à l’épreuve Musique du baccalauréat
technologique « Techniques de la
musique et de la danse » : http://www.education.gouv.fr/cid23325/mene0800984n.html
Le Bulletin officiel de l’Éducation nationale est librement consultable sur :
http://www.education.gouv.fr/pid285/le-bulletin-officiel.html
Baccalauréat
général, série L. Date de l’épreuve écrite « Arts » : vendredi 19 juin, 14h-17h30.
Le CNSMD de Lyon organise, du 3 au
12 février 2009
, un festival autour des rapports
musique/image. Renseignements :
04 72 19
26 61
. www.cnsmd-lyon.fr
Le Programme
« Opéra-Université » a établi de nombreux partenariats avec : universités,
grandes écoles, classes préparatoires, lycées expérimentaux, écoles d’art,
conservatoires, associations d’étudiants… Renseignements : Nathalie Guilbaud. Tél. :
01 40 01 19 17
. nguilbaud@operadeparis.fr ou www.operadeparis.fr
Orchestre de Sciences-Po, à Bastille. ©Gandolfe de Witte
51e Concours international de jeunes chefs d’orchestre de Besançon. Dates limites d’inscription :
13
mars 2009
(Besançon, Montréal),
30 avril 2009
(Berlin, Tokyo, Pékin). Programme
des présélections : Petrushka (version
1911) de Stravinsky / Symphonie n°38 (1er mouvement) de Mozart. Renseignements : 3bis, rue Léonel-de-Moustier,
25000
Besançon. Tél. :
+33 3 81
25 05 80
. www.festival-besancon.com
Le « Comité du
centenaire de la musique de film » accorde son appui logistique et publicitaire aux
événements artistiques et culturels qui se distinguent par leur qualité, leur
originalité et leur pertinence. Renseignements : 15, rue
d’Estrées, Paris VIIe. Tél. :
06 26 82
25 26
. www.centenaire-mdf.com
Dans le cadre du
cycle « L’Arioste à l’Opéra » seront donnés, à l’Auditorium du Louvre, le mercredi 4
mars, à
20h,
des œuvres de Haendel (extraits d’Orlando, Alcina et Ariodante), de Lully (extraits de Roland) et de Vivaldi (extraits d’Orlando furioso). Avec le concours des Solistes de l’Atelier
lyrique de l’Opéra de Paris & ensemble Les Paladins (dir. Jérôme
Correas). Sont également programmés trois opéras filmés : Alcina de Haendel (samedi
14 mars, 15
h), Orlando furioso de Vivaldi (samedi
14 mars, 19
h) et Les Paladins de Rameau (dimanche
15
mars, 15
h). Renseignements :
01 40 20 55 00
. www.louvre.fr
Le Laboratoire « Musique
& Informatique de Marseille » (MIM) lance appel à participation à son colloque
international qui se tiendra du 22 au
24
octobre 2009
,
à Marseille. Thème : « Les arts dans le cadre actuel de la théorie darwinienne de l’évolution ».
Avec le concours, notamment, de : Jacques Mandelbrojt, Roger Malina, Emmanuel
Girard-Reydet, Marcel Formosa, Frank Dufour, Marcel Frémiot… Renseignements : MIM/Cité de la musique – 4, rue Bernard-du-Bois,
13001
Marseille. Tél. :
04 91 39
28 60
. www.labo-mim.org
L’Observatoire
musical français (OMF) organise, sur le thème « Le
Paris des Ballets russes
1909-1929
. Une modernité interartistique », deux Journées
d’étude : le vendredi
13 février, de 14
à
20 heures
, en Sorbonne, salle des Actes et le
samedi 14 février, de
9 heures
à
18 heures
, en la Maison de la recherche
(28, rue Serpente, Paris VIe). Organisation : Danièle
Pistone & Frédéric Pouillaude. Renseignements et inscriptions :
01 40 46
25 88
. frederic.pouillaude@paris-sorbonne ou omf@noos.fr
Le département de la
pédagogie & de l’action culturelle de l’Ircam propose : Les ateliers de la création, parcours
croisé Ircam/Centre Pompidou destiné aux lycées professionnels / Parcours Découverte, destiné aux classes
de collèges & lycées d’enseignement général (de la 4e à la
Terminale), d’écoles de musique et aux étudiants des écoles d’art & des
filières artistiques universitaires / Parcours
Musique mixte, destiné aux jeunes musiciens Renseignements :
01 44 78
48 43
. info-pedagogie@ircam.fr ou www.ircam.fr
Le site www.medici.tv vient d’être récompensé au Midem
2009 par le Classical Download Award.
Inaugurée le
15 mai 2008
, cette plate-forme audiovisuelle
permet de suivre gratuitement & en direct - puis en VoD (Video on Demand) - les concerts de
musique classique les plus prestigieux au monde.
Postes mis aux
concours externes du Capes. Session 2005 - Éducation
musicale : 150. Arts
plastiques : 190. Session 2009 – Éducation musicale : 90. Arts plastiques : 130 (Source : carte des formations
IUFM).
L’association
internationale Willems organise deux journées de rencontre & de pratique, les samedi 14
et dimanche
15 février 2009
, à l’École Willems-Rymea de
Lyon. Thème : « L’importance
de la voix et du répertoire de chansons dans la formation du jeune musicien ».
Intervenants : Nicole Corti (chef de chœur & chef d’orchestre),
Christophe Voidey (pianiste). Renseignements :
04 72 54
50 40
. www.aiem-willems.org
La Bibliothèque
nationale de France organise des visites du Salon de musique de la Bibliothèque de l’Arsenal [notre
photo], tous les mercredis à 14h30 et le samedi à 15h et à 16h. Sur réservation au : 01 53 79 49
49.
©David Paul Carr/BnF
La Bibliothèque
nationale de France vient de créer son site-blog : http://blog.bnf.fr.
« Nouvel âge de la conversation »
estime Pierre Assouline…
« Les
Musiques »,
festival international des musiques d’aujourd’hui (concerts, spectacles, danse,
installations, rencontres), se déroulera à Marseille, du 6 au
26 mai 2009
. Renseignements : Gmem – 15, rue
de Cassis,
13008
Marseille. Tél. :
04 96 20
60 10
. www.gmem.org
Gmem ©Claire Lamure
Le Musée de la
musique proposera
- à partir du 14 mars 2009 - tous les samedis et dimanches, et du mardi au
dimanche pendant les vacances de printemps (zone C), de 15h à 16h30, une
visite suivie d’un concert. Renseignements : 221, avenue
Jean-Jaurès, Paris XIXe. Tél. : 01 44 84 44 84. www.cite-musique.fr
« Visions du
Baroque » à la Cité de la musique : 5 concerts du 3 au
11
mars 2009
.
Les 4 et 5 mars, colloque « Wanda
Landowska et la renaissance de la musique ancienne », dir.
Jean-Jacques Eigeldinger (entrée libre, sur réservation). Renseignements :
221, avenue Jean-Jaurès, Paris XIXe. Tél. :
01 44 84
44 84
. www.cite-musique.fr
***
Haut
Le site
« Brahms », base de documentation & outil de recherche le plus demandé sur la musique
contemporaine (quelque 600 biographies de compositeurs, 8 000
fiches-œuvres, textes esthétiques ou analytiques), enrichit ses contenus. Renseignements :
01 44 78 48 16
. http://brahms.ircam.fr
À Normale-Sup : « Comment notre cerveau fait-il pour apprendre
à lire, calculer et faire de la
musique ? », le mercredi 11 février 2009, à 14h30, salle des
Résistants. Débat organisé par la Fédération pour la recherche sur le
cerveau. Renseignements : 45, rue d’Ulm, Paris Ve.
Tél. : 01 47 04 12 42. www.frc.asso.fr
Vers la fin des
« Digital Rights Management »
(DRM) ? Après
EMI et Apple, les firmes Warner Music, Universal Music et Sony Music viennent
d’annoncer l’abandon de leurs verrous anticopie. Tout amateur de musique
pourra donc désormais transférer - sur n’importe quel type de matériel - les
fichiers musicaux légalement acquis.
Cité de la
musique. L’exposition
« Gainsbourg 2008 » joue les prolongations jusqu’au
15 mars 2009
. Renseignements : www.citedelamusique.fr
Le film « Piotr Anderszewski, Voyage intranquille » de Bruno
Monsaingeon (Idéale Audience) a
remporté un « Fil d’Or », au Festival international de programmes
audiovisuels (FIPA) de Biarritz. C’est la 3e fois que le grand
réalisateur obtient cette récompense.
« Le répertoire
choral ». Destiné
aux chefs de chœur, ce stage, placé sous la direction de Jean Sturm, se
déroulera à Strasbourg, les 14 et 15 mars 2009. Renseignements : 03
89 77 91 80. http://missionvoixalsace.org
Dominique Jameux : « Au moment
que l’on s’ingénie à chasser la parole de France Musique, avec au demeurant des
succès divers, comme si on avait décidément abandonné l’idée de la rendre
avenante et plausible, je suis persuadé qu’elle seule au contraire permet à la
chaîne publique d’attirer et de retenir un auditoire » (Radio, p.54. Fayard, 2009)
La revue
« Orgues nouvelles » poursuit, non sans bonheur, ses publications. Renseignements : 04 72 77 57 63. www.voix-nouvelles.com
Philippe Manoury, un site remarquable : www.philippemanoury.com
©Roland Manoury
Éloquence des
chiffres… Plus
d’un milliard de chansons auraient été téléchargées en 2008. Sur les
13 millions de chansons actuellement disponibles en ligne, seulement
52 000 morceaux différents ont généré 80 % des ventes totales.
Au Château de
Versailles : Le
28 janvier 2009 - entouré des organistes Michel Bouvard, Philippe Lefèvre et
Olivier Latry - Jean-Jacques Aillagon, président de l’Établissement public, a
remis, à Michel Chapuis, organiste de la Chapelle Royale, les insignes de
Commandeur dans l’Ordre national du Mérite, et à Bertrand Cattiaux, facteur
d’orgues, les insignes de Chevalier dans l’Ordre national du Mérite.
©Château de
Versailles
Le Musée
d’ethnographie de Genève (MEG) propose, du 19 au 21 mars 2009 : Musiques de Roumanie. Renseignements : Alhambra, rue de la Rotisserie, 10. Tél. : 022 919 04 94. www.adem.ch
Nicolae & Rela Ciulei,
Olténie©Mirela Radu
« L’Orphéon » organise à Bayeux, les 14 et 15
mars 2009, un stage de Jazz vocal. Renseignements : 2, place Gauquelin Despallières, 14400 Bayeux. Tél. : 02 31 27 88 10. www.orpheon-bayeux.org
« Jazz in Choir », 9e Académie
internationale pour chefs de chœur, se tiendra à Metz, du 18 au 26 juillet
2009. Renseignements : 03 87 30 52 07. www.inecc-lorraine.com
Les « Orchestrades
Universelles » se dérouleront, pour leur 25e anniversaire, sous le thème « Musique populaire : bonheur
partagé ! ». À Brive-la-Gaillarde (Corrèze), du 17 au
27 août 2009
. Inscriptions ouvertes. Renseignements :
04 78 35 87 14
. www.orchestrades.com
***
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Haut
Conférence/concert
au Centre Pompidou [notre photo] : Le dimanche 8 février, à
11h30,
le compositeur Michaël Lévinas
propose une double lecture, parlée & pianistique, des Études pour piano,
1985-2001
, de György Ligeti. Renseignements : www.centrepompidou.fr
©DR
L’Association
« Femmes et Musique » organise un concert, le mardi 10 février 2009, à 20h,
salle Rossini (6, rue Drouot, Paris IXe). La pianiste Thèrèse
Fèvre & le hauboïste François-Xavier Bourin [notre photo] interprèteront
des œuvres de Clara Wieck-Schumann, Odette Gartenlaub, Pierre Sancan et Allain
Gaussen. Entrée libre. Renseignements : AFM – 100, avenue de Villiers, Paris
XVIIe. Tél. : 01 47 63 48 80.
©DR
« Take a
Bow ! » Salle
Pleyel, le
11 février 2009
, à
15h,
le London Symphony Orchestra
(LSO) se réunira avec 100 jeunes violonistes issus d’établissements scolaires
& de conservatoires de la région parisienne. Œuvres de Gareth Glyn,
Aaron Copland, Georg Philip Telemann, Karol Beffa, Edvard Grieg, Johann
Sebastian Bach. Renseignements :
01 44 84
44 84
. www.sallepleyel.fr ou www.citedelamusique.fr
©Kevin Leighton,
London
« Fondamenta », Productions
phonographiques & de concerts, présente Salle Gaveau, le jeudi 12 février
2009, à 20h30, un récital à deux pianos avec Alexandre Kobrin (1er Prix
Van Cliburn) & Frédéric D’Oria-Nicolas (Révélation de l’Adami). Dans
des œuvres de Brahms, Rachmaninov et Dukas. Renseignements : 06
64 10 63 92. www.fondamenta.fr
L’Ensemble
Contrechamps,
dir. Jurjen Hempel, propose, le 24 février 2009, à 20h, en le Radio-Studio
Ernest-Ansermet : Death of Light/Light
of Death (1998) de Jonathan Harvey, Éthique
de la lumière (2004) de Saed Haddad, Notturno de Ivan Fedele (2004), Quatorze
inscriptions (2009) de Xavier Dayer. À 19h15, présentation du
concert, en présence du compositeur Xavier Dayer. Renseignements : 2,
passage de la Radio, 1205 Genève. Tél. : +41 (0)22 329 24 00. www.contrechamps.ch
Les Passions, Orchestre baroque de Montauban,
dir. Jean-Marc Andrieu [notre photo] interprétera, le mardi 10 mars, à 20h30, en
la Chapelle Sainte-Anne de Toulouse : Les
Amants heureux et malheureux, cantates françaises du fonds ancien de
Toulouse. À 18h30, présentation du concert, « Les pistes du
Baroque » (entrée libre). Renseignements : 05 63 22 19
78. www.les-passions.fr
©Patrice Nin
Les Sacqueboutiers, ensemble de cuivres anciens de
Toulouse, recréeront le jeudi 23 avril 2009, à 21h, en l’abbatiale Saint-Pierre
de Moissac (Tarn-et-Garonne), El
Cancionero del Duque de Lerma (1606). Renseignements : 05
63 05 08 00. www.les-sacqueboutiers.com
©Patrice Nin
Auditorium du Musée
d’Orsay. Jusqu’au
11 juin 2009, cycle L’âme du violoncelle (Xavier Phillips, Sonia Wieder-Atherton, Natalia Gutman). Jusqu’au 18
juin 2009, cycle L’art de
l’accompagnement vocal (master-classes & concerts avec pianistes ou
ensembles instrumentaux). Renseignements : 01 40 49 47
50. www.musee-orsay.fr/fr/manifestations/musique.html
En l’Hôtel de
Soubise (Archives nationales), « Le Concert
des Amateurs » (créé en 1762 par le compositeur Joseph-François Gossec
et que longtemps dirigea le chevalier de Saint-Georges) propose, les samedis de
18h à 19h30, des concerts de musique de chambre instrumentale &
vocale. Renseignements : 60, rue des Francs-Bourgeois, Paris IIIe.
Tél. : 01 40 20 09 34. www.jeunes-talents.org
©DR
« Vol de Nuit », association humanitaire créée
par Frédéric d’Agay, neveu d’Antoine de Saint-Exupéry, a pour objectif de venir
en aide aux enfants démunis d’Argentine. Elle organise un concert, le
samedi
7 mars 2009
, à
15h,
au Musée Carnavalet (23, rue de
Sévigné, Paris IIIe). La pianiste argentine Marcela Roggeri
interprétera des œuvres de Scarlatti, Chopin, Satie, Liszt. Renseignements :
01 45 80 55 94
. www.voldenuit-vuelonocturno.org
Chansons yiddish de
Podolie, Ukraine, Moldavie, Bessarabie… Avec Efim Chorny (voix) & Susan Ghergus (piano).
Le mardi
10 mars 2009
, à
20h,
Salle des Fêtes de la Mairie du
XXe arrondissement (place Gambetta, Paris XXe).
Possible restauration : spécialités yiddish. Renseignements :
01 47 00
14 00
. www.yiddishweb.com
À L’Archipel : Le samedi 28 mars, à
18h,
le Quatuor Benaïm interprétera le 8e Quatuor de
Chostakovitch et le Quintette à deux
violoncelles de Schubert (avec Dominique de Williencourt). Renseignements : 17, bd de Strasbourg, Paris Xe. Tél. :
08 26 02
99 24
. www.larchipel.net
L’Académie de
Musique des Grandes Écoles et Universités, organisation de concerts en milieu étudiant,
présente Offenbach en fête, création
lyrique, théâtrale et dansée sur des chœurs et airs d’Offenbach, 250
participants. Au Cirque d’Hiver-Bouglione (110, rue Amelot, Paris XIe),
les 28 & 29 mars et 1er avril 2009. Renseignements :
01 45 20
82 56
. www.academie-de-musique.com
Francis Cousté
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Haut
Les éditions du Centre de musique baroque de Versailles poursuivent
sans désemparer leur admirable entreprise patrimoniale. Vient ainsi de
paraître le 5e volume de l’édition critique
« Anthologies : Motets », consacré à un premier ensemble de
motets de Guillaume Minoret (1650-1720), sous-maître de la Chapelle royale,
nommé à l’installation de Louis XIV à Versailles : Venite exultemus Domino / Currite
populi / Prope es tu Domine.
Viennent également de
paraître des pièces à perspective pédagogique : Un pasteur de son peuple, idylle chantée, avec solistes, chœur
d’enfants & petit orchestre, de Bernard-Aymable Dupuy (1707-1789), maître
de chapelle de l’abbatiale Saint-Sernin à Toulouse / un Concerto pour clavecin de Jean-Frédéric
Edelmann (1749-1794), pouvant également se jouer en sonate / trois Duos pour pianoforte & clavecin de
Henri-Joseph Rigel (1741-1799). Renseignements : Hôtel des
Menus-Plaisirs – 22, avenue de Paris, 78000 Versailles. Tél. : 01 39
20 78 10. http://editions.cmbv.fr
Francis Gérimont
VIOLONCELLE
Frédéric BORSARELLO : Djapou (Force de travail au Népal) pour violoncelle & piano. Combre : C06580.
Le Népal est là
pour le titre : pour le reste, il s’agit plutôt d’un mouvement perpétuel
dans un fa majeur franc et massif. Le
piano se contente d’accompagner tranquillement les doubles croches forcenées du
violoncelliste à qui rien n’est épargné. Un morceau jubilant mais qui exploite
toutes les ressources du violoncelle et de l’exécutant et qui demandera à ce
dernier une bonne… force de travail, et pas seulement au Népal !
Claude-Henry JOUBERT : Variations sur ré, pour violoncelle
avec accompagnement de piano. Combre : C06602.
Ce morceau, destiné
au 1er cycle (1re position), est un peu trompeur dans son
titre : l’« accompagnement » de piano se révèle être un
partenariat à part entière et la mélodie est équitablement répartie entre les
deux instruments. Ces variations nous font passer par ré majeur, ré mineur,
gammes et arpèges, chromatismes… le tout avec l’humour et le sens musical bien
connu de l’auteur. Bref, ces variations sur ré allient musique, travail instrumental et théorie musicale avec un rare
bonheur.
HAUTBOIS
Bruno ROSSIGNOL : Le
songe d’Hector, pour hautbois & piano.
Combre : C06567.
Cette pièce, de
niveau 1er cycle débutant, fait partie des pièces commandées à des
compositeurs qui sont généralement aussi des pédagogues. Mais cela ne nuit en
rien à leur qualité musicale ! Celle qui nous est ici proposée est particulièrement
intéressante. Elle mettra en valeur les qualités tant mélodiques que rythmiques
de l’exécutant qui devra être un débutant déjà bien avancé. Bref, une œuvre
intéressante, mais qui demandera une mise au point rigoureuse pour être goûtée
à sa juste valeur.
Francis COITEUX : Le
bel hautbois dormant pour hautbois & piano.
Combre : C06566.
De niveau 2e cycle élémentaire, cet œuvre en trois parties : le sommeil, le réveil, la
joie, se réfère bien au célèbre conte. Le réveil est, comme il se doit,
« amoroso ». L’ensemble est plein de charme et de poésie. Je ne me
hasarderai pas à voir dans le dernier mouvement une réminiscence furtive d’un
célèbre cantique qui enjoint : « Jouez hautbois, résonnez
musettes ». Et pourtant…
SAXOPHONE
Michel NIERENBERGER : Saxonara pour saxophone alto en mib & piano. Lafitan :
P.L.1556.
Cette charmante
pièce instaure un vrai dialogue entre le piano et le saxophone. L’écriture en
est délicate et mettra avant tout en œuvre les qualités musicales des
exécutants. L’abondante utilisation de la quarte donne à toute l’œuvre un
certain caractère modal tout à fait plaisant.
Michel DEL GIUDICE : Phonie pour saxophone alto en mib & piano. Lafitan : P.L.1592.
Cette pièce, qui
s’adresse à un instrumentiste déjà aguerri (niveau élémentaire), est vivante,
pleine de rythme et de dynamisme. Comme pour la précédente, le piano dialogue
constamment avec le saxophone, ce qui renforce l’intérêt musical et pédagogique
de l’œuvre : cela constitue une vraie initiation à la musique de chambre.
Jacques ERDOS : Bavardage pour saxophone alto & piano. Lafitan : P.L.1712.
Cette pièce assez
facile n’en est pas moins très agréable et donnera quand même du fil à retordre
à l’instrumentiste à cause, notamment, d’une partie en syncopes et contre-temps
pleine de charme et de vie, mais d’une mise en place un peu délicate…
André GUIGOU : Circus
Sax pour saxophone alto & piano.
Lafitan : P.L.1709.
Ce Circus Sax porte bien son nom. D’un
niveau élémentaire ou moyen, cette pièce très musicale fera faire à l’instrumentiste
de jolies acrobaties, allant de la magie à la voltige, en pratiquant même
quelques sauts périlleux… Mais, comme au cirque, il faudra faire oublier la
performance, et c’est avec grâce que l’interprète devra charmer son public.
SAXHORN
Pascal PROUST : Douze
pièces en forme d’études pour saxhorn ou
euphonium. Combre : C06565.
Ces douze pièces
écrites dans des styles divers sont bien agréables à entendre et, s’il s’agit
d’études, il faut bien dire que l’exécutant devrait être récompensé de son
travail par le plaisir qu’il aura à donner vie à ces charmants tableautins.
GUITARE
François SCIORTINO MONACO : 8 pièces folk pour guitare. « Junior ».
Lemoine : 28186 H.L.
Compositions
originales et arrangements de thèmes connus (Amazing grace ou Dany Boy),
ce recueil, publié à la fois en notation solfégique et tablatures ne manquera
pas de séduire le jeune guitariste.
Marc LE GARS : Paysages
celtiques pour guitare. Vol. 2. Lemoine :
28721 H.L.
Voilà pas moins de
quinze pièces évoquant les divers aspects des pays celtes, Bretagne, bien sûr,
mais aussi Irlande. Les plus simples de ces pièces seront abordables très vite. Bagad, Goémond, Bruines, ce sont
divers aspects des paysages et coutumes celtes que ces pièces évoquent avec
beaucoup de charme et de bonheur.
Jean-Luc GAUTHIER : La
chanson des couleurs, pour guitare. Combre :
C06475.
Voilà trois pièces
aux titres évocateurs et qui créent une ambiance très poétique. Elles pourront
être abordées à partir du niveau moyen.
ORGUE
Chantal AUBER : Toccata op. 60 pour grand orgue. Combre : C06622.
Chantal Auber,
disciple d’Yves Nat, nous présente ici une pièce à la fois brillante et
tourmentée qui illustre bien l’aspect à la fois virtuose et un peu obsédant de
nombre de toccatas. On découvrira avec grand plaisir cette œuvre intéressante
qui fait appel à toutes les ressources de l’instrument.
Jacques CHARPENTIER : Pierres de lumière pour grand orgue.
Combre : C06451.
Il s’agit de
l’œuvre imposée en finale du Concours international d’orgue « Grand Prix de
Chartres 2006 ». Si les tempi, les nuances et certains
caractères expressifs sont indiqués, l’auteur a souhaité que cette édition ne
prescrive aucune registration. C’est la pièce finale d’un office liturgique
intitulé Messe de Chartres. Éminemment
théologique, elle est constituée de deux parties : une première partie
construite sur un accord de trois sons (un seul Dieu en trois personnes) qui
donne naissance à une sorte de choral solennel : Éloge de la Pierre. La seconde partie constitue un Éloge de la
lumière. « Illuminés, les piliers sonores du choral initial sont
désormais : Pierres de Lumière ».
MUSIQUE D’ENSEMBLE
Jean CASSIGNOL & Michel DEMAREZ : Promenades en duo, recueil
de 6 pièces classiques et romantiques pour flûte traversière (ou flûte à bec ou
violon) & guitare. Vol. 1. International Music Diffusion : http://www.arpeges.fr/international-music-diffusion
IMD 687.
Ces transcriptions
et arrangements séduiront certainement harpistes et flûtistes : de
Telemann et Caccini à Elgar en passant par Bach, Mendelssohn et Chopin, le choix
est tout à fait pertinent. Et les transcriptions, sans être faciles, sont
abordables par beaucoup de musiciens jeunes ou moins jeunes. Souhaitons que ce
premier volume soit suivi de nombreux autres.
ROSSINI : Andante, e Tema con Variazioni per Flauto, Clarinetto, Corno e Fagotto, édité par Philip
Gosset. Urtext. Bärenreiter : BA 10542.
Un peu difficile à
dater, il est possible que cette œuvre ait été écrite vers 1812, c'est-à-dire
qu’elle soit une œuvre de jeunesse. Elle a, en tout cas, toutes les qualités de
vivacité et de charme qu’on connaît à son auteur. Notons que l’œuvre est écrite
pour clarinette en do, et que c’est
bien entendu ainsi qu’elle est publiée.
ROSSINI : Duetto per Violoncello e Contrabbasso, édité par Philip Gosset. Urtext.
Bärenreiter :. BA 10544.
Il semble que cette
œuvre soit de 1824 et ait été écrite à Londres. Ce duetto est une œuvre en
trois mouvements (Allegro, Andante mosso, Allegro), dans lequel Rossini suit la
classique forme-sonate. Les deux instruments dialoguent et ont tous deux un
rôle concertant. Il s’agit donc d’une œuvre tout à fait intéressante, le
répertoire pour ce type de duo n’étant pas extrêmement important.
CHANT CHORAL
Jean LANGLAIS : Cantate
en l’honneur de Saint Louis-Marie de Montfort pour
3 voix de femmes, soprano solo & orgue. Combre : C06599.
Cette œuvre fut
composée en 1947, sans doute à l’occasion de la canonisation par Pie XII
du père Louis-Marie Grignion de Montfort qui fut, au début du XVIIIe siècle, le missionnaire de tout l’ouest de la France et fondateur de deux communautés
religieuses dédiées au soin des malades et à l’enseignement professionnel, dont
les maisons mères sont situées à Saint-Laurent-sur-Sèvre. Redécouverte à
l’occasion d’un hommage à Jean Langlais, elle est créée en public le 4 octobre
2007 et a fait l’objet d’un enregistrement (Solstice : Socd 241). Écrite
en français, cette sorte de jubilation est bien sûr nourrie de réminiscences
grégoriennes, et même de citations textuelles de l’Ave maris stella et du Regina
coeli. Souhaitons que cette œuvre s’inscrive au répertoire et fasse
redécouvrir un compositeur trop peu joué.
Daniel Blackstone
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Joëlle LÉANDRE : À voix basse. Entretiens avec Franck
Médioni. Préface de Philippe Fénelon « Léandre
ou la ferveur ». Éditions MF (www.editions-mf.com).
Œuvres commandées, discographie, index, table. 160 p. 10 €.
Autant dire que Joëlle Léandre renouvelle ici le genre de
l’entretien. La narratrice n’a pas d’autre interlocuteur que le lecteur à qui
elle relate sa carrière de musicienne, compositrice, improvisatrice,
contrebassiste et performeuse, sur les plus grandes scènes internationales.
Mais beaucoup plus que le simple témoignage d’une vie de labeur, de
contraintes, de rigueur mais aussi de bonheurs et de rencontres passionnantes,
la force des textes qui se succèdent en tableaux et défilent comme un diaporama
impressionne : les images qui jaillissent des mots projettent non
seulement les sons mais aussi le rythme frénétique qui animent la riche pensée
créatrice de la musicienne. De ses années de formation au CNSMDP jusqu’à
son « exil » forcé, mais ô combien salutaire, aux États-Unis en
raison d’un système culturel français jadis encore trop fermé à la
« déviance » musicale (notamment lorsque celle-ci est pratiquée par
une femme), ce livre est une somme considérable de données et de références sur
l’histoire du jazz et de l’improvisation plus généralement, mais aussi sur
l’interdisciplinarité dont le travail de la virtuose reste un exemple
singulier. Cet ouvrage questionne également les motivations et les
attentes des institutions et du public consommées par la culture de masse au
détriment des nouvelles générations d’artistes, mais reste une main tendue aux
organismes subventionnaires pour promouvoir les musiques créatives. Au
fil de ces pages se dessinent finalement la motivation liminaire d’une artiste
dévouée à son art et tournée vers les autres : ouvrir de nouvelles avenues
sonores en reliant musiques savante et populaire par la voie de l’improvisation
non idiomatique. La discographie sélective en annexe nous le
confirme : c’est mission accomplie.
Sophie Stévance
David
TOOP : Ocean of sound. Ambient music,
mondes imaginaires et voix de l’éther. Traduction : A.
Réveillon. Kargo/L’éclat. Bibliographie, discographie, index.
384 p., 13 €.
Réédition d’un déjà classique (1996). D. Toop,
musicien anglais de l’électronique expérimentale, nous invite à y parcourir les
ramifications de son écoute : Debussy, Cage, Pandit Pran Nath,
Stockhausen, La Monte Young, gamelan balinais, Miles Davis, J. Zorn,
chamans Yanomani, Beatles, B. Eno, paysages sonores, The Orb, Aphex
Twin... un fabuleux réseau à la bigarrure postmoderne mais thématisé avec
précision et lucidité en des confins où pourtant « tout ce qui est solide
se fond dans l’éther ». Hors analyse et catégories se développe
ainsi - dans l’union d’archétypes anthropologiques, de rêves et de technologie
avancée - l’ambient music,
« sons qui existent pour nous permettre de mieux entendre le
silence ».
Bruno de FLORENCE : Musique, sémiotique et pulsion. « Études psychanalytiques », L’Harmattan. Bibliographie.
114 p., 12 €.
Pointant les limites de fameux paradigmes de sémiologie
musicale (Nattiez…), cet ouvrage propose la mise en œuvre conjointe de concepts
issus de la psychanalyse (Réel/Symbolique/Imaginaire de Lacan, chora sémiotique de Kristeva :
« tempête pulsionnelle » antérieure au signifiant, etc.) et de la
sémiotique de Peirce avec sa fructueuse chaîne d’interprétants, toutes théories
ardues pour le profane mais qui reçoivent ici des synthèses claires et
agréables. En revanche, l’application de ces modèles à la musique pourra
parfois paraître arbitraire d’autant que trop de lapsus (P.Schaeffer rebaptisé
Nicolas) ou d’erreurs (symphonie classique normée à 3 mouvements) viennent en
entacher les prometteuses intuitions.
Morton FELDMAN : Écrits et paroles. Les Presses du
réel (www.lespressesdureel.com).
Trad. (américain) : J.-Y. Bosseur et
alii. Préface : Danièle Cohen-Lévinas. Monographie :
Jean-Yves Bosseur. 464 p., ill. n&b. Catalogue des œuvres,
bibliographie, discographie, index. 19 €.
Réédition des écrits du compositeur new-yorkais
(1926-1987), proche de Cage et surtout de nombreux peintres : Guston,
Rothko, etc. Obsédé par la « surface », ses œuvres sont
« toiles de temps », en notes douces, sans attaque, serties de
silence. Pas plus de concept dans cette musique « gelée et vibrante »
que de clé définitive dans ces propos, souvent déroutants et truffés
d’anecdotes parfois caustiques (pauvre Karlheinz !), mais l’affirmation
réitérée de la primauté de la sensation physiologique du son, qui requiert
rigueur et concentration.
Paul Gontcharoff
Jean DURING (et
alii) : La musique à l’esprit. Enjeux éthiques du phénomène musical. L’Harmattan. 146 p.
14 €.
Un livre très intéressant qui ouvre la voie à de
nombreuses réflexions sur les rapports entre musique & éthique dans leurs
acceptions les plus larges. S’agissant d’un ouvrage collectif, les différents
intervenants explorent des facettes spécifiques : philosophiques,
musicologiques, ethnomusicologiques, psychanalytiques, thérapeutiques ou
sociologiques de cette problématique centrée sur l’homme et les rapports
interhumains, donc politiques. L’éthique y est envisagée dans le sens deleuzien
du terme, c’est-à-dire se référant à l’immanence, à l’opposé de la morale qui
se rapporte toujours à des valeurs transcendantes. Sont successivement envisagés :
les relations indissociables entre le « je » (qui joue) et le
« nous » (qui écoute), les rapports du son et du mot, l’importance du
travail psychique nécessaire à la construction d’un espace sonore psychiquement
différencié, le lien entre ethos et rhuthmos, l’omniprésence de la musique dans
les rites initiatiques, le dialogue musical transculturel dont l’aboutissement
est la réalisation d’une anthropologie pratique de la musique, enfin la
modernité musicale considérée d’un point de vue éthique.
Patrice Imbaud
David LAMAZE : Le Cœur de l'horloge,
une dédicace cachée dans la musique de Ravel. www.thebookedition.com 280 p.,
20 €.
A-t-on trop vite voulu expliquer l’absence de relation
sentimentale dans la vie de Maurice Ravel ? Après l’avoir révélé dans un
roman (Le Cygne de Ravel,
Michel de Maule), David Lamaze, professeur d’écriture au Conservatoire de
Rennes, l’affirme dans cet essai qui argumente une découverte étonnante à plus
d'un titre : la présence d’une transcription des mots « Misia »
« Godebska » dans la quasi-totalité de la musique ce
compositeur. De nombreux exemples musicaux (plus de 200) et une recherche
biographique précise étayent l’hypothèse de cette dédicace cachée, qui expliquerait
entre autres : la réserve de Ravel, la force de ses liens avec la famille
Godebski, l’occultation de ses liens par Misia dans son autobiographie, l’existence
d'un reflet littéraire de Ravel dans une pièce décrivant Misia (le Foyer) et l’omniprésence de deux
groupes de notes dans la musique de Ravel, transcrivant le prénom et le nom d’une
seule et même personne. Table des matières consultable sur la page http://le-cygne-de-ravel.com/LeCoeur.html
Nicole Allouard
Amaury du CLOZEL & Philippe OLIVIER (Sous la direction
de) : Déracinements. Exil et déportation des musiciens sous le Troisième
Reich. Essai historique « Voix étouffées », Hermann (www.editions-hermann.fr).
14 x 21 cm, 300 p., 30 €.
Dans cet essai historique, constitué de quatorze
contributions, sont relatées les conditions dans lesquelles le
national-socialisme aura interdit la publication, l’enregistrement, la
radiodiffusion et l’exécution d’œuvres de musiciens juifs ou d’avant-garde,
tels que Mendelssohn, Mahler, Weill, Schönberg… Est aussi évoqué le sort
tragique d’artistes contraints à l’exil ou déportés, voire assassinés. Où
l’on croise des personnalités telles qu’Artur Schnabel, Theodor Adorno, Norbert
Glanzberg, Salvador Bacarisse, Erich Itor Khan, Alfred Tokayer, Aldo Finzi…
Brigitte FRANÇOIS-SAPPEY : La musique dans l’Allemagne
romantique. Fayard. 15 x 23,5 cm, 960 p.,
ill. n&b, ex. mus., 35 €.
Pagination certes en accord avec l’ambition de cette
magistrale synthèse, où la musique est judicieusement resituée au cœur du
romantisme allemand, où est clairement fait le départ entre idéologies -
parfois douteuses - et corpus des œuvres elles-mêmes. Deux grands
volets : L’Allemagne romantique
et les arts (L’effervescence romantique / Le romantisme dans les
lettres et les arts / Le romantisme dans la musique), La musique dans l’Allemagne romantique (Du salon au concert /
Concerts symphoniques / De l’église aux concerts spirituels /
Représentations lyriques). Une somme sans précédent.
Philippe OLIVIER : Felix Mendelssohn (1809-1847). Un intercesseur multiculturel ? « Points d’orgue »,
Hermann, éditeur. 14 x 21 cm, 140 p., 22 €.
Bien que converti au protestantisme, le petit-fils du
célèbre philosophe Moses Mendelssohn (1729-1786) fut classé, par les nazis, au
nombre des artistes dégénérés - donc mis à l’index. Le présent essai
révèle, à cet égard, de tout nouveaux éléments. Est, en outre, mise en
lumière la personnalité culturellement multiple du musicien : pianiste,
organiste, directeur de l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, auteur
d’oratorios comme Elias, Christus et Paulus où se croisent les enseignements de l’Ancien et du Nouveau
Testament. Index nominum, index rerum.
Jacques DEPAULIS : Reynaldo Hahn.
« Empreinte », Séguier (www.atlantica.fr).
16 x 24 cm, 184 p., cahier de photos n&b, 20 €.
Trop exclusivement connu pour Ciboulette - l’une de ses meilleures opérettes certes -, le
compositeur Reynaldo Hahn n’en a pas moins laissé une œuvre considérable, que
l’on redécouvre avec bonheur : mélodies, pièces pour piano, musique de
chambre, œuvres symphoniques, musiques de scène, ouvrages lyriques... La
vie du compositeur est précisément retracée auprès de ses amis : Alphonse
Daudet, Pierre Loti, Sarah Bernhardt, Édouard Risler, la princesse de Polignac
et… Marcel Proust. Catalogue de l’œuvre, bibliographie, discographie.
Emmanuelle RIX & Marcel FORMOSA : Vers
une sémiotique générale du temps dans les arts. « Recherche
& création musicales », Ircam/Delatour (www.editions-delatour.com).
18 x 25,5 cm, 340 p., ill. n&b, schémas, ex. mus.,
1CD-Rom (83 plages).
Il s’agit là des actes du colloque « Les unités sémiotiques temporelles (UST),
nouvel outil d’analyse musicale : théories et applications » qui
s’était tenu à Marseille, les 7, 8 et 9 décembre 2005, sous la présidence
d’Henry Fourès & Costin Miereanu. Y participaient des chercheurs,
artistes et pédagogues de disciplines aussi différentes que musique, arts
plastiques, multimédia, danse, littérature, graphisme, mathématiques, sciences
cognitives, neurosciences… Actes qui rendent compte de cette diversité
d’approches et dessinent les contours d’une sémiotique générale du temps dans
les arts. Sous quatre rubriques : « Les UST comme outil
d’analyse », « Approches théoriques », « UST et
applications pédagogiques », « UST comme outil de création et
d’interprétation ».
Bruit et Musique. Actes
du colloque de Lyon (23 janvier 2008). Textes recueillis &
présentés par Gérard Le Vot, publiés par Gérard Streletski. Commandes
auprès de : Pierre Saby, département « Musique et Musicologie »
de l’Université Lumière Lyon 2 (18, quai Claude-Bernard, 69007
Lyon). 326 p., illustrations. 25 €.
Intitulé des communications : Le bruit dans les chansons de Clément Janequin (Jean Duchamp), La musique est le silence du bruit (Jean-Marc Warszawski), Réflexion autour
de deux fragments de Fr. Schubert : le chant, le bruit et
l’inscription linguistique du musical (Pierre Saby), Le bruit comme perturbation ou dissolution de la sphère de cohérence
tonale (Denis Le Touzé), Les
« Bruits de guerre » aux XVIIe et XVIIIe siècles : du signal fonctionnel à la musique (Mylène Pardoen), Le futurisme italien (Anne Penesco), Bruit ou musique ? Essai de
phénoménologie et de taxinomie (Bertrand Merlier), Cinq paradigmes du bruit dans la musique populaire nord-américaine,
1966-1977 (Gérard Le Vot), Entre
bruit et mélodicité : la voix dans la chanson française (Cécile
Chabot-Canet), Bruit et matériau à la fin du siècle dernier (Costin
Cazaban).
Mireille GAUDIN : André David (1922-2007).
Préface de Charles Chaynes. « Musiciens français, n°12 », Les
Amis de la musique française (Jardin des Rolphies, 24110 Montrem. http://musiquefrancaise.asso.fr).
14,5 x 21 cm, 58 p., 8 €.
Au pianiste d’exception et compositeur d’une rare
fécondité que fut le docteur André David (consulter son blog : http://andre-david.blogspot.com), Mireille
Gaudin rend ici un bel et juste hommage. Dans le droit fil de la préface
de l’académicien Charles Chaynes, elle a pieusement rédigé des mémoires
imaginaires signés d’une auditrice, mais aussi de Maurice et Simone David, père
et sœur du compositeur. Pierrette David, épouse d’André, évoque la
création de nombre de ses ouvrages. Puis ce sont les souvenirs de trois
de ses interprètes d’élection : la pianiste Geneviève Ibanez, le
violoniste Alexis Galpérine et le chef d’orchestre Jean-Yves Gaudin. Analyses
& commentaires de Décan (1986), Anaglyphe (1985), Écart (1984), Eunode (1996), Naufrage (1988), Rai (1991). Catalogue de l’œuvre,
bibliographie, discographie. D’une pierre blanche !
©DR
Mathieu TOUZOT : L’Office des Oracles de Maurice Ohana. « Développons », The Book Edition (tél. : 06 25 55 56 69. www.thebookedition.com).
14,5 x 20 cm, 40 p., 10 €.
Dans L’Office des
Oracles (œuvre chorale en douze séquences, créée en 1974), Maurice Ohana
intégrait, à son propre langage, les influences de nombreux mythes et
traditions. Le compositeur & guitariste classique Mathieu Touzot nous
en propose une analyse éminemment personnelle.
Pierre MICHEL (Sous la direction de) : Jazz,
musiques improvisées et écritures contemporaines : convergences et
antinomies. Revue Filigrane n°8. Delatour (www.editions-delatour.com).
17 x 20 cm, 204 p., ex.mus., 1CD. 20 €.
La plupart des articles de cette livraison sont issus
d’une Journée d’étude qui s’était tenue, en novembre 2007, à l’Université
Marc-Bloch de Strasbourg. Contributions de Jean-Marc Foltz, Stephan
Oliva, Christa Haring, Philippe Michel, Kai Lothwesen, Henry Fourès, Pierre
Michel, Vincenzo Caporaletti, Jean-Luc Guionnet et Makis Solomos. Le CD
inclus (TT : 64’59) comporte des pièces de : J. Coltrane,
G. Scelsi, D. Levaillant, L. Ferrari, B. Phillips, etc.
Barney
HOSKYNS : Hotel California. Les années folk rock (1965-1980). Traduit de l’anglais par François
Tétreau. Le Castor Astral (www.castorastral.com).
15 x 23 cm, 314 p., 24 €.
Après Waiting for the
sun, histoire de la musique à Los Angeles (1965-1980) et San Francisco, les années psychédéliques
(1965-1970), le journaliste anglais Barney Hoskyns récidive avec cette étude,
d’une précision maniaque, autour de la faramineuse postérité de Hotel California, chanson du groupe The
Eagles. Où l’on croise (dans les villas de Laurel Canyon, puis bien
au-delà) Neil Young et Tim Buckley, mais aussi David Ackles, Irving Azoff, Joni
Mitchell, David Geffen, James Taylor, Cameron Crowe, Mo Ostin, Phil Spector, Ted
Templeman…
Jean-Yves CHEVALIER & Nicolas PROST : Saxophone
& Pédagogie : à vous de jouer ! Vol. 1. Delatour (www.editions-delatour.com).
17 x 21 cm, 258 p., ill. n&b, ex. mus.
Fruit de quelque 20 ans de réflexion, les neuf dossiers
qui constituent cet ouvrage s’adressent principalement aux futurs
enseignants : L’artiste enseignant saxophoniste / Les formations
diplômantes / Histoire, facture et acoustique / Pédagogie générale /
Compositeur et pédagogie / La musique minimaliste / Le
concerto / Enseigner le saxophone / Tour du monde.
Christine GUILLEBAUD : Le chant des serpents.
Musiciens itinérants du Kerala. CNRS Éditions (www.cnrseditions.fr). 14 x
23 cm, 384 p., schémas, ill. n&b, ex. mus. DVD-Rom
inclus. 35 €.
Voilà – si m’en croyez – un livre assorti d’un DVD-Rom qui,
non seulement vous apprendra mille choses sur la société et les musiques du
Kerala (Inde du Sud), mais aussi vous passionnera ! Ethnomusicologue
chargée de recherche au CNRS, Christine Guillebaud s’est notamment intéressée
aux musiciens itinérants – à la fois officiants de rituels domestiques,
chanteurs au porte-à-porte, contractuels à la radio d’État (All India Radio) ou encore musiciens
invités dans les colloques de musicologie indienne. Elle s’est attachée à
comprendre in situ comment se
tissent les réseaux sociaux autour de la musique et comment ses codes se
redéfinissent sans cesse - en fonction des commanditaires, des temps et des
lieux. Trois grandes parties : Musique à la demande / Les
supports de la musique / Les sons et leurs propriétés. Glossaire
& bibliographie. Le DVD-Rom inclus est, en outre, une pure
merveille : beauté visuelle et sonore, qualité du montage. Parcours construit
dans une interface comprenant trois chapitres principaux (Services rituels à la
demande / De la musique au dessin de sol / Théories musicales) et onze
sous-chapitres.
Francis Cousté
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Haut
HAYDN à Paris. Ricercar (Outher S.A., rue
du Chêne 27, B-1000 Bruxelles stephanie.flament@alpha-prod.com) : RIC 277. TT : 68’54.
La célébration du
bicentenaire de la mort de Fr. J. Haydn (1732-1809) stimule la production
discographique. L’Ensemble Les Agrémens (dir. Guy Van Waas) rend hommage
au compositeur qui a été présent à Paris, au « Concert Spirituel »
(institution fondée en 1725) : d’où le titre de ce CD. L’engouement pour
son œuvre également à la Société « La Loge Olympique », à Paris, est
célèbre. Ce CD propose la Symphonie en sib majeur (« La Reine ») et celle en fa# mineur (« Les
Adieux »), œuvres accueillies avec enthousiasme dans la capitale, et la Symphonie
en ré majeur de J.
M. Kraus, en 3 mouvements (deux Allegro et un Andante méditatif
central), de la même veine, d’ailleurs publiée sous le nom de Fr. J. Haydn.
Ces trois œuvres bénéficient d’une excellente interprétation qui retiendra
aussi l’attention des mélomanes du XXIe siècle.
Joseph
HAYDN : Les sept dernières paroles du Christ (orgue). Hortus
(Développement GIE, 2, rue Diderot, 92600
Asnières, editionshortus@wanadoo.fr) : HORTUS 057. Distr.
Codaex. TT : 54’22.
Vincent Genvrin
est l’auteur de la transcription pour orgue des Sept dernières paroles de
Notre Rédempteur sur la Croix (1787). Sa version s’impose, à côté de celles
pour orchestre, quatuor à cordes, piano et oratorio. Elle est interprétée
à l’orgue François Henri Clicquot de l’église Saint-Nicolas-des-Champs (Paris),
bien que, selon ses propres termes : « …l’instrument choisi, un
prestigieux Clicquot, se trouve aujourd’hui dans un état de déréliction
préoccupant », ce qui n’empêche pas l’excellent organiste d’en tirer le
meilleur parti possible. Il utilise souvent le grand chœur dans les parties
massives ; des anches (flûtes, hautbois, trompettes) pour illustrer le
caractère plus méditatif des Paroles ; le cornet, très expressif,
sur : « Tout est accompli », ou encore la voix humaine
sur : « Entre tes mains, Seigneur, je remets mon esprit ».
Franz SCHUBERT : Winterreise. Hybrid’music
(atelier@hybridmusic.com) : H1815. TT : 71’56. 7 € [sic].
Mario Hacquard (baryton)
et Georges Dumé (piano) - animés par un solide esprit d’équipe et en pleine
connivence - proposent une version discrète, avec toute la simplicité requise,
du Voyage d’hiver, trop souvent galvaudé. Aucune peinture
d’atmosphère ne leur échappe : tour à tour énigmatique, espiègle, légère,
volubile, mais aussi dramatique, énergique ou pesante et grave. L’excellent
chanteur français s’impose par sa parfaite diction, sa prononciation allemande.
Le pianiste, par ses recherches de sonorité, son sens de la progression
rythmique et du dialogue avec le chanteur, est un accompagnateur idéal. Ces « miniatures »,
très agréables à entendre et dont les discophiles ne se lasseront pas, brillent
par la sûreté de leur goût : pour un plaisir partagé par Franz Schubert,
interprètes et auditeurs.
Édith Weber
Charles-Marie WIDOR (1844-1937) : 3e Symphonie (extraits), 4e Symphonie, 5e Symphonie (extraits). Marie-Andrée Morisset-Balier au
grand-orgue de l’abbatiale Saint-Ouen de Rouen. ASO (8, rue de Maussion,
76000 Rouen) : 2008 M. TT : 66’33.
C’est avec un vif plaisir que nous rendons compte de cet
excellent disque, nouvelle occasion d’apprécier le superbe
Cavaillé-Coll de l’abbatiale Saint-Ouen, ainsi que le talent de sa titulaire, Marie-Andrée
Morisset-Balier. Celle-ci avait déjà enregistré, à côté d’œuvres de
Franck et de Vierne, la célèbre Symphonie gothique de Charles-Marie Widor,
œuvre avec laquelle, justement, l’organiste de Saint-Sulpice avait inauguré, en
1890, l’orgue de Saint-Ouen. Ce sont ici, à nouveau, des pages de trois
des dix Symphonies
pour orgue de Widor qui sont enregistrées. Aux trois extraits de la 3e Symphonie - où la pompe de la
Marche initiale et la splendeur du Final encadrent un Adagio méditatif -
succède la 4e Symphonie dans son intégralité.
À une Fugue sérieuse et structurée, précédée d’une Toccata martiale, fait suite un charmant
Andante Cantabile au caractère de chanson populaire, pour
s’achever, après une léger Scherzo et un Adagio rêveur, sur le grand
déferlement d’un pompeux Final. Avec les deux extraits de la 5e Symphonie, le disque s’achève en
apothéose sur l’illustrissime Toccata que le bel Adagio qui la précède met
encore plus en valeur. Cette page fracassante et somptueuse où le
thème, qui s’intègre d’abord dans la trame en va-et-vient continuel des
claviers manuels, se déploie bientôt, après d’impérieux appels, majestueux, au
pédalier, est dans toutes les mémoires… mettant à rude épreuve les qualités de
virtuosité de l’interprète ! Celles-ci ne font pas faute à Marie-Andrée Morisset-Balier
dont nous admirons à nouveau la maîtrise, conseillant vivement à nos lecteurs
l’écoute de ce très bel enregistrement.
Francine Maillard
Jean-Baptiste LULLY : Proserpine, tragédie lyrique en cinq actes, d'après un livret
de Quinault. Cyril Auvity, Salomé Haller, Stéphanie d'Oustrac, Blandine
Staskiewicz, Hjördis Thébault. Le Concert Spirituel, dir. Hervé Niquet.
2CDs Glossa en livre-disque : GES 921615-F. TT : 75’25 + 76’55.
On revient à Lully et c’est une bonne chose. Une reprise d'Atys nous est même
promise à l’Opéra Comique d’ici peu. Écrite en 1680, la tragédie lyrique Proserpine, a été remontée en 2006 à l'Opéra royal de Versailles, grâce à
l'opiniâtreté du chef Hervé Niquet. Moins célèbre qu'Atys ou Armide, c'est là une œuvre appartenant à la dernière
manière du musicien. Il y compense une faible théâtralité par un développement
musical luxueux culminant dans des divertissements dansés aussi frais que
variés. Il s'agit d'une élégie amoureuse, celle de la belle Proserpine élevée
par Pluton dans la campagne
sicilienne au pied du mont
Etna, qui se morfondra aux
Champs-Élysées, et finalement devra
partager son temps entre terre et royaume des ombres, tour à tour avec Pluton
et Cérès sa mère, à
raison d'un semestre chacun - ainsi que décidé par les dieux... Le spectacle a, bien sûr, ici une part déterminante, avec force effets de machinerie. Musicalement le récitatif est fluide, proche du
parlé, naturel et extrêmement compréhensible. Les airs, bâtis sur le mode du
refrain encadrant une section déclamatoire, sont initiés par une introduction
instrumentale en forme de ritournelle. Ils peuvent s'inscrire dans le récitatif
ou revêtir un aspect plus développé. L'interprétation est de premier ordre : un vrai ensemble de chanteurs-acteurs maniant avec
facilité la prosodie lulliène par une diction qui sonne vrai, sans affectation,
et juste ce ton légèrement théâtral qui donne vie à un texte un brin prosaïque.
Par dessus tout, Hervé Niquet et son Concert Spirituel – fondé peu
après l'explosion baroque que fut naguère la représentation d'Atys à l'Opéra-Comique
– insufflent une vie irrésistible à la partition. De fines couleurs
instrumentales, un continuo imaginatif, une belle vivacité des danses dont la
chaconne enlevée, enluminent ce bijou de musique. Il faut encore souligner la
clarté d'énonciation du chœur et les nuances infinies avec lesquelles il est traité - que ce soit pour les réjouissances ou lorsqu'il
participe directement à l'action, au point de constituer un personnage à part
entière.
Johannes BRAHMS : Klavierstücke, op.116-119. Nicholas Angelich, piano. 2CDs Virgin Classics : 0946 379302 29. TT : 24'20 + 60'38.
Brahms n'est pas au piano un auteur facile. Même les plus grands ne s'y
attardent pas ou à peine. Les
pièces op.116 à 119, conçues à Bad Ischl dans les années 1892/1893, montrent un musicien qui, au soir de sa vie, délaisse la grande forme pour des partitions à
numéros où régnent une certaine nostalgie et un vrai mystère, où se mêlent
tendre douceur et profondeur abyssale. Belle idée que de
les réunir en un même album ! Les Fantasien op.116 alternent Capriccios véhéments et Intermezzos profonds dans une écriture quasi orchestrale. Les Intermezzi op.117 sont d'une poésie pénétrante, « trois paysages d'automne qui restent tous dans la demi-teinte, le clair-obscur, chers
au Brahms de la vieillesse » dira Claude Rostand. Dans les Klavierstücke op.118, ce que l'on prend un peu vite pour de
l'ésotérisme, voire du
remplissage – on pense au « Fuyons, il va développer » de Debussy - est en réalité un procédé de
composition où la modulation est reine, couplée à un art subtil de varier les
climats. L'atmosphère se raréfie et tout devient pure contemplation dans les Klavierstücke op.119, ultimes pièces que Brahms livrera au
piano. Derniers feux du romantisme aussi. Alors qu'un Debussy commence sa
carrière de musicien pour l'instrument… La pièce avec laquelle
s'achève ce cycle, Rhapsodie, marquée Allegro risoluto, résume à elle seule la manière brahmsienne, non sans faire penser
aussi à Schumann. Bel instrumentiste chambriste, compagnon habituel des frères
Capuçon, N. Angelich n'en est pas moins un éminent soliste,
s'affirmant comme un poète de l'instrument, maîtrisant cette respiration
particulière, ces climats presque antagoniques qui en ont dérouté plus d'un,
faits d'un large ambitus et d'un art de moduler à satiété. On espère d'autres
volumes de la part de ce digne successeur de Julius Katchen.
Richard WAGNER : Der Fliegende Holländer. Theo
Adam, Anja Silja, Martti Talvela, James King. New Philharmonia Orchestra, dir. Otto Klemperer. 2CDs Testament : SBT 1423. TT : 75'03 + 76'13.
Beau trésor d'archives que ce Vaisseau Fantôme capté live à Londres, le 19 mars 1968, en prime du disque enregistré
en studio pour EMI. La distribution est à peu près la même, à
l'exception notable du Erik de James King, que Deccca ne voulut pas prêter
alors à son concurrent.
Doublon ? Non, car il règne ici une atmosphère spéciale, magique. Quelle vie en effet : dès les premières mesures on est pris dans quelque
chose d'immense, de survolté dramatiquement. Car Klemperer voit grand. Lui qui professait que « Der Fliegende Holländer, Tannhäuser et Lohengrin sont certainement plus attrayants » que les autres œuvres du maître de Bayreuth, car celui-ci « au fur et à mesure
que les années passèrent se
développa à reculons ». Opinion paradoxale vraiment ! Ce qui n'empêcha pas cette œuvre de tenir une place particulière dans sa propre carrière. Abordée dès
1910 à Prague, il la donnera ensuite à Strasbourg, Cologne, et bien sûr à Berlin au Krolloper en 1929, et dans la version originale de 1843, ce que la
critique lui reprochera. Il ne devait plus la diriger jusqu'à ce mémorable
concert de 1968, qui nous vient comme un témoignage précieux de son art, en
complément de l'enregistrement studio. La version est donc celle dite
originale, avec l'Ouverture détachée, et en trois actes séparés, outre quelques
variantes par rapport
au texte habituellement joué (passage solo de Daland dans le duo avec le Hollandais au Ier acte). Les tempos sont graves (comme dans la scène des fileuses, qui débute très mesuré) ; ce qui n'exclut pas de fulgurantes accélérations. Klemperer privilégie une construction rigoureuse et une extrême
animation du discours. Les transitions sont puissamment évocatrices, notamment en terme de couleurs avec, comme toujours chez ce
chef, une emphase portée sur les
cuivres ; ce
qui transfigure la dramaturgie de la pièce en une formidable fresque musicale.
L'épique du chœur des marins du IIIe acte aura rarement atteint
une telle grandeur effrayante. Sa distribution frôle l'idéal. Le Hollandais de
Th.Adam, outre un timbre de baryton-basse unique et une diction pénétrante, a
quelque chose d'impérieux,
sans pathos cependant : tout le drame du héros hors norme condamné à l'errance, privé du bonheur
domestique. Le Daland de M.Talvela est imposant, bien sonore,
jusque dans le registre élevé de la voix de basse qui se différencie bien de
celle de son collègue. A.Silja devait être le
« dream cast ». Découverte à Bayreuth l'été précédent, le vieil
homme sera d'emblée subjugué par un matériau de chanteuse-actrice hors du
commun déjà. Elle confiera par la suite
n'éprouver que peu d'attirance pour le rôle de Senta. Et pourtant il est impossible de ne pas partager l'enthousiasme de
Klemperer devant le magnétisme qui émane du personnage, l'intensité de la
composition de cette voix tendue comme un arc, possédée d'une force irradiante. Le duo Hollandais-Senta du IIe acte est fiévreux, en même temps d'une passion
contenue, mais chauffé à blanc dans la seconde partie. Le « plus » du présent disque est J.King qui fait, des deux airs d'Erik, des moments de chant pur,
parés d'une quinte aiguë toute italienne et de ces diminuendos qu'affectionnait
le ténor américain. Que dire des chœurs de
la BBC, si ce n'est qu'ils sont gagnés par la fièvre de
la direction. Une indéniable
référence.
Gustav MAHLER : Symphonie n°3. Anna Larsson, Triffin Boys Choir, London Symphony Chorus. London Symphony Orchestra, dir.Valery Gergiev. 2CDs LSO : LSO0660. TT : 92'10.
L'intégrale Mahler dirigée par Valery Gergiev se poursuit avec des
fortunes diverses. La troisième symphonie qui suscita des réactions diverses à sa création, et qui selon son auteur « doit tout embrasser », explore un monde
sonore très vaste. C'est peut-être, hormis l'énorme huitième, la plus excessive
du lot. Gergiev en souligne l'aspect puissament suggestif
ou, au contraire, se complaît en des ralentis
et des ppp extrêmes dans lesquels il semble comme s'écouter.
Tout le contraire de la souple rigueur d'un Boulez ou de l'équilibre souverain
d'un Abbado. Reste que le chef russe excelle à dégager les
traits grotesques qui parsèment une partition aux multiples facettes. Le climat
très sombre du premier
mouvement, avec ses coups de boutoir de
la grosse caisse, voit les cordes graves très sollicitées, alors que les thèmes
enjoués, de marche militaire, sont presque en retrait. Le discours s'animera de
manière déclamatoire et énergique comme sait l'être le chef. La sollicitation du texte est encore plus forte
dans le second mouvement, tempo di menuetto, avec de rallentendos à la limite du maniérisme. Le scherzo
commodo et
sa joyeuse thématique du Wunderhorn sont mieux restitués, profondeur de la forêt mystérieuse ; encore que les appels du cor de postillon soient
maintenus trop éloignés, ce qui peut se concevoir au concert, plus
difficilement à l'audition aveugle. Les
trois derniers mouvements voient le chef plus à l'aise avec un joyeux Bim Bam qui fait suite à un pénétrante invocation O Mensch (magnifique
Anna Larsson).
Le final se décline comme un vaste crescendo à la fois en tempo et en
dynamique, fort bien ménagé, telle une majestueuse ascension. Une exécution
tout en contrastes donc, à laquelle le LSO répond avec sa finesse et son
engagement coutumiers et des nuances expressives proprement inouies.
Anton BRUCKNER : Symphonie n°4. Lucerne Festival Orchestra, dir. Claudio Abbado. Lucerne Festival : 640125 120455. Distrib. Festival de
Lucerne (Hirschmattstrasse
13, PO. Box, CH-6002 Lucerne). TT : 64’15.
Voilà un
disque qui sort de l’ordinaire. Reflet des concerts donnés au festival de Lucerne l'été 2006, mais
enregistré lors d'une tournée au Japon en octobre de la même année, cette
exécution de la 4e Symphonie de
Bruckner est marquée au coin du
génie. L'orchestre du Festival de Lucerne assemble autour du chef Claudio
Abbado, depuis 2003, des musiciens du
Mahler Chamber Orchestra (déjà formé à l'instigation de Abbado), des premiers
pupitres de grands orchestres
européens, comme le Berliner, des solistes de renom, telles Sabine Meyer, Tatiana Vassiljeva, Béatrice Muthelet, et enfin des membres de formations de chambre, tels Clemens Hagen du Quatuor du même nom, ou Valentin
Erben, de feu les ABQ. C'est dire la perfection
instrumentale, le fini sonore sans pareil d'une formation ad hoc, certes, mais
à la dévotion de son chef charismatique. De fait, la lecture d’Abbado est d'une profonde intériorité, puissante sans grandiloquence,
d'un souverain équilibre, ménageant une balance interne cordes-petite harmonie
quasi idéale, les cuivres enveloppant le tout. Une prise de son très étudiée
parachève la restitution sonore. On
est subjugué par le fabuleux allant de ces magnifiques crescendos en tube d'orgue, inhérents à la pensée brucknérienne, et débouchant sur de majestueux
accords. Il y a là quelque chose d'autre que dans sa
version viennoise (DG). Et on saisit pourquoi cet orchestre apporte
encore plus à celui qui a dirigé les plus grandes formations, et en dernier
lieu les Berliner.
« Un rêve devenu
réalité » se
plaît-il à dire. Qu'ajouter ? Que le Bewegt initial est grandiose, empli de joie en sa péroraison ; que l’andante quasi allegretto se déroule comme une belle promenade à travers des paysages choisis de l'âme ; que le scherzo animé – cette marque de fabrique de
Bruckner – est bien marqué sans
être pesant, allégé par un trio qui se vit comme une danse retenue ; que l’immense finale et
ses glorieuses envolées, entrecoupées de passages plus assagis, rappellent combien le compositeur de Saint-Florian doit à son instrument de prédilection, l'orgue. Un disque rare.
Serge RACHMANINOV. Édition intégrale de l'œuvre. Artistes variés. 31CDs. Brillant Classics : BRIL 9013.
La vogue des coffrets intégraux à petit prix ne se tarit pas : après les longues boîtes Mozart ou Beethoven, et avant sans doute tout Haydn, voici Rachmaninov (1873-1943), le compositeur russe célébré pour sa faconde
interprétative, et peut-être victime de sa prise en sandwich entre Prokofiev et
Chostakovitch. L'intérêt du coffret est de proposer l'ensemble
d'une œuvre multiforme qui va du symphonique (dont l'Île des Morts) à l'opéra (la trilogie Aleko-Miserly Knight-Francesca da Rimini, mais aussi le moins connu Mona Vanna) en passant par la musique de chambre (un magistral Trio élégiaque, interprété ici par le Trio Borodine) et le piano bien sûr, auquel il a tant donné,
comme interprète de talent lui-même. On n’aurait garde d'oublier la musique vocale, religieuse en particulier,
comme Les Vêpres ou La Liturgie de saint Chrysostome, et enfin les mélodies, si pénétrantes. Les interprétations, habilement choisies, sont souvent de référence (les symphonies dirigées par G.Rosdesvenski, les
concertos joués par Earl Wilde, un pianiste britannique trop peu connu ici). On trouve, parmi les pianistes, Lugansky et Guilels. L'édition s'adorne encore de trois
disques d'enregistrements historiques de première importance : le compositeur jouant le 2e concerto, S.Richter dans les concertos n°1 et 2, et W.Horowitz, le grand ami et voisin à Beverley Hills, pour le 3e, réputé d'une redoutable difficulté. Une somme, à consommer
par petites doses, qui ne déçoit pas.
Claude DEBUSSY : Images pour piano. Cl.Arrau, A.Benedetti Michelangeli, J.Doyen, M.-F.Gaillard, W.Gieseking, M.Meyer, I.Paderewski, A.Rubinstein, R.Vines. Collection
« in Memoriam ». Ysaÿe Records : IM01. TT : 74’29.
Autres trésors d'archives : les Images pour piano de Debussy, jouées par les grands
maîtres du clavier de la première moitié du XXe siècle, dans des enregistrements réalisés entre 1926 et 1949. Fascinantes comparaisons puisque, pour chacune des six pièces
qui constituent le cycle, sont proposées plusieurs interprétations, de une à
six selon les morceaux. Dans son article introductif, la compositrice Betsy Jolas souligne la difficulté de bien jouer Debussy au piano : les tempos constamment fluctuants, les climats changeants, le pianisme fait d'une multitude
d'indications. Et de se
demander « s'il
existe une véritable tradition de l'interprétation de l'œuvre pianistique de Debussy ». Elle dit encore être frappée « de constater nombre d'inexactitudes », et des
libertés que prennent les pianistes, des défauts de rigueur même. Quoi qu'il en
soit, que de prodiges ici : pour Reflets dans l'eau, on va de Paderewski (1926), à Gieseking (1936),
le plus près du texte, le plus poète
aussi, à Benedetti Michelangeli (1948) le plus lent, mais quelle liquidité, à Rubinstein (en 1945), qui selon Jolas, se fourvoie un peu, à Doyen (1943 ) le plus objectif. Pour «Hommage à Rameau, il y a peu à choisir entre Doyen et Meyer, si ce n'est le même souci d'exactitude. Mouvement confronte Doyen encore, immatériel
à la fin, et Arrau, le premier
à avoir enregistré une pièce
intégrale, parue en 1949. La précision légendaire de Gieseking se mesure aux climats éthérés d'un Arrau dans Cloches à travers les feuilles. Seule
interprétation historique de Et la lune descend sur le temple qui fut, celle de Marcelle Meyer, est imparfaite selon B.Jolas. Poissons d'or est exécuté tant par Viñes (1930), le dédicataire, chantre des nuances, que par Meyer (1947), comme par Gieseking (1937) et Rubinstein (1945), le plus
expansif, quoique proche du créateur, très clair et articulé.
Malgré le grésillement dû au report des 78 tours, les prises de son sont d’une surprenante présence. À
déguster.
« Souvenirs ». Airs de : Emmerich Kalman, Richard Heuberger, Franz Lehár, Gustave Charpentier, Jacques Offenbach, Richard
Strauss, Edvard Grieg, André Messager, Antonin Dvořák, Nikolaï Rimsky-Korsakov,
Reynaldo Hahn, Andrew Lloyd Weber, Carlos Gustavino... Anna Netrebko, soprano. Avec
Elina Garanca, mezzo-soprano, Piotr Beczala, ténor, Endrew Swait, sopraniste. Prague Philharmonic Choir, Prague Philharmonia, dir. Emmanuel Villaume. DG : 477 7451. TT : 62’59.
C’est un bien curieux album de
souvenirs que nous offre la grande chanteuse russe. Star system oblige, les divas aiment à livrer leurs secrètes
pensées et leurs plus beaux clichés. Pourquoi pas, si le résultat est à la
hauteur des espérances. Ces pièces chères à son cœur, qui lui rappelent
des moments spéciaux de sa (jeune) carrière, nous font voyager à travers les genres et côtoyer les
compositeurs les plus divers. Elle nous dit être décidée à se faire plaisir. Nous fait-elle vibrer ? Rien n'est moins sûr. Un charme vocal à revendre,
une technique parfaite, le challenge des différentes langues - comme Rita
Streich naguère – ne peuvent cependant masquer un manque de style. On ne passe pas si aisément d'un compositeur à l'autre, même avec une
indéniable aisance et des aigus éblouissants, perlés ou glorieux, que magnifie
une prise de son réverbérée en diable. Les
meilleures prestations, on les trouve dans les deux mélodies de
Rimky-Korsakov où elle est à l'évidence dans son élément, en dépit de la
vastitude du propos dû à l'orchestration de pièces
conçues pour l'intimité
de l'accompagnement au piano. Elle l'est aussi dans les Lieder de Richard Strauss où elle entre en
concurrence directe avec Renée Fleming. Mais que dire de l’air de Louise
« Depuis le jour », pris trop lent et si léché dans la recherche du beau son qu'il en
devient un grand air de concert. Il en va de même pour celui de Fortunio où la
bluette flotte dans un si grand habit. La Barcarolle des Contes d’Hoffmann fait mouche. La voix de E.Garanca dans la partie de Nicklausse y est
pour quelque chose. Mais le court morceau de Zarzuela est comme hors de propos.
Où est la patte d'uneVictoria de
Los Angeles ! Si
une autre chanson espagnole est sympathique, les airs d'opérettes
viennoises, malgré les faveurs d'un timbre corsé dans le médium, paraissent empruntés. Bien qu'on ne puisse mettre en doute la
conviction que met Netrebko, aidée en cela par les accompagnements efficaces de
E.Villaume, il faut admettre que tout ici manque de simplicité pour émouvoir
vraiment. Une performance, certes, mais pour laisser quelle trace ?
Bel
Canto spectacular. Arias de DONIZETTI (La
Figlia del Regimento, La
Favorite, L'Elisir
d'Amore, Linda
di Chamounix, Lucrezia Borgia), BELLINI (I Puritani),
ROSSINI (Il Viaggio a Reims). Juan
Diego Flórez, ténor. Avec Anna Netrebko
& Patrizia Ciofi, sopranos, Daniela Barcellona,
mezzo-soprano, et Martiuz Kwiecien, baryton. Orquestra de la Communitat Valenciana, dir. Danel Oren. Decca : 478 0135. TT : 76'.
Voilà un ténor chez lui. Si le titre reste aguichant, le résultat est là, indéniable : un vrai maître du bel canto. Comme démontré au Royal Opera de Londres, Donizetti est un idiome qui
lui va comme un gant. L'agilité vocale dans les fioritures n'a d'égale
que la facilité d'émission couronnée par une quinte aiguë rarement aussi nette,
sans effet disgracieux. On peut en juger dans l'air de La Fille du régiment, donné ici dans sa version italienne, avec ses neuf contre-ut en cascade. Mais notre homme possède bien d'autres
talents que celui
de distiller les top notes : « Ange si pur » tiré de La Favorite compose un ardent portrait de l'aimée, tout comme l'aria de Lucrezia
Borgia, dans un contexte plus
sombre. Les
airs de Linda di Chamounix sont des moments de grande beauté, notamment la
belle cavatine d'adieu qui s'achève dans un fil de voix. L'air célèbre « Una furtiva
lagrima » de l’Elisir
d'Amore est
délivré avec force ornementations. Florez convoque d'autres stars, à commencer par A.Netrebko, pour le duo de I Puritani,
échange incandescent que
termine un vertigineux contre-ut lancé à la volée par deux voix d’or. Tout comme la brillante P.Ciofi ou D.Barcellona,
beau timbre grave, dans Il Viaggio
a Reims - seule
incursion du récital dans le répertoire rossinien - qui fait frissonner par sa faconde vocale parodique sur fond d'effets inimitables à l'orchestre. Partout, la pureté stylistique du ténor péruvien est en évidence, son
timbre rayonnant sur toute l'étendue du registre, ses glorieux aigus, sa
vocalité puissante et nuancée, jamais si belle que lorsqu'elle évolue dans le
registre de la mélancolie,
sa maîtrise du legato ; en un mot sa personnalité qui de disque en disque, comme dans ses
diverses apparitions scéniques, s'affirme toujours plus
nettement. La direction de D.Oren ménage à profusion l'excitation de ces pages
orchestrales colorées, qui fait écho à la vaillance irrépressible du chanteur. Bonne nouvelle : on l’annonce pour
bientôt à l’Opéra de Paris.
Jean-Pierre Robert.
Jean-Sébastien BACH : Nun
Komm’Der Heiden Heiland. Préludes, Fugues &Chorals. Edna Stern
(piano). Zig-Zag Territoires (www.zigzag-territoires.com). TT : 65’42.
Pari réussi pour la pianiste Edna Stern qui veut rendre
compte de la vocalité instrumentale dans l’œuvre pour clavier de J.-S. Bach.
Avec ce disque qui débute par le choral luthérien qui donne son nom à
l’enregistrement, elle nous propose un parcours qui s’apparente plus à la
cantate qu’à une suite abstraite de pièces (préludes et fugues) où la question
de l’instrument devient secondaire pour laisser place à toute la ferveur et la transcendance
de la musique du Cantor. Cette aspiration à la verticalité est attestée par la
succession des différents chorals et la progression des tonalités faisant de ce
disque un ensemble d’une rare cohérence. Une interprétation intelligente toute
en nuances, riche en couleurs, où le piano développe toutes ses possibilités
d’imitation vocale et orchestrale, avec, de plus, une remarquable prise de son
qui donne à ce disque un supplément d’âme qui fait défaut dans de nombreux
autres enregistrements. Puisque ce disque commence par un appel… Écoutons-le !
Serguei RACHMANINOV : Trios élégiaques n°1 et 2.
Régis Pasquier (violon), Roland Pidoux (violoncelle), Jean-Claude Pennetier
(piano). Saphir Productions : LVC 1091. TT : 64’25.
Le label Saphir poursuit la publication de la musique de
chambre de Rachmaninov. Après l’enregistrement récent de sa sonate pour
violoncelle et piano, ce sont aujourd’hui les deux trios élégiaques qui nous
sont proposés dans une très belle interprétation. Les instrumentistes,
ici, s’écoutent, se répondent pour nous rendre, au mieux, ce climat
d’intériorité et de mélancolie caractéristiques du compositeur. Ces deux
compositions sont des œuvres de jeunesse composées respectivement en 1892 et
1893. Le premier trio, écrit en quatre jours, fut égaré pendant de nombreuses
années et édité à titre posthume en 1947 ; le second, op. 9, composé
à la mémoire de Tchaïkovski, de forme tripartite également, fut remanié
plusieurs fois par le compositeur jusqu’à sa version définitive achevée en
1917. Ces deux trios ont en commun l’expressivité de la ligne mélodique, un
lyrisme chantant, un pessimisme hérité de l‘auteur de la Symphonie pathétique,
bien rendus par la virtuosité du piano, la souplesse des cordes et la qualité
de l’interprétation.
Andy EMLER, piano : For better times. Distr. Harmonia Mundi. TT : 53’49.
Personnalité atypique, catalyseur de rencontres et
d’improvisations, Andy Emler est un pianiste éclectique trouvant son
inspiration à des sources aussi variées que les musiques traditionnelles,
folkloriques, rock, jazz ou classiques. De formation classique, membre en
1986 de l’Orchestre national de jazz, compositeur reconnu et plusieurs fois
récompensé par la critique, il nous propose, avec cet album solo, un dialogue
imaginaire à plusieurs voix, solitaire et envoûtant, mêlant des mélodies
évanescentes à des sonorités étonnantes parfois agressives, répétitives, mais
toujours convaincantes. C’est une invitation au voyage… Laissons-nous
embarquer !
Patrice Imbaud
Écriture du désastre. Olivier Aude
(guitare & traitements), Wilfried Wendling (électronique &
traitements), Nicolas Senty (voix). In Circum Girum : ICG 0707-1.
Distr. : Socadisc Europe. TT : 54’34.
Cet enregistrement propose un projet original : le
mariage d’aphorismes philosophiques et d’improvisations autour de traitements
électroniques sur des textes de Maurice Blanchot, Friedrich Nietzsche ou
Sénèque. À l’inverse de la poésie, l’aphorisme philosophique permet la
transmission du sens, ici source naturelle d’inspiration pour une réaction
musicale spontanée. La performance d’Olivier Aude et de Wilfried Wendling est
remarquable. Soutenant les textes interprétés avec force et vigueur par Nicolas
Senty, la musique s’intègre dans un ensemble cohérent au sein duquel le sens
émerge à tout moment. Certes l’audition nécessite un lâcher-prise et une
ouverture d’esprit indispensables pour s’autoriser à dépasser le seul niveau du
langage. Mais l’expérience est convaincante et investit l’imaginaire dans un
kaléidoscope sonore qui surprend à chaque instant. À écouter et méditer.
Cécile CORBEL : Song Book, vol.2. Bran
Music : RSCD287. Distrib. :
Keltia Music. TT :
49’06.
Légendes de Bretagne, brumes d’Écosse et fées d’Irlande
sont au rendez-vous dans ce nouvel album de la harpiste-chanteuse
bretonne. Cécile Corbel, de sa voix limpide et assurée nous ouvre tout un
monde de mythes et légendes dans un univers musical envoûtant et dynamisant,
soutenu par des arrangements d’une grande qualité. Fruit d’un travail de deux
années sur les routes, sur scène ou en studio, ce nouvel album ne décevra pas
les fans de cette magicienne de la musique celtique. Une voix expressive
et bien posée, des cordes suaves et discrètes, une pointe d’orientalisme (Innocence), une harpe fluide mais
présente, la musique de Cécile résonne en chaque auditeur comme si elle faisait
partie de lui-même… c’est magique ! Une valeur sûre du folk celtique qui
nous plonge dans un monde enchanteur.
Toccata Festiva : œuvres de Barber,
Widor, Boëllmann, Gigout. Jean-Pierre Ferey (piano) & Frédéric
Ledroit (orgue & harmonium). Skarbo : DSK4078. TT :
61’08.
Piano et orgue, piano et harmonium, Jean-Pierre Ferey et
Frédéric Ledroit s’investissent ici dans des duos inhabituels mais d’un intérêt
incontestable. La Toccata Festiva de
Samuel Barber (1960), d’un caractère festif et résolu encadrant des épisodes
méditatifs, côtoie les Scènes du Moyen
Âge de Léon Boëllmann (1893), signe du retour en grâce du Gothique à la fin
du XIXe siècle, toutes en élégance et en clarté structurelle.
Plus légères et gracieuses sont les pièces pour piano et harmonium de Widor et
de Gigout, deux grands maîtres de l’orgue qui n’ont pas hésité à côtoyer la
musique de salon. Les Six Duos pour
piano et harmonium de Widor (1891) contrastent avec ses huit premières
symphonies pour orgue. Les douces mélodies s’adaptent au goût aimable de
la société bourgeoise du XIXe siècle, toutes de charme et de
sensibilité. Le duo Ferey-Ledroit nous offre dans cet enregistrement de
véritables instants de bonheur dans une interprétation délicate et mesurée,
sans emphase ni ostentation. De l’élégance et du savoir-faire !
Platero y yo, de Juan Ramón Jiménez. Musique : Mario
Castelnuovo-Tedesco. Clément Riot (narrateur) & Miguel-Ángel Romero
(guitare). Oui’dire : ODL 665 et
666. TT : 123’.
La poésie est au rendez-vous dans cet album idéaliste et
enchanteur qui met en scène le poète Juan Ramón Jiménez (1881-1958) et Platero,
figure mythique de l’âne compagnon au pays andalou. On est projeté hors du
temps, au fil des saisons, dans un univers où les animaux et la nature sont
humanisés avec chaleur et tendresse dans le cadre d’un village espagnol. Les
vingt-huit textes, interprétés avec force expression par Clément Riot, sont
soutenus par une musique éloquente de Mario Castelnuovo-Tedesco (1895-1968) en
une suite de petits poèmes symphoniques aux harmonies élégantes et simples mais
raffinées. Interprétée par le jeu délicat et sensible du guitariste
Miguel-Ángel Romero, la musique souligne le texte, le renforce ou le complète,
sans redondance ni exagération, apportant sa touche parfois discrète mais
indispensable. Une bouffée d’air frais dans ce monde où la poésie est si
souvent absente !
Gérard Moindrot
Abbo Abbas. Polyphonies
françaises & anglaises de l’an mil. Ensemble Dialogos (www.ensemble-dialogos.org),
dir. Katarina Livljanić. Ambronay Éditions :
AMY 017. TT : 64’08.
Ensemble de musique médiévale fondé en 1997 par Katarina
Livljanić [notre photo], Dialogos aborde de manière originale les
répertoires les plus archaïques. Issues de manuscrits de Cambridge, de la
Bibliothèque nationale de France, de Fleury, de la Biblioteca Apostolica
Vaticana, d’Orléans ou de Dijon, les pièces de son répertoire ont été, le plus
souvent, soit transcrites par Susan Rankin ou Wulf Arlt, soit mélodiquement
reconstruites par le chef de chœur elle-même, Katarina Livljanić. Pures
merveilles !
©Johannes Ritter
SCHUBERT : Die schöne Müllerin. Nathalie
Stutzmann (contralto). Inger Södergren (piano). Calliope (www.calliope.tm.fr) : CAL 9379. TT : 66’01.
Rares sont les contraltos à aborder ce cycle. Est
d’autant plus précieuse cette interprétation de la grande Nathalie Stutzmann qui
sait, à point nommé, adoucir - sans jamais le détimbrer - un organe d’une
puissance exceptionnelle. Parfaite communion expressive avec l’admirable pianiste
suédoise Inger Södergren.
SCHUBERT : Sonate en sib majeur, D 960.
SCHUBERT/LISZT : Der Müller und der
Bach / Der Doppelgänger / Valse-Caprice n°6. Frédéric D’Oria-Nicolas, piano. Fondamenta :
FON 2008-01. Integral Distribution. TT : 62’13.
Avec la Sonate
D 960, opus posthume, achevée en 1828, Schubert enterrait
définitivement l’ère du classicisme viennois et livrait, en quelque sorte, son
propre testament. Prix 2005 de la Révélation classique de l’Adami,
Frédéric D’Oria-Nicolas nous en offre ici une austère lecture. Interprétation
hallucinée du terrifiant Doppelgänger…
Avec la Valse-Caprice n°6, nous retrouvons,
en revanche, toute l’élégance de l’esprit viennois.
MENDELSSOHN,
JANÁČEK, R. STRAUSS : Sonates
pour violon & piano. Gérard Poulet (violon), Ludmilla Berlinskaïa
(piano). Saphir (www.saphirproductions.net) :
LVC 1087. TT : 67’32.
Voilà, heureusement regroupées, trois sonates peu connues,
signées pourtant d’illustres compositeurs. Magnifiquement servies par
deux interprètes dont il n’est plus besoin de vanter les qualités lyriques.
Max REGER : Pièces pour violoncelle & piano. Sonates n°1, op.5. Sonate
n°2, op.28. Alexandre
Kniazev (violoncelle), Edouard Oganessian (piano). Saphir (www.saphirproductions.net) : LVC 1101. TT : 74’01.
Voilà un compositeur à réhabiliter - du moins en France.
Musiques souvent aimables et élégantes, même si d’autres sont graves, voire
convulsives. C’est, bien sûr, dans des pièces de genre telles que
celles-ci que transparaît son caractère avenant. Cependant que ses
sonates, notamment l’opus 28, sont plus tumultueuses. À
découvrir !
Hypnos. Pierre Hamon, flûtes.
Zig-Zag Territoires (www.zigzag-territoires.com) :
ZZT 090101.
Entouré de vièles, cistres, luth médiéval, tambourins et
guimbarde, le multi-flûtiste Pierre Hamon a ici réussi le tour de force d’allier
musiques contemporaines et musiques médiévales : pièces de son cru, mais
aussi de Philippe Schœller et Mario Lavista, pour flûte à bec ténor, flûte
Bansuri, Kuisi femelle (sic) ou flûte
double. Pièces traditionnelles arménienne, sépharade, bretonne,
italiennes, ainsi que de Guillaume de Machaut (Dame je weil endurer / Comment qu’à moy lointaine). Bien davantage qu’une
curiosité !
Tomaso ALBINONI : Sinfonie a
Cinque, op. 2. Ensemble 415 (violon &
direction : Chiara Banchini). Zig-Zag Territoires :
ZZT 090202.
Surtout connu pour un Adagio apocryphe (composé quelque 200 ans après sa mort), Albinoni n’est pas encore
sorti d’un fâcheux purgatoire. Ainsi son œuvre immense reste-t-elle à
découvrir : 10 recueils imprimés, comprenant force pièces profanes (sonate, concerti, balleti, cantate, serenate)
ou sacrées, sans préjudice de… plus de 50 opéras ! Ne manquez pas le
premier enregistrement de ces six Sinfonie
a Cinque - à l’origine du futur concerto
venexiano.
Night’Dream. Marianne
Piketty (violon), Pascal Contet (accordéon). Maguelonne (www.maguelonne.com) :
MAG 111.174. Integral Distribution. TT : 54’02.
Par deux artistes familiers des musiques d’aujourd’hui,
voici rassemblées – dans une alchimie de timbres à tout le moins peu banale – des
œuvres d’Astor Piazzolla (Night Club 1960),
Graciane Finzi (Impression Tango),
Ernest Bloch (Vidui et Nigun), Laurent Mettraux (Émergences), Bernard Cavanna (Les Disparus), Joëlle Léandre (Blue Butterfly), Renaud Gagneux (Trois nouvelles danses populaires) et…
Béla Bartók (Six danses roumaines).
Tout à fait convaincant !
Café 1930. Tangos. Ensemble Contraste : Geneviève Laurenceau (violon), Arnaud
Thorette (alto), Raphaël Merlin (violoncelle), Johan Farjot (piano, direction
musicale). Zig-Zag Territoires (www.zigzag-territoires.com) :
ZZT 090103.
Pour cette merveilleuse anthologie tanguera, les solistes & le Chœur de Paris-Sorbonne (dir. Denis
Rouger), Raphaël Imbert (saxophone) et André Ceccarelli (batterie) se sont
joints aux virtuoses du juvénile ensemble Contraste. Savants arrangements,
par Denis Rouger (nouveau chef de l’Orchestre Paris-Sorbonne), de tangos
historiques : La Paloma, La Cumparsita, Adiós Muchachos, El día que
me quieras, mais aussi de plus récents, d’Astor Piazzolla : Adiós Nonino, Oblivion, Café 1930, Contraste, La Misma Pena, Milonga del
ángel, Invierno Porteño, Tangata, Saint-Louis-en-l’Île… Une réalisation qui fera date !
DVD
SCHUBERT : Die schöne Mullerin. Christoph Prégardien (ténor), Michael Gees (piano).
Medici Arts (www.medici.tv) :
2057308. TT : 78’ + 26’ (bonus).
Enregistré en public, à la « Liederhalle Mozartsaal
Stuttgart » (août 2008), ce récital comblera les innombrables admirateurs
du grand interprète de Lieder. Une réserve toutefois quant à la présence et
l’expressivité souvent excessives du pianiste Michael Gees - Schubert ne
saurait être accompagné comme Schumann… En bonus : « Christoph
Prégardien nous entretient de Schubert et de La Belle Meunière ».
Ludwig van BEETHOVEN : Intégrale des Concertos pour piano. Murray
Perahia, piano. Academy of St Martin in the Fields, dir. Sir Neville Marriner. « Classic Archive », 2DVDs Idéale Audience /
Medici Arts (www.medici.tv) :
3085298. TT : 103’ + 73’.
Enregistrée live en
1988, au Royal Festival Hall de Londres, cette intégrale – jusqu’à présent archive
de la BBC – vient d’être magnifiquement restaurée par Idéale Audience. Qui
n’aurait, à cette écoute, le sentiment d’une idéale restitution de la pensée
beethovénienne ? Simplicité sans affectation, jaillissement constant
- dans une admirable communion du soliste et du chef d’orchestre…
Miraculeux !
SCHUBERT : Quatuor à cordes en ré mineur « La jeune fille et la mort ».
RAVEL : Quatuor à cordes en fa majeur. Hagen Quartett :
Lukas Hagen, 1er violon / Annette Bik, 2nd violon
(Schubert) / Rainer Schmidt, 2nd violon (Ravel) /
Veronika Hagen, alto / Clemens Hagen, violoncelle. Medici
Arts : 2072338. TT : 76’.
Dans la baroquissime bibliothèque de Varau (Autriche), les
très jeunes musiciens du Quatuor Hagen enregistraient, en 1987, « La jeune fille et la mort », avec
toute la profondeur tragique que nécessite une œuvre proche, parfois, de la
morbidesse. Dans le Quatuor de Ravel,
en revanche, enregistré en 2000 devant le public du Mozarteum de Salzbourg, ils
se jouent de la transparence versicolore de l’œuvre. Notons que les Hagen
prennent le premier mouvement (Allegro
moderato) dans le tempo relativement rapide souhaité par Ravel (en
témoignent les enregistrements que supervisa le compositeur), si rarement
respecté par d’autres formations.
Romeo CASTELLUCCI : Inferno,
Purgatorio, Paradiso. Musique originale : Scott
Gibbons. D’après « La Divine Comédie » de Dante. Un film
de Don Kent. 2DVDs Vidéo, Arte Éditions (www.arte.tv ou www.arteboutique.com).
TT : 3h20’.
Dans ce film (tourné, pour l’essentiel, au Festival
d’Avignon), Romeo Castellucci a souhaité « être » Dante,
« adopter son comportement comme au début d’un voyage vers
l’inconnu ». L’Enfer :
L’artiste doit payer, mais il ne sait ce dont il est coupable… Le Purgatoire : Dans un intérieur
grand-bourgeois, la routine du foyer se dilate peu à peu en tableaux oniriques… Le Paradis : Une antichambre
blanche donne accès à une pièce noire, très haute, où l’on est suspendu dans
une région inaccessible à l’œil humain, contraint à une métamorphose intérieure…
En bonus : Entretien avec Piersandra di Matteo / Interview de Romeo
Castelluci, par Gustav Hofer.
Francis Gérimont
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Hommage à Richard
Sidney HICKOX (1948-2008)
Le 23 novembre, le grand chef d’orchestre anglais Richard
Sidney Hickox [notre photo] disparaissait à l’âge de 60 ans. Dans ces mêmes
colonnes, j’avais rendu compte de la mémorable exécution londonienne qu’il avait
conduite, en juin dernier, à Sadler’s Wells, de The Pilgrim’s Progress (1951), l’opus magnum de Ralph Vaughan Williams
(1872-1958). Quelques mois après, vingt et un jours avant son décès,
j’assistais - au Royal Festival Hall de Londres - à l’avant-dernier concert anniversaire qu’il consacrait à Vaughan
Williams, à la tête du Philharmonia
Orchestra. Ce concert de plus de trois heures, d’une rare densité,
témoignait d’une belle reconnaissance envers l’un des compositeurs majeurs du
XXe siècle. L’interprétation d’œuvres emblématiques - telles que la Fantasia on a Theme by Thomas Tallis (1910/19), la 9e Symphonie en mi mineur (1956/58), les Three Shakespeare Songs (1951), la 6e Symphonie en mi mineur (1944/50) et la 5e Symphonie en Ré (1938/51) - a en tous points été exemplaire. L’énergie et
l’émotion de Richard Hickox ont profondément touché un public nombreux,
enthousiaste et concentré. Il est vrai que tout au long de cette année
commémorative du cinquantième anniversaire de la mort de Vaughan Williams, Richard
Hickox a déployé une activité qui, sans doute, a eu raison de ses forces. Il
était véritablement au service de cette musique, en toute humilité.
Né le
5 mars 19
48, à Stokenchurch,
dans le Buckinghamshire, Richard Sidney Hickox dirige, dès l’âge de 16 ans, le
chœur de l’église de son père. Il poursuit ses études à la Royal Grammar School, High Wycombe,
et à la Royal Academy of Music pour
une année avant de rejoindre Queens’
College, de Cambridge, en tant qu’organiste. En 1971, il fait ses débuts
professionnels de chef d’orchestre tout en formant le City of London Sinfonia (CLS) et les Richard Hickox Singers avec lesquels il présente un vaste
répertoire du XIVe au XXe siècle. Entre 1972 et 1982,
Richard Hickox est organiste et Master of
Music à St Margaret’s, Westminster Abbey. Puis, dès 1976, il
est nommé directeur du London Symphony
Chorus. Deux ans plus tard, il se trouve à la tête de la Bradford Festival Choral Society. Sa
compétence le fait connaître à l’extérieur : entre 1980 et 1985, il est un
invité privilégié de la radio néerlandaise. Ce, sans compter les nombreuses
sollicitations internationales. En 1988, le City
of London Sinfonia lance un programme éducatif à partir duquel les
musiciens travaillent dans les écoles, auprès des élèves, enfants et adolescents.
Ils se rendent également dans les établissements spécialisés, soutiennent les
ensembles formés d’amateurs, donnent des concerts auprès des malades dans les
hôpitaux et dans les hospices.
Richard Hickox a, de surcroît, été un inlassable défenseur
de la musique anglaise, non seulement celle de Vaughan Williams mais aussi
celles de nombreuses personnalités pour la plupart inconnues en France. Parmi
elles, il convient de citer, plus spécialement, outre Gustav Theodore Holst
(1874-1934) - proche de Vaughan Williams - l’impressionnante figure de Sir
Charles Villiers Stanford (1852-1924), grand symphoniste et remarquable
professeur au Royal College of Music de Londres où il a formé de nombreux compositeurs non moins remarquables, comme
Vaughan Williams et Holst. Richard Hickox s’est encore intéressé à
l’emblématique Sir Edward William Elgar (1857-1934) et à ses nobles oratorios The Dream of Gerontius, opus 38 (1900), The Kingdom, opus 51 (1901/06), ce
dernier réalisé à la suite de l’enregistrement inoubliable de Sir Adrian Cedric
Boult (1889-1983), en 1969. Richard Hickox a encore gravé la musique du
nostalgique Frederick Theodore Albert Delius (1862-1934), l’ami du dramaturge
suédois Johan August Strindberg (1849-1912), et celle des maîtres de Britten,
Frank Bridge (1879-1941) et John Nicholson Ireland (1879-1962). Sa version de
la cantate The Canterbury Pilgrims, d’après le Prologue des « Contes de
Canterbury » du poète médiéval Geoffrey Chaucer (1340/45-1400), de Sir
George Dyson (1883-1964), manifeste la juste reconnaissance d’un chef-d’œuvre
oublié. Richard Hickox a également valorisé les musiques du Master of the Queen’s Music Sir Arthur
Drummond Bliss (1891-1975), de Herbert Norman Howells (1892-1983), l’un des
plus importants compositeurs de musique liturgique, et de Gerald Raphaël Finzi
(1901-1956), inspiré notamment par les textes de Thomas Hardy (1840-1928).
Comptent aussi ses interprétations du surprenant symphoniste Charles Edmund
Rubbra (1901-1986), de l’opéra Troilus and
Cressida (1947/76) de Sir William Walton (1902-1983), de l’opéra biblique Ruth de Sir Lennox Randall Francis
Berkeley (1903-1989), des partitions du jungien Sir Michael Tippett
(1905-1998), et du symphoniste William Alwyn (1905-1985). Richard Hickox s’est
encore consacré aux ouvrages lyriques de Benjamin Britten (1913-1976), Peter Grimes (1944/45), Billy Budd (1950/51) et Death in Venice (1971/74), et à la
musique du trompettiste Sir Malcolm Arnold (1921-2006). En 2002, une fois de
plus pour la marque Chandos, Richard
Hickox a redonné vie à la belle Norfolk Rhapsody
N°2 de Vaughan Williams, restée inédite depuis sa création au Festival de
Cardiff, le
27 septembre 19
07, sous la direction du
compositeur. Enfin, il a consacré l’un de ses derniers enregistrements à
Kenneth Leighthon (1929-1988), promoteur d’un style fondamentalement mélodique
qui a profondément influencé l’un des compositeurs actuels les plus
impressionnants, l’écossais James MacMillan (1959-). Cet étonnant corpus voué à la musique anglaise
constitue une précieuse collection pour une connaissance presque exhaustive de
ce répertoire d’une richesse généralement insoupçonnée.
La vie de Richard Hickox était très occupée en tant que
directeur musical de l’Opera Australia à Sidney, et de l’Orchestre
national de la BBC du Pays de Galles (BBC
National Orchestra of Wales). C’est précisément en ce dernier lieu, à
Cardiff, qu’il se trouvait en novembre 2008 pour l’enregistrement d’une
anthologie de Holst. Quelques jours plus tard, le 27, il devait diriger la
représentation, à l’English National
Opera de Londres, du visionnaire Riders to the Sea (1925/32), Play du dramaturge irlandais Edmund John
Millington Synge (1871-1909) mis en musique par Ralph Vaughan Williams. Au
cours de l’année 2008, sa collaboration avec le Philharmonia Orchestra a été très étroite. Le lundi 24 novembre,
dans un message diffusé sur son site Internet, le comité de l’orchestre faisait
part de sa profonde tristesse. De toute évidence, Richard Hickox a occupé une
position unique dans la vie musicale britannique. En ce sens, il est le
véritable successeur spirituel d’un Sir Adrian Cedric Boult qui, lui aussi,
s’était mis au service de la musique de Vaughan Williams avec un profond sens
du pastoralisme musical.
©Greg Barrett
James Lyon, hymnologue
À Pleyel : Hommage
à sainte Cécile
Belle idée que d’avoir réuni pour fêter sainte Cécile,
patronne des musiciens, trois œuvres emblématiques de compositeurs dont on fête
de surcroît le centenaire cette année : Purcell, Haendel et Haydn.
D’emblée, Marc Minkowski, à qui on la doit, prend la parole pour donner
quelques clés de lecture de ces pages si différentes qu’un même lien
unit : l’hymne à la Musique. C'est que la romaine sainte Cécile aurait,
dit-on, adressé le jour de ses noces, un cantique à Dieu pour que son époux,
avec lequel elle était contrainte de convoler, préserve sa virginité. La
grande ode Hail ! Bright Cecilia est sans doute la première
œuvre commémorative élevée au culte de la sainte. Écrite en 1692, Purcell
y fait montre de brillance, notamment dans la symphony d’ouverture en
huit parties. S’ensuit une succession d’arias, au chant orné, ou de duos pour
décrire le « luth mélodieux », « la flûte langoureuse » ou
« le violon aérien ».
L’Ode for Saint Cecilia's Day est au nombre des
grandes pages de Haendel qui a choisi le texte de John Dryden. Le propos
y est clairement de célébrer les joies de l’harmonie au travers des récitatifs
et des airs précédés d'une brève ouverture à la française. Marc Minkowski
fait sourdre de son orchestre des « Musiciens du Louvre-Grenoble »
des sonorités riches et chatoyantes, par dessus tout pour magnifier les
combinaisons originales dont Haendel enlumine cette pièce, comme l’union de la
viole de gambe, du luth et de l’orgue positif. La peinture si évocatrice des instruments
fait se côtoyer tel solo de flûte enlaçant la voix éthérée de la soprano
(merveilleuse Lucy Crowe) pour décrire « la flûte tendre et
plaintive » ou une élégiaque intervention de la même soprano évoquant « la louange sacrée de l'orgue ».
Enfin, la messe Cellensis
in honorem Beatissimae Virginis Mariae de Joseph Haydn, la dernière et la
plus développée de ses quatorze messes, est une sorte de somme, ne serait-ce
que par ses effectifs. Messe brève pourtant à l'origine, confie le chef,
dans le style italien ; dont il ne donnera que le Kyrie et le Gloria (mais
en bis, deux autres morceaux « qu'il serait impardonnable de ne pas
entendre »). De cette grande messe-cantate, Minkowski fait encore
son miel, en particulier lors de la fabuleuse fugue conclusive, écrite dans la
veine de Bach ou de Haendel.
Jean-Pierre Robert
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L’Opéra-Comique présente Lady
Sarashina de
Peter Eötvös, son quatrième opéra, dans la production créée à l’Opéra de Lyon.
L'œuvre sera dirigée par le compositeur. La régie de Ushio Amagatsu est un
modèle de raffinement qui convient idéalement à cette fable japonaise, le Journal de Sarashina, celle d’une vie toute de subtilité tragique. Les 14, 17 et
18 février 2009
. Le même théâtre propose aussi Albert
Herring de Benjamin Britten.
Créé au festival de Glyndebourne l'été 1947, sur un livret de Éric Crozier,
d'après la nouvelle de Maupassant, Le rosier de Madame Husson, c’est l’un des plus curieux opéras de l’auteur
de Peter Grimes.
À cent lieux de celui-ci, et dans le registre aigre-doux, cet opéra-comique
conte une tranche de vie dans une Angleterre puritaine et une micro-société
hypocrite. La production, signée Richard Bunel, sera dirigée par Laurence
Equilbey, avec une belle distribution. Les 26, 28, février et 2, 4, 6,
8 mars 2009
. Location : 1, place Boieldieu, Paris IIe.
Tél. :
01 42 44 45 76
. www.opera-comique.com
À l’Opéra Garnier, ne pas manquer la reprise de Idomeneo de
Mozart, dans la production de Luc Bondy - belle épure pour un
« dramma per musica » où l’enfant de Salzbourg met déjà beaucoup de lui-même. La distribution est des plus alléchantes, avec de grands noms comme P.Groves, M.Delunsch, J.Di Donato, C.Timing, et Th.Hengelbrock au pupitre, qui devrait montrer combien il est à l’aise dans cette musique, et faire oublier une banale
performance dans La
Flûte Enchantée récemment. Les 27 février et 3, 5, 8, 11, 14, 17, 20,
22 mars 2009
. Location : angle des rues Scribe & Auber, Paris Ier ; ou 130, rue de Lyon Paris XIIe.
Tél. :
08 92 89 90 90
. www.operadeparis.fr
L’Opéra Bastille devrait créer l’événement avec sa nouvelle production de Werther, le chef-d’œuvre de Massenet, puisqu’on y appréciera une distribution de rêve : Susan Graham en Charlotte, un de ses rôles
fétiches, et le ténorissimo
Rolando Villazon (sauf le 9 mars) dans le rôle-titre. Lors de trois représentations (22, 24 et 26 mars) sera jouée la version pour baryton, à laquelle
donnera vie Ludovic Tézier, un chanteur français qui accomplit une belle
ascension. La direction musicale sera assurée par Kent Nagano et la mise en scène confiée à Jürgen Rose. Les 28
février et 3, 6, 9, 12, 15, 18, 22, 24, 26 mars 2009. Location : angle des rues Scribe & Auber, Paris Ier ; ou 130, rue de Lyon Paris XIIe.
Tél. : 08 92 89 90 90. www.operadeparis.fr
Le Théâtre de la
Monnaie reprend La
Calisto de Cavalli, un de ses spectacles les plus achevés, dû
à la régie imaginative de Herbert Wernicke et à la merveilleuse direction
musicale de René Jacobs à la tête de son Concerto Vocale. Ici encore un
événement qui sera paré d’une intéressante distribution, comme on sait en
concocter à Bruxelles. À ne pas manquer pour les amoureux du baroque, à
découvrir pour les autres. Les 17, 19, 20, 22, 24, 26 février et 1er mars 2009. Location : 23, rue Léopold, 1000 Bruxelles. Tél. :
070
23 39 39
. www.lamonnaie.be
©La Monnaie
Jean-Pierre Robert
La La La, opéra en chansons. Mise en scène :
Benjamin Lazar. Production : Les Cris de Paris/Le Théâtre de l’Incrédule.
Coproduction : Théâtre de Suresnes-Jean Vilar/La Clef des Chants/Région
Nord-Pas-de-Calais/Théâtre musical de Besançon.
Véritable voyage en chansons créé par Benjamin Lazar &
Geoffroy Jourdain. Férus d’art baroque, d’opéra et de musiques a cappella,
ils ont fusionné leurs passions en créant La
La La, opéra en chansons. 34 chanteurs du chœur de chambre « Les
Cris de Paris », les acteurs et danseurs de la compagnie « Le Théâtre
de l’Incrédule » interprètent
l’histoire d’une chanteuse à la recherche d’un de ses admirateurs à travers une
folle aventure musicale. Un répertoire étonnant, de Boris Vian à Michael
Jackson ou autre Rita Mitsouko. Spectacle saisissant, d’un nouveau genre,
à ne pas manquer. Le 10 février (20h30) au théâtre Le Colisée de
Roubaix. Le 4 juillet (20h30) à l’Opéra de Vichy.
Laëtitia Girard
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Dossiers déjà parus dans L'Éducation Musicale
- Percussions, n°549/550
- Le bruit, n°551/552
- Activités vocales et instrumentales à l’école, n°553/554
- Femmes compositrices (1), n° 555/556
- Paris et la musique à l’époque des Ballets russes
Dossiers à paraître
- Musique et cinéma (1)
- Musique et cinéma (2)
- Femmes compositrices (2)
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de Terminale qui préparent l’épreuve de spécialité « série
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Laëtitia Girard
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